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Mythologie
 
 

 

 

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Les derniers Bourbons (1815 - 1830)

 

CHAPITRE SECOND : Charles X (1824 à 1830)

 

III : La révolution de juillet (fin juillet 1830)

           

            1° Les prémices d’une nouvelle révolution (26 juillet 1830) – Suite à la promulgation des quatre ordonnances de Saint Cloud, les députés ne réagirent pas immédiatement. Si certains s’insurgèrent contre cet abus de pouvoir, d’autres, au contraire, décidèrent alors de se rapprocher de Charles X[1].

Les députés proposèrent alors au roi de France d’opter pour une solution diplomatique, consistant à conserver Polignac mais à faire entrer quelques ministres libéraux au sein du gouvernement. Toutefois, les discussions se soldèrent par un échec.

La place de la Concorde, 1829, par Giuseppe CANELLA, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Ce furent les journalistes, qui protestèrent les premiers, signant une pétition qui dénonçait les ordonnances de juillet. Quelques députés libéraux décidèrent alors de rejoindre les signataires, mais refusèrent toutefois de s’engager à leurs côtés.

 

Dans la soirée, quelques Parisiens hostiles à la monarchie manifestèrent dans la capitale, mais les participants se séparèrent d’eux-mêmes à la nuit tombée.

 

            2° Les Parisiens tirent les premiers coups de feu, première journée des trois glorieuses (27 juillet 1830) – Malgré l’interdiction, plusieurs journaux furent imprimés tôt le matin (comportant la pétition signée la veille par une quarantaine de journalistes.). Le préfet de Paris fut alors chargé de saisir les journaux incriminés, ce qui occasionna plusieurs rixes entre policiers et imprimeurs[2]. De nombreuses presses furent détruites afin d’empêcher les contestataires de publier de nouveaux textes.

 

Le maréchal Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont, commandant de la division militaire de Paris, décida d’installer plusieurs bataillons militaires dans Paris, comme le lui avait ordonné Charles X.

Rappelons que Marmont avait trahi Napoléon lors de la campagne de France (printemps 1814.), négociant la capitulation de Paris face aux puissances ennemies[3]. Le maréchal n’avait donc pas une côte de popularité particulièrement élevée.

 

Les Parisiens, constatant l’arrivée des soldats, décidèrent alors d’ériger des barricades dans les rues de la capitale. Récupérant les pavés des trottoirs, les insurgés parvinrent ainsi à confectionner rapidement des remparts de fortune.

L’armée ouvrit alors le feu, et les émeutiers déplorèrent leurs premiers morts en fin de journée. A noter toutefois que plusieurs compagnies[4], refusant de servir le roi, décidèrent de fraterniser avec les insurgés.

Officiers du 4° Léger (à gauche.) et du 48° de ligne, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Dans la nuit, les jeunes républicains décidèrent d’imiter les révolutionnaires de 1789, pillant les boutiques d’armes et de munitions.

 

            3° L’entêtement de Charles X exacerbe les tensions, seconde journée des trois glorieuses (28 juillet 1830) – Alors que les députés, inquiets, étaient en train de discuter afin de trouver une issue au conflit, dans les rues la révolte se transformait peu à peu en révolution. Ainsi, les arbres des boulevards furent abattus afin de bloquer la circulation, et des éclats de verre furent répandus dans les rues afin d’empêcher le passage de la cavalerie.

 

Charles X, bien que constatant que l’émeute se faisait plus virulente, refusait d’annuler les ordonnances de Saint Cloud. Ainsi, il ordonna au maréchal Marmont de maintenir ses hommes en place et de mettre un terme à l’insurrection. Les soldats ayant fraternisé avec les insurgés, quant à eux, devaient être considérés comme des ennemis.

Combat de la porte Saint Denis, le 28 juillet 1830, par Hippolyte LECOMTE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Alors que les émeutiers étaient parvenus à s’emparer de l’Hôtel de ville, peu avant midi, un groupe de députés décida de rencontrer le maréchal Marmont. Toutefois, ce dernier refusa d’écouter ses interlocuteurs, réclamant la fin des hostilités en préalable à toute négociation.

La prise de l'Hôtel de Ville par les insurgés.

L’entretien s’acheva donc sur un échec.

 

Dans la soirée, Marmont reçut l’ordre de concentrer ses troupes autour des Tuileries et du Louvre. Ce faisant, il abandonnait aux émeutiers les quartiers du nord et de l’est de Paris.

