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L'épopée napoléonienne (1799 - 1815)

 

CHAPITRE CINQUIEME : La première restauration et les Cent-Jours (1815)

 

II : Les Cent-Jours (mars à juillet 1815)

           

            1° Le « Vol de l’Aigle » (mars 1815) – Installé dans l’île d’Elbe depuis mai 1814, Napoléon continuait à mener une vie très active. Mais ce dernier n’appréciait guère les évènements qui se déroulaient en France, considérant que les Bourbons avaient été rétablis sur le trône grâce à des puissances ennemies de la France.

Drapeau de l'escadre Napoléon à l'île d'Elbe, 1814, musée des Invalides, Paris.

Par ailleurs, Napoléon apprit à la mi-février 1815 que les Anglais, soucieux d’écarter définitivement leur prisonnier, avaient l’intention de le transférer sur une île plus éloignée, aux Açores ou à Sainte Hélène.

Ascension et chute de Napoléon (les étapes importantes de la vie de l'Empereur sont inscrites sur les marches : "école militaire", "général", "premier consul", "Empereur", "campagne d'Espagne", "retraite de Russie", "campagne d'Allemagne", "fin". Sous l'arche l'on retrouve Napoléon, qui reçoit l'île d'Elbe des mains de la Fortune), vers 1814, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Le 26 février, Napoléon quitta l’île d’Elbe, accompagné de quelques fidèles.

Le retour de Napoléon de l'île d'Elbe.

Débarquant en France au mois de mars 1815, l’Empereur déchu se dirigea vers Digne afin de remonter vers Lyon, préférant éviter la région du Rhône qui lui était hostile.

 

Alors qu’il approchait de Grenoble, Napoléon rencontra un bataillon chargé de l’intercepter. L’Empereur déchu s’approcha alors des soldats en leur disant : Soldats du 5e ! Je suis votre Empereur ! Reconnaissez-moi ! 

Puis, ouvrant sa redingote, il s'exclama : S'il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son Empereur, me voilà !

Finalement, les membres du bataillon décidèrent de se rallier à la petite troupe qui accompagnait Napoléon.

Napoléon face aux soldats du 5° bataillon.

 

Le maréchal Michel Ney, rallié aux Bourbons, avait annoncé à Louis XVIII son intention de ramener l’Empereur déchu à Paris dans une cage de fer. Pourtant, apprenant l’arrivée de Napoléon, il décida alors de se rallier à lui.

Le 20 mars au soir, Napoléon arriva à Paris, le roi de France ayant quitté la capitale la veille.

 

Cette remontée vers Paris, surnommé le « Vol de l’Aigle », démontre l’attachement que les Français, en règle générale, portaient à Napoléon (hormis dans certaines régions, dans la vallée du Rhône et en Vendée.).

Toutefois, si la population accueillit avec bienveillance le retour de Napoléon, ce ne fut pas le cas des élites, bien plus réservées. Ainsi, de nombreux bourgeois savaient que la guerre ne tarderait pas à éclater, avec son cortège de destructions et de problèmes économiques ; plusieurs maréchaux de Napoléon, ralliés aux Bourbons, ne suivirent pas l’Empereur lors des Cent-Jours (Charles Pierre François Augereau fut écarté pour son ralliement à Louis XVIII ; Louis Alexandre Berthier et Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont suivirent le roi en exil ; François Christophe Kellermann, Nicolas Charles Oudinot, Laurent Gouvion et André Masséna préférèrent rester à l’écart des évènements ; Claude Victor Perrin tenta de prendre les armes contre Napoléon, mais décida de rejoindre le roi en voyant ses troupes rejoindre l’Empereur.). Joseph Fouché, ancien ministre de la police, ne se rallia pas non plus à l'Empereur. Ces derniers pensaient ils que la position de Napoléon était condamnée d’avance ?

Le maréchal Augereau pointant du doigt un tableau le représentant au pont d'Arcole, par Johanes Ernst HEINSIUS, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris (à gauche.) ; Louis Alexandre Berthier, anonyme, vers 1814-1815, musée des Invalides, Paris (à droite.). 

Auguste Frédéric Viesse de Marmont, lieutenant d'état-major d'artillerie en 1792, château de Versailles, Versailles (à gauche) ; François Christophe Kellermann, maréchal de l'Empire, par Jeanne Zoé GOYET, 1834, musée des Invalides, Paris (à droite).

 Nicolas Charles Oudinot, maréchal de France, par Isidore PILS, 1848, musée des Invalides, Paris (à gauche) ; Laurent Gouvion, capitaine au 1er bataillon de chasseurs de Paris en 1792, par ROUGET, château de Versailles, Versailles (à droite).

André Masséna, par WASCHMUTH (à gauche) ; Claude Victor Perrin, lieutenant colonel du 5° bataillon des Bouches du Rhône en 1792 (à droite), château de Versailles, Versailles.

 

A noter que ce n’est qu’à partir du 20 mars, jour de l’arrivée de Napoléon aux Tuileries, que s’ouvrit à proprement parler la période des Cent-Jours.

