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Mythologie
 
 

 

 

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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE TROISIEME : Louis XIV, le « Roi Soleil »

 

VII : La guerre de la ligue d’Augsbourg (1688 à 1697)

           

            1° Les causes de la guerre – Comme nous l’avons vu au cours du chapitre précédent, Louis XIV, en une décennie, n’était pas resté inactif. Cette hégémonie française inquiétait les puissances européennes, qui décidèrent de former la ligue d’Augsbourg en juillet 1686.

Statue de Louis XIV en Empereur romain, par Antoine COYSEVOX, 1687, musée Carnavalet, Paris.

Cette dernière dans un premier temps, comprenait les Provinces Unies, la Suède, l’Empereur germanique, l’Espagne, la Savoie et plusieurs principautés allemandes.

D’autres puissances acceptèrent de se liguer contre la France au cours des mois qui suivirent.

 

            1° La guerre commence en Allemagne (1688 à 1689) – En juin 1688, le prince électeur de Cologne mourut. Le roi de France, soucieux de mettre une de ces créatures à la tête de cet archevêché, décida de soutenir la candidature de l’évêque de Strasbourg. Son adversaire fut Joseph Clément, le frère de l’électeur de Bavière.

En juillet, l’élection eut lieu, mais le candidat de Louis XIV, bien qu’arrivant en tête, ne récolta pas le 2/3 des suffrages requis par la loi. Ce fut donc le pape Innocent XI qui fut chargé de choisir.

Le pape Innocent XI.

Mais ce dernier, alors en froid avec le roi de France, décida de se prononcer en faveur de Joseph Clément.

 

Louis XIV, outré, décida alors de prendre les armes, déclenchant la guerre de la ligue d’Augsbourg (communément appelée guerre de neuf ans par la majorité des pays européens.).

Le roi soleil publia alors un manifeste en septembre 1688, ayant comme objectif de proclamer le pacifisme de la France face à l’hostilité de la ligue d’Augsbourg et des contrariétés infligées à la France à propos du Palatinat et de Cologne.

Louis XIV énonçait ainsi les raisons pour lesquelles il comptait entrer en guerre : le refus de l’Empereur germanique de transformer en paix la trêve de Ratisbonne ; défendre les droits de sa belle-sœur Charlotte Elisabeth à la succession du prince-électeur du Palatinat et de l’évêque de Strasbourg à celle de l’électorat de Cologne ; achever la politique des réunions.

A noter toutefois que le roi de France était malgré tout disposé à négocier avec l’Empereur germanique.

 

Sans attendre une réponse, Louis XIV décida d’envahir l’archevêché de Cologne, l’évêché de Liège, ainsi qu’une partie du Palatinat (septembre 1688.). En outre, il envahit aussi le Comtat Venaissin, enclave papale dans le sud de la France.

L’offensive débuta sous de bons auspices, les Français parvenant à s’emparer de Mayence et de Phillipsburg en octobre 1688 (Léopold I°, Empereur germanique, déclara la guerre au roi de France en décembre 1688.). En novembre, les Français étaient parvenu à s’emparer de la plus grande partie du Palatinat, et, sauf Coblence, occupaient toute la rive gauche du Rhin.

 

A cette date, Louis XIV ne s’était attaqué qu’à l’Empereur germanique, espérant que la ligue d’Augsbourg ne déclencherait pas une guerre totale.

François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, afin de protéger la frontière française, décida alors d’appliquer la théorie de la terre déserte, ravageant systématiquement le Palatinat. En février 1689, les cités de Mannheim et Heidelberg furent pillées ; en juin, ce fut au tour de Worms et de Spire d’être mises à sac.

Uniformes de l'armée de Louis XIV (Infanterie, en haut ; Cavalerie, en bas.), par Paul Lehugeur, XIX° siècle (à noter que c'est Louvois, au cours des années 1690, qui réglementa le port de l'uniforme.).

A noter toutefois que Louis XIV n’apprécia guère les exactions commises par Louvois. Ce dernier ne tarda guère à tomber en disgrâce[1].

François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, école française, XVII° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Toutefois, les progrès menés par les Français entrainèrent les puissances européennes à se regrouper. Ainsi, en mai 1689, l’Empereur germanique et les Provinces Unies signèrent le traité de Vienne, une alliance offensive et défensive contre la France. Au cours des mois qui suivirent, le roi d’Espagne décida de rejoindre cette alliance.

 

Au final, les exactions menées par les Français dans le Palatinat ne firent qu’inciter les princes allemands à prendre les armes. Ainsi, le duc de Saxe et le margrave de Brandebourg décidèrent de s’allier à l’Empereur germanique. En septembre 1689, ces derniers parvinrent à reprendre Mayence.

 

            2° Le conflit déstabilise l’Angleterre (1688 à 1689) – En juin 1688, Marie Béatrice de Modène, seconde épouse du roi d’Angleterre Jacques II[2], accoucha d’un fils, Jacques François Edouard.

Jacques II Stuart, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

Toutefois, cette naissance ne fut pas accueillie avec joie par tous les Anglais, certains d’entre eux n’appréciant guère la dynastie des Stuart (dont faisait partie Jacques II.). En effet, au fil des années, les membres de cette famille avaient noué des liens matrimoniaux avec la France (Jacques II était par sa mère le petit fils d’Henri IV et le cousin de Louis XIV.), et affichaient leur sympathie pour la religion catholique (alors que l’Angleterre était en majorité protestante.).

 

a) La glorieuse révolution : les orangistes, partisans du stathouder hollandais Guillaume III d’Orange[3], firent alors courir le bruit que le fils du roi était un bâtard, fruit d’une union illégitime.

Les Provinces Unies, inquiète à l’idée de mener une nouvelle guerre contre la France, décidèrent alors de monter une expédition contre l’Angleterre, dans le but de forcer le souverain anglais de déclarer la guerre à Louis XIV.

Statuette à l'effigie de Guillaume III d'Orange, par Jan VAN NOST, vers 1700, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Guillaume III, gendre de Jacques II, débarqua en Angleterre en novembre 1688.

Effrayé par l’armada du stathouder (plus de 400 navires dont 50 de guerre.), le souverain anglais décida de quitter précipitamment l’Angleterre, abandonné par sa famille et par ses amis (décembre 1688.).

Jacques II ayant fui, Guillaume III put alors s’emparer du trône en février 1689, après avoir juré devant le Parlement anglais de respecter les institutions du royaume.

Ce coup d’Etat pacifique fut surnommé la glorieuse révolution par les historiens anglais.

 

b) La résistance de Jacques II : Jacques II, réfugié en France, ne s’avouait pas vaincu. Soutenu par ses fidèles, les jacobites, et financé par Louis XIV, le souverain déchu débarqua en Irlande en mars 1689 (l’île, majoritairement catholique, comptait de nombreux partisans de Jacques II.). Son objectif était de progresser vers le nord de l’île, afin d’y combattre les partisans de Guillaume III. Puis, se rendre en Ecosse et, de là, marcher vers Londres.

En mai 1689, la flotte de Louis XIV parvint à repousser une attaque anglaise, lors de la bataille navale de la baie de Bantry. Les hostilités étaient désormais ouvertes entre Guillaume III et le roi de France.

 

En octobre 1689, Innocent XI mourut, et ce fut Alexandre VIII qui fut élu pape. Ce dernier n’étant pas un adversaire de la France, Louis XIV décida alors d’évacuer le Comtat Venaissin. Toutefois, le nouveau souverain pontife ne fit aucun geste en faveur de Louis XIV, et le conflit se prolongea.

le pape Alexandre VIII.

 

Jacques II, quant à lui, se rendit compte que l’Irlande était une région trop pauvre pour soutenir l’effort de guerre du souverain déchu.

