Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

L'Empire byzantin

 

CHAPITRE PREMIER : L'Empire romain d'Orient

 

I : Les Théodosiens (395 - 457)

           

            La première chose à savoir lorsque l’on aborde l’histoire de l’Empire byzantin, c’est que cette appellation date du XVI° siècle (et est donc bien postérieure à la chute de ce royaume.). En fait, les Empereurs de Constantinople se considérèrent toujours comme des Romains, régnant sur un royaume ayant pour nom Basileía Rômaíôn (ce qui signifie ‘Empire romain’.).

En effet, l’Empire byzantin sut conserver le précieux héritage transmis par Rome : utilisation du droit, techniques agricoles élaborées (irrigation, aqueducs, norias, etc.), savoir faire urbain (monuments, tout à l’égout, éclairage, etc.), transmission du savoir de l’Antiquité (médecine, philosophie, Histoire, etc.)…

 

Une question qui revient fréquemment concerne les dates de début et de fin de l’Empire byzantin. En ce qui concerne la chute de ce royaume, la réponse est facile (Constantinople tomba aux mains des Turcs en 1453, et l’Empire byzantin disparut.), mais en ce qui concerne sa date de création, le problème est bien plus complexe.

En réalité, il n’y a pas eu de date de naissance ‘officielle’, et l’Empire byzantin à pris la forme que nous lui connaissons au fil des siècles. Nous pouvons cependant noter quelques dates clefs :

En 285, l’Empereur Dioclétien divisa l’Empire en deux parties, conservant l’Orient, et confiant l’Occident à son collègue Maximien Hercule.

En 330, Constantin I°, seul Empereur, fit de Byzance la nouvelle capitale de l’Empire (la rebaptisant Constantinople.).

En 395, Théodose, seul Empereur, partagea l’Empire entre ses deux fils : Honorius reçut l’Occident, et Arcadius eut l’Orient. Jusqu’à cette date, les deux royaumes avaient souvent été divisés, mais cette fois la scission fut définitive (bien que certains souverains tentèrent en vain d’y mettre fin.).

En 476, l’Empire d’Occident chut, et les ornements impériaux furent envoyés à l’Empereur d’Orient Zénon.

Dans la première moitié du VI° siècle, l’Empereur Justinien parvint à s’emparer de nombreux territoires perdus depuis des années (Afrique, sud de l’Hispanie, Italie.). Il fut le dernier souverain à mettre en place une politique centrée sur la botte italienne.

Au début du VII° siècle, l’Empereur Héraclius fit du grec la langue officielle de l’Empire byzantin. Il abandonna aussi son titre latin d’Imperator pour prendre celui de Basileus

 

Cette partie, consacrée à l’histoire de l’Empire byzantin, commence donc avec le règne d’Arcadius, en 395[1], et s’achève avec la chute de Constantin XI, en 1453.

           

1° Arcadius (395 à 408) – Comme nous l’avons dit précédemment, l’Empereur Théodose[2], en 395, divisa son Empire entre ses deux fils, Honorius et Arcadius. Le premier reçut l’Occident, et le second eut l’Orient.

Buste d'un Empereur romain de l'Antiquité tardive, peut être Arcadius, vers 400, Altes museum, Paris.

Arcadius resta dans les mémoires comme un souverain indolent, qui fut toujours dominé par ses proches (né en 377, il était déjà adulte lorsqu’il accéda au trône, contrairement à son jeune frère.).

 

Arcadius, dans un premier temps, fut soumis à l’influence de Flavius Rufinus, le préfet du prétoire[3]. Dès l’accession d’Arcadius au pouvoir, il le maria à Aelia Eudoxia, la fille du général franc Flavius Bauto (ce dernier avait participé à l’usurpation de Maxime contre Valentinien II[4].).

Cependant, le tuteur d’Honorius, Stilicon, tentait de prendre le pouvoir en Orient, et cela inquiéta Rufinus.

Représentation de Stilicon.

 

Ce dernier fit alors appel aux Wisigoths du roi Alaric, qui préférèrent piller la Grèce que défendre le préfet du prétoire (les Huns attaquèrent l’Empire byzantin au même moment, pillant la Syrie.).

Finalement, Stilicon confia à son ami Gaïnas la tâche d’éliminer Rufinus. Cela fut fait, et le chambellan Eutrope[5] s’empara alors du pouvoir.

En 399, ce dernier fut éliminé à son tour, et Gaïnas et ses auxiliaires goths pénétrèrent dans Constantinople. Ces derniers furent néanmoins éliminés en 400, et Stilicon n’eut plus de moyens de pression en Orient.

Par la suite, ce fut Eudoxie qui prit le dessus sur Arcadius. Cette dernière mena une vie un peu dissolue, et fut vivement critiquée par Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople. Exilé par deux fois par l’Impératrice, il mourut dans le Pont Euxin en 407.

Eudoxie et Arcadius n’eurent pas non plus une vie plus longue, les deux époux mourant en 401 et 408.

Buste présumé d'Eudoxie, IV° siècle, musée du Colisée, Rome.

 

            2° Théodose II (408 à 450) – Suite à la mort d’Arcadius, ce fut son fils Théodose qui monta sur le trône. Cependant, ce dernier n’ayant que sept ans à l’époque, il fut placé sous la tutelle d’Anthémius[6], le préfet du prétoire[7]. Par la suite, l’Empereur, aussi faible que l’était son père, fut sous l’influence de sa sœur aînée Pulchérie (de son vrai nom Aelia Pulcheria.).

Buste de Théodose II.

 

Cette dernière tint les rênes du pouvoir pendant près d’un demi-siècle. Très instruite et très pieuse (la cour eut des semblants de monastère en raison du caractère dévot de Pulchérie.), la sœur de Théodose II parvint à bien gérer l’Empire byzantin. En 421 fut publié le code théodosien, contenant toutes les lois romaines promulguées depuis 312.

 

En ce qui concerne la religion, deux hérésies firent leur apparition sous le règne de Théodose II : celle de Nestorius, patriarche de Constantinople (les nestoriens ne reconnaissaient pas la maternité divine de Marie.), et celle d’Eutychès (les monophysites ne reconnaissait pas la nature humaine du Christ.).

En 431, le nestorianisme fut condamné au concile d’Ephèse ; le monophysisme fut condamné en 451 au concile de Chalcédoine (sous le règne de Marcien, successeur de Théodose.).

 

D’un point de vue militaire, le règne de Théodose vit la victoire de l’Empire byzantin en 421 et 441. Par contre, ce souverain dut lutter contre les Huns, successivement menés par Ruga, Bleda et Attila[8]. Ces derniers commencèrent par s’emparer de la province de Pannonie, dont ils firent leur point de ralliement. Puis, par la suite, Théodose II dut accepter de leur payer un lourd tribut annuel, et fut contraint aussi de ne plus s’allier aux tribus germaines (ennemies des Huns.).

En 447, un tremblement de terre détruisit une partie des remparts de Constantinople, et Attila décida d’en profiter. Cependant, alors qu’il assiégeait la ville, Théodose II mourut d’une chute de cheval (450.).

 

3° Marcien (450 à 457) – Théodose II, à sa mort, ne laissait qu’une fille derrière lui, Licinia Eudoxia (l’épouse de Valentinien III[9], l’Empereur d’Occident.).

Pièces de monnaie aux effigies de Valentinien III (à gauche.) et Licinia Eudoxia (à droite.).

 

Le général Aspar, Patrice[10] et magister militum[11] (il avait participé aux guerres contre les Huns et les Perses.), second personnage de l’Etat, ne pouvait prétendre au trône car il était d’origine alain.

Pulchérie épousa alors le sénateur Marcien et associa ce dernier à l’Empire.

Pièce de monnaie à l'effigie de Marcien.

 

Marcien, né en Thrace vers 392, épousa très tôt la carrière militaire, imitant ainsi son père. Participant aux guerres contre les Perses, il se fit alors remarquer par Aspar, et devint le secrétaire de son fils Ardaburius.

Marcien était donc déjà âgé lorsqu’il accéda au trône (à noter que Pulchérie, âgée elle aussi, accepta de l’épouser, à condition que leur mariage soit chaste.).

Le nouvel Empereur refusa donc de payer un nouveau tribut à Attila, lui affirmant qu’il avait de l’or pour ses amis et du fer pour ses ennemis (un mariage fut néanmoins organisé entre sa fille Aemilia et Grontus, le fils d’Attila. L’Empereur maria aussi son autre fille Aelia Marcia Euphemia avec Anthemius, futur Empereur d’Occident.).

La cour d'Attila, par Olaj VASZON, 1870, musée de Budapest.

 

Par la suite, Attila préféra quitter l’Orient afin de s’attaquer à Valentinien III. Vaincu en Gaule à la bataille des Champs catalauniques en 451, le roi des Huns envahit l’Italie du nord au printemps 452. Cependant, il dut se retirer prestement, Marcien en ayant profité pour l’attaquer sur ses arrières, en Pannonie (Attila mourut l’année suivante, en 453. A noter que Pulchérie mourut la même année, ce qui permit à Marcien d’avoir plus de pouvoir.).

 

Par la suite, Marcien mena peu d’expéditions militaires. Il s’attaqua aux tribus arabes de Syrie, puis envoya une ambassade au roi Genséric en 455 (suite à la prise de Rome.), demandant la libération de la veuve de Valentinien III et de ses deux filles (à noter que ces femmes ne furent libérées qu’en 464, sous le règne de Léon I°.).

Pièce de monnaie à l'effigie de Genséric.

 

Il installa aussi les Ostrogoths en Pannonie, ces derniers jurant fidélité à l’Empire byzantin.

 

Orthodoxe, Marcien lutta contre le nestorianisme et le monophysisme, deux hérésies apparues sous le règne de Théodose II (et condamnées suite aux conciles d’Ephèse et Chalcédoine.).

 

Luttant contre la corruption, et tentant d’assainir les finances de l’Empire, Marcien laissa à sa mort un important trésor dans les caisses de l’Etat.

Ce souverain mourut en 457 d’une gangrène des pieds, qui s’était déclarée suite à un pèlerinage religieux.

 

N’ayant pas d’héritier mâle, la dynastie théodosienne s’éteignit avec Marcien.

___________________________________________________________________________________________
comments powered by Disqus  

[1] Pour en savoir plus sur les règnes des Empereurs ayant précédé Arcadius, voir le chapitre sixième et le chapitre septième, histoire de la Rome antique.

[2] Pour plus d’informations sur le règne de Théodose, voir le 1, section I, chapitre septième, histoire de la Rome antique.

[3] A l’origine, le préfet du prétoire était le chef de la garde prétorienne (qui avait la tâche de protéger l’Empereur.). Cependant, au fil des siècles, la charge de préfet du prétoire évolua, devenant l’équivalent de celle d’un actuel premier ministre.

[4] Pour en savoir plus sur l’usurpation de Maxime, voir le 3, section III, chapitre sixième, histoire de la Rome antique.

[5] Ne pas confondre avec l’historien Eutrope.

[6] Anthémius était le grand père de l’Empereur du même nom (pour en savoir plus sur le règne de ce personnage, référez vous au 5, section II, chapitre septième, histoire de la Rome antique.).

[7] Théodose II, en raison du jeune âge auquel il accéda au trône, est parfois surnommé le Jeune (il fut aussi surnommé Calligraphe, car il était passionné par l’écriture.).

[8] Pour en savoir plus sur le règne de Ruga, Bleda et Attila, voir le c), 4, section I, chapitre septième, histoire de la Rome antique

[9] Pour en savoir plus sur le règne de Valentinien III, voir le 4, section I, chapitre septième, histoire de la Rome antique

[10] A l’origine, l’on appelait patriciens les membres des familles aristocratiques de Rome. Le patriciat, supprimé par Constantin, devint alors un titre décerné à une personne, et non plus à des familles entières (le titre de Patrice était troisième dans la hiérarchie, après les titres Auguste et César.).  

[11] La traduction littérale de magister militum est ‘maître de la milice’. En pratique, les généraux qui occupaient cette charge avaient un rôle semblable à celui d’un actuel chef d’Etat major.

 
Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie