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Mythologie
 
 

 

 

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Les Capétiens


CHAPITRE QUATRIÈME : Philippe II Auguste et Louis VIII (1180 à 1226)


VII : Gouvernement de Philippe II Auguste

 

            1° Bilan du règne de Philippe II – Depuis son accession au trône, Philippe II avait réussi à agrandir considérablement le domaine royal.

 

a) L’agrandissement territorial : ainsi, ce dernier s’était emparé de la Normandie, du Maine, de l’Anjou, de la Touraine, du Poitou, et du Berry, par conquête sur Jean sans Terre ; de l’Artois, par mariage ; du comté d’Amiens et du Vermandois, par héritage ; de l’Auvergne, par rachat.

 

A noter que l’agrandissement du domaine royal s’était doublé d’un net affaiblissement de la couronne anglaise, les Plantagenêts ne possédant plus sur le continent que la Guyenne.

 

b) Impôts et forteresses : par ailleurs, si les impôts ne rentraient plus dans les caisses de l’Etat depuis l’époque carolingienne, le règne de Philippe II permit à la couronne de bénéficier d’importantes rentrées d’argent.

Ainsi, l’impôt faisait rentrer chaque année plus de 150 000 livres dans les caisses de l’Etat ; le patrimoine du roi des Francs, en 1223, s’élevait à 800 000 livres.

 

Les rentrées d’argent régulières permirent à Philippe II d’entretenir plus de troupes dans les provinces conquises, mais aussi d’ériger une série de forteresses dans les régions sensibles.  

Ainsi, c’est à cette époque que disparurent les mottes castrales (de simples châteaux en bois érigés sur des positions en hauteur), remplacés par de solides donjons en pierre.

 

c) Philippe II, roi des Francs ou roi de France ? : la victoire de Bouvines, comme nous l’avons vu plus tôt, eut un important retentissement.

La monarchie capétienne, relativement mineure depuis la fin du X° siècle, obtint sous le règne de Philippe Auguste une puissance lui permettant de rivaliser avec les plus grands.

 

C’est à cette époque que la titulature royale évolua, Philippe II abandonnant le vieux titre de rex francorum (roi des Francs) pour celui de rex Franciae (roi de France).

Cette évolution, que les historiens situent entre la fin du XII° siècle et le début du XIII° siècle, traduisent l’évolution de la monarchie, à une époque ou Philippe II étendait son autorité sur de nombreuses régions de France.  

La France en 1223, à la mort de Philippe II Auguste.

 

            2° Renaissance de l’administration – Plutôt que de confier ses nouvelles possessions à de nouveaux ducs ou comtes, Philippe II entreprit de mettre en place une nouvelle structure administrative.

 

Dans son testament, rédigé en 1190, alors qu’il partait pour la Terre Sainte, le roi des Francs officialisa la charge de bailli, chargé d’administrer un baillage[1].

Ces fonctionnaires royaux avaient pour fonction de rendre la justice (leur décision ne pouvait être cassée que par le roi), lever les impôts ou commander les armées.

Les baillis, bénéficiant d’une importante rémunération (une livre mensuelle alors que les chevaliers ne recevaient que 10 sous[2]), étaient soumis à une contrôle très strict.

Ils étaient assistés par des prévôts, chargés des affaires locales. Ces derniers pouvaient juger les roturiers mais pas les nobles, privilège des baillis (ces derniers pouvaient casser la décision des prévôts). En outre, certains cas leur échappaient, comme le meurtre et la trahison.

 

A noter que les baillis n’étaient pas des fonctionnaires permanents. Ainsi, ils ne pouvaient ni acquérir de biens, ni emprunter, ni marier leurs enfants dans leur circonscription. Ne restant que trois ans en charge, ils devaient rendre des comptes en sortant et restaient cinquante jours dans leurs provinces pour répondre aux plaintes formulées par leurs administrés.

 

 

Cependant, dans certaines provinces conquises sous son règne, Philippe II préféra installer non des baillis mais des sénéchaux (ces derniers avaient des pouvoirs similaires à ceux des baillis).

Le sénéchalat, autre vieille institution, devint à cette époque non transmissible. En effet, contrairement au bailli qui n’était pas attaché à sa province, le sénéchal était un seigneur local, et pouvait donc être aussi gênant pour le roi qu’un comte ou qu’un duc.

A noter cependant que plusieurs sénéchaux furent remplacés par des baillis sous le règne de Philippe II.

 

            3° Embellissement de Paris – Lors de l’accession de Philippe II au pouvoir, Paris n’avait rien d’une capitale.

La ville, établie sur la rive droite, était constituée de quatre quartiers : le quartier de Grève, le Châtelet, les Halles, et Saint-Germain-L’auxerrois. L’on comptait une multitude de chaumières en plus ou moins bon état, entre lesquelles circulaient des rues boueuses et étroites. Les nombreuses églises de Paris étaient en bois pour la plupart, la ville ayant en son sein un certain nombre de monastères entourés de hautes murailles.

 

En fixant définitivement sa capitale à Paris, Philippe II donna un nouvel essor à la cité.

En s’emparant de la Normandie, le roi des Francs permit au commerce fluvial de s’accroitre considérablement.

Les rues n’étant pas pavées, Philippe II fit paver les principales artères de Paris en 1186. Il fut employé pour ce travail des dalles de grès d’environ un mètre carré, qui rappelaient les vieilles voies romaines.

En 1190, avant de partir pour la troisième croisade, le roi des Francs ordonna l’érection d’une enceinte sur la rive droite de Paris, composée d’un mur épais et d’un parapet crénelé, ainsi que de nombreuses tours.

Une nouvelle enceinte, cette fois-ci sur la rive gauche, fut érigée à compter de 1210.

 

Par ailleurs, plusieurs monuments furent élevés dans la capitale : les halles, dans la plaine de Champeaux ; le Louvre, près de l’église Saint-Germain-L’auxerrois, qui devint résidence royale à compter du XIV° siècle ; les travaux de l’église Notre-Dame furent poursuivis[3] ; l’Hôtel-Dieu, premier hôpital de Paris, reçut des agrandissements considérables ; enfin, l’université de Paris fut officiellement reconnue par décret royal.

Vestiges de l'enceinte du Louvre médiéval, musée du Louvre, Paris.

 

Preuve de sa rapide évolution, Paris, qui ne comptait que 25 000 habitants au début du règne de Philippe II, en abritait le double en 1223.

En l’espace de quelques années, la capitale du royaume de France devint la ville la plus peuplée d’Europe (hormis l’Italie[4]).

 

            4° L’université de Paris – Nous avons vu précédemment que les vieilles écoles romaines, installées dans les villes, avaient périclité suite aux invasions barbares et l’abandon progressif des cités.

Ces dernières, à l’époque carolingienne, furent peu à peu remplacées par les écoles-cathédrales et les écoles-monastères, où l’on y enseignait la théologie, le droit canon[5], et les sept arts libéraux[6].

 

L’université de Paris fit son apparition dans la capitale à compter de 1150. Cette dernière n’était à l’origine qu’une assemblée de maîtres et d’élèves, d’où son nom (le terme universitas signifie « ensemble » en français).

Cette corporation, reconnue par décret royal en 1200, fut assimilée à une organisation ecclésiastique, et ses membres reçurent le statut de clerc. Ces derniers, conformément aux décisions du concile d’Orléans (511), ne pouvaient être jugés que par un tribunal ecclésiastique[7].

 

Les nombreux écoliers venus suivre les cours de l’université, installés sur les flancs de la montagne Sainte Geneviève, donnèrent naissance à un nouveau quartier de Paris, le quartier latin (appelé ainsi car les écoliers faisaient l’apprentissage de cette langue morte).

Toutefois, bien que bénéficiant du statut de clerc, les écoliers étaient réputés pour leur turbulence, profitant de l’impuissance du prévôt (ce dernier ne pouvait rien faire car les écoliers ne relevaient pas de sa juridiction).

Statue de Sainte Geneviève, musée du Louvre, Paris (Sainte Geneviève, selon la légende, avait déconseillé aux Parisiens de fuir la capitale, prédisant que Paris serait épargnée par Attila.).

 

L’université de Paris fit la renommée de la capitale, devenant une des plus célèbres de l’occident médiéval, au même titre que les universités d’Oxford, Salamanque et Montpellier.

 

            5° Mort de Philippe Auguste (14 juillet 1223) – Alors qu’il se trouvait à Pacy, dans l’Eure, Philippe II décida de rejoindre Paris, afin d’assister à une réunion portant sur la question du Languedoc.

 

Toutefois, le roi des Francs ne survécut pas à la fatigue du voyage et mourut à Mantes le 14 juillet 1223.

Le défunt fut alors inhumé dans la basilique Saint Denis, la nécropole royale[8].

 

A sa mort, Philippe II avait eu plusieurs enfants de ses trois mariages : avec Isabelle de Hainaut, Louis ; avec Agnès de Méranie, Marie, Jean Tristan (mort-né) et Philippe Hurepel ; avec une maîtresse dont nous ne connaissons pas le nom, Pierre Charlot, qui épousa une carrière ecclésiastique.

Naissance de Louis VIII, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, XIV° siècle, Bibliothèque Nationale, Paris.

Louis, qui n’avait pas été sacré du vivant de son père (contrairement à ce que voulait la coutume), monta alors sur le trône de France.

Le sacre de Louis VIII, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle.

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[1] Le système des baillages était une vieille institution anglo-normande.

[2] A noter qu’une livre valait vingt sous. Pour en savoir plus sur le système livre-sou-denier, adopté à l’époque carolingienne, voir le 4, section IV, chapitre deuxième, les Carolingiens.

[3] L’érection de la cathédrale avait commencé en 1163, sous le règne de Louis VII. Voir à ce sujet le 7, chapitre troisième, les Capétiens.

[4] L’Italie, bien moins rurale que les autres pays d’Europe, comptait de nombreuses villes très peuplées.

[5] Le droit canon ou canonique règle l’organisation de l’Eglise catholique.

[6] Les sept arts libéraux sont : le trivium (grammaire, rhétorique, logique.) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie.).

[7] Pour en savoir plus sur le concile d’Orléans, cliquez ici.

[8] A noter que sa sépulture, décorée d’or et d’argent, ne fut pas détruite à la Révolution mais pendant la guerre de Cent ans par les Anglais.

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