En effet, ce dernier ne parvint pas à s’emparer de Derry, en Irlande du nord, et ne put empêcher les orangistes de débarquer dans l’île, au cours du mois d’août 1689.

En juillet 1690, Jacques II fut finalement vaincu lors de la bataille de la Boyne, et fut contraint de rentrer en France. Les derniers jacobites, quant à eux, ne tardèrent guère à se rendre (octobre 1691.).

A noter qu’au même moment, les Français, commandés par Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville, remportaient la bataille navale de Beachy Head contre une flotte anglo-hollandaise. Le comportement des Anglais, ayant combattu modérément, fut vivement critiqué par les Hollandais.

Portrait du comte de Tourville, par Eugène DELACROIX, 1835, musée Delacroix, Paris.

Au cours des semaines suivantes, Tourville pénétra dans la Tamise, puis sillonna la Manche à la recherche de navires anglais.

 

c) Dernière tentative de Jacques II (1692) : en 1692, Jacques II parvint à convaincre Louis XIV de lui prêter une armée afin de reconquérir le trône d’Angleterre.

Au cours du mois de mars, les Français concentrèrent une armée d’environ 20 000 hommes à Saint Vaast La Hougue, attendant l’arrivée de la flotte d’Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville. L’objectif de la campagne de 1692 était en effet de débarquer en Angleterre afin d’en chasser Guillaume III, puis de rétablir jacques II sur le trône.

 

Au cours du mois de mai, la flotte française partit de Brest en direction de Saint Vaast La Hougue. Toutefois, Tourville apprit qu’une flotte anglo-hollandaise se trouvait alors au large de Barfleur.

Anne Hilarion de Cotentin, comte de Tourville, maréchal de France, par A. Houdon, 1781, château de Versailles, Versailles.

La flotte française s’attaqua alors à l’ennemi, se rendant compte au dernier moment que ce dernier disposait d’un solide avantage numérique (moins de 50 navires pour les Français, près de 100 côté anglais.).

La bataille navale de Barfleur dura près de douze heures, et  s’acheva finalement sur une victoire française (la flotte anglo-hollandaise avait perdu deux navires, et seize étaient très endommagés ; au contraire, Tourville n’avait pas perdu un seul vaisseau.).

La bataille de Barfleur, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Les Français, suite à l’affrontement, décidèrent de faire rebrousse chemin afin de se réfugier à Brest (en effet, la côte normande était dépourvue de fortifications.).

Toutefois, un quinzaine de navires furent pris dans des vents contraires, et furent contraints de retourner vers l’ennemi.

Les navires les plus endommagés par la bataille de Barfleur s’échouèrent non loin de Cherbourg ; les autres se réfugièrent en rade de Saint Vaast La Hougue.

Les Anglais, constatant que les vaisseaux français étaient sans défense, décidèrent de les incendier.

Le désastre de La Hougue consacra la supériorité maritime de l’Angleterre pour plusieurs décennies.

Louis XIV, plutôt que d’entretenir une flotte, préféra dès lors se lancer dans la guerre de course, s’appuyant sur des corsaires français tels que Jean Bart.

Les exploits de Jean Bart, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

            3° La situation dans les Pays Bas espagnols (1689 à 1693) – En février 1689, Marie Louise, l’épouse du roi d’Espagne Charles II, mourut[4] (la défunte était la fille de Philippe d’Orléans.).

Le souverain espagnol se remaria alors avec Marie Anne de Neubourg, fille de l’électeur du Palatinat Philippe Guillaume (la sœur de la jeune femme, Eléonore de Neubourg, était la seconde épouse de l’Empereur germanique Léopold I°.).

L’objectif affiché était de resserrer les liens entre les entre la maison des Habsbourg d’Autriche et celle des Habsbourg d’Espagne.

Ainsi, Charles II signa un accord avec les Provinces Unies, et autorisa l’installation de troupes impériales dans les forteresses des Pays Bas espagnols.

