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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE CINQUIÈME : Haut Empire ou bas Empire ?

 

VI: Les Illyriens (268 à 285)

           

            Suite à la mort de Gallien, une nouvelle phase de l’Empire romain se mit en place, les Illyriens prenant le pouvoir à Rome.

Ces derniers furent appelés ainsi non pas parce qu’ils formèrent une dynastie à proprement parler, mais parce qu’ils étaient originaires d’Illyrie (la où se trouvait la plus importante des armées de l’Empire, chargée de protéger le Danube des invasions barbares.).

A partir du règne de Claude II, le poste d’Empereur ne fut plus une magistrature civile, mais bien une magistrature militaire. L’objectif du souverain étant de protéger l’Empire des invasions barbares et de mettre fin aux troubles internes.

 

            1° Claude II le Gothique (268 à 270) – L’on en sait peu sur la vie de Claude II (de son vrai nom Marcus Aurelius Claudius.), jusqu’à ce que celui-ci devienne le maître de la cavalerie de l’Empereur Gallien.   

Pièce de monnaie à l'effigie de Claude II le Gothique.

Il fut fait Empereur suite à la mort de Gallien assassiné par ses soldats en 268, alors qu’il assiégeait l’usurpateur Auréolus à Milan. Claude II parvint néanmoins à prendre la ville, et Auréolus fut tué (l’Empereur prit alors le titre d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Claudius Pius Felix Invictus Augustus.).

Par la suite, il écrasa les Alamans qui menaçaient l’Italie du nord. Victorieux, il rentra à Rome et fut reconnu officiellement par le sénat.

Repartant en Mésie peu de temps après, il affronta et vainquit les Goths à la bataille de Naïssus, gagnant ainsi son surnom de ‘Gothique’. La lutte contre ces envahisseurs (qui ravageaient les côtes de Grèce et d’Asie mineure grâce à leur flotte.) dura jusqu’en 270, date à laquelle ils furent repoussés à l’est du Danube.

Cependant, Claude II le Gothique mourut de la peste en août 270, alors qu’il se trouvait en Pannonie. Ayant consacré tout son règne à la lutte contre les invasions barbares, Claude II, à sa mort, n’avait toujours pas mis fin ni à l’Empire des Gaules, ni aux velléités sécessionnistes de Zénobie, la reine de Palmyre.

A sa mort, Claude II reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Valerius Claudius Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Gothicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis III, Imperator II, Consul I, Pater Patriae.

 

            2° Quintillus (août à octobre 270)Quintillus (de son vrai nom Marcus Aurelius Claudius Quintillus.) était le frère cadet de Claude II le Gothique, auquel il succéda en août 270[1] (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Claudius Quintillus Pius Felix Invictus Augustus.).

Pièce de monnaie à l'effigie de Quintillus.

Originaire de Mésie, il se trouvait à Aquilée lorsque son frère mourut, et fut proclamé Empereur par ses légions. Peu de temps après, il fut confirmé dans sa charge par le sénat.

Cependant, en septembre 270, Aurélien fut acclamé Empereur par les puissantes légions de Pannonie, et Quintillus n’eut pas les moyens de contre attaquer[2].

On ne sait pas exactement se qui se passa par la suite, les sources étant divergentes à ce sujet. Quintillus fut peut être assassiné par ses soldats ; ou il se peut qu’il se soit ouvert les veines, préférant céder la place à un adversaire plus puissant que lui.

Les sources antiques sont aussi divergentes en ce qui concerne la personnalité de cet Empereur. Certaines le considèrent comme un souverain mineur et modéré[3], d’autres en font un souverain aussi compétent que son frère aîné, si ce n’est plus[4].

 

            3° Aurélien (270 à 275) – Aurélien (de son vrai nom Lucius Domitius Aurelianus.) naquit vers 215, vraisemblablement dans une des provinces romaines bordant le Danube (sans doute en Dacie ou en Mésie.).

Buste d'Aurélien.

Son père était un simple colon, affranchi du sénateur Aurélius, et avait prit le nom de ce dernier comme c’était alors l’usage. Sa mère était prêtresse de Sol Invictus, une divinité solaire.

Fresque de Sol invictus (accompagné de Jupiter et de la Lune), II° siècle après Jésus Christ, musée national de Rome, Rome.

Aurélien, grâce à son physique et sa vigueur morale, fit une brillante carrière dans l’armée. Il remporta d’ailleurs de nombreuses escarmouches contre les barbares qui tentaient de franchir le limes (en 240, il mit en déroute une troupe de Francs[5].). Aurélien était surnommé manu ad ferrum, ce qui signifie ‘l’épée à la main’ (ou plutôt ‘fer en main’ pour une traduction plus littérale.).

Vers 254, l’Empereur Valérien remarqua Aurélien, et le mit au service d’Ulpius Crinitus, gouverneur de Thrace et d’Illyrie. Ce dernier adopta Aurélien, et lui donna sa fille en mariage.

Aurélien décida de ne pas trahir lorsque Valérien mourut, choisissant de servir Gallien, puis Claude II le Gothique (ce dernier lui donna alors le titre de maître de la cavalerie.).

A la mort de Claude, en 270, Aurélien fut acclamé Empereur par ses légions, alors que Quintillus, l’avait été lui aussi. Néanmoins, ce dernier ne put résister aux légions d’Aurélien et mourut peu de temps après.

Aurélien prit alors le nom d’Imperator Caesar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus.

 

a) Campagnes d’Aurélien : lors de son avènement, même si ses prédécesseurs étaient parvenus à endiguer le flot des invasions barbares, la situation était loin d’être réglée. L’Empire des Gaules et le royaume de Palmyre étaient encore indépendants, et certains germains étaient encore remuants.

Aurélien, après avoir été reconnu à Rome par le sénat, se précipita sur les Vandales et les Juthunges qui ravageaient l’Italie du nord. Après les avoir vaincu, il ordonna la construction du mur Aurélien, un immense rempart de 19 kilomètres entourant Rome (la construction fut achevée en 273.).

Porte Saint Paul, Rome, été 2013.

Vestiges du mur Aurélien, Rome, été 2013 (à noter que ce dernier est en grande partie intact de nos jours).

En 271, Zénobie, la reine de Palmyre, décida de faire sécession, nommant Auguste son fils Wahballat[6]. Aurélien décida alors de marcher contre elle, et l’affrontement dura jusqu’en 273. Finalement, Emèse fut prise, ainsi que Palmyre, (qui fut pillée par les armées romaines.). Zénobie et son fils, vaincus, furent fait prisonniers et emmenés à Rome. Ainsi, le royaume de Palmyre disparut.

L’année suivante, Aurélien décida de s’attaquer à Tetricus, l’Empereur des Gaules[7]. Ce dernier ne résista pas et se rendit rapidement.

En 274, Aurélien célébra son triomphe dans les rues de Rome, son char orné de prisonniers prestigieux comme Zénobie, son fils et Tetricus (par la suite, l’Empereur fut clément envers ses anciens adversaires, et épargna leurs vies.).

En 275, il ne restait qu’une province à récupérer, la Dacie. Cependant, l’Empereur décida de faire évacuer cette région, la jugeant indéfendable (de par sa position au nord du Danube.). Les réfugiés furent alors installés en Mésie.

Grâce à toutes ces victoires, Aurélien reçut les surnoms Germanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus.

 

b) Réformes d’Aurélien : Aurélien, bien qu’étant un soldat, n’eut pas qu’un simple rôle militaire.

Tout d’abord, il tenta d’endiguer la dévaluation de l’antoninien, la monnaie utilisée à Rome à l’époque (en effet, au cours des années précédentes, de nombreux usurpateurs avaient fait frapper leur propre monnaie, ce qui avait entrainé une importante crise monétaire.). Grâce aux métaux précieux rapportés de Palmyre, Aurélien mit en place une monnaie de bronze nommé l’aurélianus, qui subsista pendant quelques dizaines d’années.

Avec le butin de Palmyre, Aurélien érigea à Rome un temple en l’honneur de Sol Invictus, la divinité de sa mère. Il fut aussi crée un collège de prêtres chargés du culte de cette divinité, les Pontifices Solis. Il n’y eut pas de persécutions contre les chrétiens sous son règne.

L’Empereur décida aussi de mettre en place auprès des nécessiteux, en plus des distributions de blé gratuite, des distributions de sel et de porc gratuites.

En Gaule, Aurélien fit reconstruire Genabum, qu’il rebaptisa de son nom : Civitas Aurelianorum (l’actuelle Orléans.).

 

c) La mort d’Aurélien : en 275, Aurélien se trouvait non loin de Byzance, où il se préparait à monter une expédition contre les Perses.

Mnesteus, un affranchi de l’Empereur, avait commis une faute, et avait peur d’être puni par Aurélien (les erreurs étaient souvent punies de mort.). Ce dernier fit alors courir le bruit, auprès des officiers, que l’Empereur s’apprêtait à châtier quelques hauts membres de son armée. Ces derniers décidèrent alors d’assassiner Aurélien.

A sa mort, sa titulature fut la suivante : Imperator Caesar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Gothicus Maximus Carpicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis VI, Consul III, Imperator VI, Pater Patriae.

 

            4° Marcus Claudius Tacite (275 à 276) – L’assassinat d’Aurélien, en 275, laissa un grand vide. En effet, les légions ne surent pas lui trouver de successeur, et décidèrent alors de demander au sénat de désigner un nouvel Empereur. Après moult tergiversations, les sénateurs finirent par choisir l’un des leurs, en septembre 275 : Tacite (de son vrai nom Marcus Claudius Tacitus[8].).

Buste de Tacite, III° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Ce dernier, né vers 200, était originaire d’une famille sénatoriale d’Ombrie. L’on ne sait rien de particulier ni sur sa jeunesse, ni sur sa carrière. Nommé Empereur, Tacite prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Claudius Tacitus Pius Felix Augustus.

 

Dès son accession au pouvoir, Tacite fit diviniser Aurélien (exécutant ses assassins.) et se rendit en Thrace, où il fut reconnu par les légions. Par la suite, il nomma ensuite son frère Florien préfet du prétoire, et nomma le général Probus commandant de l’armée d’Orient. Puis, fin 275, il se rendit en Asie, toujours menacée par les incursions des Goths et des Alains (aujourd’hui, l’on ne sait si Tacite vainquit les barbares ou s’il les paya pour les faire partir.).

Cependant, l’Empereur, déjà âgé, mourut en Cappadoce alors qu’il se trouvait sur le chemin du retour[9].

A sa mort, sa titulature fut la suivante : Imperator Caesar Marcus Claudius Tacitus Pius Felix Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis II, Imperator I, Consul II.

 

            5° Florien (juin à septembre 276) – Suite à la mort de Tacite, ce fut son frère, Florien (de son vrai nom Marcus Annius Florianus.), qui s’empara du pouvoir (il avait été nommé préfet du prétoire par Tacite, lors de l’expédition d’Asie.). Le nouvel Empereur prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Annius Florianus Pius Felix Augustus.

Pièce de monnaie à l'effigie de Florien.

Cependant, Probus, commandant de l’armée d’Orient, avait été acclamé Empereur par ses troupes, suite à la mort de Tacite.

Les deux armées se retrouvèrent donc près de Tarse en Cilicie. Cependant, les soldats de Florien décidèrent d’assassiner ce dernier afin d’éviter le combat.

 

            6° Probus (276 à 282) – Probus (de son vrai nom Marcus Aurelius Probus.) naquit en Pannonie, vers 232. Se tournant très jeune vers le métier des armes, il fut remarqué par Valérien, qui le nomma tribun. Au cours des années suivantes, Probus prit part à de nombreuses campagnes, en Afrique, Egypte, Germanie, Gaule, etc.

Buste de Probus.

En 275, Tacite nomma Probus commandant de l’armée d’Orient. Ferme avec ses soldats, mais néanmoins très apprécié par eux, Probus fut acclamé Empereur par les légions à la mort de Tacite[10].

Néanmoins, Probus dut tout d’abord marcher contre Florien, qui s’était proclamé Empereur à la mort de Tacite, son frère, en 276. Les deux armées se retrouvèrent près de Tarse en Cilicie (mais les soldats de Florien préférèrent assassiner ce dernier afin d’éviter le combat.).

Reconnu par le sénat, Probus prit le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Probus Pius Felix Invictus Augustus.

Probus, excellent chef de guerre, fut un des meilleurs souverains de son époque.

 

a) Expéditions militaires : le nouvel Empereur dut livrer de nombreuses campagnes au cours de son règne, et parvint finalement à mettre un terme aux invasions barbares du III° siècle.

 

En 277, Probus se rendit en Gaule, à cette époque ravagée par les Francs et les Alamans. Alors que ces derniers, gorgés de butin, tentaient de franchir le Rhin afin de rentrer en Germanie, l’armée romaine les intercepta.

L’affrontement fut violent, et les barbares accusèrent de très sévères pertes (400 000 Germains tués et 16 000 incorporés dans l’armée romaine, selon les sources antiques[11].). Par la suite, Probus poursuivit les fuyards, et les contraignit à rendre leur butin amassé en Gaule.

 

Par la suite, en 278, Probus reconquit les Champs Décumates, une zone très stratégique située aux extrémités du Rhin et le Danube. Ceci permit à l’Empereur de réorganiser le limes rhénan, afin de mieux protéger les habitants de Gaule des futures invasions barbares.

 

Toutefois, l’Empereur ne resta pas longtemps inactif. En 279, il se rendit en Rhétie et en Norique, s’attaquant aux Vandales et aux Burgondes ; puis il repoussa les Goths de la frontière Thrace. Probus se rendit ensuite en Isaurie (les actuels Monts Taurus, en Turquie.), une région d’Asie mineure, afin d’y rétablir l’ordre impérial. Enfin, l’Empereur fit la paix avec Varanes II, le roi de Perse ; puis il passa en Egypte afin de s’attaquer aux Blemmyes[12], une tribu qui lançait fréquemment des raids contre cette province.

Représentation moyenâgeuse d'un membre de la tribu des Blemmyes.

 

Rentrant à Rome, Probus gagna les surnoms Gothicus Maximus Germanicus Maximus Persicus Maximus.

 

b) Lutte contre les usurpateurs : cependant, Probus dut faire face à de nombreuses usurpations, qui n’eurent cependant pas autant d’ampleur que celles des années passées.

 

La première eut lieu à Cologne, en 280, contre Gallus Quintus Bonosus.

Ce dernier, qui combattit les Goths aux côtés de Claude II, avait été fait commandant de la flotte du Rhin par l’Empereur Aurélien (cette armada avait pour tâche de protéger les côtes de Bretagne.). Cependant, Bonosus n’avait pu empêcher les Germains d’incendier la flotte du Rhin, au cours de l’année 280[13]. Effrayé par la punition qu’il risquait d’encourir, Bonosus décida alors de se proclamer Empereur.

Très rapidement, Probus envoya les commandants des places fortes avoisinantes se charger du sort de l’usurpateur. En 281, ces derniers parvinrent à l’emporter aisément, et Bonosus, se sachant perdu, décida de se suicider (Probus décida cependant d’épargner la famille de l’usurpateur.).

 

Une autre usurpation eut lieu en 281, en Gaule. Les habitants de Lugdunum (Lyon.) proclamèrent Empereur un riche propriétaire du nom de Proculus. Ce dernier tenta de lever une armée, mais préféra fuir en voyant approcher les légions dépêchées sur place par Probus.

Proculus se rendit alors chez les Francs, mais ces derniers décidèrent de le livrer à l’Empereur, qui fit exécuter l’usurpateur.

 

La dernière usurpation eut lieu la même année en Syrie. Quelques temps auparavant, Caius Julius Saturninus[14], un proche de Probus, avait été nommé gouverneur de cette province. En 281, profitant de l’usurpation de Proculus en Gaule, Saturninus se proclama Empereur à son tour.

Cependant, Probus mit rapidement fin à l’insurrection en Gaule, et put ainsi marcher contre la Syrie. Saturninus fut alors rapidement tué (on ne sait pas exactement s’il fut assassiné par ses propres hommes ou tué par les légions d’Orient, fidèles à Probus.).

 

En 281, Probus fit célébrer son triomphe lorsqu’il revint victorieux à Rome (de fastueux jeux furent alors organisés.)

 

c) Réformes de Probus : la plupart des réformes de Probus eurent comme objectif de favoriser l’agriculture et la colonisation.

Tout d’abord, l’Empereur autorisa l’implantation de colons germains (Francs et Alamans principalement.) sur des terres agricoles dépeuplées le long du Rhin. Ces auxiliaires étaient alors mobilisables à tout moment.

Probus lança aussi de vastes travaux de divers types (voirie, drainage, bonification des terres.).

Enfin, il abolit l’édit de Domitien, qui interdisait la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie (c’est ainsi que commença la production de vin en Hispanie et en Gaule.).

 

Probus faisait participer activement l’armée à cette tâche, ce qui n’était cependant pas au goût de tous (plantation de vignes sur les rives du Rhin et du Danube, assèchement des marais du Danube, etc.).

 

 

d) La mort de Probus : en 282, Probus décida de s’en prendre aux Perses, et confia alors la gestion de l’Occident à Carus, le préfet du prétoire.

Probus fut alors assassiné alors qu’il se trouvait à Sirmium. Les circonstances de la mort de l’Empereur sont cependant assez confuses.

Selon certaines sources, il aurait été tué par des soldats mécontents, après avoir dit que l’armée deviendrait un jour inutile, si la paix régnait partout. Selon d’autres, Probus aurait critiqué l’ouvrage de soldats effectuant des travaux d’assainissement autour de Sirmium, et ces derniers, mécontents, auraient alors tué l’Empereur.

A sa mort, il reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Probus Pius Felix Invictus Augustus Gothicus Maximus Germanicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis VII, Imperator I, Consul V, Pater Patriae.

 

            7° Carus (282 à 283) – Carus (de son vrai nom Marcus Aurelius Carus.) naquit vers 230[15]. Une fois de plus, les sources antiques sont lacunaires quant à la jeunesse et à la carrière de Carus. Nous savons juste qu’il fut proconsul en Cilicie avant d’être nommé préfet du prétoire par Probus en 276.

Pièce de monnaie à l'effigie de Carus.

Acclamé Empereur par les légions à la mort de Probus (282), Carus associa alors ses fils Numérien et Carin au pouvoir, les faisant Césars (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Carus Pius Felix Invictus Augustus.).

 

Carus décida alors de se rendre en Orient avec Numérien, laissant le gouvernement de l’Occident à son autre fils Carin. Passant en Pannonie, l’Empereur écrasa les Quades et les Sarmates ; puis il se rendit en Perse, suivant le plan du défunt Probus.

La campagne fut un grand succès, les Romains parvenant à prendre la Mésopotamie et Ctésiphon, la capitale.

C’est alors que Carus mourut (décembre 283), frappé par la foudre dans sa tente[16], selon les dires d’Arrius Aper, préfet du prétoire et beau père de Numérien.

A sa mort, Carus reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Carus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis II, Imperator I, Consul II.

 

            8° Numérien (283 à 284) & Carin (283 à 285) – A la mort de Carus, ce furent ses deux fils Numérien et Carin qui montèrent sur le trône.

Carin (de son vrai nom Marcus Aurelius Carinus.), l’aîné, naquit vers 250 ; son frère Numérien (de son vrai nom Marcus Aurelius Numerianus.) naquit trois ans plus tard. L’on ne sait rien de ces deux hommes jusqu’à l’accession au trône de leur père, qui les nomma rapidement Césars (les deux hommes étaient déjà âgés d’une trentaine d’années.).

A la mort de leur père, en 283, les deux hommes furent proclamés Empereurs (Carin prit le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Carinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, et Numérien prit le nom d’Imperator Caesar Marcus Aurelius Numerius Numerianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus.).

Lorsque Carus se rendit en Orient pour lutter contre les Perses, il emmena Numérien avec lui, laissant le contrôle de l’Occident à Carin.

 

a) Numérien, à l’Est : Numérien accompagnait son père lors de l’expédition contre les Perses. Cependant, il contracta à cette époque une infection oculaire, devant rester dans sa tente afin de ne pas avoir à souffrir des rayons du soleil.

Buste de Numérien.

 

A la mort de Carus, ce fut donc Arrius Aper, préfet du prétoire et beau père de Numérien, qui prit la direction de l’armée. Cependant, les soldats refusèrent de continuer la lutte, effrayés par la mort étrange de Carus. Finalement, Arrius Aper céda et accepta de battre en retraite.

 

Numérien, quant à lui, resta cloitré dans sa tente tout au long du voyage vers l’Asie. Arrius Aper prétextait que l’Empereur ne pouvait s’exposer à l’extérieur et ne voulait voir que son beau père. Par la suite, alors qu’Arrius Aper faisait transporter Numérien en litière fermée jusqu’à Nicomédie, une odeur de putréfaction se fit sentir. L’Empereur était mort depuis longtemps déjà, et Arrius Aper fut alors accusé de ce meurtre. En novembre 284, les soldats proclamèrent alors Empereur Dioclès, le commandant de la garde impériale. Ce dernier poignarda publiquement Arrius Aper[17].

 

A sa mort, Numérien reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Numerius Numerianus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis III, Imperator I, Consul II.

 

b) Carin, à l’Ouest : Carin, de son côté, mena selon les sources une vie de débauches, se plaisant à célébrer des jeux fastueux.

Buste de Carin.

 

Cependant, cet Empereur eut néanmoins à lutter contre des usurpateurs qui tentèrent de s’emparer du pouvoir.

Le premier d’entre eux fut Julianus, qui s’était proclamé Empereur en Dalmatie. Carin l’affronta et le vainquit sans grande difficulté.

Puis, en 285, Carin eut à affronter un adversaire bien plus dangereux : Dioclès (il s’était entretemps rebaptisé Dioclétien.), qui avait été acclamé Empereur par ses soldats, suite à la mort de Numérien. Les deux armées s’affrontèrent en Mésie, et Carin remporta la victoire. Cependant, ce dernier fut alors assassiné par un de ses soldats, dont l’Empereur aurait séduit la femme.

Ce retournement de situation donna alors le pouvoir à Dioclétien.

 

A sa mort, Carin reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Marcus Aurelius Carinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis III, Imperator I, Consul III.

Carin fut le dernier des Illyriens.

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[1] Certains auteurs antiques estiment sans doute à tort qu’il ne succéda à son frère qu’en septembre, et n’eut qu’un règne de 17 jours.

[2] Les Empereurs avaient placé de nombreuses légions dans les provinces bordant le Danube, ces régions étant fréquemment attaquées par les barbares.

[3] Orose, Histoire contre les païens ; Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine (cliquez sur les liens pour en savoir plus sur cet auteur et son ouvrage.).

[4] A noter que les auteurs de l’Histoire Auguste ne semblent pas être très objectifs sur ce point : en effet, ces derniers eurent le souci de glorifier Claude II et son frère, l’Empereur Constantin (qui régnait lors de l’écriture de l’Histoire Auguste.) proclamant descendre de ces deux personnages.

[5] Voir à ce sujet le a), 2, section IV, chapitre cinquième, histoire de la Rome antique.

[6] Pour en savoir plus sur Zénobie, son fils, et son accession au pouvoir, reportez vous au 2, section V, chapitre cinquième, histoire de la Rome antique.

[7] Pour plus se renseignements sur l’Empire des Gaules et le rôle de Tetricus, voir le 1, section V, chapitre cinquième, histoire de la Rome antique.

[8] Cet Empereur disait descendre de l’historien Tacite (vous pouvez d’ailleurs trouver les ouvrages de l’historien Tacite dans la section Littérature latine du site.).

[9] Certaines sources (Eutrope et Aurelius Victor.) racontent que l’Empereur mourut à cause d’une importante poussée de fièvre ; d’autres (Zosime.) affirment que Tacite fut assassiné par ses soldats.

[10] L’on raconte que Probus invita les assassins de Tacite à un banquet, au cours duquel il les fit égorger par surprise (l’on peut se demander dans quelle mesure cette anecdote est véridique dans la mesure ou la plupart des sources antiques relatent que Tacite mourut malade.).

[11] A noter que le phénomène d’incorporation de barbares dans l’armée romaine commença à prendre de l’ampleur à partir de cette époque.

[12] Les Blemmyes étaient une tribu de numides nomades, située au sud ouest de l’Egypte. Les sources antiques les décrivaient comme des êtres sans tête et sans cou, possédant les yeux et la bouche sur la poitrine.

[13] A noter que l’Histoire Auguste décrit Bonosus comme un grand amateur de vin, ceci expliquant peut être cela…

[14] A ne pas confondre avec Saturninus, un des trente tyrans.

[15] Le lieu de naissance de Carus est incertain. Les sources antiques sont discordantes à ce sujet, relatant qu’il naquit soit en Illyrie, soit en Narbonnaise.

[16] Il est aujourd’hui impossible de déterminer si Carus mourut à cause de cet accident, ou bien s’il fut assassiné.

[17] Un voile de doute plane au dessus des décès de Carus et de Numérien. Arrius Aper porte il seul la responsabilité de ces deux décès ? Quelle est la part de responsabilité de Dioclès dans ces meurtres, vu qu’il fit en sorte d’empêcher Arrius Aper de parler ? Les deux hommes étaient ils complices ? Cela est impossible à déterminer aujourd’hui.

 
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