Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
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La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE CINQUIEME : L’entre-deux-guerres

(novembre 1918 à septembre 1939)

 

I : La difficile gestion de l’après-guerre (1918 à 1929) - partie 1

           

            1° Une France ravagée par la guerre (hiver 1918) La signature de l’armistice du 11 novembre 1918[1] consacrait la défaite de l’Allemagne, au terme d’un premier conflit mondial particulièrement destructeur.

 

Cependant, bien que se trouvant dans les rangs des vainqueurs, la France déplorait 1.3 millions de soldats tués ou disparus[2], soit 10% de la population active masculine. S’ajoutait à cela plus de 4 millions de blessés[3], dont 15 000 gueules cassées (c'est-à-dire souffrant de graves mutilations au niveau du visage.), sans compter les combattants souffrant de stress post-traumatique, ayant vécu l’horreur dans les tranchées (bombardements, morts, gaz de combats, etc.).

Mon pauvre vieux !, par Marcel SANTI, XX° siècle, musée de l'Infanterie, Montpellier.

S’ajoutait à cela 300 000 civils victimes de la grippe espagnole[4], épidémie ayant sévi en Europe entre le printemps 1918 et le début de l’année 1919. 

Ces pertes colossales entraînèrent une forte baisse du taux de natalité en France, le pays ne retrouvant sa population d’avant-guerre qu’à compter des années 1950.

 

Par ailleurs, outre un lourd bilan humain, la France déplorait d’importants dégâts matériels, la Grande guerre s’étant en majeure partie déroulée sur le sol français.

Ainsi, le nord de la France était ravagé, dévasté par cinq années de bombardements, par le creusement de milliers de tranchées, mais aussi par les millions de cadavres, de balles et d’obus qui polluaient les sols[5] où les eaux[6].

Le village de Vauquois, dans la Meuse.

Dans ces départements frontaliers, d’importants travaux devaient être mis en place pour reconstruire les infrastructures de l’Etat (écoles, hôpitaux, bâtiments administratifs, etc.), les habitations, les routes, les ponts, les voies ferrées et les exploitations agricoles détruites lors du conflit.

 

Enfin, d’un point de vue économique, la France se trouvait à l’hiver 1918 dans une situation difficile. Sa dette, auprès des pays étrangers, était de 31 milliards de francs-or ; les dépenses de guerre s’élevaient à 177 milliards de francs-or[7] ; enfin, le montant total des réparations était estimé à 125 milliards de francs-or.

 

            2° Le ministère Clémenceau face au défi de l’après-guerre (novembre 1918 à novembre 1919) Georges Clémenceau[8], alors président du conseil[9] avait en fin d’année 1918 la lourde tâche de gérer la reconstruction du pays, le retour des soldats, mais aussi le déroulement des différents traités de paix.

Georges Clémenceau, assis dans une voiture descendant les Champs-Elysées, par Emmanuel GONDOUIN, vers 1928, musée Carnavalet, Paris.

 

a) La loi des 8 heures (printemps 1919) : en début d’année 1919, le retour massif des soldats dans leurs foyers fit craindre à de nombreux députés une hausse du chômage, considérant que les femmes avaient pris goût au travail[10].

A cette date, les Français bénéficiaient du repos hebdomadaire (instauré par Clémenceau, alors ministre de l’Intérieur, en juillet 1906[11].), mais leur temps de travail était variable (entre dix et douze heures par jour[12].).

L’objectif de cette journée de huit heures (soit 48 par semaine.) était de réduire le temps de travail (sans diminution de salaire.) afin de libérer des places, et donc favoriser l’emploi[13].

Clémenceau y étant favorable, il décida de présenter la loi des huit heures à la Chambre des députés. Cependant, malgré l’hostilité de plusieurs élus, la réforme fut adoptée à la fin avril 1919.

 

Cependant, si la journée de huit heures était une vieille revendication syndicale (elle était au programme de la Première internationale depuis 1866[14].), la CGT[15], principal syndicat de France, décida néanmoins d’organiser plusieurs grèves à l’occasion du 1er mai[16].

Manifestation en faveur de la loi des huit heures.

Les manifestants, réclamant la semaine de 44 heures et dénonçant la cherté de la vie, furent cependant réprimés par les forces de l’ordre à la mi-juin 1919.

L’accrochage fut violent (deux morts et 300 blessés.), et le gouvernement, interpellé à l’assemblée par les socialistes, bénéficia d’un vote de confiance.

 

A noter par ailleurs que 15 000 cheminots s’étant mis en grève furent renvoyés, et leurs postes furent cédés à des ouvriers agricoles[17].

 

b) Les premiers traités de paix (1919) : plusieurs traités de paix furent signés sous le ministère Clémenceau : le traité de Versailles, entre les alliés et l’Allemagne, en juin 1919 ; le traité de Saint-Germain-en-Laye, entre les alliés et l’Autriche, en septembre 1919 ; et le traité de Neuilly, entre les alliés et la Bulgarie, en novembre 1919[18]

 

La première conférence de paix fut organisée à Versailles, plus précisément dans la galerie des glaces, où avait été proclamé le deuxième Reich 50 ans plus tôt (l’objectif de Clémenceau était de laver l’affront subi en 1871.).

Les principaux signataires du traité de Versailles, de gauche à droite : David Lloyd George, Vittorio Orlando, Georges Clémenceau, et Thomas Woodrow Wilson.

Au final, outre la création d’une Société des Nations et d’un Bureau International du Travail[19], la plupart des clauses du traité de Versailles concernèrent l’Allemagne, jugée responsable de la Grande guerre.

Ainsi, la France récupérait l’Alsace et la Lorraine, revenant à ses frontières d’avant 1871 ; les cantons d’Eupen et de Malmedy, appartenant à la Prusse depuis 1815, furent cédés à la Belgique ; le Danemark récupéra le Jutland du sud ; la Sarre, territoire allemand situé à l’est du Luxembourg, fut placé sous administration internationale pendant 15 ans[20] ; l’existence de la Pologne était reconnue[21], récupérant à l’Allemagne la Posnanie et la moitié ouest de la Prusse orientale, plus une frange d’anciens territoires russes à l’est ; l’Allemagne devait verser une importante indemnité de guerre à la France, estimée à 1 200 milliards de francs-or[22] ; Le Rhin, l’Oder et l’Elbe étaient internationalisés, les droits de douane sur ces fleuves étant interdits.

La France et l'Allemagne en 1919.

Par ailleurs, l’Allemagne renonçait à ses comptoirs dans le monde entier, mais aussi à son Empire colonial, rapidement partagée entre les alliés. Ainsi, le Cameroun fut cédé à la France[23] ; le Togo fut divisé entre France et Royaume-Uni[24] à la France ; l’Afrique orientale allemande fut elle aussi divisée, les Britanniques récupérant le Tanganyika, les Belges le Rwanda et le Burundi ; le sud-ouest africain allemand fut confié à l’Afrique du sud, sous mandat de la SDN[25]. Les îles Samoa allemandes furent cédées à la Nouvelle-Zélande ; la Guinée allemande à l’Australie ; les îles Carolines, Marshall, Mariannes, sous mandat de la SDN, furent cédées au Japon.

Enfin, comme nous l’avons vu précédemment, l’armée allemande était réduite à 100 000 hommes, son réarmement limité (interdiction d’utiliser les gaz de combats, l’artillerie, les tanks et l’aviation militaire.), et le service militaire fut aboli ; enfin, la rive gauche du Rhin devait être démilitarisée (plus Coblence, Mayence et Cologne.).

 

Le traité de Saint-Germain-en-Laye, signé en septembre 1919, consacrait le morcellement de l’Empire autrichien.

La conférence de Saint-Germain-en-Laye.

Ainsi, furent reconnues les frontières de la Tchécoslovaquie (Bohême et Galicie.), du royaume des Serbes, Croates et Slovènes (Serbie, Monténégro, Bosnie-Herzégovine, Dalmatie, Istrie[26].), de la Hongrie[27], et de la Pologne (qui récupérait la Galicie.).

Par ailleurs, l’Italie (qui avait reçu Trieste lors du traité de Versailles.) eut le Trentin et l’Haut-Adige.

Enfin, l’Autriche fut condamnée à payer une indemnité de guerre ; devait supprimer le service militaire (armée limitée à 30 000 hommes.) ; récupérait le Burgenland, une zone germanophone à l’ouest de la Hongrie. Enfin, le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne fut formellement interdit (le nouveau nom de cet Etat, Deutschösterreich, « Autriche allemande », devait être changé en Osterreich, « Autriche. »).

 

Le traité de Neuilly, dernier accord de paix du gouvernement Clémenceau, fut signé en novembre 1919. Ce dernier avait pour objectif de redessiner les frontières bulgares, le pays ayant rejoint les rangs de la Triplice[28] pendant la Grande guerre.

Ainsi, la Bulgarie fut contrainte de céder les cités de Tsaribrod[29], Bosilegrad et Strumica à la Serbie[30] ; et abandonnait la Thrace à la Grèce. A noter toutefois que le gouvernement bulgare récupérait une petite bande territoriale au nord-ouest d’Edirne, alors sous domination ottomane.

En outre, la Bulgarie devait payer une indemnité de 100 millions de livres ; son armée était réduite à 20 000 hommes ; enfin, le pays devait reconnaitre l’existence du royaume des Serbes, Croates et Slovènes.

L'Europe en 1919 (vous pouvez "zoomer" sur la carte en faisant un clic-droit).

 

c) Les suites de la révolution d’octobre (novembre 1917 à janvier 1918[31]) : toutefois, si les premiers traités de paix avaient été signés en cours d’année 1919, à l’est, la guerre continuait. La lutte était cette fois ci menée contre les bolcheviks[32], qui avaient pris le pouvoir à Petrograd[33] en novembre 1917, renversant le gouvernement provisoire instauré suite à la révolution de février[34]

L'assaut sur le palais d'hiver, 7 novembre 1917.

 

Mais cette révolution d’octobre, organisée par Vladimir Ilitch Oulianov (surnommé Lénine[35].), ne pas l’unanimité : à Moscou, le maire socialiste-révolutionnaire[36] fit ouvrir le feu sur les bolcheviks tentant de prendre le Kremlin ; à Petrograd, les fonctionnaires se mirent en grève afin de protester ; sur l’ensemble du territoire russe, plusieurs journaux dénoncèrent ouvertement les bolcheviks, accusés d’être des agents du Kaiser[37] ; le II° conseil des soviets[38], contestant cette oligarchie bolchevique, réclama l’ouverture du gouvernement aux représentants d’autres partis.

Lénine, bien que faisant arrêter de nombreux opposants par la Tchéka[39], une police politique sans aucune base légale ou judiciaire, accepta finalement de transiger : bien que refusant une coalition unissant tous les socialistes, il accepta de faire rentrer au gouvernement plusieurs socialistes-révolutionnaires de gauche[40].

Discours de Lénine en 1917.

 

En décembre 1917, l’assemblée constituante tant attendue fut finalement élue. Cependant, contrairement à ce que pensait Lénine, les bolcheviks s’y trouvaient en minorité, soit 175 élus sur 707 députés. En effet, les campagnes avaient massivement voté en faveur des socialistes-révolutionnaires, plus proches de la paysannerie que les bolcheviks.

Cependant, suite à la première réunion de cette assemblée, le 19 janvier 1918, la Garde rouge[41] proclama la dissolution de la constituante. Ce coup de force anti-démocratique ne fut pas sans conséquences, et plusieurs milliers de manifestants se rassemblèrent afin de protester contre cet évènement. Cependant, Lénine n’hésita pas à réprimer cette émeute, et une vingtaine de manifestants furent tués. 

 

d) Le déclenchement de la guerre civile russe (1917 à 1918) : depuis novembre 1917, les gouvernements russes et allemands avaient établi des pourparlers, afin de mettre un terme à la guerre entre les deux pays. Si dans un premier temps, les bolcheviks pensaient obtenir une paix sans annexions ni indemnités, ces derniers déchantèrent rapidement.

Ainsi, le traité de Brest-Litovsk[42], signé en mars 1918, prévoyait l’abandon de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne russe et de l’Ukraine[43] ; en outre, la Russie devait payer à l’Allemagne une indemnité de 94 tonnes d’or.

Signature du traité de Brest-Litovk, mars 1918.

