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Mythologie
 
 

 

 

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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE TROISIEME : Louis XIV, le « Roi Soleil »

 

I : La régence et la fin de la guerre de Trente Ans (1643 à 1648)

           

            1° Anne d’Autriche s’empare de la régence (1643) – Louis XIV naquit en septembre 1638, fruit de l’union de Louis XIII et de son épouse Anne d’Autriche. A noter que le dauphin fut surnommé Dieudonné, étant le premier enfant d’un couple marié depuis déjà 23 années (Anne d’Autriche avait fait plusieurs fausses-couches avant de donner naissance à son premier enfant.).

Louis XIV enfant, par Simon GUILLAIN, vers 1643, musée du Louvre, Paris.

En 1640, le couple eut un nouveau fils, qui fut baptisé Philippe.

Buste de Louis XIII, par Francesco BORDONI, début du XVII° siècle, musée du Louvre, Paris.

Ces deux naissances évincèrent définitivement Gaston du trône, second fils d’Henri IV (Louis XIII fut confronté à plusieurs reprises au manigances de son frère cadet, ce dernier étant désireux de s’emparer du pouvoir.).

Gaston, duc d'Orléans, habillé à la romaine, atelier de Juste d'Egmont, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

A sa mort, en mai 1643, Louis XIII laissait derrière lui deux enfants, Louis et Philippe.

Le jeune Louis XIV et son petit frère Philippe, présentés par leur nourrice, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Toutefois, ces derniers étant en bas âge, une régence devait être mise en place, sous l’égide d’Anne d’Autriche, l’épouse du défunt souverain. Cependant, Louis XIII s’étant toujours méfié de sa conjointe (d’origine espagnole, elle avait longtemps entretenu une correspondance secrète avec l’Espagne.), il décida de laisser un testament, visant à brider les pouvoirs de la nouvelle régente.

Anne d'Autriche, reine de France, habillée en veuve, atelier d'Henri et Charles BEAUBRUN, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Toutefois, Anne d’Autriche fit casser le testament de feu son époux devant le Parlement de Paris, en mai 1643. Elle accepta toutefois de confirmer dans sa fonction le cardinal Mazarin, qui avait repris la fonction de premier conseiller du roi suite à la mort du cardinal Richelieu.

Buste de Richelieu, par Gian Lorenzo BERNINI, dit le BERNIN, XVII° siècle, musée du Louvre, Paris.

A noter toutefois que cette nomination fut mal acceptée par les grands du royaume, qui n’appréciaient guère Mazarin (en effet, ce dernier était un proche du défunt Richelieu, qui avait employé tous les moyens afin de diminuer la puissance des grandes familles nobiliaires de France[1].).

Le cardinal Jules Mazarin, école française, XVII° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

            2° Malgré la mort de Louis XIII, la guerre de Trente Ans continue (1643) – L’annonce de la mort de Louis XIII, en mai 1643, laissa perplexe l’Europe entière. Si les alliés de la France (Suède, princes protestants d’Allemagne.) craignirent un désengagement du conflit à cause des origines espagnoles d’Anne d’Autriche, ses adversaires (Espagne, Saint Empire romain germanique.) décidèrent de profiter de l’occasion.

A noter que du vivant de Louis XIII, des pourparlers avaient été mis en place, dans le but de négocier une paix durable entre les belligérants. Dès lors, l’objectif des différents participants était d’obtenir une victoire décisive, afin d’avoir plus de poids lors des négociations à venir.

 

a) La bataille de Rocroi (1643) : ainsi, les Espagnols marchèrent sur la Champagne, assiégeant la forteresse de Rocroi. Toutefois, les Français réagirent promptement, et vinrent rapidement à la rencontre de l’ennemi. Le prince de sang[2] Louis II, duc d’Enghien[3], à la tête de l’armée royale, affronta alors les troupes espagnoles lors de la bataille de Rocroi.

Louis II de Bourbon, duc d'Enghien, devant le champ de bataille de Rocroi (à noter que Louis II, duc d'Enghien, dut attendre la disparition de son père en 1646 pour porter le titre de prince de Condé.), par Just D'EGMONT, 1645, musée des Invalides, Paris.

Parvenant à repousser l’ennemi, les Français furent confrontés, à la fin de l’affrontement, à un dernier carré composé des vétérans de l’armée espagnole.

