Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Les Capétiens


CHAPITRE QUATRIÈME : Philippe II Auguste et Louis VIII (1180 à 1226)

 

V : Croisade contre les Albigeois (1208 à 1223)

 

            1° L’hérésie cathare (ou albigeoise) – Le catharisme avait fait son apparition dans le Languedoc au cours du XII° siècle, touchant dans un premier temps les classes inférieures de la population.

Les chroniques de l’époque expliquèrent que la corruption du clergé du Midi fut une des causes de la rapide progression de cette doctrine dans la région. Ainsi, lorsque débuta la croisade, l’on comptait 800 églises cathares dans le sud de la Francie.

 

Les cathares étaient les héritiers des manichéens[1], qui reconnaissaient deux dieux de puissance égale, l’un représentant le bien (associé à l’âme.) et l’autre représentant le mal (associé au corps.).

Dans les chroniques de l’époque, les cathares furent baptisés Albigeois, car Albi était l’un des centres du catharisme[2]. Les adeptes de ce culte se divisaient en deux catégories : les fidèles de base et les parfaits[3]. Contrairement aux fidèles, les parfaits menaient une vie ascétique et chaste, mortifiant leur corps (assimilé au mal.).

En outre, les cathares ne reconnaissaient pas les sacrements de l’Eglise, rejetant donc son autorité (contrairement à la religion catholique, très hiérarchisée, les églises cathares étaient indépendantes l’une de l’autre). Ces derniers niaient aussi la nature humaine de Jésus (qui en aurait fait une divinité souillée par le mal), le considérant comme un pur esprit.

 

            2° Innocent III contre le catharisme (1205 à 1208) – Pendant plusieurs décennies, les comtes de Toulouse tentèrent de mettre un terme au catharisme, considéré comme une hérésie par l’Eglise ; toutefois, au début du XIII° siècle, la doctrine albigeoise était si bien implantée que même les seigneurs du Midi y étaient favorables.

 

Innocent III, suite à son arrivée au pouvoir, entreprit de réformer le clergé du Languedoc, dont les mœurs souvent dissolues étaient décriées par les cathares. Ainsi, les prêtres furent rappelés à l’ordre, et les évêques coupables furent déposés.

En parallèle, le Saint siège s’appuya sur les moines de l’abbaye de Cîteaux[4], chargés de propager la foi catholique dans le Midi.

 

Pierre de Castelnau, moine de Cîteaux et archidiacre[5] de Maguelone, fut nommé légat du pape. Ce dernier, chargé de prêcher auprès de la noblesse du Languedoc, fut accompagné par plusieurs prêtres prédicateurs, parmi lesquels l’on retrouvait Dominique de Guzman, chanoine[6] de l’église d’Osma, en Espagne[7].

 

A cette époque, la région était divisée sous l’autorité de deux seigneurs : Pierre II, roi d’Aragon, en possession d’une série de comtés sur la frontière nord des Pyrénées (Comminges, Foix et Carcassonne), mais aussi du comté de Gévaudan, de la seigneurie de Montpellier, et du comté de Provence[8] ; et Raymond VI, comte de Toulouse[9], dont l’autorité s’étendait de la vallée du Rhône jusqu’à Agen.

 

Toutefois, la tâche ne fut pas aisée, et bien peu de cathares abjurèrent leur foi. Raymond VI, quant à lui, refusait d’agir, car il craignait des révoltes dans ses Etats. Ce dernier fut alors excommunié par Pierre de Castelnau en janvier 1208.

Toutefois, le légat du pape fut assassiné peu de temps après, alors qu’il quittait la cité de Saint Gilles pour se rendre à Rome.

 

            3° La croisade armée (1209) – A l’annonce de la mort de Pierre de Castelnau, Innocent III décida de prêcher une croisade contre les Albigeois. 

Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, fut alors nommé légat du pape afin de prêcher la croisade auprès des grands du royaume.

 

a) Prêche de la croisade contre les cathares (1208) : suite au prêche d’Arnaud Amaury, plusieurs seigneurs se montrèrent favorables à la croisade contre les Albigeois. Parmi ceux-ci, l’on retrouvait Eudes III, duc de Bourgogne et cousin du roi des Francs[10] ; Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Pol et sénéchal[11] de Bourgogne[12] ; Hervé IV, comte de Nevers ; et Simon V, seigneur de Montfort[13] .