 

Louis XIV, apprenant la nouvelle, fut alors contraint de renforcer la frontière nord du royaume de France, déclarant la guerre à l’Espagne en avril 1689.

Le maréchal François Henri de Montmorency-Bouteville, combattant dans les Flandres,  parvint toutefois à prendre l’avantage. En effet, il remporta la bataille de Fleurus en juillet 1690. La victoire fut particulièrement éclatante, les membres de la ligue d’Augsbourg perdant près de 20 000 hommes (12 000 tués et 8 000 prisonniers.), une cinquantaine de canons, ainsi que plus de cent drapeaux.

François Henri de Montmorency-Bouteville, maréchal de France, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Fort de cette victoire, Louis XIV décida d’assiéger Mons, qui se rendit en mars 1691 (la cité ouvrit ses portes en avril.).

En septembre, le maréchal de Montmorency-Bouteville se distingua une fois de plus. A cette époque de l’année, Guillaume III avait regagné l’Angleterre, et l’armée de la ligue d’Augsbourg avait décidé de prendre ses quartiers d’hiver. Profitant d’un instant de relâchement de l’arrière garde ennemie, les Français décidèrent d’attaquer par surprise, bien qu’étant en infériorité numérique.

La bataille de Leuze fut un nouveau succès pour Montmorency-Bouteville, qui infligea une nouvelle défaite à l’ennemi.

 

En 1692, Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, parvint à prendre Namur. En août, le maréchal de Montmorency-Bouteville parvint à repousser l’armée de la ligue, commandée par Guillaume III, lors de la bataille de Steinkerque.

La bataille de Steinkerque, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

L’année suivante, en juillet 1693, Guillaume III fut battu une fois de plus par Montmorency-Bouteville, lors de la bataille de Neerwinden.

La bataille de Neerwinden, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

En octobre, les Français parvinrent à s’emparer de Charleroi.

 

Toutefois, suite à la mort du maréchal de Montmorency-Bouteville, en janvier 1695, Louis XIV remplaça le défunt par le maréchal Louis Nicolas de Neufville, duc de Villeroy. Ce dernier, plus courtisan qu’homme de guerre, perdit Namur (Guillaume III s’en empara en août 1695.).

 

            4° La guerre portée dans le duché de Savoie (1690 à 1693) – Victor Amédée II s’empara du duché de Savoie suite à la disparition de son père, Charles Emmanuel II, en juin 1675.

Portrait de Victor Amédée II, duc de Savoie.

Le jeune duc, bien que marié à Anne Marie, fille de Philippe d’Orléans, décida de rejoindre la ligue d’Augsbourg en 1690.

 

a) Premier affrontement contre le duché de Savoie, la bataille de Staffarda (août 1690) : Louis XIV, soucieux de conserver le duché de Savoie sous tutelle, exigea que Victor Emmanuel II lève une armée, destinée à lutter contre les Provinces Unies ou bien contre les Espagnols installés dans le duché de Milan.

 

Toutefois, Victor Emmanuel II préféra se rapprocher de l’Espagne, prenant les armes contre le roi de France. Apprenant la nouvelle, Louis XIV décida de préparer une expédition contre le duché de Savoie.

En août 1690, apprenant que l’armée royale, commandée par le maréchal Nicolas de Catinat de La Fauconnerie, ne comptait pas plus de 20 000 soldats, le jeune duc décida d’attaquer sans attendre les renforts en provenance d’Espagne.

Nicolas de Catinat, maréchal de France, par Claude DEJOUX, 1781, château de Versailles, Versailles.

Toutefois, les Savoyards furent contraints de s’incliner lors de la bataille de Staffarda.

 

Suite à l’affrontement, les Français occupèrent la Savoie et Nice, Victor Amédée II ne conservant plus que le Piémont.

