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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE DEUXIEME : Des Etats Généraux à l’Assemblée constituante (printemps à hiver 1789)

 

III : La Grande peur et la nuit du 4 août (été 1789)

           

            1° La Grande Peur (juillet à août 1789) – Entre juillet et août 1789, plusieurs émeutes éclatèrent en province. Le bruit courait que des brigands, payés par les nobles, avaient été chargés de couper le blé encore vert afin de provoquer une famine. Dans l’est de la France, l’on disait que le comte d’Artois était de retour à la tête d’une imposante armée. D’autres affirmaient que la reine avait fomenté un complot, prévoyant de faire sauter les Etats Généraux sur une mine et de massacrer tout Paris. 

 

Ces rumeurs provoquèrent un mouvement de panique, qui se répandit partout en France. Effrayés, les paysans se rendirent alors chez leurs seigneurs respectifs, s’emparant les titres seigneuriaux garantissant les privilèges des aristocrates.

La Grande Peur.

Seuls ces documents furent brûlés par les insurgés, bien que parfois, les seigneurs furent assassinés et leurs biens pillés.

 

            2° La nuit du 4 août 1789 – Face à ce mouvement de violence, les membres de l’Assemblée constituante décidèrent alors d’abolir les privilèges, les droits féodaux, la vénalité des charges[1], et le peu de servage qui restait encore.

La nuit du 4 août, par Isidore Stanislas HELMAN, fin du XVIII° siècle, musée Lambinet, Versailles.

 

Les députés, au cours des jours qui suivirent, se rendirent compte qu’ils avaient montré un peu trop d’empressement lors de la nuit du 4 août. Des discussions eurent lieu jusqu’en mars 1790, date à laquelle les députés nuancèrent leur jugement : d’une part, les propriétaires de charges seraient indemnisés. D’autre part, si les droits personnels comme les corvées[2], le servage et la dîme[3] étaient effectivement supprimés, les droits réels portant sur la location de la terre (comme le cens[4] et le champart[5].) restaient en vigueur.

Les droits réels pouvaient toutefois être rachetés, mais seuls les plus aisés en eurent la possibilité afin d’échapper aux impôts (à noter que les membres de l’Assemblée, qu’ils soient nobles ou roturiers, étaient en majorité des propriétaires terriens.).

 

            3° La Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen (fin août 1789) – Depuis plusieurs semaines, les députés souhaitaient faire une déclaration semblable à celle des Américains[6].  C’est ainsi que fut votée le 26 août la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, texte s’inspirant de la philosophie des Lumières. 

La Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, par Jean Jacques LE BARBIER, musée Carnavalet, Paris.

 

 

Le texte reconnaissait  plusieurs principes essentiels : selon l’article I, les hommes naissent libres et égaux en droit, mettant ainsi fin à la société médiévale divisée en ordres ; les articles VII, VIII et IX garantissaient la présomption d’innocence et la non-rétroactivité de la loi ; les articles X et XI assuraient la liberté de religion et la liberté de conscience ; l’article XVII garantissait la propriété, considérée comme inviolable et sacré[7].

La Déclaration, reconnaissant le droit de résister à l’oppression, était la consécration politique des évènements qui s’étaient déroulés le 14 juillet 1789.

 

A noter que c’est à partir de cette époque que les premiers partis commencèrent à se former au sein de l’Assemblée constituante : A une extrémité de l’échiquier politique, l’on pouvait retrouver les monarchistes, favorables à l’Ancien régime (il s’agissait en grande partie d’aristocrates et d’évêques.), ainsi que les monarchiens, souhaitant la mise en place d’une monarchie plus contrôlée (souvent des bourgeois et quelques nobles.). A l’autre bord, l’on trouvait les patriotes (ou constitutionnels.), désireux de mettre en place d’importantes réformes et de donner une constitution au pays (ce parti, composé d’une majorité de députés du tiers état, ne tarda guère à se diviser en plusieurs branches, comme nous le verrons plus tard.).

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[1] La vénalité des charges était un système mis en place par François I° au cours du XVI° siècle. Autrefois, les hauts fonctionnaires de l’Etat étaient choisis par le souverain ; mais, suite à la mise en place de la vénalité des charges, ces postes purent être obtenus en versant d’importantes sommes d’argent à la couronne. Cette pratique, favorable sur le court terme grâce aux rentrées d’argent qu’elle occasionnait, fut toutefois dramatique sur le long terme (d’autant plus que le phénomène ne cessa de s’accroitre au fil des siècles.). En effet, les hauts fonctionnaires furent plus riches que compétents, et affaiblirent grandement l’administration royale.

[2] Au Moyen âge, le seigneur pouvait réquisitionner ses sujets afin de les faire travailler sans les rémunérer. En règle générale, la corvée ne concernait qu’une ou deux journées par an, exception faites des pauvres et des serfs, qui restaient taillables et corvéables à merci. Dans certaines régions de France, il était possible de racheter ces jours de corvées contre une petite somme d’argent.

[3] La dîme était un impôt apparu au Moyen âge. Les fidèles devaient ainsi verser à l’Eglise 10% de leur revenu.

[4] Le cens était un impôt sur les biens immobiliers (terrain, bâtiment, péage, etc.). En simplifiant, le cens pourait être comparé à un loyer.

[5] Le champart était un impôt payé en nature, proportionnel à la récolte (cette taxe variait entre 1/6 et 1/12, mais en moyenne elle s’élevait à 1/8.). A noter qu’elle se payait après la dîme (autre impôt proportionnel payé au clergé, correspondant à 1/10 de la récolte.).

[6] Pour en savoir plus sur la déclaration d’indépendance américaine, voir le 5, section II, chapitre cinquième, les Bourbons.

[7] A noter que la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen fut allègrement bafouée avant, pendant et après la Révolution.

 
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