Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Mythologie grecque


CHAPITRE QUATRIÈME : Homère, l'Iliade et l'Odyssée

 

II: L'Iliade

     

            1° Avant propos – L’Iliade, attribuée au poète grec Homère, fut rédigée au VIII° siècle avant Jésus Christ. Cette œuvre est composée de 15 337 vers, et fut divisée en 24 chants (correspondant aux 24 lettres de l’alphabet grec.) au cours de la période hellénistique (IV° à I° siècle avant Jésus Christ.). ‘Iliade’ vient du mot ‘Ilion’, qui signifie ‘Troie’, en grec.

En fait, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’Iliade ne porte que sur un court épisode du conflit, dans la dixième année de la guerre de Troie : la colère du héros Achille, courroucé par le fait que le roi Agamemnon lui ait dérobé Briséis, sa captive. Le récit insiste sur le fait que la présence d’Achille est indispensable à la victoire des Grecs. Après s’être éloigné du champ de bataille pendant un temps, il revient pour venger la mort de son ami Patrocle (ce dernier, ayant revêtu l’armure d’Achille, était mort au combat.). Achille tue alors l’assassin de Patrocle, le Troyen Hector, et le récit s’achève avec les funérailles de ce dernier. La prise de Troie et le célèbre épisode du cheval ne sont racontés que dans l’Odyssée.

L’Iliade est un hommage à la gloire qu’un guerrier peut obtenir sur le champ de bataille. Achille préfère s'embraser plutôt que se consumer lentement, comme le dit le proverbe. Il préfère vivre dans l’honneur et triompher au combat, plutôt que vivre une longue mais morne existence[1]. Mais Achille ne combat pas pour son roi ou pour sa cité, il combat pour sa gloire personnelle. Suite à l’enlèvement de Briséis par Agamemnon, il ne reprend pas les armes pour aider les Grecs, mais seulement pour venger Patrocle.  

En ce qui concerne le récit de l’Iliade dont je vous fais part ci-dessous, plutôt que de me conformer au texte antique, j’ai préféré m’en éloigner, et au contraire relater l’ensemble de l’histoire, en partant des origines les plus lointaines du conflit.

 

            2° La malédiction des Atrides, Pélops – L’histoire commence lorsque Tantale, fils de Zeus, invita un jour les dieux à dîner chez lui. Désireux de tester l’omniscience de ces derniers, Tantale tua Pélops, son jeune fils, et leur servit ses restes à manger. Les dieux, horrifiés en découvrant la supercherie, décidèrent de punir Tantale, l’enfermant au Tartare[2]. Par la suite, Zeus décida de ressusciter l’enfant (mais il fut affublé d’une épaule d’ivoire, car la déesse Déméter avait mangé le membre de Pélops sans ce douter de rien.).

Après avoir eut une aventure avec le dieu Poséidon, Pélops, devenu adulte, se rendit à Pise, en Elide. C’est alors qu’il tomba amoureux d’Hippodamie, la fille d’Oenomaos, le roi de la cité. Cependant, ce dernier avait pour habitude de défier les prétendants de sa fille au cours d’une course de char, et tuait toujours les perdants.

Pélops décida alors de mettre toutes les chances de son côté. Il soudoya tout d’abord Myrtilos, l’écuyer du roi, le payant pour qu’il dévisse un boulon du char d’Oenomaos. En outre, Pélops reçut l’aide de son amant Poséidon, qui lui prêta ses chevaux ailés. Ainsi, le jeune homme remporta la course.

Pélops et Hippodamie, représentation figurant sur un vase grec du V° siècle avant Jésus Christ.

 

Par la suite, Pélops noya Myrtilos pour éviter de payer ce qu’il lui devait (à savoir la moitié du royaume d’Oenomaos et une nuit avec Hippodamie.). Lorsque Myrtilos expira, le dieu Hermès, outré par ce crime, décida de maudire Pélops et ses descendants. Ainsi commença la malédiction qui frappa les Atrides (les descendants d’Atrée, fils de Pélops.).

Hippodamie eut alors beaucoup d’enfants (outre Atrée.), dont les plus connus étaient Thyeste, Coprée (héraut d’Eurysthée[3].), Eurydice (mère d’Alcmène[4].), Nicippe, etc.

Pélops eut aussi un autre fils avec la nymphe Astyoché : Chrysippos. Ce dernier fut par la suite enlevé par Laïos, le père d’Œdipe, pris de passion pour le jeune homme. Peu après, Hippodamie envoya ses enfants, dont Atrée et Thyeste, tuer leur demi-frère (au contraire, selon certains récits, Chrysippos, honteux de cette liaison, se serait suicidé[5].). Pélops maudit alors ses enfants pour leur crime, et les bannit de son royaume. Ils se réfugièrent alors à Mycènes, en Argolide.

 

            3° La malédiction des Atrides, Atrée –Atrée et Thyeste vivaient alors à Mycènes, auprès du roi Electryon (un fils de Persée.). Le frère du roi, Sthénélos, était leur beau-frère, car il avait épousé Nicippe, leur soeur. Il leur fut alors confié le gouvernement de Midée.

Peu après, Atrée épousa une jeune femme qu’il avait acheté comme esclave : Aéropé, la fille du roi de Crète, Catrée. Par la suite, elle donna naissance à deux enfants : Agamemnon et Ménélas.

Plusieurs années après leur fuite de Pise, leur nièce Alcmène tomba enceinte d’Héraclès. Zeus, qui était le père du bébé, proclama qu’un enfant issu d’une mortelle allait naître, et qu’il régnerait sur ceux qui habiteraient autour de lui. Mais à cette époque, Alcmène n’était pas la seule à être enceinte : Nicippe, la femme de Sthénélos, était elle aussi sur le point d’accoucher d’Eurysthée. En outre, Amphitryon (le mari d’Alcmène.) tua alors accidentellement Electryon (le père d’Alcmène.), et Sthénélos prit le pouvoir. Pour finir, Héra, jalouse de la relation entre Zeus et Alcmène, fit en sorte de retarder l’accouchement de cette dernière. Héraclès naquit donc après Eurysthée, et ce dernier reçut alors le trône de Mycènes.

Bien des années après, lorsque Héraclès fut adulte, il fut frappé de folie par Héra, et tua ses propres enfants. L’Oracle de Delphes l’envoya alors purger une peine de douze ans en Argolide, sous les ordres du roi Eurysthée. Mais ce dernier détestait Héraclès : ils avaient le même âge, mais l’un était faible et fils d’un mortel ; l’autre était fort et fils de Zeus. Eurysthée demanda alors à Héraclès d’accomplir ses douze travaux, tous plus dangereux les uns que les autres (le roi espérait voir ainsi mourir son rival.)[6].

