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Mythologie
 
 

 

 

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Les Lancastre et la guerre de Cent Ans (XV° siècle)

 

CHAPITRE PREMIER : Troisième phase du conflit, la guerre lancastrienne (1415 – 1429)

 

I : Henri IV (1399 à 1413)

           

            1° Premières années de règne d’Henri IV – Comme nous l’avons vu précédemment, Henri IV, suite à la déposition de son rival Richard II, était monté sur le trône d’Angleterre.

Henri IV, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

Couronnement d'Henri IV et mort de Richard II, par Jean de Wavrin, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques d'Angleterre, Belgique, XV° siècle.

Cependant, l’arrivée du nouveau roi au pouvoir ne fut pas applaudie des deux mains par tous les barons. En effet, tout au long de son règne, Henri IV dut se défendre contre des tentatives de coup d’Etats ou d’assassinats (c’est pour cette raison qu’il fit vraisemblablement éliminer Richard II, afin que les partisans du roi déposé ne soient plus tentés de le remettre au pouvoir.).

 

2° La révolte du Pays de Galles (1399 à 1415) – Cependant, l’arrivée d’Henri IV au pouvoir ne fit pas que des mécontents en Angleterre, mais aussi au Pays de Galles. En effet, les Gallois étaient des partisans de Richard II, son père et lui ayant porté le titre de prince de Galles pendant de nombreuses années.

 

a) Les causes de la guerre : la mésentente entre Henri IV et les Gallois commença lorsque le roi d’Angleterre donna le titre de baron de Ruthyn à Reginald Grey. Ce dernier était dès lors à la tête d’Etats se trouvant à l’est du Pays de Galles, et n’appréciait guère les Gallois.

Suite à une querelle territoriale, Reginald Grey fut convoqué devant le Parlement anglais en 1399, suite au dépôt d’une plainte effectuée par son voisin, Yvain IV de Galles[1] (à noter que son père Yvain III de Galles avait combattu aux côtés de Charles V, roi de France.).

Statue d'Yvain IV de Galles, Cardiff.

Le baron de Ruthyn étant un ami d’Henri IV, Yvain fut débouté, et en outre le roi d’Angleterre demanda au Gallois de lui fournir des troupes en vue d’une expédition contre l’Ecosse.

Yvain, refusant d’obéir au roi, fut alors considéré comme traitre à la couronne.

 

a) Les premières années de la révolte (1400 à 1402) : en septembre 1400, Yvain décida de se proclamer prince de Galles, puis commença par s’attaquer au château Ruthin, appartenant à Reginald Grey. Par la suite, les insurgés s’attaquèrent à plusieurs cités, adoptant une stratégie de guérilla.

Henri IV, qui était alors en route vers l’Ecosse, décida de changer de route et se dirigea vers le nord du Pays de Galles. Souffrant du mauvais temps et des attaques éclair des insurgés, Henri IV ne put mettre un terme à la révolte, qui prit de l’ampleur au cours de l’hiver.

 

En effet, début 1401, le nord et le centre du Pays de Galles se rallièrent à Yvain, et de nombreuses cités anglaises furent pillées.

Henri IV décida alors de confier la lutte contre les insurgés à Henri Percy, comte de Northtumberland, et à son fils Henri Percy II, surnommé Chauds Eperons[2] (il fut surnommé ainsi en raison de son caractère emporté.).

En mars 1401, Henri Percy II promit le pardon à tous les Gallois révoltés, excepté Yvain et ses partisans. Comme la plupart des insurgés acceptèrent la proposition des Anglais, le prince de Galles se retrouva dans une situation délicate. 

Cependant, la révolte galloise prit un nouveau tournant en juin 1401. A cette date, des Anglais résidant dans la région de Pembrokeshire (située au sud ouest du Pays de Galles.), assistés par quelques mercenaires flamands et des soldats anglais, décidèrent de s’attaquer aux troupes d’Yvain, qui campait non loin de là. A noter que les Anglais, qui étaient environ 1 500, étaient trois fois plus nombreux que les insurgés.

Les deux belligérants s’affrontèrent alors au cours de la bataille de Mynydd Hyddgen, et les Gallois furent finalement victorieux (200 Anglais furent tués et un grand nombre furent faits prisonniers.).

 

Henri IV, apprenant la nouvelle, décida de mener une nouvelle expédition vers le centre du Pays de Galles, afin que la révolte de se répande pas dans le sud de la région. Commettant plusieurs exactions afin de rappeler aux Gallois que les insurgés seraient punis, Henri IV et ses troupes furent à nouveau attaqués par les rebelles. Ces derniers, utilisant une stratégie de guérilla, causèrent de nombreux dommages à l’armée anglaise, sans jamais l’affronter en combat singulier.

En outre, souffrant aussi du mauvais climat, Henri IV décida de se retirer, sans avoir pu mettre un terme à ma révolte.

 

Voyant l’inefficacité de l’expédition du roi d’Angleterre, Henri Percy et son fils commencèrent à critiquer ouvertement les méthodes d’Henri IV, considérant que la répression ne faisait qu’augmenter l’hostilité des Gallois.

Le roi d’Angleterre décida alors de répliquer fin 1401, promulguant une série de lois anti-galloises : les Gallois n’avaient plus le droit d’acheter des terres en Angleterre, de porter les armes, de se marier avec des Anglais ou des Anglaises, de faire du commerce, etc.

Les Gallois qui n’étaient pas entrés en rébellion n’eurent alors d’autre choix que de se révolter contre l’Angleterre.

 

Début 1402, Yvain parvint à s’emparer de son ennemi Reginald Grey, l’emprisonnant pendant un an et recevant une importante rançon de la part d’Henri IV contre sa libération.

Puis, en juin 1402, Yvain et ses hommes affrontèrent une armée anglaise qui avait été envoyée à leur poursuite, au cours de la bataille de Bryn Glas.

Edmond Mortimer[3], à la tête d’une armée de près de 8 000 hommes, décida alors de lancer l’assaut contre les Gallois, qui n’étaient que 3 000. Cependant, ces derniers étaient installés au sommet d’une colline, et firent pleuvoir moult flèches sur les Anglais qui avaient donné l’assaut.

Parvenant finalement à rentrer en contact avec les insurgés, les Anglais pensaient pouvoir l’emporter. C’est alors qu’ils furent attaqués sur leurs flancs et leurs arrières par l’autre moitié de l’armée d’Yvain, qui jusque là était restée cachée dans les bois.

Massacrés, les cadavres des Anglais furent alors mutilés par des femmes galloises, en représailles des exactions commises par Henri IV lors de son expédition dans le centre du Pays de Galles l’année passée (à noter qu’Yvain, parvenant à capturer Edmond Mortimer, ne reçut pas de rançon de la part d’Henri IV.).

 

A noter que suite à ces victoires galloises, la France commença à soutenir les insurgés, afin de faire pression sur l’Angleterre.

 

b) La révolte devient nationale (1403) : suite à ses victoires contre l’Angleterre, Yvain décida de se rendre dans le sud et dans l’ouest du Pays de Galles, afin d’amplifier la révolte (1403.).

Yvain reçut ainsi le ralliement de nombreuses cités, et s’empara de plusieurs forteresses anglaises. En outre, de nombreux gallois, servant dans l’armée anglaise ou travaillant pour des patrons anglais, décidèrent de rejoindre les troupes d’Yvain.

Recevant le soutien des Français, les insurgés tentèrent alors de s’emparer du château de Caernarvon, l’ancienne résidence royale des souverains de Galles, et résidence occasionnelle des rois d’Angleterre depuis la conquête du pays par Edouard I°.

En guise de représailles, Henri de Montmouth[4], le fils d’Henri IV, décida de saccager Sychart, le village ou résidait Yvain, ainsi que Glyndyfrdwy, le village ou Yvain s’était proclamé prince de Galles.

 

Cependant, la révolte prit un nouveau tournant, lorsque Henry Percy et son fils décidèrent de rallier Yvain de Galles en juillet 1403. Peu de temps après, les rebelles levèrent une armée dans le Cheshire, une région anglaise favorable à Richard II (le défunt souverain y avait recruté de nombreux archers.).

Les insurgés décidèrent alors de marcher vers la cité de Shrewsbury, sans avoir reçu le soutien d’Yvain (ce dernier se trouvant alors dans le Carmarthenshire, n’avait sans doute pas été mis au courant de la défection d’Henry Percy et son fils.). Néanmoins, quelques Gallois vivant à la frontière du Cheshire décidèrent de rejoindre l’armée des rebelles.

Henri IV, apprenant la nouvelle, décida alors d’affronter les insurgés. Marchant vers Shrewsbury, les deux armées se retrouvèrent rapidement l’une en face de l’autre. Dans un premier temps, des négociations eurent lieu. C’est alors que certains partisans de Percy furent tentés d’accepter les conditions d’Henri IV, l’armée royale comptant 25 000 hommes, et celle des insurgés seulement 15 000[5]. Cependant, les pourparlers n’aboutirent pas, et l’assaut fut donné en début d’après midi.

Dans un premier temps, les deux camps se livrèrent à un duel d’archers, qui causa de grandes pertes des deux côtés (c’est ainsi qu’Henri de Montmouth fut atteint d’une flèche en plein visage, gardant une cicatrice à vie.).

Cependant, lorsque les deux armées s’affrontèrent au corps à corps, la supériorité numérique eu raison des rebelles. En outre, la mort de Chauds Eperons, le fils d’Henri Percy, entraîna le découragement de ses hommes, qui décidèrent alors de fuir.

A l’issue de la bataille de Shrewsbury, les rebelles avaient perdu 10 000 hommes, et Henri IV au moins 5 000.

 

Yvain, de son côté, décida d’ériger le Pays de Galles en Etat indépendant. Ainsi, il convoqua un parlement dans la cité de Machynlleth, où il se fit couronner roi.

 

c) La triple entente : Yvain, après son couronnement, décida de rechercher des alliés, se tournant vers Henri Percy et Edmond Mortimer[6]. Il fut décidé que le Pays de Galles s’étendrait jusqu’aux rivières Severn et Mersey, englobant le Cheshire et d’autres régions se trouvant sur la frontière. Yvain recevrait le Pays de Galles, Henri Percy aurait le nord de l’Angleterre, et Edmond Mortimer le sud.

En outre, Yvain se tourna vers la France, et reçut ainsi une aide militaire. Les Ecossais, quant à eux, se lancèrent dans des opérations de piraterie dans la Manche, à l’encontre des navires anglais. Les Bretons ne furent pas en reste, dévastant plusieurs cités côtières anglaises en 1403.

 En 1405, une armée franco-galloise se lança dans un raid dans l’ouest du Pays de Galles. S’emparant de plusieurs cités, les rebelles tombèrent nez à nez avec l’armée anglaise. Cependant, Henri IV décida de ne pas attaquer et fit rebrousse chemin.

 

d) La fin de la rébellion (1406 à 1412) : cependant, dès 1406, les choses changèrent. En France, le roi Charles VI avait sombré dans la folie, son frère et tuteur Louis d’Orléans avait été assassiné par son cousin Jean sans Peur, duc de Bourgogne (ce dernier était le fils de Philippe le Hardi, lui-même fils du défunt roi de France Jean II.). La France sombrait alors dans la guerre civile, et Yvain ne pouvait plus recevoir l’aide française (il promit alors au pape Benoît XIII l’allégeance de l’Eglise galloise à l’Eglise d’Avignon, sans succès.).

 

Cependant, outre la défection française, le sort des armes cessa de sourire aux Gallois.

En effet, au printemps 1406, Gruffudd ab Owain Glyndŵr (le fils d’Yvain.) se lança à l’assaut du château d’Usk (cette forteresse entre les mains des Anglais se trouvait dans le Monmouthshire, au sud est du Pays de Galles.).

Repoussés, les Gallois se réfugièrent dans la forêt de Monkswood, où ils affrontèrent les Anglais qui les poursuivaient. Cependant, la bataille de Pwll Melyn fut un échec pour les Gallois, qui furent écrasés par l’ennemi.

Tudur ap Gruffudd, le frère d’Yvain, fut tué ; Gruffud ab Owain Glyndŵr fut capturé (ce dernier, emprisonné à la tour de Londres, y mourut de la peste bubonique six années plus tard.).

 

Henri de Montmouth, qui depuis peu prenait une place de plus en plus importante au sein du royaume, décida de mettre fin aux méthodes de son père, qui ne consistaient qu’à lancer d’inefficace expéditions punitives.

