Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

adblocktest

 

Les mensonges de l'Histoire


Le téléphone rouge

Le célèbre téléphone rouge, reliant Washington à Moscou, fut installé suite à la crise des missiles de Cuba, en octobre 1962. Ce système devait en effet permettre au président américain et à son homologue soviétique de pouvoir entrer en contact plus facilement qu'autrefois, afin de réduire les tensions diplomatiques.

Mais qu'en est-il en réalité ? Ce fameux téléphone rouge existe-t-il vraiment ? S'agit-il vraiment d'un téléphone ? Est-il vraiment de couleur rouge ? Et dans le cas contraire, comment une telle image parvint-elle à être popularisée dans l'inconscient populaire  ?

Représentation du téléphone rouge.

 

Le téléphone rouge (de son vrai nom Washington-Moscow Direct Communications Link, ou « Ligne directe de communication Washington-Moscou ») fut effectivement installé en 1963, suite à la crise des missiles de Cuba.

A noter toutefois que l'idée d'une ligne directe reliant les Etats-Unis à l'URSS datait du début des années 1960, plusieurs intellectuels s'étant déclarés en faveur de l'installation d'un « téléphone rouge » entre les deux pays. Cependant, ce n'est qu'après la crise de 1962 que l'installation d'un tel dispositif fut jugé indispensable[1].

Caricature représentant les relations tendues entre Nikita Khrouchtchev, dirigeant de l'URSS, et son homologue américain John Fitzgerald Kennedy, tous deux assis sur des engins atomiques.

 

Cependant, force est de constater que ce célèbre téléphone rouge ne fut ni un téléphone, ni rouge. En réalité, il s'agissait d'une ligne télégraphique, qui suivait le trajet Washington-Londres-Copenhague-Stockholm-Helsinki-Moscou.  

Ainsi, un premier message fut envoyé en août 1963 : The quick brown fox jumped over the lazy dog's back 1234567890 (« le vif renard marron a sauté par dessus le dos du chien fainéant 1234567890»), qui comportait toutes les lettres de l'alphabet et tous les chiffres arabes, l'objectif étant de tester le fonctionnement du clavier et de l'imprimante). A cette occasion, les Soviétiques répondirent avec un poème russe.

Cette ligne directe fut utilisée à plusieurs reprises, comme pendant la guerre des Six jours, en juin 1967, conflit opposant Israël à plusieurs pays arabes ; la guerre indo-pakistanaise de décembre 1971 ; l'invasion turque de Chypre, pendant l'été 1974 ; l'invasion soviétique de l'Afghanistan, en 1979 ; etc.

Le MOLINK en 1976.

Cependant, si le MOLINK (abréviation de Moscow Link, ou « Ligne de Moscou ») n'était utilisé qu'à titre exceptionnel, il était néanmoins testé toutes les heures, Américains et Soviétiques envoyant des poèmes, des extraits de pièces de théâtre, des articles d'encyclopédie, etc.

A noter toutefois que cette hotline ne fit pas l'unanimité ; ainsi, le Parti républicain n'hésita pas à dire, en 1964, que le président John Fitzgerald Kennedy avait tellement d'accointances avec le communisme [...] qu'il avait fait ouvrir une ligne avec un ennemi juré [...], poursuivant un chemin dangereux commencé à Munich 25 ans plus tôt[2].

 

Au fil des années, suivant l'évolution des technologies, le MOLINK se perfectionna lui aussi.

En 1971, la ligne Washington-Moscou fut complétée par une liaison radio via satellite, composée de de satellites américains (Intelsat) et soviétiques (Molniya II). Puis, en 1986, le MOLINK fut agrémenté d'une liaison par téléfax (c'est à cette occasion que les satellites Molniya furent remplacés par des appareils plus perfectionnés, de la famille Gorisont).

Le MOLINK « perfectionné », en 1985.

Enfin, la ligne Washington-Moscou bénéficia d'une dernière amélioration en janvier 2008, permettant désormais au président américain et à son homologue russe d'échanger des e-mails ou de discuter par chat (le système satellitaire fut complété par une liaison par fibre optique, permettant un échange quasi-instantané).

 

Cependant, si le célèbre téléphone rouge n'était ni un téléphone, ni rouge, d'où provient donc cette image d'Epinal ?

En réalité, l'image d'un téléphone reliant Washington à Moscou fut utilisée très tôt dans la littérature comme au cinéma. Ainsi, l'on pourrait citer Fail-Safe, sorti en 1964, et s'inspirant du roman éponyme, publié deux années plus tôt. Ce film sortit la même année que Docteur Folamour, ou comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe, dont le scénario est similaire, mais avec un côté humoristique.

Dans les deux films, un bombardier américain reçoit par erreur l'ordre de lâcher une bombe atomique sur Moscou. Cependant, malgré les moyens déployés, le gouvernement américain ne parvient pas à intercepter cet avion ou à le convaincre de faire rebrousse-chemin. Dans les deux films, le président américain contacte alors son homologue soviétique via le téléphone rouge, tentant de lui faire comprendre que le bombardier a reçu des instructions par erreur.

Extrait du film Docteur Folamour, où l'on voit le président américain (à gauche) tenir le célèbre téléphone rouge.

Le célèbre téléphone rouge, popularisé par le cinéma, fut par la suite utilisé dans des publicités, mais aussi dans plusieurs jeux-vidéos.

 

A noter que le concept du « téléphone rouge » fut utilisé par d'autres pays, et c'est ainsi que s'ouvrirent la ligne Islamabad-New Dehli, en décembre 1971 ; la ligne Séoul-Pyongyang, en août 1972 ; etc.

Par ailleurs, les Etats-Unis et la Chine sont en pourparlers depuis 2007 concernant l'ouverture d'une future ligne Washington-Pékin

___________________________________________________________________________________________

comments powered by Disqus

 


[1] A cette date, les échanges entre Washington et Moscou mettaient six heures pour arriver (et le double pour être décryptés). Ainsi, pendant la crise de 1962, le gouvernement américain fut contraint de faire appel à des chaînes de télévision, qui bénéficiaient de réseaux plus performants.

[2] Faisant explicitement référence aux accords de Munich de 1938. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 14, section II, chapitre cinquième, la troisième république.

Publicités
 
Partenaires

  Rois & PrésidentsEgypte-Ancienne

Rois et Reines Historia Nostra

Egypte

 

 Histoire Généalogie