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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de l'Egypte antique

CHAPITRE CINQUIÈME : Le Moyen Empire

(XXI° - XVIII° siècles avant Jésus Christ)

 

II : La XII° dynastie (XX° à XVIII° siècles avant Jésus Christ)

           

            1° Amenemhat I°, fondateur de la XII° dynastie (1991 à 1962 avant Jésus Christ) – Suite à la disparition (ou déposition ?) de Montouhotep IV, ce fut son premier ministre, Amenemhat I°, qui s’empara du pouvoir (son nom de Sa Rê signifie « Amon est le premier. »).

Statue d'Amenemhat I°, XII° dynastie, British Museum, Londres.

Dans un premier temps, le nouveau pharaon dut lutter contre ses adversaires politiques, qui n’appréciaient pas la prise de pouvoir d’Amenemhat I°. Ce dernier décida ainsi de s’appuyer sur les nomarques, révoquant les plus hostiles, mais reconnaissant aux plus fidèles le droit de transmettre leur charge à leurs héritiers.

Une fois son pouvoir consolidé, Amenemhat I° décida de poursuivre la politique des Montouhotep, érigeant de nombreuses forteresses dans le nord du pays.

Fils d’un prêtre du nome d’Eléphantine, le nouveau souverain mit fin à la prééminence de Montou, remplacé par le dieu Amon[1] (le culte de cette divinité connut son apogée sous la XVIII° dynastie.).

 

Vers 1971 avant Jésus Christ, Amenemhat I° nomma son fils Sesostris I° corégent du royaume, afin de légitimer son règne et assurer ainsi la continuité dynastique (le jeune homme était le fruit de l’union d’Amenemhat I° et de son épouse Neferitatenen.). A noter que le système de la corégence devint une véritable tradition au cours des siècles qui suivirent.

Statue de Sésostris I°, vers 1950 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

Un autre avantage de ce système était de permettre au prince de pouvoir découvrir son futur royaume, et de se faire connaître des Egyptiens.

Dans un premier temps, Sesostris lutta avec succès contre des bédouins, au nord est du pays (permettant ainsi de s’assurer le contrôle des mines du Sinaï.). Puis, le prince fut envoyé en Nubie, dans le but de rétablir l’autorité égyptienne sur ce pays (la domination égyptienne était en effet battue en brèche depuis la chute de l’Ancien Empire.).

Enseignements d'Amenemhat I° à son fils, papyrus rédigé en hiératique, vers 1292-1075 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin (le hiératique est une écriture simplifiée des hiérogliphes).

 

Malgré toutes ces précautions, Amenemhat I° n’eut pas une fin de règne tranquille, car il fut assassiné par ses propres gardes, suite à un complot de harem, vers 1962 avant Jésus Christ.

Le défunt pharaon fut alors inhumé dans la pyramide qu’il avait fait construire, située à Licht, à quelques kilomètres au sud de Memphis. L’objectif d’Amenemhat I°, lors de la construction de l’édifice, était d’imiter les souverains de l’Ancien Empire (en effet, rares furent les pyramides construites depuis la fin de la VI° dynastie.). En outre, afin de renforcer les liens entre la XII° dynastie et les pharaons des temps anciens, Amenemhat I° fit incorporer à sa pyramide plusieurs blocs de pierre en provenance des complexes funéraires de la IV° dynastie.

Pyramide d'Amenemhat I°.

A noter que l’édifice, qui mesurait une cinquantaine de mètres de hauteur à l’origine, a été complètement ruiné par les pillards, et ne forme plus qu’un tas de sable d’une dizaine de mètres de haut.

 

2° Sesostris I° (1962 à 1928 avant Jésus Christ) – Lors de l’assassinat de son père, Sesostris I° se trouvait en Libye, luttant contre des partisans de la XI° dynastie. Rentrant alors en Egypte, il parvint toutefois à s’imposer et s’empara du pouvoir (son nom de Sa Râ, Senousert, signifie « celui de la déesse Ousert[2]. »).

Statue de Sesostris I°, musée de Louxor, Egypte.

 

Ce pharaon, à l’instar des Montouhotep, décida de mettre en œuvre une politique de grands travaux, érigeant de nombreux monuments (construction du temple de Râ à Héliopolis, agrandissement de temple d’Amnon Râ à Karnak, etc.).

En ce qui concerne la haute administration, Sesostris I° fit en sorte de surveiller les nomarques, limitant les pouvoirs de ces derniers. Par ailleurs, le pharaon divisa la charge de premier ministre en différentes fonctions, afin d’éviter une concentration des pouvoirs préjudiciable au souverain.