Le prince décida en effet de mettre en place un blocus économique du pays, coupant le Pays de Galles de son approvisionnement en nourriture et en armes.

Dans le courant de l’année 1407, cette stratégie commença à porter ses fruits, de nombreux seigneurs gallois demandant le pardon de l’Angleterre.

 

En février 1408, le comte de Northumberland, rallié par des alliés écossais, décida de marcher sur le nord de l’Angleterre. Son objectif était de déposer Henri IV et de placer son allié Edmond Mortimer sur le trône.

Se dirigeant vers le sud, les insurgés rencontrèrent alors une petite armée, dirigée par Thomas Rokeby, sheriff du Yorkshire.

Les deux belligérants se lancèrent à l’assaut, mais les Anglais furent une fois de plus victorieux grâce à la puissance de feu de leurs archers.

Henry Percy trouva la mort au cours de la bataille de Bramham Moor[7], alors qu’il tentait de prendre la fuite. Ses hommes, quant à eux, furent quasiment tous éliminés.

 

Par la suite, une fois que les Anglais se sentirent suffisamment forts, ils décidèrent de mettre le siège devant les fiefs d’Yvain : dans un premier temps, la forteresse d’Aberyswyth (qui ne tarda guère à tomber.), puis ensuite le château d’Harlech, défendu par Edmond Mortimer.

Edmond Mortimer, qui défendait la forteresse, mourut peu de temps avant sa chute ; Marguerite, la femme d’Yvain, plusieurs de ses filles et plusieurs filles de Mortimer furent alors capturées. Ces dernières furent alors emprisonnées à la tour de Londres, où elles moururent avant 1415.

 

Yvain, privé du soutien de ses deux anciens alliés, Henri Percy et Edmond Mortimer, décida de se lancer à nouveau dans une stratégie de guérilla, comme au début de la révolte.

Lançant un raid dans la région du Shropshire en 1410, Yvain perdit la plupart de ses capitaines suite à des erreurs de commandement (capturés, la plupart d’entre eux furent par la suite exécutés.).

 

e) La disparition d’Yvain (après 1412) : suite au raid manqué contre Shropshire, Yvain ne fit plus parler de lui et disparut de la scène publique.

Lorsque Henri IV mourut, en 1413, son fils Henri de Monmouth (devenu Henri V.), décida de mettre en place une politique plus conciliante vis-à-vis des Gallois.

En 1415, alors qu’il se préparait à la guerre contre la France, Henri V offrit son pardon à Yvain, par l’intermédiaire de Maredudd ab Owain Glyndŵr, le fils de ce dernier.

Maredudd refusa ce pardon dans un premier temps, peut être sous la pression de son père, mais décida finalement de l’accepter en 1421, sans doute suite à la mort d’Yvain.

 

3° Dernières années de règne d’Henri IV – Au cours des dernières années de son existence, Henri IV laissa une grande partie du pouvoir à son fils, Henri de Monmouth (comme nous l’avons vu précédemment, c’est lui qui dirigea le conflit contre le pays de Galles.). En effet, Henri IV était atteint d’une maladie de peau, peut être la lèpre ou un symptôme de la syphilis.

Le roi d’Angleterre mourut alors en mars 1413, des suites de sa maladie. Ce fut ainsi son fils, Henri V, qui monta sur le trône.

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[1] Yvain IV de Galles (Owain Glyndŵr en gallois.) était un descendant de Dafyyd ap Gruffyd, le dernier prince de Galles. Pour en savoir plus sur la conquête du Pays de Galles par l’Angleterre, voir la section II, chapitre quatrième, l’Angleterre sous les Plantagenêts

[2] Hotspurs, en anglais.

[3] Edmond Mortimer était le frère de Roger Mortimer, héritier présumé de la couronne.

[4] Le prince était né au château de Montmouth, au Pays de Galles.

[5] A noter que ces chiffres sont très certainement fantaisistes.

[6] Henri IV refusant de payer sa rançon suite à la bataille de Bryn Glas, Edmond Mortimer décida de rejoindre le camp d’Yvain, épousant sa fille Catherine.

[7] La bataille se déroula non loin d’un village nommé Bramham.

 
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