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Mythologie
 
 

 

 

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Le second Empire (1852 - 1870)

CHAPITRE SECOND : L'Empire libéral (1860 à 1866)

 

II : La prospérité du second Empire

           

            1° Le développement des voies de communications – Napoléon III, constatant que la France de 1848 était en retard par rapport à une Angleterre déjà très industrialisée, décida alors de mettre en profit cette période de forte croissance afin de rattraper le temps perdu.

 

Ainsi, les chemins de fer, qui ne comptaient guère plus de 3 000 kilomètres de voies en 1851 (contre plus de 10 000 en Angleterre.), parvinrent grâce à l’appui financier de l’Etat, à atteindre le chiffre de 18 000 kilomètres de voies ferrés en 1870 (le nombre de locomotives, afin de faire face à cet accroissement d’activité, augmenta lui aussi : pour 973 locomotives en service en 1850, il en existait 4 855 en 1870.).

Chemin de fer du Nord : ouverture de la ligne reliant Boulogne à Calais, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

Les voyageurs, préférant la rapidité du train à la lenteur du cheval ou de la diligence, furent 111 millions à utiliser les chemins de fer en 1869 (pour 44 000 tonnes de marchandises.).

 

Dans un même ordre d’idées, l’Empereur, sachant que le développement des axes de communications ne pouvait qu’être favorable au commerce, favorisa la construction et l’entretien des routes, ainsi que l’édification de nouveaux canaux.

 

            1° La réforme du système bancaire – Le système financier connut lui aussi d’importantes réformes sous le règne de Napoléon III.

 

Jusqu’à présent, tout commerçant, industriel ou agriculteur souhaitant emprunter de l’argent afin d’investir devait s’acquitter de taux d’intérêts particulièrement élevés[1].

Il fut donc décidé de multiplier les sources de crédit afin de proposer des taux plus faibles et ainsi mieux faire circuler l’argent (création du Crédit foncier et du Crédit mobilier en 1852, du Crédit industriel et commercial en 1859, du Crédit lyonnais en 1863[2].).

Par ailleurs, afin de compléter cette circulation plus rapide des capitaux, Napoléon III importa le chèque en France. Cela permettait aux commerçants de ne plus voyager avec d’importantes sommes d’argent, tout en donnant un plus grand rôle aux banques (ainsi, la Banque de France escomptait 6,3 milliards de francs en 1869, contre seulement 1,8 en 1852.).

Enfin, dans l’optique de mieux encadrer le droit des sociétés, trois nouveaux statuts furent créés : la société en commandite par actions[3] (SCA.) en juillet 1856, la société à responsabilité limitée[4] (SARL.) en mai 1863, et la société anonyme[5] (SA.) en juillet 1867 (à noter que ces dénominations existent encore de nos jours.).

 

            3° La disparition du protectionnisme – Comme nous l’avons vu au cours des pages précédentes, un accord de libre-échange franco-anglais, signé en 1860, avait aboli les tarifs douaniers alors en vigueur.

Plus tard, malgré l’hostilité du patronat qui voyait d’un mauvais œil ce libéralisme économique, plusieurs traités similaires furent signés avec la Belgique, l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne.

Ces accords commerciaux permirent de développer le commerce, tout en stimulant la modernisation des industries textiles françaises.

 

Grâce à toutes les mesures adoptées par le gouvernement depuis 1848 (développement des voies de communications, suppression des tarifs douaniers, etc.), plusieurs grands magasins ouvrirent leurs portes dans la capitale.

C’est ainsi que furent créés entre autres le Bazar Napoléon[6] (1855.), Au printemps[7] (1865.), et La Samaritaine (1869.)[8].

Façade du Bazar Napoléon (aujourd'hui Bazar de l'Hôtel de ville).

 

            4° Les travaux du baron Haussmann – En 1848, malgré quelques tentatives d’urbanismes menées par Napoléon I°, Paris restait une ville quasi-médiévale, réputée pour sa surpopulation et son insalubrité.

 

Napoléon III, s’inspirant de la Londres victorienne[9], décida alors de se lancer dans une politique d’urbanisme de grande ampleur. Il confia alors cette tâche au baron Georges Eugène Haussmann, nommé préfet de la Seine le 22 juin 1853.

Le baron Haussmann, préfet de la Seine, par Adolphe YVON, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Ce dernier fit alors percer de grandes rues, reliant le boulevard de Strasbourg au boulevard de Sébastopol, créant un axe Nord-Sud ; douze avenues furent tracées autour de la place de l’Etoile ; dans l’île de la Cité, des bâtiments anciens furent détruits (afin de dégager le parvis de Notre Dame.), et plusieurs bâtiments officiels y furent édifiés (dont le Palais de Justice de Paris.) ; la Bastille, la rue Rivoli, la place de la Concorde et l’avenue des Champs Elysées furent quant à elle agrandies et rénovées.

La place de l'Etoile en 1867, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

Perçant plusieurs axes de communication majeurs, Haussmann fut toutefois contraint de détruire de nombreux bâtiments (églises, immeubles, etc.). A noter qu’outre une volonté hygiéniste, Napoléon III avait aussi comme objectif la destruction des quartiers les plus populaires, potentiels foyers d’insurrection[10].

Dessin humoristique publié dans Le journal illustré, 1867.

Outre ces grandes voies, Paris se couvrit de plusieurs centaines de milliers d’arbres (création des Buttes Chaumont et du parc Monceau ; aménagement du bois de Vincennes et du bois de Boulogne.), par ailleurs, plusieurs kilomètres de trottoirs, de caniveaux et d’égouts furent construits.

En 1860, un décret augmenta la superficie de la capitale, qui passa de 3 000 à 7 000 hectares, absorbant de nombreuses communes (dont Auteuil, Belleville, Bercy, La Villette, Montmartre, Passy, Vaugirard, etc.). Ainsi, alors que Paris comptait moins de 500 000 habitants en 1848, l’on en comptait environ 2 millions en 1870.

Napoléon III remet au baron Haussmann le décret d'annexion des communes suburbaines, par Adolphe YVON, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Toutefois, l’haussmannisation de Paris fut vivement critiquée par certains politiques. En effet, ces derniers reprochèrent au baron le coût important des travaux (2.5 milliards de francs en tout alors que le budget initial n’était que d’un milliard.), la destruction d’édifices souvent anciens (particulièrement dans l’île de la Cité, cœur historique de Paris.), et l’accroissement de la fracture sociale, en raison de la hausse du prix des loyers dans les nouveaux immeubles.

Destruction d'une partie de la Cité, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

 

Napoléon III, satisfait du résultat, décida d’inciter les grandes villes de France à imiter le mouvement. C’est ainsi que de nombreuses cités, telles que Lyon, Marseille, Bordeaux ou Montpellier succombèrent à la mode de l’haussmannisation. Alger, alors colonie française, fut elle aussi profondément restructurée.

 

            5° L’ère des grandes inventions – Au final, si l’Angleterre avait entamé sa révolution industrielle bien plus tôt que la France, les efforts de modernisation du pays entamés par Napoléon III finirent par porter ses fruits.

Ainsi, c’est dans un Paris transformé et agrandi que se tinrent deux expositions universelles, en 1855 et 1867[11], démontrant à la foule des visiteurs les progrès techniques et économiques accomplis par la France.

Exposition universelle : grande entrée en face du pont d'Iéna, gravure publiée dans Le journal illustré, 1867.

 

En effet, de nombreuses inventions furent brevetées sous le règne de Napoléon III, telles que le dirigeable (1852.) ; le cuirassé à coque en fer (1859.) ; le sous marin propulsé par moteur à air comprimé (1863.), la pasteurisation, procédé inventé par Louis Pasteur, permettant de conserver plus longtemps les aliments (1864.), l’ascenseur à pression hydraulique (1864.), la motocyclette à vapeur[12] (1868.), etc.

Louis Pasteur, par Albert EDELFELT, 1885, musée d'Orsay, Paris.

 

A noter par ailleurs que Napoléon III favorisa l’essor de la photographie[13] et du télégraphe[14] (les Etats Unis et le vieux continent furent reliés par câble en août 1858.).

Fête à New York en l'honneur de la pose du télégraphe électrique transatlantique, gravure publiée dans Le journal illustré, 1866.

L'Amérique du Nord en 1869.

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[1] 20 à 30% en moyenne, voire plus selon les époques (des préteurs sur gages, à l’époque moderne, n’hésitèrent pas à proposer des taux d’intérêts de l’ordre de 70 à 80%.).

[2] A noter que ces banques existent encore de nos jours, à l’exception du Crédit mobilier (le Crédit foncier et le Crédit lyonnais ont été privatisés en 1999.).

[3] Une SCA est formée par deux types d’associés : les commanditaires (les actionnaires de la société.) et les commandités (il s’agit de commerçants nommés par les actionnaires.). La société est administrée par des gérants, nommés par les commandités avec l’accord des commanditaires.

[4] La SARL est formée par les actionnaires de la société, qui nomment un gérant. Ce dernier est tenu de leur rendre des comptes au moins une fois par an lors d’une assemblée générale.

[5] La SA a un fonctionnement similaire à celui de la SCA, à la différence que ses membres sont anonymes. A noter par ailleurs que les SARL sont plus fréquentes que les SA, car ces dernières ne peuvent être créées qu’en investissant une importante somme d’argent dans le capital de la société (au moins 37 000 € en 2010.).

[6] Rebaptisé depuis Bazar de l’Hôtel de Ville, ce magasin existe toujours.

[7] Aujourd’hui printemps Haussmann.

[8] L’établissement fut fermé en 2005 en raison de non-conformité aux normes de sécurité.

[9] Londres fut aménagée sous le règne de la reine Victoria (expansion de la cité, croissance du réseau ferroviaire, création du premier métro au monde en 1863.).

[10] Il était plus difficile d’ériger une barricade sur un grand boulevard « haussmannien » que dans une rue étroite.

[11] A noter qu’une exposition universelle se tint à Metz en 1861.

[12] Cette dernière n’aurait toutefois jamais fonctionné de manière autonome.

[13] La première photographie fut prise en 1826 par Nicéphore Niepce. Toutefois, le temps de pose étant particulièrement long (plus d’une demi-journée.), cette invention ne connut pas de succès. Plus tard, suite à la mort de Niepce (1833.), Louis Jacques Mandé Daguerre améliora le procédé et parvint à réduire le temps de pose à une dizaine de minutes.

[14] Alors que la première ligne télégraphique fut posée en 1845 (reliant Paris à Rouen.), en 1863, la France comptait près de 30 000 kilomètres de lignes.

 
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