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Mythologie
 
 

 

 

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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE TROISIEME : Louis XIV, le « Roi Soleil »

 

IV : Les premières années de règne

           

            1° L’enfance de Louis XIV – Pendant sa jeunesse, Louis XIV eut plusieurs précepteurs, chargés de lui enseigner les langues, les mathématiques et le dessin. Toutefois, à l’instar de son père, le jeune souverain ne fut pas un élève assidu, préférant la danse et la musique.

 

Particulièrement éprouvé par la fronde, le jeune Louis XIV comprit très tôt qu’il devait reprendre à son compte la politique instaurée par Louis XIII et Richelieu, consistant à affaiblir les grands du royaume et à punir la moindre incartade.

En juin 1654, à l’issue de la révolte, Louis XIV fut sacré roi de France à Reims, mais il laissa toutefois le pouvoir à Mazarin jusqu’à la mort de ce dernier, en 1661.

La mort de Mazarin, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

            2° La mort de Mazarin, l’élimination de Fouquet, l’affaire de la garde corse (1661 à 1664) – En mars 1661, Mazarin mourut[1]. Louis XIV, alors âgé de 23 ans, décida d’assumer seul les rênes du pouvoir.

Louis XIV, par Charles LE BRUN, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Peu avant sa mort, le cardinal avait toutefois conseillé au roi de se rapprocher d’un de ses proches, nommé Jean Baptiste Colbert.

Jean Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, par Claude LEFEVRE, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

A noter qu’en février 1660, suite à la mort de Gaston, Philippe, le frère du roi, devint duc d’Orléans (il reçut aussi le surnom de Monsieur, titre autrefois réservé à son défunt oncle.).

 

Colbert informa alors le jeune souverain de l’état désastreux dans lequel se trouvaient les finances du royaume. En août 1661, Louis XIV rendit visite à Nicolas Fouquet, surintendant des finances[2], ce dernier ayant organisé une fête afin de célébrer l’achèvement des travaux de son château de Vaux.

Portrait présumé de Nicolas Fouquet, école française du XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Fouquet, bien qu’ayant rempli les caisses de l’Etat, avait toutefois conservé une partie des fonds pour son profit personnel. Rapidement arrêté et incarcéré en septembre, Fouquet fut alors jugé pour malversation[3] (le procès s’acheva en 1665, date à laquelle Colbert fut nommé ministre des finances.).

Le château de Vaux, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

A noter qu’en novembre 1661, Marie Thérèse accoucha d’un fils, le dauphin Louis.

La reine-mère Anne d'Autriche et la reine Marie Thérèse, par Simon Renard de SAINT ANDRE, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Le baptême de Louis, dauphin, fils de Louis XIV, célébré dans la chapelle du château-vieux de Saint Germain, le 24 mars 1668, par Joseph CHRISTOPHE, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Un autre évènement, qui eut lieu au début du règne de Louis XIV, nous permet d’en apprendre un peu plus sur ce souverain.

En août 1662, la garde corse du pape Alexandre VII s’attaqua à l’ambassade de France à Rome, tirant sur la façade de l’édifice. Louis XIV, outré, demanda alors à son ambassadeur de rentrer en France ; en outre, il chassa le nonce apostolique[4] de Paris (septembre 1662.). Le Parlement d’Aix en Provence, quant à lui, décida l’annexion du Comtat Venaissin, enclave papale en France (juillet 1663.).

Le pape Alexandre VII, par Domenico GUIDI, vers 1660, Bode museum, Berlin.

Finalement, au cours de l’été 1664, le légat du pape dut venir présenter ses excuses à Louis XIV, et la garde corse fut dissoute[5]. En contrepartie, le Comtat Venaissin ne fut pas annexé[6].

Garde suisse, Rome, été 2013.

 

            3° Les grandes réformes du début de règne – Dès le début du règne, Louis XIV et Colbert décidèrent de mettre en place de nombreuses réformes afin d’assainir les finances du royaume.

Louis XIV, roi de France, vers 1665, musée du Louvre, Paris.