Dans un premier temps, l’armée royale fut contrainte de reculer, mais l’arrivée de renforts offrit la victoire aux Français, qui parvinrent finalement à vaincre l’ennemi.

La bataille de Rocroi, par HEIM, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

La bataille de Rocroi, bien que particulièrement sanglante pour les deux camps, fut une véritable tragédie pour les Espagnols. En effet, ces derniers avaient perdu sur le champ de bataille non seulement plusieurs milliers d’hommes, mais aussi leur supériorité militaire. La France, parvenant à mettre à mal le système des tercios[4], acquit ainsi un important prestige suite à l’affrontement.

 

Dans la foulée, le duc d’Enghien s’empara de la cité de Thionville.

Demi-armure de cavalerie lourde, vers 1640, musée des Invalides, Paris.

 

b) Succès en France mais revers en Allemagne (1643 à 1644) : toutefois, malgré plusieurs succès de l’armée royale en France et en Italie, le sort des armes fut moins favorable aux Français combattant en Allemagne.

Ainsi, le maréchal de Guébriant, qui eut le bras arraché par un boulet de canon lors du siège de Rottweil, mourut en novembre 1643. Ce fut alors Josias Rantzau, seigneur de Bothkamp (un aristocrate allemand ayant rejoint le parti de la France.) qui succéda à Guébriant, contraignant le gouverneur de Rottweil à ouvrir les portes de la ville.

Jean Baptiste Budes, comte de Guébriant, château de Versailles, Versailles.

 

Toutefois, Rantzau fut vaincu lors de la bataille de Tuttlingen, en novembre 1643, par l’armée impériale.

Le commandement de l’armée de Rantzau (qui avait été fait prisonnier par l’ennemi.) passa alors entre les mains d’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne.

Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, par Juste d'Egmont, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Ce dernier, rejoint par les troupes du duc d’Enghien, s’empara de Fribourg en août 1644. En septembre, les deux hommes s’emparèrent aussi de Phillipsburg, Spire, Worms, Mayence et Landau. Occupant la rive gauche du Rhin, les Français parvinrent ainsi à mettre à l’abri l’Alsace et la Lorraine.

Le duc d'Enghien (futur prince de Condé.) lors du siège de Fribourg, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

c) Les dernières années de la guerre de Trente Ans (1645 à 1648) : au cours de l’année 1645, l’essentiel des combats se déroulèrent en Allemagne. Le maréchal suédois Lennart Torstenson, à cette époque, accumulait les succès contre l’armée impériale[5].

Toutefois, ce dernier devait lutter sur deux fronts, car le roi du Danemark Christian IV voyait d’un mauvais œil l’expansionnisme suédois.

Christian IV, par Lucas KILIAN, vers 1630, Deutsches historisches museum, Berlin.

Remportant la bataille de Jankau en mars 1645, Torstenson décida de marcher sur Vienne, la capitale de l’Empereur germanique Ferdinand III (ce dernier fut alors contraint de se réfugier à Prague.).

Toutefois, Tortenson ne parvint pas à s’emparer de la cité et fut contraint de reculer.

 

Au même moment, en mai 1645, Turenne fut vaincu par les troupes impériales au cours de la bataille de Mergentheim. Les Français, repoussés, décidèrent toutefois de contre-attaquer, affrontant à nouveau l’armée de l’Empereur germanique au cours de la bataille d’Alerheim, en août 1645.

Turenne et le duc d’Enghien, bien que victorieux, ne purent profiter de l’avantage que leur conférait la victoire, ayant à déplorer beaucoup de pertes humaines.

A noter qu’à la même époque, Mazarin parvint à réconcilier Suède et Danemark, signant la paix de Brömsebro.

 

Au cours de l’année 1646, les Français, commandés par le duc d’Enghien, parvinrent à s’emparer de plusieurs villes de Flandre (Gaston participa un temps à la campagne.). Toutefois, suite à la prise de Dunkerque (octobre 1646.) par l’armée royale, les Flamands décidèrent de se rapprocher de l’Espagne (d’où le proverbe Gallus amicus, sed non vicinus ; ce qui signifie grosso modo « les Français sont nos amis, pas nos voisins. »). La trêve ne fut toutefois signée qu’en janvier 1648.

