Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE TROISIÈME : La république romaine (VI° - I° siècle avant Jésus Christ)

 

II: Rome à la conquête de l'Italie

           

 

A partir des années 350 avant Jésus Christ, Rome, s’étant assuré de la soumission de ses cités voisines, commença à vouloir étendre sa sphère d’influence sur l’ensemble de l’Italie.

 

1° La première guerre samnite (343 à 341 avant Jésus Christ) – En 354 avant Jésus Christ, les romains s’allièrent au Samnites, un peuple installé dans les montagnes à l’est du territoire latin (leur territoire, le Samnium, correspondait à peu près aux actuelles régions de Campanie et de Molise). En fait, il s’agissait pour les deux partis de se porter secours mutuellement en cas d’attaque gauloise  (en effet, au cours des années précédentes, Rome avait dû se battre contre ces envahisseurs à plusieurs reprises.).

Cependant, l’alliance entre les deux peuples ne dura pas longtemps. Aujourd’hui, l’on ne connaît pas exactement les raisons qui entraînèrent la rupture. Selon Tite Live, Rome voulut défendre Capoue, menacée par les Samnites ; ou peut être que les Romains décidèrent de faire main basse sur la Campanie, territoire que les Samnites convoitaient. Quoi qu’il en soit, la première guerre samnite éclata en 343 avant Jésus Christ.    

Ce premier conflit fut aussi le plus bref. En 343 avant Jésus Christ, le tribun militaire Publius Decius Mus fut chargé par le sénat de s’occuper du conflit. Deux ans plus tard, il parvint à vaincre les Samnites, mais ne put mener à terme l’expédition contre le Samnium, les cités latines s’étant révoltées.

Decius Mus décida alors de s’attaquer aux rebelles, et les deux armées s’affrontèrent au cours de la bataille de Veseris : Decius Mus, après s’être dévoué aux dieux des Enfers, lança une charge contre les latins, au cours de laquelle il perdit la vie.

Victoire et Décès de Decius Mus, par REUBENS, 1617.

Finalement, en 338 avant Jésus Christ, Rome finit par faire plier les latins. Le sénat décida d’accorder la citoyenneté romaine aux latins (sans toutefois leur accorder le droit de vote.), mais néanmoins supprima la ligue latine.

La première guerre samnite ne fut qu’une demi victoire pour les Romains, ces derniers ayant dû mettre fin au conflit prématurément. Cependant, suite à ce conflit, Rome obtint l’alliance de Capoue, qui était une cité prospère.

 

            2° La deuxième guerre samnite (327 à 304 avant Jésus Christ) – Suite à ce premier conflit contre les Samnites, les Romains s’assurèrent de leur domination dans le latium, et mirent fin aux prétentions gauloises en Italie (Rome livra une nouvelle guerre contre eux, entre 332 et 329 avant Jésus Christ, à l’issue de laquelle le sénat imposa une paix de 30 ans aux Gaulois.). Par la suite, les Romains établirent deux colonies en territoire samnite, Cales (en 337 avant Jésus Christ.) et Fregellae (en 328 avant Jésus Christ.). C’est la fondation de cette dernière qui déclencha la deuxième guerre samnite.

Ce second conflit entre Rome et le Samnium fut aussi le plus long. Les Romains, voyant le mécontentement grandir chez les Samnites, décidèrent d’attaquer, en 327 avant Jésus Christ. Dans les premiers mois de la guerre, les Romains eurent l’avantage (ils reçurent l’aide de Naples, qui chassa la garnison samnite installée en ses murs.).

Cependant, après plusieurs années de guerres sur la frontière, les consuls romains décidèrent de porter les opérations en plein cœur du Samnium (en 321 avant Jésus Christ.). Cette même année, l’armée s’engagea dans un étroit défilé (nommé les fourches caudines.), situé entre deux montagnes. Ils furent alors surpris par les Samnites, menés par le général Caius Pontius, qui profitèrent du fait que les Romains soient à découvert. Encerclés, ces derniers durent se rendre, et passèrent ensuite sous le joug des Samnites[1].

