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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE DEUXIEME : Des Etats Généraux à l’Assemblée constituante (printemps à hiver 1789)

 

II : La prise de la bastille (juillet 1789)

           

            1° Le comportement de Louis XVI alimente le feu de la révolte – Au début du mois de juillet 1789, les Parisiens étaient inquiets. En effet, non seulement Louis XVI avait convoqué des troupes sous les murs de la capitale ; en outre, il avait décidé de renvoyer Necker et plusieurs ministres le 11 juillet.

L’éviction du contrôleur général des finances, particulièrement apprécié du peuple[1], entraîna le déclenchement de plusieurs émeutes.

 

Camille Desmoulins, jeune avocat parisien[2], haranguant la foule se trouvant dans les jardins du Palais Royal, appela à la révolte, craignant que le roi ne lance une Saint Barthelemy contre les Parisiens[3]. Il invita ses interlocuteurs à arracher les feuilles des marronniers afin de les arborer en guise de cocarde.

Buste de Camille Desmoulins, par François MARTIN, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Le 13 juillet, les émeutiers s’attaquèrent aux Tuileries. Repoussés par le régiment Royal-Allemand, prêté à la France par l’Autriche, les insurgés reçurent alors de l’aide des gardes-françaises[4] mutinés. Plusieurs dragons[5] du Royal-Allemand furent alors tués.

La charge du Royal-Allemand dans le jardin des Tuileries, par Jean Baptiste LALLEMAND, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Pendant la nuit, 40 postes de douane sur 54 furent attaqués et incendiés.

 

            2° La prise de la Bastille (14 juillet 1789) – Jacques de Flesselles, prévôt des marchands[6], décida alors de mettre en place une milice urbaine de 48 000 hommes afin de réduire les troubles. Au matin du 14 juillet, après avoir pillé les boutiques des armuriers, les émeutiers décidèrent de marcher vers l’Hôtel de ville afin de récupérer des armes.

Jacques de Flesselles, dernier prévôt des marchands, par Donat NONOTTE, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Après s’être emparé de 360 fusils, les insurgés décidèrent alors de marcher vers les Invalides. Les soldats qui assuraient la protection de l’édifice décidèrent alors de ne pas intervenir.

Pillage des armes aux Invalides, le matin du 14 juillet 1789, par Jean Baptiste LALLEMAND, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Après avoir récupéré des fusils et des canons, les émeutiers décidèrent alors de marcher vers la Bastille, qui abritait 250 barils de poudre.

Maquette de la Bastille, fin du XVIII° siècle, musée des Invalides, Paris.

A noter toutefois que cette forteresse, en 1789, n'était pas une prison royale (il y passait en moyenne moins de 40 prisonniers par an.), que les lettres de cachet[7] devaient comporter un motif et une durée de peine (depuis 1786 et l'action du baron Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, ministre du roi, ces lettres étaient moins utilisées qu'au cours des décennies précédentes[8].), et que l'Etat souhaitait détruire cette forteresse médiévale depuis maintenant bien des années (les coûts d'entretien de l'édifice étaient trop importants par rapport au nombre de prisonniers.).

 

Les miliciens, arrivés devant la Bastille, demandèrent à rencontrer le gouverneur de la forteresse, le marquis Bernard René Jordan de Launay. Ce dernier était à la tête d'une centaine d'hommes, soit 95 vétérans et 32 gardes suisses.

Habit d'officier, régiment suisse de Salis-Grison, vers 1780, musée des Invalides, Paris.

La délégation fut accueillie avec respect, mais repartit néanmoins bredouille. Peu avant midi, une seconde délégation se présenta sous les murs de la Bastille, mais n'obtint rien non plus.

 

Ce fut en début d'après midi que les esprits commencèrent à s'échauffer. En effet, quelques miliciens, armés de haches, parvinrent à couper les chaînes du pont levis. Le gouverneur de la Bastille, s'apercevant de la situation, ordonna alors à ses hommes de tirer sur les insurgés qui avaient pénétré dans la cour.