 

b) Second affrontement contre le duché de Savoie, la campagne du Dauphiné (1692) : depuis le début de la guerre de la ligue d’Augsbourg, les Français multipliaient les victoires, en partie grâce aux hauts faits d’armes du maréchal de Montmorency-Bouteville.

Les ligueurs décidèrent donc d’ouvrir un second front dans le sud est de la France, espérant opérer une diversion en attaquant Louis XIV sur ses arrières.

 

Regroupant près de 40 000 hommes (Savoyards, Espagnols, Allemands, protestants français, etc.), Victor Amédée II décida d’envahir le Dauphiné en juillet 1692.

Le duc de Savoie, s’emparant de plusieurs petites villes au cours de l’été, pénétra dans Gap en août 1690.

Nicolas de Catinat, disposant de troupes inférieures en nombre, décida alors d’adopter une stratégie défensive. C’est ainsi qu’il parvint à stopper plusieurs détachements ennemis, envoyés en avant-garde vers Sisteron, Lus de la Croix Haute et Veynes.

Victor Amédée II, tombé malade à Gap, fut alors contraint de faire rebrousse chemin, mais ses troupes multiplièrent les exactions lors du chemin du retour. Ainsi, Gap fut pillée et incendiée, à l’instar de plusieurs petites cités de la région.

 

En 1693, afin de bloquer le passage vers le Dauphiné, Louis XIV décida de confier à Vauban la gestion des travaux d’érection du fort de Montdauphin.

 

c) Troisième affrontement contre le duché de Savoie, la bataille de La Marsaille (1693) : Victor Amédée II, bien qu’échoué lors de la campagne du Dauphiné, n’était pas disposé à déposer les armes.

Ainsi, en août 1693, il assiégea Pignerol et Casal, deux forteresses situées dans le Piémont. Nicolas de Catinat, apprenant la nouvelle, décida alors d’attaquer le duc de Savoie.

Les deux belligérants s’affrontèrent alors au cours de la bataille de La Marsaille, qui fut un nouveau succès pour la France.

Bataille de la Marsaille, par Eugène DEVERIA, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Victor Amédée II signa une paix séparée avec Louis XIV au cours de l’année 1696.

 

            5° La guerre aux portes de l’Espagne (1694 à 1697) – Au printemps 1694, Louis XIV décida d’envoyer un contingent en Catalogne.

Le maréchal Anne Jules, duc de Noailles, rencontra rapidement l’ennemi, à la fin du mois de mai 1694.

Les Espagnols, déployant leurs troupes le long du fleuve Ter, étaient aussi nombreux que les soldats de l’armée française. Toutefois, ces derniers étaient des vétérans, contrairement aux combattants espagnols qui étaient en majorité des jeunes recrues.

La bataille de la rivière Ter fut un franc succès pour le duc de Noailles, l’ennemi ne tardant guère à battre en retraite.

 

Forts de cette victoire, les Français parvinrent à s’emparer de Gérone, mais ils ne purent prendre Barcelone.

 

Au même moment, en juin 1694, le corsaire français Jean Bart affrontait un groupe de navires de guerre hollandais lors de la bataille du Texel. Les Français, se lançant à l'abordage de l'ennemi, firent 300 morts ou blessés, et parvinrent à capturer trois navires.

Combat du Texel, 29 juin 1694, par Eugène ISABEY, 1836, musée de la Marine, Paris.

Le blé récupéré lors de l'affrontement entraîna une chute du coût de cette denrée, et permit d'éviter une disette. Jean Bart, après être rentré à Dunkerque (sa ville d'origine.), fut rémunéré pour ses services et anobli par Louis XIV.

Portrait de Jean Bart, par Mathieu ELIAS, début du XVIII° siècle, musée de la Marine, Paris.

 

            6° La paix de Ryswick (octobre 1697) – En février 1697, les Suédois proposèrent leur médiation afin de mettre un terme au conflit. Les principaux belligérants, épuisés économiquement par le conflit, acceptèrent et se rendirent à Ryswick, un village des Provinces Unies.

