Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de la Rome antique

 

CHAPITRE QUATRIÈME : Le haut Empire romain

 

IV: Les Flaviens (69 à 96)

           

            1° Vespasien (69 à 79) – Vespasien (de son vrai nom Titus Flavius Vespiasanus.), né en novembre 9, était issu d’une famille d’origine plébéienne (son grand père, Titus Flavius Petro, était un centurion qui combattit sous les ordres de Pompée à Pharsale[1].). Le père de Vespasien, quant à lui, avait fait carrière dans la finance : publicain[2] en Asie, il finit sa vie banquier en Helvétie.

Buste de Vespasien, I° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

Vespasien épousa alors Flavia Domitilla, dont il eut deux fils (Domitien et Titus.) et une fille. Alors que Titus Flavius Sabinus, le frère du futur Empereur, épousait une carrière sénatoriale (il finit sa vie préfet de Rome, mourrant lors de sa lutte contre les partisans de Vitellius[3].), Vespasien, quant à lui, décida de suivre le cursus honorum : il fut tribun militaire en Thrace, questeur en Crète, préteur et édile sous Caligula, consul en 51, et proconsul d’Afrique en 63. Peu après, Vespasien accompagna Néron lors de son voyage en Grèce. Cependant, il s’attira les foudres de l’Empereur, ce dernier n’appréciant pas que le Flavien se soit endormi alors qu’il chantait.

Vespasien tomba alors en disgrâce, mais reçut néanmoins la légation[4] de Judée en 67, afin de mater une révolte qui avait éclaté l’année précédente. Le gouverneur de Syrie, Caius Cestius Gallus, avait été incapable de la réprimer.

Vespasien et Titus furent de bons stratèges : ils commencèrent par s’emparer de la côte, afin que les insurgés ne puisse plus profiter de la mer pour s’approvisionner. Par la suite, les Romains prirent le nord du pays, et finalement parvinrent à encercler Jérusalem, où s’étaient retranchés les rebelles.

Lutte de Vespasien contre les Juifs, par Flavius Josèphe (traduction anonyme), enluminure issue de l'ouvrage Antiquités judaïques, Bruges, Belgique, XV° siècle.

Mais des évènements graves survinrent à Rome. Néron, destitué, se suicida, et la guerre civile ne tarda pas à éclater entre les prétendants au trône[5]. C’est alors que Vespasien fut acclamé Empereur par les légionnaires stationnés en Égypte (en juillet 69, il prit le nom d’Imperator Titus Flavius Vespasianus Augustus ; puis, en août 69, celui d’Imperator Caesar Vespasianus Augustus.).

Soutenu par Mucien, légat de Syrie, ainsi que par les légions de Mésie, Pannonie et Dalmatie, Vespasien décida d’agir. Cependant, étant loin de la capitale, il décida alors d’envoyer en Italie le général Antonius Primus, commandant les légions du Danube,

En octobre 69, ce dernier parvint à vaincre l’armée de Vitellius au cours de la bataille de Bédriac, et marcha ensuite sur Rome. Primus et ses hommes pénétrèrent alors dans la ville, et éliminèrent Vitellius. Domitien, un des fils de Vespasien, reçut alors le titre de César, et fut chargé de gouverner en attendant l’arrivée de son père. En décembre 69, la guerre était terminée. Vespasien, quant à lui, rentra dans la capitale en décembre 70.

 

a) L’assainissement des finances et travaux de reconstruction : les finances de l’Empire avaient beaucoup souffert, suite au règne dépensier de Néron et à la guerre civile. Vespasien commença par assainir les finances, mettant en place de nouveaux impôts. Le plus connu d’entre eux étant celui sur la collecte de l’urine[6] (l’urine était alors utilisée comme agent fixant par les teinturiers de l’époque.), qui rencontra quelques oppositions. Titus, le fils de l’Empereur, s’opposa à cette loi. C’est alors que son père lui montra l’argent qu’avait apporté ce nouvel impôt, lui disant : pecunia non olet (‘l’argent n’a pas d’odeur’.).

 

Finalement, grâce aux mesures de Vespasien, les finances de l’Empire furent remises à flot, et les Romains purent reconstruire leur ville. Le capitole fut ainsi rebâti (il avait été gravement endommagé par un incendie lors de la guerre civile.), et de nombreux quartiers de Rome furent restaurés. Enfin, c’est en 75 que commencèrent les travaux de construction du Colisée, édifice qui fut bâti à l’emplacement de la Domus Aurea, le somptueux palais de Néron. Se trouvait alors devant le Colisée une statue colossale représentant Néron, qui donna son nom à l’édifice[7] (à noter qu’au cours de l’antiquité, le Colisée était nommé ‘amphithéâtre Flavien’. Ce n’est en effet qu’au Moyen Age qu’apparut l’appellation ‘Colisée’.).

 

b) Vie politique à Rome : Vespasien décida de rénover quelque peu les institutions de Rome.

Tout d’abord, il publia la Lex de imperio Vispasiani, légalisant sa place à la tête de l’État. L’objectif de cette loi était de rompre avec le flou souhaité par Auguste, et de définir clairement quels étaient les attributs de l’Empereur. Vespasien décida aussi de monopoliser le consulat avec ses fils, déclarant officiellement qu’ils seraient ses successeurs. En outre, il les associa à la couronne en leur donnant le titre de Césars.

Vespasien fit aussi en sorte que l’imperium ne lui fut plus donné par le sénat, mais par l’armée. Cette assemblée perdit alors encore un peu plus de son pouvoir d’antan.

En outre, l’Empereur, voulant renouveler la classe politique, permit aux provinciaux de rejoindre les rangs du sénat, décimés par la guerre civile.

 

Cependant, ces mesures étaient loin d’être du goût des vieilles familles aristocratiques de Rome. Ces dernières ne manquaient d’ailleurs pas de reprocher à l’Empereur sa modeste ascendance.

Buste de Vespasien fabriqué à Carthage, entre 70 et 80 après Jésus Christ, British Museum, Londres.

 

c) Les guerres de Vespasien : le règne de Vespasien connut deux conflits de grande ampleur. Le premier, que nous avons déjà évoqué en partie, eut lieu en Judée ; le second eut lieu en Gaule.

 

Comme nous l’avons précédemment, Vespasien avait été chargé de mater la révolte de Judée en 66. Avec son fils Titus, ils étaient parvenus à contenir les rebelles, qui s’étaient réfugiés dans Jérusalem, leur capitale.

Le siège de Jérusalem, par Flavius Josèphe (traduction anonyme), enluminure issue de l'ouvrage Antiquités judaïques, Bruges, Belgique, XV° siècle.

Vespasien dut quitter la région à cause des troubles qui secouaient Rome, mais son fils resta en Judée. En août 70, après un siège particulièrement intense, les Romains parvinrent à prendre la ville.

L'assaut contre Jérusalem, par Ambroise DUBOIS, XVII° siècle, château de Fontainebleau, Fontainebleau.

Le temple fut incendié, la ville fut détruite, les trésors furent pillés, et des dizaines de milliers de juifs furent faits prisonniers.

La prise de Jérusalem, par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.

L'empereur Titus détruit le temple de Jérusalem, par Nicolas POUSSIN, XVII° siècle.

Une ambassade romaine fut alors envoyée auprès des Parthes, afin de garantir le statu quo territorial.

Par la suite, Titus, en rentrant à Rome, eut droit à la cérémonie du triomphe. Pour consacrer cette victoire, l’on construisit quelques années après l’arc de Titus, qui est encore debout aujourd’hui.

En 74, la forteresse de Massada, dernier bastion de la résistance juive, tomba.

Ruines de la forteresse de Massada, située en Israël.

Les derniers défenseurs de la cité se seraient tous suicidés afin de ne pas tomber entre les mains des Romains.

 

En Gaule, la situation était moins brillante. En 69, profitant des troubles, les Bataves et les Frisons s’étaient révoltés à l’appel de leur compatriote Civilis. Soutenus par les Germains habitant sur la rive droite du Rhin, ils infligèrent plusieurs défaites aux troupes romaines présentes dans la région.

 

Par la suite, ce fut au tour des Gaulois de se révolter, conduits par Sabinus, un aristocrate romain originaire de Langres. S’inspirant de Sacrovir[8], Sabinus parvint à convaincre ses amis officiers, Classicus et Tutor, de le rejoindre dans sa lutte.

En 70 avant Jésus Christ, tout le nord de la Gaule était révolté, et les légions romaines furent incapables de mettre fin à l’insurrection. Sabinus proclama alors l’Empire des Gaules.

Cependant, les insurgés étaient loin de faire front commun contre les Romains. Tout d’abord, les Gaulois se méfiaient de Civilis, et avaient peur d’avoir à subir sa domination une fois la guerre terminée. En outre, les Séquanes décidèrent de proclamer leur indépendance, et Sabinus fut contraint de marcher contre eux.

Une fois de plus, c’est finalement grâce aux dissensions de leurs ennemis que les Romains parvinrent à l’emporter. En effet, la défaite de Sabinus face au Séquanes fut cuisante. Les Gaulois décidèrent alors de faire la paix avec Rome, redoutant Civilis et les Germains. Sabinus, qui parvint à survivre à la bataille, décida de se cacher dans une grotte en attendant la suite des évènements. Son épouse l'y rejoignit et ils y vécurent pendant quelques années.

Sabinus et son épouse se cachent dans leur grotte, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Cependant, Sabinus se fit finalement repérer par les Romains. Arrêté, il fut exécuté peu de temps après.

 

Quant à Civilis, il eut à affronter les huit légions romaines, commandées par Petilius Cerealis, qui avait été envoyé dans le nord de la Gaule par Vespasien. La lutte dura jusqu’en 71, date à laquelle Civilis, vaincu, décida de se rendre aux Romains (l’Empereur décida alors de lui laisser la la vie sauve.).

 

            C’est sous le règne de Vespasien que commença à être établi le limes, une frontière séparant les provinces romaines des territoires appartenant aux barbares. En outre, deux nouvelles légions furent crées.

 

            d) La mort de Vespasien : en juin 79, Vespasien, âgé de 70 ans, sentit que la mort ne tarderait guère à venir l’emporter. Il prononça alors ses dernières paroles : vae, inquit, puto deus fio (‘malheur, je crois que je deviens un dieu’.). En effet, l’Empereur fut divinisé après son décès.

A sa mort, la titulature de Vespasien était la suivante : Imperator Caesar Vespasianus Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis X, Imperator XX, Consul IX, Pater Patriae.

 

            2° Titus (79 à 81) – De son vrai nom Titus Flavius Vespasianus, Titus naquit en décembre 39. Dans sa jeunesse, il vécut à la cour de Claude et de Néron, recevant une bonne éducation.

Buste de Titus fabriqué à Utique, entre 70 et 80 après Jésus Christ, British Museum, Londres.

En 56, Titus fut nommé tribun militaire en Germanie. En 67, il accompagna son père au cours de son expédition contre la Judée, recevant lui aussi le titre de légat. Suite à la mort de Néron, Titus joua un rôle actif dans les tractations qui eurent lieu en Orient, afin d’appuyer la candidature de son père.

En 70, Vespasien dut quitter la Judée pour se rendre à Rome, où il fut couronné Empereur (l’on donna alors à Titus le nom de Titus Caesar Vespasianus.). De son côté, Titus fut chargé d’achever la conquête de la région. Comme nous l’avons vu au point précèdent, Jérusalem tomba en août 70, après un siège particulièrement intense. Le temple fut incendié, la ville fut détruite, les trésors furent pillés, et des dizaines de milliers de juifs furent faits prisonniers. Acclamé Empereur par ses troupes, Titus se rebaptisa Imperator Titus Caesar Vespasianus.). En rentrant à Rome, Titus eut droit à la cérémonie du triomphe. En outre, l’on éleva un arc de triomphe à sa gloire, quelques années après.

Le Triomphe de Titus et de Vespasien, par Jules ROMAIN, XVI° siècle, musée du Louvre, Paris.

 

Fils aîné de Vespasien, ce dernier désigna Titus de son vivant comme son héritier officiel, lui donnant le titre de César.

 

a) Titus et le cursus honorum, ses vices : cela faisait bien des années que les impératifs d’âge ou de classe du cursus honorum n’étaient plus respectés. Titus ne dérogea pas à la règle : il fut préfet du prétoire en 72, censeur en 73, et sept fois consul entre 70 et 79.

 

Ces nominations inquiétaient les Romains, d’autant plus que Titus n’était pas un modèle de vertu. De nos jours, le règne pacifique de cet Empereur a grandement contribué à effacer les exactions auxquelles il se livra au cours des années 70.

En effet, alors préfet du prétoire, Titus fit en sorte d’éliminer tous ceux qui étaient susceptibles de représenter une menace (un des généraux de Vitellius, qui avait trahi ce dernier afin de rejoindre les Flaviens, fut exécuté à cette époque.).

En outre, Titus ayant été élevé à la cour de Claude et de Néron, il organisa de nombreux festins, au cours desquels son comportement laissa présager du pire (selon les sources, il appréciait la compagnie des mignons et des eunuques.). Certains Romains comparèrent ses vices à ceux de Néron.

En outre, on accusa Titus de se faire de l’argent en monnayant les décisions de justice.

 

b) Titus au pouvoir : cependant, lorsque Titus monta sur le trône, en juin 79, il se révéla être un Empereur tout à fait convenable (il prit alors le nom d’Imperator Caesar Vespasianus Augustus.). En effet, son règne fut bref mais heureux.

Statue de l'Empereur Titus, fin du I° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

L’on raconte que Titus, à la fin d’une journée au cours de laquelle il n’avait rien fait d’utile, disait diem perdidi (‘j’ai perdu ma journée’.)    

 

Renonçant aux festins et aux débauches auxquelles il avait habitué les Romains, une de ses premières décisions fut de renvoyer en Judée la princesse juive Bérénice, qui était sa maîtresse.

Buste de Bérénice (copie d'après l'antique), vers 1600, musée du Louvre, Paris.

Titus l’avait rencontré en 67, au cours de la répression de la révolte de Judée. La princesse, née en 29, était l’arrière petite fille du roi Hérode. Cette liaison, selon les sources, semble être plus qu’une opération politique visant à maintenir au pouvoir Hérode Agrippa II, le frère de Bérénice.

Comme nous l’avons vu précédemment, Titus rentra à Rome suite à la prise de Jérusalem, sans être accompagné par sa maîtresse (son père Vespasien lui avait déconseillé de l’emmener à Rome.).

Cependant, cette dernière rejoint Titus à Rome en 75, et ce dernier lui promit de l’épouser.

Les Romains virent d’un mauvais œil ce rapprochement entre les deux amoureux, se souvenant encore du mauvais tour que leur avait joué la reine Cléopâtre.

En juin 79, Vespasien mourut et Titus monta sur le trône. A contre cœur, il décida finalement de renvoyer Bérénice en Judée.

 

c) Les malheurs de Titus : cependant, une série de catastrophes survinrent au cours du règne de Titus.

Tout d’abord, le Vésuve entra en éruption, en août 79, engloutissant Pompéi et Herculanum. Des milliers de personnes trouvèrent la mort ce jour là, et Titus mit un point d’honneur à porter secours aux rescapés de la catastrophe.

Par la suite, un incendie ravagea Rome pendant trois jours, en 80. Ce dernier, d’une intensité aussi importante que celui qui eut lieu sous le règne de Néron, endommagea de nombreux monuments de la ville (tels le Capitole, le Panthéon, les thermes, etc.).

Titus tenta de rebâtir la ville suite à cette nouvelle catastrophe. Cette même année, il inaugura l’amphithéâtre flavien (que nous appelons aujourd’hui le Colisée.).

Vue extérieure du Colisée.

Vue intérieure du Colisée.

Cependant, après l’incendie, une épidémie de peste se répandit en Italie, faisant des milliers de victimes. Il porta lui-même assistance aux victimes, payant ce dévouement de sa personne : en effet, Titus fut rapidement atteint par la peste.

 

En septembre 81, Titus vivait ses derniers jours. Agé de 42 ans, il s’accablait de devoir quitter ce monde si rapidement. Suite à son décès, Titus fut divinisé, et reçut la titulature suivante : Imperator Caesar Vespasianus Augustus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XI, Imperator XVII, Consul VIII, Pater Patriae.

Temple de Vespasien et Titus (à droite.), Rome (à noter que l'édifice, dont les travaux débutèrent sous Vespasien, ne fut achevé que sous le règne de Domitien.).

Comme il ne laissait pas d’enfants, ce fut son frère Domitien qui monta sur le trône.

 

            3° Domitien (81 à 96) – De son vrai nom Titus Flavius Domitianus, Domitien naquit en octobre 51, fils de Vespasien et de Flavia Domitilla. En 69, le jeune homme homme était aux côtés de son oncle, Titus Flavius Sabinus, lorsque les partisans de Vespasien attaquèrent le Capitole. Il réchappa à l’incendie qui ravagea la colline, mais son oncle n’eut pas cette chance.

Buste de Domitien, vers 80, Altes museum, Berlin.

Lorsque Vespasien fut proclamé Empereur, ce dernier se trouvait encore en Orient, et Domitien fut chargé de gouverner en attendant l’arrivée de son père (lorsque ce dernier monta sur le trône, Domitien reçut le nom de Caesar Domitianus.).

Cependant, bien que Vespasien fit de ses fils ses héritiers légitimes, leur donnant le titre de Césars, il décida de favoriser Titus, l’aîné.

Vespasien ne confia pas de charges à son fils cadet, laissant ce dernier dans l’ombre. En effet, qui se serait imaginé à cette époque que Titus allait mourir si jeune, et sans laisser de descendance ?

Lorsque Titus mourut, en 81, Domitien monta sur le trône, à l’âge de 30 ans[9]. Il prit le nom d’Imperator Caesar Domitianus Augustus.

 

a) Rome sous Domitien : la capitale de l’Empire s’embellit considérablement au cours du règne de cet Empereur. En effet, ce dernier fit construire le palais flavien (sur le Palatin.), le forum de Vespasien, l’arc de Titus (pour commémorer sa victoire de 70 en Judée.), le temple de Jupiter capitolin, etc. En outre, il fit rebâtir de nombreux quartiers de Rome, qui avaient étés gravement endommagé suite aux incendies de 64 et 80.

Arc de triomphe de Titus, Rome.

Sur une des fresques de l'arc de Titus, l'on peut apercevoir des Romains porter la Ménora, le chandelier à sept branches des Hébreux. Il s'agit d'un des trésors trouvés dans le temple de Jérusalem et rapportés à Rome.

Obélisque de la piazza Navona (à gauche.) et obélisque du Panthéon (à droite.), Rome (à noter que le premier édifice date du règne de Domitien, par contre, le second fut à l'origine érigé lors du règne du pharaon Ramsès II.).

En outre, Domitien réforma l’administration, et mit en place un système protectionniste en faveur de la viticulture italienne.   

Enfin, l’Empereur sut gagner le soutien de l’armée et du peuple. En effet, il augmenta la solde des militaires de 25%, et organisa différents jeux. En 86, les furent les jeux capitolins ; en 87, ce furent les jeux séculaires[10].

 

b) Les guerres sous Domitien : le moins que l’on puisse dire, c’est que le règne de Domitien fut agité par de nombreux affrontements contre les barbares. Ce dernier parvint cependant à conserver les frontières de l’Empire, continuant l’établissement du limes.

 

En 83, Domitien pénétra en Gaule à la tête de huit légions, et lança une attaque contre les Chattes, une tribu germanique vivant non loin de la frontière de la province de Germanie. Les Romains parvinrent à l’emporter sur les barbares sans trop de difficultés.

C’est à cette occasion que Domitien prit le nom d’Imperator Caesar Domitianus Augustus Germanicus.

Buste de Domitien, fin du I° siècle après Jésus Christ, complété par un buste au XVIII° siècle, musée du Louvre, Paris.

 

En Bretagne, le général Gnaeus Julius Agricola acheva la conquête de l’île au cours de cette même période, étendant l’influence romaine jusqu’aux embouchures des fleuves Clyde et Forth (approximativement jusqu’à l’actuelle ville de Glasgow.).

En outre, il découvrit que la Bretagne était une île, après en avoir fait le tour avec sa flotte.

Cependant, Domitien, jaloux de son succès, décida de le rappeler à Rome en 84. L’Empereur lui proposa divers consulats, en Asie ou en Afrique, mais Agricola refusa (il mourut isolé en 93[11].).

 

Un autre conflit important opposa les Romains aux Daces.

Jusqu’à cette époque, la Dacie était partagée en quatre ou cinq petits Etats, et ne représentaient pas une menace pour Rome. C’est alors qu’apparut Décébale, un chef guerrier qui parvint à unir la Dacie.

Tête de Dace, II° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

Réorganisant l’armée, il s’attaqua en 85 à la province romaine de Mésie. Le gouverneur de cette province, Oppius Sabinus, trouva la mort au cours de cet affrontement.

Domitien, en 87, décida alors de réagir, et se dirigea vers la Dacie, accompagné par quelques légions. Les premiers affrontements furent favorables aux Romains, et Domitien décida de rentrer à Rome, laissant le préfet du prétoire, Cornelius Fuscus, à la tête de l’armée. Cependant, ce dernier ne sut mener à bien les travaux de pacification de la Dacie, tombant dans une embuscade à Tapae, en 86. Deux légions accusèrent de lourdes pertes, et Cornelius Fuscus fut tué au cours de l’affrontement.

En 88, Domitien chargea Tettius Ilulianus, un général expérimenté (il avait mené plusieurs campagnes en Mésie.), de prendre la tête d’une armée en direction de la Dacie. Ce dernier obtint de bons résultats, mais dut rebrousser chemin avant d’atteindre la capitale (Domitien ayant besoin de ses troupes afin de lutter contre la tentative d’usurpation de 89.).

Décébale devint alors un roi client de Rome, auquel les Romains achetèrent la paix en échange de tributs importants. Ce n’est que quelques années plus tard que Décébale fut finalement vaincu et que la Dacie devint une province romaine.

 

c) L’usurpation de 89 : En 89, le légat de Germanie, Antonius Saturninus, tenta de s’emparer du pouvoir, grâce à l’aide de deux légions, des Chattes, et de quelques sénateurs opposés à Domitien.

Cependant, la rébellion tourna court, car le second légat de Germanie, Lappius Maximus, écrasa rapidement les troupes de Saturninus, ce dernier n’ayant pu faire sa jonction avec les Chattes à cause d’une crue du Rhin.

C’est à cause de cette tentative d’usurpation que Domitien dut mettre rapidement fin à la guerre contre les Daces. Par la suite, il exécuta quelques sénateurs, et divisa la Germanie en deux provinces distinctes (Germanie supérieure et Germanie inférieure.), chacune comptant quatre légions. Enfin, il envoya les deux légions qui s’étaient révoltées en Pannonie, une province romaine encore dangereuse à l’époque.

 

d) La fin de règne : Domitien eut au final un règne rappelant celui de Tibère[12]. Dans un premier temps, Rome fut bien administrée ; mais vers la fin de règne, l’Empereur ensanglanta la cour par sa peur des complots.

Les choses empirèrent suite à l’usurpation ratée de 89. En effet, à partir de cette date, Domitien devint de plus en plus méfiant et autoritaire. Il encouragea les délateurs, faisant exécuter plusieurs sénateurs, ainsi que certains de ses proches (comme son cousin Flavius Clemens.). Puis, en 92, il décida de bannir les philosophes (en particulier Dion Chrysostome et Epictète.), les astrologues et les historiens. Les écrits de ces derniers furent alors brûlés.

En outre, il lança entre 91 et 95 une persécution contre les chrétiens vivant dans la capitale, la deuxième de grande ampleur depuis celle de Néron en 64.

 

Finalement, un complot se mit en place, impliquant l’impératrice Domitia Longina, le préfet du prétoire Petronius Secundus, ainsi que quelques sénateurs. En septembre 96, Domitien, alors qu’il se trouvait dans son palais, fut assassiné d’un coup de poignard par un de ses affranchis. 

Tête de Domitia Longina, vers 90 après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Le sénat décida alors de prononcer la damnatio memoriae à l’encontre du défunt Empereur[13]. Domitien reçut néanmoins la titulature suivante à sa mort : Imperator Caesar Domitianus Augustus Germanicus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis XV, Imperator XXII, Consul XVII, Pater Patriae.

En 96, la dynastie des Flaviens prenait fin. En effet, Domitien avait eu deux enfants de son épouse, mais ces derniers étaient morts en bas âge.

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[1] Pour en savoir plus sur la bataille de Pharsale, et l’opposition entre César et Pompée, voir le 15, section IV, chapitre troisième, histoire de la Rome antique.

[2] Les publicains avaient une fonction semblable à celle de nos percepteurs actuels.

[3] Nous avons évoqué les derniers jours de Titus Flavius Sabinus en 3, section III, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[4] Les légats consulaires avaient comme tâche de gouverner les provinces impériales (c'est-à-dire celles qui n’étaient pas encore pacifiées.). Ils avaient donc un rôle similaire à celui des gouverneurs. Il existait aussi des légats prétoriens, dont la charge était de diriger une légion.

[5] Pour en savoir plus sur cette guerre civile, qui ensanglanta l’année 69 (dite ‘des quatre Empereurs’.), reportez vous à la section III, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[6] Les vespasiennes tirent leur nom de cet Empereur, qui mit en place un impôt sur l’urine.

[7] Le Colisée tire son nom du mot latin Colosseum qui signifie ‘colosse’.

[8] Pour en savoir plus sur Sacrovir, voir le 1, section II, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[9] Ses détracteurs insinuèrent à posteriori que Domitien aurait empoisonné son frère pour prendre sa place. En réalité, cette thèse relève plus du ragot que de la réalité historique.

[10] Les jeux séculaires, comme leur nom l’indique, étaient célébrés (en théorie.) tous les cent ans, afin de célébrer la fondation de Rome (les premiers jeux séculaires furent organisés en 348 avant Jésus Christ, selon l’estimation que Rome aurait été fondée en 748 avant Jésus Christ. Ces jeux furent à nouveaux célébrés en 249 et 149, mais pas en 49 avant Jésus Christ, à cause de la guerre civile. Auguste décida alors de les célébrer en 17 avant Jésus Christ. L’Empereur Claude les célébra en 47 après Jésus Christ, revenant à la chronologie initiale. En 87, Domitien fêta donc les jeux séculaires en se basant sur la date de célébration des jeux d’Auguste.).

[11] Agricola était le beau père de l’écrivain Tacite, qui écrivit sa biographie. Vous pouvez vous rendre dans la section Littérature latine afin de consulter quelques uns de ses ouvrages.

[12] Pour en savoir plus sur le règne de Tibère, voir le 1, section II, chapitre quatrième, histoire de la Rome antique.

[13] Cette mesure, déjà prononcée contre Néron,  condamnait à l’oubli ceux qui en étaient frappés. En outre, leur nom était effacé des inscriptions publiques, les statues à leur image renversées, etc.

 
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