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Mythologie
 
 

 

 

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Les derniers Bourbons (1815 - 1830)

 

CHAPITRE PREMIER : Louis XVIII (1815 à 1824)

 

I : Louis XVIII, de la révolution à la restauration (1789 à 1815)

           

            1° Les premières années de Louis XVIII (1755 à 1789) – Louis Stanislas Xavier, futur Louis XVIII, naquit à Versailles en novembre 1755. Ce dernier, septième enfant du dauphin Louis Ferdinand[1] (fils aîné de Louis XV.) n’était à l’origine pas destiné à régner. Néanmoins, Louis Stanislas Xavier reçut une bonne éducation au château de Versailles, puis fut titré comte de Provence.

Buste de Louis XVIII, par Achille VALOIS, 1814, musée du Louvre, Paris.

 

En 1771, Louis Stanislas Xavier épousa Marie Joséphine de Savoie[2]. Toutefois, le couple n’eut jamais d’enfants, le comte de Provence n’étant pas attiré par son épouse ; par ailleurs, cette dernière était vraisemblablement lesbienne.

Marie Joséphine de Savoie.

 

En avril 1774, Louis XV mourut. Le trône aurait alors dû revenir à son fils unique, Louis Ferdinand, mais ce dernier était décédé en décembre 1765 (son épouse, Marie Josèphe de Saxe, était elle aussi morte en mars 1767.). Ce fut alors Louis Auguste, troisième fils des défunts (les aînés du couple, Louis Joseph Xavier et Xavier Marie Joseph, étaient respectivement décédés en mars 1761 et février 1754.), qui monta sur le trône sous le nom de Louis XVI.

 

Le nouveau souverain, plus débonnaire qu’incompétent, inaugura son règne en restaurant le Parlement de Paris, institution juridique chargée de rendre la justice dans la capitale. Les parlementaires, dont les sièges se transmettaient de père en fils[3], avaient aussi des fonctions administratives, enregistrant les édits royaux et disposant d’un droit de remontrance.

Tout au long de son règne, Louis XVI tenta de mettre en place des réformes économiques, mais fut bloqué aussi bien par le Parlement de Paris que par la noblesse, chaque parti refusant que l’on porte atteinte à ses privilèges.

 

            2° Louis XVIII et la Révolution française (1789 à 1799) – En 1789, Louis XVI décida de convoquer les Etats Généraux, afin de passer outre les remontrances des parlementaires. Toutefois, cette décision ne tarda gère à déclencher la Révolution française[4].

 

Les députés du tiers état, après avoir affiché leur volonté de mettre en place une constitution, furent bientôt rejoints par le clergé et la noblesse au sein de l’Assemblée nationale. Promulguant de nombreuses réformes (adoption du système métrique, création des départements, déclaration des droits de l’homme, etc.), les députés mirent en place une monarchie parlementaire, ce qui ne plut guère à de nombreux aristocrates.

 

Alors que bien des nobles avaient déjà émigré, le futur Louis XVIII décida de quitter la France le 21 juin 1791. Alors que ce dernier franchissait la frontière des Pays Bas autrichiens, son frère aîné Louis XVI n’avait pas la même chance : en effet, ce dernier fut intercepté et ramené de force à Paris.

 

Par la suite, le comte de Provence se réfugia à Coblence, capitale de l’archevêché de Trèves[5]. A noter que cette cité était le point de ralliement de toute l’aristocratie française émigrée.

En août 1791, Louis Stanislas rencontra Frédéric Guillaume II, roi de Prusse, et Léopold II[6], Empereur germanique et archiduc d’Autriche. Les deux souverains décidèrent alors de signer la déclaration de Pillnitz, manifestant leur inquiétude vis-à-vis de la situation de Louis XVI.

Mais Léopold II n’était pas un belliciste, et mourut en mars 1792 sans rien avoir tenté contre la France. Son successeur, le jeune François II (il était le fils du défunt.), se montra rapidement menaçant. La France décida alors de déclarer la guerre à l’Autriche en avril 1792.

François II, château de Chantilly, Chantilly.

 

Le roi de Prusse décida quant à lui de participer au conflit, et fut rapidement rejoint par le comte de Provence, qui avait levé une petite armée. Toutefois, Prussiens et royalistes furent vaincus en avril 1792 lors de la bataille de Valmy[7].

 

Suite à cet échec, le futur Louis XVIII décida de se réfugier en Westphalie, région bien plus éloignée des frontières françaises que l’archevêché de Trèves. C’est de très loin que le comte de Provence assista à la déchéance de Louis XVI (la république fut proclamée en septembre 1792.), puis à son exécution capitale (21 janvier 1793[8].).

A la mort de son frère aîné, Louis Stanislas se proclama régent au nom de son neveu, le jeune Louis XVII. Toutefois, le petit garçon mourut en juin 1795, faisant du comte de Provence le nouveau roi de France[9] (cette titulature restait purement nominale.).

 

En France, la période de la Terreur, qui avait coûté la vie à près de 15 000 personnes, s’acheva en juillet 1794 avec l’exécution de Maximilien de Robespierre. Les jacobins, partisans d’une politique intransigeante, furent alors évincés du pouvoir et remplacés par des députés modérés.

Le Directoire[10], inauguré en 1795, ne parvint toutefois pas à sortir le pays de la crise qui sévissait depuis le règne de Louis XVI. Le nouveau régime fut alors attaqué aussi bien par les royalistes, qui voulaient mettre un terme à la Révolution ; que par les jacobins, qui souhaitaient la poursuivre (à noter que ces derniers, arrivés en tête des élections de juin 1799, furent désormais majoritaires dans les assemblées.).

 

L’abbé Emmanuel Joseph Sieyès[11], un des cinq directeurs, souhaitait mettre fin aux troubles qui agitaient le pays depuis dix ans. Ce dernier se rapprocha alors de Napoléon Bonaparte, un jeune général s’étant rendu célèbre pour ses victoires en Italie[12] et en Egypte[13].

Le 10 novembre 1799 (19 brumaire an VIII.), les députés du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens se réunirent à Saint Cloud. Bonaparte, après avoir rendu visite aux deux chambres, parvint à faire promulguer la création du Consulat, mettant ainsi un terme au Directoire.

 

            3° Louis XVIII et la période napoléonienne (1799 à 1815) – Suite au coup d’Etat de Brumaire, Napoléon Bonaparte avait été nommé premier consul. Louis XVIII, constatant les mesures d’apaisement mises en place par le Consulat, décida alors d’envoyer un courrier à Napoléon. Le Bourbon demanda alors à son interlocuteur d’être restauré sur le trône, en échange de quoi Napoléon recevrait la charge de lieutenant-général du royaume (20 février 1800.).

Le premier consul préféra toutefois refuser, envoyant sa réponse en fin d’année 1800.

 

En 1804, Louis XVIII et ses proches furent chassés de Prusse, le roi Frédéric Guillaume III ayant passé un accord avec Napoléon (ce dernier était entretemps devenu Empereur.). Le prétendant au trône de France se tourna alors vers le tsar Alexandre I°, qui installa les émigrés à Mittau, en Lettonie.

Vase à l'effigie de Frédéric Guillaume III, XIX° siècle, château de Charlottenburg, Berlin.

Toutefois, vaincu par la France, le souverain russe fut rapidement contraint de s’allier avec Napoléon. Suite à la signature du traité de Tilsit, en juillet 1807, Louis XVIII fut invité à quitter Mittau. Le Bourbon et ses proches décidèrent alors de se réfugier en Angleterre.

 

            4° La première restauration (avril 1814 à mars 1815) – Installé non loin de Londres, Louis XVIII rentra en France en avril 1814. Heureux de retrouver un trône qu’il réclamait depuis juin 1795[14], le nouveau souverain ne se montra guère intransigeant.

Entrée de Louis XVIII à Paris, le 3 mai 1814, par Pierre Nicolas LEGRAND, musée Carnavalet, Paris.

 

Ce dernier, le 4 juin 1814, promulgua ainsi la Charte de 1814, texte de compromis reconnaissant les acquis de la Révolution et de l’Empire.

Ainsi, plusieurs droits et libertés étaient reconnus (droit individuels, droit de propriété, liberté de la presse, liberté d’expression, liberté religieuse, etc.) ; par ailleurs, la vente des biens nationaux[15] n’était pas remise en cause (seules les parcelles invendues étaient rétrocédées à leur dernier propriétaire.) ; l’ancienne noblesse était rétablie dans ses titres, et la noblesse d’Empire conservait les siens.

Louis XVIII détenait le pouvoir exécutif (chef des armées, il avait le droit de déclarer la guerre ou de faire la paix ; il gérait aussi la diplomatie française.). Par ailleurs, le roi de France avait aussi un pouvoir législatif, ayant l’initiative des lois et le pouvoir de les promulguer.

Conscient des changements que la Révolution française et la période napoléonienne avaient engendré en France, le nouveau souverain avait en effet décidé de ne pas faire table rase du passé.

 

Au contraire, Charles, comte d’Artois, cadet du roi de France, n’appréciait guère la politique de son frère. Vivant comme un étranger, ne sachant pas ce qu’était un département ou un préfet, et réclamant sans cesse que l’on débonapartise le pays, Charles souhaitait un retour à la monarchie absolue.

Charles, comte d'Artois, par GERARD, 1819, château de Versailles, Versailles.

 

Louis XVIII fut toutefois contraint de se réfugier en Belgique en mars 1815, ayant appris que Napoléon, échappé de l’île d’Elbe, marchait vers Paris.

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[1] Le dauphin Louis Ferdinand et son épouse avaient eu dix enfants, cinq filles et cinq fils (dont les futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.).

[2] Marie Joséphine était la fille de Victor Amédée III, roi de Piémont Sardaigne.

[3] La vénalité des charges avait été instaurée au cours du XVI° siècle par François I°, afin de faire rentrer d’importantes sommes d’argent dans les caisses de l’Etat. Dès lors, les hauts fonctionnaires de l’Etat ne furent plus choisis par le souverain, mais achetèrent leurs charges. Ce système, favorable sur le court terme grâce aux rentrées d’argent qu’il occasionnait, fut toutefois dramatique sur le long terme (d’autant plus que le phénomène ne cessa de s’accroitre au fil des siècles.). En effet, les hauts fonctionnaires furent plus riches que compétents, et affaiblirent grandement l’administration royale.

[4] Pour en savoir plus sur la Révolution française, cliquez ici.

[5] L’archevêque de Trèves était un des princes électeurs, dont la fonction était d’élire l’Empereur du Saint Empire romain germanique.

[6] Léopold II était le frère de Marie Antoinette, épouse de Louis XVI.

[7] Pour en savoir plus sur la bataille de Valmy, voir le b), 3, section III, chapitre troisième, la révolution française.

[8] Pour en savoir plus sur l’instauration de la première république et les derniers jours de Louis XVI, cliquez ici.

[9] Selon la règle de primogéniture mâle, seuls les enfants de sexe masculin pouvait succéder au roi. Si ce dernier s’éteignait sans descendance, la couronne revenait alors au frère puiné du défunt.

[10] Le Directoire fut surnommé ainsi car il était composé de cinq directeurs, chacun prenant le pouvoir à tour de rôle. Ces derniers étaient toutefois soumis aux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens.

[11] A noter que Sieyès avait participé aux Etats Généraux de 1789, siégeant sur les bancs du tiers état.

[12] Pour en savoir plus sur la première campagne d’Italie, voir le 4, section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[13] Pour en savoir plus sur la campagne d’Egypte, voir le 6, section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[14] Date à laquelle son neveu Louis XVII était décédé.

[15] Il s’agissait des biens de la noblesse, confisqués sous la Révolution française.

 
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