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L'Angleterre sous les Plantagenêts (XII° - XIV° siècle)

CHAPITRE CINQUIÈME : Edouard II (1307 - 1327)

I : Politique intérieure d’Edouard II

           

            1° Edouard II contre les grands d’Angleterre (1331 à 1321) – Edouard II, né en avril 1284, fut couronné à l’abbaye de Westminster en février 1308, suite à la mort de son père.

Le nouveau souverain, bien qu’étant aussi grand et fort que l’était Edouard I°, n’avait cependant pas le même caractère que lui. Ayant passé toute sa jeunesse dans l’ombre de son père, Edouard II était doux et faible, et laissa les rênes du pouvoir à ses favoris.

Edouard II, gravure issue de l'ouvrage Histoire de l'Angleterre, par David HUME.

 

a) La grogne des barons : le mariage de ce souverain avec Isabelle de France[1], fille de Philippe IV le Bel, fut un véritable échec. En effet, Edouard II, considéré comme homosexuel par certaines chroniques médiévales, préférait la compagnie des ses favoris à celle de son épouse[2].

Cherchant avec ces derniers le moyen de réduire le pouvoir des grands d’Angleterre, Edouard II ne tarda guère à se retrouver confronté à eux.

 

Se rendant à Boulogne afin d’épouser Isabelle, Edouard II décida de confier la régence à son favori, l’arrogant Pierre de Gaveston (le roi lui offrit aussi le comté de Cornouailles et la main de sa nièce Marguerite.).

Les barons, voyant d’un mauvais œil l’ascension de ce favori de basse extraction, décidèrent de s’appuyer sur la population anglaise afin de s’attaquer au roi. Le peuple avait en effet plusieurs griefs contre la couronne : les impôts levés par Edouard I° pour financer la guerre contre l’Ecosse étaient trop lourds, alors que la victoire échappait au camp anglais ; en outre, Edouard II avait quasiment abandonné la lutte contre les Ecossais alors que son père avait passé dix années de sa vie à les combattre.

 

En avril 1308, le parlement anglais demanda donc au roi de bannir Gaveston, sans quoi ce dernier serait excommunié.

Edouard II décida donc de s’exécuter, nommant Gaveston lieutenant d’Irlande. Par la suite, le roi tenta de négocier le retour de son favori, parvenant à obtenir une annulation d’excommunication auprès du pape.

Le roi d’Angleterre, négociant avec les barons, parvint finalement à obtenir le retour de Gaveston en Angleterre. Cependant, ce dernier n’avait pas perdu son arrogance, et s’attira à nouveau la haine des grands du royaume.

Conscient de l’hostilité grandissante de la noblesse, Edouard II, en mars 1310, accepta que les barons travaillent à la l’élaboration d’une série de réformes.

 

b) Les ordonnances de 1311 : les grands du royaume se réunirent au cours de plusieurs assemblées, entre mars 1310 et août 1311. Ces derniers, 21 au total, furent dans un premier temps sous l’influence d’Henri de Lacy, comte de Lincoln (ce dernier, en plus d’être le plus riche et le plus ancien des barons, avait servi Edouard I° avec dévouement.).

Cependant, mourant en février 1311, le pouvoir passa entre les mains de son beau fils Thomas Plantagenêt, comte de Lancastre (ce dernier avait en effet épousé Alice de Lacy, fille du défunt.).

Le comte de Lancastre, bien qu’étant cousin du roi Edouard II (Thomas était le fils d’Edmond, frère d’Edouard I° et fils d’Henri III.), se révéla cependant hostile à son égard. Assisté par son allié Guy de Beauchamp, comte de Warwick, Thomas Plantagenêt parvint à gagner à sa cause les autres barons, ces derniers étant bien plus modérés que le comte de Lancastre.

 

Finalement, les grands du royaume présentèrent leurs ordonnances au roi d’Angleterre au cours du mois d’octobre 1311.

Le texte préconisait une réduction des pouvoirs du roi et un contrôle baronnial accru (le souverain devait demander l’autorisation de la noblesse avant de partir en guerre ou de lever des nouveaux impôts, le parlement devait être réuni au moins une fois par an, etc.), ainsi que l’exil de plusieurs proches du roi (en particulier Pierre de Gaveston.).

 

Edouard II, qui rêvait de réduire les pouvoirs de la noblesse anglaise, refusa évidemment de signer ce texte. L’antagonisme entre le roi et les grands, jusqu’alors larvé, éclata ainsi au grand jour, plongeant le pays dans la guerre civile. 

 

c) La prise de pouvoir de Thomas de Lancastre : Gaveston, qui avait été à nouveau banni suite à la publication des ordonnances, fut capturé par Lancastre et Warwick en mai 1312 et exécuté après une parodie de procès.

Les deux comtes, suite à l’assassinat du favori du roi, se retrouvèrent sur la sellette en raison de la violence de leur acte. Cependant, suite à la bataille de Bannockburn, en 1314, où les Anglais furent écrasés par leurs adversaires écossais, ce fut au tour d’Edouard II d’être en position d’infériorité[3].

Le comte de Lancastre, parvenant de ce fait prendre l’ascendant sur Edouard II, se retrouva à la tête de l’Etat pendant plusieurs années (à noter que le comte de Warwick mourut en 1315.).

Cependant, ne parvenant pas à l’emporter sur les Ecossais, le comte de Lancastre se retrouva opposé à une faction baronniale qui lui était opposée.

Finalement, les deux partis signèrent en août 1318 le traité de Leake. Edouard II était restauré, mais il s’engageait à respecter les ordonnances de 1311.

 

d) La victoire d’Edouard II : Le roi d’Angleterre, revenu sur le trône, s’entoura de deux nouveaux favoris, Hugues le Despenser, comte de Winchester, et son fils Hugues II le Despenser.

Cependant, les nouveaux favoris se rendirent vite impopulaires, s’aliénant le peuple, les barons, ainsi que la reine Isabelle.

Exilés en 1321, Edouard II décida néanmoins de les rappeler l’année suivante, ce qui provoqua la colère des grands du royaume.

Les barons décidèrent alors de se lancer dans la lutte armée, et affrontèrent l’armée du roi à la bataille de Boroughbridge, près de York.

Les barons rebelles, menés par le comte de Lancastre, s’étaient dirigés vers la frontière écossaise, espérant rallier quelques indépendantistes écossais.

Ils furent alors rejoints par l’armée anglaise, qui, grâce à l’utilisation judicieuse des archers, parvint à remporter le combat.

Capturé, Lancastre fut rapidement jugé et condamné à mort. Cependant, grâce à son ascendance, il échappa au supplice réservé aux coupables reconnus de crimes de haute trahison[4], mais fut seulement décapité en 1322 (à la mort de Thomas, ce fut son frère Henri qui devint comte de Lancastre.).

 

A cette date, Edouard II et les Despenser étaient les maîtres de l’Angleterre. Peu de temps après, le roi d’Angleterre abrogea les ordonnances de 1311 devant le parlement de York.

 

2° Les affaires de France – Cependant, peu de temps après l’avoir emporté sur les turbulents barons, Edouard II ne tarda pas à s’attirer de nouveaux problèmes.

 

En effet, le roi d’Angleterre refusait de reconnaitre Charles IV comme nouveau roi de France (second fils de Philippe IV, il était monté sur le trône en 1322, suite à la mort de son frère Philippe V[5].).

Edouard II refusait de prêter hommage au nouveau souverain, pour le duché de Guyenne, Ponthieu et Montreuil.

En 1324, Charles IV n’ayant toujours pas reçu l’hommage d’Edouard II, il décida de lui confisquer la Guyenne, envoyant une armée dans la région.

Les seigneurs gascons, bien que soutenus par le roi d’Angleterre, furent rapidement vaincus par les Français, qui mirent la main sur toute l’Aquitaine, excepté Bordeaux, Bayonne et Saint Sever.

Edouard II décida donc d’envoyer son épouse Isabelle négocier avec son frère Charles IV. La reine, trop heureuse de quitter son encombrant mari et de retrouver la France, ne tarda guère à s’embarquer pour le continent (1325.).

Charles IV accueille Isabelle de France, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Bruges, Belgique, XV°siècle.

C’est ainsi qu’Isabelle rencontra Roger Mortimer, comte de March, qui devint bientôt son amant (ce dernier, emprisonné à la tour de Londres sur ordre du roi suite à la défaite de Boroughbridge, avait réussi à s’échapper et s’était réfugié en France en août 1324.).

En mai de la même année, Isabelle signa un traité de paix très avantageux pour les Français[6], requérant l’hommage d’Edouard II. Cependant, ce dernier refusa de s’incliner, préférant envoyer son fils Edouard III prêter hommage à Charles IV.

 

3° Isabelle et Mortimer contre attaquent – Suite à la signature du traité de paix, la liaison entre Isabelle et Mortimer ne tarda guère à faire scandale. Invités à quitter la France, les deux amants refusèrent de rentrer en Angleterre, préférant se rendre en Flandre. C’est alors qu’ils recrutèrent une armée de mercenaires afin de prendre le pouvoir en Angleterre.

 Edouard II, apprenant les plans que fomentaient son épouse et Mortimer, décida donc d’en découdre. Cependant, bien peu de barons acceptèrent de porter assistance au roi.

 

a) La prise de pouvoir d’isabelle et Mortimer : en septembre 1326, Isabelle et son amant débarquèrent en Angleterre à la tête d’une petite troupe de mercenaires.

Isabelle débarque en Angleterre, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle.

Edouard II décida donc d’en découdre, mais fut alors trahi par une partie de ses troupes. En effet, Henri, comte de Lancastre, refusa de combattre la reine et décida de rejoindre le camp de Mortimer[7].

 

L’armée de la reine parvint de ce fait à l’emporter, et le roi fut contraint de quitter Londres en octobre 1326. Accompagné des Despenser, Edouard II décida de se réfugier sur leurs terres afin de préparer la contre attaque.

Le roi d’Angleterre ne parvenant cependant pas à réunir une armée, Hugues le Despenser fut capturé, condamné à mort et exécuté. Peu de temps après, au mois de novembre, Henri de Lancastre parvint à s’emparer du roi et d’Hugues II le Despenser.

La capture d'Edouard II, par Jean Froissart, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Paris, France, XV°siècle.

Le jeune favori fut alors conduit devant Isabelle et Mortimer, puis condamné pour haute trahison et exécuté[8].

La mort d'Hugues II le Despenser, par Jean Froissart, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Paris, France, XV°siècle.

 

b) Abdication et mort d’Edouard II : s’étant emparés du pouvoir, Isabelle et Mortimer furent alors confrontés à une question délicate : quel sort devaient ils réserver au roi ?

Edouard II, alors emprisonné à Londres, devait il être condamné à mort pour haute trahison, déposé, ou bien devait il abdiquer de lui même ?

En janvier 1327, une assemblée fut alors réunie au château de Kenilworth, en présence d’Edouard II. Le roi fut alors accusé d’incompétence, d’avoir perdu l’Ecosse et la Gascogne, de s’être attaqué à l’Eglise et à la noblesse anglaise, etc.

Edouard II décida donc d’abdiquer en faveur de son fils Edouard III, alors âgé de 14 ans. En réalité, ce furent Isabelle et Mortimer qui s’emparèrent du pouvoir.

 

Cependant, Isabelle et Mortimer, craignant de voir tomber Edouard II entre les mains de leurs adversaires, décidèrent de mettre fin aux jours du roi déchu.

Emprisonné au château de Berkeley, dans le Gloucestershire, entre les mains de fidèles de Mortimer, le roi déchu fut retrouvé mort en septembre 1327[9].

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[1] Pour en savoir plus sur les raisons qui conduisirent au mariage d’Edouard II et Isabelle, voir le b), 3, section III, chapitre quatrième, l’Angleterre sous les Plantagenêts.

[2] A noter que l’homosexualité d’Edouard II n’est pas prouvée, ce souverain ayant eu plusieurs enfants avec Isabelle, ainsi que quelques enfants illégitimes.

[3] Pour en savoir plus sur la bataille de Bannockburn, voir le b), 1, section II, chapitre cinquième, l’Angleterre sous les Plantagenêts.

[4] Le châtiment était sévère : le coupable était pendu sans que mort sans suive, éventré, éviscéré et émasculé vif, puis ensuite décapité. Daffyd ap Gruffyd et William Wallace, combattant respectivement pour l’indépendance du Pays de Galles et de l’Ecosse, avaient subi cette peine.

[5] Pour en savoir plus sur le règne de Philippe V, cliquez ici ; pour le règne de Charles IV, cliquez là.

[6] Le traité stipulait que Charles IV conservait une partie de l’Aquitaine, et qu’en outre Edouard II devait payer de fortes indemnités de guerre (il fut aussi précisé que les Français occuperaient leurs possession jusqu’au règlement de la dette.).

[7] N’oublions pas que Thomas, le frère d’Henri, avait été exécuté par Edouard II pour crime de haute trahison.

[8] Hugues II le Despenser eut lui aussi à subir le châtiment réservé aux traitres à la couronne, et fut donc fut lui aussi pendu sans que mort sans suive, éventré, éviscéré et émasculé vif, puis ensuite décapité.

[9] Selon certaines sources, le roi déchu fut tué par insertion d’un fer rougi au feu dans son anus, afin de que sa mort semble être naturelle.

 

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