 

En Europe, le traité de Brest-Litovsk fut très mal accueilli par la France et l’Angleterre, la Russie étant un membre important de la Triple-Entente. Cette paix séparée permit à l’Etat-major allemand de transférer plusieurs divisions à l’ouest, les bolcheviks furent considérés comme des traitres, vendus à l’Allemagne[44].

Ainsi, alors que les forces tsaristes (surnommées les Blancs.) étaient en lutte contre les bolcheviks (les Rouges.) depuis 1917, plusieurs pays européens décidèrent de leur porter assistance à compter de l’été 1918.

 

Lénine, à la tête du Sovnarkom[45], se retrouvait dans une situation délicate, contesté par les puissances étrangères, mais aussi par plusieurs partis politiques russes (les mencheviks, SR et SR de gauche décidèrent de rompre leur relations avec les bolcheviks suite à la signature du traité.).

Décidant de transférer le gouvernement à Moscou en janvier 1918[46], Lénine transforma la Garde rouge en Armée rouge (février 1918.) ; en avril, 500 anarchistes moscovites furent incarcérés, la censure fut rétablie et les peines contre les délits de presse renforcées ; entre mai et juin 1918, plusieurs soviets de Russie, dominés par les SR ou les mencheviks, furent fermés par la Tchéka ; plusieurs manifestations ouvrières et insurrections paysannes, éclatant pendant l’été 1918, furent sévèrement réprimées ; en juillet 1918, le tsar Nicolas II et sa famille furent assassinés par les bolcheviks ; la Terreur rouge[47] fut proclamée en septembre 1918 (plus de 10 000 bourgeois emprisonnés furent passés par les armes[48].) ; en novembre 1918, il fut décidé d’ouvrir plusieurs camps de concentration, destinés à accueillir les ennemis de classe[49] ; enfin, les effectifs de la Tchéka furent considérablement augmentés (l’on comptait mille tchékistes en avril 1918, contre 37 000 en janvier 1919.).

 

e) Les forces en présence : Lev Davidovitch Bronstein[50] (dit Trotsky.), nommé à la tête de l’Armée rouge,  fit tout son possible pour redresser la situation. En mai 1918, le service militaire fut rendu obligatoire de 18 à 40 ans (les effectifs augmentèrent rapidement, passant d’un million à cinq millions entre 1918 et 1920) ; par ailleurs, afin de pallier à l’inexpérience de ces nouvelles troupes, d’anciens officiers tsaristes furent invités à rejoindre les rangs de l’Armée rouge[51] (ils furent près de 300 000 à l’été 1920[52].).

Trotsky passant en revue la Garde rouge.

 

A l’été 1918, les bolcheviks étaient en état d’infériorité, ne contrôlant plus que la région de Moscou. Lénine proclama donc l’adoption du communisme de guerre à l’été 1918. Ainsi, toutes les usines de plus de dix salariés furent nationalisées, ainsi que les cinémas, théâtres et ateliers de photographie ; les ouvriers furent soumis à une discipline de fer (une grève était considérée comme une désertion, et la désertion en temps de guerre était passible de la peine de mort.) ; abandonnant le calendrier julien[53] au profit du calendrier grégorien[54], multiplièrent les exactions contre le clergé orthodoxe, allié traditionnel de la monarchie.

 

Toutefois, si la majorité des Russes n’étaient pas favorables aux bolcheviks, les Blancs ne parvinrent pas à faire l’unanimité. Ainsi, les tsaristes prônaient un retour à la monarchie ; souhaitaient rendre les terres aux grands propriétaires terriens[55] ; étaient ouvertement antisémites ; enfin, ils n’acceptaient pas l’idée d’un Pologne indépendante, bien que le pays fut hostile à la menace bolchevique.

Par ailleurs, au contraire de l’Armée rouge qui était unie, les armées blanches étaient divisées. Ainsi, l’on retrouvait le général Anton Ivanovitch Dénikine[56] en Crimée, à la tête de l’armée du sud[57] ; le général Nikolaï Nikolaïevitch Ioudenitch[58] au nord-ouest, installé dans les pays baltes ; et l’amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak[59], en Sibérie[60].   

Le général Anton Ivanovitch Dénikine et l'amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak.

 

A noter par ailleurs qu’outre les Rouges et les Blancs, l’on retrouvait les Verts, une petite force dirigée par les SR[61], composée de paysans (l’on y trouvait aussi des déserteurs issus des deux grandes armées.). Ces derniers étaient hostiles à la conscription, aux réquisitions forcées, et à la politique des bolcheviks qui favorisait les ouvriers des grandes villes.

Ces armées vertes, combattant aussi bien les Rouges que les Blancs, furent toutefois écrasées au cours de l’été 1921.  

 

f) La guerre civile russe (été 1918 à novembre 1921) : les armées sibériennes de Koltchak furent les premières à attaquer, massivement ravitaillées par la Grande Bretagne (fusils, mitrailleuses, munitions, vêtements, etc.). Partant d’Omsk, ces dernières parvinrent à Perm (décembre 1918.), Ekaterinbourg (février 1919.), Kazan (mars 1919.).

Soldats de l'armée de l'amiral Koltchak.

Au même moment, Dénikine, parti de Crimée à la tête de 200 000 hommes, se rapprochait peu à peu de Moscou, rendant possible une jonction avec les troupes de Koltchak. Toutefois, ce dernier fut stoppé par les bolcheviks à Orel.

La guerre civile russe.

 

Au printemps 1919, l’Armée rouge décida de contre-attaquer, marchant vers Perm et Oufa. Koltchak, abandonné par les Britanniques qui voyaient d’un mauvais œil l’antisémitisme des Blancs, fut contraint d’abandonner Ekaterinbourg pendant l’été 1919.

Au même moment, Ioudenitch se mit en marche vers Petrograd ; toutefois, arrivé à une trentaine de kilomètres de l’ancienne capitale, il fut repoussé par l’Armée rouge. Les troupes d’Ioudenitch, se réfugiant en Estonie, furent alors évacuée par la marine britannique (novembre 1919.). 

Quant à Dénikine, stoppé à Orel, il fut contraint de reculer vers la Crimée.

Koltchak, miné par la maladie, ne put empêcher l’Armée rouge de prendre Omsk en novembre 1919. Ce dernier se réfugia alors à Irkoutsk, suivi par quelques 200 000 civils traversant la Sibérie en plein hiver afin d’échapper aux représailles des bolcheviks. Mais les élus de la cité, préférant faire soumission à Moscou, firent arrêter l’amiral Koltchak, qui fut jugé et exécuté en février 1920.

