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La monarchie de Juillet (1830 - 1848)

CHAPITRE QUATRIEME : Les dernières années de règne de Louis Philippe (octobre 1840 à février 1848) 

 

III : La révolution de 1848

           

            1° La France en 1848 – Comme nous l’avons vu lors du chapitre précédent, la France, en 1848, subissait une importante crise économique.

Buste de Louis Philippe, musée des Invalides, Paris.

Si, en période de croissance, les Parisiens ne s’étaient pas révoltés, la hausse du chômage et la diminution de leur pouvoir d’achat entraîna de nombreuses contestations. En outre, de nombreux Parisiens n’acceptaient plus le suffrage censitaire, qui accordait le droit de vote seulement aux classes les plus aisées (rappelons que le gouvernement avait toujours refusé d’abaisser le cens.).

Au cours du règne de Louis Philippe, plusieurs insurrections avaient agité Paris, mais le gouvernement avait toujours réussi à y mettre un terme : saccage de Saint Germain l’Auxerrois suite à une procession légitimiste (mi-février 1831[1].) ; émeutes républicaines suite aux funérailles du général Lamarque (juin 1832[2].) ; batailles de rues (mi-avril 1834[3].) ; complot contre le roi fomenté par des anarchistes (mai 1839[4].).

 

            2° L’interdiction des banquets, point de départ de la révolution de 1848 (janvier à février 1848) – Comme nous l’avons vu précédemment, Guizot, à la fin janvier 1848, avait interdit le banquet qui devait se tenir à Paris à le 22 février. Ainsi, les organisateurs appelèrent les Parisiens à manifester le jour où le banquet aurait dû avoir lieu.

 

La manifestation fut ainsi prévue pour le 22 février, mais les députés, craignant de déclencher une émeute, décidèrent de négocier avec le gouvernement.

Ainsi, Guizot accepta qu’un banquet se déroule, mais aux Champs Elysées dans un lieu isolée, et non au cœur d’un quartier populaire. Les députés, quant à eux, acceptèrent de ne plus se réunir sans autorisation du roi.

 

Toutefois, certains politiques plus extrémistes, rejetant l’idée d’un accord avec le gouvernement, décidèrent de manifester à la date prévue. Dès lors, l’affrontement semblait inévitable...

 

            3° Premier jour de la révolution de 1848 (22 février 1848) – Le 22 février au matin, de nombreux Parisiens, ignorant ou n’ayant pas été informé du contrordre des organisateurs, décidèrent de se réunir comme prévu.

Malgré un ciel gris et un temps pluvieux, des attroupements commencèrent à se former place de la Madeleine et place de la Concorde. Les manifestants, se trouvant non loin du palais Bourbon, siège de la Chambre des députés, criaient : Vive la réforme ! A bas Guizot !

La place de la Concorde vue de la terrasse du bord de l'eau, 1846, par Jean, Charles GESLIN, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

L'église de la Madeleine, Paris (à noter que l'édifice, érigé par Napoléon I°, devait être à l'origine le temple de la Victoire.).

Vers dix heures, un groupe d’étudiant força l’entrée des lieux, repoussant les gardes nationaux, et pénétrèrent dans le bâtiment. Toutefois, le palais Bourbon étant vide à cette heure, les manifestants l’évacuèrent rapidement.

Le palais Bourbon, Paris.

 

Les Parisiens rassemblés sur la Concorde, bien que particulièrement nombreux, furent toutefois bien encadrés par les forces de l’ordre. En effet, Louis Philippe pouvait compter sur l’armée (30 000 soldats.) et sur la Garde nationale (environ 40 000 hommes.).

Les manifestants rassemblés sur la place de la Concorde, au milieu de la journée du 22 février 1848.

 

Dans la soirée, les manifestants se dirigèrent vers l’église Saint Roch. Ces derniers érigèrent alors les premières barricades, et pillèrent quelques armureries.

 

Dans la nuit du 22 au 23 février 1848, les avis étaient contrastés quant à l’avenir de l’insurrection. Certains politiques, comme Louis Philippe ou Adolphe Thiers, pensaient que la manifestation était achevée ; d’autres, tels Guizot, craignaient que les émeutes ne soient plus violentes le lendemain.

 

            4° Second jour de la révolution de 1848 (23 février 1848) – Sous une pluie battante, les émeutiers continuaient à ériger des barricades. Guizot, soucieux, envoya alors l’armée occuper les principaux quartiers de Paris.

Rue Quincampoix, les insurgés tirèrent sur les soldats venus les déloger, causant seize victimes.

 

Le gouvernement, constatant que la situation était en train de dégénérer, décida alors de faire appel à la Garde nationale. Toutefois, cette dernière ne tarda guère à faire défection, rejoignant le camp des émeutiers.

 

Louis Philippe, apprenant que les gardes nationaux ne combattraient pas à ses côtés, décida alors de renvoyer Guizot. Le roi des Français confia alors à Molé la charge de premier ministre.

Louis Mathieu Molé, par Jean Auguste Dominique INGRES, 1834, musée du Louvre, Paris.

A la Chambre des députés, l’annonce de cette nouvelle fut bien accueillie. Toutefois, si Molé restait un monarchiste, ce dernier était plus susceptible d’accepter la réforme.

Dans la rue, l’annonce du renvoi de Guizot fut accueillie avec joie. Ainsi, si les barricades ne furent pas démontées, elles furent décorées de lampions, et de chandelles.

Pour de nombreux manifestants, l’insurrection était achevée.

 

Toutefois, certains républicains extrémistes, soucieux de ne pas céder la victoire au gouvernement, décidèrent de poursuivre la lutte. A la nuit tombée, ces derniers se dirigèrent vers le boulevard des Capucines, gardé par le 14ème régiment d’infanterie de ligne.

Les insurgés réclamèrent alors le droit de passage, ce que les soldats refusèrent.

Officier du 8ème bataillon, musée de l'Infanterie, Montpellier.

Un des meneurs s’empara donc d’une torche, menaçant l’officier supérieur se tenant en face de lui. Un soldat qui se trouvait tout près épaula son arme et tira, foudroyant l’homme à la torche.

Les autres militaires, pensant qu’ordre avait été donné d’ouvrir le feu, tirèrent alors sur les émeutiers. La fusillade, particulièrement sanglante, coûta la vie à 52 insurgés.

Très rapidement, l’annonce du massacre se répandit comme une trainée de poudre dans Paris, et l’évènement fut mis en exergue par les républicains comme la démonstration de la tyrannie du gouvernement.

 

L’insurrection, dans la nuit du 23 au 24 février, était ainsi relancée. Molé, qui avait été nommé premier ministre le matin même, décida alors de démissionnera. Louis Philippe fut donc contraint de faire appel à Thiers, figure incontournable du centre-gauche.

Adolphe Thiers et Louis Philippe "le roi des poires", par Alfred le Petit, XIX° siècle.

Dans le même temps, le roi des Français donna le commandement des troupes au maréchal Bugeaud.

 

            5° Troisième jour de la révolution de 1848 (24 février 1848) – L’annonce de la nomination du maréchal Bugeaud provoqua la fureur des émeutiers car ce dernier était alors très impopulaire. Rappelons que lors de l’insurrection d’avril 1834, Bugeaud avait fait massacrer tous les habitants d’un immeuble rue Transnonain, au prétexte que des coups de feu avaient été tirés d’une des fenêtres du bâtiment[5].

 

Bugeaud, donnant l’ordre à ses hommes d’abattre les barricades, se rendit rapidement compte que la situation devenait difficile. Ainsi, non seulement les insurgés parvinrent à repousser les militaires, mais en outre la retraite de Bugeaud vers la place de la Concorde s’acheva en déroute.

Incendie du château d'eau, place du Palais Royal, le 24 février 1848, par Eugène HAGNAUER, musée Carnavalet, Paris.

Thiers, nommé premier ministre la veille, décida de mettre un terme à l’émeute. Son objectif était de quitter Paris, l’encercler, puis écraser petit à petit les insurgés. Toutefois, avant de quitter la capitale pour Saint Cloud, Louis Philippe décida de passer ses troupes en revue. Ce dernier, constatant qu’une partie de ses hommes lui étaient hostiles, le roi des Français rentra précipitamment aux Tuileries.

 

Vers midi, alors que les émeutiers commençaient à s’attaquer aux Tuileries, Louis Philippe décida de signer son abdication. Ainsi, ce dernier céda la couronne à son petit fils, Philippe d’Orléans.

L'acte d'abdication de Louis Philippe I°, daté du 24 février 1848.

L’enfant étant encore jeune (il était né en août 1838.), le souverain déchu décida alors de confier la régence à sa belle-fille, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d’Orléans.

Ferdinand Philippe (décédé en 1842), Hélène de Mecklembourg, et leur fils Philippe d'Orléans.

Peu de temps après, alors que la famille royale quittait le palais, l’édifice était envahi par les insurgés.

 

Accompagnée de son fils, la duchesse d’Orléans se rendit alors au Palais Bourbon, siège de la Chambre des députés. Elle y annonça alors la décision de Louis Philippe aux élus. Ces derniers, issus de la grande bourgeoisie, étaient soucieux de mettre un terme aux troubles. Ils n’étaient donc pas hostiles à la mise en place d’une régence.

 

Mais les républicains, soucieux de ne pas commettre la même erreur qu’en juillet 1830, envahirent brusquement la salle. Ces derniers réclamèrent alors à grand cris la mise en place d’un gouvernement provisoire (à noter que la duchesse fut entraînée vers la sortie par quelques députés orléanistes.).

Rapidement, des noms furent inscrits sur des listes et des bouts de papiers, aboutissant à la nomination des membres du gouvernement provisoire : Jacques Charles Dupont de l’Eure[6] ; Alphonse de Lamartine, homme politique et poète renommé ; le physicien François Arago, proche du mouvement ouvrier ; Alexandre Auguste Ledru-Rollin, républicain d’extrême-gauche et organisateur de la campagne des banquets ; Pierre Alexandre Thomas Amable Marie de Saint-Georges (dit Marie.), avocat de gauche ayant défendu Théodore Pépin lors du procès Fieschi[7] ; et Isaac-Jacob Crémieux, avocat célèbre pour avoir défendu des journaux républicains. 

Jacques Charles Dupont de l'Eure, Alphonse de Lamartine, François Arago et Alexandre Auguste Ledru-Rollin.

 

Les membres du gouvernement provisoire décidèrent alors de se rendre à l’Hôtel de ville, où ils répartirent entre eux les différents ministères.

Toutefois, arriva dans la soirée les membres d’un autre gouvernement, constitué par les membres des journaux réformistes Le National et La Réforme.  

Y figuraient Louis Antoine Pagès (dit Garnier-Pagès.), Louis Blanc et Armand Marie François Pascal Marrast, républicains et organisateurs de la campagne des banquets ; le journaliste Ferdinand Flocon ; et Alexandre Martin (dit l’ouvrier Albert.), ouvrier, républicain et journaliste amateur.

 Garnier-Pagès, Marrast, Ferdinand Flocon et l'ouvrier Albert.

 

Finalement, les membres des deux gouvernements s’entendirent, afin de ne faire plus qu’un.

A la nuit tombée, Lamartine invita ses confrères à proclamer la seconde république.

Ce dernier, soucieux de ne pas tomber dans l’illégalité, proclama toutefois que la nation serait rapidement invitée à ratifier la résolution du gouvernement provisoire[8].

 

Louis Philippe, dernier roi à avoir régné sur la France, se réfugia à Eu dans un premier temps. Puis, ayant appris qu’il n’y aurait pas de régence en raison de la proclamation de la république, le souverain déchu fut contraint de s’embarquer pour l’Angleterre.

Il mourut à Londres en août 1850.

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[1] Pour en savoir plus sur le saccage de l’église Saint Germain, voir le 2, section V, chapitre premier, la monarchie de Juillet.

[2] Pour plus de détails sur les troubles ayant suivi les funérailles du général Lamarque, voir le 2, section II, chapitre deuxième, la monarchie de Juillet.

[3] Voir à ce sujet le c), 4, section III, chapitre deuxième, la monarchie de Juillet.

[4] Pour en savoir plus sur la conjuration, voir le c), 1, section IV, chapitre troisième, la monarchie de Juillet.

[5] Pour en savoir plus sur le massacre de la rue Transnonain, voir le c), 4, section III, chapitre deuxième, la monarchie de Juillet.

[6] Issu de la petite bourgeoisie, Dupont de l’Eure eut une carrière juridique sous l’Empire (il fut ainsi nommé président du tribunal de Lyon par Napoléon I°.). Sous la restauration, Dupont de l’Eure fut élu au sein de la chambre introuvable, bien que réclamant avec véhémence la sauvegarde des acquis de la révolution. Ecarté en raison de ses opinions politiques, Dupont de l’Eure signa l’adresse des 221 en mars 1830, qui précipita la chute de Charles X. Il fut ministre de la Justice en 1830.

[7] Pour en savoir plus sur l’attentat de Fieschi, voir le 3, section I, chapitre troisième, la monarchie de Juillet.

[8] La révolution de 1848, qui fut la seconde émeute de grande importance du XIX° siècle, fit au final près de 350 victimes (pour environ 500 blessés.).

 

 
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