Lorsque Héraclès mourut, la vengeance d’Eurysthée frappa aussi les Héraclides (les enfants d’Héraclès.), qui se réfugièrent à Athènes, auprès du roi Démophon, fils de Thésée. Eurysthée décida alors de livrer bataille, mais il fut vaincu par Démophon (il mourut peu de temps après, peut être des mains d’un des fils d’Héraclès.).

A cette même époque, Atrée fit le vœu de sacrifier à Artémis le plus bel agneau de son troupeau. Mais, alors qu’il recherchait l’animal le plus digne d’être sacrifié, il trouva un agneau doré (que la déesse avait placé là afin d’éprouver Atrée.). Atrée refusa de sacrifier l’animal, le tua, et enferma cette toison d’or dans un coffre. Cependant, Aéropé, l’épouse d’Atrée, avait une liaison avec Thyeste, et décida de lui offrir la peau de l’agneau doré.

 En ce temps là, Eurysthée était mort, et Mycènes n’avait plus de roi. Les habitants de la cité décidèrent alors d’aller consulter l’Oracle de Delphes. Ce dernier leur déclara qu’ils devaient choisir un des deux souverains de Midée. Comme l’on ne savait pas qui choisir entre Atrée et Thyeste, ce dernier décida de ruser : il rencontra son frère, et lui proposa le marché suivant : serait seul roi de la cité celui qui serait en possession d’une toison d’or. Atrée, qui s’imaginait avoir cette peau en sa possession, accepta le marché. Cependant, comme Aeropé avait donné la toison à Thyeste, ce dernier la montra à son frère, et fut donc déclaré roi.

Cependant, Zeus désapprouvait l’adultère d’Aeropé, et le dieu envoya alors Hermès auprès d’Atrée, afin qu’il prenne sa revanche sur son frère. Sur les conseils du messager des dieux, Atrée rencontra son frère Thyeste, et lui proposa un nouveau marché : il le reconnaîtrait ad hoc comme roi de Mycènes, à moins que le soleil n’inverse sa course dans le ciel. Thyeste, qui pensait que son frère était devenu fou, accepta sa proposition. Seulement, l’improbable se produisit, et le roi dut abandonner son trône. Atrée décida alors de bannir son frère.

Mais lorsque Atrée découvrit l’adultère d’Aeropé et Thyeste, il décida de se venger. Faisant mine d’oublier le passé, il invita son frère à un banquet. Atrée, qui avait tué les trois fils de Thyeste, servit leurs restes à leur père, excepté les pieds et les mains. A la fin du dîner, il montra les membres coupés à son frère, et l’exila à nouveau.

Thyeste maudit alors son frère, et décida de se venger. Il rencontra l’Oracle de Delphes, et lui demanda que faire. C’est alors que se dernier lui révéla que l’enfant qu’il aurait avec sa propre fille, Pélopia, tuerait Atrée. Ce dernier, sans se faire reconnaître, viola alors sa fille, qui parvint à s’emparer de l’épée de son agresseur. 

Par la suite de la malédiction lancée par Thyeste, l’Argolide fut frappée de famine, et Atrée se rendit auprès de l’Oracle de Delphes afin de trouver une solution à ce problème. Ce dernier lui déclara qu’il devait faire revenir son frère Thyeste à Mycènes. Parti à la recherche de son frère, Atrée s’arrêta à la cour de Thesprotos, roi d’Epire, où il rencontra Pélopia. Il tomba amoureux d’elle, bien qu’enceinte, et voulu l’épouser. Le roi, qui faisait passer Pélopia pour sa fille, accepta la requête d’Atrée, mais ne lui révéla pas l’identité de la jeune fille. Par la suite, elle abandonna son bébé, Egisthe, lorsque celui-ci vint au monde. Mais Atrée retrouva l’enfant et décida de l’élever à la cour.

Par la suite, Atrée demanda à ses fils, Agamemnon et Ménélas, d’aller consulter l’Oracle de Delphes, afin de savoir où se trouvait Thyeste. Mais ce dernier, qui souhaitait toujours se venger de son frère, vint au même moment consulter l’Oracle. Agamemnon et Ménélas, trouvant là leur oncle, l’enlevèrent et le ramenèrent à Mycènes. Thyeste fut alors jeté en prison. Atrée demanda alors à Egisthe, devenu adulte, d’aller égorger le captif. Le roi donna aussi au jeune homme l’épée que Pélopia avait prise à son agresseur lors de son viol. Lorsque Thyeste aperçut l’épée, il demanda à Egisthe comment il se l’était procuré, et ce dernier répondit qu’elle appartenait à sa mère. Thyeste demanda alors de voir Pélopia, et lui révéla qu’il était l’homme qui l’avait violé, donc le père et le grand père d’Egisthe. Cette dernière, honteuse de cet inceste, se transperça avec l’épée de Thyeste. C’est alors qu’Egisthe, refusant de tuer son père, rapporta l’épée ensanglantée à Atrée, lui affirmant que Thyeste était mort.

Le roi de Mycènes prépara alors un sacrifice aux dieux, afin de les remercier de la mort de son frère. Mais c’est alors qu’Atrée fut tué près du sanctuaire par Egisthe, vengeant ainsi son père.

Thyeste et Egisthe prenant alors le pouvoir en Argolide, Agamemnon et Ménélas furent contraints à l’exil.  

 

            4° Le serment de Tyndare – Agamemnon et Ménélas se réfugièrent alors auprès du roi de Sparte, Tyndare.

Bien des années auparavant, Léda, l’épouse du roi, fut séduite par Zeus, qui avait choisi de se changer en cygne pour approcher la jeune femme.

Léda et le cygne, sculpture réalisée par Jean THIERRY, XVIII° siècle, musée du Louvre.

 

Cette dernière accoucha ensuite de deux œufs, l’un contenant les enfants de Zeus (Pollux et Hélène.), l’autre contenant les enfants de Tyndare (Castor et Clytemnestre.). Castor et Pollux participèrent entre autres à l’expédition de Jason en Colchide[7], et furent les précepteurs d’Héraclès.

Quand Hélène devint adulte, son père chercha des prétendants pour la marier. Seulement, étant fille de Zeus, la jeune femme était d’une beauté à nulle autre pareille, et de nombreux guerriers se rendirent à Sparte afin de tenter de la conquérir : Ulysse, les deux Ajax, Antiloque, Diomède, Ménélas, Patrocle, Philoctète, etc. Tyndare craignait que ces rivalités n’entraînent une guerre, et Ulysse, roi d’Ithaque, qui se trouvait là, vint lui faire part de son stratagème : quel que soit l’homme qui serait choisi, tous les prétendants devaient promettre de lui venir en aide si son épouse lui était enlevée. Tous les hommes présents prêtèrent ce qui fut appelé le serment de Tyndare, juchés sur la peau d’un cheval sacrifié. Ce fut alors Ménélas qui fut choisi (les légendes divergent à ce propos : soit Hélène décida de choisir le plus beau de ses prétendants, soit c’est son père qui décida de choisir le plus riche.). Hélène accoucha plus tard d’une fille, Hermione. Par la suite, Agamemnon épousa Clytemnestre[8], l’autre fille de Tyndare. Ensemble, ils eurent un fils, Oreste, ainsi que trois filles, Iphigénie, Electre et Chrysotémis.

Un jour, Tyndare mourut, et Ménélas lui succéda à la tête de Sparte. Puis, ce dernier aida son frère à reconquérir le trône en Argolide, éliminant Thyeste, mais laissant s’échapper Egisthe.

   

            5° La légende de la pomme d’or – À la même époque, l’on célébrait le mariage de Pélée et de la nymphe Thétis (les futurs parents d’Achille.).

Les Noces de Thétis et de Pélée ou Le festin des dieux, par Hendrick de Clerck, vers 1606/1609, musée du Louvre, Paris.

Zeus lui-même aurait voulu avoir un enfant avec cette dernière, mais il fut prévenu (par Thétis elle-même, ou peut être par Prométhée.) que l’enfant qui naîtrait serait plus puissant que son père. Zeus ne voulut pas prendre de risques, et maria la nymphe à un mortel.

La fête battait son plein, de nombreuses divinités participant à la noce. Mais c’est à ce moment là qu’apparut Eris, déesse de la discorde, qui n’avait pas été invitée. Elle jeta alors une pomme d’or au milieu des participants, sur laquelle était portée l’inscription « A la plus belle. » Ce fut le Troyen Pâris qui reçut la lourde tâche de choisir la plus belle des déesses présentes lors de la cérémonie : Héra, Athéna ou Aphrodite.

Statue d'Héra, Altes museum, Berlin (à gauche) ; buste de Pâris, par Antonio CANOVA, vers 1810, Alte Nationalgalerie, Berlin (au centre) ; Statue d'Athéna du type "Hope-Farnèse", sculpture romaine réalisée entre le I° et le II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris (à droite).

Pâris était le fils de Priam, le roi de la ville de Troie. Alors que l’épouse de ce dernier, Hécube, était enceinte, elle fit une vision : elle accouchait d’une bûche qui mettait Troie en ruine. Priam, qui en outre apprit de la bouche d’un oracle que l’enfant apporterait de grands malheur, décida de tuer l’enfant, confiant cette tâche à un berger nommé Agélaos. Ce dernier abandonna Pâris sur le mont Eda, pensant qu’il mourrait de faim. Cependant, lorsqu’il revint, il se rendit compte que le bébé avait été nourri par une ourse, et, pris de pitié, il décida de l’adopter. Adulte, Pâris devint un berger, comme son père adoptif. Il épousa à cette époque une nymphe nommé Oenone.

Peu de temps après, Priam décida d’organiser des jeux. Il envoya ses serviteurs sur le mont Eda, afin qu’ils en ramène un taureau, qui serait le premier prix de la compétition. Les serviteurs rapportèrent un taureau splendide, auquel Pâris tenait beaucoup. Il les suivit jusqu’au palais de Priam, bien décidé à reconquérir son bien. Lors des jeux, Pâris se distingua par sa valeur, si bien qu’un des fils de Priam, Déiphobe, voulut le tuer. Pâris se réfugia alors auprès de l’autel de Zeus dans la cour du palais, et il fut reconnu par Cassandre, une des filles de Priam[9]. Le roi de Troie accueillit alors son fils dans son palais, oubliant la vision de son épouse. Cependant, Pâris préféra continuer à vivre sur le mont Eda.

C’est là qu’Hermès rencontra le jeune homme, et lui demanda de remettre la pomme d’or à la plus belle des trois déesses.

Le jugement de Pâris, mosaïque romaine du II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Héra promit à Pâris de lui accorder le pouvoir, Héra lui proposa d’obtenir la victoire au cours de toutes les batailles qu’il livrerait, Aphrodite lui promit qu’il obtiendrait la plus belle femme du monde connu. Pâris, qui avait préféré vivre sur le mont Eda plutôt qu’à la cour de Priam, refusa la proposition de Héra ; et comme il n’était pas un guerrier, il n’était pas non plus intéressé par l’offre d’Athéna[10]. Par contre, bien qu’étant déjà marié avec Oenone, il fut touché par les arguments d’Aphrodite et lui donna la pomme d’or. Cette dernière favorisa alors une rencontre entre lui et la plus belle femme connue : Hélène, l’épouse du roi Ménélas de Sparte. 

 

6° L’enlèvement d’Hélène – Plus tard, Pâris fut envoyé en ambassade à Sparte, auprès du roi Ménélas. Sachant très bien que son mari partait trouver Hélène, Oenone lui proposa de revenir près d'elle sur le mont Ida, si un jour il était blessé. Là, elle pourrait le soigner, grâce à ses connaissances en médecine.

En arrivant à Sparte, les Troyens furent bien accueillis par Ménélas. Cependant, quelques jours après, celui-ci dut quitter la cité, se rendant en Crète, à l’enterrement de son grand père Catrée. C’est alors que Pâris enleva Hélène (les légendes se savent trop si ce fut de gré ou de force.), et la ramena à Troie (il pilla aussi le trésor de Ménélas au passage.).

L'enlèvement d'Hélène, par Benoît de Sainte Maure, enluminure issue de l'ouvrage Roman de Troie, Paris, France, XIV°siècle.

L'enlèvement d'Hélène, par Pierre PUGET, XVII° siècle, musée du Louvre, Paris.

Ensemble, ils eurent quatre fils.

Pâris et Hélène, par Louis DAVID, 1789, musée du Louvre, Paris.

 

            7° L’union des rois grecs – Unis par le serment de Tyndare, les rois grecs décidèrent d’aider Ménélas à récupérer son épouse. Après dix longues années de négociations infructueuses avec les Troyens, ils décidèrent donc d’attaquer leurs ennemis.

