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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE TROISIEME : La monarchie constitutionnelle

(fin 1789 à septembre 1792)

 

II : La déchéance de Louis XVI, l’émergence des partis (juillet 1790 à septembre 1791)

           

            1° Louis XVI se rapproche de Mirabeau, la fête de la Fédération (printemps à été 1790) – En mars 1790, Louis XVI se trouvait face à une assemblée de plus en plus puissante. Ayant besoin d’un appui, le roi décida alors de se rapprocher de Mirabeau, figure incontournable de la constituante. Ce dernier accepta de laisser le pouvoir exécutif au roi, en échange de la poursuite de la lutte contre les privilèges.

Honoré Riqueti, comte de Mirabeau, par Jean Antoine INJALABERT, 1889, le Panthéon, Paris.

A noter qu’en juin 1790 eut lieu une nouvelle vague d’émigration, les députés ayant abrogé les titres de noblesse. Ces aristocrates n’eurent de cesse de comploter afin de rétablir la monarchie, ce qui entraîna des troubles dans Paris.

 

Le 14 juillet 1790 fut célébrée la fête de la Fédération, un an jour pour jour après la prise de la Bastille[1].

La fête de la Fédération, au champ de Mars, le 14 juillet 1790, atelier de Pierre Antoine DEMACHY, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Louis XVI, face à plus de 300 000 personnes réunies au champ de Mars[2], prêta serment à la nouvelle constitution (cette dernière ne fut toutefois adoptée qu’en septembre 1791.). La Fayette, lui aussi, prêta serment à la nouvelle constitution sur l'autel de la Patrie.

Le serment de La Fayette à la Fédération, Ecole française du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

A cette date, beaucoup pensaient que la Révolution était terminée, les députés ayant doté la France d’une monarchie constitutionnelle. Toutefois, Louis XVI n’acceptait guère ces nouvelles réformes, courroucé par la constitution civile du clergé[3].

Buste de Louis XVI, par Louis Pierre DESEINE, 1790, musée Carnavalet, Paris.

 

            2° La fuite du roi, l’arrestation à Varennes (juin 1791) – Louis XVI n’ayant que peu d’appuis au sein de l’Assemblée constituante se retrouva totalement isolé le 2 avril 1791, suite à la mort de Mirabeau (ce dernier fut alors inhumé au Panthéon[4].). Le défunt, dont les services avaient été grassement rémunérés par la monarchie, s’était opposé à de nombreuses reprises aux députés les plus hostiles à la royauté.

Monument à Mirabeau, anonyme, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

A noter toutefois que Mirabeau fut aussi pleuré par la France révolutionnaire, qui ignorait le double jeu du défunt.

 

Le 17 avril 1791, Louis XVI assista à la messe des Rameaux, célébrée par le cardinal Louis Joseph de Montmorency-Laval, prêtre réfractaire. De nombreux Parisiens furent alors scandalisés en apprenant que le roi assistait à une messe célébrée par un non-jureur.

Le lendemain, alors qu’il comptait se rendre à Saint Cloud pour la semaine sainte, Louis XVI fut empêché de quitter les Tuileries par une foule en grand nombre.

La Fayette, arrivé en urgence, ne parvint toutefois pas à frayer un chemin au roi. Le roi de France, dépité, descendit de son carrosse et rentra à pied aux Tuileries.

 

Depuis maintenant plusieurs mois, Louis XVI songeait à fuir la France. L’idée d'une évasion royale n'était pas neuve (un premier plan avait été soumis au roi de France en juillet 1789.), même si le souverain avait toujours refusé de quitter Paris.

Sur les instances de Marie Antoinette, Louis XVI décida finalement de mettre en place des préparatifs afin de quitter la capitale.

 

La date fut ainsi fixée au 20 juin dans la soirée. Les fuyards devaient emprunter la route de Châlons-sur-Marne[5], en direction de la Lorraine. Arrivée à Pont-de-Somme-Vesle, la famille royale serait alors escortée par les hussards du colonel Claude Antoine Gabriel de Choiseul[6] jusqu’à Sainte Menehould. Arrivés dans cette cité, les hommes de Choiseul bloqueraient le passage à d’éventuels poursuivants, permettant aux fuyards de rejoindre  Montmédy, en Lorraine, où ils seraient alors pris en charge par les dragons de François Claude Amour, marquis de Bouillé[7], général en chef de l’armée de Meuse, Sarthe et Moselle. Dès lors, la famille royale pourrait finalement passer la frontière.

En outre, afin de faciliter la fuite, il fut donné de fausses identités à la famille royale : la gouvernante des enfants du couple royal, Louise Elisabeth de Croÿ d’Havré, marquise de Tourzel, devint la baronne de Korff, en voyage vers Francfort ; Elisabeth, sœur de Louis XVI, devint la dame de compagnie de la baronne ; le dauphin Louis Charles et sa sœur aîné Marie Thérèse, furent habillés en filles, devenant les enfants de la baronne de Korff ; Marie Antoinette devint Mme Rochet, gouvernante des filles de la baronne ; et Louis XVI devint M. Durand, intendant de la baronne de Korff. A noter que trois domestiques accompagnaient la famille royale.

 

Les Tuileries étant à l’époque particulièrement peuplées (les membres de la Garde nationale, chargé de veiller à ce que le roi ne s’échappe pas, dormaient à même le sol.).

Plaques de bonnets de la Garde nationale, vers 1789-1792, musée des Invalides, Paris.

Un peu avant minuit, la famille royale quitta le palais, montant dans une petite voiture qui leur permit de quitter la capitale.

Au petit matin du 21 juin, l’on s’aperçut que le souverain avait fui. Les députés de l’assemblée constituante, après avoir longtemps hésité, décidèrent finalement de déclarer que le roi avait été enlevé. Au même moment, le frère du fugitif, Louis, comte de Provence, quittait Paris en direction des Pays Bas autrichiens.

Louis XVIII, par Robert LEFEVRE, début du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Vers 10 heures, les hussards de Choiseul arrivèrent à Pont-de-Somme-Vesle, mais la famille royale, ayant près de trois heures de retard sur l’horaire prévu, s’était arrêtée à Montmirail. A Paris, La Fayette envoya des cavaliers dans toutes les directions afin de retrouver les fugitifs.

 

Ce n’est qu’à 16 heures que Louis XVI arriva à Châlons-sur-Marne, avec environ quatre heures de retard sur l’horaire. Choiseul, las d’attendre les fugitifs à Pont-de-Somme-Vesle, décida alors de se replier vers Varennes-en-Argonne.

A 18 heures, la famille royale arriva à Pont-de-Somme-Vesle, se rendant compte que Choiseul n’était plus là. Les fuyards continuèrent alors leur chemin, arrivant à Sainte Menehould un peu avant 20 heures. Louis XVI décida alors de faire une pause, au cours de laquelle il fut reconnu par Jean Baptiste Drouet, postier habitant la cité.

La famille royale repartit rapidement, et une heure après, des émissaires de La Fayette arrivèrent à Sainte Menehould à la recherche du roi. Drouet, qui jusque à présent n’avait pas fait le rapprochement, se rendit compte que l’équipage de la baronne de Korff était en réalité la famille royale. Drouet décida alors d’avertir le maire, recevant alors l’autorisation de prendre la voiture en chasse.

 

La famille royale arriva à Varennes peu avant 23 heures, s’arrêtant quelques minutes afin de rechercher les hommes de Choiseul. Drouet arriva peu de temps après, avertissant le commandant de la Garde nationale de Varennes-en-Argonne de la présence de la famille royale.

Arrêté et officiellement reconnu, Louis XVI ne put continuer son escapade. La famille royale fut alors enfermée dans une maison de la cité et placée sous bonne garde peu après minuit.

L'arrestation de Louis XVI à Varennes, par Jean Louis PRIEUR, 1804, Deutsches historisches museum, Berlin.

Au petit matin du 22 juin, il fut finalement décidé de raccompagner le roi à Paris.