Cet épisode fut ressenti à Rome comme une profonde humiliation. D’ailleurs, le conflit contre les Samnites ne reprit qu’en 316 avant Jésus Christ. Cependant, une trêve fut signée peu de temps après (à l’avantage des Samnites toutefois.). Les Romains profitèrent alors de cette accalmie pour renforcer leur position en Campanie (Rome s’empara de Capoue.), puis s’allièrent avec les Apuliens.

Une fois prêts, en 314 avant Jésus Christ, les Romains décidèrent de repartir en campagne. Seulement, les Samnites aussi avaient su mettre à profit cette période de paix. En effet, ils s’étaient alliés avec les Etrusques, les Ombriens, les Aurunces, les Marses, et même avec quelques tribus Gauloises.

Rome se trouvait à cette époque dans une situation périlleuse. Cependant, les Romains parvinrent à renverser le rapport de force en éliminant un à un les alliés des Samnites.

Tout d’abord, Rome s’attaqua aux Aurunces, en 314 avant Jésus Christ. Puis, en 310 avant Jésus Christ, le consul Quintus Fabius Maximus Rullianus parvint à soumettre les Etrusques. En 306 avant Jésus Christ, ce fut le tour des Herniques d’être battus par les Romains. Enfin, Rome s’attaqua aux Samnites, qui furent défaits en 305 avant Jésus Christ, suite à la bataille de Bovianum.

Mais la seconde guerre samnite ne s’acheva pas suite à cette victoire. En effet, Rome paracheva son œuvre en s’attaquant à d’autres peuples de moindre importance (Marses, Volsques, Èques, etc.), au cours de l’année 304 avant Jésus Christ.

La seconde guerre samnite s’acheva sur une victoire triomphale de Rome, qui assura ainsi sa domination sur l’ensemble de l’Italie centrale. De nouvelles colonies romaines furent alors fondées dans les nouveaux territoires conquis.

 L'Italie vers 300 avant Jésus Christ.

            3° La troisième guerre samnite (298 à 290 avant Jésus Christ) – Cependant, la paix ne dura qu’un temps. En effet, en 298 avant Jésus Christ, les Samnites reprirent le chemin de la guerre. S’alliant avec les Etrusques et les Ombriens (qui étaient en guerre contre Rome.), les Samnites pénétrèrent en Italie du Nord. Là, ils y rencontrèrent des Gaulois Sénons, avec lesquels ils s’allièrent.

Guerriers samnites (III° siècle avant Jésus Christ).

Ils mirent alors en place un plan d’attaque contre Rome. Samnites et Gaulois décidèrent d’attaquer l’armée romaine, pendant qu’Ombriens et Etrusques attaqueraient leur camp.

Les Romains, qui se retrouvèrent une fois de plus dans une situation critique, surent cependant retourner la situation à leur avantage. Le consul Decius Mus (il portait le même nom que son père, qui était mort au cours de la première guerre samnite[2].) décida de lancer la charge contre les Samnites et les Gaulois ; pendant ce temps, le consul Fabius décida de partir ravager l’Étrurie.

Etrusques et Ombriens décidèrent alors de partir protéger leur territoire, abandonnant leurs alliés. Ainsi, les Romains purent vaincre les Samnites et les Gaulois, au cours de la bataille de Sentinum. Decius Mus mourut au cours de la charge, mais l’ennemi perdit plusieurs milliers d’hommes sur le champ de bataille, capturés ou tués.

Les derniers Samnites, bien que vaincus, refusèrent néanmoins de capituler, et rassemblèrent alors en Aquilonie une armée de plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Le consul Lucius Papirius Cursor se vit alors confier la tâche de mettre fin aux dernières velléités de révolte des Samnites. En 293 avant Jésus Christ, l’armée romaine remporta une nouvelle victoire sur ses ennemis.

Par la suite, les consuls Fabius et Manius Curius Dentatus se chargèrent de mater les restes de l’armée samnite, toujours en lutte contre Rome (Manius Curius Dentatus était connu pour son désintéressement. Un jour, des Samnites vinrent le voir, et lui proposèrent de l’or en échange de ses faveurs. Ce dernier se tourna alors vers ses navets et leur répondit : « Quand on sait se passer d’or, on commande à ceux qui en possèdent. »).

Manius Curius Dentatus préférant ses navets plutôt que l'or des Samnites, par Jacopo AMIGONI, XVIII° siècle.

Finalement, ce n’est qu’en 290 avant Jésus Christ que les derniers rebelles firent soumission à Rome, qui annexa ensuite le Samnium.

Cependant, bien que les Samnites aient fait leur soumission, ils n’hésitèrent pas par la suite à s’allier avec des ennemis de Rome, lorsque l’occasion se fit sentir (par exemple, alliance avec Pyrrhus ou Hannibal.).

           

            Au cours des années qui suivirent la troisième guerre samnite, Rome décida de s’en prendre aux alliés des Samnites. Etrusques, Ombriens et Gaulois furent vaincus en 283 avant Jésus Christ à la bataille du lac Vadimon.

 

            4° Rome et les cités de Grande Grèce – En 282 avant Jésus Christ, Rome était alors au faîte de sa puissance. Suite aux guerres samnites, elle était parvenue à faire main basse sur tout le centre et le nord de l’Italie. Cependant, durant toute la longueur du conflit, les contacts que les Romains entretenaient avec les cités grecques de Grande Grèce[3] n’avaient pas faibli. Ces dernières, tout comme leurs homologues grecques, étaient indépendantes les unes des autres, partagées entre les citoyens favorables ou opposés à Rome.

En effet, Rome, à cette époque, venait de s’emparer du Samnium, et avaient ainsi les mains libres pour intervenir en Grande Grèce. Cependant, en 303 avant Jésus Christ, les Romains avaient signé un traité avec Tarente, la plus puissante des cités de Grande Grèce. Ce dernier stipulait que Rome n’avait pas le droit de commercer à l’est du cap Lacinium, au large de Crotone (en fait, il leur était interdit de commercer avec la Grèce et les pays de l’Orient.). Ce traité gênait les Romains, qui ne souhaitaient pas voir leur expansion s’arrêter en si bon chemin. Ils commencèrent toutefois à implanter des colonies en Apulie et en Lucanie.

C’est alors que la cité grecque de Thurioi, située en Grande Grèce, mise en danger par les attaques des Lucaniens, fit appel à Rome. Cette dernière était rivale de Tarente, et les Romains acceptèrent donc d’intervenir. Ils installèrent alors une garnison à Rhegium et à Thurioi, et pénétrèrent aussi à Locres et à Crotone. Les Romains s’emparèrent ainsi du détroit de Messine.

Mais la cité de Tarente voyait d’un mauvais œil le fait que Rome commence à prendre pied en Grande Grèce. Ici aussi, la population était divisée sur l’attitude à avoir vis-à-vis des Romains (les aristocrates étaient favorables à l’alliance romaine, les démocrates y étaient opposés.).

C’est alors qu’en 282 avant Jésus Christ, eut lieu un accident qui mit le feu aux poudres. En effet, les Tarentais, qui célébraient des fêtes en l’honneur de Dionysos, virent une dizaine de navires romains dans le golfe de Tarente (ce qui leur était interdit, conformément au traité de 303 avant Jésus Christ.). Les Tarentais décidèrent alors d’armer leur flotte, et engagèrent le combat contre les Romains. Puis, après avoir mis l’ennemi en fuite, les Tarentais décidèrent de continuer le combat, et partirent attaquer Thurioi. Après s’être emparés de la ville, ils portèrent les démocrates, chassant les aristocrates et la garnison romaine qui se trouvait là.

Rome, une fois avertie de la nouvelle, décida alors d’envoyer une ambassade à Tarente. Cependant, les négociations furent un échec : les ambassadeurs romains furent vraisemblablement mal accueillis, et leurs revendications, jugées bien trop excessives (libération des prisonniers romains, remboursement du préjudice subi, retour des citoyens de Thurioi exilés, livraison des auteurs des exactions, etc.), furent repoussées par les Tarentais.

Tarente, en repoussant les proposition des ambassadeurs de Rome, savait pertinemment qu’elle allait au devant d’une guerre qu’elle ne serait pas capable de remporter. La cité fit alors appel au jeune roi d’Epire, Pyrrhus.

 

            5° L’histoire de Pyrrhus – Les souverains d’Epire disaient descendre de Néoptolème (appelé aussi Pyrrhus.), fils d’Achille, qui s’était installé dans cette région suite à la guerre de Troie.

Buste de Pyrrhus, Musée national de la civilisation romaine, Rome.

Le père de Pyrrhus, Eacide, roi d’Epire, avait été tué par ses sujets révoltés. Son fils, alors un enfant, fut recueilli par Glaucias, roi d’Illyrie. Quelques années après, ce dernier rétablit Pyrrhus sur le trône d’Epire. Cependant, il fut peu de temps après dépouillé par son cousin Néoptolème II, et partit se réfugier auprès de Ptolémée, en Egypte.

Par la suite, Ptolémée envoya Pyrrhus en Epire (ce dernier se débarrassa alors de Néoptolème II.), afin qu’il lutte contre Démétrios I° Poliorcète, qui menaçait l’Egypte (il ne remporta cependant pas de grands succès contre lui, et Démétrios finit, plusieurs années plus tard, à s’emparer de toute la Macédoine.).

A la mort de Démétrios, Pyrrhus attaqua la Macédoine, et parvint à en conquérir une bonne partie. Cependant, il en fut rapidement chassé : les soldats macédoniens de Pyrrhus étant plus favorable à un souverain macédonien qu’à un souverain épirote (ils préférèrent donc se tourner vers Lysimaque, roi d’Asie mineure[4].

C’est alors qu’il fut appelé à l’aide par la cité de Tarente.

 

            6° Rome contre Pyrrhus – Les Romains attaquèrent les premiers, sous le commandement du consul Lucius Aemilius Barbula, en 281 avant Jésus Christ. Tarente, bien que s’étant alliée aux Samnites, ne put s’opposer à l’armée romaine, qui s’empara de la ville et la pilla.

Les Tarentais envoyèrent alors une ambassade auprès des Romains, acceptant de négocier une trêve. Les Romains acceptèrent, mais les pourparlers tournèrent court : en effet, les navires de l’avant-garde de Pyrrhus, commandée par Milon (le lieutenant du roi d’Epire.), apparurent alors dans le port de Tarente ; Barbula et ses hommes durent donc s’enfuir.

Bien sûr, Pyrrhus ne venait pas aider les Tarentais sans arrière pensées. Comme nous l’avons vu précédemment, il venait de perdre ses territoires en Macédoine, et se retrouvait donc dans une situation délicate. L’alliance avec Tarente devait lui permettre, une fois les Romains vaincus, de pouvoir s’emparer facilement de la Sicile, puis, par la suite, de revenir en Macédoine, à la tête d’une nouvelle armée.

Les Romains, voyant arriver l’imposante armée de Pyrrhus, décidèrent d’élaborer un plan. Ils divisèrent alors leurs forces en quatre armées, chacune recevant une tâche spécifique. La première armée, sous les ordres du consul Barbula, fut chargée d’empêcher la formation d’une alliance entre Pyrrhus, les Lucaniens et les Samnites. La seconde reçut l’ordre de protéger Rome, au cas où la cité serait attaquée par le roi d’Epire. La troisième armée, sous les ordres du consul Tiberius Coruncanius, fut chargée de s’attaquer aux Etruques, afin qu’ils ne s’allient pas avec Pyrrhus. Enfin, la quatrième armée, sous le commandement du consul Publius Valerius Laevinus, reçut l’ordre d’attaquer Tarente et les Lucaniens.

L'Italie du Sud au cours de la guerre contre Pyrrhus.

 

a) La bataille d’Héraclée : en 280 avant Jésus Christ, Pyrrhus, plutôt que de se jeter immédiatement sur Rome, décida au préalable de recevoir l’appui des cités de Grande Grèce. Mais pendant ce temps, Valerius Laevinus et la quatrième armée s’attaquaient au Lucaniens, les empêchant ainsi de rejoindre Pyrrhus.  

Apprenant le plan de Pyrrhus, Valerius Laevinus décida de couper la route du roi d'Epire, afin que ce dernier ne puisse s’allier aux cités de Calabre. Les deux armées se rencontrèrent non loin de la cité d’Héraclée, aux bords du fleuve Siris. L’armée de Pyrrhus s’installa sur la rive gauche, les Romains sur la rive droite. A noter que la veille de la bataille, Pyrrhus envoya des ambassadeurs auprès de Valerius Laevinus, proposant de jouer le rôle d’arbitre dans le conflit opposant les Tarentais et les Romains. Cependant, ces derniers refusèrent.

Les deux armées comptaient chacune environ 30 000 hommes, et Pyrrhus était à la tête d’un contingent probablement numériquement inférieur aux Romains (il avait en effet laissé une partie de ses troupes à Tarente.).

Au petit matin, Pyrrhus préféra attendre que les Romains traversent le fleuve (ses éclaireurs, basés à proximité du fleuve, durent reculer devant l’ennemi.). C’est alors que le roi d’Epire décida d’attaquer la cavalerie romaine, qui avait été la première à franchir le fleuve. Coupés du reste de l’armée, les cavaliers romains durent reculer. Mais le reste de l’armée romaine parvint tant bien que mal à traverser le fleuve, et s’opposa aux troupes de Pyrrhus. La lutte resta indécise jusqu’au moment où le roi d’Epire décida de faire charger ses éléphants de guerre. L’armée romaine fut prise de panique en voyant attaquer ces gigantesques animaux, et les cavaliers grecs en profitèrent pour l’attaquer sur ses flancs.

Assiette représentant des éléphants de guerre, III° siècle avant Jésus Christ, Musée étrusque, Villa Giulia, Italie.

Finalement, les Romains s’enfuirent, laissant Pyrrhus maître du champ de bataille. Les deux armées avaient cependant perdu beaucoup d’hommes, plusieurs milliers selon les sources. Mais Pyrrhus, bien que vainqueur, avait perdu presque autant d’hommes que ses adversaires.

 

Par la suite, Pyrrhus parvint à s’allier aux cités de Grande Grèce. Locres chassa la garnison romaine qui résidait en ses murs ; la garnison de Rhegium décida de s’allier avec le roi d’Epire. Rome ne contrôlait plus aucune cité de la pointe sud de l’Italie. En outre, Pyrrhus reçut des renforts de la part des Lucaniens et des Samnites.

Par la suite, Pyrrhus décida de marcher sur Rome, s’emparant de nombreuses cités sur son passage (il ne parvint cependant pas à prendre Capoue.). Il fut cependant stoppé à environ 30 kilomètres de Rome, par les armées de Barbula et de Laevinus. Pyrrhus, estimant qu’il ne comptait pas suffisamment d’hommes à ses côtés, décida de reculer.

Les Romains ne le pourchassèrent pas, mais envoyèrent une ambassade auprès de lui, afin de négocier la libération des prisonniers romains (capturés suite à la bataille d’Héraclée.). Ce fut le général romain Gaius Fabricius Luscinus qui fut chargé de négocier avec Pyrrhus. Ce dernier, impressionné par le désintéressement de ce dernier, accepta de lui remettre les prisonniers romains. Pyrrhus stipula cependant que si le sénat refusait de payer leur rançon, Fabricius Luscinus devrait les lui renvoyer. Les prisonniers furent alors emmenés à Rome, mais les sénateurs ne voulurent pas payer la rançon (ils refusèrent aussi de faire la paix avec le roi d’Epire, tant ses exigences étaient dures.). Finalement, Conformément à ses engagements, Fabricius Luscinus renvoya les prisonniers à Pyrrhus.  

 

b) La bataille d’Ausculum : cependant, Pyrrhus ne resta pas longtemps inactif. Après avoir reçu l’aide des contingents de Tarente et du Samnium, le roi d’Epire décida de passer à l’attaque. En 279 avant Jésus Christ, il s’opposa à l’armée du consul Publius Decius Mus[5], au cours de la bataille d’Ausculum.

Les deux armées étaient de force équivalente, chacune comptant près de 40 000 hommes. L’affrontement fut long et indécis. Tout comme son père et son grand père avant lui, Decius Mus mourut au cours de la bataille. Et, finalement, après deux jours de combats acharnés, Pyrrhus se retrouva une nouvelle fois maître du champ de bataille (il perdit 3 000 hommes, contre 6 000 du côté Romain[6].).

 

c) La bataille de Bénévent : suite à la bataille d’Ausculum, Pyrrhus, plutôt que de marcher sur Rome, décida de se rendre en Sicile (Rome et Carthage signèrent au même moment un traité d’alliance, les deux cités étant menacées par le roi d’Epire.).

Au cours de l’année 278 avant Jésus Christ, Pyrrhus s’empara sans coup férir de la quasi-totalité des villes de l’île. Mais en 276 avant Jésus Christ, le roi d’Epire dut quitter la Sicile, ses habitants s’étant révoltés à cause de la hausse des impôts.

Pyrrhus revint alors en Italie, et chercha à affronter les Romains une nouvelle fois. Ayant subi beaucoup de pertes (batailles d’Héraclée, de Bénévent, affrontements en Sicile, etc.), il cherchait à mettre fin à ce conflit qui durait alors depuis plus de cinq ans.

En 275 avant Jésus Christ, le roi d’Epire rencontra l’armée romaine, commandée par Manius Curius Dentatus, près de Maleventum.

Dès le début de la bataille, les Romains tirèrent des flèches enflammées en direction des éléphants de guerre, ce qui parvint à effrayer ces derniers (ils causèrent ainsi de grands dommages à l’infanterie de Pyrrhus.). En outre, le terrain étant escarpé, le roi d’Epire ne put employer son infanterie lourde convenablement. Pyrrhus décida alors de prendre la fuite.

Suite à cette bataille, les Romains renommèrent ce lieu Beneventum (Maleventum signifiant ‘mauvais présage’, Beneventum signifiant ‘bon présage’.).

 

d) Les dernières années de guerre : Pyrrhus décida donc de retourner en Épire, mais laissa néanmoins une garnison à Tarente (commandée par Hélénos, son fils, et par Milon.).  

Le consul Lucius Cornelius Lentulus vainquit les Samnites et les Lucaniens, puis les Romains s’emparèrent de nombreuses cités de Grande Grèce. Rome décida alors d’assiéger Tarente, qui reçut alors l’aide des Carthaginois (qui rompirent le traité passé avec Rome en 279 avant Jésus Christ.). En 274, Pyrrhus rapatria son fils en Épire, mais Milon choisit de se battre jusqu’au bout. Finalement, le consul Lucius Papirius Cursor s’empara de la ville, en 272 avant Jésus Christ.

 

Suite à ce conflit, Rome se retrouva encore plus puissante qu’auparavant, s’assurant désormais du contrôle quasi-complet de la pointe sud de l’Italie. La voie vers la Grèce et vers l’Orient était dès lors ouverte.

En outre, Rome assura une nouvelles fois sa prééminence par divers moyens : fondation de colonies en pays samnite (268 avant Jésus Christ.) ; prise et destruction de la cité étrusque de Volsinies (265 avant Jésus Christ.) ; prise de Brindisi (267 avant Jésus Christ.), achevant la conquête de l’Italie du sud ; annexion des villes étrusques situées au sud de l’Arno (264 avant Jésus Christ.).

En ce qui concerne l’évolution des techniques militaires, le philosophe Nietzsche disait ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Cette citation est parfaitement adaptée ici. Les Romains commencèrent en employer le pilum, une arme d’origine samnite (il s’agissait d’un manche en bois d’un peu plus d’un mètre, surmonté par une pointe en fer d’une vingtaine de centimètres.). Les batailles contre Pyrrhus et ses éléphants apprirent aux manipules à gagner en mobilité (une manipule était un groupement de 100 à 200 soldats romains.) ; en outre, les légionnaires prirent l’habitude de fortifier leur camp à chaque étape.

 

            7° Rome après la conquête – Après la guerre contre Pyrrhus, Rome se trouva à la tête d’un territoire s’étendant sur la totalité de la botte italienne. Cependant, il est important de noter que les Romains ne traitaient pas chaque cité conquise de la même manière.

En fait, Rome passait avec chaque cité (ou chaque peuple.) un foedus différent. A noter que ce terme provient du nom de la déesse Fides, garante de la parole donnée et de la bonne foi (Cette dernière était souvent représentée de manière symbolique, la plupart du temps par une main couverte d’un voile, ou par une poignée de main.).

Pièces de monnaie représentant la Fides, frappées vers 70 avant Jésus Christ.

Chaque foedus était contracté à l’extérieur des habitations, car les Romains pensaient que les dieux ne voyaient pas à travers la pierre. Ceux qui signaient donc ce contrat avec Rome en devenaient les fédérés.

Les cités les plus mal loties étaient celles qui avaient été soumises par la force, et payaient un tribut à Rome (les Romains pouvaient se montrer impitoyables envers les cités qui leur résistaient.).

Le statut supérieur était celui de civitas, qui signifie ‘cité étrangère’. Il s’agissait là de villes alliées à Rome.

Par la suite, les civitas pouvaient accéder à un ‘échelon’ supérieur, celui de municipium (francisé en ‘municipe’.). Ce statut était cependant généralement réservé aux villes proches de Rome, et exigeait un peuplement romain, ainsi que l’utilisation courante du latin (c’est d’ailleurs en répandant l’usage du latin que la botte italienne fut romanisée, suite aux guerres samnites et à la guerre contre Pyrrhus. Souvent, cette romanisation était l’œuvre des élites de la cité.). Les habitants des municipes étaient citoyens romains, mais ne disposaient pas du droit de vote à Rome.

Enfin, le dernier statut était celui de colonia. Il pouvait s’agir de colonies fondées par les Romains en territoire soumis (dans la plupart des cas.), mais il pouvait aussi s’agir de cités obtenant le statut de colonie honoraire. Dans ce cas, les habitants étaient citoyens romains, et bénéficiaient du droit de vote à Rome.

Il faut cependant noter que les cités conservaient leur autonomie, et n’étaient pas enfermées ad vitam aeternam dans un statut particulier. Si ces dernières faisaient l’effort de se ‘romaniser’ (utilisation du latin, du droit latin, intégration de citoyens romains dans la cité, etc.), elles pouvaient accéder à un statut supérieur.

D’un point de vue militaire, les cités fédérées fournissaient des troupes auxiliaires à Rome, qui, en échange, assurait la protection de ces dernières. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour Rome de faire de nouvelles conquêtes, sur lesquelles nous reviendrons plus tard (intervention en Grèce contre la Macédoine, etc.). En contrepartie, les cités fédérées devaient obligatoirement épauler Rome, que ce soit au cours d’une guerre de conquête ou de défense du territoire.

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[1] On appelait le joug un javelot placé horizontalement sur deux autres plantés dans le sol. Ensuite, les ennemis vaincus devaient passer dessous, en signe de soumission. Le vainqueur pouvait se moquer de son adversaire, lui cracher dessus, etc. L’objectif du joug était donc d’humilier profondément le vaincu.

[2] Pour en savoir plus sur la mort de Decius Mus (premier du nom.), vous pouvez vous reporter au 1, section II, chapitre troisième, histoire de la Rome antique.

[3] On appelait « Grande Grèce » l’Italie du sud. En effet, cette région avait été colonisée par les Grecs, au cours des siècles précedents.

[4] Nous avons parlé de Pyrrhus à plusieurs reprises dans les sections V et VI, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique. Par ailleurs, les conflits entre les successeurs d’Alexandre étant nombreux et complexes, je vous invite à vous reporter au chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique, si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet.

[5] Pour en savoir plus sur les précédents Decius Mus, voir le 1 et 3, section II, chapitre troisième, histoire de la Rome antique.

[6] C’est en souvenir de cette bataille (et aussi de la bataille d’Héraclée.) que l’on appela « victoire à la Pyrrhus » tout succès trop chèrement acquis…

 
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