 

Suite à l’élimination d’Ioudenitch et de Koltchak, les bolcheviks s’attaquèrent aux armées blanches de Crimée, commandées par le général Piotr Nikolaïevitch Wrangel[62] (ce dernier avait remplacé Dénikine en avril 1920.).

Le général Piotr Nikolaïevitch Wrangel, musée de l'Armée, Bruxelles.

Malgré une nette inférioté numérique, Wrangel parvint à contenir les Rouges pendant un temps ; toutefois, il décida de faire évacuer ses partisans (soit 70 000 soldats et 80 000 civils.) en novembre 1920, via les ports de la mer Noire. Ces exilés s’installèrent alors en France, en Grèce, en Turquie ou en Yougoslavie.

 

g) En parallèle de la guerre civile russe, la guerre russo-polonaise (1920) : le traité de Versailles, signé en juin 1919, reconnaissait officiellement le nouvel Etat polonais[63], qui avait proclamé son indépendance en octobre 1918.

La Pologne en mars 1919.

Toutefois, si la Pologne récupérait la Posnanie et la moitié ouest de la Prusse orientale, la frontière est fut fixée provisoirement sur la ligne de front russo-allemande de 1918.

 

Toutefois, le gouvernement polonais n’était guère satisfait de cette frontière est, pas plus que Lénine qui considérait la Pologne comme territoire russe.

Profitant de la guerre civile, le général Jozef Klemens Pilsudski[64], président de la deuxième république de Pologne[65], décida de lancer une première offensive en mars 1919.

Jozef Klemens Pilsudski.

Les troupes polonaises, traversant le Niémen, s’emparèrent de Pinsk ; en avril, elles chassèrent les bolcheviks installés dans Grodno et Vilnius.

 

A cette date, les bolcheviks subissaient une importante offensive menée par les armées blanches, menaçant Moscou. Toutefois, en raison de l’hostilité du général Dénikine envers la Pologne, Pilsudski refusa de porter assistance aux Blancs.

A l’octobre, profitant des troubles qui agitaient la Russie, les Polonais traversèrent le fleuve Dvina, occupant la région autour de Daugavpils.

La Pologne en décembre 1919.

Malgré les succès de l’armée polonaise en 1919, les pays baltes signèrent plusieurs traités de paix avec Moscou ; toutefois, Pilsudski parvint à s’allier avec Simon Petlioura[66], président de la république populaire ukrainienne (ayant proclamé son indépendance en mars 1917, l’Ukraine était attaquée par les bolcheviks.).

L'Ukraine en 1919.

 

L’année 1920 consacra la victoire des l’Armée rouge sur les Blancs. Ainsi, le général Ioudenitch s’était réfugié en Estonie en novembre 1919 ; au même moment, Dénikine reculait vers la Crimée ; l’amiral Koltchak, contraint de fuir en Sibérie, avait été exécuté en février 1920.

Moscou se trouvait dès lors en position de force, envoyant 800 000 soldats sur le front polonais. Pilsudski, bien que disposant d’un équipement de mauvaise qualité (les fusils provenaient de plusieurs pays différents, chacun disposant de cartouches de différents calibres.), parvint à réunir près de 730 000 hommes sous ses ordres.

 

En avril 1920, Pilsudski lança une vaste offensive en direction de l’Ukraine, de concert avec Simon Petlioura, afin d’en chasser les Rouges et d’y établir un régime allié.

Les bolcheviks, vaincus, furent contraints d’abandonner Kiev, qui fut prise en mai.

La Pologne en juin 1920.

Cependant, si les Polonais parvinrent à repousser une contre-attaque ennemie sur Zlobin, les Rouges parvinrent à reprendre les territoires conquis par les Polonais, le long de la Dvina et la Bérézina.

A la mi-juin, Pilsudski fut contraint d’évacuer Kiev.

 

Cette troisième phase de la guerre, se déroulant pendant l’été 1920, consacra la victoire de l’Armée rouge.

Constatant que la ligne de front nord était plus faiblement défendue, les bolcheviks décidèrent d’y lancer une attaque de grande ampleur. Les Polonais, en infériorité numérique, tentèrent d’utiliser les tranchées creusées par les Allemands lors de la première guerre mondiale afin de repousser l’ennemi, mais furent toutefois contraints de reculer.

A la mi-juillet, Vilnius, Grodno et Brest-Litovsk furent prises par les Rouges ; au sud, ces derniers parvinrent à progresser jusqu’à Lvov.

 

Pendant l’été, le gouvernement britannique envoya un ultimatum à Moscou, lui intimant de reconnaitre la ligne Curzon comme frontière entre la Russie et la Pologne, en attendant la mise en place d’un traité de paix définitif.

La ligne Curzon.

La ligne Curzon avait été élaborée par George Curzon, ministre des affaires étrangères au sein du gouvernement de David Lloyd George[67]. La frontière, reliant Grodno à Lvov, rappelait la frontière russe fixée lors du dernier partage de la Pologne, en 1795.

Toutefois, les bolcheviks y furent hostiles ; en Europe, plusieurs mouvement communistes appelèrent à soutenir les Rouges contre une « Pologne capitaliste et réactionnaire. »

 

Malgré tout, la France envoya à Varsovie un groupe de 400 conseillers militaires, destinée à améliorer l’organisation et la logistique de l’armée polonaise. A noter par ailleurs que l’Armée bleue, forte de 100 000 Polonais ayant participé à la première guerre mondiale sous le drapeau français, fut envoyée en Pologne afin de lutter contre les Rouges. 

 

A la fin août 1920, l’Armée rouge traversa la Vistule, se préparant à attaquer Varsovie. L’objectif était de contourner la capitale afin de l’attaquer par l’ouest, pendant que le gros des forces lancerait l’offensive à l’est.

La Pologne en août 1920.

Mais les forces polonaises, avançant vers Modlin, parvinrent à repousser l’avant-garde soviétique, pourtant en nette supériorité numérique.

Le lendemain, Pilsudski attaqua au sud, brisant le front soviétique, contraignant les Rouges à se replier en désordre.

La bataille de Varsovie fut surnommée le miracle de la Vistule, la petite armée polonaise ayant réussi à vaincre un ennemi lui étant pourtant bien supérieur.

 

En septembre, les Polonais contraignirent les bolcheviks à lever le siège de Lvov ; ces derniers, repoussés au-delà du Niémen, furent contraints de reculer au-delà de Minsk.

 

A la mi-octobre 1920, Lénine accepta de mettre en place des pourparlers avec la Pologne, le gouvernement n’étant plus en mesure de poursuivre la lutte.

C’est ainsi que fut signée la paix de Riga en mars 1921, la Russie cédant à la Pologne près de 200 kilomètres de territoires à l’est de la ligne Curzon. Toutefois, le gouvernement polonais signait une paix séparée, abandonnant l’Ukraine entre les mains des Rouges.

 

A noter toutefois que si la Pologne restait indépendante, furent conquis la Biélorussie[68] (1918.), l’Ukraine (1920.), l’Azerbaïdjan (1920.), la république montagnarde du Nord-Caucase (janvier 1921.), la Géorgie (février 1921.), et l’Arménie (avril 1921.).

Ces Etats furent intégrés à l’Union des républiques socialistes soviétiques[69], proclamée en décembre 1922.

 

h) Le bilan de la guerre civile russe : si la guerre civile russe s’achevait en fin d’année 1920, la Russie soviétique était dans une situation catastrophique.

Ainsi, la guerre civile avait fait entre 2.5 et 4.5 millions de morts ; la famine de 1920-1921 et les épidémies de typhus firent près de dix millions de victimes ; Moscou et Petrograd avaient perdu la moitié de leur population (arrestations, exils, famine, maladies, etc.) ;  la production industrielle était au plus bas ; la monnaie, complètement dévaluée, avait cédé sa place au troc.

 

Faisant face à une importante crise économique, Lénine décida de rétablir un capitalisme provisoire, la NEP[70] (Nouvelle Politique Economique.).

Cette mesure permit de rétablir un retour limité à la propriété privée, les paysans russes pouvant désormais détenir une parcelle de terrain d’un hectare.

Toutefois, le gouvernement ne soutenant pas l’industrialisation du pays, les usines vendirent leurs produits à des prix plus élevés afin de conserver des revenus stables, ce qui entraina une importante inflation.

A noter que ce n’est qu’à partir de 1930 que la Russie retrouva ses niveaux de production agricoles et industriels d’avant guerre.  

 

            3° Les élections législatives de novembre 1919 Alors que le mandat des députés n’était que de quatre ans, il n’y avait pas eu d’élections législatives au printemps 1918 à cause de la guerre.

Ainsi, ce n’est qu’en novembre 1919 que les Français furent appelés aux urnes.

 

A noter toutefois que ces élections furent marquées par un évènement d’importance, l’abandon du scrutin majoritaire au profit du scrutin proportionnel, conformément à la loi votée par la Chambre des députés[71] à l’automne 1909[72].

Le système de représentation proportionnelle détenait cet avantage d’être plus démocratique, chaque parti étant représenté à la chambre, proportionnellement au nombre de voix qu’il avait récolté dans chaque département. Au contraire, le scrutin majoritaire ne permettait l’élection que d’un seul candidat par arrondissement, celui ayant bénéficié du plus grand nombre de voix[73].

 

Ces élections quelque peu confuses furent marquées par plusieurs problématiques.

De prime abord, la délicate gestion de l’après-guerre, la France étant sortie très amoindrie du premier conflit mondial. De nombreux politiques considéraient donc qu’il fallait poursuivre l’Union sacrée, alliance de tous les partis politiques français, des syndicats et des différents courants religieux[74], proclamée par le président de la république, Raymond Poincaré[75], le 1er août 1914[76].

Ainsi, plusieurs partis décidèrent de constituer des listes communes afin de pérenniser l’Union sacrée, tels que le PRRRS[77] (principal parti de l’assemblée depuis 1914.) et le PRS[78] ; mais aussi les partis de droite, comme la Fédération républicaine, formant le Bloc national avec l’Alliance démocratique[79] et les radicaux indépendants.

Le second thème de ces élections législatives fut la question du bolchévisme. Alors que les partis de droite étaient résolument hostiles à la révolution russe[80], considérant le communisme comme une menace, la SFIO[81], au contraire, n’avait pas adopté de position officielle à ce sujet.

Affiche électorale anti-bolchevique, 1919 (la légende indique : Comment lutter contre le bolchevisme ?).

 

Au final, le suffrage accorda une large victoire aux partis de droite, une première depuis 1871[82].

Ainsi, le bloc national récupérait 412 sièges (soit 183 élus de la Fédération républicaine, 200 de l’Alliance démocratique, plus 29 indépendants.) ; au centre-gauche, le PRRRS perdait sa place de leader au sein de l’assemblée, ne récupérant que 86 sièges, soutenu néanmoins par les socialistes indépendants (26 sièges.) ; enfin, la SFIO réalisait elle aussi un score en demi-teinte, n’obtenant que 68 élus.

Enfin, l’on comptait la présence de 21 députés n’appartenant à aucun parti.

 

Du fait de cette vague bleue[83] déferlant sur la Chambre des députés, mais aussi en raison du grand nombre d’anciens combattants y siégeant[84], cette assemblée fut surnommée la chambre bleu-horizon (en hommage à la couleur de l’uniforme des poilus.).

A noter par ailleurs que la nouvelle assemblée était composée d’hommes nouveaux, près de 60% des députés effectuant leur premier mandat.

 

Suite à ce scrutin, Poincaré décida de ne pas se séparer de Clémenceau, alors président du conseil. Cependant, un remaniement ministériel survint en fin d’année 1919, plusieurs élus de la Fédération républicaine et de l’Alliance démocratique faisant leur entrée au gouvernement.

 

            4° Les élections présidentielles de janvier 1920 En début d’année 1920, Clémenceau, âgé de presque 80 ans, accepta de laisser ses partisans militer en faveur de sa candidature à la présidence de la république (par orgueil, il refusa de se présenter lui-même.).

Rappelons toutefois que le chef de l’Etat, sous la III° république, ne jouait qu’un rôle de second plan sur l’échiquier politique (même si la constitution de 1875 garantissait d’importants pouvoirs au président de la république, les députés s’étant succédés à ce poste depuis 1879 avaient abandonné d’eux même la plupart de leurs prérogatives[85].).

 

Clémenceau, auréolé par la victoire de 1918, était sûr de remporter les élections[86]. Cependant, le président du conseil comptait nombre d’ennemis au sein de la Chambre des députés.

A gauche, la SFIO était hostile au briseur de grèves ; la droite, au contraire, n’appréciait guère l’anticléricaliste qu’il était, opposé au rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican[87].

 

Le 16 janvier, comme cela était l’usage, des primaires furent organisées par le groupe républicain[88], afin de déterminer quel candidat se présenterait à l’élection présidentielle.

Contre toute attente, Paul Deschanel[89], membre de l’Alliance démocratique, remporta la victoire d’une courte tête, obtenant 408 voix contre 389 seulement pour Clémenceau.

Ce dernier, fidèle aux valeurs républicaines, décida donc de retirer sa candidature[90].

 

Le lendemain, les élections présidentielles eurent lieu, et la grande majorité des élus décida de soutenir la candidature de Deschanel. Ainsi, ce dernier fut élu dès le premier tour, récoltant 85% des suffrages.

Charles Jonnart, lui aussi membre de l’AD[91], arrivait en seconde position avec 7% des voix ; Clémenceau, qui n’était pas candidat, se trouvait malgré tout en troisième position avec 6% des suffrages.

 

Suite à cet échec, Clémenceau décida de présenter sa démission le 18 janvier 1920[92].

Poincaré, abandonnant sa charge, invita Deschanel à nommer Alexandre Millerand[93] président du conseil (février 1920.).

Passation des pouvoirs entre Poincaré et Deschanels, janvier 1920.

 

            5° D’une élection présidentielle à l’autre (janvier à septembre 1920) Millerand, suite à sa nomination, forma un nouveau gouvernement, composé en majorité de membres de l’AD (l’on y retrouvait aussi des radicaux et des membres de la Fédération républicaine.).

Alexandre Millerand.

 

Millerand, s’arrogeant le ministère des Affaires étrangères, confia à Théodore Steeg[94] (PRRRS.) le portefeuille de l’Intérieur ; Frédéric François-Marsal[95] (FR[96].) eut les Finances ; Albert Sarraut[97] (PRRRS.) fut nommé aux Colonies ; André Maginot[98] (AD.) reçut le ministère des Pension, Primes et Allocations de guerre.

De gauche à droite et de haut en bas : Théodore Steeg, Frédéric François-Marsal, Albert Sarraut, André Maginot.

 

a) Les derniers traités de paix (1920) : si le ministère Clémenceau avait participé à plusieurs conférences de paix en cours d’année 1919 (traité de Versailles avec l’Allemagne, traité de Saint-Germain-en-Laye avec l’Autriche, traité de Neuilly avec la Bulgarie.), le gouvernement Millerand fit de même en cours d’année 1920.

C’est ainsi que furent signés le traité de Trianon, entre les alliés et la Hongrie, en juin 1920 ; et le traité de Sèvres, entre les alliés et l’Empire ottoman, en août 1920.

 

Le traité de Trianon officialisa les clauses du traité de Saint-Germain-en-Laye, reconnaissant les nouveaux Etats nés à l’hiver 1918 de l’éclatement de l’Empire autrichien.

La conférence de Trianon.

Ainsi, la Slovénie intégra le royaume des Serbes, Croates et Slovènes ; la Roumanie reçut la Transylvanie ; et la Ruthénie fut cédée à la Tchécoslovaquie.

A noter toutefois que la Hongrie récupéra les villes de Pécs, Mohács, Baja et Szigetvár, intégrés à la Yougoslavie à l’automne 1918.

Par ailleurs, l’armée hongroise fut réduite à 35 000 hommes ; l’aviation militaire, la Marine, l’Artillerie et les chars de combats furent interdits[99].

 

Enfin, le traité de Sèvres, peut être le plus sévère de tous les accords de paix, soumettait la Turquie à un régime draconien.

Signature du traité de Sèvres.

L’Empire ottoman perdait définitivement l’Egypte et le Soudan, colonies anglaises ; la Mésopotamie[100] et la Palestine, placées sous mandat de la SDN, furent confié au Royaume-Uni ; la Syrie et le Liban, placés sous mandat de la SDN, furent confiée à la France ; le royaume d’Hedjaz était officiellement reconnu[101] ; l’Arménie était agrandie par une large bande territoriale, de Trébizonde à Van ; il était prévu de constituer un Etat kurde, le Kurdistan (entre la Syrie et la nouvelle Arménie.) ; l’Italie reçut les îles Dodécanèse[102] ; la Grèce récupérait la Thrace orientale et l’Ionie ; la région de Constantinople et les détroits, démilitarisée, devenaient des zones de libre passage ; enfin, l’Italie et la France occupaient respectivement le sud-ouest et le sud-est de la Turquie.

Enfin, l’armée turque était réduite à 50 000 hommes ; la flotte était réduite à douze navires (soit six chaloupes et six torpilleurs.) ; l’aviation militaire était désormais interdite[103].

 

b) Politique intérieure et extérieure du gouvernement Millerand (janvier à septembre 1920) : si le traité de Versailles stipulait que la rive gauche du Rhin devait être démilitarisée pour au moins quinze ans, le chancelier allemand Hermann Müller envoya des troupes dans la Ruhr[104] en mars 1920, afin de réprimer une tentative de coup d’Etat[105].

Toutefois, Müller ayant agi sans demander l’autorisation des alliés, Millerand (avec l’accord de l’Angleterre.) fit occuper Francfort, Darmstadt et Hanau.

 

En France, alors que de nombreuses grèves avaient éclaté à l’occasion du 1er mai 1919[106],  la CGT proclama la grève générale à l’occasion du 1er mai 1920.

Mais Millerand réprima durement la manifestation, attaqua la CGT pour atteinte à la sûreté de l’Etat, et organisa des transports de remplacement.

 

c) La courte présidence de Paul Deschanel (mai à septembre 1920) : le 23 mai, quatre mois après son investiture à la tête de l’Etat, Deschanel tomba au cours de la nuit du train qui le menait à Montbrison, dans la Loire.

En raison de la faible vitesse de la locomotive, le chef de l’Etat fut blessé légèrement, et, recueilli par un ouvrier cheminot, il fut conduit à la maison de garde-barrière la plus proche.

Le lendemain, les membres de la suite présidentielle, avertis de l’accident, vinrent récupérer un chef de l’Etat alité.

 

Cependant, si cette chute du président souleva grand nombre de questions (était t’elle due à du somnambulisme, une mauvaise réaction aux somnifères, ou bien à la folie de Deschanel ?) elle provoqua aussi bon nombre de moqueries de la part des journaux satiriques et des chansonniers.

 

Deschanel, souffrant de crises d’angoisse et de dépression à cause des contraintes de la présidence, décida de démissionner le 21 septembre 1920[107].

Dans une lettre adressée à la Chambre des députés, Deschanel indiqua que son état de santé ne lui permettait plus d’assurer ses fonctions de chef de l’Etat[108].

 

C’est ainsi que de nouvelles élections présidentielles furent organisées en septembre 1920.

 

d) Les élections présidentielles de septembre 1920 : le 23 septembre 1920, soit seulement deux jours après la démission de Deschanel, de nouvelles élections présidentielles furent organisées.

 

Ces dernières consacrèrent la large victoire de Millerand, alors président du conseil, récoltant près de 89% des suffrages.

Son adversaire malheureux, Gustave Delory, membre de la SFIO, atteignait difficilement les 9%.

 

            6° Les ministères Leygues et Briand (septembre 1920 à janvier 1922) – Suite à son élection à la tête de l’Etat, Millerand confia à Georges Leygues[109] (membre de l’AD.) la charge de président du conseil.

Georges Leygues.

Ce dernier, s’arrogeant le ministère des Affaires étrangères, confirma Steeg à l’Intérieur, François-Marsal aux Finances, Sarraut aux Colonies, et Maginot aux Pensions.

 

a) Le ministère Leygues (septembre 1920 à janvier 1921) : peu de temps après les élections présidentielles, un cycle de conférences, organisées entre Paris, Londres et Bruxelles, tentèrent de déterminer le montant de la dette de guerre allemande.  

Alors que le gouvernement allemand proposait une somme fixée à 30 milliards de marks-or, la France et l’Angleterre, outrées, firent occuper Düsseldorf et Duisburg.

L’Allemagne ayant cédé, les indemnités de guerre furent fixées à 132 milliards de marks-or en fin d’année 1921.

 

Le 11 novembre, à l’occasion des fêtes d’anniversaire de l’armistice, un soldat inconnu fut inhumé sous l’arc de triomphe de l’Etoile.

Premier allumage de la flamme du soldat inconnu, 11 novembre 1923, musée de l'Infanterie, Montpellier.

Puis, le 30, le gouvernement vota en faveur du rétablissement des relations diplomatiques avec le Vatican (à noter que de nombreux prêtres avaient participé à la première guerre mondiale.).

 

A noter toutefois que Millerand, qui souhaitait donner plus d’importance à la fonction présidentielle, avait nommé Leygues en raison de la transparence du personnage.

Cependant, les ambitions de Millerand furent rapidement contrecarrées par la Chambre des députés, d’autant plus que la crise économique s’accentuait[110].

 

Le ministère Leygues fut renversé le 12 janvier 1921, et Millerand fut contraint de céder la charge de président du conseil à Aristide Briand[111].

Aristide Briand.

 

b) Le ministère Briand (janvier 1921 à janvier 1922) : récupérant le ministère des Affaires étrangères, Briand nomma Paul Doumer[112] (radical indépendant.) aux Finances, et Louis Barthou[113] (AD.) à la Guerre.

Paul Doumer et Louis Barthou.

André Maginot, seul ministre restant du gouvernement Leygues, conservait le portefeuille des Pensions, primes et allocations de guerre.

A noter toutefois que si les membres du gouvernement étaient quasiment tous nouveaux, la couleur politique restait sensiblement la même. Ainsi, l’on retrouvait toujours une majorité de membres de l’AD et de la FR[114], ainsi que quelques radicaux.

 

Le 30 mai 1921, Briand, favorable au rétablissement des relations avec le Vatican, envoya un ambassadeur auprès du pape Benoît XV.

Statue du pape Benoît XV, musée du Vatican, Rome.

Par ailleurs rappelons la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, votée en décembre 1905, prévoyait la mise en place d’associations cultuelles[115], mais que ces dernières avaient été condamnées par le Saint siège[116]. Ainsi, Briand négocia pendant l’été 1921 la formation d’associations diocésaines[117].

 

Vis-à-vis de l’Allemagne, Briand était favorable à une « paix blanche[118] » pendant la première guerre mondiale ; toutefois, il adopta dans un premier temps une posture ferme vis-à-vis de Berlin, réclamant le paiement intégral des indemnités de guerre[119].

Cependant, l’opinion de Briand évolua au cours des mois, le président du conseil constatant la grave crise économique qui frappait alors l’Allemagne[120].

Les Britanniques, eux aussi, virent leur position évoluer. A l’origine partisans du paiement intégral des indemnités de guerre, ces derniers craignirent que la crise qui frappait l’Allemagne, second partenaire économique anglais, ne se répercute en Grande Bretagne.

C’est dans cet esprit de conciliation que fut organisée la conférence de Cannes, le 5 janvier 1922, réunissant Briand, Lloyd George, et Ivanoe Bonomi, président du conseil italien.

Lloyd George (à gauche) et Aristide Briand (à droite).

Ainsi, il fut décidé de mettre en place un délai de paiement, en échange de quoi l’Angleterre offrait à la France une alliance garantissant sa sécurité.

 

Cependant, la politique conciliante de Briand ne fut toléré ni par le bloc national, qui entendait bien faire payer l’Allemagne ; ni par Millerand qui était hostile à toute révision du traité de Versailles.

Briand, vivement critiqué par la presse, rappelant son attitude conciliante vis-à-vis de l’Allemagne pendant la guerre[121], rentra précipitamment à Paris afin de justifier sa politique.

Toutefois, bien qu’obtenant un vote de confiance à la Chambre des députés, Briand décida de démissionner le 12 janvier 1922.

 

c) Le congrès de Tours et la création de la CGTU (décembre 1921) : en décembre 1920 fut organisé le congrès de Tours, 18° assemblée nationale de la SFIO[122].

 

Depuis la première guerre mondiale, le parti était la cible de rivalités opposants les sympathisants au régime soviétique et les modérés.

