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Mythologie
 
 

 

 

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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE QUATRIEME : Louis XV le Bien-aimé

 

I : La régence (1715 à 1723)

           

            1° La délicate succession de Louis XIV (septembre 1715) – Comme nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent, les derniers jours de Louis XIV furent marqués par la disparition de ses héritiers, ce qui provoqua un imbroglio dynastique.

Le royaume de France à la mort de Louis XIV.

 

a) Les héritiers de Louis XIV : au cours de sa vie, Louis XIV avait eu quatre fils avec son épouse Marie Thérèse. Tous moururent en bas âge, sauf l’aîné, Louis (à noter toutefois que le roi de France avait eu plusieurs enfants illégitimes avec ses nombreuses maitresses.).

Toutefois, ce dernier mourut en avril 1711, laissant trois fils derrière lui : Louis, Philippe et Charles.

Louis, l’aîné, mourut en février 1712[1]. Ce dernier avait eu trois enfants avec son épouse Marie Adélaïde de Savoie, tous nommés Louis, mais seul le cadet avait jusque là survécu. L’héritier du trône était donc l’arrière petit fils de Louis XIV.

Louis XV enfant, par Hyacinthe RIGAUD, vers 1715, château de Versailles, Versailles.

 

Toutefois, l’enfant (il était né en février 1710.) était de santé fragile ; s’il mourrait, Louis XIV était privé d’héritiers (comme nous venons de le voir, ses fils, petits fils et arrière petit fils étaient tous décédés, hormis Philippe, qui avait renoncé à ses droits sur la couronne de France en devenant roi d’Espagne sous le nom de Philippe V[2].).

Philippe V.

Ainsi, le roi soleil avait promulgué une ordonnance en juillet 1714, faisant valoir les droits de ses fils illégitimes à la succession.

Cette décision scandalisa plusieurs grands du royaume, car jamais un bâtard n’était encore monté sur le trône de France (l’objectif inavoué de Louis XIV était d’empêcher Philippe d’Orléans, le fils de son frère Philippe, de s’emparer un jour du pouvoir.).

Buste de Philippe, duc d'Orléans, régent de France, par Jean Louis LEMOYNE, 1715, château de Versailles, Versailles.

 

b) Le testament de Louis XIV : le 1er septembre 1715 au matin, Louis XIV mourut des suites d’une gangrène sénile, après avoir conseillé à son successeur de ne pas l’imiter dans son goût pour la guerre.

Les funérailles de Louis XIV, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Le surlendemain, les proches du défunt souverain assistèrent à la lecture du testament. Louis XV devenait ainsi roi de France, sous la régence de Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine (ce dernier, né en 1670, était un bâtard de Louis XIV.). Philippe d’Orléans, neveu du défunt souverain, ne recevait qu’une charge purement honorifique, la présidence du conseil de régence.

Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, XVII° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

Toutefois, Philippe d’Orléans avait contracté une alliance avec le Parlement de Paris bien avant la mort du roi, sachant que son oncle ne lui serait jamais favorable.

Contre la promesse de réintroduire les parlementaires au sein du pouvoir royal[3], ces derniers acceptèrent de casser le testament de Louis XIV dès le 4 septembre.

Lit de justice tenu par Louis XV, le 12 septembre 1715, par Louis Michel DUMESNIL, vers 1715, château de Versailles, Versailles.

Le 15, Philippe d’Orléans fut alors nommé régent au détriment du duc du Maine, et en échange restitua au Parlement de Paris son droit de remontrance[4]. En outre, le neveu de Louis XIV mit en place le système de la polysynodie, remplaçant chaque ministre du roi par un conseil, composé des représentants de la noblesse.

Séance du conseil de régence, vers 1720, château de Versailles, Versailles.

Enfin, la Cour fut transportée de Versailles jusqu’au palais des Tuileries, dans l’objectif de se rapprocher des Parisiens.    

 

Philippe d’Orléans, grâce à son alliance avec le Parlement de Paris, était parvenu à s’emparer du pouvoir, mais ses diverses mesures, visant à satisfaire aussi bien les parlementaires que les aristocrates, ne furent guère profitables au royaume de France.

 

            2° La première moitié de règne de Philippe d’Orléans (1715 à 1720) – Dès le début de son règne, Philippe d’Orléans fut secondé par son ancien précepteur, le cardinal Guillaume Dubois.

Malgré le système pesant de la polysynodie et les contestations des parlementaires, les premières années de la régence furent plutôt positives.

Philippe d'Orléans, duc d'Orléans, régent de France, par Jean Baptiste SANTERRE, vers 1715, château de Versailles, Versailles.

 

a) Le système de Law : lors de son arrivée au pouvoir, Philippe d’Orléans constata que les caisses de l’Etat étaient vides. Le déficit était alors de 80 millions de livres, et la dette, colossale, atteignait près de 3 milliards de livres (soit l’équivalent d’une dizaine d’années de recettes.).

Le régent rencontra alors l’Ecossais John Law de Lauriston, ce dernier lui proposant de remplacer l’or contre du papier monnaie, afin de relancer l’activité économique du pays[5].

John Law de Lauriston, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

En effet, Law ayant beaucoup voyagé dans sa jeunesse, avait remarqué que les Vénitiens n’hésitaient pas à troquer du papier monnaie contre de l’or afin d’être moins chargés lors d’un voyage commercial. En mai 1716, Law reçut alors l’autorisation d’ouvrir une Banque générale, au capital de 6 millions de livres.

C’est ainsi que le système de Law fut mit en place. Le papier monnaie, plus maniable, circula donc plus aisément, ravivant l’économie. Au bout d’un an, les actionnaires reçurent des dividendes de 7%, et Law décida alors de se lancer dans des opérations plus importantes. Il obtint à son profit la création d’une Compagnie d’occident, chargée d’exploiter les ressources des territoires français en Amérique du nord (dès cette époque, Law fut critiqué par le Parlement de Paris, ces derniers n’acceptant guère qu’un étranger participe de près ou de loin aux finances de l’Etat.). En 1719, il se fit aussi céder les droits de la Compagnie française des Indes orientales, récoltant ainsi d’importants bénéfices.

Nommé contrôleur général des finances en janvier 1720, Law constata que certains actionnaires spéculaient à la baisse sur le cours des actions. Il décida de mettre en place des mesures coercitives, interdisant la possession de plus de 500 livres de métaux précieux par foyer, afin d’encourager la diffusion du papier monnaie.

 

b) La guerre contre l’Espagne : depuis la fin de la guerre de succession d’Espagne[6], le souverain espagnol Philippe V (rappelons que ce dernier était le petit fils de Louis XIV.) ne cessait de se rapprocher de l’Angleterre. Philippe d’Orléans souhaitait lui aussi de se rapprocher des Anglais, pensant qu’un traité commercial entre les deux pays ne pouvait qu’être favorable aux finances du royaume de France. Mais la présence en France de Jacques III, prétendant au trône d’Angleterre, perturba pendant plusieurs mois les négociations[7].

Finalement, un accord fut finalement trouvé entre la France, l’Angleterre et les Provinces Unies, les trois pays formant la Triple Alliance en octobre 1716. A noter que Pierre I° le Grand, tsar de Russie, se rendit à Paris en mai 1717. Ce dernier, alors en froid avec l’Angleterre, tentait de s’allier avec la France contre les Anglais. Le régent refusa toutefois son offre.

Pierre I° le Grand et le jeune Louis XV, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Au même moment, un incident diplomatique éclata entre Philippe V et l’Empereur germanique Charles VI. En effet, lors d’un voyage en Italie, le grand inquisiteur d’Espagne fut arrêté sur ordre de l’Empereur. En août, Philippe V décida alors de répliquer en s’emparant de la Sardaigne (août 1717.).

Charles VI, par Paul STRUDEL, vers 1700, Deutsches historisches museum, Berlin.

L’année suivante, malgré la médiation de la France, le conflit entre l’Espagne et le Saint Empire romain germanique n’était toujours pas réglé. Philippe V ayant refusé de négocier, Charles VI décida alors de rejoindre la Triple Alliance (août 1718.).

Au même moment, les Anglais détruisirent une flotte espagnole qui se trouvait non loin de Syracuse, en Sicile.

 

A noter qu’en marge de ce conflit, la conspiration de Cellamare se tramait dans le dos de Philippe d’Orléans. En effet, le duc du Maine et son épouse Anne Louise, marris d’avoir été évincés suite à la prise de pouvoir du régent, avaient donc décidé de comploter contre ce dernier.

Le duc du Maine et son épouse, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Se rapprochant de Philippe V (ce dernier n’avait pas perdu espoir de monter sur le trône de France à la mort de Louis XV, voire même d’y placer un de ses fils.), les conjurés furent néanmoins découverts en décembre 1718.

L’opinion publique, indignée par l’affaire, réclama alors la guerre contre l’Espagne.

Philippe, duc d'Orléans, régent de France, école française, début du XVIII° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

L’Angleterre, qui en attaquant la flotte espagnole sur les côtes de la Sicile avait été la première à prendre part au conflit, déclara la guerre à l’Espagne en décembre 1718, suivie quelques jours plus tard par la France (janvier 1719.).

L’armée royale, commandée par Jacques I° Fitz-James[8], duc de Berwick-upon-Tweed, traversa les Pyrénées sans rencontrer de résistance, progressant dans le nord de l’Espagne. Au même moment, en août 1719, des Bretons hostiles au régent décidèrent d’ourdir un complot contre Versailles (Philippe V leur promit alors une aide financière.).

Buste de Jacques I° de Fitz-James, duc de Berwick, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles..

Toutefois, alors que Berwick s’était emparé de Saint Sébastien et faisait brûler des navires espagnols non loin de Bilbao, les Bretons attendaient toujours l’aide de Philippe V. En septembre 1719, le complot fut toutefois éventé, et les rebelles furent arrêtés.

Fusil d'officier d'infanterie, vers 1717, musée de l'Infanterie, Montpellier.

A la fin de l’année, après s’être emparé d’Urgel, Berwick dut abandonner Rosas faute d’effectifs suffisants. Il se replia alors vers le Roussillon, où il prit ses quartiers d’hiver.

 

En février 1720, Philippe V, dépité par ces multiples revers, décida alors de mettre en place des pourparlers afin de mettre un terme au conflit.

Bien que les Anglais refusèrent de lui restituer Gibraltar (dont ils s’étaient emparés lors de la guerre de succession d’Espagne.), Philippe V accepta néanmoins de faire la paix.

Ainsi, en juin 1721, France et Espagne décidèrent de nouer une alliance matrimoniale, fiançant le jeune Louis XV et Marie Anne Victoire de Bourbon, fille de Philippe V ; ainsi que Louis (fils aîné du roi d’Espagne.) et Louise Elisabeth, fille du régent.

Allégorie des fiançailles de Louis XV avec l'infante Marie Anne Victoire, par Nicolas de LARGILLIERE, esquisse exécutée vers 1722, musée Carnavalet, Paris.

 

            3° La seconde moitié de règne de Philippe d’Orléans (1720 à 1723) – Bien que n’ayant pas rencontré de difficultés au cours des premières années de la régence, Philippe d’Orléans ne tarda guère à se trouver confronter à plusieurs problèmes d’importance.

 

En effet, au cours de l’été 1720, le système de Law fit faillite, les actions ne cessant de baisser. De nombreux particuliers tentèrent ainsi de se débarrasser de leurs billets alors qu’au même moment, les grands du royaume rentrèrent dans la banque afin d’y retirer d’importantes sommes d’or. Suite à cet évènement, des émeutes éclatèrent devant la banque, contraignant l’établissement à faire faillite.

Scène d'émeute dans Paris, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

A la fin de l’année, les billets de banque furent supprimés, le système abandonné, et Law se réfugia à Venise.

Le Grand Canal de Venise vu du pont du Rialto, par Antonio CANAL, dit CANALETTO, vers 1725-1730, musée Cognacq-Jay, Paris.

Près de deux millions de personnes avaient été séduites par le système de Law, soit environ 10% de la population française. Les petits épargnants furent entièrement indemnisés, les plus aisés furent au moins remboursés en partie, mais les spéculateurs furent frappés d’amendes.

Au final, bien que s’achevant sur un échec, le système de Law permit à la régence de renflouer les caisses de l’Etat et de dynamiser le commerce extérieur (surtout vers les colonies.). Toutefois, la banqueroute de la Banque générale rendit la France particulièrement méfiante à l’égard du papier monnaie.

 

En 1720, un autre évènement vint bouleverser le règne de Philippe d’Orléans : la peste de Marseille. Toutefois, l’épidémie fut dramatique non car elle frappa la cité par surprise, mais en raison du fait qu’elle se répandit à cause de la négligence et de l’appât du gain des dirigeants de la ville.

En effet, en mai 1720, un navire en provenance de Syrie, transportant des étoffes précieuses mais suspecté de porter le virus de la peste, accosta au port de Marseille.

L'entrée du port de Marseille, par Joseph VERNET, 1754, musée du Louvre, Paris.

Afin d’éviter une quarantaine qui aurait empêché de vendre les étoffes à la foire de Beaucaire, il fut alors décidé par les échevins[9] de placer l’équipage dans un dispensaire. Par la suite, les marchandises furent récupérées, et c’est ainsi que la maladie se répandit (les puces se trouvaient dans les replis des étoffes.).

En juillet, la peste frappa 70 personnes, mais comme les autorités refusèrent de boucler la ville, le fléau tua près de 1 000 victimes par jour à partir de la fin du mois d’août. En septembre, les portes de Marseille furent finalement bouclées, mais l’épidémie s’était déjà répandue en Provence et dans le Languedoc.

La peste dans Marseille, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Ce n’est qu’à partir de 1722 que la peste cessa de sévir. Mais l’épidémie avait frappé 40 000 personnes à Marseille (soit un tiers de la population.), et près de 100 000 victimes dans les régions avoisinantes.

 

Philippe d’Orléans, alors en mésentente avec le Parlement de Paris et parfois hué par les Parisiens, décida alors du retour de la Cour à Versailles, en juin 1722.

C’est dans ce climat tendu que Louis XV fut couronné à Reims, le 25 octobre 1722.

Sacre de Louis XV à Reims (25 octobre 1722), le roi conduit au jubé, attribué à Pierre Denis MARTIN, vers 1722, château de Versailles, Versailles.

Sacre de Louis XV à Reims (25 octobre 1722), imposition des onctions, attribué à Pierre Denis MARTIN, vers 1722, château de Versailles, Versailles.

Par la suite, il fut déclaré majeur en février 1723 (il avait 13 ans à l’époque.). Philippe d’Orléans demanda alors au jeune souverain de bien vouloir lui accorder le poste de principal ministre, ce que Louis XV lui accorda sans hésiter.

Lit de justice à la majorité de Louis XV, par Nicolas LANCRET, 1723, musée du Louvre, Paris.

Toutefois, n’étant pas en bonne santé, Philippe d’Orléans mourut peu de temps après, le 2 décembre 1723.

La mort de Philippe d'Orléans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

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[1] Louis mourut quelques jours après son épouse. D’où les rumeurs d’empoisonnement qui se propagèrent rapidement.

[2] Pour en savoir plus sur l’arrivée de Philippe V sur le trône d’Espagne, cliquez ici. A noter en outre que certains aristocrates ne souhaitaient pas que le jeune Louis monte sur le trône, lui préférant le souverain espagnol.

[3] A noter que les parlementaires, accusés par Louis XIV d’avoir été les instigateurs de la Fronde, avaient été écartés du pouvoir dès les premières années de règne de ce souverain. Pour en savoir plus sur la Fronde, cliquez ici.

[4] Le droit de remontrance pouvait être invoqué lors de l’enregistrement d’un édit contraire aux intérêts du roi ou du peuple.

[5] A l’origine, Law avait proposé au régent de créer une banque d’Etat, ayant le monopole de l’émission des billets (ce qui aurait permis sur le long terme de diminuer, voire même de supprimer les impôts.). Ce projet jugé irréaliste fut toutefois rejeté.

[6] Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[7] Jacques III était le fils de Jacques II, souverain catholique, qui avait été chassé du trône d’Angleterre en novembre 1688, à l’instigation de son gendre Guillaume d’Orange. Pour en savoir plus a ce sujet, voir le a), 2, section VII, chapitre troisième, les Bourbons.

[8] A noter que le duc de Berwick (il était un fils naturel de Jacques II, prétendant au trône d’Angleterre.), avait participé à la guerre de succession d’Espagne aux côtés de Philippe V.

[9] Les échevins, choisis au sein de la bourgeoisie marseillaise, étaient les officiers de la ville de Marseille. Ils portaient autrefois le nom de consuls.

 
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