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Les Lancastre et la guerre de Cent Ans (XV° siècle)

 

CHAPITRE SECOND : Quatrième et dernière phase de la guerre de Cent Ans (1422 – 1453)

 

I : Henri VI et les premières années de la régence (1422 à 1429)

           

            1° Une situation indécise (1422 à 1429) – Henri VI, né en décembre 1421 au château de Windsor, était le fils unique du défunt Henri V. Agé de moins d’un an lors du décès de son père, il fallut donc mettre en place une régence.

En septembre 1423, le Parlement fut donc convoqué, au cours duquel les nobles d’Angleterre prêtèrent serment au nouveau roi. 

Humphrey de Lancastre, duc de Gloucester (le plus jeune fils d’Henri IV.), fut nommé régent en Angleterre ; son grand frère Jean de Lancastre, duc de Bedford, reçut la régence en France.

A noter que Catherine de Valois, la mère d’Henri VI, ne fut pas désignée par les barons car elle était la fille de Charles VI. Cependant, cette dernière parvint à faire de son fils un partisan de la paix avec la France. En effet, Henri VI  ne se lança jamais dans de grandes expéditions sur le continent.

 

Cependant, à cette époque, le conflit avec la France était loin d’être terminé. Le duc de Bedford souhaitait faire disparaitre les dernières poches de résistance ; Charles VII, quant à lui, voulait reconquérir son trône.

Portrait de Charles VII, par Jean FOUQUET, Bnf, Paris.

Plusieurs batailles eurent donc lieu, entre 1422 et 1429, qui conférèrent un certain avantage au camp anglais.

 

a) La bataille de Cravant (juillet 1423) : comme nous l’avons vu précédemment, la bataille du Vieil Baugé avait été une défaite pour les Anglais, qui avait contraint Henri V à se lancer dans une nouvelle campagne contre la France. De ce fait, Charles VII avait été contraint de reculer[1].

 

Au cours de l’été 1423, Charles VII décida de tenter de rétablir les communications entre Bourges et la Champagne, confiant le commandement du contingent franco-écossais à John Stuart et Louis I° de Bourbon, comte de Vendôme.

John Stuart, par LAINE, château de Versailles, Versailles.

Cependant, les Anglo-bourguignons, commandés par Thomas Montaigu, comte de Salisbury eurent tôt fait d’apprendre la manœuvre de Charles VII. Ils se rendirent donc à la rencontre des Franco-écossais, qu’ils rencontrèrent près de Cravant, un petit village situé non loin d’Auxerre.

 

Les deux armées, situées l’une en face de l’autre sur les rives de l’Yonne, se firent face pendant plusieurs heures. En effet, les Anglais hésitaient à attaquer, leurs adversaires étant deux fois plus nombreux qu’eux (4 000 Anglo-bourguignons contre 8 000 Franco-écossais.).

Finalement, Thomas Montaigu décida de passer à l'offensive : ses hommes traversèrent le fleuve, protégés par les flèches anglaises.

La bataille semblait être gagnée pour John Stuart et Louis I° quand une troupe anglo-bourguignonne parvint à franchir un pont gardé par des Ecossais. Les Anglo-bourguignons, parvenant à encercler leurs ennemis, prirent alors l’avantage.

La bataille de Cravant, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Cependant, les Ecossais firent d’un échec un désastre : en effet, ces derniers refusèrent de fuir, et se firent tailler en pièces.

 

Au soir de la bataille, les Franco-écossais déploraient la perte de 6 000 hommes, morts ou capturés (dont John Stuart et Louis I°.).

Les Anglo-bourguignons, quant à eux, avaient perdu moins d’un millier de soldats.

 

b) La bataille de la Brossinière (septembre 1423) : en septembre 1423, le capitaine anglais Guillaume de La Pole, avait lancé une chevauchée en direction du Maine et de l’Anjou, à la tête de 3 000 hommes partis de Normandie.

 

Yolande d’Aragon (belle mère de Charles VII.), qui se trouvait alors dans sa ville d’Angers, décida de ne pas laisser ces exactions impunies. Il fut alors décidé de mettre en place une expédition, commandée par Ambroise de Loré (commandant de la place forte de Sainte Suzanne.) et Jean VIII d’Harcourt, comte d’Aumale (ce dernier était gouverneur de la Touraine, de l’Anjou et du Maine.).

