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			De nos jours, beaucoup d'individus ont tendance à voir la Saint-Valentin comme une fête bassement commerciale, inventée de toutes 
			pièces par des fleuristes en mal de bénéfices...  
			Mais la réalité est toute autre, comme vous pourrez le constater en 
			lisant ces quelques lignes... 
		  
		  
		  La 
			Saint Valentin, fêtée le 14 février, ne fait pas partie du 
			calendrier liturgique chrétien. Toutefois, elle reste emblématique 
			de ce processus de christianisation des fêtes païennes. 
			  - La fête 
des Lupercales  : Comme nous l'avons vu plus tôt, la fête des Lupercales 
étaient fêtée à Rome du 12 au 15 février, en l'honneur du dieu Faunus, 
petit-fils de Saturne selon la 
mythologie romaine. Divinité 
protectrice des troupeaux et de leur fécondité, Faunus s'attaquait aussi aux 
loups, d'où son surnom de Lupercus (du latin lupus, ce qui 
signifie « loup »). 
Souvent 
représenté avec des jambes et des cornes de chèvre, cette divinité fut ainsi 
associé au dieu Pan de la 
mythologie grecque. 
			  
			 
			Vestiges présumés de la grotte des Lupercales (à noter que les 
			fresques auraient été placées là sous le règne de l'Empereur 
			Auguste). 
  
Le 
			13 février, les douze luperques, 
			prêtres de Faunus, se réunissaient dans la grotte du Lupercal, au 
			pied du mont Palatin 
			(c'est à cet endroit que Remus et Romulus, 
			selon la légende, auraient été allaités par une louve). Le prêtre 
sacrificateur, après avoir sacrifié un bouc, posait le couteau imprégné de sang 
sur le front de deux jeunes hommes, sang qui était ensuite essuyé avec un flocon 
de laine trempé dans le lait. Ces derniers devaient alors rire aux éclats, 
symbolisant le retour à la vie. Par la suite, 
les luperques à moitié nus remontaient dans les rues de Rome, armés de fouets en 
peau de bouc. Ils fouettaient alors les jeunes femmes afin de les rendre 
fécondes (le bouc étant symbole de fécondité). Le philosophe 
Plutarque, qui vécut en Grèce au I° siècle de notre ère, décrit cette fête dans 
l'un de ses ouvrages : C’était le jour de la fête des Lupercales, qui, selon plusieurs écrivains, fut 
anciennement une fête de bergers [...]. Ce jour-là, les jeunes gens de familles nobles et la plupart des 
magistrats courent nus par la ville, armés de bandes de cuir qui ont tout leur 
poil, et dont-ils frappent, par manière de jeu, les personnes qu’ils 
rencontrent. Les femmes, même les plus distinguées par leur naissance, vont 
au-devant d’eux, et tendent la main à leurs coups, comme font les enfants dans 
les écoles, persuadées que c’est un moyen sûr pour les femmes grosses 
d’accoucher heureusement, et, pour les stériles, d’avoir des enfants.
 
			 
			La fête des Lupercales. 
			  
- La légende de Saint Valentin : Concernant 
Saint Valentin, il convient de préciser qu'il existe deux saints portant le même 
nom, tous deux morts en Italie dans la seconde moitié du III° siècle : 
Valentin de Rome et Valentin de Terni. 
Cependant, si le 
premier n'a guère laissé de traces, le second fut l'objet de nombreux récits. 
			  
			 
			Mosaïque à l'effigie de saint Valentin. 
  
Valentin,  moine à Terni (à noter qu'il était prêtre 
ou évêque en fonction des récits), était réputé pour marier des couples selon 
les rites de l'Eglise, et venait en aide aux chrétiens persécutés. L'Empereur Claude 
II le Gothique, ayant appris les agissements de ce dernier, décida alors de 
l'emprisonner.Dans sa 
cellule, le moine rencontra Julia, 
fille de son geôlier. La jeune femme, aveugle de naissance, entretint alors des 
relations amicales avec le captif. C'est alors qu'un miracle se produisit, et 
Julia retrouva la vue.
Valentin fut 
alors immédiatement présenté devant l'Empereur, que le moine tenta, en vain, de 
convertir au christianisme. Mais Claude II, impitoyable, ordonna la mise à mort 
du prisonnier.
En 269 après 
Jésus-Christ, Valentin fut tout d'abord roué de coups par les légionnaires, 
puis, refusant de mourir, il fut finalement décapité. 
  
	 
	Pièce de monnaie à l'effigie de Claude II 
	le Gothique. 
	  
			
			A 
			noter toutefois que ce récit est hagiographique 
			avant d'être historique. Ainsi, Saint Valentin ne figure pas dans le
			Chronographe de 354, document qui contient une liste de 
			martyrs pour la période du I° au III° siècle de notre ère. 
			Cependant, on le retrouve sur la liste du Martyrologue 
			hiéronymien, 
			datant de la fin du VI° siècle de notre ère (cela démontre que la 
			légende de Saint Valentin ne fit pas son apparition avant le V° 
			siècle).     - De la fête 
des Lupercales à la Saint-Valentin : Comme nous l'avons vu précédemment, 
l'Empereur Théodose décida d'interdire les cultes païens en 392. Cependant, la 
fête des Lupercales se poursuivit au moins jusqu'à la fin du V° siècle notre 
ère. A cette date, 
le pape Gélase I° 
parvint finalement à faire interdire définitivement cette cérémonie païenne.  Cependant, la 
substitution de la fête des Lupercales par la Saint-Valentin ne semble pas faire 
l'unanimité au sein de la communauté scientifique, les hypothèses formulées 
étant contradictoires. Ainsi, si 
certains historiens considèrent aujourd'hui que la Saint-Valentin est 
directement liée à la fêtes des Lupercales, 
il semblerait que Gélase n'ait pas eu l'intention de remplacer les cérémonies 
païennes interdites. A noter qu'au 
Moyen Age, la Saint-Valentin était la fête des célibataires et non celle des 
amoureux, et l'on ne retrouve guère de liens à cette époque entre ce martyr et 
le concept d'amour romantique.Ainsi, le plus ancien ouvrage 
associant la Saint-Valentin à une connotation amoureuse fut rédigé par  
Geoffrey Chaucer, poète anglais qui publia le Parlement des Foules
For this was on seynt Volantynys day, Whan euery bryd comyth there to chese his 
make 
(que l'on peut traduire par pour cela fut le jour de la Saint-Valentin, quand 
chaque oiseau vient ici pour choisir son compagnon). 
A noter toutefois que le mois 
de février n'est guère propice à la saison des amours, ainsi, l'on estime que 
Chaucer faisant vraisemblablement à un autre Saint Valentin, évêque de Gênes au 
début du IV° siècle, fêté le 3 mai par l'Eglise. 
  
A la fin du XIV° siècle, le 
mythe de la Saint-Valentin se répandit en France grâce à Otton III de 
Grandson, un chevalier-poète d'origine savoyarde, qui trouva refuge à la 
Cour d'Angleterre. 
Néanmoins, c'est en 
Angleterre que l'on retrouve les plus anciennes lettres mentionnant la 
Saint-Valentin dans un contexte amoureux. Il s'agit des Lettres de Paston, 
rédigées en 1477 par Margery Brewes  à John Paston, son futur 
époux.   
  
Plus tard, à 
compter du XIX° siècle, les cartes de la Saint-Valentin connurent un succès 
retentissant en Angleterre. Au siècle suivant, les amoureux s'échangèrent, outre 
des lettres, des chocolats et des bijoux, donnant naissance à la fête de la 
Saint-Valentin telle que nous la connaissons aujourd'hui. 
A noter que 
l'on retrouve aujourd'hui la Saint-Valentin dans la plupart des pays 
occidentaux, cette fête s'étant aussi exportée en Extrême-Orient, comme en Chine 
ou au Japon, au cours des années 1950.   
	  
			Ainsi, comme nous venons de le constater, la saint Valentin n'est donc pas 
			une invention moderne. Les fleuristes et 
			autres maîtres chocolatiers n'ont donc fait que profiter d'un 
			évènement issu d'une tradition très ancienne, remontant aux premiers 
			siècles de notre ère...   
			  
			 
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