Simon de Montfort, par FEUCHERE, château de Versailles, Versailles.

 

Philippe II, quant à lui, refusa de participer à l’expédition, mais consentit toutefois à fournir une dizaine de milliers d’hommes.

Cette armée, commandée par Arnaud Amaury (le comte de Nevers refusait d’obéir au duc de Bourgogne, qui à l’origine devait être le chef de la croisade), fut bientôt rejointe par une foule d’aventuriers (appelés aussi ribauds ou truands.).

 

A noter que cette expédition religieuse fut aussi l’occasion pour ces hommes du nord de satisfaire leurs vieilles rancœurs contre les gens du Midi.

Le massacre des Albigeois, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

b) La pénitence de Raymond VI (juin 1209): se réunissant près de Lyon en mai 1209, les croisés descendirent la vallée du Rhône en direction du Languedoc.

Raymond VI, voyant cette imposante armée approcher des ses terres, fit amende honorable et demanda à être réconcilié avec l’Eglise. Le légat du pape accepta de lever l’excommunication, mais en contrepartie, le comte de Toulouse devait accomplir une pénitence publique.

La réconciliation solennelle, dirigée par Arnaud Amaury, eut lieu à la mi-juin 1209 dans l’église de Saint Gilles.   

Raymond VI se soumet devant le pape, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

c) Le siège de Béziers (juillet 1209): suite à la soumission de Raymond VI, les chefs de la croisade ne souhaitèrent pas attaquer Pierre II d’Aragon, car le catharisme n’était que peu implanté dans ses Etats. Ainsi, ils tournèrent leur attention vers Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers (terres appartenant à Raymond VI) et vicomte de Carcassonne (terres appartenant à Pierre II).

Le jeune homme (il était né en 1185), neveu du comte de Toulouse, tenta de négocier avec les croisés lorsque ces derniers avancèrent vers ses Etats. Toutefois, comme le catharisme était très répandu à Béziers et à Carcassonne, Arnaud Amaury réclama une reddition complète, ce que Trencavel refusa.

 

Ce dernier se réfugia donc à Carcassonne, ayant préparé Béziers à subir un siège.

Les croisés, quant à eux, assiégèrent la cité à compter du mois de juillet 1209.

Dans un premier temps, Arnaud Amaury négocia avec Renaud de Montpeyroux, évêque de Béziers. Le légat du pape demanda à son interlocuteur que les cathares lui soient livrés ; puis, comme l’évêque éprouvait des difficultés à recenser les hérétiques, Arnaud Amaury demanda à ce que les catholiques sortent de la cité.

 

Seul l’évêque et quelques chrétiens étant sortis, le siège se poursuivit.

Le 22 juillet, les ribauds qui accompagnaient l’armée des croisés décidèrent de se baigner dans l’Orb, une rivière coulant sous les murs de Béziers.

Les défenseurs de la ville, n’appréciant guère de voir leurs ennemis se rafraichir sans protection, décidèrent alors de sortir de la ville afin de les défier.

Toutefois, les ribauds ameutèrent rapidement les croisés, qui poursuivirent les Biterrois. Ces derniers, reculant en hâte les murs de la ville, ne parvinrent pas à empêcher l’ennemi de pénétrer dans Béziers.

 

Croisés et ribauds, entrant dans la cité, firent un carnage. De nombreux Biterrois furent massacrés, catholiques comme cathares. Les habitants s’étaient réfugiés dans les églises de la cité furent eux aussi passés par les armes.

Les chefs de la croisade, apprenant que la ville était prise, pénétrèrent à leur tour dans Béziers. Ces derniers tentèrent alors d’empêcher les ribauds de piller la cité, qui était déjà la proie des flammes.

Les croisés et la prise de Béziers, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Les chroniques de l’époque affirment que le sac de Béziers fit entre 7 000 et 15 000 victimes, alors que la cité ne comptait que 10 000 habitants au début du XIII° siècle. Aujourd’hui, les historiens estiment le nombre de morts à la moitié de la population.

A noter par ailleurs que dans plusieurs sources de l’époque, la responsabilité du carnage fut rejetée sur les ribauds, qui entrèrent en premier dans Béziers.

 

Enfin, l’on prête souvent au légat Arnaud Amaury les propos suivants : massacrez-les, car le Seigneur connaît les siens ; transformés plus tard en : tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens.

Toutefois, cette citation est sujette à caution, car elle n’apparait que dans une seule chronique ; en outre, Arnaud Amaury, à l’instar des autres chevaliers, n’arriva dans Béziers qu’à la fin du massacre[14].

 

d) Le siège de Carcassonne (août 1209): le sac de Béziers provoqua la panique dans la région, et beaucoup de paysans prirent le parti de fuir en direction de Carcassonne.

 

Le 1er août, les croisés arrivèrent sous les murs de la ville, qu’ils assiégèrent. Le 3, ils s’emparèrent des faubourgs de Carcassonne, que Trencavel avait fait évacuer ; mais aussi de la rive gauche de l’Aude, coupant l’approvisionnement de la cité en eau.

 

Quelques jours après, Pierre II d’Aragon proposa sa médiation, mais Trencavel refusa une fois encore une reddition sans conditions.

 

Toutefois, la chaleur et le manque d’eau entraîna rapidement le vicomte de Carcassonne à entamer des pourparlers avec les croisés. Ainsi, Trencavel accepta de se rendre, contre la promesse que les habitants de la cité aient la vie sauve. Les croisés, soucieux d’éviter un nouveau pillage, acceptèrent (leur objectif était de permettre au successeur de Trencavel de disposer des ressources nécessaires pour lutter contre le catharisme).

Faisant reddition le 15 août 1209, les assiégés quittèrent la cité en n’emportant que leurs seuls vêtements, catholiques comme cathares.

 

Arnaud Amaury fut fort marri de laisser échapper autant d’hérétiques, d’autant qu’il était facile de reconnaître les katharos, les parfaits, en raison de leur maigreur extrême. Mais les croisés tinrent leur parole, et tous les habitants eurent la vie sauve.

Trencavel, enfermé dans la prison de Carcassonne, mourut peu de temps après, en novembre 1209.

 

            4° Simon de Montfort chef de la croisade – Le vicomte de Béziers ayant été dépossédé  de ses Etats, les croisés réfléchirent à qui transmettre son héritage. Les principaux seigneurs refusèrent. En effet, ces derniers ne souhaitaient pas se mettre en porte à faux avec le roi des Francs, Philippe II, qui considérait cette usurpation comme un viol flagrant de ses droits régaliens.    

Au final, ce fut Simon de Montfort, un petit seigneur, qui accepta l’héritage de Trencavel.

 

Cependant, en août 1209, les croisés avaient dépassé les 40 jours de services qu’ils devaient à leur suzerain. Ainsi, un grand nombre d’entre eux se retirèrent laissant Simon V dans une situation difficile.

Ce dernier, bénéficiant toutefois de l’appui du duc de Bourgogne, parvint à prendre Fanjeaux, puis s’installa à Alzonne, à quinze kilomètres à l’ouest de Carcassonne.

 

En fin d’année, Simon V fut contraint de faire face à l’animosité de Pierre II d’Aragon, qui incita à la révolte plusieurs des vassaux de son rival.

Le nouveau vicomte de Béziers, isolé au milieu de populations hostiles, perdit une grande partie de ses possessions en l’espace de quelques mois, d’autant que la mort de Trencavel avait décuplé la colère des rebelles.

 

Mais sa femme Alix, le rejoignant au printemps 1210, lui amena en renfort un corps de 15 000 hommes. Simon V put dès lors reprendre l’offensive, commençant par punir ses vassaux rebelles.

D’ici 1211, le vicomte de Béziers s’empara de Minerve, Lastours et Lavaur, regagnant de cette manière beaucoup de ses possessions perdues.

 

            5° Guerre contre Raymond VI, comte de Toulouse (1211 à 1213) – Raymond VI, qui avait aidé les croisés à lutter contre Trencavel, son propre neveu, fut vivement critiqué par les émissaires du pape, étant accusé de ne pas respecter les engagements qu’il avait pris en 1209.

