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Mythologie
 
 

 

 

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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE PREMIER : Les causes de la Révolution

 

III : La France en 1789

           

            1° La société au XVIII° siècle –  A la fin du XVIII° siècle, la France vivait sous une monarchie absolue de droit divin. Selon la tradition, la royauté ne s’obtenait pas par la force, elle était conférée par Dieu dès la naissance. Devenu roi suite à la mort de son prédécesseur, le nouveau souverain devait ensuite être couronné dans la cathédrale de Reims[1].

 

Héritière du Moyen âge, la société était alors divisée en trois ordres : le clergé (les Oratores, ‘ceux qui prient.’), la noblesse (les Bellatores, ‘ce qui combattent.’), et le tiers état (les Laboratores, ‘ceux qui travaillent.’).

Toutefois, si cette division était pertinente au Moyen âge, elle ne l’était plus à la fin de l’époque moderne. En effet, l’apparition des fusils, des canons et de la poudre, avait mit fin à la chevalerie[2] ; en outre, la noblesse de robe, bien éloignée des champs de bataille, avait fait son apparition au début du XVII° siècle. Les nobles n’étant guère nombreux à faire la guerre, ce fut donc le tiers état qui fut alors chargé de se battre.

A faut espérer q'eu jeu la finira ben tôt (le tiers état est ici présenté en vieillard, croulant sous le poids du clergé et de la noblesse. On peut remarquer un heaume, en bas de l'image, représentant l'abandon de la vocation guerrière des aristocrates), caricature anonyme, 1789, musée Carnavalet, Paris.

 

En 1789, la France n’avait pas des lois uniformes comme aujourd’hui. En effet, il existait d’importantes disparités d’une région à l’autre, voire même d’une ville à l’autre. La raison de ces disparités s’explique par les conquêtes effectuées par les rois de France depuis l’an mil : à chaque nouvelle annexion, le souverain acceptait que le territoire conquis conserve ses us et coutumes, aboutissant au XVIII° siècle à cette gigantesque mosaïque.

A noter en outre le français n’était pas encore la langue nationale, chaque région parlant le patois local[3].

 

Les philosophes des lumières, dans leurs ouvrages, avaient condamné cette société figée et inégalitaire. Toutefois, si Jean Jacques Rousseau souhaitait que le pouvoir revienne au peuple, Voltaire était plus favorable à un despotisme éclairé[4]. Cependant, à l’instar d’un Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu, nombreux étaient ceux qui étaient favorables à une séparation des pouvoirs (Au XVIII° siècle, les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires étaient entre les mains du roi.).

Buste de Voltaire, école française, XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris (à gauche) ; Montesquieu, par Benoît Louis HENRIQUEZ, 1777, Deutsches historisches museum, Berlin (à droite).

Toutefois, les philosophes des lumières étaient morts trop tôt (Montesquieu en 1755, Voltaire et Rousseau en 1778, Denis Diderot en 1784, etc.) et aucun ne put assister à la Révolution française[5]

 Denis Diderot, par Louis Michel VAN LOO, 1767, musée du Louvre, Paris.

 

            2° Les revendications des trois ordres – En préalable à la réunion des Etats Généraux, il fut décidé que la population rédigerait des cahiers de doléances. Chaque ordre, partout en France, devait y écrire ses attentes et ses souhaits les plus importants.

Ces cahiers, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne révèlent pas une remise en cause de la monarchie, par plus qu’une attaque contre la propriété individuelle ou la religion.

Il est toutefois important de noter que les trois ordres de la société étaient particulièrement divisés.

 

Le tiers état, en règle générale, souhaitait jouer un rôle plus important que par le passé, égaliser la carte des impôts en France, et diminuer les privilèges de la noblesse. Toutefois, cet ordre rassemblait une population disparate, allant du modeste paysan au riche bourgeois. Les avocats, écrivains et ingénieurs, les plus instruits de cet ordre, furent les artisans de la Révolution française.

