Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens


CHAPITRE PREMIER : Les premiers Carolingiens (687 à 768)


II : Charles Martel (714 à 741)

 

            1° La guerre civile (714 à 719) – A la mort de Pépin de Herstal, ce fut Théodebald qui hérita de l’héritage de son grand-père. Toutefois, le fils de Grimoald le Jeune n’étant âgé que de six ans, ce fut sa grand-mère, Plectrude, qui s’occupa de la régence.

Une de ses premières mesures fut de faire enfermer Charles, qui souhaitait s’approprier l’héritage du défunt.

 

a) La révolte de Rainfroi (714) : mais, à l’annonce du décès de Pépin de Herstal, de nombreuses provinces de Gaule et de Germanie se soulevèrent.

En Neustrie, l’insurrection fut dirigée par Rainfroi, maire du palais. A la tête de ses troupes, ce dernier parvint à vaincre l’armée austrasienne dans la forêt de Compiègne, en 715 (il s’empara ainsi du trésor de Plectrude, abandonné sur le champ de bataille.

 

b) La mort de Dagobert III (715) : la même année, Dagobert III mourut, âgé de seize ans. C’est à compter du décès de ce souverain que les sources se contredisent quant à la filiation des Mérovingiens.

Ainsi, à la mort de Dagobert III, les leudes de Neustrie sortirent un dénommé Daniel d’un monastère, qui prit le nom de Chilpéric II suite à son accession au trône (ce dernier est présenté par certaines chroniques comme le fils de Childéric II[1]).

 

c) La contre-attaque de Charles (716 à 717) : progressant en direction des rives de la Meuse, Rainfroi s’allia avec Radbod, roi des Frisons.

Théodebald étant trop jeune pour lutter, les leudes d’Austrasie décidèrent de sortir Charles de sa prison. Ce dernier, une fois libéré, décida alors de prendre les armes.

 

Après un premier revers, Charles tendit avec succès une embuscade à Amblève, en Belgique (716) ; puis, il remporta la bataille de Vinchy contre les Neustriens, près de Cambrai (mars 717).

Suite à ces victoires, Charles contraignit Plectrude et Théodebald à renoncer au pouvoir[2] ; la même année, il nomma Clotaire IV comme roi d’Austrasie (ce dernier était peut être le fils de Thierry III ?)

 

d) La fin de la guerre civile (719) : s’étant assuré du contrôle de son territoire, Charles lança en 719 une nouvelle offensive contre la Neustrie.

Rainfroi, soutenu par Eudes, duc d’Aquitaine, fut toutefois vaincus par les Austrasiens lors de la bataille de Néry, près de Soissons. En fin d’année, Charles remporta une nouvelle victoire à Orléans.

 

Les leudes de Neustrie, vaincus, furent alors contraints de faire soumission. Rainfroi, chassé de la mairie, ne fut pas remplacé. En l’espace de quelques mois, Charles, désormais duc des Francs, parvint à faire reconnaitre son autorité sur toute la Gaule.

 

A la mort de Clotaire IV, en 719, Chilpéric II fut envoyé en Austrasie par Eudes, duc d’Aquitaine. Faisant soumission, le Mérovingien fut confirmé sur son trône par Charles.

Toutefois, le roi des Francs mourut en 721. Il fut alors remplacé par Thierry IV, un enfant de huit ans présenté comme un fils de Dagobert III (alors que ce dernier était mort à l’âge de seize ans).

 

Toutefois, si Charles avait reçu la soumission de la Neustrie, de nombreuses provinces de Germanie lui étaient encore hostiles. Ainsi, ce dernier combattit dans cette région pendant près de vingt ans. 

Charles Martel, par DEBAY, château de Versailles, Versailles.

 

            2° Campagnes en Germanie (720 à 734) – La Neustrie étant soumise, le duc des Francs décida de s’attaquer à la Germanie, de nombreuses provinces refusant alors de reconnaitre l’autorité du Pipinide.

 

a) La conquête de la Frise (720 à 734) : Radbod, roi des Frisons, avait réussi à avancer jusqu’à Cologne en 716, lors de la guerre civile. Décédé en 719, ce fut son fils Poppa qui monta alors sur le trône.

Ce dernier, attaqué par les Francs, qui avaient avancé jusqu’au lac Flevo[3], décida de conclure une trêve avec Charles (vers 726).

 

La paix ne fut rompue par le duc des Francs qu’en 733, ce dernier se sentant suffisamment fort pour reprendre la lutte. L’année suivante, il vainquit les Frisons lors de la bataille du Boarn, au cours de laquelle Poppa fut tué.

Suite à cet évènement, Charles profita de la désorganisation de l’ennemi pour assoir sa domination sur la Frise.

 

b) Missions religieuses : la soumission de la Germanie s’accompagna d’une évangélisation de grande ampleur, de nombreux peuples de la région étant encore fidèles au paganisme.

  

Le moine anglo-saxon Boniface (Winfried de son vrai nom), nommé évêque régionnaire[4] par le pape Grégoire II en 718, fut envoyé en Thuringe afin évangéliser les habitants de cette province. Travaillant pendant cinq années entre la Hesse et la Frise, Boniface fut nommé en 734 primat[5] de Germanie et archevêque de Mayence.

Fondant les diocèses de Salzbourg, Ratisbonne, Erfurt et Wurtzburg, Boniface fut assassiné avec ses compagnons par des Frisons, en 754[6].

 

L’érection de ces évêchés entraîna une complète réorganisation du territoire de Germanie. Ainsi, autour de ces nouveaux centres de pouvoir s’érigèrent progressivement des villages, des bourgs, des routes, mais aussi des monastères.

 

            3° Les invasions musulmanes (622 à 732) – Alors que Charles luttait en Gaule afin d’assurer sa domination sur le royaume franc, une nouvelle menace apparut. Les musulmans, disciples de Mahomet, qui en l’espace d’un siècle avaient conquis l’Arabie, la Perse, le Proche-Orient, l’Egypte, l’Afrique du nord et l’Hispanie.

 

a) Naissance de l’islam (début du VII° siècle) : Mahomet naquit à La Mecque vers 570. Membre de la tribu des Quraych, il aurait rencontré l’ange Gabriel en 610, lequel lui aurait transmis la parole de Dieu (l’ensemble de ces versets formèrent plus tard le Coran, rédigé plusieurs années après la mort de Mahomet.).

Désireux de faire part de la « parole divine » aux Mecquois, qui étaient polythéistes, Mahomet fut néanmoins repoussé par ces derniers. En juillet 622, il décida de se rendre à Yathrib (aujourd’hui Médine.). L’hégire (ce qui signifie « émigration ») marque le début du calendrier musulman.

 

Au cours des années qui suivirent, Mahomet lança une offensive sur La Mecque. Il s’empara de la ville, détruisit les idoles, et imposa l’islam à tous les habitants de la ville.

Mahomet mourut en 632, soit dix ans après l’hégire, étant parvenu à convertir la totalité de la péninsule arabique à l’islam. Ces derniers mots furent « chassez tous les gens du livre[7] et faites en sorte qu’ils ne reviennent plus. »

 

b) Les conquêtes des quatre califes de l’islam (632 à 657) : son successeur fut Abou Bakr, beau-père de Mahomet. Ce dernier fut le premier calife de l’islam, mais ne vécut pas suffisamment longtemps pour jouer un grand rôle (c’est lui qui compila les versets du Coran.). 

 

En 634, à la mort d’Abou Bakr, ce fut Omar, un autre beau-père de Mahomet, qui devint le second calife de l’Islam. Ce dernier commença par s’attaquer à la Perse, pays tout juste sortie d’une sanglante querelle de succession.