Agamemnon fut donc désigné pour diriger l’expédition, équipé de son sceptre d’ivoire, fabriqué par Héphaïstos, et qui appartenait à ses ancêtres depuis des générations. Tous ceux qui avaient prêté le serment de Tyndare étaient présents, sauf Ulysse. Agamemnon et ses hommes décidèrent alors de le rencontrer et se rendirent à Ithaque. Là, ils le trouvèrent en train de labourer son champ, ayant attelé un bœuf et un âne à sa charrue, semant du sel. Ulysse voulait se faire passer pour fou et ainsi éviter de participer au conflit. Mais c’est alors qu’un compagnon d’Agamemnon, Palamède, voulut tester la folie d’Ulysse : il plaça Télémaque, le fils de ce dernier, sous les sabots des bêtes de somme. La supercherie fut alors découverte, Ulysse, ne voulant pas écraser son propre fils[11]

 

            8° Achille et les prophéties concernant la guerre de Troie – Achille était le fils de Pélée, roi de Phthie en Thessalie, et de la nymphe Thétis. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est à leur mariage qu’apparut Eris, la déesse de la discorde, et qui lança vers l’assemblée une pomme d’or portant l’inscription « à la plus belle. »

Thétis, déçue d’épouser un mortel, voulut rendre son fils invulnérable : bien que plusieurs légendes se contredisent à ce sujet[12], la plus courante montre la nymphe plongeant son fils dans le Styx, en le tenant par le talon.

Thétis trempant Achille dans le Styx, tapisserie de Pierre Paul RUBENS, XVII° siècle, musée d'art et d'histoire, Bruxelles.

Par la suite, Thétis abandonna mari et enfant, confiant Achille au centaure Chiron. Ce dernier lui apprit à courir (d’où, dans l’Iliade, l’épithète Achille au pied léger.), lui enseigna l’art de la guerre, l’art de la médecine et de la musique.

L'Education d'Achille : La Leçon d'équitation (en haut.) et La Leçon d'armes (en bas.), par Jean Baptiste CHAMPAIGNE, vers 1666, musée du Louvre, Paris.

L'Education d'Achille par le centaure Chiron, par Jean Baptiste REGNAULT, fin du XVIII° siècle, musée du Louvre, Paris.

Plus tard, Achille revint en Phthie, et à la cour de son père, il rencontra Patrocle, qui devint son compagnon[13]. Il fit là l’apprentissage du gouvernement et de la diplomatie avec un vieil homme nommé Phoenix.

Achille disait à sa mère qu’il préférait une vie courte et glorieuse que longue et morne. Cette dernière, sachant que la guerre de Troie allait avoir lieu, décida d’emmener son fils à Skyros, auprès du roi Lycomède. Thétis, ne voulant pas qu’Achille participe au conflit, le déguisa en fille, le dissimulant parmi les filles du souverain. Il y porta le nom de Phyrra (‘la rousse’.), et épousa Déidamie, une des filles de Lycomède. Ensemble, ils eurent un fils, Néoptolème (nommé aussi Phyrrus.).  

C’est alors qu’un jour, les Grecs, menés par Ulysse, vinrent chercher le jeune homme. En effet, le devin Calchas avait prédit qu’ils ne pourraient battre les Troyens sans l’aide d’Achille. Le rusé Ulysse distribua des tissus et des armes aux filles du roi. Mais, alors que ces dernières étaient assemblées autour des étoffes, une trompette sonna un signal d’alarme : Achille se rua alors sur les armes, et fut démasqué par Ulysse.

Achille chez les filles de lycomède à Skyros, reconnu par Ulysse, tapisserie élaborée de 1740 à 1748, Hôtel de Soubise, Paris.

Bien qu’il ne soit pas lié par le serment de Tyndare, Achille accepta de partir vers Troie.

 

9° Le sacrifice d’Iphigénie – Les 300 navires grecs étaient en route vers Troie lorsque, près d’Aulis, le vent tomba soudain, immobilisant la flotte. En effet, Agamemnon avait offensé la déesse Artémis, en osant prétendre avoir tué une biche avec une adresse que la déesse elle même n'aurait pu égaler.

C’est alors que le devin Calchas, qui avait déjà prédit que la guerre durerait dix ans, expliqua pourquoi le vent était tombé : Artémis était en colère, et seul le sacrifice de la fille du fautif permettrait de la satisfaire. Agamemnon fit alors venir sa fille Iphigénie, promettant de lui donner Achille en mariage, puis la sacrifia. Ensuite, les navires purent repartir[14].

Le sacrifice d'Iphigénie, par Bertholet FLEMALLE, vers 1647, musée du Louvre, Paris.

 

            10° Les neuf premières années de la guerre de Troie – Les Grecs, après quelques mésaventures, arrivèrent finalement près des côtes de Troie (rappelons qu’Hélène avait été enlevée depuis maintenant dix années.).

L'enlèvement d'Hélène (en haut de l'image.) et le débarquement des Grecs sous les murs de Troie (en bas.), par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.

Achille aurait voulu être le premier à débarquer, mais sa mère Thétis lui avait prédit que le premier à débarquer serait le premier à se faire tuer. Le jeune homme décida d’écouter sa mère, et céda sa place au Grec Protésilas : ce dernier fut effectivement la première victime de la guerre, transpercé par la lance d’Hector, fils de Priam.

Hector, bien qu’il fut le Troyen ayant tué le plus d’ennemis au combat (il tua plus de Grecs qu’Achille ne tua de Troyens.), n’en reste pas moins décrit par Homère comme un homme franc et valeureux, bon père et bon mari. Il était le véritable héros des Troyens, comme Achille était celui des Grecs. Réprouvant l’acte de son frère Pâris, considérant celui-ci comme un coureur de jupons, il avait accepté de rendre Hélène à Ménélas afin d’éviter la guerre.

Une fois débarqués, les Grecs décidèrent d’envoyer une ambassade auprès des Troyens, leur proposant d’organiser un combat entre Ménélas et Pâris, afin d’épargner la vie des soldats des deux camps. Ces derniers acceptèrent, et le combat entre les deux hommes commença. Seulement, alors que Ménélas était en train de prendre l’avantage sur son adversaire, Aphrodite envoya un épais brouillard sur le champ de bataille, et transporta Pâris jusqu’à la chambre d’Hélène.

Alors la guerre commença.

Le premier adversaire d'Achille fut le Troyen Cycnos, un fils de Poséidon, qui était réputé invulnérable. Le Grec parvint cependant à le tuer en l'étranglant avec la courroie de son propre casque (selon certaines légendes, Cycnos fut transformé en cygne avant que les Grecs ne s’emparent de ses armes.). Par la suite, au cours d'une embuscade, Achille tua aussi un des fils d’Hécube, Troïlus (aussi nommé Troïlos.).

Achille guettant Troïlos, représentation figurant sur un plat grec du VI° siècle avant Jésus Christ.

Les Grecs firent aussi de nombreuses razzias contre les cités voisines, afin de couper l’approvisionnement de Troie. Achille, à la tête de l’armée, dévasta douze villes sur la côte et onze villes à l’intérieur des terres. Dans la cité de Thèbe en Troade, il tua le roi Eétion, père d'Andromaque (la femme d’Hector.), ainsi que ses sept fils, puis il rançonna la reine. Au cours de cette expédition, il rencontra et mit en fuite le Troyen Enée, et captura une jeune femme du nom de Briséis.

Par la suite, les affrontements se succédèrent, tous plus acharnés les uns que les autres, sans que les troupes d’Agamemnon ne puisse prendre la ville. Chaque camp comptait ses héros, chaque camp était appuyé par ses divinités : Poséidon, Héra, Athéna pour les Grecs ; Aphrodite, Apollon et Arès pour les Troyens. Comme l’avait prédit le devin Calchas, la guerre dura dix ans.

Guerriers combattant, vase grec du VI° siècle avant Jésus Christ, Petit Palais, Paris.

 

            11° La dixième année de la guerre de Troie, l’Iliade d’Homère – C’est à ce moment là de l’histoire que débute l’Iliade d’Homère. Comme nous l’avons dit précédemment, tout le récit ne se concentre que sur un bref épisode du conflit, situé au cours de la dixième année de la guerre : la colère du héros Achille.

 

- Briséis est enlevée à Achille : au cours d’une attaque contre les cités avoisinant Troie, les Grecs s’en prirent à l’île de Chrysé, en Troade. Là, ils saccagèrent le temple d’Apollon, et enlevèrent Chryséis, la fille du prêtre qui officiait là, Chrysès. Les Grecs ramenèrent par la suite la jeune fille à Agamemnon, qui en fit sa concubine.

Cependant, le père de la captive ne l’entendit pas de cette oreille, et vint se plaindre auprès du roi. Ce dernier le menaça, et Chrysès, furieux, lança une malédiction sur le camp des Grecs : en effet, peu de temps après, Apollon vint y répandre la peste. Au bout de neuf jours, Agamemnon dut s’incliner devant le prêtre. Il chargea Ulysse de ramener la jeune fille auprès de son père, puis ils firent une hécatombe[15] sur l’île.

Par la suite,  Agamemnon s’empara en échange de Briséis, la captive d’Achille. Ce dernier, fou de rage, décida de se retirer dans sa tente et de ne plus participer aux combats. Il demanda en outre à sa mère Thétis d’obtenir de Zeus qu’il favorise les Troyens.

 

- La mort de Patrocle : nombreux furent les Grecs qui tentèrent de faire revenir Achille à la raison (son compagnon Patrocle, Ulysse, etc.), mais rien n’y fit. Les Grecs, malgré l’absence du héros, tentèrent tant bien que mal de continuer le combat. Diomède, un compagnon d’Ulysse, tua le prince troyen Pandaros, blessa Enée et Aphrodite, et chassa Arès du champ de bataille.

Statue de Diomède, sculpture romaine réalisée entre le II° et le III° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre.

Avec Ulysse, ils partirent espionner le camp avancé troyen, installé sur la plage. Là, ils interrogèrent puis tuèrent l’espion troyen Dolon.

De son côté, Ajax le Grand, fils du roi Télamon de Salamine, lutta en combat singulier contre Hector, sans qu’un des deux combattant ne puisse remporter la victoire. La nuit venant, ils mirent fin un combat, échangeant des présents : Hector donna son épée à Ajax, qui en échange lui donna sa ceinture. Proche d’Ulysse, il aida ce dernier alors qu’il avait était blessé au cours d’une  bataille. Enfin, il repoussa l’assaut des Troyens, menés par Hector, contre les murs protégeant la flotte grecque.

Cependant, les Grecs accumulèrent une série de revers. Patrocle décide alors de porter les armes d’Achille, avec l’autorisation de ce dernier. Accompagné de ses hommes, les Myrmidons[16], il excita le courage des Grecs, et provoque la débâcle chez leurs adversaires. Se lançant à l’assaut de la ville, il tua à cette occasion le Troyen Sarpédon[17], mais se fit cependant tuer par Hector.

 

- Achille contre Hector : en apprenant la nouvelle de la bouche d’Antiloque, Achille fut fou de rage. Il demanda alors à sa mère de nouvelles armes, qui les commanda auprès d’Héphaïstos, le dieu forgeron. Cette dernière lui déclara cependant que s’il venait à tuer Hector, il le suivrait de près dans la tombe, mais Achille resta sourd aux avertissements de sa mère. La nuit venue, il effraya les Troyens tant ses cris étaient lugubres. En outre, Agamemnon se réconcilia avec lui, et accepta de lui rendre Briséis.

Les jours suivants, Achille ne réussit pas à affronter Hector, et se vengea en massacrant un grand nombre de Troyens. Il fit tant de victimes que le fleuve Scamandre, rouge du sang des tués au combat, tenta de noyer Achille.

Ce dernier, peu de temps après, parvint cependant à affronter Hector au cours d’un duel singulier, qui l’avait attendu sous les murs de la cité. Il était dit que si Hector mourrait, la cité tomberait. Priam et Hécube tentèrent donc en vain de dissuader leur fils d’affronter Achille.

Les adieux d'Hector et Andromaque, par Joseph Marie VIEN, 1786, musée du Louvre, Paris.

Ce dernier fut sourd à leurs lamentations, et attendit son ennemi. Cependant, lorsque celui-ci arriva, Hector, pris de peur, décida de prendre la fuite. Les deux adversaires firent trois fois le tour de la cité avant d’en venir aux armes. C’est alors qu’Hector demanda à son ennemi de respecter son corps et de le rendre à son père Priam, s’il venait à perdre le combat. Achille refusa et le tua, le perçant d’un coup de lance.

 

- La vengeance d’Achille : mais la colère d’Achille ne le quittait pas. Il attacha le cadavre d’Hector à son char, et fit ainsi trois fois le tour des murailles de Troie, puis le traîna autour de la tombe de Patrocle pendant douze jours.

Priam insista auprès d’Achille pour que le corps de son fils lui soit rendu, mais ce dernier refusa dans un premier temps. Sa mère Thétis parvint cependant à le faire changer d’avis, lui affirmant que les dieux étaient mécontents du traitement qu’il avait infligé à la dépouille d’Hector.

Priam implorant Achille, vers 1800-1820, Alte Nationalgalerie, Berlin.

Alors, après avoir organisé des jeux funéraires en l’honneur de Patrocle, il rendit la dépouille à Priam. C’est sur ce récit que se clôt l’Iliade d’Homère.

 

12° La fin de la guerre de Troie – Les récits concernant cette partie de la guerre font partie soit de l’Odyssée d’Homère, soit d’écrits postérieurs à cette œuvre. En effet, un certain nombre de légendes associées à tel ou tel héros ne sont pas présentes dans l'œuvre d’Homère, proviennent de versions d’auteurs moins anciens.

 

- Achille continue à lutter : Par la suite, la reine des Amazones, Penthésilée, vint à l’aide de des Troyens. Achille la tua, mais tomba amoureux de son cadavre. C’est alors qu’un Grec nommé Thersite se moqua de lui, et il le tua lui aussi. Pour cette faute, il dut faire un sacrifice à Artémis et Apollon, puis se faire purifier du meurtre par Ulysse.

Par la suite, Achille élimina un autre allié des Troyens, venu en renfort : Memnon, roi d’Éthiopie, qui avait tué Antiloque.

 

- La mort d’Achille : les Troyens étaient désemparés face à la puissance d’Achille. C’est alors qu’ils apprirent le point faible du Grec. Alors qu’il était bébé, sa mère Thétis l’avait plongé dans les eaux du Styx, qui le rendirent invulnérable. Mais cette dernière le tenait par le talon, qui était le point faible d’Achille.

C’est alors qu’en plein combat, Pâris, guidé par Apollon, tira une flèche dans le talon d’Achille, le tuant sur le coup (certaines sources disent que ce fut Apollon lui-même qui décocha la flèche.).

Alors qu’Ulysse tenait les Troyens en échec, Ajax ramena la dépouille d’Achille au camp des Grecs.

Peu après éclata une dispute entre Ajax et Ulysse, qui se disputaient le droit de recevoir les armes du défunt.

Dispute entre Ajax et Ulysse, représentation figurant sur un vase grec du VI° siècle avant Jésus Christ.

Au final, c’est Ulysse qui fut choisi, et Ajax lui voua une rancune tenace. La nuit venue, il décida d’attaquer les Grecs, mais Athéna le frappa de folie et il alla massacrer un troupeau de moutons. Lorsqu’il retrouva ses esprits, il se suicida à l’aide de l’épée que lui avait donné Hector[18].

Par la suite, les cendres d’Achille furent mélangées à celles de Patrocle. Par contre, les chefs grecs refusèrent de donner une sépulture à Ajax, en raison des actions qu’il avait commises, et il fallut qu’Ulysse intervienne afin de les faire changer d’avis.

 

- Les flèches d’Héraclès : après la mort d’Achille, les Grecs étaient atterrés. C’est alors qu’ils se souvinrent de la prophétie de l’Oracle de Delphes, qui avait déclaré qu’ils ne pourraient vaincre s’ils n’étaient en possession des flèches d’Héraclès.

Au début de la guerre, les Grecs s’étaient rapprochés de Philoctète, qui était un compagnon d’Héraclès. Ce dernier, en mourrant, lui fit promettre de ne pas révéler où se situait sa sépulture, et lui confia ses fameuses flèches, imprégnées du poison de l’Hydre de Lerne.

Devant l’insistance des Grecs, Philoctète dut se résoudre à leur révéler où étaient inhumées les cendres d’Héraclès, montrant ce lieu du pied. Puis, il leur confia qu’il avait conservé les fameuses flèches.

Mais le destin joua contre Philoctète : en effet, alors qu’il naviguait vers Troie, une des flèches lui tomba sur le pied avec lequel il avait montré le lieu de la sépulture d'Héraclès. La blessure commença alors à s’envenimer, et il s’en dégagea une odeur si infecte qu’Ulysse décida d’abandonner Philoctète sur l’île de Lemnos. Il y resta seul pendant dix ans, souffrant de sa solitude et de sa blessure.

Mais maintenant qu’Achille était mort, il était urgent pour les Grecs de retrouver Philoctète et les flèches d’Héraclès. Ulysse, Diomède et Néoptolème (le fils d’Achille.) furent donc chargés d’aller le ramener.

Arrivant sur la plage de Troie, Pâris défia Philoctète en duel ; le Grec accepta et blessa mortellement le Troyen à l’aide d’une des flèches d’Héraclès. Pâris demanda à ses serviteurs qu’on l’emmène au mont Ida, près d’Oenone qui avait promis de le guérir. Cependant, cette dernière refusa, et Pâris fut ramené à Troie. Peu après, Oenone regretta son refus, mais il était trop tard car son époux était mort. Elle décida alors de se pendre.

Hélène se retrouvant veuve, un autre fils de Priam, Déiphobe, fut choisit pour être son nouvel époux.

 

 - Le cheval de Troie : C’est alors qu’une idée germa dans l’esprit d’Ulysse. Il fit construire aux Grecs un grand cheval de bois, dans lequel lui et quelques uns de ses hommes se dissimulèrent.

Les Grecs se cachent dans le cheval de Troie, par Maître de l'Enéide, vers 1530, musée du Louvre, Paris.

Au même moment, la flotte grecque fit mine de se retirer, et les Troyens s’aperçurent au matin que la grève était déserte. Trop content d’avoir remporté la victoire, les Troyens virent qu’il ne restait sur la plage qu’un cheval de bois.

Les avis étaient partagés : certains voulurent conserver le cheval (Sinon, un esclave grec vivant à Troie, assurait les Troyens qu’il s’agissait là d’une offrande à Athéna, destinée à assurer aux Grecs un bon retour.), d’autres au contraire, voulurent la brûler. Ce fut le cas de Laocoon, un prêtre de Poséidon. Lançant son javelot contre les flancs du cheval, qui sonna creux, il mit les Troyens en garde. C’est alors que deux serpents venus de la mer se jetèrent sur les fils de Laocoon et les dévorèrent.

Laocoon et ses fils, par Jean Baptiste TUBY, Philibert VIGIER et Jean ROUSSELET, 1696, château de Versailles.

Ce dernier, voulant sauver ses fils, prit ses armes et commença à lutter contre les créatures. Cependant, elles eurent tôt fait d’avoir raison de lui et le tuèrent. Par la suite, les deux serpents se réfugièrent au temple d’Athéna ; les Troyens crurent alors que Laocoon avait offensé la déesse, et apportèrent le cheval de bois dans la ville[19].  

Dans la soirée, Hélène et Déiphobe vinrent voir l’imposant cheval. Hélène imita alors la voix des épouses des hommes enfermés à l'intérieur, afin de déjouer le piège, si toutefois il y en avait un. Ulysse dut alors tout faire pour convaincre ses compagnons de ne pas répondre. Rassurés, Déiphobe et Hélène repartirent.

La prise de Troie, par Benoît de Sainte Maure, enluminure issue de l'ouvrage Roman de Troie, Paris, France, XIV°siècle.

A la nuit tombée, les Troyens festoyaient, trop heureux que la guerre soit achevée. C’est alors qu’Ulysse et ses hommes sortirent du cheval, puis ouvrirent les portes de la ville. Toute l’armée grecque rentra alors dans Troie, et la pillèrent.

La prise de Troie, par Jean de Courcy, enluminure issue de l'ouvrage La bouquechardière, Paris, France, XIV°siècle.

 

De nombreux Troyens furent tués cette nuit là, ou réduits en esclavage : Déiphobe fut tué par Ménélas dans son sommeil ; Priam fut tué par Néoptolème ; Astyanax, fils d’Hector, fut tué à l’instigation d’Ulysse, qui ne voulait pas qu’un descendant au trône de Troie puisse un jour se venger (Néoptolème le précipita du haut des remparts.). La reine Hécube fut faite prisonnière par Ulysse ; Néoptolème s’empara d’Andromaque ; Cassandre fut violée par Ajax le Petit[20], puis Agamemnon en fit sa prisonnière.

Néoptolème tue Priam et Astyanax, représentation figurant sur un vase grec du VI° siècle avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

L'assassinat de Priam, par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.

Bien peu parvinrent à fuir la ville, comme le Troyen Enée, qui s’enfuit avec son père Anchise, sa femme Créüse, et son fils Ascagnos[21].

Quant à Ménélas, il retrouva finalement sa femme Hélène.

Finalement, après avoir pillé la ville, les Grecs décidèrent de rentrer chez eux.

 

            13° Le retour en Grèce – Cela faisait dix ans que les Grecs attendaient de pouvoir rentrer chez eux. Cependant, certains eurent bien plus de mal à regagner leur foyer que d’autres.

 

- Agamemnon : le roi d’Argolide, en rentrant, fut accueilli par son cousin Egisthe (qui était devenu l’amant de sa femme Clytemnestre.). Ce dernier convia le roi à un banquet, et c’est alors que surgirent une troupe d’hommes en armes qui tuèrent Agamemnon[22]. Cassandre fut tuée peu après aux ordres de la reine.

Clitemnestre hésitant avant de frapper Agamemnon endormi, par Pierre Narcisse GUERIN, 1817, musée du Louvre, Paris.

Son fils Oreste, encore un enfant au moment du meurtre, fut emporté par sa grande sœur Electre[23]. Elle l’emmena en Phocide, auprès du frère de Clytemnestre, le roi Strophios. Il l’éleva en même temps que son fils Pylade. Une solide amitié se forgea entre les deux enfants, qui ne se brisa pas lorsqu’il devinrent adultes. Une fois arrivé à l’âge d’homme, Oreste se rendit auprès de l’Oracle de Delphes, afin de savoir comment il devait agir pour venger son père. Ce dernier lui révéla alors qu’il devrait tuer sa mère et son amant. Le jeune homme, qui avait déjà le soutien de Pylade, réussit aussi à gagner sa sœur Electre à sa cause. Ensemble, ils tuèrent Clytemnestre et Egisthe.

Oreste tue Clytemnestre, miroir en bronze du V° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

Selon certaines sources, Oreste, bien qu’ayant suivi la loi du Talion, fut par la suite considéré par un matricide, et fut frappé de folie. A la suite de quelques mésaventures, il tua Néoptolème qui lui avait enlevé Hermione, la femme qu’il aimait. Ils se marièrent finalement, et Oreste régna sur l’Argolide, mais aussi sur Sparte à la mort de Ménélas. Il eut un enfant d’Hermione nommé Tisamène, qui lui succéda à sa mort.

 

- Ménélas et Hélène : la nuit où Ménélas avait retrouvé son épouse, il voulut la tuer sur le champ, mais ses hommes et les charmes d’Hélène l’en dissuadèrent. Les jours suivants, il leva l’ancre en direction de la Grèce. Seulement, Ménélas n’avait pas fait de sacrifices afin d’apaiser les dieux partisans de Troie, et ils s’acharnèrent sur sa flotte. De ses cinquante navires, cinq seulement survécurent.

Finalement, la petite flotte parvint à gagner l’Egypte. Sur l’île de Pharos, Ménélas tenta de rencontrer Protée, une divinité maritime, qui avait don de prophétie et de métamorphose. Le roi de Sparte voulait savoir pourquoi les dieux s’acharnaient sur lui. Il se dissimula auprès des phoques qui peuplaient la berge, et lorsque Protée arriva, il se jeta sur lui. Afin d'échapper à son assaillant, Protée se changea en lion, en serpent, en léopard, en cochon, ainsi qu’en eau et en arbre. Mais, voyant que Ménélas ne lâcherait pas prise, il accepta de répondre aux questions du roi.

Il lui apprit alors que son frère Agamemnon avait été tué en rentrant chez lui, qu’Ajax le Petit était mort noyé[24], et qu’Ulysse avait échoué sur l'île de Calypso[25].

Après avoir fait les sacrifices nécessaires afin de pouvoir rentrer chez lui sans encombres, Ménélas prit le large à nouveau. Il arriva à Mycènes pour les funérailles d’Egisthe et Clytemnestre, qu’Oreste avait tué pour venger Agamemnon. Il rencontra Télémaque, qui recherchait son père, et lui répéta ce que lui avait dit Protée.

Après de longues années de règne, Ménélas mourut, et ce fut Oreste (qui avait épousé Hermione, la fille du roi.) qui récupéra le trône de Sparte.

 

- Ajax le Petit : Athéna voulait punir Ajax, car il avait profané une statue à son effigie lorsqu’il viola Cassandre. Ulysse avait demandé aux Grecs de punir le fautif, mais avaient refusé de le faire.

Alors qu’il retournait vers la Grèce, Athéna demanda à Zeus de créer une violente tempête, qui détruisît beaucoup de navires grecs, près du cap Capharée, au sud de l'île d'Eubée. La déesse s’occupa d’Ajax en personne en foudroyant son bateau, qui sombra alors. Cependant, celui-ci survécut au naufrage, et parvint à nager jusqu’à un bout de rocher. Là, il se moqua des dieux, tant et si bien que Poséidon fit éclater d’un coup de trident l’île où se trouvait Ajax. Ce dernier fut tué, puis enterré à Mycènes par Thétis.

 

- Phyloctète : toujours blessé au pied à cause d’une des flèches d’Héraclès, il n'osa pas retourner dans son pays après que Troie soit tombée. Il se réfugia en Calabre, et il érigea la ville de Pétilie. Là, il y fut soigné par Machaon, un fils d’Asclépios, le dieu médecin.

 

- Néoptolème : suite à la prise de Troie, il rentra ensuite en Phthie, mais les légendes divergent à son sujet. Selon le récit d’Homère, Néoptolème épousa Hermione, la fille d’Agamemnon ; d’autres récits racontent qu’il se maria avec Andromaque, avec laquelle il eut trois enfants (Molossos, Piélos et Pergamos.).