Le clergé, à l’instar du tiers état, était lui aussi divisé. Le haut clergé, composé d’aristocrates, se rapprochait de la noblesse[6] ; toutefois, le bas clergé, destiné à des missions d’enseignement et de charité, était plus proche du peuple.

La noblesse enfin, n’occupait qu’un maigre rôle dans la vie économique du pays (travailler dans le commerce ou l’industrie était considéré comme indigne.). Toutefois, cet ordre connaissait des dissensions, principalement entre noblesse de Cour et noblesse de province. Les nobles de province, considérés comme des minus habens par les aristocrates de Versailles, avaient parfois des revenus inférieurs à ceux de la bourgeoisie. Mais la noblesse, bien que divisée, savait toutefois s’unir afin d’exiger le maintient de ses privilèges.

 

            3° Le second ministère Necker – A la fin du mois d’août 1789, Louis XVI décida de se séparer de Loménie de Brienne, qui n’avait pas réussi à sortir le pays de la crise. A la grande joie du peuple, Louis XVI décida alors de rappeler Necker, qui avait été contrôleur général des finances de 1776 à 1781.

La France reçoit des trois ordres les vœux de toute la nation et les présente au roi et à Necker, par DUBOIS, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

En septembre 1788, le Parlement de Paris décida de fixer les modalités de la réunion des Etats Généraux. Il fut décidé qu’ils seraient assemblés selon la coutume ancienne, soit le même nombre de députés pour les trois ordres.

Les gens du peuple accueillirent très mal cette décision, comprenant que les parlementaires n’étaient pas dans leur camp.

Au contraire, Necker s’attira les faveurs des Parisiens en annonça que les effectifs du tiers état seraient doublés, malgré un système de vote par ordre et non par tête (les élections des députés des Etats Généraux eurent lieu en début d’année 1789.).

 

Au printemps 1789, les premières émeutes frumentaires firent leur apparition. Rappelons qu’en juillet 1788, une tempête de grêle avait frappé tout l’ouest du royaume (plus d’un quart de la récolte fut détruite, et le grain fut de mauvaise qualité.) ; puis, en septembre 1788, des trombes d’eaux s’étaient abattues sur la France, compromettant la récolte de 1789.

Une échauffourée fit 200 morts au faubourg Saint Antoine, des ouvriers au chômage s’étant attaqués à la maison d’un marchand de papiers peints (ce dernier aurait déclaré que les salaires de ses employés étaient trop élevés.). Finalement incarcérés, les coupables furent retrouvés avec des écus dans leurs poches, ce qui laisse à penser qu’ils auraient été payés pour alimenter des troubles dans Paris[7]

Fusillade au Faubourg Saint Antoine, le 28 avril 1789, par Jean PELICIER et Claude NIQUET, musée Carnavalet, Paris.

 

Malgré les troubles, les Etats Généraux se réunirent finalement, et la séance d’ouverture eut lieu le 5 mai 1789. L’ancien régime vivait ses derniers instants…
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[1] Le sacre à Reims est une coutume qui remonte au XII° siècle, bien que les premiers couronnements ayant eu lieu à cet endroit se déroulèrent au IX° siècle.

[2] Certains historiens considèrent que la chevalerie disparut avec la mort de Bayard, tué d’un tir d’arquebuse en avril 1524. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 4, section IV, chapitre premier, les Valois-Angoulême.

[3] Ce n’est qu’à partir du XIX° siècle et la mise en place de l’école obligatoire que le français devint véritablement la langue nationale.

[4] Un despote éclairé agirait non en fonction de ses envies personnelles mais sous l’influence de la philosophie des lumières.

[5] Certains historiens pensent que les philosophes des lumières seraient peut être parvenus à limiter les abus de la Révolution.

[6] Pour rentrer dans certains ordres, le candidat devait avoir 16 quartiers de noblesse, c'est-à-dire que la totalité de ses arrières arrières grands parents devaient êtres nobles.

[7] Certains pensent que le coupable fut le duc d’Orléans, soucieux de prendre le pouvoir ; d’autres que ce fut Louis XVI lui-même, afin de pouvoir concentrer des troupes dans Paris.

 
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