Les Tuileries et l'Arc de Triomphe du Carrousel, illustration issue de l'ouvrage The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.

 

            2° Le déclenchement de la septième coalition (avril 1815) – Au cours du mois de mars, la nouvelle du retour de Napoléon se répandit dans toute l’Europe. Alors que Louis XVIII et son frère Charles quittaient Paris, les principales puissances européennes décidèrent de déclarer la guerre à l’Empereur des Français.

 

Napoléon annonça ses intentions pacifiques, mais les coalisés préférèrent ne pas prendre le risque de le laisser au pouvoir, formant la septième coalition au cours du mois de mars 1815.

 

            3° L’Empire libéral (mars à juin 1815) – De retour à la tête de l’Etat, l’Empereur des Français décida de promulguer une série de lois libérales, l’objectif étant de s’attirer les faveurs du peuple.

Ainsi, la censure fut abolie le 24 mars 1815 (certaines rédactions devaient toutefois héberger des rédacteurs-censeurs, chargés de surveiller les écrits.) ; l’esclavage des noirs fut supprimé le 29 mars.

A la mi-avril, Napoléon confia à Benjamin Constant, un des ses opposants politiques, la tâche de rédiger une nouvelle constitution. Promulguée le 22 avril 1815, l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire était empreint d’un certain libéralisme.

Ainsi, plusieurs libertés étaient confirmées (presse, réunion, individuelles, etc.). Ce texte était similaire à la Charte de 1814, cependant les chambres n’avaient plus l’initiative des lois (elles ne pouvaient qu’amender les projets de l’Empereur.).

La nouvelle chambre, élue courant mai 1815, comptait 80 bonapartistes, 40 jacobins et près de 500 libéraux.

 

Les coalisés se faisant menaçants, Napoléon leva en hâte une armée de 200 000 hommes, destinée à lutter contre les coalisés (Toutefois, en raison de troubles ayant éclaté en Vendée, l’Empereur des Français dut envoyer 40 000 hommes dans cette région, qui firent cruellement défaut par la suite.).

A noter que Napoléon refusa les services du maréchal Murat, roi de Naples. En effet, ce dernier avait décidé de faire la paix avec les coalisés en 1814, dans l’espoir de conserver son trône, trahissant ainsi l’Empereur des Français. Repoussé par Napoléon, Murat ne tarda guère à perdre sa couronne, vaincu par les Autrichiens lors de la bataille de Tolentino (3 mai 1814.).

Joachim Murat, maréchal de l'Empire, en grande tenue, par François GERARD, 1805, musée des Invalides, Paris.

A la fin de sa vie, Napoléon regretta de ne pas avoir été accompagné par Murat lors de la campagne de 1815.

Ce dernier, soucieux de reconquérir son trône, se rendit en Corse afin de recruter une petite armée. Toutefois, débarquant en Calabre en octobre 1815, il fut rapidement capturé et fusillé par l'ennemi.

Caveau de la famille Murat, cimetière du Père Lachaise, Paris.

 

            4° La campagne de Belgique (juin 1815) – Napoléon, sachant qu’il ne pourrait pas lutter contre la totalité des armées ennemies, décida alors d’empêcher la jonction entre l’armée anglaise et l’armée prussienne.

 

a) Les batailles de Ligny et de Quatre Bras (juin 1815) : le 15 juin 1815, les Français pénétrèrent en Belgique, se dirigeant vers Charleroi. Napoléon, marchant vers Ligny ou se trouvait le feld-maréchal prussien Gebhard Leberecht von Blücher, chargea alors le maréchal Ney de s’installer aux Quatre bras, sur la route de Bruxelles.

Le maréchal Blücher, école prussienne, vers 1814, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Le lendemain, Napoléon affronta les Prussiens lors de la bataille de Ligny ; mais comme Ney avançait lentement, les Anglais eurent le temps de s’installer à Quatre Bras.

Michel Ney, sous lieutenant au 4° hussards en 1792, château de Versailles, Versailles.

L’Empereur des Français fut victorieux à Ligny, et les Prussiens, repoussés, perdirent plus de 20 000 hommes lors de l’affrontement. Ney, quant à lui, remporta bataille de Quatre Bras face à un ennemi supérieur en nombre (20 000 Français contre 35 000 Britanniques.), mais cette victoire n’eut guère d’impact sur la suite des évènements.

 

En réalité, Arthur Wellesley, duc de Wellington, commandant de  l’armée anglaise, avait décidé de sonner la retraite à Quatre Bras, après avoir appris la défaite de Blücher (il rejoignit alors ce dernier au Mont Saint Jean.).

Arthur Wellesley, futur duc de Wellington.

 

b) La bataille de Waterloo (juin 1815) : suite à la bataille de Ligny, Napoléon pensait que les Prussiens, trop affaiblis pour continuer le combat, se retireraient vers Liège. Il chargea alors le maréchal Emmanuel, marquis de Grouchy, de poursuivre l’armée prussienne.

Emmanuel, marquis de Grouchy, colonel au 2° régiment de dragons en 1792, par ROUGET, château de Versailles, Versailles.

 

Wellington, resté au Mont Saint Jean, avait un peu moins de 70 000 hommes sous ses ordres (25 000 Anglais, 15 000 Hollandais et Belges, le reste de ses troupes étant des soldats allemands.).

Shako de régiment d'infanterie britannique, vers 1800-1825 ; habit du 83° Infantry Regiment, Angleterre, vers 1808-1815 ; fusil d'infanterie anglais India Pattern, vers 1797-1810, musée des Invalides, Paris.

Napoléon, quant à lui, avait un léger avantage numérique, étant à la tête de près de 72 000 hommes. Par ailleurs, les Français avaient aussi un avantage au niveau de l’artillerie, possédant 250 canons contre 150 côté anglais.

Toutefois, il avait plu pendant la nuit, et le terrain était devenu boueux. Ainsi, les boulets de canons firent moins de dégâts, s’enfonçant dans le sol au lieu de ricocher.

 

Les Anglais étaient installés sur une ligne allant d’ouest en est, retranchés dans trois principaux points : les fermes d’Hougoumont, de la Haie-Sainte et de la Papelotte.

Napoléon, décidant de lancer une offensive au centre et à l’est, ordonna à son frère Jérôme de faire diversion à l’ouest, en attaquant Hougoumont (les Français furent repoussés au prix de lourdes pertes[1].).

Jérôme dans le parc de Wilhemshöhe, par François Joseph KINSON, 1808, château de Fontainebleau, Fontainebleau.

 

Au centre, les Français lancèrent une offensive sur la Haie-Sainte, mais furent repoussés par les Anglais, bien retranchés derrière les murs de la ferme.

Wellington faisant replier son centre, Ney décida d’attaquer en croyant à une retraite ennemie. La cavalerie française, frappée par les balles anglaises, fut alors stoppée à sept reprises.

Charge du 2° carabiniers à Waterloo, musée de l'Armée, Bruxelles.

Alors que la bataille battait son plein, le maréchal Grouchy, chargé de poursuivre l'armée prussienne et qui se trouvait non loin de Waterloo, entendit tonner les coups de canon. Toutefois, ce dernier ayant reçu l’ordre de poursuivre Blücher, il refusa de prendre part à l’affrontement.

 

Alors que Napoléon lançait une nouvelle charge vers la Haie-Sainte, les Prussiens firent apparition à proximité de la Papelotte, menaçant ainsi le flanc droit de l’armée française.

Dans la soirée, Ney parvint toutefois à s’emparer de la Haie-Sainte, et demanda alors des renforts. Napoléon, menacé par l’armée prussienne, préféra refuser.

Wellington, voyant que les Prussiens attaquaient l’est de la position française (cette dernière tint bon, mais Napoléon dut envoyer ses réserves pour tenir la zone.), décida alors de lancer une contre attaque sur le centre.

Les Français, attaqués par les Britanniques, furent contraints de reculer ; les Prussiens, quant à eux, parvinrent à repousser le flanc est de la Grande armée.

La bataille de Waterloo, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Finalement, Napoléon décida de sonner la retraite, se retirant à la nuit tombée.

 

La bataille de Waterloo, ultime bataille de Napoléon, fut un véritable échec pour les Français, qui eurent 7 000 tués, 18 000 blessés et 8 000 prisonniers. L’affrontement fut néanmoins sanglant pour les coalisés, qui eurent de 5 000 morts et 16 000 blessés.

Cuirasse ayant appartenu au carabinier Antoine Feaveau, tué à Waterloo le 18 juin 1815, musée des Invalides, Paris.

 

A noter que si Napoléon rencontra ce jour là une excellente armée anglo-prussienne, l’on peut constater les nombreuses fautes commises par les Français : Napoléon surestima les effets de la bataille de Ligny sur les Prussiens ; Jérôme Bonaparte s’obstina face à Hougoumont, alors qu’il ne s’agissait que d’une diversion (par ailleurs, la ferme n’avait pas été bombardée au préalable.) ; Ney attaqua sans renfort de l’artillerie ou de l’infanterie, négligeant de neutraliser les canons ennemis tombés entre ses mains lors de la prise de La Haie-Sainte. 

Le lion de Waterloo, monument commémoratif érigé sur l'emplacement du combat.

 

            5° La seconde abdication, l’exil à Sainte Hélène (juin 1815 à mai 1821) – Napoléon, suite à la bataille de Waterloo, décida de rentrer à Paris.

Le lendemain de la bataille de Waterloo, par John HEAVISIDE CLARK, vers 1816, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Confronté à une forte hostilité politique, l’Empereur des Français décida d’abdiquer une seconde fois, le 23 juin 1815. Résolu à se rendre aux Etats Unis afin d’y finir ses jours, son navire fut toutefois intercepté par les Anglais le 15 juillet. Ces derniers, refusant de donner asile à leur prisonnier, décidèrent alors de le transférer sur l’île de Sainte Hélène.

La paix de 1815, façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, Paris.

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[1] Il semblerait que Jérôme n'ait pas compris que l'attaque qu'il menait ne devait être qu'une diversion.

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