 

            4° La soumission de Charles X, troisième journée des trois glorieuses (29 juillet 1830) – Au petit matin du 29 juillet, Marmont se rendit compte qu’il était dans une position particulièrement difficile. Ainsi, il était assiégé sur la rive droite, n’avait plus de ravitaillement depuis 24 heures, et commençait à manquer de munitions.

Le Pont Neuf et l'attaque du Louvre, le 29 juillet 1830, école française, première moitié du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Au même moment, un petit groupe de députés s’était réuni afin de discuter de la situation. Vers midi, sur proposition de François Pierre Guillaume Guizot, il fut décida de nommer le marquis de La Fayette commandant de la Garde nationale[5].

François Pierre Guillaume Guizot.

En outre, les députés décidèrent de mettre en place une commission municipale provisoire, chargée d’administrer la capitale jusqu’à la fin des émeutes.

 

En début d’après midi, les insurgés lancèrent un assaut contre le Louvre, parvenant à repousser les soldats de Marmont.

Prise du Louvre, le 29 juillet 1830 ; massacre des gardes suisses, par Jean Louis BEZARD, 1833, musée Carnavalet, Paris.

Les troupes royales, contraintes de se replier vers les Champs Elysées, se retirèrent finalement vers le bois de Boulogne afin de protéger le château de Saint Cloud (où se trouvait alors Charles X.).

Le duc d’Angoulême, nommé commandant des troupes royales, décida d’évacuer Paris à une heure de l’après midi. Ainsi, les émeutiers se retrouvaient maîtres de la capitale.

La liberté guidant le peuple, par Eugene DELACROIX, 1830.

 

Charles X, recevant la visite de deux pairs de France, Charles Louis Huguet de Montaran, marquis de Sémonville, et Antoine Maurice Apollinaire, comte d’Argout, décida finalement de s’incliner. Le roi de France renvoya donc le comte de Polignac, et s’engagea à annuler les ordonnances de Saint Cloud.

Antoine Maurice Apollinaire, comte d'Argout, par Honoré DAUMIER, XIX° siècle, musée d'Orsay, Paris.

Puis, il confia la charge de premier ministre à Casimir de Rochechouart, duc de Montemart[6] (à noter toutefois que ce dernier n’eut pas le temps de gouverner.).

 

Pendant ce temps, la commission municipale provisoire, sous l’égide de La Fayette, s’était installée à l’Hôtel de Ville. Une de ses premières mesures fut de rétablir le calme dans la capitale.

Le marquis de La Fayette, 1824.

Lorsque le marquis de Sémonville et le comte d’Argout arrivèrent à l’Hôtel de ville afin d’annoncer aux députés le changement de ministère, il leur fut répondu que le nouveau gouvernement ne serait accepté qu’à partir de trois conditions : retrait des ordonnances de Saint Cloud, réorganisation de la Garde nationale, et convocation des chambres.

Les deux pairs furent ainsi contraints de repartir auprès de Charles X à la nuit tombée.

 

            4° Les suites des trois glorieuses (juillet à août 1830) – L’annonce du renvoi de Polignac, comme nous venons de le voir, avait rapidement mis un terme à l’insurrection. Toutefois, à l’issue des trois glorieuses, Charles X était encore sur le trône...

 

a) 30 juillet 1830 : au petit matin du 30 juillet 1830, deux journalistes (Adolphe Thiers et François Auguste Marie Mignet[7].) firent valoir la candidature de Louis Philippe III, duc d’Orléans, sur le trône de France.

Adolphe Thiers et François Auguste Marie Mignet.

Ces derniers placardèrent ainsi de nombreuses affiches dans les murs de Paris, tenant de convertir le public à leur cause :

Charles X ne peut plus entrer dans Paris : il a fait couler le sang du peuple. La république nous exposerait à d’affreuses divisions : elle nous brouillerait avec l’Europe. Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la révolution. Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous ; le duc d’Orléans était à Jemmapes ; le duc d’Orléans est un roi-citoyen. Le duc d’Orléans à porté au feu les couleurs tricolores, le duc d’Orléans peut seul les porter encore. Nous n’en voulons point d’autre.

 

Le duc de Mortemart, tentant de faire publier les nouvelles décisions du roi, apprit que la commission municipale provisoire avait décidé de ne pas reconnaitre le nouveau gouvernement.