 

Arnaud Amaury, constatant que beaucoup de cathares s’étaient réfugiés dans le comté de Toulouse, demanda à Raymond VI de démilitariser ses Etats ; cependant, ce dernier refusa et fut excommunié par le concile de Montpellier (avril 1211).

 

Raymond VI, qui avait en vain fait appel à Philippe II, Othon IV (suzerain pour le comté de Provence), et Innocent III, décida de prendre les armes.

 

a) La prise de Castelnaudary et l’échec du siège de Toulouse (juin 1211) : ayant affermi son autorité dans ses Etats, Simon de Montfort, recevant un premier contingent de croisés, décida de marcher vers le comté de Toulouse.

S’emparant de Castelnaudary au mois de juin 1211, il reçut la renonciation de Raymond II Trencavel sur les fiefs de son père[15].

 

Par la suite, Simon V marcha en direction de Toulouse, qu’il assiégea. Toutefois, la cité était bien défendue, et le vicomte de Béziers, ne possédant pas de machines de siège, décida de reculer.

Par la suite, il partit ravager les terres de Raymond Roger, comte de Foix (ce dernier étant un allié du comte de Toulouse).

 

Recevant de nouveaux contingents de croisés, Simon V repoussa les troupes de Raymond VI à Castelnaudary (septembre 1211), puis marcha vers les terres de Bernard IV, comte de Comminges, allié du comte de Toulouse.

Par la suite, au printemps 1212, les croisés prirent Albi, Agen et Muret, encerclant les possessions de leur rival.

 

Raymond VI, quant à lui, décida de prêter hommage à Pierre II d’Aragon en janvier 1213. Ce dernier, auréolé par sa victoire suite à la bataille de Las Navas de Tolosa[16], entama alors des pourparlers avec le pape, en vain.

Par la suite, Pierre II traversa les Pyrénées, prenant par aux combats aux côtés des comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges.

A noter que l’hommage de Raymond VI envers le souverain espagnol lésait les droits régaliens de Philippe II, qui était le suzerain du comte de Toulouse. Le roi des Francs voulut envoyer dans le Midi son fils Louis, mais il en fut empêché à cause de son conflit contre l’Angleterre.

 

b) La bataille de Muret (12 septembre 1213) : ayant fait jonction avec ses alliés, Pierre II marcha en direction de Muret, cité entre les mains des croisés.

 

La garnison de la ville ne comptait environ qu’un centaine d’hommes, et Simon de Montfort, qui réussit à rentrer dans la forteresse, n’arrivait en renfort qu’avec 2 000 chevaliers.

Voyant approcher l’armée du souverain espagnol, Manassès de Seignelay, évêque d’Orléans, et Guillaume de Seignelay, évêque d’Auxerre, décidèrent d’entamer des pourparlers avec Pierre II.

Ce dernier considéra ce geste comme un aveu de faiblesse de Simon de Montfort, et décida de prendre d’assaut la cité.

 

Le lendemain, alors que le roi d’Aragon préparait ses troupes au combat, le vicomte de Béziers lança l’assaut, sachant que la forteresse n’avait pas les réserves suffisantes pour soutenir un siège.

Attaquant les Espagnols, les croisés tuèrent rapidement un héraut portant les habits du roi (il s’agissait d’une stratégie permettant au seigneur de ne pas être reconnu pendant la bataille).

Les hommes de Pierre II, croyant que leur suzerain était mort, commencèrent à se débander, mais le roi d’Aragon enleva son casque et fit savoir qu’il était toujours vivant. Mais ce faisant, il attira l’attention des croisés, qui le tuèrent.

 

A la mort de leur roi, les Espagnols se débandèrent et fuirent en désordre. Nombre d’entre eux périrent sur le champ de bataille ou moururent noyés dans la Garonne.

Raymond VI, qui n’avait pas pris part au combat, décida quant à lui de rentrer à Toulouse.

Simon de Montfort, fort de sa victoire[17], s’empara par la suite de Foix et de la vallée de Comminges, isolant un peu plus le comte de Toulouse.