 

Par ailleurs, Sesostris I° se révéla être un grand chef de guerre, fort de son expérience passée. De ce fait, il se lança dans une nouvelle expédition contre la Nubie, érigeant la forteresse de Bouhen[3] au niveau de la deuxième cataracte, et étendant la domination égyptienne jusqu’à la troisième cataracte (à noter que certains égyptologues pensent que la forteresse de Bouhen fut érigée par Sesostris III, un descendant de Sesostris I°.).

A l’ouest, Sesostris I° prit le contrôle de quelques oasis de Libye ; à l’est, il consolida les frontières de l’Egypte, soucieux d’avoir l’exclusivité de l’exploitation des carrières de pierre et des mines d’or du Sinaï.

 

Grâce aux échanges commerciaux avec la Phénicie, l’Egypte, sous Sesostris I°, retrouva sa prospérité d’antan.

 

A l’instar de son père, Sesostris I° fit ériger une pyramide à Licht. L’édifice, d’une soixantaine de mètres de hauteur à l’origine, ne forme plus aujourd’hui qu’un imposant tas de terre suite à son pillage.

Pyramide de Sesotris I°.

C’est à cet endroit que Sesotris I° fut inhumé à sa mort, vers 1928 avant Jésus Christ. A noter que le pharaon avait associé son fils au trône, quelques années avant sa mort.  

 

3° Amenemhat II (1928 à 1895 avant Jésus Christ) – Amenhemat II, fils de Sesostris I° et de son épouse Neferou III, monta sur le trône à la mort de son père, vers 1928 avant Jésus Christ (il avait été fait corégent par Sesostris I°, quelques années avant sa mort.).

 

Le nouveau souverain, profitant des acquis légués par son père, se contenta de consolider ses possessions. Régnant sur une Egypte prospère et en paix (échanges commerciaux importants avec le Proche Orient et la Nubie.), Amenemhat II ne fit rien qui put retenir l’attention des égyptologues (les Nubiens lui payaient tribut, suite aux expéditions de Sesostris I°.).

Sphinx à l'effigie d'Amenemhat II, musée du Louvre, Paris (à noter que le nom de ce souverain fut remplacé à la fin du XIII° siècle avant Jésus Christ par celui de Merenptah, pharaon de XXIX° dynastie.).

De ce fait, le règne de ce souverain nous est aujourd’hui plutôt mal connu (à noter par exemple que nous ne connaissons pas le nom de son épouse.).

 

A sa mort, Amenemhat II fut inhumé dans la pyramide qu’il avait fait ériger, située à Dahchour. Le pharaon, à l’instar de ses prédécesseurs, incorpora à cette pyramide des blocs de pierre issus des complexes funéraires des souverains de la IV° dynastie.

Pyramide d'Amenemhat II.

 

4° Sesostris II (1895 à 1878 avant Jésus Christ) – Sesostris II, fils d’Amenemhat II, s’empara du pouvoir suite à la disparition de son père, vers 1895 avant Jésus Christ (à noter que le nouveau souverain avait été nommé corégent quelques années avant la mort d’Amenemhat II.).

Il épousa alors Khnoumetneferhedjetoueret, dont nous ne savons pratiquement rien aujourd’hui.

Statue de la reine Khnoumetneferhedjetoueret, musée du Louvre, Paris.

 

Contrairement à son père, Sesostris II ne se contenta pas de se reposer sur les acquis de ses aïeuls. En effet, ce dernier fit ériger de nombreuses forteresses au nord de la Nubie, et se lança dans une importante politique de valorisation des marécages de la région du Fayoum (une région se trouvant au centre de la Basse Egypte.). Souhaitant faire de cette zone une importante terre agricole, Sesostris II fit ériger une digue reliée au lac Moeris[4], dans le but d’irriguer les plaines de la région.

 

Sesostris II décida même de choisir cet endroit pour y installer sa pyramide, qui  fut érigée à El Lahoun, dans le Fayoum. Non loin de l’édifice, Sesostris fit aussi bâtir une ville, que les égyptologues baptisèrent Kahun (les égyptiens la nommaient Senousrethotep, ce qui signifie « Sesostris est puissant. »).

 

Les relations que le pharaon eut avec les nomarques furent relativement bonnes, Sesostris II laissant ces derniers s’enrichir et transmettre leur charge à leurs héritiers.

 

A sa mort, vers 1878 avant Jésus Christ, Sesotris II fut inhumé dans la pyramide qu’il avait fait construire.

Pyramide de Sesotris II.

L’édifice, mesurant à l’origine une cinquantaine de mètres de hauteur, est aujourd’hui réduite à l’état de ruines. Il ne subsiste que le coeur composé de briques, qui a servi de base à l’édifice.

 

5° Sesostris III (1878 à 1839 avant Jésus Christ) – Sesostris III, contrairement à ses ancêtres, ne fut pas nommé corégent du vivant de son père. Ce n’est que suite à la disparition de Sesostris II, vers 1878 avant Jésus Christ, que Sesostris III s’empara du pouvoir.

Tête de Sesotris III trouvée à Abydos, vers 1850 avant Jésus Christ, XII° dynastie, British Museum, Londres..

 

Peu de temps après être monté sur le trône, le jeune homme décida de mettre fin à la prédominance des nomarques. En effet, ces derniers avaient entre leurs mains des fortunes colossales, érigeant des tombeaux dignes de ceux des pharaons. En outre, les nomarques faisaient prévaloir leur lignée, souvent bien plus ancienne que celle des pharaons de la XII° dynastie.

De ce fait, Sesostris III décida de supprimer la charge de nomarque, divisant le pays en trois régions administratives : le Nord, le Sud, et la tête du Sud (la Nubie.). Chacune de ces zones fut dès lors dirigées par un haut fonctionnaire nommé par le roi et dépendant du pouvoir royal. En effet, dans chaque région, des officiers de l’armée furent chargés de transmettre les ordres du pharaon, et de veiller à leur bonne application.

En mettant fin à ce système, Sesostris III réduisit considérablement l’influence de la noblesse, favorisant l’émergence de la classe moyenne.

 

Afin d’assoir son autorité et se rapprocher de ses sujets, Sesostris III fit ériger de nombreux monuments, en Nubie, à Elephantine, Abydos, Karnak, etc.

Tête présumée de Sesostris III, musée du Louvre, Paris.

 

Ce pharaon fut aussi un souverain guerrier, lançant quatre expéditions contre la Nubie. En effet, des tribus originaires de l’actuel Soudan avaient profité des règnes pacifiques d’Amenemhat II et de Sesotris II pour s’infiltrer en Basse Nubie, à la frontière égyptienne.

Sesostris III décida alors de riposter, lançant une expédition de grande ampleur contre la Nubie. Victorieux, le pharaon parvint à assoir sa domination jusqu’à la troisième cataracte, faisant aménager plusieurs forteresses (dont Buhen et Semna.). Un comptoir commercial fut aussi crée, le pays regorgeant de richesses en tous genres.

Stèle de Sesostris III, marquant la frontière entre l'Egypte et la Nubie, vers 1860 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

Les soldats de la garnison de ces forteresses, ainsi que les populations locales, ne tardèrent guère à diviniser Sesostris III, en raison de ces expéditions victorieuses.

 Statue à l'effigie de Sesostris III trouvée à Deir el Bahari, vers 1850 avant Jésus Christ, XII° dynastie, British Museum, Londres.

Le pharaon lança aussi plusieurs expéditions au nord est du pays, menacé une nouvelle fois par des incursions bédouines. Progressant jusqu’en Palestine, le pharaon parvint à vaincre ses adversaires.

 

Contrairement à son père, Sesostris III n’installa pas sa pyramide à El Lahoun mais à Dahchour. L’édifice, d’une soixantaine de mètres de hauteur à l’origine, a été ruiné par les pillards. En outre, le centre de la pyramide a été percé suite aux excavations mises en place par une équipe d’archéologues à la fin du XIX° siècle.

Pyramide de Sesostris III.

 

Sesostris III, à sa mort, laissa le Moyen Empire au faîte de sa puissance.

 

6° Amenemhat III (1839 à 1797 avant Jésus Christ) – Plusieurs années avant sa  disparation, Sesostris III nomma son fils Amenemhat III corégent du royaume (ce dernier était le fruit de l’union de Sesostris III et se son épouse Mereret.).

Statue d'Amenemhat III.

 

Une fois monté sur le trône, le nouveau pharaon décida de mettre en place une politique plus pacifique que celle de son prédécesseur, préférant perfectionner les plans d’irrigations du Fayoum.

Il acheva ainsi le barrage du lac Moeris, qui, grâce aux canaux d’irrigation érigés sous Sesostris II, devint un vaste réservoir à eau pour la région du Fayoum.

 

Ayant entrepris la construction d’une pyramide à Dahchour (surnommée la pyramide noire car, ruinée, seul subsiste le coeur composé de briques qui a servi de base à l’édifice.), Amenemhat se ravisa et préféra en faire construire une seconde à Hawara, dans le Fayoum (à noter qu’il y eut peut être des problèmes de construction lors de l’érection de la pyramide de Dahchour.).

Pyramide d'Amenemhat III à Dahchour.

Amenemhat III, connu par les Grecs sous le nom de Labaris (ou lachares.), donna son nom au mot labyrinthe. En effet, l’immense temple funéraire qui fut construit à côté de la pyramide de ce souverain, fut, selon Hérodote, le plus ancien labyrinthe jamais construit, et aurait inspiré Dédale[5]. Strabon, auteur grec du début du I° siècle après Jésus Christ, considérait que le temple funéraire d’Amenemhat III était la huitième merveille du monde[6] (preuve que l’édifice était encore debout à son époque.).

Pyramide d'Amenemhat III à Hawara.

A noter que de nombreux ouvriers originaires du Proche orient, participèrent à l’érection de l’édifice, attirés par la prospérité du pays (la Syrie et la Phénicie étaient effectivement très égyptianisées.).

C’est dans la pyramide d’Hawara qu’Amenemhat III fut inhumé à sa mort, vers 1797 avant Jésus Christ.

Bien que nous ne connaissions pas aujourd’hui le nom de l’épouse d’Amenemhat III, les sarcophages de plusieurs femmes furent retrouvés près de la pyramide du défunt pharaon.

Buste d'Amenemhat III, vers 1840 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

 

7° Amenemhat IV et Neferousobek (1797 à 1786 avant Jésus Christ) – Quelques années avant son décès, Amenemhat III nomma son fils Amenemhat IV corégent du royaume.

Ce dernier, suite à la mort de son père, s’empara alors du pouvoir (à noter qu’Amenemhat III fut peut être l’oncle d’Amenemhat IV.).

Epousant (peut être ?) sa sœur (ou demi sœur ?) Neferousobek, le nouveau pharaon eut un règne plutôt calme, lançant plusieurs expéditions dans le Sinaï, afin d’en extraire des pierres précieuses.

En outre, Amenemhat IV fit ériger une pyramide à Mazghouna. Cependant, sa disparition précoce, vers 1790 avant Jésus Christ, mit fin aux travaux. De l’édifice qui devait être construit, il ne restait que les tranchées servant à accueillir les fondations de la pyramide, laissant le cœur du monument à ciel ouvert.

 

Amenemhat IV étant mort sans héritiers, ce fut alors son épouse (?) Neferousobek qui s’empara du pouvoir (son nom de Sa Râ signifie « les perfections de Sobek. »).

Statuette à l'effigie de Neferousobek, musée d'art métropolitain, New York.

A noter qu’il s’agit vraisemblablement de la première femme à avoir véritablement régné sur l’Egypte (son homologue la reine Nitocris, qui aurait régné vers 2150 avant Jésus Christ, à la fin de la VI° dynastie, n’a peut être pas existé[7].).

Agrandissant le complexe funéraire d’Amenemhat III, la reine fit ériger une pyramide à Mazghouna, au nord de celle de son défunt époux. Elle y fut inhumée à sa mort, vers 1786 avant Jésus Christ.

De sa pyramide, il ne reste plus rien aujourd’hui. De ce fait, certains égyptologues affirment que l’édifice ne fut jamais achevée en raison de la mort précoce de Neferousobek, alors que d’autres pensent que la pyramide fut intégralement pillé.).

La plaine de Mazghouna.

 

La disparation de Neferousobek entraîna la chute du Moyen Empire[8].

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[1] Pour en savoir plus sur cette divinité, voir le b), 1, section I, chapitre deuxième, Mythologie égyptienne.

[2] Ousert est une divinité de second plan, parfois associée à la déesse Sekhmet.

[3] A noter que les vestiges de la forteresse de Bouhen ont été engloutis suite à l’érection du barrage d’Assouan par Nasser, en 1970.

[4] Moeris est le nom que les Grecs donnèrent au lac. Il s’agit d’un dérivé du mot Mer Wer, qui signifie « le grand lac » en égyptien.

[5] Pour en savoir plus sur Dédale et son labyrinthe, voir le 4, section V, chapitre troisième, Mythologie grecque.

[7] Pour plus de renseignements sur la reine Nitocris, voir le b), 4, section IV, chapitre troisième, Histoire de l’Egypte antique.

[8] A noter que la fin du Moyen Empire coïncide avec l’apparition des premiers palais crétois. Pour plus de renseignements sur cette civilisation insulaire, voir le 3, section II, chapitre premier, Histoire de la Grèce antique.

 
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