En 636, après s’être emparés de la Mésopotamie, les musulmans se lancèrent à l’assaut du Proche-Orient, alors sous contrôle de l’Empire byzantin. Toutefois, les troupes grecques furent vaincues lors de la bataille de Yarmouk. Les musulmans, établissant leur domination sur la région, s’emparèrent de Jérusalem en 638.

En 642, Omar s’empara de l’Egypte, puis progressa vers l’Afrique du nord. Toutefois, Omar fut assassiné par un esclave perse en 644. Il fut alors remplacé par Othman, troisième calife de l’islam.

 

Othman, s’attaquant aux îles de la Méditerranée, fut assassiné à son tour en 656 par Ali, cousin et gendre de Mahomet, qui devint ainsi quatrième calife de l’islam. L’année suivante, Muawiya, gouverneur de Damas et parent d’Othman, décida de marcher contre Ali et le vainquit à la bataille de Siffin.

Muawiya, établissant sa domination sur un territoire reliant l’Arabie à l’Afrique du nord, devint le premier calife de la dynastie Omeyyade (Ali, réfugié en Perse, mourut assassiné en 661, donnant naissance au chiisme, une branche minoritaire de l’islam.).

 

c) Les musulmans à l’assaut de l’Hispanie (711 à 714) : étant désormais établis en Afrique du nord, les musulmans débarquèrent en Hispanie à compter de 711.

Tariq ibn Ziyad, gouverneur de Tanger, aurait été appelé par le comte Julien, dont la fille avait été mise enceinte (où violée, comme l’affirment certaines chroniques) par Rodéric, le roi des Wisigoths.

 

Apprenant que les musulmans avaient débarqué, Rodéric, qui combattait une insurrection basque, descendit en hâte vers le sud du pays. Cependant, les Wisigoths furent vaincus lors de la bataille du Barbate, et Rodéric trouva la mort suite à l’affrontement (il se serait accidentellement noyé, même si certaines chroniques affirment qu’il aurait été tué pendant la bataille).

 

Suite à cet affrontement, les troupes de Tariq s’emparèrent rapidement de Séville et Cordoue, puis de Tolède, la capitale. Progressant vers le nord, les musulmans s’emparèrent de Saragosse en 714. Les Wisigoths, affaiblis par la disparition de Rodéric, ne furent pas en mesure de riposter efficacement.

La progression des musulmans fut d’autant plus rapide que les habitants des villes ayant ouvert leurs portes étaient récompensés par des lopins de terre confisqués aux aristocrates. Par de nombreux Wisigoths se convertirent à l’islam, afin d’échapper à l’impôt auquel étaient astreint les chrétiens (les esclaves épousant la foi musulmane retrouvaient leur liberté).

 

Peu à peu, le nom d’Hispanie fut remplacé par celui d’al-Andalus. Selon l’hypothèse la plus partagée aujourd’hui, ce mot proviendrait de l’arabisation du terme landa-hlauts, nom que donnaient les Wisigoths à l’Espagne (ce qui signifie « terres héritées »).

 

Les aristocrates wisigoths, quant à eux, se réfugièrent dans la région des Asturies suite à la chute de la monarchie.

 

d) Premières offensives musulmanes en Gaule (718 à 732) : Tariq ayant été rappelé à Damas, ce furent ses successeurs qui poursuivirent la conquête de l’Hispanie, franchissant les Pyrénées en 718.

 

Dans un premier temps, les musulmans avancèrent en direction de la Septimanie (actuel Languedoc), région sous contrôle des Wisigoths. S’emparant de Narbonne en 720, les envahisseurs parvinrent à annexer cette province à al-Andalus. L’année suivante, ils furent toutefois repoussés devant Toulouse par les troupes d’Eudes, duc d’Aquitaine.

En 725, une nouvelle incursion permit aux musulmans de prendre Avignon, aux portes de la Provence. Puis, remontant la vallée du Rhône, les envahisseurs prirent Autun et pillèrent le monastère de Luxeuil.

N’ayant pas les moyens de s’établir en Burgondie, les musulmans rentrèrent en Septimanie avec leur butin.