 

            6° Simon de Montfort, seigneur du Languedoc (1215) – En fin d’année 1214, Innocent III décida imposa une trêve aux belligérants, d’autant que Simon V avait capturé le jeune Jacques, fils aîné de Pierre II.

Raymond VI, acculé, fut alors contraint de se réfugier à Barcelone.

 

a) Le concile de Montpellier (janvier 1215) : en janvier 1215, un concile fut organisé à Montpellier, au cours duquel Simon de Montfort reçut le titre de seigneur du Languedoc.

Toutefois, comme cette décision violait une fois encore les droits régaliens de Philippe II, Innocent III fut invité à trancher le litige.

Ainsi, le duché de Narbonne fut cédé à Arnaud Amaury ; Raymond VII (fils du comte de Toulouse) ; le reste étant dû à Simon V.

 

b) Le concile de Latran (novembre 1215) : en fin d’année fut organisé le quatrième concile de Latran, qui tient une place importante dans l’histoire de l’Eglise.

 

Les participants, soucieux de lutter contre l’hérésie, affirmèrent les dogmes de la trinité, de l’incarnation humaine du Christ, et introduisirent le concept de la transsubstantiation (c’est-à-dire la transformation, du pain et du vin, lors de l’eucharistie, en chair et sang du Christ).

Par ailleurs, les évêques condamnèrent une fois encore la simonie[18] et le nicolaïsme[19] ; à l’instar de la pratique par les clercs[20] du jeu, de l’ivrognerie, des festins, du luxe et de la chirurgie.

Le Christ apparaissant lors d'une messe célébrée par Grégoire I°, prouvant la validité du concept de la transsubstantiation, par Thomas BURGKMAIR, 1496, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

En ce qui concerne les hérétiques (notamment cathares, Vaudois[21] et Amauriciens[22]), le concile prévoyait l’instauration de tribunaux pour juger les cas d’hérésie, la saisie de leurs biens, ainsi que l’excommunication des évêques ou des seigneurs tentant de les protéger.

 

Par ailleurs, afin de lutter plus efficacement contre les hérétiques, Innocent III décida deux s’appuyer sur deux congrégations : l’ordre des frères mineurs (surnommé ordre franciscain[23]), et l’ordre des Prêcheurs (ou ordre dominicain[24]).

Saint François d'Assise, fondateur de l'ordre des frères mineurs, recevant les stigmates du Christ, vers 1355, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

A noter qu’au cours du concile de Latran, Innocent III prêcha en faveur de la cinquième croisade, qui, lancée en direction de l’Egypte en 1217, s’acheva sur un échec[25].

 

            6° la révolte languedocienne (1216 à 1223) – Désormais seigneur du Languedoc, Simon de Montfort vint prêter hommage auprès de Philippe II au printemps 1216.

 

a) Conquête et siège de Beaucaire (mai à août 1216) : profitant du départ du seigneur du Languedoc, Raymond VII et son père, rentré d’exil, levèrent une armée en Provence.

Dans un premier temps, les deux hommes assiégèrent Beaucaire, qui n’était pas stipulée par le partage d’Innocent III.

 

Raymond VII, s’emparant de la cité en mai 1216, fut rapidement assiégé par Guy de Montfort, frère cadet de Simon V. Le seigneur du Languedoc, quant à lui, rentra précipitamment de Paris à l’annonce de la nouvelle.

Ne disposant pas de machines de siège, Simon V tenta de prendre la ville d’assaut, mais en vain. Ainsi, à la fin du mois d’août 1216, il décida de lever le siège.

 

a) Du siège de Beaucaire au siège de Toulouse (1216 à 1218) : l’échec du siège de Beaucaire eut un important retentissement dans le Languedoc.

Simon V rentra précipitamment à Toulouse, craignant une révolte. Ce dernier, afin de contenir l’agitation de la population, réclama qu’on lui livre des otages et qu’on lui cède une indemnité de guerre.

 

En début d’année 1217, Simon V intervint contre Raymond Roger, comte de Foix, puis marcha vers la Provence, attaquant Aymar II, comte de Valentinois.

Profitant du départ de son adversaire, Raymond VI rentra dans Toulouse courant septembre, où il fut accueilli triomphalement.

