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Mythologie
 
 

 

 

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L'épopée napoléonienne (1799 - 1815)

 

CHAPITRE QUATRIEME : La chute de l’Empire français (1812 à 1814)

 

III : La sixième coalition, la campagne de France (janvier à avril 1814)

           

            1° La guerre d’Espagne (1814) – Comme nous l’avons vu précédemment, Napoléon avait contraint les rois d’Espagne Charles IV et Ferdinand VII à démissionner en mai 1808 (l’Empereur des Français avait alors donné la couronne d’Espagne à son frère Joseph Bonaparte.).

Toutefois, bien que pensant qu’il pourrait s’appuyer sur le peuple espagnol en supprimant les privilèges ou en mettant un terme à l’Inquisition[1], Napoléon se rendit compte que les habitants de la péninsule ibérique n’appréciaient guère cette ingérence française.

Ainsi, Madrid se révolta en mai 1808, déclenchant des révoltes partout en Espagne[2]

 

En mars 1812, l’Espagne se dota d’une constitution, semblable à celle de la France. Une chambre unique, élue au suffrage universel (masculin.), détenait le pouvoir législatif ; le roi Joseph conservait l’exécutif.

Toutefois, la campagne de Russie contraignit Napoléon à rappeler certaines de ses troupes d’Espagne. Les Anglais, alliés aux Portugais et aux rebelles espagnols, décidèrent alors de lancer une contre-attaque, commandés par Arthur Wellesley, futur duc de Wellington. Ainsi, ces derniers remportèrent la bataille de Vittoria en juin 1813, combattant en plein cœur du pays basque.

Arthur Wellesley, futur duc de Wellington.

A partir de cette date, les Français reculèrent progressivement jusqu’aux Pyrénées, et Joseph fut contraint d’abandonner son trône. En fin d’année 1813, les Anglais, Portugais et Espagnols poursuivirent l’ennemi, prenant la Catalogne (qui était alors un département français.), puis pénétrèrent en France.

 

La campagne d’Espagne s’achevait sur un échec patent.

 

            2° Le déclenchement de la campagne de France (janvier 1814) – En fin d’année 1813, Napoléon était rentré à Paris. Ce dernier décida alors d’augmenter le prix du sel, ainsi que l’impôt sur les portes et fenêtres afin de renflouer les caisses de l’Etat.

Par ailleurs, l’Empereur des Français procéda à un nouveau recrutement, mettant rapidement sur pied une armée de 50 000 hommes (une fois de plus il s’agissait de conscrit appelés sous les drapeaux par anticipation dès 1813. Ces derniers encore imberbes, furent surnommés les « Marie Louise » en raison de leur jeunesse.).

La résistance de 1814, façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, Paris.

 

En décembre, le Corps législatif critiqua vivement Napoléon, qui souhaitait poursuivre le conflit. L’Empereur des Français fit alors fermer les portes de cette assemblée, recevant au même moment l’aval du Sénat conservateur.

 

Les coalisés, quant à eux, avaient envoyé des émissaires en France afin de mettre en place des pourparlers ; toutefois, les négociations n’aboutirent pas.

L’armée des coalisés, divisée en trois groupes, fut alors charger de pénétrer en France : Schwarzenberg, passant la Suisse (alliée de la France, elle s’était déclarée neutre.), devait attaquer le Jura ; Blücher, depuis Francfort, devait attaquer l’Alsace et la Lorraine ; Charles XIV de Suède (Bernadotte.), devait lancer une offensive en Hollande.

 

Les coalisés étaient au total à la tête d’une armée de près d’un million d’hommes, alors que Napoléon ne pouvait compter que sur 350 000 hommes pour défendre les frontières françaises.

 

            3° Premières batailles de la campagne de France (janvier à février 1814) – Le 11 janvier 1814, Murat décida de signer un traité de paix avec l’Autriche et la Grande Bretagne, afin de conserver le royaume de Naples (les pourparlers avaient été entamés depuis bientôt un an.). Ainsi, non seulement le maréchal ne combattit pas les coalisés, mais en outre il s’engagea à leur fournir un contingent de 30 000 hommes.

Joachim Murat, maréchal de l'Empire, en grande tenue, par François GERARD, 1805, musée des Invalides, Paris.

Cette défection paralysa l’action de l’armée d’Italie, commandée par Eugène de Beauharnais, ce dernier se trouvant ainsi coincé entre deux feux.

 

En France, la situation n’était guère plus enviable. Les maréchaux Claude Victor Perrin  et Fréderic Louis Viesse de Marmont évacuèrent respectivement les Vosges et la Sarre ; le maréchal Ney, quant à lui, fut contraint d’évacuer Nancy.

Claude Victor Perrin, lieutenant colonel du 5° bataillon des Bouches du Rhône en 1792 (à gauche) ; Auguste Frédéric Viesse de Marmont, lieutenant d'état-major d'artillerie en 1792 (à droite), château de Versailles, Versailles.

 

Les coalisés, s’étant emparés du nord est de la France, se trouvait désormais à une centaine de kilomètres de Paris. Napoléon décida alors de contre-attaquer, confiant la régence à son épouse Marie Louise.

A la fin janvier 1814, l’Empereur des Français s’installa à Châlons-sur-Marne ; l’aile gauche commandée par le maréchal Mac Donald, s’établit près de Mézières ; les maréchaux Perrin et Marmont, au centre, s’établirent à Vitry ; l’aile droite, commandée par le maréchal Adolphe Edouard Casimir Joseph Mortier, s’établit vers Troyes.

Adolphe Edouard Casimir Joseph Mortier, capitaine du 1er bataillon du Nord en 1792, par LARIVIERE, château de Versailles, Versailles.

 

A la fin janvier, l’avant-garde de l’armée prussienne fut repoussée par les Français. Par la suite, Napoléon décida de s’attaquer à Blücher, avant que ce dernier ne fasse jonction avec l’armée de Schwarzenberg (29 janvier 1814.). Les Français remportèrent alors la bataille de Brienne face à l’ennemi. Toutefois, Blücher préféra sonner la retraite afin de faire jonction avec l’armée de Schwarzenberg, mettant ainsi fin à l’affrontement.

Les pertes furent à peu près équivalentes dans les deux camps (côté français, 3 000 tués et blessés sur 30 000 soldats ; côté russo-prussien, 4 000 tués et blessés pour 25 000 hommes.).

 

Début février, Blücher et Schwarzenberg firent jonction, rassemblant ainsi une armée de 100 000 soldats. Napoléon, à la tête de 40 000 hommes, décida alors d’affronter l’ennemi lors de la bataille de La Rothière (1er février 1814.).

Bien qu’étant en nette infériorité numérique, les Français parvinrent à causer d’importantes pertes dans les rangs ennemis (près de 9 000 tués et blessés.). Toutefois, l’ennemi fit charger sa cavalerie, bousculant les rangs français.

Napoléon, jugeant la bataille comme perdue, préféra alors reculer à la nuit tombée.

Napoléon I° en 1814, par Jean Louis Ernest MEISSONIER, musée des Invalides, Paris.

 

            4° Le congrès de Châtillon, victoires et défaites françaises (mars 1814) – Alors que les coalisés se trouvaient en France, ces derniers décidèrent de signer le traité de Chaumont, jurant de ne pas signer de paix séparée, et de maintenir en France une armée de 150 000 hommes.

 

Par ailleurs, des pourparlers furent entamés lors du congrès de Châtillon, en mars 1814. Les émissaires français acceptèrent de revenir aux frontières de 1792, avec en plus la Savoie, le comté de Nice et l’île d’Elbe. En outre, Eugène de Beauharnais conserverait le royaume d’Italie ; les principautés de Lucques et de Neufchâtel, ainsi que le grand duché de Berg devraient rester entre les mains de leurs propriétaires respectifs.

 

Le congrès de Châtillon se solda toutefois sur un échec, les coalisés jugeant que la proposition française était encore trop avantageuse pour la France (ces derniers ne souhaitaient pas voir se multiplier des Etats vassaux partout en Europe.).

Par ailleurs, les coalisés ne souhaitaient guère faire la paix, considérant qu’accorder à Napoléon les frontières de la France de 1792 ne serait qu’un armistice de plus.

 

a) La campagne des six jours : alors que les négociations allaient bon train à Châtillon, Les Français parvinrent à remporter plusieurs victoires face aux coalisés.

Ainsi, le maréchal Marmont remporta la bataille de Champaubert face à l’armée russo-prussienne, le 10 février 1814. Napoléon, quant à lui, vainquit l’armée prussienne lors de la bataille de Montmirail (11 février.) ; et vainquit Blücher à la bataille de Château-Thierry et à la bataille de Vauchamps.

L’armée prussienne, ayant perdu près de 20 000 hommes au cours de ces affrontements successifs, fut alors contrainte de mettre un terme à sa marche vers Paris, trop affaiblie pour continuer l’offensive.

 

b) Les derniers succès de Napoléon : suite à la campagne des six jours, les Français remportèrent encore quelques offensives.

Ainsi, le maréchal Perrin vainquit les Russes lors de la bataille de Mormant ; Napoléon remporta la bataille de Montereau face à Schwarzenberg (18 février 1813.).

 

Par la suite, les Autrichiens vainquirent le maréchal Mac Donald lors de la bataille de Bar sur Aube (fin février 1814.). Napoléon, qui souhaitait poursuivre Schwarzenberg, apprit que Blücher se faisait à nouveau menaçant, à la tête d’une armée de 85 000 hommes. Napoléon, à la tête de 40 000 soldats, parvint néanmoins à repousser les Prussiens lors de la bataille de Craonne (7 mars 1814.).

Blücher décida alors de sonner la retraite, se retirant vers Laon. L’Empereur des Français, poursuivant l'ennemi, lança une nouvelle offensive, mais fut néanmoins repoussé (9 mars.).

A noter qu'en se rempliant vers Reims, Napoléon rencontra un petit contingent russe, qu'il parvint à faire reculer.

 

A la fin du mois de mars, l’Empereur des Français apprit que Schwarzenberg était parvenu à prendre Troyes, menaçant donc la capitale.

Napoléon, afin d’empêcher les coalisés de prendre Paris, décida de sortir de Reims afin d’attaquer l’ennemi sur ses arrières. Schwarzenberg attaqua alors les Français, s’éloignant de la capitale. Finalement, Napoléon fit sonner la retraite, ne pouvant aligner que 20 000 soldats face aux 80 000 hommes de l’armée des coalisés.

Campagne de France, 1814, par Ernest MEISSONIER, musée d'Orsay, Paris.

A noter que la bataille d’Arcis sur Aube aurait pu aboutir à la destruction de la Grande armée, mais ce ne fut pas le cas. En effet, Schwarzenberg, par excès de prudence, avait surestimé les forces de l’adversaire.

 

            5° La fin de la campagne de France (mars 1814) – A la fin mars 1814, le congrès de Châtillon, qui s’était soldé sur un échec, était terminé.

Schwarzenberg, à la tête d’une armée de 200 000 hommes, décida alors de marcher sur Paris. C'est ainsi que l’avant-garde ennemie rencontra la troupe des maréchaux Marmont et Mortier, qui tentaient de faire jonction avec l’armée de Napoléon.

Les Français, à peine 20 000 soldats, tentèrent tant bien que mal de faire face à l’ennemi lors de la bataille de Fère-Champenoise. Toutefois, perdant près de 10 000 hommes, Marmont et Mortier furent finalement contraints de sonner la retraite.

 

a) La bataille de Paris : à la fin du mois de mars 1814, les coalisés marchaient vers Paris. Ces derniers, afin de ne pas être interpellés par Bonaparte, avaient envoyé contre lui un petit bataillon russe.

 

La capitale était alors défendue par les 20 000 hommes de Joseph Bonaparte, auxquels vinrent s’ajouter 30 000 soldats arrivés avec le maréchal Marmont.

Schwarzenberg, arrivant sous les murs de Paris le 28 mars au soir, lança alors l’offensive[3]. Les Russes, dans la journée du 30, parvinrent à s’emparer des hauteurs de Montmartre, ce qui exposait dangereusement la capitale à un bombardement.

Le siège de Paris, par Horace VERNET, 1820, musée du Louvre, Paris.

 

Joseph fut alors contraint de fuir ; l’Impératrice Marie Louise et son fils avaient quitté la cité sur ordre de Napoléon ; Marmont, quant à lui, décida de capituler. Par la suite, Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (ancien ministre des affaires étrangères de Napoléon.) fit entrer les coalisés dans Paris.

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent, par Pierre Paul PRUD'HON, 1807, musée Carnavalet, Paris.

L’Empereur d’Autriche François I°, le roi de Prusse Frédéric Guillaume III et le tsar de Russie Alexandre I° pénétrèrent alors dans la capitale de Napoléon, ce dernier s'étant emparés des les leurs à plusieurs reprises par le passé.

Passage des souverains alliés sur le boulevard Saint Denis, 1814, par Jean ZIPPEL, musée Carnavalet, Paris.

 

L’Empereur des Français, qui se trouvait au même moment à Fontainebleau, rentra dans une colère noire en apprenant la trahison de Marmont.

Napoléon I° à Fontainebleau, le 31 mars 1814, par Hippolyte DELAROCHE, 1840, musée des Invalides, Paris.

 

 

b) L’abdication de Napoléon : début avril, après avoir pris Paris, les coalisés discutèrent pendant de nombreuses heures afin de savoir que faire du trône de France. François I° d’Autriche, souhaitant favoriser son petit fils, était favorable au règne de Napoléon II ; le tsar Alexandre souhaitait céder la couronne impériale à Bernadotte ; Talleyrand, quant à lui, était partisan d’un rétablissement des Bourbons.

Napoléon II, roi de Rome, illustration issue de l'ouvrage La vie privée de Napoléon, par CONSTANT, 1895.

Finalement, ce fut cette dernière idée qui fut retenue ; par ailleurs, les conscrits furent déliés de leur serment et renvoyés chez eux.

 

Le même jour, Napoléon ne s’avouait toujours pas vaincu, échafaudant des plans pour sauver Paris. L’Empereur des Français fit alors le compte des armées qu’il avait encore en réserve (l’armée d’Espagne, sous commandement du maréchal Nicolas Jean de Dieu Soult ; l’armée d’Italie, sous le commandement d’Eugène de Beauharnais ; ainsi que les armées des Cévennes, des Flandres, etc.).

Jean de Dieu Soult, sergent au 23° de ligne en 1792, par RAVEBAT, château de Versailles, Versailles.

Toutefois, les maréchaux de Napoléon invitèrent ce dernier à abdiquer, considérant que la lutte contre les coalisés était illusoire. Ces derniers, hostiles au rétablissement des Bourbons, pensaient que l’Empire pourrait survivre en la personne de Napoléon II.

L’Empereur des Français, la mort dans l’âme, décida alors d’abdiquer en faveur de son fils le 5 avril 1814, refusant néanmoins de souscrire au traité de Paris (nous y reviendrons au chapitre suivant.).

L'acte d'abdication de Napoléon, le 6 avril 1814, illustration issue de l'ouvrage Mémoires de Napoléon, par Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, 1836 (on peut y lire les mots suivants, griffonnés à la va-vite : Les puissances européennes ayant proclamé que l'Empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l'Empereur, fidèle à son serment, déclare qu'il renonce pour lui et ses enfants, aux trônes de France et d'Italie, et qu'il, fidèle à son serment, n'est aucun sacrifice personnel même celui de sa vie, qu'il ne soit prêt à faire aux intérêts de la France.).

Salon particulier de l'Empereur (c'est dans cette pièce que Napoléon signa l'acte d'abdication de 1814), château de Fontainebleau, Fontainebleau.

 

Le 11 avril 1814, Napoléon signa finalement le traité de Fontainebleau. L’Empereur déchu renonçait officiellement au trône mais conservait son titre ; en contrepartie il recevrait la souveraineté sur l’île d’Elbe ; et aurait droit à une rente annuelle de 2 millions de francs.

L’Impératrice, quant à elle, régnerait sur les duchés de Plaisance, Parme et Guastalla ; le roi de Rome deviendrait le roi de Parme ; les frères et sœurs de Napoléon conserveraient leurs biens et recevraient 2 millions et demi de rente.

 

Après avoir tenté de se suicider dans la nuit du 12 avril, Napoléon fit ses adieux aux derniers soldats de la Grande armée dans la cour du château de Fontainebleau (20 avril 1814.). L’Empereur déchu fit alors route vers la Méditerranée, arrivant à l’île d’Elbe début mai.

Les adieux de Napoléon à Fontainebleau, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Cour du château de Fontainebleau, où Napoléon fit ses adieux à la Grande armée, château de Fontainebleau, Fontainebleau.

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[1] L’Inquisition fut créée en 1233 par le pape Grégoire IX, afin de rechercher et punir les hérétiques. Au cours du Moyen âge, ces tribunaux furent très présents en Italie, en France et en Espagne. L’inquisition médiévale disparut au début du XV° siècle avant de réapparaitre un siècle plus tard. Le mouvement, très présent en Italie, brisa net l’essor de la Renaissance ; en Espagne, il se poursuivit jusqu’au XIX° siècle (à noter que les rois de France refusèrent de rétablir l’Inquisition au cours de l’époque moderne.).

[2] Pour en savoir plus sur le déclenchement de la guerre d’Espagne, voir la section II, chapitre troisième, l’épopée napoléonienne.

[3] A noter que Paris n’avait pas été assiégée par une armée ennemie depuis près de 400 ans (lors de la guerre de Cent Ans.).

 
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