 

            4° L’expédition de 732 Si aujourd’hui, l’expédition de 732 est qualifiée d’invasion musulmane, voire d’invasion arabe (ce qui est inexact, car la majorité des participants étaient des Berbères[8]), les mots « musulman » et « islam » ne firent leur apparition dans la langue française qu’à compter du XVII° siècle.

Ainsi, au VIII° siècle, les envahisseurs furent baptisés les Sarrasins, terme hérité du latin Sarracenus (lui-même hérité du grec Sarakenoi), désignant un peuple nomade d’Arabie du II° siècle après Jésus-Christ.

Les musulmans furent aussi surnommé les infidèles au cours du Moyen-âge, ces derniers n’ayant pas épousé (voire renié pour certains) la religion catholique.

 

a) Première phase de l’expédition de 732 : suite à ces raids musulmans, Eudes décida de se rapprocher de Munuza, gouverneur de la Septimanie, alors en rébellion contre l’Espagne.

Toutefois, ce dernier trouva la mort lors d’une bataille l’opposant à Abd al-Rahman, gouverneur d’al-Andalus. Le vainqueur, soucieux de punir les alliés du défunt, décida alors d’en découdre avec le duc Eudes.

 

Au printemps 732, Abd al-Rahman traversa les Pyrénées à la tête de ses troupes, se dirigeant vers l’Aquitaine. Les musulmans assiégèrent alors Bordeaux, parvenant à prendre la ville.

Les troupes d’Eudes, en infériorité numérique, se retirèrent précipitamment, suivant le cours de la Garonne. Toutefois, soucieux d’en découdre avec son rival, Abd al-Rahman, décida de poursuivre l’ennemi, lui infligeant une lourde défaite.

 

Eudes, désormais menacé, fut alors contraint d’implorer le secours de Charles. Ce dernier, qui combattait en Germanie, accepta de venir au secours du duc d’Aquitaine, à condition que ce dernier fasse soumission.

 

b) La bataille de Poitiers (25 octobre 732) : suite à la prise de Bordeaux, Abd al-Rahman poursuivit sa progression. Marchant en direction de Poitiers, il pilla l’abbaye Saint Hilaire, puis se dirigea vers Tours. En effet, Abd al-Rahman souhaitait s’emparer des richesses de la basilique Saint-Martin-de-Tours, principal sanctuaire des Francs depuis l’époque de Clovis[9].

 

De son côté, Charles préférait attendre que l’ennemi soit gorgé de butin, afin de diminuer sa mobilité. Ainsi, pendant une semaine, les combats entre les deux belligérants se limitèrent à quelques escarmouches dans la région du Poitou.

Finalement, les Francs passèrent à l’offensive le samedi 25 octobre 732[10].

La bataille de Poitiers, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.

Abd al-Rahman envoya alors sa cavalerie légère sur l’ennemi. Cependant, les troupes de Charles, équipées de leurs lances et de leurs boucliers, encaissèrent les charges successives des cavaliers musulmans.

La bataille de Poitiers, par Charles STEUBEN, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

Les Sarrasins, subissant d’importantes pertes, furent finalement contraints de quitter le champ de bataille à la nuit tombée.

 

Mais dans la soirée, le duc Eudes attaqua le camp musulman, ayant pris l’ennemi à revers. Croyant leur butin menacé, les envahisseurs regagnèrent en hâte leur campement, où ils subirent d’importantes pertes.

Abd al-Rahman ayant trouvé a mort pendant la mêlée, les musulmans décidèrent de reculer jusqu’aux Pyrénées.

Charles Martel et ses hommes pillent le butin des musulmans, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Suite à cet affrontement, Charles reprit Bordeaux, recevant la soumission (théorique) de l’Aquitaine. Toutefois, si le duc des Francs avait remporté la bataille de Poitiers, les musulmans n’avaient pas été chassés hors de Gaule. Ainsi, ces derniers conservèrent leurs territoires en Septimanie pendant encore une trentaine d’années.

 

La bataille de Poitiers eut rapidement un important retentissement. C’est ainsi que Charles reçut le surnom de Martel, car il avait, comme le disent certaines chroniques, broyé les infidèles.

  

            5° Les suites de la bataille de Poitiers (736 à 739) N’ayant pas réussi à chasser les musulmans hors de Gaule, Charles organisa plusieurs expéditions contre la Septimanie et la Provence, territoires entre les mains des envahisseurs.

 

a) Les musulmans à l’assaut de la Provence (735) : après avoir tenté une nouvelle offensive contre l’Aquitaine en 733 (avortée dans les gorges pyrénéennes), les musulmans décidèrent de marcher vers la Provence (735).

Partis de Septimanie, ces derniers s’emparèrent d’Arles et d’Avignon ; puis ils remontèrent vers la Bourgogne, pillant plusieurs églises et monastères.

C’est à cette occasion que Mauronte, duc de Provence, se rapprocha des envahisseurs (bien que les chroniques ne soient pas claires à ce sujet).

 

a) Expédition de 736 : en 736, Charles fit marcher ses troupes dans la vallée du Rhône, en direction de Marseille. Ce dernier reçut la soumission de Mauronte, qui fit mine d’accepter la suzeraineté du duc des Francs. Par ailleurs, le duc de Provence annonça qu’il aiderait Charles à reprendre Arles.

 

Toutefois, il ne s’agissait que d’une réconciliation de façade, car Mauronte se révolta dès l’année suivante.

 

b) Expédition de 737 : en 737, Charles redescendit la vallée du Rhône, venant assiéger Avignon. S’emparant de la cité, le duc des Francs s’avança ensuite vers Narbonne, mettant le siège devant la cité.

C’est à cette date que les Francs remportèrent la bataille de la Berre, étant parvenus à prendre de surprise une armée ennemie s’étant portée au secours des assiégés.

 

L’hiver approchant, Charles fut contraint de lever le siège, menacé sur ses arrières par le duc Mauronte. Avant de partir, le duc des Francs fit détruire les fortifications de Nîmes, Agde et Maguelone.

 

c) Expédition de 739 : tombé malade à l’été 738, Charles organisa une nouvelle expédition l’année suivante, cette fois dirigée contre la Provence.

Soutenus par les Lombards[11], les Francs entreprirent de chasser les Sarrasins de la région.

 

Les seigneurs s’étant alliés avec les envahisseurs furent privés de leurs terres (Mauronte, vaincu à Avignon, fut contraint de s’exiler dans les Alpes) ; et de nombreuses villes provençales furent pillées. Certains historiens pensent que Charles obtint son surnom de Martel non suite à la bataille de Poitiers, mais suite aux exactions qu’il commit en Provence.

 

d) Bilan des expéditions militaires contre les musulmans : les expéditions militaires contre les musulmans permirent aux Francs de prendre la Provence, ainsi que les deux tiers de la Septimanie.

A noter que ces coups de force permirent aussi à Charles de recevoir la soumission de ces provinces longtemps hostiles.

 

A la fin du règne de Charles Martel, les musulmans ne conservaient plus en Gaule qu’un territoire reliant Narbonne aux Pyrénées[12]. Par ailleurs, les musulmans d’Espagne ne lancèrent plus d’expédition d’envergure contre la Gaule (à noter qu’une série d’insurrections ébranlèrent l’autorité du califat omeyyade à la fin de la première moitié du VIII° siècle).

 

            6° Réforme militaire – Suite à la bataille de Poitiers, Charles Martel profita de son autorité pour transformer en profondeur l’organisation militaire franque.

 

Jusqu’à présent, l’armée était composée de fantassins, levé dans les différents comtés du royaume. Ces derniers n’étaient pas équipés par le roi, ainsi, ils devaient entretenir eux-mêmes leurs armes, armures et boucliers.

 

Frappé par la vitesse de déplacement des musulmans, le duc des Francs décida de créer des unités de cavalerie ; toutefois, le coût d’entretien était trop onéreux pour de nombreux sujets.