 

Le voyage retour fut plus long, les fugitifs n’arrivant à Paris que le 25 juin en fin d’après midi. La Fayette ordonna alors à ses hommes de former la haie afin d’accompagner le cortège, intimant le silence à la population : quiconque applaudira le roi sera bastonné, quiconque l’insultera sera pendu.

Le retour de la famille royale à Paris, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Arrivant au Tuileries vers 22 heures, la famille royale fut molestée malgré l’intervention de La Fayette. En rentrant au palais, Louis XVI était plus isolé que jamais, de nombreux révolutionnaires ne lui pardonnant pas sa trahison.

Drapeau remis à la ville de Varennes en l'honneur de la capture de Louis XVI, 1792, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

            3° Les évènements du 17 juillet 1791, la révolution se scinde en plusieurs camps – Comme nous l’avons vu précédemment, l’Assemblée constituante avait décidé de soutenir la thèse de l’enlèvement. En effet, de nombreux députés, soucieux de maintenir la nouvelle constitution, étaient des partisans de la monarchie constitutionnelle.

Toutefois, le 14 juillet 1791 ne fut pas, contrairement à l’année précédente, une démonstration d’union entre le roi et son peuple. Au contraire, de nombreux Parisiens, qui considéraient la thèse de l’enlèvement comme grotesque, décidèrent de manifester leur mécontentement.

 

Le 17 juillet, les membres du club des Cordeliers[8] (fondé en avril 1790, ce mouvement était hostile à l’aristocratie et n’hésitait pas à descendre dans la rue au besoin.) décidèrent de faire signer une pétition pour la déchéance du roi. Le papier fut alors déposé sur l’autel du champ de Mars.

Carte de membre du club des Cordeliers du citoyen Robespierre jeune (il s'agissait du frère cadet de Robespierre.), musée Carnavalet, Paris.

Mais bientôt une émeute se déclencha. En effet, deux Parisiens cachés sous l’autel afin de lorgner les charmes des demoiselles pétitionnaires furent alors lynchés par la foule, accusés d’être des espions. Constatant que le mouvement prenait de l’ampleur, La Fayette décida de s’interposer afin de disperser la foule.

L'insurrection du champ de Mars, 17 juillet 1791.

Toutefois, le général fut repoussé, et Bailly, le maire de Paris, décida alors de faire tirer sur les émeutiers. Une cinquantaine de personnes furent ainsi tuées, et une charge de cavalerie dispersa les derniers insurgés.

Habit d'officier du 17° régiment de dragons, 1791-1793, musée des Invalides, Paris.

 

A partir de cette date, deux courants émergèrent au sein de l’assemblée. D’une part le club des Cordeliers et le club des Jacobins[9], hostiles au roi et favorables à l’instauration d’une république ; de l’autre, le club des Feuillants, créé en juillet 1791 par plusieurs jacobins favorables à la monarchie constitutionnelle (dont La Fayette, Bailly, l’abbé Sieyès ou Le Chapelier.).

Buste d'Emmanuel Joseph Sieyès, par Charles VITAL CORNU, XIX° siècle, salle du jeu de paume, Versailles.

 

La Fayette, qui avait perdu beaucoup de son prestige lors de la journée du 17 juillet, décida de démissionner de son poste de commandant de la Garde nationale.

En novembre, Bailly fut contraint de démissionner de son poste de Maire de Paris, et fut alors remplacé par Jérôme Pétion de Villeneuve (ce dernier reçut plus de suffrage que La Fayette, qui s’était présenté contre lui.).

Buste de Jérôme Pétion de Villeneuve, par Daniel DUPUIS, salle du jeu de paume, Versailles.

 

            4° L’adoption de la monarchie constitutionnelle (septembre 1791) – Bien qu’ayant été acceptée par Louis XVI en juillet 1790, la monarchie constitutionnelle ne fut officiellement proclamée qu’en date du 18 septembre 1791.

Déclaration des Droits de l'Homme et premiers articles de la constitution de 1791, musée des Archives Nationales, Paris.

 

La nouvelle constitution, fidèle aux écrits de Montesquieu, consacrait la division des trois pouvoirs. Ainsi, Louis XVI conservait le pouvoir exécutif, alors que le pouvoir législatif était cédé à l’Assemblée législative (cette dernière comptait 745 membres, élus pour deux ans au suffrage censitaire[10].)

Toutefois, le roi de France conservait le droit de choisir ses ministres, nommait les ambassadeurs et les chefs militaires (tous les autres fonctionnaires devaient être élus.). Louis XIV possédait un droit de veto (il pouvait s’opposer aux votes des députés, sauf dans le cadre d’une loi de finances.), et était irresponsable devant l’assemblée. Enfin, le souverain n’était plus roi de France, mais simplement roi des Français[11].

A noter toutefois que l’Assemblée législative pouvait s’immiscer dans le pouvoir exécutif. En effet, la guerre ne pouvait être décidée que par un vote des députés, ces derniers ayant le droit de surveiller la bonne application des lois. Enfin, seule l’assemblée pouvait demander une révision de la constitution.

Ce nouveau texte consacrait la victoire de la bourgeoisie, qui avait réussi à prendre la place de l’aristocratie tout en écartant les classes laborieuses du pouvoir.

 

Toutefois, cette constitution n’eut qu’une durée de vie éphémère. En effet, en septembre 1791, le roi avait déjà perdu une grande part de sa crédibilité aux yeux des Parisiens. L’épisode de la fuite à Varennes fut le prétexte qu’utilisèrent les jacobins pour exiger la mise en place d’une république.

Les députés de 1789, tels que Mirabeau, La Fayette, Sieyès ou Bailly, souhaitaient que la révolution s’achève avec la mise en place d’une monarchie constitutionnelle ; toutefois, aux yeux des jacobins ou des cordeliers, plus jeunes et plus virulents, la révolution ne faisait que commencer… 

Drapeau révolutionnaire, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

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[1] A noter que la fête nationale française, à savoir le 14 juillet, célèbre non pas la prise de la Bastille mais bien la fête de la Fédération.

[2] Le champ de Mars est un parc situé à Paris, s’étendant de la tour Eiffel jusqu’à l’Ecole militaire.

[3] Le texte ne fut ratifiée par Louis XVI qu’en décembre 1790.

[4] Louis XV, tombant malade en 1744, promit d’ériger un monument à Sainte Geneviève s’il survivait. Le roi ayant guéri, les travaux d’édification commencèrent en 1764. L’édifice, achevé sous la révolution, devint en 1791 une nécropole où devaient être inhumés les grands hommes. A noter que le Panthéon connut de nombreux bouleversements jusqu’à nos jours.

[5] Châlons-sur-Marne a été rebaptisée Châlons-en-Champagne en 1995.

[6] Claude Antoine Gabriel était le neveu de d’Etienne François de Choiseul, ministre de Louis XV.

[7] Le marquis de Bouillé avait participé à la guerre d’indépendance américaine. Détesté par les révolutionnaires, son nom figure aujourd’hui dans un des couplets de la Marseillaise : Mais ces despotes sanguinaires/Mais ces complices de Bouillé/Tous ces tigres qui, sans pitié/déchirent le sein de leur mère !

[8] Le club était baptisé ainsi car il était installé dans le monastère des Cordeliers à Paris. Les moines franciscains avaient été surnommés Cordeliers car, ayant fait vœu de pauvreté, ils utilisaient une simple corde en guise de ceinture.

[9] Fondé en avril 1789 sous le nom de club Breton, ce mouvement s’était installé dans le monastère des Jacobins à Paris. Les moines qui y vivaient étaient des dominicains.

[10] Seuls les citoyens actifs avaient le droit de vote : ces derniers devaient être de sexe masculin, avoir au moins 25 ans, être installé dans un canton depuis un an, et payer un cens équivalent à trois jours de salaire. En 1791, il y avait un peu moins de cinq millions de citoyens actifs (soir 60% de la population masculine et 15% de la population française.). 

[11] A noter que depuis Clovis jusqu’à Louis IX, le souverain était nommé rex francorum, ce qui signifie ‘roi des Francs’. Il fut surnommé rex francia par la suite.

 
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