 

Simon V, furieux d’apprendre la trahison de la ville, s’empressa de marcher en direction de Toulouse, que son frère Guy avait commencé à assiéger.

Toutefois, le seigneur du Languedoc ne disposait pas d’engins de siège, ni de troupes suffisantes pour prendre la ville d’assaut. Ainsi, les opérations militaires se poursuivirent pendant près d’un an.

 

Au printemps 1218, Simon V attaqua les Faubourgs de la ville, bénéficiant de l’arrivée de contingents croisés ; début juin, Raymond VII, venu de Provence, réussit à rejoindre son père à Toulouse.

A la fin du mois, Simon V entreprit la construction d’une tour de siège, mais Raymond VII tenta une sortie afin de détruire cet engin. Au cours de la mêlée qui s’ensuivit, le seigneur du Languedoc fut frappé d’une pierre en pleine tête, lancée par un mangonneau[26] toulousain.

La mort de Simon de Montfort, par A. DE NEUVILLE, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par Guizot.

 

La mort de Simon de Montfort provoqua la panique, même si Amaury VI, le fils du défunt, reprit la direction des opérations.

Toutefois, le jeune homme, sur les conseils de son oncle, décida finalement de lever le siège, à la fin juillet 1218.

 

c) Amaury VI contre Raymond VII (1219 à 1223) : suite à l’échec du siège de Toulouse, Amaury VI s’installa à Carcassonne, alors que de nombreux seigneurs se ralliaient à Raymond VII.

 

Le pape Honorius III, qui avait succédé à Innocent III en juillet 1216, décida de prêcher une nouvelle croisade contre les Albigeois.

Philippe II, prudent, refusa une fois encore d’intervenir, mais il envoya son fils Louis dans le Midi.

 

En juin 1219, Le prince rejoignit Amaury VI, qui assiégeait Marmande. Suite à la prise de la cité, les croisés se dirigèrent vers Toulouse, mais ce nouveau siège fut aussi infructueux que celui de 1218.

Ainsi, les croisés se retirèrent dès le mois d’août, et Louis rentra à Paris.

 

Amaury VI, quant à lui, décida d’assiéger Castelnaudary, en juillet 1220. Cependant, il ne parvint pas à s’emparer de la cité, et fut contraint de lever le siège en février 1221.

L’année suivante, en août 1222, Raymond VII succéda officiellement à son père, décédé à Toulouse, et dont l’excommunication n’avait pas été levée.

Le fils du défunt, soucieux d’être reconnu par Philippe II, se rapprocha donc d’Honorius III ; à la même date, le comte de Foix reprenait Fanjeaux, Limoux et Mirepoix, cités donc Simon V s’était emparé près d’une décennie auparavant.

 

En fin d’année 1223, les domaines d’Amaury VI s’étaient réduits à Carcassonne et Minerve. Assiégé par Raymond VII et le comte de Foix, le seigneur du Languedoc demanda à entamer des pourparlers, signant une trêve avec ses rivaux en janvier 1224.

Par la suite, Amaury VI partit pour l’île de France, afin d’obtenir une audience auprès du roi des Francs[27]
___________________________________________________________________________________________
comments powered by Disqus  

[1] Manès, fondateur du manichéisme, vécut en Perse au III° siècle avant Jésus Christ.

[2] A noter que les cathares (ou Albigeois), ne se baptisaient pas ainsi, ce nom leur ayant été donné par l’Eglise.

[3] Le terme ‘Cathare’ vient du perse Katharos qui signifie « pur. » Une fois encore, ce terme fut employé par l’Eglise mais non par les cathares (qui se nommaient bon hommes ou bons chrétiens).

[4] Ces derniers, fidèles au pape, avaient prêché en faveur de la deuxième et de la troisième croisade.

[5] Le diacre, inférieur à un prêtre (il ne peut célébrer une messe), est un des collaborateurs de l’évêque.

[6] Les chanoines sont des membres du clergé attachés au service d’une église. A noter qu’il existe des chanoines laïcs et des chanoines religieux.

