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Mythologie
 
 

 

 

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L'Empire germanique et l'Église


CHAPITRE PREMIER : L’Empire Germanique


I : L’Allemagne, de la déposition de Charles le Gros à l’avènement de la maison de Saxe (887 – 918)

            La diète de Tribur[1], déposant en novembre 887 l'Empereur Charles le Gros pour son incapacité à lutter contre les Normands, acheva ce qui avait été commencé lors du traité de Verdun, en 843 : l’unité de l’Empire carolingien fut brisé une fois de plus, et cette fois-ci pour de bon. Jamais plus un seul Empereur ne régna conjointement sur la France, l’Allemagne et l’Italie.

 

            1° Arnoul (887 – 899) – Charles le Gros, jugé incapable, fut alors déposé (il mourut peu de temps après, en janvier 888.). Ce fut donc Arnoul, duc de Carinthie, qui fut élu roi de Germanie (ce dernier était un des principaux opposants à Charles le Gros.). Le nouveau souverain était un fils illégitime de Carloman, lui même roi de Germanie, ce dernier s'étant emparé d'une moitié de la Lotharingie au cours de son règne (la Lotharingie était une bande de territoire reliant l'Italie à la Manche.).

A noter que la diète de Tribur n'élut pas un Empereur, mais seulement un roi. En novembre 887, le titre impérial était tombé en désuétude. Ce fut la papauté qui contribua à sa survie, faisant de Guy III, duc de Spolète, le nouvel Empereur d'Occident (février 891.).

Arnoul avait fort à faire en ces temps troublés. Le pays était menacé à l’ouest par les Normands, qui depuis 50 ans étaient la nouvelle terreur de l’Europe, et à l’est par les Moraves, peuple slave établi sur le Danube.

Le nouveau roi, bon guerrier, parvint d’abord à vaincre les Vikings près de Louvain, et les rejeta dans les marais de la Meuse inférieure.

Cependant, Arnoul eut moins de chance au cours de sa lutte contre les Moraves, essuyant contre eux un sanglant échec, au cours de l’année 893.

 

            Le roi de Germanie se dédommagea du côté de la Lorraine, dont il fit un royaume pour un de ses fils, et en Italie, où il eut un instant de gloire :

Louis II, surnommé le Jeune (ce dernier était le fils de Lothaire, fondateur de la Lotharingie.), avait eu un règne malheureux, perdant ses possessions ainsi que le titre impérial (ce dernier avait alors été récupéré par Charles II le Chauve, roi de Francie Occidentale, puis par Charles le Gros.). Depuis son décès, en 875, deux seigneurs se disputaient l’Italie. Lambert, duc de Spolète (fils de Guy III.), luttait contre Bérenger, duc de Frioul (ce dernier s’appuyait sur Arnoul dont il s’était reconnu le vassal.).

Le pape Formose, las de voir l’Italie livrée à la guerre civile, appela le souverain germanique, qui franchit les Alpes à la tête d’une imposante armée. Rentrant dans Rome, il reçut du pape la couronne impériale, en 896. Toutefois, celle ci n’ajouta cependant rien à sa force.

Puis, gravement malade, Arnoul s’empressa de repasser la frontière, laissant ses amis exposés à la vengeance du parti anti-germanique. Les représailles furent terribles, et même le pape ne fut pas épargné. Lorsque celui ci mourut, on arracha à son cadavre les habits pontificaux, puis on le précipita dans le Tibre. On fit même un procès au cadavre du pape, tiré de sa tombe.

Le pape Formose et Étienne VI, par Jean Paul LAURENS, 1870.

 

            2° Louis IV l’Enfant (899 – 911) – Pendant ce temps là, Arnoul agonisait en Germanie. Il laissait pour unique héritier son fils, âgé de sept ans : Louis IV, surnommé l’Enfant en raison de sa jeunesse.

Les grands l’acceptèrent volontiers comme roi, car il leur paraissait peu redoutable. Et effectivement, Louis l’Enfant ne put défendre son pays efficacement contre les nouveaux envahisseurs, aussi terribles que les Normands : les Hongrois (appelés aussi Magyars.).

Les Hongrois, qui étaient originaires de la mer Caspienne, s’étaient déplacés vers l’Ouest au fil des siècles, s’installant dans l’antique Pannonie, qui devint plus tard la Hongrie.

Ces derniers rentrèrent en Germanie à la demande du roi Arnoul, qui voulait les utiliser pour se venger des Moraves, qui l’avaient vaincu. Les Hongrois s’acquittèrent avec brio de leur tâche, mais une fois leur œuvre destructrice commencée, il voulurent la poursuivre. Ils envahirent alors la Bavière, la haute Italie, la Bohême, la Thuringe, la Souabe, etc.

Le jeune roi Louis voulut les arrêter, mais il fut vaincu par ces derniers en 910, près d’Augsbourg. Il mourut l’année suivante sans postérité. 

A noter que le titre impérial, suite à la disparition d'Arnoul, ne fut pas transmis à son fils. En effet, il fut cédé à Louis III l'Aveugle, petit fils de Louis II le Jeune, puis à Bérenger, duc de Frioul. A la mort de ce dernier, il n'y eut plus d'Empereur.

 

            3° Conrad de Franconie (911 – 918) – La famille de Charlemagne étant éteinte, les seigneurs de Germanie offrirent alors la couronne à Othon le Grand, duc de Saxe. Cependant, ce dernier refusa, jugeant qu’il était trop âgé. Il convainquit cependant les barons de choisir plutôt Conrad I°, duc de Franconie.

C’est sous le règne de ce dernier que la monarchie devint élective. L’organisation de la féodalité avait été plus tardive en Allemagne par rapport à la France, ne s’achevant que sous le règne de Louis l’Enfant. L’unité du royaume ne fut plus que linguistique ; les Tiutschi (qui a donné le mot Deutsche.), étant ceux qui parlaient la langue du peuple (Tiut fut latinisé sous la forme de Theosticus, d’où Teutonicus.). L’Allemagne devenait alors moins un royaume qu’une fédération de principautés sous la suprématie d’un roi élu par elles.   

Ces principautés ne se ressemblaient cependant pas. Les unes étant laïques, les autres ecclésiastiques. Mais ces dernières n’étaient cependant pas les moins puissantes. Les plus importantes d’entre elles étant les archevêchés de Mayence, de Cologne, de Trèves ; les évêchés de Strasbourg, de Constance, de Passau, d’Augsbourg, de Brême ; les abbayes de Fulde, de Constance, de Kempten ; dont les titulaires n’avaient pas à rougir de la puissance des barons.

Quant aux grandes principautés laïques, quatre duchés sortaient du lot : à l’ouest, la Franconie ; au sud, la Bavière et la Souabe ; et au nord, la Saxe.

Autour de ces quatre duchés gravitait aussi un grand nombre de petits ducs, comtes ou seigneurs.    

Chacune de ces importantes principautés, laïque ou ecclésiastique, était un vrai Etat, ayant chacun leur lois, leur gouvernement, leur dynastie. Leurs dirigeants s’y comportaient comme de vrais souverains, battant monnaie, levant des impôts à leur compte, jugeant, administrant, commandant leurs armées et faisant la guerre, le tout sans l’autorisation de personne.

Ces Etats reconnaissaient encore la personne du roi par un vague sentiment de respect pour les traditions monarchiques, mais aussi parce qu’ils savaient qu’il ne pouvaient lutter seuls à seuls contre les envahisseurs, qu’ils soient Normands, Magyars ou Slaves.

 

            Conrad, qui ne voulait pas être un roi inutile, souhaita abaisser cette féodalité dangereuse, et attaqua en premier Henri de Saxe, fils d'Othon le Grand. Il entreprit ainsi de le dépouiller de la Thuringe.

Indignés par l’attitude du roi (rappelons que ce fut ce même Othon le Grand qui proposa Conrad au trône de Germanie.), plusieurs seigneurs choisirent d’aller se liguer avec les Hongrois pour l’abattre.

Le roi leur livra bataille contre eux plusieurs batailles, au cours desquelles il réussit à battre ses ennemis. Mais en 918, alors qu’il affrontait les Hongrois sur les rives du Rhin, Conrad fut vaincu par eux et blessé gravement.

Sachant que ses derniers instants étaient venus, et mourant sans héritiers, il décida de reconnaître qu'Henri de Saxe était seul capable de ramener l’ordre et l’union en Allemagne, et lui fit remettre les insignes de la royauté.

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[1] Pour plus de renseignements sur le règne de Charles le Gros, voir le 7, section III, chapitre troisième, les Carolingiens.

 
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