Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Histoire romaine, par Dion Cassius

Fragments des livres VI à XXXVI

2 - Les Gracques

 

Mancinus est livré aux Numantins

An de Rome 618

 

CCLII. Des députés de Numance s'étaient rendus à Rome ; mais ils furent reçus hors des murs : en les admettant dans la ville, les Romains auraient craint de paraître ratifier la convention. Ils leur envoyèrent néanmoins les présents des hôtes, pour ne pas leur ôter tout espoir d'obtenir la paix. Les amis de Mancinus insistèrent sur la nécessité qui l'avait forcé d'accepter cette convention, sur le grand nombre de soldats dont elle avait assuré le salut, et sur ce que la République avait conservé toutes ses conquêtes en Espagne. Ils supplièrent leurs concitoyens d'apprécier, moins d'après leur sécurité présente que d'après le danger où l'armée s'était alors trouvée, ce qui avait été possible, et non pas ce qui aurait dû être fait. Les Numantins, à leur tour, parlèrent longuement de leur ancien dévouement pour Rome, des injustices qui les avaient ensuite réduits à faire la guerre, et du parjure de Pompée. Enfin ils demandèrent qu'on les récompensât d'avoir sauvé Mancinus et ses compagnons ; mais les Romains annulèrent la convention, et décretèrent que Mancinus serait livré aux Numantins. 

 

Caractère d'Appius Claudius Pulcher

 

CCLIII. L'humeur brusque de Claudius lui aurait fait souvent commettre de grandes fautes, si Quintus, son collègue, ne les avait prévenues. Plein de modération, et d'un caractère tout à fait opposé à celui de Claudius, il ne lui résistait jamais avec colère. Il cédait même quelquefois, et il parvint si bien à le dompter par sa douceur, que Claudius s'abandonna très rarement à ses emportements. 

 

Furius prend Pompée et Métellus pour lieutenants

 

CCLIV. Furius prit pour lieutenants Pompée et Métellus, malgré la haine qu'ils lui portaient et quoiqu'ils fussent ennemis l'un de l'autre : espérant s'illustrer par quelques actions d'éclat, il voulut pouvoir en fournir des preuves irréfragables et forcer ses ennemis à rendre eux-mêmes hommage à sa valeur. 

 

Tibérius Gracchus embrasse le parti populaire

 

CCLV. Tibérius Gracchus troubla la République, malgré son illustre naissance qui lui avait donné Scipion l'Africain pour aïeul, et quoiqu'il joignît à un naturel digne de cette origine une grande instruction et une âme élevée. Plus ces avantages étaient éminents chez lui, plus ils allumèrent son ambition : une fois sorti du droit chemin, il fut involontairement entraîné aux entreprises les plus blâmables.
Le consul n'avait pas obtenu le triomphe pour la pacification des Numantins. Tib. Gracchus, qui avait négocié la convention faite avec ce peuple, loin d'en retirer quelque honneur, comme il l'avait d'abord espéré, fut sur le point d'être livré aux Numantins : il comprit alors que les choses sont jugées non pas d'après la vérité et la vertu, mais sans règle et sans raison, et il abandonna une route peu sûre pour arriver à la gloire. Avide de monter au premier rang, n'importe par quel moyen, et se flattant d'y parvenir plutôt avec l'appui du peuple qu'avec celui du Sénat, il se voua tout entier aux plébéiens. 

 

 Rivalité entre Tibérius Gracchus et M. Octavius

An de Rome 621

 

CCLVI. Par une rivalité de famille, M. Octavius s'était volontairement fait l'antagoniste de Gracchus : dès lors ils ne gardèrent plus de mesure. Dans cette lutte, chacun cherchant à supplanter son rival plutôt qu'à servir la patrie, ils se portèrent souvent à des actes de violence plus dignes d'un gouvernement despotique que d'un gouvernement démocratique, et ils eurent autant à souffrir que si l'on avait été en guerre, et non en pleine paix. Les citoyens, tantôt combattant l'un contre l'autre, tantôt réunis en groupes séditieux, excitèrent des rixes affligeantes et des combats, non seulement dans les divers quartiers de la ville, mais jusque dans le sénat et dans l'assemblée du peuple. La loi tribunitienne servait de prétexte ; mais en réalité, chacun faisait tous ses efforts pour ne pas être au-dessous du parti contraire. Au milieu de ces dissensions, les magistrats ne remplissaient plus leur devoir, l'ordre public était bouleversé, l'action de la justice suspendue, le commerce arrêté. Partout régnaient le trouble et la confusion :Rome conservait le nom de ville ; mais elle ne différait en rien d'un camp. 

 

Innovations de Tib. Gracchus

 

CCLVII. Tib. Gracchus proposa plusieurs lois en faveur des plébéiens qui étaient sous les drapeaux, et transporta du sénat aux chevaliers le droit de rendre la justice. Il troubla et bouleversa toute la constitution, dans le but de trouver ainsi quelque sécurité ; mais ses efforts furent impuissants. Cependant il touchait à la fin de son tribunat : prévoyant que, du moment où il ne serait plus revêtu de cette charge, il se verrait en butte à la haine de ses ennemis, il chercha à se faire nommer tribun pour l'année suivante avec son frère et à obtenir le consulat pour son beau-père. Il ne recula devant aucune flatterie , ni devant aucune promesse : souvent même il paraissait au milieu de la multitude, en habits de deuil et accompagné de sa mère et de ses enfants, qui unissaient leurs prières aux siennes. 