Afin de calmer le jeu, deux nouvelles délégations se présentèrent devant le marquis de Launay, mais ce dernier refusa de céder à leurs exigences[9].

 

Vers 16 heures, une soixantaine de militaires appartenant aux Gardes Françaises se présentèrent devant la Bastille, rejoignant les émeutiers[10]. Les nouveaux venus apportaient avec eux plusieurs canons (vraisemblablement récupérés aux Invalides.), qu'ils mirent en batterie face à la porte principale de la forteresse.

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, par Jean Baptiste LALLEMAND, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Peu de temps après, les défenseurs de la Bastille décidèrent de capituler. Launay songea un temps à faire sauter les barils de poudre, avant d’en être empêché par deux vétérans. Launay accepta alors de capituler, contre la promesse qu'il ne serait fait aucun mal à ses hommes. Les émeutiers acceptèrent, mais en pénétrant dans l'édifice, ils ne tardèrent pas à massacrer les défenseurs de la Bastille (il semblerait alors que les pillards se soient tirés les uns sur les autres, ce qui aurait entrainé la mort de plusieurs d'entre eux.). Les barils de poudre et les clefs des geôles furent alors présentés au peuple de Paris.

Insigne de vainqueur de la Bastille, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Ce n’est qu’au soir venu que l’on songea à s’occuper des prisonniers. Ces derniers étaient au nombre de sept : quatre faussaires qui avaient escroqué des banquiers parisiens (ils furent ré-emprisonnés dès le lendemain.), deux fous (ils furent rapidement transférés dans un asile, où ils furent vraisemblablement moins bien traités qu'à la Bastille.) et un aristocrate enfermé là en raison de ses perversions sexuelles notoires[11].

Toutefois, les clefs ayant été emportées avant que les portes des cellules ne soient ouvertes, il fallut les défoncer afin de libérer les prisonniers.

Menottes retirées à l'un des sept prisonniers de la Bastille, le 14 juillet 1789, musée Carnavalet, Paris.

A noter que les archives de la police de Paris furent pillées elles aussi, et les autorités eurent bien du mal, suite à l'évènement, à récupérer tous les documents perdus le 14 juillet.

 

La garnison de la Bastille, prisonnière, fut alors emmenée à l'Hôtel de Ville. Sur le chemin, le marquis de Launay fut roué de coups puis assassiné[12], et sa tête plantée au bout d'une pique.

M. de Launay, gouverneur de la Bastille, capturé par les assaillants, le 14 juillet 1789, par Charles THEVENIN, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Plusieurs soldats ayant défendu la Bastille furent exécutés, à l’instar de Jacques de Flesselles, le prévôt des marchands, accusé de traîtrise.

Le massacre de Jacques de Flesselles, le 14 juillet 1789, par Jean Baptiste LALLEMAND, musée Carnavalet, Paris.

Les insurgés, au soir du 14 juillet, avaient perdu une centaine d'hommes, que ce soit lors des combats ou lors du pillage de la Bastille.

 

Louis XVI, ignorant les évènements qui s'étaient déroulés ce jour là, écrivit dans son journal intime : 14 juillet - Rien[13].

Dans la nuit, le souverain fut réveillé par François Alexandre Frédéric de La Rochefoucault-Liancourt[14], grand-maître de sa garde-robe. Le nouveau venu annonça alors au roi que la Bastille était tombée.

Mais c’est une révolte ? lui demanda Louis XVI.

Non, sire, c’est une révolution !

 

            3° Les suites du 14 juillet 1789 – Louis XVI, ayant appris que la Bastille avait été prise, accepta qu’elle soit démolie. Par ailleurs, afin de calmer le jeu, le roi de France accepta de rappeler Necker et plusieurs ministres, annonçant aussi le retrait des troupes encerclant Paris.

