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Mythologie
 
 

 

 

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L'Angleterre sous les Plantagenêts (XII° - XIV° siècle)

CHAPITRE SIXIÈME : Edouard III (1327 - 1377) et Richard II (1377 - 1400), les derniers Plantagenêts

II : La deuxième guerre d’indépendance de l’Ecosse (1331 à 1337)

           

            1° La reprise de la guerre – En mai 1328, la guerre d’indépendance de l’Ecosse avait pris fin, suite à la signature du traité d’Edimbourg – Northampton. Isabelle et Mortimer, au nom du jeune Edouard III, reconnaissait l’indépendance de l’Ecosse et son souverain Robert VII. En outre, afin de sceller cet accord, David II Bruce (le fils du roi.) épouse Jeanne, fille d’Edouard II[1].

 

a) Stratagèmes d’Edouard III et d’Edouard Balliol : cependant, Robert VII Bruce ne profita pas longtemps de cette paix, car il mourut en juin 1329, à peine un an après la signature du traité de paix. Son fils David II, étant alors trop jeune pour gouverner, la régence échut à Thomas Randolf, comte de Moray, qui fut fait gardien de l’Ecosse.

Edouard III, qui n’aimait guère le traité d’Edimbourg – Northampton, décida alors de profiter de la situation. Le roi d’Angleterre se rapprocha ainsi d’Edouard Balliol, fils de Jean Balliol, qui avait des vues sur le trône d’Ecosse.

Edouard Balliol s’était entouré les déshérités : il s’agissait de barons écossais qui avaient été dépouillés de leurs biens par Robert VII Bruce pour avoir soutenu l’Angleterre au cours de la première guerre d’indépendance de l’Ecosse.

 

Edouard III, en vertu du traité d’Edimbourg – Northampton, ne pouvait se lancer dans une guerre ouverte contre l’Ecosse. Par contre, si Edouard Balliol et les déshérités parvenaient à prendre le pouvoir, une intervention anglaise devenait de fait possible.

C’est ainsi qu’en juillet 1332, alors que Donald Mormaer, comte de Mar, était nommé gardien de l’Ecosse (suite au décès de Thomas Randolf.), Edouard Balliol et ses partisans lançaient un raid contre l’Ecosse.

Utilisant la voie maritime, les déshérités débarquèrent courant août 1332 dans le Firf and Kinross, une région côtière de l’est de l’Ecosse.

Cependant, la nouvelle du débarquement des troupes de Balliol se répandit vite, et les partisans de David II décidèrent de contre attaquer. En effet, alors qu’ils se rendaient à Perth, les déshérités furent stoppés par les troupes de Donald Mormaer, le nouveau gardien de l’Ecosse.

 

b) La bataille de Dupplin Moor (Août 1332) : Balliol, à la tête d’une armée d’environ 2 000 hommes[2] (des archers pour la plupart.), se retrouvé face à un contingent de soldats Ecossais comptant plus de 10 000 hommes, commandé par Donald Mormaer.

Le gardien de l’Ecosse, sûr de sa victoire, négligea de poster des vigies, ce qui permit à Balliol et ses hommes de s’installer sur une solide position (les archers, placés sur les flancs, protégeaient l’infanterie.). Au petit matin, les hommes de Mormaer furent marris de constater que les déshérités avaient profité de la nuit pour s’installer dans une position défensive.

Robert Bruce, un fils illégitime de Robert VII Bruce, accusa Mormaer de trahison en constatant la manœuvre les soldats de Balliol.

Excités, les Ecossais décidèrent de charger la position ennemie sans plus attendre.

Les déshérités criblèrent alors de flèches leurs assaillants, qui, vêtus de sommaires protections, tombèrent par dizaines.

Cependant, les soldats de Bruce parvinrent à rentrer en contact avec l’infanterie de Balliol. Cependant, alors que les Ecossais se battaient âprement, les schiltrons de Mormaer foncèrent sur les déshérités, faisant fi des soldats de Bruce.

 

Au final, la bataille de Dupplin Moor fut un carnage. L’on estime aujourd’hui que les Ecossais perdirent au cours de l’affrontement entre 2 000 et 10 000 hommes, Bruce et Mormaer y compris.

A noter que la tactique employée à Dupplin Moor, combinant archers et infanterie, donna la victoire aux Anglais dans de nombreux combats qui se déroulèrent au cours de la guerre de Cent Ans.

 

Edouard Balliol, peu de temps après la bataille de Dupplin Moor, décida de se faire couronner roi à Scone (septembre 1332.).

Cependant, Balliol, bien que vainqueur, ne fut guère soutenu par les Ecossais, qui ne voyaient en lui qu’un pion entre les mains de l’Angleterre. De ce fait, le nouveau souverain décida de se réfugier dans les terres des Balliol, s’installant dans la cité d’Annan, en Galloway, une région située au nord ouest de la frontière anglo–écossaise.

Balliol s’engagea alors à reconnaitre l’autorité d’Edouard III sur l’Ecosse, lui offrant en cadeau les huit comtés des Lowlands[3].

Cependant, Archibald Douglas, le nouveau gardien de l’Ecosse, décida d’attaquer Balliol par surprise alors qu’il se trouvait à Annan, en décembre 1332. Cependant, bien que la plupart de ses hommes se fasse tuer, Balliol parvint néanmoins à s’échapper.

 

c) Contre offensive d’Edouard III et d’Edouard Balliol : avec l’arrivée du printemps, Edouard III et Balliol décidèrent de repasser à l’offensive, assiégeant Berwick en avril 1333.

Edouard III devant Berwick, par Jean Froissart, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Bruges, Belgique, XV°siècle.

Les habitants de la cité, attaqués par leurs assaillants, durent attendre de longs mois qu’Archibald Douglas vienne à leur secours. En effet, le nouveau gardien de l’Ecosse, plutôt que d’employer une tactique de guérilla, avait préféré prendre son temps pour recruter l’armée la plus importante possible.

Le gouverneur de la cité, jugeant la situation plus que délicate accepta de livrer la ville aux Anglais si les armées de Douglas ne venaient pas les secourir avant le 11 juillet 1333. Edouard III accepta, mais demanda des otages en gage de bonne foi.

Douglas et ses hommes, de leur côté, avaient décidé de franchir la frontière et de s’attaquer au château de Bamburgh, ou se trouvait alors la reine Philippa, l’épouse d’Edouard III.

Cependant, les Ecossais ne purent pas contre attaquer efficacement : d’une part, ils n’étaient pas équipés d’armes de siège ; en outre Edouard III avait commencé à exécuter ses otages, car la trêve était arrivée à expiration et Berwick n’avait pas ouvert ses portes.

Douglas décida donc de retourner en Ecosse afin de porter assistance à la cité assiégée.

 

d) La bataille de la colline Halidon : apprenant l’arrivée des Ecossais, Edouard III fit installer ses hommes sur la colline d’Halidon, située à quelques kilomètres au nord ouest de Berwick.

Archibald Douglas, à la tête d’une armée de plus de 12 000 hommes, décida alors de se battre sur la position qu’occupaient les Anglais (Edouard III, bien qu’en infériorité numérique, était cependant à la tête d’une armée comptant près d’une dizaine de milliers d’hommes.).

 

Les Anglais décidèrent d’adopter la même tactique qu’à la bataille de Dupplin Moor, plaçant l’infanterie au centre et les archers sur leurs flancs.

Les Ecossais, quant à eux, utilisèrent les schiltrons, des piquiers très efficaces lors d’attaques contre la cavalerie ennemie.

Les soldats de Douglas commencèrent alors à gravir la colline, harcelés par les flèches anglaises. Quelques soldats écossais parvinrent tant bien que mal à rentrer en contact avec l’infanterie anglaise, mais furent rapidement repoussés.

De nombreux Ecossais furent tués au cours de leur retraite, dont Archibald Douglas, poursuivis par la cavalerie anglaise.

Au soir de la bataille de la colline Halidon, près de 10 000 Ecossais avait trouvé la mort, alors que les Anglais n’avaient perdu qu’une centaine d’hommes.

Le lendemain, les habitants de Berwick furent contraints de se rendre.

La défaite d’Halidon fut un réel coup dur pour le moral des Ecossais. En effet, la bataille avait été un carnage, et de nombreux barons avaient trouvé la mort au cours de l’affrontement. De ce fait, les derniers nobles écossais encore en vie n’étaient plus en état de combattre et se retrouvaient dans l’obligation de se cacher afin d’échapper à la répression anglaise.

 

Suite à la bataille de la colline Halidon, David II et son épouse furent envoyés en France à la cour du roi Philippe VI. Ce dernier, en vertu de la Vieille Alliance, les reçut avec grande courtoisie en mai 1334. 

 

Edouard III, peu de temps après la prise de Berwick, annexa les comtés des Lowlands, étendant son influence sur la majeure partie de l’Ecosse.

 

2° L’Ecosse, entre soumission et résistance – Suite à l’exil de David II, l’Ecosse n’était plus en état de riposter efficacement contre Edouard III. En effet, les divergences politiques entre barons écossais éclataient une fois de plus au grand jour, l’armée n’existait plus, et l’on ne parvenait pas à s’entendre sur la manière de poursuivre la guerre.

Finalement, ce furent John Randolf, comte de Moray, et Robert VII Stuart (sa mère était la fille de Robert VII Bruce.) qui furent nommés gardiens de l’Ecosse. Ne disposant pas d’une imposante armée, ils se retrouvèrent contraints d’employer à nouveau les tactiques de guérilla utilisées par Robert VII Bruce quelques années auparavant. C’est ainsi que les deux gardiens ordonnèrent aux populations vivant dans les Lowlands de se réfugier dans les collines afin de se protéger des persécutions anglaises.

L’objectif était dès lors d’éviter de se battre à découvert contre les Anglais, et de les harceler alors qu’ils se trouvaient en terrain ennemi.

 

a) Nouvelle expédition d’Edouard III et d’Edouard Balliol, la bataille de Boroghmuir (juillet 1335) : Edward III, quant à lui, voyant que l’Ecosse n’était toujours pas conquise, décida de se lancer dans une nouvelle expédition en juillet 1335.

S’installant à Newcastle, le roi d’Angleterre fut bientôt rejoint par Edouard Balliol. Il fut alors décidé de diviser l’armée anglaise en deux entités afin de prendre les Ecossais en tenaille. Les troupes d’Edouard III devaient traverser le centre de l’Ecosse, alors que les hommes de Balliol longeraient la côte est.

Dévastant sans vergogne les régions traversées, les deux armées se rejoignirent à Glasgow, et se dirigèrent ensuite vers Perth.

C’est alors que l’arrière garde anglaise, commandée par le français Guy de Namur, fut attaquée par les Ecossais. Poursuivis, les 300 chevaliers furent contraints de se réfugier dans un château en ruines, tuant leurs chevaux afin de combler les interstices.

Cependant, la bataille de Boroughmuir ne fit que peu de victimes, car John Randolf accepta de laisser partir Guy de Namur et ses hommes (en effet, le gardien de l’Ecosse ne pouvait risquer de s’attirer les foudres de la France en tuant les assiégés.).

Raccompagnant Guy de Namur jusqu’à la côté, Randolf eut alors la malchance de tomber dans une embuscade anglaise et fut alors fait prisonnier.

Guy de Namur, quant à lui, se rendit à Perth afin de rendre visite à Edward III, puis il quitta définitivement l’Ecosse.

 

Le roi d’Angleterre, bien que n’ayant pas réussi à affronter et à vaincre l’armée écossaise, reçut toutefois l’hommage de plusieurs barons écossais. En outre, Robert VII Stuart décida de conclure une paix séparée avec le roi d’Angleterre.

 

b) Tactiques de guérilla d’Andrew de Moray, la bataille de Culblean : A la fin de l’été 1335, Edward III et Edouard Balliol, ayant le centre et le sud de l’Ecosse sous contrôle, décidèrent de se retirer.

Les Ecossais, quant à eux, nommèrent Andrew de Moray comme nouveau gardien de l’Ecosse[4].

Le roi d’Angleterre ayant quitté le pays, ce fut David de Strathbogie, comte d’Atholl, qui fut chargé de poursuivre la pacification de l’Ecosse.

Strathbogie, s’attaquant au nord est du pays, décida alors d’assiéger le château de Kildrummy, dans l’Aberdeenshire, alors entre les mains de Christian Bruce, tante du roi David II et épouse d’Andrew de Moray.

Cependant, Strathbogie fut rapidement mis au courant de l’approche des Ecossais, et décida donc de lever le siège afin d’aller à leur rencontre.

C’est ainsi que les deux armées s’affrontèrent près de la forêt de Culblean. Le comte d’Atholl, disposant d’environ 3 000 soldats (soit environ trois fois plus que son adversaire.), décida de profiter de son avantage numérique et fit donner l’assaut (à noter qu’au cours de cette bataille, les Anglais ne disposaient pas d’archers.).

Cependant, alors que les hommes de Strathbogie chargeaient, ils furent attaqués par sur leur flanc. Rapidement, la bataille de Culblean tourna à l’avantage des Ecossais : les Anglais se replièrent en désordre, et nombre d’entre eux trouvèrent la mort, Strathbogie inclus.

 

Cette bataille, bien que de plus petite ampleur que les précédentes, marqua néanmoins un tournant dans la seconde guerre d’indépendance de l’Ecosse. Edouard Balliol, bien que toujours roi,  fut contraint de quitter l’Ecosse ; et pour Edouard III, tout était à recommencer.

 

c) Les Ecossais reprennent l’avantage (1336 à 1337) : suite à la bataille de Culblean, Andrew de Moray passa l’hiver 1335 à mener des opérations de guérilla.

Edouard III, voyant que la situation lui échappait, décida alors de contre attaquer une nouvelle fois, bien décidé à réduire à néant la résistance écossaise.

Au cours de l’été 1336, les Anglais marchèrent donc vers le nord est de l’Ecosse, ravageant les régions traversées. Cependant, ne parvenant pas à affronter l’armée écossaise en combat singulier, le roi d’Angleterre décida de construire une série de châteaux forts, afin de défendre plus efficacement les possessions anglaises en Ecosse.

 

Cependant, craignant d’être attaqué sur ses arrières par le roi de France[5], Edouard III se retrouva contraint de quitter l’Ecosse rapidement.

De ce fait, Andrew de Moray et ses hommes en profitèrent pour s’attaquer aux forteresses anglaises, au cours de l’hiver 1336.

Au cours de l’année 1337, les Ecossais parvinrent à reprendre le contrôle de toute l’Ecosse, contraignant Edouard Balliol à la fuite. Puis, peu de temps après, Andrew de Moray décida de franchir la frontière en 1337, dévastant les régions du nord de l’Angleterre.

Edouard III, quant à lui, trop occupé par la guerre de Cent Ans, ne put pas lever de troupes pour lutter contre les Ecossais révoltés.

De ce fait, lorsqu’Andrew de Moray mourut, au cours de l’année 1338, les Anglais ne possédaient plus que quelques forteresses en Ecosse (Edimbourg, Stirling, Roxburgh, etc.)

 

A noter que David II Bruce, le roi d’Ecosse, ne rentra dans son pays qu’en juin 1341 (il résidait jusqu’alors en France.).

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[1] Pour en savoir plus sur la guerre contre l’Ecosse, voir la section III, chapitre quatrième, et la section II, chapitre cinquième, l’Angleterre sous les Plantagenêts.

[2] Le nombre de soldats figurant au sein de l’armée des déshérités porte à controverse. Selon certaines chroniques, les hommes de Balliol n’étaient qu’à peine un millier ; selon d’autres ils auraient été plus de 3 000.

[3] L’Ecosse était alors divisée en deux parties : les Lowlands au sud et les Highlands au nord.

[4] Andrew de Moray, le père du nouveau gardien, avait combattu aux côtés de William Wallace au cours de la première guerre d’indépendance de l’Ecosse. Il fut mortellement blessé à la bataille du pont de Stirling.

[5] En effet, Français et Ecossais avaient signé un traité de paix en 1165, baptisé la Vieille Alliance. Invoqué à plusieurs reprises au cours de l’Histoire, cette alliance garantissait la double nationalité entre les deux Etats, permit l’implantation d’un fort courant francophone en Ecosse, et autorisa de nombreux Ecossais à s’engager comme mercenaires au service du roi de France. A noter que le souvenir de cette alliance est toujours très ancré dans la mémoire des Ecossais, qui la considèrent comme le symbole de leur indépendance vis-à-vis de l’Angleterre.

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