Les récits concernant la vie de Néoptolème sont nombreux et contradictoires, tout comme la raison de sa mort. Selon certaines sources, il fut assassiné par Oreste, qui voulait récupérer son amante Hermione ; selon d’autres, Néoptolème se serait attaqué au temple d’Apollon à Delphes (afin de venger la mort de son père Achille.), et se serait fait tuer par les habitants de la ville.

 

- Diomède : le voyage de ce héros vers la Grèce se déroula sans encombre, mais cependant, il allait devoir affronter de nouvelles épreuves. En effet, sa femme Aegialé l’avait trompé pour un autre homme (les légendes disent qu’elle fut soit influencée par Aphrodite qui voulait se venger du coup de lance que lui avait asséné Diomède ; soit par Nauplios, le père de Palamède, qui voulait venger son fils[26].).

Il dut alors fuir son royaume, qu’il avait acquis par mariage, et partit se réfugier en Italie, accompagné de quelques compagnons. Diomède accosta, puis rencontra Daunus, le roi d’Apulie (dont il épousa la fille Evippé.).

Par la suite, alors qu’il vivait sur des îles au large de l'Apulie, il rencontra un ambassadeur du prince Rutule Turnus, qui lui demanda de l’aide afin de lutter contre Enée. Cependant, Diomède refusa, ayant eu déjà assez bien de malheurs à cause d’Aphrodite (elle était la mère d’Enée.).

 

- Le devin Calchas : lui non plus n’eut pas de problèmes pour rentrer en Grèce, seulement il ne survécut pas longtemps. Il rencontra peu de temps après le devin Mopsos (petit fils du devin Tirésias.) dans un concours d’art divinatoire, et fut battu par son adversaire. Calchas avait un jour rencontré un oracle qui lui avait prédit qu’il mourrait le jour où il rencontrerait un devin plus habile que lui. Et la prophétie se réalisa…

___________________________________________________________________________________________

comments powered by Disqus

 

[1] Plus tard, les Spartiates feront l’apologie de la mort au champ d’honneur : par exemple, en 481 avant Jésus Christ, au cours de la II° guerre médique, le roi de Sparte, Léonidas, reçut la tâche de protéger le défilé des Thermopyles. Avec ses 300 de soldats, ils tinrent tête jusqu’à la mort à une armée perse très largement supérieure en nombre.

[2] Vous aurez plus de détails sur le supplice de Tantale aux Enfers au 2, section II, chapitre deuxième, mythologie grecque.

 

[3] A ce sujet, voir le 2, section IV, chapitre troisième, mythologie grecque.

[4] Ne pas confondre Eurypide, fille de Pélops, et Eurypide, femme d’Orphée. Pour plus de détails sur Alcmène et son fils Hercule, voyez le 1, section IV, chapitre troisième, mythologie grecque.

[5] Cette aventure est relatée en 1, section III, chapitre troisième, mythologie grecque.

[6] Les douze travaux d’Héraclès sont relatés en section IV, chapitre troisième, mythologie grecque.

[7] Pour plus de plus amples détails sur l’expédition des Argonautes, voir la section II, chapitre troisième, mythologie grecque.

[8] Elle était alors l’épouse d’un fils de Thyeste, Tantale, qu’Agamemnon tua.

[9] Il fut un temps, Cassandre était courtisée par Apollon. Ce dernier accepta de lui apprendre l’art de la divination, croyant qu’ainsi la jeune fille accepterait de se donner à lui. Seulement, Cassandre refusa de coucher avec le dieu, et se dernier décida de la punir : il la condamna à prophétiser avec justesse, mais sans être jamais crue par personne.

[10] Pâris était, à l’Antiquité, représenté comme un archer. L’arc, à l’époque, était considéré comme une arme non noble, car elle permettait à son utilisateur de ne participer au combat qu’à distance. Les archers étaient alors vus comme des fourbes ou des lâches.

[11] Palamède se fit se jour là un ennemi mortel en la personne d’Ulysse. En outre, comme ce dernier estimait que la guerre de Troie était ruineuse et inutile, Palamède l’accusait de trahison. Mais Ulysse se vengea quelques années après, au cours de la guerre de Troie, en accusant Palamède de trahison à son tour : il fit enfouir un trésor dans la tente de son ennemi, et affirma aux Grecs qu’il avait reçu cet argent de Priam. En outre, il leur montra une fausse lettre du roi, étayant ses dires. Palamède fut donc condamné à mort et lapidé.

[12] Thétis aurait mis son fils dans un brasier, afin de consumer sa nature mortelle ; ou bien elle l’aurait nourri d’ambroisie, la nourriture divine.

[13] Selon les légendes, Patrocle apparaît comme plus vieux ou plus jeune qu’Achille. Il en est aussi de même pour Pâris et Hector, les deux princes Troyens.

[14] Les sources divergent quant à la mort d’Iphigénie. Homère, dans l’Iliade, ne la mentionne pas ; Euripide indique qu’Artémis accepta de remplacer la jeune fille par une biche ; Eschyle raconte que la fille du roi fut bel et bien sacrifiée.

[15] Une hécatombe, à l’Antiquité, désignait le sacrifice de cent bœufs.

[16] Pour plus de précisions sur les Myrmidons, voir le 3, section II, chapitre deuxième, mythologie grecque.

[17] Pour savoir qui était Sarpédon, voir le 4, section V, chapitre troisième, mythologie grecque.

[18] Il y a cependant d’autres légendes concernant la mort d’Ajax : certaines racontent qu’il fut tué par Ulysse ; qu’il fut tué par Pâris de la même manière qu’Achille ; qu’il fut enterré vivant par les Troyens car il était immortel ; etc.

[19] Certaines sources disent que les Troyens firent une brèche dans les murailles de la ville pour le faire entrer, ou bien élargirent les portes de la cité.

[20] Ajax le Petit trouva Cassandre agrippée à une statue d’Athéna. Ce dernier renversa la statue et viola la jeune fille. Ulysse voulait punir Ajax pour son offense, mais il ne lui arriva rien. Alors, la déesse en fut offensée et décida de se venger.   

[21] L’auteur romain Virgile raconte la fuite d’Enée dans son ouvrage l’Enéide.

[22] Il s’agit là de la version racontée par Homère. Selon Eschyle, Agamemnon aurait été tué par sa femme Clytemnestre, en l’immobilisant avec un filet. 

[23] Certaines légendes disent qu’il fut enlevé par sa nourrice.

[24] Nous abordons le récit de la mort d’Ajax le Petit ci-dessous.

[25] Nous relatons les aventures d’Ulysse au cours de son Odyssée en Section III, chapitre quatrième, mythologie grecque.

[26] Diomède, compagnon d’Ulysse, avait en effet participé à ce crime. Voir le 7, section II, chapitre quatrième, mythologie grecque pour de plus amples informations à ce sujet.

Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie