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Mythologie
 
 

 

 

La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE SIXIEME : La Seconde Guerre mondiale

(septembre 1939 à septembre 1945)

 

II : 1939

           

            1° La campagne de Pologne (septembre à octobre 1939) – Comme nous l’avons vu plus tôt, l’attaque se fit le long de la frontière polonaise, mais fut plus concentrée à Dantzig, cité qui avait valeur de symbole[1]

La Heer ayant enfoncé les lignes ennemies à au cours de la première semaine de septembre, l’OKH[2] ordonna une attaque en deux temps : un groupe au nord devait marcher vers Varsovie, la capitale ; pendant qu’un groupe au sud s’attaquerait à Cracovie, avant de descendre vers Lvov où se trouvait une dernière poche de résistance.

 

Cependant, la résistance polonaise à Varsovie empêcha les Allemands de prendre la ville rapidement ; en outre, une armée polonaise partie de Lodz tenta en vain de prendre l’armée allemande à revers.

A la mi-septembre, la situation était pour le moins confuse : ainsi, Varsovie résistait toujours à l’envahisseur ; en outre, plusieurs points de résistance polonais harcelaient les troupes allemandes.

 

S’étant emparés de Brest-Litovsk, de Cracovie et de Lvov, les Allemands apprirent à compter du 17 septembre la participation de l’URSS au conflit (rappelons qu’une clause secrète du pacte germano-soviétique prévoyait un morcellement de la Pologne.), dont les troupes s’établirent sur une ligne de front Grodno-Lvov[3] (à cette occasion, Staline réclama la ville de Brest-Litovsk, qui lui fut remise à la fin septembre.).

Voyant l’armée prise en étau (il ne restait que 18 bataillons en état de combattre à la mi-septembre.), le gouvernement polonais décida de s’exiler en France.

Quant à Varsovie, qui avait refusé d’ouvrir ses portes à l’ennemi, ses défenseurs furent contraints de capituler le 28 septembre 1939, ne disposant plus suffisamment de vivres et de munitions.

A noter toutefois que les derniers coups de feu furent tirés au cours de la première semaine d’octobre aux environs de Lublin.

 

Au final, si la campagne de Pologne ne présenta pas une réelle difficulté pour la Wehrmacht, les pertes allemandes déplorées au cours de l’invasion (16 000 tués et 30 000 blessés.) démontrent que la Heer n’était pas exempte de défauts à cette époque.

Côté polonais, les pertes étaient bien plus importantes : 66 00 tués, 130 000 blessés et 700 000 prisonniers[4].

 

            2° La guerre d’Hiver (novembre 1939 à mars 1940) – La Finlande, autrefois possession suédoise, avait été conquise par la Russie en 1809. Elle devint alors un Etat-tampon autonome, destinée à protéger Saint-Pétersbourg, qui était autrefois la capitale russe.

Cependant, la Finlande avait obtenu son indépendance suite à la révolution de novembre 1917, au cours de laquelle les bolcheviks[5] avaient pris le pouvoir[6]. Saint-Pétersbourg, rebaptisée entretemps Petrograd puis Léningrad, se retrouvait donc exposée en raison de sa position frontalière (si la capitale avait été transférée à Moscou au début des années 1920, Léningrad restait toutefois la seconde ville du pays.).

Enfin, la menace était d’autant plus grande pour l’URSS que la Finlande, depuis sa proclamation d’indépendance, avait tissé des liens avec l’Allemagne[7] (ces derniers n’ayant pas décru suite à l’arrivée au pouvoir d’Hitler.).

 

Staline, qui s’était emparé de la moitié est de la Pologne en septembre 1939, entama donc des négociations avec le gouvernement finlandais courant octobre[8].

Ainsi, les soviétiques réclamèrent la location pour trente ans du port de Hanko, à l’entrée du golfe de Finlande ; la cession de la moitié sud de l’isthme de Carélie ; et la région de Petsamo, à l’extrême nord du pays, unique accès finlandais à la mer de Barents (l’objectif des soviétiques était de mieux protéger le port de Mourmansk.).

Contre ces 2 750 km² de terres, Staline acceptait en échange de céder à la Finlande les régions de Repola et Porajarvi, en Carélie, une zone d’environ 5 500 km² (cependant, il s’agissait de territoires peu peuplés, majoritairement ruraux, et sans ressources particulières.).

 

Dans un premier temps, le gouvernement finlandais accepta de transiger, refusant néanmoins de céder le port de Hanko à l’URSS.

Staline décida alors de rompre les négociations à la mi-novembre 1939, mettant en scène le bombardement de Mainila deux semaines plus tard (il s’agissait d’une cité russe proche de la frontière.). Utilisant ce prétexte pour réclamer des comptes à la Finlande, Staline décida d’envahie la Finlande le 30 novembre (à noter que l’URSS fut exclue de la Société des Nations[9] à cette occasion.).

 

En l’espace de quelques jours, l’armée rouge, comptabilisant près de 450 000 soldats, parvint à progresser jusqu’à la ligne Mannerheim, série de fortifications coupant en deux l’isthme de Carélie[10].

L’armée finlandaise ne comptant que 180 000 hommes, le maréchal Carl Gustave Emil Mannerheim, se sachant en position d’infériorité, décida d’employer une stratégie de guérilla (attaque contre des éléments isolés, destruction des convois de ravitaillement, etc.).

A noter qu’au cours de l’hiver 1939-1940, l’armée rouge éprouva de nombreuses difficultés, déplorant d’importantes pertes. Ainsi, alors que Moscou s’attendait à un ralliement des communistes de Finlande, ces derniers refusèrent de fraterniser avec l’ennemi ; les véhicules n’étaient pas adaptés aux grands froids de Finlande (les moteurs gelaient par -40°.) ; les soldats soviétiques ne provenaient pas des régions frontalières mais du sud de l’URSS (ils n’étaient donc pas habitués au climat glacial finlandais.) ; enfin, rappelons que Staline avait procédé à d’importantes purges au sein de l’armée au cours des années 1930 (80% des officiers ayant été éliminés, ne restaient que les généraux les plus loyaux envers le régime, non pas les plus compétents.).

Soldats finlandais participant à la guerre d'Hiver.

 

En début d’année 1940, les réactions internationales vis-à-vis de la guerre d’Hiver furent majoritairement favorables à la Finlande, l’agression soviétique étant jugée comme injustifiée.

Alors que plusieurs milliers de volontaires, issus majoritairement des pays voisins (Danemark, Norvège, Suède, etc.), rejoignaient les zones de combats, France et Angleterre décidèrent de participer au conflit.

L’objectif des alliés était de faire débarquer une centaine de milliers d’hommes dans le port norvégien de Narvik, afin de porter assistance à la Finlande tout en sécurisant les régions métallifères de la région (une petite partie du contingent rejoindrait la Carélie, le gros de troupes devant d’établir sur une ligne Oslo-Stockholm.).

Soldats à skis finlandais.

 

Toutefois, la Suède refusa de laisser les troupes franco-britanniques traverser le territoire, craignant une invasion allemande.

Côté soviétique, l’annonce de l’arrivée des renforts venus de Londres et Paris fit vive impression. Ainsi, alors que le gouvernent finlandais souhaitait mettre un terme au conflit (Mannerheim avait ordonné à ses troupes de reculer en raison d’un manque de munitions.), Moscou décida de se rapprocher d’Helsinki à compter de février 1940. 

Cependant, alors que les pourparlers avaient débuté, l’armée rouge continua sa progression jusqu’à la signature du traité de paix, soucieuse d’être en position de force lors des négociations.

Caricature britannique représentant Staline en train d'écraser la Finlande (à noter que ce dessin repose sur un jeu de mot, finnish ("finir" en français) devenant finish ("finlandais") avec un "n" en moins).

 

Le traité de Moscou, signé à la mi-mars 1940, consacrait la défaite finlandaise. Ainsi, l’URSS récupérait la Carélie finlandaise (dont Viipuri, seconde ville du pays[11].) ; la région de Salla ; la péninsule de Kalastajansaarento, sur la mer de Barents ; ainsi que quatre îles du golfe de Finlande. Par ailleurs, le port de Hanko était loué à l’URSS pour une période de trente ans.

 

Mais au final, si l’URSS avait réussi à obtenir toutes les territoires convoités, l’affrontement avait été particulièrement sanglant : 390 000 tués et 265 000 tués côté soviétique, pour 22 000 tués et 40 000 blessés côté finlandais.

Les énormes difficultés éprouvées par l’armée rouge entraînèrent une nette diminution du prestige de l’URSS. Par ailleurs, Hitler ne tarda guère à remettre en question les capacités combattives des soviétiques, ce qui ne fit que précipiter les plans d’invasion de l’URSS par l’Allemagne nazie.

 

            3° La drôle de guerre (septembre 1939 à mai 1940) – Côté français, la mobilisation se déroula dans des conditions correctes, plusieurs manifestations d’enthousiasme étant constatées, comme en 1914.

Les premières troupes britanniques débarquèrent dans les ports de la Manche au cours de la première semaine de septembre 1939.

Ordre de mobilisation générale, septembre 1939, musée des Invalides, Paris.

 

- Une étrange stratégie militaire : toutefois, alors que la guerre faisait rage en Pologne et en Finlande, le général Gamelin refusa de marcher en direction de l’Allemagne, conformément à sa stratégie de défense à outrance (à noter que 300 000 Français de Moselle furent évacués par mesure de précaution.).

Les troupes allemandes, quant à elles, étaient occupées en Pologne, et ne lancèrent donc pas d’offensive contre les lignes françaises.

 

Cette période de la seconde guerre mondiale fut baptisée Sitzkrieg par les Allemands (ce qui signifie « guerre assise.), et Phoney war par les Britanniques (« fausse guerre. »). En français, le terme employé fut Drôle de guerre (sans doute en raison d’une paronymie des termes phoney, « faux », et funny « drôle. »).

 

D’un point de vue militaire, une expédition contre l’Allemagne fut organisée au cours de la seconde semaine de septembre, neuf divisions recevant l’ordre de marcher sur la Sarre. Cependant, le général Gamelin ordonna courant octobre un repli de ses troupes sur la ligne Maginot, ayant appris la fin de l’offensive contre la Pologne.

 

Ainsi, jusqu’en mai 1940, l’armée française ne mena aucune offensive de grande ampleur, restant cantonnée dans ses retranchements de la ligne Maginot.

Cette inaction, cette attente d’un conflit qui n’arrivait pas, fut particulièrement mauvaise pour le moral des troupes françaises. Ainsi, afin de distraire les troupes, de très nombreuses permissions furent accordées, ce qui entraîna un véritable déficit de soldats en mai 1940, lors de l’offensive allemande.

 

- Une guerre contestée : contrairement à 1914, l’extrême-gauche refusa de participer à l’effort de guerre. Le parti communiste, défendant le pacte germano-soviétique, dénonça donc ce conflit « impérialiste » mené par la France et l’Angleterre.

La guerre semblait d’autant plus injustifiée aux communistes que la Pologne avait été vaincue par l’Allemagne en l’espace de trois semaines.

 

En représailles, Daladier fit interdire le parti communiste (26 septembre.), et 35 de ses membres furent arrêtés (début octobre.). Puis, le 21 janvier 1940, tous les députés communistes furent déchus de leurs mandats.

 

A noter toutefois que le gouvernement Daladier fut de plus en plus isolé à mesure des victoires de l’Allemagne et de l’URSS, en Pologne, en Finlande, en Norvège[12], etc.

Ainsi, jusqu’au printemps 1940, d’importantes dissensions apparurent, opposant partisans de la guerre et partisans de la paix.


 

[1] Rappelons que Dantzig, autrefois allemande, était polonaise depuis 1919.

[2] Rappelons qu’il s’agissait de l’Etat-major de la Heer, l’armée de terre allemande.

[3] Il s’agissait des territoires dont la Pologne s’était emparée suite à la guerre russo-polonaise de 1920. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le g), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[4] Certains prisonniers de guerre polonais furent exécutés par les troupes soviétiques.

[5] A l’origine, le terme bolchevik provient du russe большенство, ce qui signifie « majorité. » En effet, les bolcheviks étaient au début du XX° siècle la fraction majoritaire du parti ouvrier social-démocrate de Russie, fondé en mars 1898.

[6] Pour en savoir plus sur la prise de pouvoir des bolcheviks, voir le 10, section V, chapitre quatrième, la troisième république.

[7] L’Allemagne, alors plongée dans le premier conflit mondial, avait envoyé des troupes en Finlande en fin d’année 1917 afin de soutenir le mouvement indépendantiste. Par ailleurs, l’hypothèse de céder la couronne finlandaise à un souverain allemand fut un temps envisagée (le projet fit long feu suite à la défaite allemande.).

[8] A noter que de premières négociations, organisées en avril 1938, s’était soldées sur un échec.

[9] La SDN, ancêtre de l’ONU, était installée à Genève, en Suisse. Elle avait été créée à l’initiative du président américain Thomas Woodrow Wilson, suite à la signature du traité de Versailles, mais les Etats-Unis refusèrent néanmoins de faire partie de cet organisme.

[10] La ligne Mannerheim (il s’agissait d’une ligne Maginot finlandaise) était l’œuvre du maréchal Carl Gustav Emil Mannerheim.

[11] A noter que les 420 000 Finlandais vivant en Carélie furent contraint de quitter la région.

[12] Nous reviendrons sur l’offensive allemande en Norvège en 1, section III, chapitre sixième, la troisième république.

 
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