Afin de contourner ce problème, Charles fit distribuer des terres à ses vassaux, n’hésitant pas à confisquer les biens de l’Eglise pour mener son projet à bien[13]. Désormais, chaque homme gratifié d’un bénéfice (c'est-à-dire d’un fief) était tenu d’entretenir un cheval de guerre.

Harnais de chevaux de l'époque carolingienne, VII°-VIII° siècle, Neues museum, Berlin.

 

Cette mesure, portant en elle les germes de la féodalité, fut particulièrement populaire. Au fil des années, les rois de France firent de plus en plus appel à leur cavalerie, les fantassins n’ayant qu’une fonction de soutien.

 

            7° Les dernières années de règne de Charles Martel – en 737, Thierry IV mourut, âgé de 24 ans. Comme le défunt n’avait pas eu d’enfants, Charles Martel ne nomma pas de successeur, régnant seul jusqu’à sa mort, en octobre 741.

 

Contrairement aux derniers Mérovingiens, Charles avait eu de nombreux enfants : avec Rotrude, sa première épouse, Carloman et Pépin III ; avec Chrotais, vraisemblablement cousine de la précédente, Bernard ; avec Swanahilde, princesse bavaroise, Griffon ; avec une concubine dont le nom nous est inconnu, Jérôme et Rémy.

Toutefois, Charles décida de privilégier Carloman et Pépin, écartant ses autres enfants de l’héritage[14]

 

A sa mort, Charles fut inhumé dans la basilique Saint Denis, n’étant pas roi même s’il en détenait le pouvoir.

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[1] Pour en savoir plus sur le règne de Childéric II, voir le 2, section II, chapitre sixième, les Mérovingiens.

[2] L’on ne sait guère ce qu’il advint de Théodebald après 717, ce dernier disparaissant dès lors des documents officiels. Certains chroniqueurs affirment qu’il serait mort peu de temps après ; d’autres laissent à penser qu’il aurait été tué par les fils de Charles suite à leur accession au pouvoir.

[3] Le lac Flevo, aujourd’hui asséché, à donné son nom à la province du Flevoland.

[4] L’évêque régionnaire, n’étant rattaché à aucun diocèse, avait avant tout une fonction de missionnaire évangélique.

[5] Le primat possède une suprématie, au moins honorifique, sur tous les archevêques et évêques de la région.

[6] Boniface fut canonisé à sa mort.

[7] On désignait par l’appellation gens du livre les juifs, mais aussi les chrétiens.

[8] Les Berbères sont un peuple originaire d’Afrique du nord. Leur nom provient d’une arabisation du mot « barbare », désignant à l’origine un peuple n’étant pas de culture grecque ou romaine.

[9] Pour en savoir plus sur le règne de Clovis, cliquez ici.

[10] Les historiens ont longtemps avancé la date du samedi 17 octobre 732, car les chroniques, peu précises, indiquent que la bataille avait été livrée un samedi du mois d’octobre. Toutefois, cette année-ci, le samedi tomba le 25 et non le 17 (d’où la date communément retenue aujourd’hui). Certains historiens avancent toutefois la date du samedi 17 octobre 733.

[11] Les Lombards formaient un peuple barbare qui avait envahi l’Italie au cours de la seconde moitié du VI° siècle. Pendant plusieurs décennies, ils luttèrent contre les Byzantins, qui avaient eux aussi des prétentions sur la région.

[12] Les musulmans furent chassés de la région en 759. Voir à ce sujet le b), 6, section III, chapitre premier, les Carolingiens.

[13] De nombreuses spoliations furent constatées en Provence et en Bourgogne. Par ailleurs, Charles n’hésita pas à démettre les évêques lui étant hostile, les remplaçants par des proches.

[14] Hormis Griffon, qui lutta contre ses deux aînés, les fils de Charles écartés de la succession épousèrent une carrière ecclésiastique.

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