Dans l’après midi, de nombreux députés inquiets par le mouvement républicain, décidèrent alors de se rapprocher des orléanistes, confiant à Louis Philippe III la charge de lieutenant général du royaume.

Portrait de Louis Philippe III, duc d'Orléans.

 

Dans l’après midi, alors que la Chambre des pairs se montrait favorable aux orléanistes, la commission municipale provisoire proclamait la déchéance de Charles X.

 

b) 31 juillet 1830 : le duc d’Orléans, acceptant après moult hésitations d’être nommé lieutenant général du royaume, décida de se rendre à Paris. Louis Philippe III, soucieux de ne pas apparaitre comme un usurpateur, souhaitait en effet recueillir l’adhésion des Parisiens.

Louis Philippe arrivant à Paris, par Prosper LAFAYE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Approuvant une proclamation de Guizot prévoyant de nombreuses réformes ainsi que la reconnaissance de la charte de 1814, Louis Philippe III décida de se diriger vers l’Hôtel de ville, siège de la commission municipale provisoire.

La place de l'Hôtel de Ville, le 31 juillet 1830, à l'arrivée du duc d'Orléans, par Pierre Louis FOULLEY, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Le duc d’Orléans y fut reçu par La Fayette, promettant de sauvegarder les libertés publiques conformément au décret voté plus tôt dans la journée. Finalement, Louis Philippe III et La Fayette montèrent sur le balcon de l’Hôtel de ville, où ils se donnèrent l’accolade, enveloppés dans un drapeau tricolore.

Louis Philippe à l'Hôtel de Ville, école française, première moitié du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Les républicains assistant à la scène décidèrent ne pas s’opposer au duc d’Orléans, mais ils lui remirent une liste énumérant leurs revendications (souveraineté du peuple, pairie non héréditaire, droit de vote élargi, etc.).

 

c) Début août 1830 : Charles X, qui avait quitté Saint Cloud le 30 juillet au soir, s’était installé à Rambouillet. Isolé et suivant de loin les évènements, le roi de France décida finalement de signer son abdication (2 août 1830.). Ainsi, il léguait la couronne à son petit fils, Henri d’Artois (ce dernier était l’enfant posthume de Charles Ferdinand, duc de Berry, second fils de Charles X.).

 

A noter toutefois que Louis Antoine, duc d’Angoulême, fils aîné de Charles X et donc successeur légitime, fut lui aussi contraint de signer l’abdication. Cependant, s’étant écoulé quelques minutes entre la signature de son père et la sienne, les légitimistes considèrent que Louis Antoine aurait été roi pendant ce court laps de temps[8].

Louis Antoine d'Artois, duc d'Angoulême.

 

Le 3 août, Charles X et ses proches furent contraints de quitter Paris, se dirigeant vers le port de Cherbourg. Dans un premier temps, le souverain déchu se réfugia en Ecosse, puis plus tard, il s’installa à Prague[9] (Charles X mourut du choléra à Görz, ville d’Autriche, en novembre 1836.).

 

Quelques jours après le départ du souverain déchu, les députés proclamèrent la monarchie de juillet ; le duc d’Orléans fut nommé roi des Français sous le nom de Louis Philippe I°.

La branche aînée des Bourbons avait cessé de régner.


 

[1] Rappelons que les députés de 1830, payant un cens élevé, faisaient partie de la bourgeoisie et de la noblesse (contrairement aux députés de 1793.).

[2] Les typographes étaient des ouvriers chargés d’imprimer les journaux.

[3] Pour en savoir plus sur la reddition de Paris, voir le a), 5, section III, chapitre quatrième, l’épopée napoléonienne.

[4] Dans l’armée, une compagnie regroupe entre 100 et 150 soldats.

[5] La Garde nationale avait été dissoute par le comte de Villèle en 1827.

[6] Le duc de Mortemart, issu d’une famille aristocratique, avait émigré lors de la Révolution française mais était revenu en France lors du règne de Napoléon Bonaparte. Participant à plusieurs campagnes, Mortemart décida toutefois de rallier les Bourbons en 1814.

[7] Les deux hommes étaient respectivement nés en 1797 et 1796.

[8] Ce Louis XIX aurait donc eu le règne le plus court de l’histoire de France ; le « record » précédent étant détenu par Jean I° le posthume, fils de Louis X, qui régna cinq jours (soit le laps de temps s’étant écoulé entre sa naissance et son décès.). Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[9] La cité faisait alors partie de l’Empire d’Autriche.

 
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