[7] Dominique naquit en vers 1170 en Castille. Il devint chanoine de l’église d’Osma en 1197, puis se rendit en Languedoc en 1203. Il se rendit alors compte de l’importance de la diffusion du catharisme, et, analysant les causes de ces adhésions, tenta de convertir les hérétiques par la parole. Obtenant de maigres succès, il fonda l’ordre des Prêcheurs en 1215 (surnommé plus tard ordre dominicain). Dominique continua ses missions en France et en Espagne jusqu’à sa mort en 1221. 

[8] A noter que le comté de Provence ne faisait pas partie de la Francie.

[9] Ce dernier était le fils de Raymond V, qui avait participé à la guerre contre l’Angleterre. Voir à ce sujet le a), 4, section I, chapitre quatrième, les Capétiens.

[10] Ce dernier était le fils d’Hugues III de Bourgogne, qui avait participé à la guerre contre l’Angleterre. Voir à ce sujet le a), 4, section I, chapitre quatrième, les Capétiens.

[11] Le sénéchal était un officier au service de son suzerain, chargé de la justice seigneuriale.

[12] Ce dernier avait participé à la troisième croisade.

[13] A noter que ce dernier est souvent nommé Simon IV, car son père Simon (IV) fut longtemps confondu avec son grand père Simon III.

[14] A noter que cette citation est attribuée à tort à Simon de Montfort.

[15] La lutte entre Simon de Montfort et Raymond II ne prit pas fin pour autant.

[16] Cet affrontement, auquel participèrent plusieurs rois d’Espagne, consacra la division du royaume almohade en une série d’émirats indépendants. La bataille de Las Navas de Tolosa ouvrait la porte à une Reconquista plus facile, mais cette dernière ne prit fin qu’en 1492.

[17] Les chroniques affirment que Simon de Montfort se serait battu à 1 000 contre 100 000 (soit 1 contre 100.) lors de la bataille de Muret, et qu’il n’ait perdu que 9 hommes. Il est sûr que ces chiffres furent grossièrement exagérés. En réalité, Simon avait un nombre de cavaliers similaire à celui de Pierre II, ce dernier ne devant sa supériorité numérique qu’à ses soldats (dont le nombre est estimé à 15 000).

[18] Simonie : vente des biens ecclésiastiques.

[19] Nicolaïsme : incontinence des clercs astreints au célibat (mariage, concubinage, etc.).

[20] Les clercs sont les membres du clergé.

[21] Les Vaudois, disciples de Pierre Valdès, critiquaient l’opulence de l’Eglise, ce qui était à leurs yeux une trahison de la parole du Christ. Ces derniers, critiques envers les cathares, ne se considéraient toutefois pas comme en dehors de l’Eglise, même si leur mouvement fut considéré comme hérétique lors du concile de Latran. L’Eglise vaudoise, bien que persécutée pendant plusieurs siècles, existe encore aujourd’hui.. 

[22] Les Amauriciens, disciples d’Amaury de Bène, considéraient que l’humanité était divisée en trois âges : l’âge de Dieu (l’Antiquité) ; l’âge du Christ (le Moyen-âge chrétien) ; et l’âge du Saint-Esprit. Le Saint-Esprit étant supérieur aux lois de l’Eglise et du royaume, les Amauriciens rejetaient donc toute forme d’autorité.

[23] Le fondateur de cet ordre, François d’Assise, naquit vers 1181. Alors qu’il aurait pu reprendre les affaires de son père, un riche marchand, il abandonna ses biens et se consacra à la prédication. Rejoint par onze compagnons, laïcs comme lui, ils firent vœu de pauvreté, vivant de charité, prêchant, soignant les malades. Les Franciscains, reconnus par Innocent III en 1210, critiquaient l’opulence de l’Eglise, ce qui était à leurs yeux une trahison de la parole du Christ. Menant une vie d’ermite, Saint François reçut les stigmates en 1224, et mourut aveugle en 1226. Il fut canonisé deux années après son décès.

[24] L’ordre des prêcheurs avait été fondé par Dominique de Guzman en 1215.

[25] Pour en savoir plus sur la cinquième croisade, cliquez ici.

[26] Le mangonneau, similaire au trébuchet, était une catapulte médiévale.

[27] Nous reviendrons sur la guerre du Languedoc en 2, section VIII, chapitre quatrième, les Capétiens.

 
Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie