Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Histoire romaine, par Dion Cassius

Fragments des livres VI à XXXVI

5 - Expédition de Lucullus contre Tigrane et contre Mithridate

 

An de Rome 685

CCCXXX.

 

1. ... {lacune} Tigrane confia le commandement de l'armée à Mithridate ; parce qu'il avait éprouvé la bonne et la mauvaise fortune : souvent vaincu, non moins souvent vainqueur, Mithridate était, par cela même, regardé comme plus habile dans l'art de la guerre.  Ils firent donc leurs préparatifs, comme si la guerre commençait alors, et ils envoyèrent des ambassadeurs à plusieurs rois des pays voisins et au Parthe Arsace ; quoiqu'il fut en mésintelligence avec Tigrane, à cause d'une contrée dont celui-ci lui disputait la possession. Ils la lui abandonnèrent et cherchèrent à lui rendre les Romains suspects, en répétant qu'après avoir triomphé de Tigrane et de Mithridate, livrés à leurs propres forces, ils tourneraient aussitôt leurs armes contre lui ; car un vainqueur, naturellement insatiable dans la bonne fortune, ne met aucune borne à son ambition ; et les Romains, par cela même qu'ils avaient déjà subjugué plusieurs peuples, ne consentiraient point à respecter son indépendance.

[Lucullus disait qu'il aimerait mieux arracher au danger un seul Romain, que de s'emparer, même sans combat, de tous les biens des ennemis.]

 

Prise de Tigranocerta par Lucullus

 

2. Telles étaient les mesures prises par ces cieux Rois. Cependant Lucullus, au lieu de poursuivre Tigrane, lui laissa le temps de s'éloigner tout à son aise. Aussi à Rome, comme ailleurs, chacun l'accusa-t-il de n'avoir point voulu terminer la guerre, afin de rester plus longtemps à la tête de l'armée. Le commandement eu Asie fut donc confié de nouveau aux préteurs. Plus tard , Lucullus parut avoir fait encore la même faute, et fut remplacé par le consul de l'année. Cependant les étrangers établis à Tigranocerta, s'étant révoltés contre les Arméniens, Lucullus s'empara de cette ville : c'étaient, pour la plupart, des Ciliciens qu'on y avait transférés. Ils introduisirent les Romains pendant la nuit : aussi leurs biens furent-ils respectés, tandis qu'on livra tout le reste au pillage. Les femmes de la plupart des citoyens les plus distingués furent prises ; mais Lucullus les mit à l'abri des outrages et se concilia ainsi l'affection de leurs maris.

A la même époque, Lucius Lucullus, après avoir vaincu les rois d'Asie, Mithridate et l'Arménien Tigrane, et les avoir forcés à faire retraite, assiégea Tigranocerta. Les barbares lui firent beaucoup de mal avec leurs traits et avec la naphthe qu'ils versaient sur ses machines de guerre. C'est une matière bitumineuse, tellement inflammable qu'elle consume tout ce qu'elle touche, et qu'on ne peut facilement l'éteindre avec aucune espèce de liquide. Le dommage essuyé par les Romains rendit la confiance à Tigrane : il s'avança contre Lucullus avec des forces considérables et s'écria, dit-on, pour se moquer de l'armée qui assiégeait Tigranocerta : « Ils sont trop peu nombreux, s'ils veulent faire la guerre, et trop nombreux, s'ils viennent en ambassade. » Mais sa joie ne fut pas de longue durée : il apprit bientôt combien la valeur et l'art l'emportent sur le grand nombre. Il prit la fuite; et les soldats romains ayant trouvé sa tiare et la bandelette qui l'entourait, les remirent à Lucullus. Tigrane dans la crainte que ces ornements ne le fissent reconnaître et ne missent sa liberté en danger, s'en était dé pouillé et les avait jetés loin de lui. Lucullus s'empara ensuite de Tigranocerta, qu'il livra au pillage; mais il mit les femmes à l'abri de tous les outrages et gagne ainsi l'amitié de leurs maris qui fuyaient avec Tigrane.
Il fit alliance avec Antiochus, roi de la Commagène contrée de la Syrie qui touche à l'Euphrate et au Taurus ; avec Alchaudonius, souverain d'un petit royaume de l'Arabie, et avec d'autres princes qui lui avaient fait demander la paix.