Fin septembre, les Français eurent tôt fait de rattraper leurs adversaires, alourdis par leur butin. Lorsque les Anglais aperçurent l’ennemi, ils plantèrent des pieux en terre, et décidèrent de se battre.

L’affrontement eut lieu à la Brossinière, une commune de Mayenne. Au final, la bataille fut un franc succès pour les Français, qui écrasèrent les Anglais sans trop de difficultés.

Environ 1 500 Anglais furent tués, et William Pole fut capturé. Dans l’autre camp, les pertes furent minimes.

Cependant, bien que les Français aient été victorieux, ce succès était bien trop modeste pour compenser la gravité de la défaite de Cravant.

 

c) La bataille de Verneuil (août 1424) : en 1424, des partisans de Charles VII s’emparèrent de la forteresse d’Ivry (située non loin du Mans.). Le duc de Bedford décida alors de répliquer immédiatement, et mit le siège devant les murs du château.

Les assiégés, pris de court, acceptèrent de rendre Ivry à l’Angleterre si aucune aide ne venait à leur secours.

 

Charles VII décida alors d’envoyer un contingent franco-écossais à Ivry, commandé par John Stuart (qui avait été libéré.) et Jean II de Valois[2], comte d’Alençon.

Dans un premier temps, les commandants de l’armée franco-écossaise voulurent lancer une attaque contre les Anglais. Cependant, ces derniers occupant une solide position, il fut donc décidé de détourner leur attention.

En effet, les archers écossais se déguisèrent en archers anglais, et partirent s’emparer de la cité de Verneuil, se trouvant non loin de là.

Lorsque le duc de Bedford apprit la prise de la ville par les Franco-écossais, il abandonna le siège d’Ivry et marcha sur Verneuil.

John Stuart et Jean II, préférant lutter contre les Anglais plutôt que subir un siège, décidèrent donc de livrer bataille.

 

Dans un premier temps, les deux armées restèrent l’une en face de l’autre. En effet, une fois de plus, les Franco-écossais (entre 10 000 et 20 000 hommes.) étaient en supériorité numérique face aux Anglais (moins de 10 000 hommes.).

La bataille de Verneuil, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique, Belgique, XV°siècle.

Les archers anglais, faisant face à l’aile gauche française, tentèrent de planter des pieux dans le sol afin de se protéger. Cependant, la chaleur ayant durci la terre, les archers eurent du mal à s’acquitter de leur tâche. Les chevaliers français y virent alors une opportunité, et décidèrent de charger. Leur assaut fut une réussite, mais ils décidèrent d’aller tout droit jusqu’aux bagages anglais.

La bataille de Verneuil, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Le duc de Bedford en profita alors pour attaquer l’infanterie française, qui se retrouva contrainte de reculer, se réfugiant à Verneuil.

La bataille de Verneuil, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Thomas Montaigu, qui avait lancé l’attaque contre les Ecossais, reçut alors l’aide du duc de Bedford, qui attaqua les arrières de l’ennemi. Les hommes de John Stuart, encerclés, furent alors massacrés par les Anglais.

 

La bataille de Verneuil fut un nouvel échec pour Charles VII, qui perdit près de 7 000 hommes au cours de cet affrontement, dont 4 000 Ecossais (John Stuart trouva lui aussi la mort lors de la bataille.).

Les Anglais, quant à eux, bien que victorieux, avaient perdu environ 1 500 hommes (un chiffre largement supérieur aux pertes subies à Azincourt.).

 

d) Des relations diplomatiques tendues : suite à ces victoires successives, le duc de Bedford se trouvait en position de force. Cependant, le destin lui joua des tours, car Philippe le Bon, duc de Bourgogne, décida de prendre ses distances avec les Anglais.

Philippe le Bon, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

En effet, Humphrey de Lancastre, duc de Gloucester et frère cadet d’Henri V, avait épousé Jacqueline de Bavière en mai 1423. Cette dernière, fille de Guillaume IV, comte de Bavière, invita son époux à s’emparer du Hainaut (le duc de Gloucester s’empara de la province en octobre 1424.).

Philippe le Bon, qui considérait cette région comme « chasse gardée », fut fortement courroucé par le comportement des Anglais et de Jacqueline de Bavière, et décida donc de signer une trêve de quatre années avec Charles VII, au cours de l’automne 1424.

 

Cependant, Humphrey de Lancastre tomba amoureux d’une suivante de sa femme, et repartit en Angleterre avec elle après avoir fait casser son mariage avec Jacqueline de Hainaut.

Au mois de mars 1425, le duc de Bourgogne se rendit donc auprès de la jeune femme afin d’en découdre.

Finalement, à partir de 1428, les possessions de Jacqueline de Hainaut passèrent sous la domination de Philippe le Bon.

 

Charles VII, quant à lui, parvint à obtenir le soutien d’Arthur III de Richemont, frère de Jean V, duc de Bretagne (à noter qu’Arthur III, fait prisonnier suite à la bataille d’Azincourt, avait connu cinq années de captivité à Londres. Au cours de sa détention, certaines sources affirment qu’il se serait rapproché des Anglais.).

Charles VII, nommant le Breton connétable, parvint de fait à faire sortir la Bretagne de sa connivence avec l’Angleterre (en octobre 1425, ce rapprochement fut officialisé lors de la signature du traité de Saumur.).

A noter que le nouveau connétable ne tarda guère à s’opposer à Georges de La Trémoille, favori du roi. Ce dernier, accusé de corruption, décida de se lancer dans une véritable lutte armée contre Arthur III.

 

e) La journée des Harengs (février 1429) : Le duc de Bedford, voyant la situation en France, décida de poursuivre la conquête du continent. Cependant, bien que les Anglais ne possédaient qu’un faible contingent en France, Charles VII ne s’opposa pas à la progression anglaise.

 

En septembre 1427, les Anglais avaient mis le siège devant Montargis. Cependant, Jean de Dunois (fils illégitime de Louis d’Orléans, il était surnommé le bâtard d’Orléans.), et Etienne de Vignolles (surnommé La Hire, ce qui signifiait ‘coléreux’ en ancien français.), commandants l’armée française, parvinrent à chasser leurs ennemis.

 

Au cours de l’été 1427, le conseil de régence décida de s’attaquer à Orléans, sans que le duc de Bedford n’ait été consulté. L’objectif était alors de s’emparer de la cité, afin de pouvoir s’attaquer plus facilement à Bourges, là où résidait alors Charles VII. Les Anglais arrivèrent donc sous les murs d’Orléans en octobre 1428.

Le siège d'Orléans, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

La défense de la cité fut confiée alors confiée à Jean de Dunois. Orléans, dotée de murs solides, de larges fossés, et équipée de 70 canons, était prête à soutenir un siège.

 

Au mois de février 1429, les Français apprirent que Chartres allait envoyer entre 400 et 500 tonneaux de vivres auprès des forces anglaises se trouvant devant Orléans (il s’agissait en majorité de harengs, destinés aux fêtes du carême.). Une escorte de 1 500 anglais, commandée par John Fastolf, accompagnerait le convoi.

 

Charles I° de Bourbon, commandant une petite troupe franco-écossaise, décida alors d’attaquer le convoi de ravitaillement (les Français, une fois encore, était deux fois plus nombreux que les Anglais.). L’affrontement eut lieu dans du Rouvray, à 35 kilomètres au nord d’Orléans.

Les Anglais, voyant qu’ils étaient attaqués, formèrent le carré avec les chariots de victuailles.

Dans un premier temps, les Français utilisèrent leur artillerie, une arme relativement nouvelle à cette époque. Cependant, les Ecossais décidèrent de partir à l’assaut, ce qui obligea l’artillerie à se taire.

Les Anglais parvinrent toutefois à repousser efficacement les Ecossais, et voyant que Charles I° tardait à lancer l’assaut, décidèrent de contre attaquer.

Les Français prirent alors la fuite, laissant plusieurs centaines de victimes derrières eux.

La journée des harengs, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Au soir de la bataille, 400 Ecossais et 200 Français étaient morts ; quant aux Anglais, ils n’avaient pas perdu dix hommes.

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[1] Pour en savoir plus sur la bataille du Vieil Baugé, voir le a), 4, section II, chapitre premier, les Lancastre et la guerre de Cent Ans.

[2] Ne pas confondre Jean II, duc d’Alençon, et Jean II, roi de France. Les deux hommes descendaient de Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel, mais l’un était issu de la branche cadette, l’autre de la branche aînée.

 
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