Le duc d'Enghien reçoit la capitulation de Dunkerque en 1646, par Jean TASSEL, vers 1647, musée des Invalides, Paris.

En fin d’année 1646, Turenne et le Suédois Torstenson décidèrent de ravager la Bavière. Le duc Maximilien I°, lassé de voir ses Etats dévastés, décida alors d’adopter une position de neutralité (peu de temps après, Mazarin interdit à Turenne de s’attaquer à la Bohême, préférant diriger l’armée royale vers d’autres objectifs.).

 

Le duc d’Enghien, devenu prince de Condé suite à la disparition de son père, fut envoyé en Catalogne à la fin de l’année 1646. Ce dernier fut alors charger de mener à bien le siège de Lérida, en Catalogne, cité entre les mains du roi d’Espagne (à noter que les Catalans, en 1640, avaient fait sécession et reconnu Louis XIII comme comte de Catalogne.).

L’objectif de Mazarin était de s’emparer de la Catalogne, afin de l’échanger contre les Pays Bas espagnols à la fin de la guerre.

Toutefois, Condé ne parvint pas à s’emparer de cette place forte, bâtie sur un pic rocheux.

Averti qu’une armée espagnole approchait, les Français furent contraints de lever le siège. C’est ainsi que la Catalogne fut contrainte de se soumettre au roi d’Espagne.

 

En septembre 1647, Mazarin demanda à Turenne de retourner en Allemagne, Maximilien de Bavière ayant décidé de reprendre les armes contre la France.

Turenne, au cours de l’année 1648, traversant la Souabe et la Bavière, rejoignit les troupes du général suédois Carl Gustave Wrangel. Les deux hommes remportèrent alors la bataille de Zusmarshausen contre l’armée impériale, en mai 1648.

Français et Suédois, victorieux, ravagèrent alors la rive droite du Danube, marchant vers le sud de l’Allemagne. Ils chassèrent de ses Etats Maximilien I°, duc de Bavière, puis marchèrent sur Vienne (toutefois, manquant de vivres, ils se retirèrent en Souabe au cours de l’été 1648.).

 

Au même moment, Condé, qui avait été envoyé dans les Flandres en avril 1648, parvint à s’emparer d’Ypres (mai 1648.).

Toutefois, au mois de juin, les impériaux opérèrent une contre-attaque dans la région. Après avoir pris Courtrai et Furnes, ils décidèrent de se diriger vers Lens.

En août 1648, Condé préféra reculer devant les impériaux, leur permettant ainsi de s’emparer de la cité. Toutefois, ces derniers marchèrent ensuite contre les Français, s’affrontant au cours de la bataille de Lens. Le prince de Condé, bien que disposant de troupes inférieures en nombre, parvint à écraser l’armée impériale.

La bataille de Lens, par Pierre FRANQUE, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

d) Les traités de Westphalie (octobre 1648) : les négociations, entamées dès la fin de règne de Louis XIII, aboutirent finalement à la signature des traités de Westphalie, en octobre 1648.

 

Un premier traité fut signé à Osnabrück entre le Saint Empire romain germanique, la Suède et les princes protestants ; un second fut signé à Münster entre le Saint Empire romain germanique, la France et les autres puissances catholiques.

Le banquet de paix de Nuremberg, en 1649, célébrant le traité de Westphalie,  par Wolfgang KILIAN, vers 1649, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

L’Empereur Ferdinand III, en 1648, se retrouvait à la tête d’un pays complètement dévasté par trente années de guerres incessantes.

L'Autriche suite à la guerre de Trente Ans (1648).

Certaines provinces du Saint Empire, dépeuplé par la guerre, les épidémies et la famine, perdirent près de la moitié de leur population (Saxe, Franche-Comté, Palatinat, etc.). En Allemagne, ce conflit laissa des traces qui ne furent effacées qu’après plusieurs décennies.

Politiquement, la guerre de Trente Ans avait été un échec pour Ferdinand III. Depuis maintenant plusieurs siècles, le Saint Empire romain germanique était composé d’une multitude de petits Etats ; le traité de Westphalie leur accorda une quasi-indépendance de droit. L’Empereur ne disposait dès lors que d’une autorité très réduite, à une époque où les Turcs menaçaient la frontière orientale de l’Empire germanique.

Ces traités consacrèrent l’effacement du Saint Empire de la scène internationale pendant plus d’un siècle.

 

Le souverain espagnol, quant à lui, reconnaissait l’indépendance des Pays Bas, mettant ainsi fin à la guerre de quatre-vingts ans, opposant les deux pays depuis près d’un siècle.

C’est ainsi que naquirent officiellement les Provinces Unies[6], Etat existant juridiquement depuis le XVI° siècle, mais n’étant pas reconnu par l’Espagne jusqu’alors.

A noter toutefois qu’aucun traité ne mit fin à la guerre opposant la France à l’Espagne[7].

 

Christine, reine de Suède, sortait gagnante de ce long affrontement. Ainsi, les Suédois devenaient les maîtres de la Baltique, ayant vaincu le Danemark (qui perdait dès lors son statut de grande puissance.). En outre, ces derniers gagnaient plusieurs territoires au nord de l’Allemagne : la Poméranie occidentale, les villes de Wismar et Stettin, le Mecklembourg, ainsi que les évêchés de Brême et Verden qui leur assuraient le contrôle des embouchures de l’Elbe et de la Weser.

 

Les princes allemands ne furent pas en reste. Ainsi, le Brandebourg obtenait la Poméranie orientale (à noter que cet Etat, un des plus grands du Saint Empire romain germanique, avait déjà étendu sa souveraineté sur le duché de Prusse.) ; la Bavière conservait le Haut Palatinat et le titre de prince électeur[8] ; le Bas Palatinat fut cédé à Charles Louis, fils de Frédéric V, et un nouveau siège électoral fut créé en sa faveur.

Le Brandebourg et la Prusse (1619).

 

La France, au même titre que la Suède, sortait grand vainqueur de la guerre de Trente Ans. Ainsi, les Français obtinrent définitivement les Trois Evêchés, occupés depuis le règne d’Henri II[9] ; Brisach et Phillipsburg, deux portes d’entrée en Allemagne situées sur le Rhin ; la forteresse de Pignerol, voie d’accès vers l’Italie ; l’Artois et le Roussillon ; et enfin l’Alsace (à noter toutefois que le traité ne fut pas particulièrement clair à ce sujet. Ce n’est que plusieurs décennies plus tard que Louis XIV fit définitivement entrer cette région dans le royaume de France.).

Le royaume de France en 1648.

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[1] Pour en savoir plus sur la politique de Louis XIII et Richelieu vis-à-vis de la noblesse, cliquez ici.

[2] Les princes de sang descendaient de Saint Louis, mais étaient issus d’une branche cadette. Si le roi de France n’avait ni frères, ni fils, le premier des princes de sang devait recevoir la couronne (comme ce fut le cas d’Henri IV.).

[3] Louis II ne devint prince de Condé qu’à la mort de son père Henri II en 1646.

[4] Le système des tercios était de mélanger piquiers et arquebusiers au sein de la même unité. Les Espagnols, employant cette tactique pendant des décennies, acquirent une réputation de quasi-invulnérabilité jusqu’à la bataille de Rocroi. Ce système fut toutefois employé jusqu’à la fin du XVII° siècle.

[5] Lennart Torstenson avait été le page du défunt roi de Suède Gustave II Adolphe.

[6] Ce nouvel Etat comportait sept provinces : le comté de Hollande, le comté de Zélande, la seigneurie d’Utrecht, le duché de Gueldre, la seigneurie d’Overijssel, la seigneurie de Frise et la seigneurie de Groningue.

[7] La paix entre la France et l’Espagne ne fut ratifiée qu’en novembre 1659, lors de la signature du traité des Pyrénées.

[8] Frédéric V, prince électeur du Palatinat, avait été chassé de ses Etats en novembre 1620 par l’Empereur germanique Ferdinand II. En effet, Frédéric V, soutenu par les protestants mécontents, avait tenté d’usurper le trône de l’Empereur. Le Palatinat avait alors été donné au duc Maximilien de Bavière, ainsi que le titre de prince électeur. Pour en savoir plus, voir le a), 3 , section IV, chapitre deuxième, les Bourbons.

[9] Pour plus de détails sur le règne d’Henri II, cliquez ici.

 
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