Le bombardement de la Grand-Place de Bruxelles, fin du XVIII° siècle, musée de la ville de Bruxelles, Bruxelles (la ville fut bombardée par les troupes françaises en 1695, dans une tentative de diversion).

 

Toutefois, à cette date, la guerre n’était pas encore finie. En ce début d’année 1697, les partisans de la paix étaient la France, les Provinces Unies, et l’Angleterre (Guillaume III, bien qu’étant un belliciste et farouche ennemi de Louis XIV, était à la tête d’une nation quasiment ruinée par le conflit.). Toutefois, ni l’Espagne (qui ne voulait pas perdre ses territoires au profit de la France.), ni l’Empereur germanique (qui souhaitait faire durer les négociations jusqu’à la mort du souverain espagnol afin de relancer le conflit.) ne souhaitait mettre un terme à la guerre.

 

Toutefois, en août 1697, Louis Joseph, duc de Vendôme (ce dernier était le petit fils de César, fils illégitime d’Henri IV.), parvint à s’emparer de Barcelone, le comte de Tourville ayant bloqué le port de la cité.

Louis Joseph, duc de Vendôme.

Le roi d’Espagne fut alors contraint de faire la paix.

 

Le traité de Ryswick fut finalement signé en septembre 1697, les coalisés refusant de poursuivre la guerre dans le seul but d’offrir Strasbourg à Léopold I° (ce dernier fut alors contraint de céder lui aussi, signant la paix en octobre.).

Se basant sur la trêve de Ratisbonne, Louis XIV parvint toutefois à y apporter d’importantes modifications. Ainsi, le roi soleil annexait définitivement Strasbourg et la quasi-totalité de l’Alsace. En outre, la France retrouvait Pondichéry (comptoir des Indes pris par les Hollandais lors du conflit.), et recevait la moitié ouest de l’île de Saint Domingue (aujourd’hui rebaptisée Haïti.).

Le royaume de France en 1697.

 

En contrepartie, Louis XIV reconnut Guillaume III comme souverain d’Angleterre, et Philippe Guillaume comme prince électeur du Palatinat (mais le roi de France demanda une indemnisation pour Charlotte Elisabeth de Bavière.).

En outre, le roi de France abandonnait Trèves, les villes du Palatinat, Phillipsburg, Fribourg, le duché de Deux-Ponts, Kehl et Vieux-Brisach. Louis XIV acceptait aussi de mettre fin à l’occupation du duché de Lorraine, bien que conservant Sarrelouis, Longwy, et bénéficiant d’un droit de passage dans cette région.

L'Autriche suite au traité de Ryswick (1699).

Enfin, Louis XIV fit en sorte de ménager l’Espagne en lui rendant une grande partie des Pays Bas espagnols, préparant déjà la succession de Charles II.

 

Le traité de Ryswick, à l’époque, fut considéré par les Français comme un véritable scandale. Toutefois, le trésor était à sec et Louis XIV souhaitait se concilier les bonnes grâces des puissances européennes, en vue de la future crise de succession d’Espagne.

Au final, si la guerre de la ligue d’Augsbourg offrit la victoire à la France, le traité de Ryswick ne fut en rien une victoire française.
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[1] Louvois mourut subitement, en juillet 1691. Certains historiens pensent qu’il aurait été empoisonné. A noter que le défunt avait tenté de mettre fin à la vénalité des charges d'officiers, en vain : ainsi, de jeunes gens fortunés mais sans aucune expérience militaire reçurent le commandement de régiments de taille importante. Ce système fut très préjudiciable à Louis XIV.

[2] Jacques II était monté sur le trône d’Angleterre, suite à la mort de son frère Charles II, survenue en février 1685.

[3]  Guillaume III avait épousé Marie, fille de Jacques II, en octobre 1677. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 5, section V, chapitre troisième, les Bourbons.

[4] Certains historiens pensent que Marie Louise fut peut être empoisonnée.

 
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