 

Une partie de l'Arménie est soumise aux Romains

 

3. Instruit par eux que Tigrane et Mithridate avaient envoyé une ambassade à Arsace, Lucullus lui députa quelques-uns de ses alliés pour lui faire des menaces, s'il secourait Tigrane et Mithridate, ou des promesses, s'il embrassait le parti des Romains. Arsace, encore aigri contre Tigrane et n'ayant alors aucun soupçon contre les Romains, envoya de son côté une ambassade à Lucullus et fit paix et alliance avec lui ; mais Sécilius s'étant rendu plus tard auprès d'Arsace, ce roi supposa qu'il était venu pour observer secrètement l'état de son armée et du pays : à son avis, c'était dans ce but, et non pour une convention déjà conclue, qu'un homme aussi distingué par ses talents militaires avait été envoyé auprès de lui. II ne fournit donc aucun secours à personne; mais il ne prit pas non plus une attitude hostile, et resta neutre. Apparemment il ne voulut augmenter ni les forces des Romains ni celles de leurs ennemis; persuadé que, s'ils se faisaient la guerre avec des chances égales, il serait, par cela même, à l'abri de tous les dangers. Voilà ce que fit Lucullus, cette année, et il soumit une grande partie de l'Arménie à la domination des Romains.

 

An de Rome 680
Q. Marcius Rex Consul.

Exploits de Lucullus et prise de Nisibis

 

4. Quintus Marcius était seul consul, quoiqu'il n'en pas été élu seul ; mais Lucius Métellus, son collègue, était mort au commencement de l'année ; le consul, qui avait été substitué à Métellus, mourut avant d'être entré dans l'exercice de ses fonctions, et aucun autre ne fut nomm à sa place. Cette année, Lucullus se mit en campagne au milieu de l'été ; car le froid ne lui avait point permi d'envahir le territoire ennemi pendant le printemps. Il en ravagea une partie, afin d'amener les barbares à le défendre et de les attirer ainsi au combat ; mais ils ne bougèrent pas davantage, et Lucullus fondit sur eux.

 

5. La cavalerie ennemie fit alors beaucoup de mal la cavalerie des Romains ; mais les barbares n'en vinrent pas aux mains avec l'infanterie : ils prirent même la fuite aussitôt que Lucullus vint au secours de sa cavalerie avec les soldats qui étaient armés de boucliers. Cependant ils n'éprouvèrent point de grandes pertes : bien au contraire, lançant leurs flèches en arrière contre ceux qui les poursuivaient, ils en tuèrent plusieurs sur-le-champ et en blessèrent un très grand nombre. Ces blessures étaient dangereuses et difficiles à guérir ; parce que les flèches des Parthes se terminaient par deux pointes en fer, disposées de telle manière qu'elles donnaient une mort prompte, soit qu'on laissât le trait dans la blessure, soit qu'on l'en retirât ; car la plus petite de ces pointes, ne pouvant être ramenée en sens contraire, sans se briser, restait dans le corps qui avait été atteint.

 

6. Beaucoup de soldats romains étaient donc blessés ; d'autres mouraient ou perdaient quelque membre : en même temps les vivres commençaient à manquer. Dans cette situation, Lucullus leva le camp et se dirigea en toute hâte vers Nisibis, ville située dans la Mésopotamie c'est ainsi qu'on appelle tout le pays qui s'étend entre le Tigre et l'Euphrate. Elle nous appartient aujourd'hui et jouit de tous les droits de colonie romaine : à cette époque Tigrane, après l'avoir enlevée aux Parthes, y avait déposé ses trésors avec beaucoup d'autres objets, et l'avait mise sous la garde de son frère. Arrivé près de cette ville, Lucullus ne put s'en emparer pendant le reste de l'été, quoiqu'il dit poussé l'attaque avec vigueur; car elle était défendue par une double enceinte de remparts en briques, très larges, séparés par un fossé profond, et qu'on ne pouvait renverser avec le bélier, ni détruire par la sape. Aussi Tigrane ne songea-t-il pas à la secourir.

 

7. Cependant l'hiver approchait : les barbares, se regardant comme- vainqueurs et espérant que les Romains ne tarderaient pas à s'éloigner, se relâchèrent. Lucullus, épiant le moment favorable, profita d'une nuit qui n'était pas éclairée par la lune, et pendant laquelle des torrents de pluie tombaient au milieu des éclats du tonnerre. Les barbares, ne pouvant rien voir ni rien entendre, abandonnèrent, à l'exception d'un petit nombre, l'enceinte extérieure et le fossé qui la séparaft des remparts de l'intérieur. Lucullus donna l'assaut sur plusieurs points, s'élança sans peine du haut des levées sur cette enceinte, et massacra facilement les gardes qu'on y avait laissés en trop petit nombre ; puis, comme les flèches et le feu ne pouvaient lui faire du mal, au milieu d'une pluie abondante, il combla une partie du fossé (car les barbares avaient détruit les ponts avant de s'éloigner). Lorsqu'il eut franchi ce fossé, les remparts de l'intérieur n'étant pas très forts, parce que l'on comptait sur l'enceinte extérieure, Lucullus fut bientôt maître de la ville même. Il força ceux qui s'étaient retirés dans la citadelle, et dans ce nombre se trouvait le frère de Tigrane, à faire leur soumission. Des trésors considérables tombèrent au pouvoir du général romain, qui établit là ses quartiers d'hiver.

Pertes éprouvées par Lucullus

 

8. C'est ainsi que Lucullus s'empara de Nisibis ; mais il perdit plusieurs parties, de l'Arménie et des pays voisins du Pont. Tigrane n'avait point secouru Nisibis, comme si elle avait été imprenable ; mais il se dirigea en toute hâte vers les contrées dont je viens de parler, pour tenter de les reprendre, en devançant le général romain, occupé au siège de Nisibis. Il ordonna à Mithridate de rentrer dans ses États, et se rendit de son côté dans son royaume d'Arménie. Là, il enveloppa L. Fannius, qui combattait contre lui, et le tint cerné jusqu'au moment où Lucullus, instruit de la position de Fannius, vint à son secours.

 

M. Fabius est battu par Mithridate

 

9. Sur ces entrefaites, Mithridate se jette dans la petite Arménie et dans les pays limitrophes. Il tombe à l'improviste sur les Romains, qui erraient çà et là, et en tue un grand nombre. II en massacre d'autres en bataille rangée et recouvre ainsi, en peu de temps, la plus grande partie de ces contrées. Les habitants, pleins de dévouement pour lui, parce qu'il était né au milieu d'eux, et parce qu'ils avaient eu ses ancêtres pour rois, détestaient les Romains, à cause de leur qualité d'étrangers et des mauvais traitements que faisaient subir aux indigènes les gouverneurs qui leur étaient imposés. Ils se déclarèrent donc pour Mithridate et vainquirent ensuite Marcus Fabius, chef de l'armée romaine dans ce pays. Les Thraces, qui avaient été auparavant à la solde de Mithridate et qui servaient alors sous les ordres de ce général, les secondèrent puissamment, ainsi que les esclaves qui se trouvaient dans l'armée romaine. Et en effet, les Thraces, envoyés en reconnaissance par Fabius, ne lui ayant donné aucun renseignement exact, il s'avança imprudemment ; et Mithridate l'ayant attaqué à l'improviste, ils se jetèrent avec lui sur les Romains : en même temps, les esclaves, à qui le roi barbare, avait promis la liberté, prirent part à cette attaqué. La perte de Fabius eût été certaine, si Mithridate, poussé par son ardeur au milieu des ennemis (il combattait encore, quoiqu'il fût âgé de plus de soixante et dix ans) et frappé d'un coup de pierre, n'avait inspiré aux barbares des craintes pour ses jours. Troublés par cet événement, ils cessèrent de combattre, et Fabius put se réfugier dans un lieu sûr avec son armée.

 

Assiégé dans Cabira, il est sauvé par Triarius

 

10. Ensuite Fabius, enfermé et assiégé dans Cabira, fut délivré par Triarius, qui passa par cette ville, en se rendant de l'Asie auprès de Lucullus. Instruit de ce qui était arrivé, il forma un corps, aussi nombreux qu'il put , avec les soldats qui étaient là. Il effraya Mithridate, comme s'il avait eu avec lui toute l'armée romaine, et lui fit ainsi lever le camp, même avant d'être en sa présence. Enhardi parce succès, Triarius poursuivit le roi dans sa fuite jusqu'à Comana, où il remporta une victoire. Mithridate était campé sur le côté du fleuve opposé à la route que suivaient les Romains : résolu à les attaquer, lorsqu'ils seraient encore fatigués de la marche, il alla lui-même à leur rencontre, et ordonna au reste de son armée de s'avancer par un autre pont et de tomber sur l'ennemi dans le moment décisif. Mithridate soutint longtemps la lutte avec avantage ; mais le pont s'étant rompu sous le poids des soldats qui s'y pressaient en toute hâte pour le traverser ensemble, cet accident priva le roi du secours qu'il attendait et fit s échouer ses plans : ensuite, comme l'hiver régnait déjà, Triarius et Mithridate se retirèrent dans leurs forts, et s'y tinrent tranquilles.

 

An de Rome 686.
Q. Marcius Rex Consul.

Détails sur les deux Comana

 

11. Comana est située dans la contrée appelée aujourd'hui la Cappadoce : elle passait pour avoir eu jusqu'à ce jour en sa possession la statue de Diane de Tauride et la famille d'Agamemnon. Comment y vinrent-elles, comment y sont-elles restées ; c'est ce qu'il m'a impossible de découvrir clairement, au milieu de mille traditions diverses : je rapporterai donc ce que je sais avec certitude. Il y a en Cappadoce deux villes de ce nom, peu éloignées l'un de l'autre et qui se vantent de posséder les mêmes antiquités. On y raconte les mêmes fables, on y montre les mêmes objets, et chacune prétend avoir le glaive qui a réellement appartenu à Iphigénie ; mais c'est assez sur ce sujet.

 

An de Rome 687.
M'. Acilius et C. Pison Consuls.

Triarius à Gaziura ; les Romains essuient de grandes pertes

 

12. L'année suivante, sous le consulat de M. Acilius et de C. Pison, Mithridate campa en face de Triarius, auprès de Gaziura. Il l'irrita, et le provoqua au combat, par tous les moyens; mais surtout eu s'exerçant lui-même et en exerçant ses soldats sous les yeux des Romains. Il voulait en venir aux mains avec Triarius avant l'arrivée de Lucullus, dans l'espoir de le vaincre et de recouvrer le reste de ses États ; mais Triarius n'ayant pas bougé, Mithridate envoya un détachement de son armée assiéger le fort Dadasa, où les Romains avaient déposé leurs bagages. Il espérait amener Triarius à un engagement par la nécessité de le défendre : c'est ce qui arriva. Triarius, redoutant les forces de Mithridate et attendant Lucullus qu'il avait appelé à son secours, s'était tenu tranquille jusqu'alors; mais quand il apprit le siège de Dadasa, comme ses soldats, qui craignaient pour cette place, s'agitaient et menaçaient, s'ils n'avaient point de chef pour les conduire, de voler à la défense de Dadasa, sans attendre les ordres de personne, il se mit en marche malgré lui. Déjà il en approchait, lorsque les barbares fondent sur lui, enveloppent les Romains qui se trouvent sur leur passage et les taillent en pièces : quant à ceux qui avaient fui dans la plaine, parce qu'ils ignoraient qu'on y avait amené les eaux du fleuve, en détournant son cours, les barbares les pressent aussi de toutes parts et en font un grand carnage.

 

13. Ils les auraient massacrés jusqu'au dernier, si un soldat romain, prétendant qu'il faisait partie des corps auxiliaires (car Mithridate, ainsi que je l'ai déjà dit, en avait plusieurs dans son armée, à l'instar des Romains), ne se fût approché du roi, comme s'il avait eu quelque chose à lui confier et ne l'eût bléssé. Il fut bien arrêté et mis à mort ; mais, à la faveur du trouble que cet événement causa parmi les barbares, beaucoup de Romains prirent la fuite. Aussitôt que sa blessure fut guérie, Mithridate soupçonnant qu'il pouvait y avoir encore d'autres ennemis dans son armée, la passa en revue, sous un tout autre motif, et ordonna à ses soldats de rentrer sur-le-champ, chacun dans leur tente. Il surprit ainsi dans leurs rangs plusieurs Romains, qui se trouvèrent isolés, et les fit mettre à mort.

 

Révoltes de l'armée de Lucullus

 

14. Sur ces entrefaites arriva Lucullus : on pensait qu'il lui serait facile de vaincre Mithridate lui-même et de recouvrer en peu de temps tout ce que les Romains avaient perdu ; mais il ne fit rien de ce qu'on espérait. Mithridate, qui s'était posté sur une hauteur voisine de Talaura, ne marcha pas contre lui ; mais un autre Mithridate, venu de la Médie et gendre de Tigrane, fondit inopinément sur les Romains, dispersés çà et là, et en fit un grand carnage. En même temps, le bruit de l'arrivée de Tigrane se répandit, et une sédition éclata dans l'armée romaine. Les soldats Valériens, qui avaient repris du service après avoir reçu leur congé, s'étaient déjà révoltés à Nisibis , à la suite de la victoire, du repos, de l'abondance, et parce qu'ils étaient souvent séparés de Lucullus, qui voyageait sans cesse de divers côtés : un certain Publius Clodius (quelques-uns l'ont appelé Claudius), entraîné par l'amour des changements, les poussait surtout au désordre, quoique sa soeur eût épousé Lucullus. La principale cause des troubles qui éclatèrent alors fut la nouvelle de la prochaine arrivée du consul Acilius, nommé à la place de Lucullus, pour les raisons que j'ai fait connaître. A leurs yeux, Lucullus n'était plus qu'un simple particulier, et ils n'avaient aucune déférence pour lui.

 

15. Dans cette situation, Lucullus, n'ayant pu obtenir le secours qu'il avait demandé à Marcius, qui fut consul avant Acilius et qui se rendait dans la Cilicie pour en prendre le gouvernement, fut en proie à une grande perplexité. Craignant de faire en vain un mouvement, et n'osant rester en repos, il s'avança contre Tigrane dans l'espoir de le surprendre par une attaque inattendue, lorsqu'il serait encore fatigué de la marche, et d'apaiser ainsi la sédition de l'armée ; mais il n'atteignit ni l'un ni l'autre but. Ses soldats le suivirent jusqu'au chemin qui conduit en Cappadoce : arrivés là, par un accord unanime et sans proférer une parole, ils se dirigèrent tous vers ce pays. Quant aux Valériens, informés que les magistrats de Rome leur avaient accordé leur congé, ils abandonnèrent tout à fait les drapeaux.

 

Caractère de Lucullus

 

16. Qu'on ne s'étonne point que Lucullus, qui fut un général très habile ; qui, le premier des Romains, franchit le Taurus avec une armée, pour porter la guerre dans ces contrées ; qui vainquit deux rois puissants et les aurait faits prisonniers, s'il eût voulu terminer promptement la guerre ; qui enfin pénétra bien avant en Asie, ne put jamais être maître de son armée. Si, après avoir été agitée par de continuelles révoltes, elle finit par l'abandonner, c'est qu'il lui donnait ordres sur ordres : d'un accès difficile, exigeant rigoureusement que chacun remplît son devoir, punissant avec une sévérité inflexible, il ne savait ni subjuguer les coeurs par ses paroles, ni les gagner par la douceur, ni se les attacher par les honneurs ou par des largesses ; moyens qu'il faut toujours employer auprès de la multitude, et surtout auprès d'une armée. Aussi, ses soldats se montrèrent-ils dociles, tant qu'ils eurent des succès, tant que le butin compensa les dangers ; mais lorsque arrivèrent les revers, lorsque la crainte eut remplacé l'espérance, ils n'eurent plus aucun égard pour lui. Ce qui le prouve, c'est que ces mêmes soldats, sous les ordres de Pompée (car il enrôla de nouveau les Valériens), ne songèrent pas même à se révolter ; tant un homme l'emporte sur un autre homme !

 

Mithridate profite des révoltes de l'armée romaine pour recouvrer son royaume

 

17. Tel était l'état de l'armée romaine : Mithridate en profita pour recouvrer à peu près tout son royaume et pour commettre de grands ravages dans la Cappadoce que ne défendaient ni Lucullus, sous le prétexte de la prochaine arrivée d'Acilius, ni Acilius lui-même. Celui-ci avait d'abord fait diligence, dans l'espoir d'enlever la victoire à Lucullus ; mais il s'arrêta en Bithynie, au lieu de rejoindre l'armée, lorsqu'il eut appris les événements. Quant à Marcius, il ne secourut point Lucullus; prétendant que ses soldats avaient refusé de le suivre ; mais, arrivé en Cilicie, il accepta les services d'un certain Ménémaque, qui avait abandonné Tigrane. En même temps, il confia le commandement de la flotte à Clodius, dont il avait aussi épousé une soeur, et qui, par crainte de ce qui s'était passé à Nisibis, avait abandonné Lucullus. Ce Clodius fut pris par les pirates ; mais ils le remirent en liberté, par la crainte de Pompée. Clodius se rendit alors à Antioche de Syrie, comme pour soutenir les habitants contre les Arabes, avec lesquels ils étaient en état d'hostilité. Là aussi, il essaya d'attiser le feu de la révolte, et peu s'en fallut qu'il ne fût mis à mort. . .

 
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