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Mythologie
 
 

 

 

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Les Lancastre et la guerre de Cent Ans (XV° siècle)

 

CHAPITRE SECOND : Quatrième et dernière phase de la guerre de Cent Ans (1422 – 1453)

 

IV : Premières années de règne d'Henri VI (1437 à 1447)

           

            1° La lente progression française – Suite à la mort de sa mère Catherine de Valois en janvier 1437, Henri VI s’empara finalement des rênes du pouvoir.

Henri VI, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

Le jeune homme se retrouvait néanmoins dans une situation délicate. En effet, les Français ne cessaient de prendre du terrain, et, en outre, les dettes de guerre anglaises étaient extrêmement élevées. Enfin, les barons anglais se déchiraient entre partisans de la guerre (comme Richard Plantagenêt et Humphrey de Lancastre.) et défenseurs de la paix (tels Guillaume de la Pole, duc de Suffolk, et Henri Beaufort, évêque de Westminster.).

 

a) Les Anglais ripostent, profitant de la Praguerie (1439 à 1440) : les Anglais, maîtres de Pontoise, mirent cet avantage à profit pour lancer de nombreux raids contre l’Ile de France. Richemont échoua à reprendre la cité au mois d’avril 1438, et perdit Saint Germain en Laye en avril 1439.

La prise de Pontoise par les Anglais, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Cependant, recevant des troupes fraîches à la fin de l’été 1439, le connétable parvint à s’emparer de Meaux.

La prise de Meaux, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique, Belgique, XV°siècle.

 

Suite à ces nouvelles victoires françaises, Charles VII signa une première ordonnance relative à la réorganisation de l’armée, interdisant aux seigneurs ayant des garnisons dans leur château de lever des troupes, ce qui devint une prérogative royale.

 Cette réforme ne fut guère acceptée par les grands du royaume, qui décidèrent de se révolter contre le roi de France.

Cette révolte, surnommée la Praguerie[1], réunit plusieurs seigneurs de haut rang, comme Charles I° de Bourbon, Dunois, Jean II d’Alençon, ainsi que le dauphin Louis.

Les meneurs de la Praguerie, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

 

Les Anglais, apprenant la nouvelle, décidèrent de profiter de cette crise. Menés par Talbot, ils attaquèrent une fois de plus la Normandie, capturant Harfleur. Cependant, Richemont parvint à s’emparer de Conches et de Louviers, coupant ainsi les communications anglaises vers la Seine.

 

A noter que la Praguerie fut rapidement matée par Arthur III de Bretagne, début 1440 (Charles VII décida d’être clément et pardonna aux nobles insurgés.).

 

b) Les Français attaquent Pontoise et l’Aquitaine (1441 à 1443) : au printemps 1441, les Anglais faisaient toujours peser une lourde menace sur leurs adversaires, grâce à leur forteresse de Pontoise.

Cependant, Charles VII et Richemont décidèrent de marcher sur la cité. Equipés d’une puissante artillerie, fruit du travail des frères Bureau, les Français percèrent rapidement les murs de Pontoise, et la cité tomba en septembre 1441.

La prise de Pontoise, par Jean Chartier, enluminure issue de l'ouvrage Chronique, Belgique, XV°siècle.

 

Par la suite, au cours de l’été 1442, Charles VII décida de frapper dans les régions historiquement anglaises, c'est-à-dire en Guyenne et en Gascogne[2]. Accompagné de Richemont, le roi parvint à s’emparer de Tartas, une forteresse entre les mains des Anglais, située non loin de Mont de Marsan.

Le siège de Tartas, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Dax capitula devant le roi de France peu de temps après mais l’hiver venant, la campagne prit fin.

A noter qu’au mois d’avril, les Anglais profitèrent du décès de Yolande d’Anjou, belle mère de Charles VII (décédée en novembre 1442.), pour lancer un raid raté contre Angers, capitale du duché d’Anjou.

 

2° La trêve de Tours (avril 1444) – En Angleterre, les partisans de la paix parvinrent à gagner la confiance d’Henri VI, qui décida de négocier une paix, ou du moins une trêve avec Charles VII (à noter que le roi d’Angleterre, né d’une mère française, était loin d’avoir le même état d’esprit guerrier que son père Henri V.).

 

Des négociations entre Français et Anglais commencèrent donc à avoir lieu en avril 1444 à Tours. Charles VII, représenté par Pierre de Brézé (un protégé d’Agnès Sorel, la maîtresse du roi de France.), proposa aux Anglais de leur céder l’Aquitaine et une partie de la Normandie ; en échange, Henri VI s’engageait à prêter hommage au roi de France pour ses possessions sur le continent. Le souverain anglais, représenté par Guillaume de la Pole, désirait obtenir la suzeraineté sur la Normandie et l’Aquitaine.

Ne parvenant à trouver un accord, les deux adversaires décidèrent de signer une trêve, consolidée par le mariage de Marguerite d’Anjou[3] au jeune roi d’Angleterre (la noce ne fut cependant célébrée qu’en mars 1445.).

Le mariage d'Henri VI et de Marguerite d'Anjou, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Les deux belligérants s’engagèrent ainsi à ne pas prendre les armes l’un contre l’autre jusqu’en avril 1446.

Tournoi célébré en l'honneur des noces d'Henri VI, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

 

En outre, les Anglais s’engagèrent à quitter le Maine (cet accord fut tenu secret, car les barons anglais partisans de la paix savaient que cela ferait un tollé si le Parlement était mis au courant.).

Finalement, la nouvelle de la cession du Maine fut rendue publique au cours de l’année 1446. Le comte de Suffolk, qui avait signé le traité de Tours, fut hué par les partisans de la guerre comme Humphrey de Lancastre et aussi par le peuple.

Conspués, Henri VI et Marguerite décidèrent alors de répliquer l’année suivante : Humphrey de Lancastre fut accusé de haute trahison et fut alors emprisonné (il mourut peu de temps après, en février 1447.).

Richard Plantagenêt, duc d’York, se retrouva alors sur la sellette et fut envoyé en Irlande. Guillaume de La Pole, comte de Suffolk, fut fait duc de Suffolk ; Edmond Beaufort, le neveu d’Henri Beaufort, fut fait duc de Somerset et reçut la tâche de poursuivre la guerre sur le continent.

 

3° Le Grand Schisme d’Occident et ses persistances (1378 à 1438) – L’Europe, alors agitée par le conflit entre la France et l’Angleterre, était en outre confrontée au Grand Schisme d’Occident, qui s’était déclenché dans le courant du XIV° siècle.

 

a) Le grand Schisme d’Occident (1378 à 1415) : depuis 1305, les papes avaient quitté Rome et vivaient en Avignon. Le premier à avoir fait ce choix, le Français Clément V, était un proche du roi de France Philippe le Bel.

Depuis cette date, tous les papes qui s’étaient succédés étaient d’origine française, et avaient nommé de nombreux cardinaux, d’origine française eux aussi. En 1377, Grégoire XI mourut, et l’année d’après fut élu Urbain VI à Rome.

Le nouveau pontife ne tarda guère à s’opposer aux cardinaux français, qui élurent Clément VII en Avignon.

Pendant plusieurs années, deux papes coexistèrent, l’un résidant en Italie, l’autre en France. Afin de sortir de la crise, les cardinaux se réunirent au cours du concile de Pise, déposant les deux papes et en élisant un nouveau, Alexandre V. Cependant, Grégoire XII, à Rome, et Benoît XIII, en Avignon, excommunièrent les conclavistes et ne reconnurent pas leur décision. De ce fait, il n’y avait plus deux, mais trois papes à la tête de l’Eglise.

 

En 1415, les cardinaux décidèrent de réunir un nouveau concile, après s’être rapprochés des souverains pontifes. Grégoire XII accepta d’abdiquer, et Jean XXIII (qui avait succédé à Alexandre V.) fut déposé. C’est ainsi que fut élu Martin V.

Cependant, Benoît XIII, réfugié en Aragon, refusa de quitter sa tiare. Il mourut antipape en 1423 et fut remplacé par Clément VIII (à noter que ce dernier abdiqua de son plein gré, après que le roi d’Aragon Alphonse V se soit rallié à Martin V.).

 

b) Persistances du Grand Schisme (1415 à 1438) : le Grand Schisme, bien qu’ayant pris fin en 1415, avait été lourd de conséquences. Papes et antipapes s’excommuniant l’un l’autre, quelle était la valeur des sacrements qu’ils prodiguaient ? En outre, ces luttes de pouvoir étaient bien loin de respecter les enseignements du christ. Les ordres mendiants, qui contestaient la richesse de l’Eglise, recevaient de nombreux soutiens à travers l’Europe. Enfin, de nombreux prédicateurs ne cessaient que contester la corruption de l’Eglise, comme Jan Hus en Bohême (ce dernier, condamné à périr sur le bûcher en 1415, est aujourd’hui considéré comme un précurseur du protestantisme.).

Cependant, bien que le Grand Schisme ait prit fin, l’Eglise se retrouva à nouveau plongée dans la crise, sous le règne du pape Eugène IV, qui avait succédé à Martin V en 1431.

Eugène IV, par Jean fouquet, gravure issue de l'ouvrage d'Onofrio Panvinio, Onuphrii Panvinii Veronensis Fratris Eremitæ Augustiniani XXVII Pontificum maximorum Elogia et imagines accuratissime ad vivum æneis typis.

 

Les cardinaux réunis à Bâle profitèrent alors de l’absence du souverain pontife pour proclamer la proéminence du concile sur la volonté du pape.

Les cardinaux prirent alors une série de mesures, qui ne furent guères appréciées par Eugène IV. Le pape, qui était à cette époque en contact avec l’Eglise d’Orient, décida alors de transférer le concile de Bâle vers Ferrare, puis vers Florence (les Byzantins souhaitaient que la réunion se tienne près de Constantinople, afin d’être plus proches de leur cité, alors menacée par les Turcs[4].).

Les cardinaux restés à Bâle, qui avaient déjà suspendu les pouvoirs du pape en janvier 1438, décidèrent de le déposer en juin, élisant l’antipape, Félix V (ce dernier ne parvint cependant pas à recueillir les suffrages des monarques européens, et finit par se soumettre devant Nicolas V, le successeur d’Eugène IV.).

Félix V faisant allégeance à Nicolas V, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

A noter que lors du concile de Florence, réuni en 1439, l’Eglise byzantine proclama l’acte d’union avec Rome, Constantinople étant désireuse de recevoir l’aide des Européens contre la menace turque. Cependant, cette union ne dura guère longtemps.

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[1] Cette révolte fut appelée ainsi en mémoire de la révolte des partisans de Jan Hus à Prague, au début du XV° siècle. Les Hussites (que l’on peut considérer comme les précurseurs du protestantisme.) étaient en effet en lutte contre l’Eglise catholique et l’Empire germanique.

[2] La Guyenne et la Gascogne étaient sous domination anglaise depuis le règne d’Henri II Plantagenêt, au XII° siècle (ce dernier, déjà roi d’Angleterre et comte d’Anjou, avait épousé l’ex femme du roi de France Louis VII, Aliénor d’Aquitaine.).

[3] Marguerite d’Anjou était la fille de René d’Anjou, fils de Yolande d’Anjou, belle mère de Charles VII.

[4] Pour en savoir plus sur le concile de Ferrare et la situation de l’Empire byzantin à cette époque, voir le 6, chapitre quatrième, l’Empire byzantin.

 
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