Ainsi, le roi de France promulgua le code Louis entre 1666 et 1670 (l’objectif était d’uniformiser les lois du royaume, entre le sud de droit romain et le nord de droit coutumier.), l’ordonnance sur les Eaux et Forêts (l’objectif était de dénoncer les abus, tout en préservant le patrimoine forestier français[7].), le code criminel en 1670, l’ordonnance de commerce en 1673, etc.

En outre, Colbert décida de mettre en place une marine capable de rivaliser avec les principales puissances maritimes d’Europe. Ainsi, le ministre des finances parvint à doter la France de plus de 200 navires, alors que le pays n’en comptait qu’une vingtaine au début du règne de Louis XIV.

Le marquis de Seignelay, fils de Jean Baptiste Colbert et le duc de Vivonne, visitant la "Galère Royale" dans l'arsenal de Marseille en 1679, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Afin de faire fonctionner les galères plus efficacement, Colbert fit en sorte d’augmenter le nombre des galériens. Ainsi, outre les criminels, furent condamnés aux galères les fraudeurs du fisc et les protestants.

Les galériens, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Au fil des années, deux clans apparurent à la Cour, l’un et l’autre ne cessant de rivaliser afin de s’attirer les faveurs du roi. Le premier, autour de Colbert, se consacrant à l’économie, à la diplomatie et à la culture ; le second, autour de François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, s’occupant de la défense du royaume.  

François Michel Le Tellier, marquis de Louvois, par Ferdinant VOET, XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Louis XIV, au fil des années, se rapprocha de Le Tellier, les deux hommes ayant le même âge et la même passion pour la guerre (Colbert, quant à lui, avait vingt ans de plus que Louis XIV, et considérait les conflits armés comme un dépense d’argent hasardeuse.). 

 

            4° La guerre de dévolution (1667 à 1668) – La guerre de Dévolution fut la première guerre que mena Louis XIV.

 

a) La disparition de Philippe IV (septembre 1665) : en septembre 1665, le roi d’Espagne Philippe IV mourut. Ce dernier laissait derrière lui un seul fils, Charles II. Ce dernier, enfant faible et maladif, souffrait vraisemblablement de la trop grande consanguinité de sa famille.

Charles II d'Espagne.

Marie Thérèse avait été déshéritée par le défunt souverain, mais Louis XIV rappela que la dot que devait verser l’Espagne, en échange de la renonciation de la jeune femme à ses droits sur la couronne espagnole, n’avait jamais été versée.

Marie Thérèse d'Autriche, école française du XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

En outre, les juristes français découvrirent qu’au Brabant, seuls les enfants issus d’un premier lit avaient droit aux biens fonciers du père (en effet, Marie Thérèse était née d’un premier mariage ; mais Charles II n’était issu que d’une seconde union.).

Ainsi, Louis XIV réclama les cités espagnoles situées au nord est de la France (Cambrai, Mons, Anvers, le Luxembourg, la Franche-Comté, etc.).

 

b) La guerre anglo-hollandaise : toutefois, l’offensive contre l’Espagne ne débuta pas en 1665, en raison de la guerre opposant l’Angleterre aux Provinces Unies, qui sévissait depuis plusieurs années.

Louis XIV, qui avait mis fin à l’alliance franco-anglaise suite à la disparition de Cromwell, avait décidé de se rapprocher de Johan de Witt, grand pensionnaire de Hollande[8]. Le roi de France décida alors de s’attaquer à son homologue anglais Charles II Stuart[9].

Charles II Stuart, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

Ce dernier, fils de Charles I° et d’Henriette de France (elle était la sœur de Louis XIII.), était monté sur le trône d’Angleterre en mai 1660, quelques années après la disparition de Cromwell. A noter toutefois que Charles II était le beau frère de Philippe d’Orléans, le frère du roi ayant épousé Henriette[10], sœur du souverain anglais, en mars 1660.

Henriette Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans, dite Madame, première épouse de Monsieur, attribué à Nicolas MIGNARD, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Perdant sa mère en janvier 1666, Louis XIV lança une offensive contre l’Angleterre particulièrement modérée, finançant les catholiques irlandais et les derniers partisans de Cromwell.

Les Hollandais, quant à eux, affrontèrent la flotte anglaise à plusieurs reprises. Les combats, bien qu'incertains, ne furent pas un succès pour l'Angleterre.

Anne d'Autriche, reine de France, épouse de Louis XIII et mère de Louis XIV, par Henri et Charles BEAUBRUN, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

En octobre 1666, Londres fut dévastée par un important incendie. Charles II, désespéré, décida d’entamer des négociations avec les Provinces Unies.

 

c) La guerre de dévolution commence : au printemps 1667, Louis XIV commença à préparer son armée en vue d’une prochaine expédition.

La situation était clairement favorable à Louis XIV. En effet, les Français étaient alliés avec la ligue du Rhin, qui s’était formée suite au traité de Westphalie, en octobre 1648. L’objectif des pays membres étaient de veiller à l’application des clauses du traité, ainsi qu’à affaiblir la position de l’Empereur germanique. En outre, les ligueurs s’étaient associés aux Français, s’engageant à bloquer dans leurs Etats respectifs toute troupe ayant des intentions hostiles à la France.

Par ailleurs, l’Espagne n’étant plus aussi puissante qu’auparavant, et était toujours engagée dans la guerre de Restauration portugaise (les Portugais avaient déclaré leur indépendance en 1640.). A noter que le Portugal était soutenu par la France depuis le début du conflit.

L’Angleterre et les Provinces Unies, qui n’appréciaient guère la montée en puissance de la France, ne pouvaient intervenir, les deux nations étant toujours en conflit.

 

Ainsi, en mai 1667, en vertu des droits de son épouse Marie Thérèse, le roi de France réclama au roi d’Espagne Charles II un tiers de la Franche-Comté, la moitié du Luxembourg, et la quasi-totalité des Pays-Bas espagnols (Louis XIV envoya ainsi à Madrid le fameux Traité des droits de la Reine Très Chrétienne sur divers Etats de la monarchie d’Espagne.).

 

A la fin du mois de mai 1667, une armée de près de 50 000 hommes pénétra dans les territoires espagnols du nord de la France. En juin, Turenne s’empara de Charleroi. A la tête d’une infanterie manquant d’expérience, le maréchal préféra prendre d’autres villes flamandes, contrairement aux ordres de Louis XIV qui souhaitait marcher au plus tôt vers Bruxelles.

Défaite de l'armée espagnole près du canal de Bruges, par Adam Frans VAN DER MEULEN, vers 1670, musée du Louvre, Paris.

Deffaite de l'armée espagnolle pres le canal de Bruges sous la conduitte de Marsin par les troupes du roi Louis XIV, en l'année MDCLXVII, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles (l'on constatera qu'en cette seconde moitié du XVII° siècle, les règles de l'orthographe n'étaient pas encore fixées.).

Bergues, Furnes, Tournai, Douai, et Lille furent prises par l’armée royale au cours de l’été 1667.

Vue de l'armée du roi, campée devant Douai, du côté de la porte Notre Dame, en l'année 1667, château de Versailles, Versailles.

Vue de Tournai du côté du vieux château, château de Versailles, Versailles.

En décembre 1667, le prince de Condé reçut l’autorisation de prendre la tête d’une armée stationnée en Bourgogne, et fut chargé de s’attaquer à la Franche-Comté.

Louis II de Bourbon, dit le Grand Condé, par Juste D'EGMONT, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

d) Les puissances européennes réagissent : toutefois, cette campagne française ne fut guère appréciée par l’Angleterre et les Provinces Unies (les Hollandais, remontant la Tamise en juin 1667, incendièrent par surprise plusieurs navires anglais. C’est ainsi que Charles II demanda à faire la paix avec les Provinces Unies.). En effet, les représentants de ces deux pays menacèrent Louis XIV de rentrer en guerre aux côtés de l’Espagne si le roi de France n’abandonnait pas une partie de ses possessions (la Suède décida de rejoindre le camp anglo-néerlandais en janvier 1668.).

Ces trois pays décidèrent alors de s’unir, formant la triple alliance de La Haye.

 

Louis XIV, au contraire, décida de se rapprocher de l’Empereur germanique Léopold I° (ce dernier était le fils du défunt Ferdinand III.), signant avec lui un traité selon lequel les deux souverains se répartiraient les possessions du roi d’Espagne Charles II, suite à la disparition de ce dernier.

 

 

e) La conquête de la Franche-Comté : les émissaires des Provinces Unies se présentèrent à la Cour de Louis XIV, invitant se dernier à évacuer les Pays Bas espagnols.

Le roi de France, furieux, décida alors de riposter par les armes.

 

Condé, en février 1668, marcha sur la Franche-Comté, s’emparant de Besançon et Luxembourg. Le roi de France rejoignit l’armée royale peu de temps après, et décida d’assiéger Dole (qui se rendit après quatre jours de siège.).

Campagne de la Franche-Comté, conquête de Besançon, XVII° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

La Franche-Comté étant conquise, Louis XIV rentra à Paris. Toutefois, il y apprit la destitution d’Alphonse VI, roi du Portugal. Le nouveau souverain, Pierre II, demandait la paix à l’Espagne.

 

f) Le traité d’Aix la Chapelle : finalement, Louis XIV décida de négocier plutôt que de poursuivre le conflit.

Ainsi, les principaux belligérants signèrent le traité d’Aix la Chapelle en mai 1668. Le roi de France accepta de rendre la Franche-Comté à l’Espagne (après en avoir détruit, au préalable, les quelques fortifications.), mais conserva une dizaine de places fortes au nord de la France (Lille, Bergues, Furnes, Armentières, Courtrai, Douai, Menin, Audenarde, Charleroi et Binches.).

La frontière nord est étant morcelée et difficile à protéger, Louis XIV y envoya Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban. Ce dernier s’était fait connaître grâce à ses talents en poliorcétique[11].

Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, maréchal de France, anonyme, début du XVIII° siècle, musée des Invalides, Paris.

 

Ce premier conflit que livra Louis XIV fut particulièrement révélateur. Tout d’abord, l’on peut constater l’absence de réaction de l’Espagne, signe d’un déclin annoncé ; en outre, la position hostile de l’Angleterre, des Provinces Unies et de la Suède montrent que ces trois puissances ne souhaitaient pas voir un Bourbon prendre la place laissée vacante par un Habsbourg.
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[1] Ce dernier, souhaitant profiter pendant un temps d’une Europe pacifiée, songea à intervenir contre les Turcs, qui avaient progressé jusqu’en Transylvanie.

[2] Le surintendant des finances, sous l’Ancien régime, désignait un officier de l’administration des finances.

[3] Certains avancèrent la thèse selon laquelle Fouquet fut emprisonné car il était plus riche que Louis XIV, et faisait de l’ombre au « roi soleil. » C’est bien mal connaître l’Histoire…

[4] Le nonce apostolique est un ambassadeur accrédité par le pape.

[5] A l’origine, le Saint Siège était protégé par la garde corse et par la garde suisse ; aujourd’hui, il n’est protégé que par cette dernière.

[6] Le Comtat Venaissin (c'est-à-dire Avignon et les terres environnantes.) ne fut finalement annexé que lors de la révolution française.

[7] A noter que les forêts sont aujourd’hui plus étendues qu’elles ne l’étaient au XVI° siècle.

[8] Le grand pensionnaire est le titre honorifique accordé au pensionnaire de Hollande, ayant le pouvoir exécutif et législatif. Ce furent les Français qui ajoutèrent le qualificatif ‘grand’, afin de montrer la supériorité de la Hollande sur les autres régions des Provinces Unies.

[9] Ne pas confondre le roi d’Angleterre Charles II et le roi d’Espagne du même nom.

[10] Ne pas confondre Henriette de France, mère de Charles II ; et Henriette, sœur de Charles II et épouse de Philippe d’Orléans.

[11] La poliorcétique étant l’art de prendre une place forte ou une position ennemie.

 
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