 

Réflexions sur la mort de Scipion l'Africain

An de Rome 625

 

CCLVIII. Scipion l'Africain eut une ambition démesurée et qui s'accordait mal avec ses vertus. Cependant aucun de ses adversaires ne se réjouit de sa mort : elle leur causa même des regrets, quoiqu'ils le regardassent comme l'antagoniste le plus redoutable ; tant ils étaient persuadés qu'il était utile à la République, et qu'ils n'auraient eu eux-mêmes aucun mauvais traitement à essuyer de sa part. A peine fut-il mort que la puissance des patriciens se trouva affaiblie, et les fauteurs du partage des terres purent sans crainte porter le ravage, pour ainsi dire, dans toute l'Italie.
Une grande quantité de pierres, tombées du ciel sur plusieurs temples et qui tuèrent quelques citoyens, les larmes de la statue d'Apollon avaient été, à mon avis, un présage certain de la mort de Scipion. Oui, cette statue pleura, elle pleura même pendant trois jours : les Romains, d'après l'avis des devins, décrétèrent qu'elle serait mise en pièces, et que ses débris seraient jetés dans la mer.

 

C. Gracchus, son caractère et ses projets

 

CCLIX. C. Gracchus eut les mêmes principes politiques que son frère : seulement Tibérius déserta la vertu par ambition, et l'ambition le précipita dans des entreprises condamnables. Caïus, au contraire, était d'un naturel turbulent et se plaisait à faire le mal. Plus richement pourvu des ressources de l'éloquence, et par cela même plus pervers dans ses projets, plus audacieux, plus téméraire et plus arrogant que Tibérius dans toutes les circonstances, il fut le premier qui marcha et qui montra son bras nu, en parlant dans l'assemblée du peuple : personne dès lors ne regarda comme un mal d'en faire autant. Doué d'une logique pressante, d'une diction abondante et rapide, il ne lui était pas facile de se maîtriser : souvent il se laissait entraîner jusqu'à dire plus qu'il ne voulait. Aussi avait-il coutume d'emmener avec lui un joueur de flûte, dont l'instrument réglait et modérait sa voix. Si, malgré cela, il lui arrivait encore de s'écarter du ton convenable, il se contenait aussitôt. 

 

An de Rome 633

 

Tel était l'homme qui essaya de bouleverser la République : feignant de ne rien dire et de ne rien faire contre les lois, il devint bientôt très puissant auprès du peuple et des chevaliers. Il aurait détruit la noblesse et le sénat, s'il eût plus longtemps vécu ; mais un pouvoir excessif le rendit odieux même à ses partisans, et il périt victime de ses propres machinations.

 

Sur la 164e Olympiade

An de Rome 635

 

CCLX. C'était la 635e année depuis la fondation de Rome, et la CLXIVe Olympiade. 

 

Condamnation et punition de trois Vestales

An de Rome 640

 

CCLXI. Ce fut principalement sur les Vestales elles-mémes que retombèrent la peine et le déshonneur de leur crime ; mais elles causèrent aussi de grands maux à beaucoup de citoyens et portèrent le trouble dans l'État tout entier. Les Romains, considérant que ces fautes étaient une profanation d'un voeu placé sous la sauvegarde des lois, consacré par la religion et que la crainte des châtiments doit rendre inviolable, supposaient que les attentats les plus honteux et les plus impurs seraient désormais possibles. Pleins d'indignation pour ce qui venait d'arriver, ils punirent non seulement ceux dont la culpabilité avait été démontrée, mais encore tous les accusés. Aussi tout ce qui se fit contre les Vestales parut-il inspiré moins par la faute de quelques femmes, que par une sorte de colère divine.

CCLXII. Trois Vestales violèrent en même temps le voeu de chasteté. Marcia, l'une d'elles, entretenait séparément, avec un seul chevalier, un commerce qui aurait été ignoré, si l'enquête, dirigée contre les autres, ne s'était agrandie et étendue jusqu'à elle. Au contraire, Aemilia et Licinia comptaient de nombreux adorateurs, auxquels elles s'abandonnaient tour à tour. Dans le principe, chacune, de son côté, avait avec quelques hommes des liaisons secrètes qui semblaient n'exister qu'avec un seul : plus tard, pour réduire d'avance au silence quiconque aurait pu se douter de leur inconduite et la dévoiler, elles accordèrent leurs faveurs comme prix de la discrétion. Ceux qui les avaient obtenues auparavant, témoins de ces désordres, les supportaient sans se plaindre : ils auraient craint de se trahir par leur indignation. Ainsi, tantôt à part l'une de l'autre et tantôt en commun, elles se livraient quelquefois à un seul homme et quelquefois à plusieurs : Licinia avait pour amant le frère d'Aemilia, et celle-ci le frère de Licinia. Ces infamies restèrent inconnues pendant bien longtemps. Beaucoup d'hommes, beaucoup de femmes, de citoyens libres et d'esclaves y étaient associés : néanmoins rien ne transpira, jusqu'au jour où un certain Manius, qui le premier en avait été l'instrument et le complice, les démasqua ; parce qu'il n'avait obtenu ni la liberté, ni rien de ce qu'il avait espéré. Ce Manius n'avait pas moins d'habileté pour solliciter au vice, que pour semer la calomnie et la discorde. 

 

 Expédition de M. Drusus contre les Scordisques

An de Rome 642

 

CCLXIII. Cette expédition était par elle-même honorable pour M. Drusus : comparée à la défaite de Caton et rehaussée par l'excessive douceur de Drusus envers ses soldats, elle parut au-dessus de ce qu'elle était réellement, et lui procura plus de gloire que n'en méritait un tel succès.

 
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