Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
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Éloge de la nouvelle chevalerie

Chapitre VI - Bethléem

 

12. Arrêtons-nous avant tout pour la réfection des âmes saintes à Bethléem, la maison du pain, où apparut pour la première fois, quand une vierge le mit au jour, le Pain vivant descendu du ciel. On y montre encore aux pieuses bêtes, la crèche et dans la crèche, le foin du pré virginal, que le bœuf et l’âne ne peuvent manger sans reconnaître, l’un son maître, et l’autre son seigneur. " Toute chair n’est que de l’herbe et toute sa gloire est comme la fleur de l’herbe des champs " (Is XL, 6). Or parce que l’homme n’a pas compris le rang honorable où il a été créé, il s’est vu comparé aux bêtes qui n’ont point de raison, et leur est même devenu semblable ; le Verbe qui est le pain des Anges, s’est fait le pain des bêtes, afin que l’homme qui avait perdu l’habitude de se nourrir du pain de la parole, eût le foin de la chair à ruminer, jusqu’à ce que, rendu par l’Homme-Dieu à sa première dignité, et, de bête redevenu homme, il pût dire avec saint Paul : " Si nous avons connu Jésus-Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus maintenant de cette sorte " (2 Co V, 16). Ce que nul, je crois, ne peut dire avec vérité, s’il n’a pas d’abord entendu avec Pierre ces mots sortis de la bouche de la Vérité même : " Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie, le chair ne sert de rien pour les entendre " (Jn VI, 64). D’ailleurs celui qui trouve la vie dans les paroles du Christ ne cherche plus la chair ; il est de ces bienheureux qui n’ont pas vu et qui ont cru (Jn XX, 29). Le lait n’est nécessaire qu’aux enfants et le foin ne l’est qu’aux bêtes ; mais celui qui ne pèche plus dans ses paroles est un homme parfait et peut supporter une nourriture tout à fait solide ; si c’est encore à la sueur de son front qu’il mange le pain de la parole, du moins le mange-t-il sans pécher. Il ne parle de la sagesse de Dieu, en toute sécurité et sans crainte de donner du scandale, qu’en présence des parfaits, et ne propose les choses spirituelles qu’aux spirituels ; mais se trouve-t-il parmi les enfants et les bêtes, il a soin de se proportionner à leur intelligence et ne leur propose que Jésus-Christ, mais Jésus-Christ crucifié. Ce n’en est pas moins le même aliment des célestes pâturages que la bête rumine avec douceur et dont l’homme fait sa nourriture ; il fortifie l’homme fait, et donne des forces à l’enfant.
 

 
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