A l’Hôtel de ville, l’administration avait fui suite à l’assassinat de Jacques de Flesselles. Jean Sylvain Bailly, président de l’Assemblée constituante, fut alors nommé maire de Paris, en remplacement du défunt (à la fin juillet, les 60 districts de Paris élurent les membres de la Commune de Paris ; il s’agissait de bourgeois hostiles aux désordres.).

Jean Sylvain Bailly maire de Paris, par Jean Laurent MOSNIER, 1789, musée Carnavalet, Paris.

Enfin, le commandement de la Garde nationale (c'est-à-dire la milice parisienne.) fut confié à Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette[15] (ce dernier, vétéran de la guerre d’indépendance américaine, était particulièrement renommé et apprécié par le peuple.).

Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, d'après Jean Antoine HOUDON, 1790, musée des Invalides, Paris.

Le 17 juillet 1789, Louis XVI se rendit en personne à l’Hôtel de ville, recevant une cocarde de la part de Jean Sylvain Bailly. Le bleu et rouge de Paris s’associait ainsi au blanc de la monarchie[16].

A noter qu’une première vague d’émigration débuta dès cette époque, plusieurs nobles décidant de quitter le pays (dont Charles, comte d’Artois, jeune frère de Louis XVI ; Louis V Joseph de Bourbon, prince de Condé ; Louis VI Henri Joseph de Bourbon, duc d’Enghien[17].). Par ailleurs, un premier projet de fuite fut présenté à Louis XVI, mais celui-ci s’y opposa.

Cocardes révolutionnaires, vers 1790, Deutsches historisches museum, Berlin.

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[1] Necker était particulièrement apprécié car, lors de son mandat, il ne leva pas de nouveaux impôts, préférant emprunter d’importantes sommes d’argent.

[2] Camille Desmoulins, de son vrai nom Lucie Simplice Camille Benoît Desmoulins, avait 29 ans en 1789.

[3] En août 1572, le jeune roi de France Charles IX décida de faire massacrer les protestants se trouvant dans la capitale. Pour en savoir plus sur la Saint Barthelemy, voir le 2, section V, chapitre quatrième, les Valois-Angoulême.

[4] Les Gardes Françaises furent créées en 1563, afin d'assurer la protection du roi de France Charles IX. Ce régiment, ayant comme objectif de protéger le souverain, résidait à l'intérieur des murs de la capitale. Ce qui explique les liens qui unissait ces militaires au peuple de Paris.

[5] Le terme ‘dragon’ désigne un soldat se déplaçant à cheval mais combattant à pied.

[6] Le prévôt des marchands avait comme tâche de contrôler le commerce parisien. Son poste était plus ou moins similaire à celui d'un maire d'aujourd'hui.

[7] Le système des lettres de cachet permettait au souverain d’emprisonner n’importe qui sans jugement.

[8] Entre 1786 et 1789, l'on estime qu'une grosse dizaine de lettres de cachet étaient écrites chaque années. A noter en outre que certains embastillés, reconnus victimes d'une erreur judiciaire, furent indemnisés par l'Etat.

[9] Selon d’autres sources, le marquis de Launay aurait accepté une reddition, laissant les émeutiers rentrer dans la cour. Toutefois, s’étant ravisé, il aurait alors fait tirer sur la foule.

[10] Rappelons que les Gardes Françaises s'étaient mutinées la veille.

[11] Certains auteurs affirment qu’il s’agirait du marquis de Sade, bien que les sources soient contradictoires.

[12] C'est un garçon cuisinier, habitué à découper les viandes, qui l'aurait décapité à l'aide de son canif.

[13] Pour en savoir plus sur la prise de la Bastille et ses suites, cliquez ici !

[14] La Rochefoucault-Liancourt était député de la noblesse aux Etats Généraux de 1789.

[15] A noter que les deux orthographes, Lafayette et La Fayette, sont communément admises.

[16] Le drapeau français est aujourd’hui bleu, blanc et rouge, héritier de la période révolutionnaire.

[17] A noter que le duc d’Enghien était le fils du prince de Condé.

 
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