En décembre 1920, les militants de la SFIO furent donc invités à se prononcer quant à l’adhésion à l’Internationale communiste[123] (ou Troisième internationale[124].), fondée par Lénine, qui avait pris le pouvoir à Petrograd en novembre 1917[125].

 

Le leader de l’Union soviétique, considérant que la Deuxième internationale était corrompue en raison de sa participation à la première guerre mondiale, décida donc de créer l’Internationale communiste en mars 1919.

Afin de participer au Komintern[126], les prétendants devaient s’engager à respecter 21 points : propagande continue (au sein des syndicats, campagnes, usines, etc.) ; refus de participer à un gouvernement bourgeois ; mise en place d’organismes clandestins afin de lutter contre le fonctionnement de l’Etat ; dénonciation du patriotisme et du colonialisme ; lutte contre la Deuxième internationale ; soutien à la Russie soviétique ; diffusion de tout document officiel issu de la Troisième internationale par les organes de presse des partis communistes ; etc.

 

Les militants de la SFIO étaient divisés quant à l’attitude à adopter vis-à-vis du Komintern ; toutefois, durant le congrès de Tours, trois camps émergèrent peu à peu.

Maurice Cachin prenant la parole lors du congrès de Tours.

Le premier courant, majoritaire, était favorable à un ralliement à la Troisième internationale ; un second camp acceptait aussi le ralliement, à condition que les 21 points soient assouplis ; enfin, le dernier mouvement, mené par Léon Blum[127], refusait totalement l’adhésion au Komintern, et préférait rester au sein de la Deuxième internationale.   

Léon Blum, vers 1921.

 

A l’issue de débats houleux, et en raison de la vive hostilité des opposants à la Troisième internationale, la frange gauche de la SFIO décida de quitter le parti, fondant la SFIC (Section française de l’internationale communiste[128].).

 

L’année suivante, en décembre 1921, la CGT connut elle aussi une scission, la frange gauche de ses membres préférant quitter le syndicat afin de donner naissance à la Confédération Générale du Travail Unitaire.

La CGTU, composée d’anarchistes et de communistes, se rapprocha peu à peu de la SFIC.

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[1] Pour en savoir plus sur les clauses de l’armistice du 11 novembre 1918, voir le 10, section VI, chapitre quatrième, la troisième république.

[2] Malgré les pertes subies pendant le second conflit mondial, la Grande guerre reste pour la France l’affrontement le plus meurtrier de son histoire.

[3] Aveuglement, amputation, empoisonnement au gaz, etc.

[4] Cette épidémie de grippe fut surnommée ainsi car semble avoir été le premier pays à avoir été touché par l’épidémie (n’étant pas en guerre, le pays a plus volontiers communiqué que ses voisins.). En réalité, le virus était vraisemblablement originaire de Chine.

[5] En 1920, un désobusage fut effectué, mais de manière incomplète, les détecteurs de métaux n’existant pas encore.

[6] A l’heure actuelle, la mer recèle encore plusieurs tonnes de balles, obus et bonbonnes de gaz, qui libèrent chaque année d’importantes quantités de mercure.

[7] Les dépenses de guerre avaient été financées à 80% par des emprunts.

[8] Né en septembre 1841, Clémenceau fit des études de médecine (son grand père était médecin dans l’armée de Napoléon.), puis partit enseigner aux Etats Unis, suite à la guerre de sécession. Pendant la guerre de 1870, il s’installa à Paris, fréquentant les milieux républicains, et manifestant son hostilité envers les partisans de la paix. Par la suite, Clémenceau fut élu maire de Montmartre (novembre 1870.) et député (février 1871.). Surnommé le « tombeur de ministères » (il provoqua la démission de plusieurs présidents du conseil, par exemple Jules Ferry.), Clémenceau fut contraint de se retirer de la vie politique suite au scandale de Panama (pour en savoir plus à ce sujet, voir le 10, section II, chapitre troisième, la troisième république.), se consacrant au journalisme. Retrouvant son siège de député en 1902, Clémenceau fut ministre de l’Intérieur (1906.), puis président du conseil (1906 à 1909.). Pendant la première guerre mondiale, il s’attaqua aux ministres et aux politiques souhaitant signer une « paix blanche » avec l’Allemagne (c'est-à-dire consacrant le statu quo.). Ce dernier, retrouvant son poste de président du conseil en novembre 1917, fit en sorte de donner une nouvelle impulsion au conflit (lutte contre les pacifistes, nouveaux emprunts, etc.).

[9] Le président du conseil était en quelque sorte « l’ancêtre » de notre actuel premier ministre.

[10] Rappelons que ces dernières avaient pris la place des hommes dans les usines pendant la Grande guerre, ces derniers combattant sur le front.

[11] A noter que le samedi fut inclus dans le repos hebdomadaire en juin 1936.

[12] Le temps de travail journalier avait été porté à dix heures à Paris et onze heures en province en mars 1848 (voir le c), 2, section I, chapitre deuxième, la deuxième république.). Cependant, cette loi avait été abrogée en septembre de la même année, établissant un temps de travail journalier de douze heures.

[13] Le même argument fut utilisé entre l’an 2000 lors du vote de la loi des 35 heures.

[14] La Première internationale fut fondée à Londres en septembre 1864 et dissoute en 1873. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 4, section I, chapitre deuxième, le Second Empire. Cette organisation fut remplacée par la Deuxième internationale en juillet 1889, contestée à compter de 1917 par les révolutionnaires russes, en raison de son soutien à la première guerre mondiale.

[15] La Confédération Générale du Travail, créée en septembre 1895, était un syndicat anarchiste et révolutionnaire. Il existe encore aujourd’hui.

[16] Les tensions étaient d’autant plus fortes que l’assassin de Jean Jaurès, figure de proue du mouvement socialiste, avait été acquitté en avril 1919. Pour en savoir plus sur cet incident qui avait marqué le début de la Grande guerre, voir le c), 1, section I, chapitre quatrième, la troisième république.

[17] Les agriculteurs, qui avaient payé un lourd tribut humain lors de la Grande guerre, n’appréciaient guère les cheminots, car ces derniers avaient été à l’abri des combats.

[18] Deux autres accords de paix furent signés quelques mois plus tard : le traité de Trianon, entre les alliés et la Hongrie, en juin 1920 ; et le traité de Sèvres, entre les alliés et l’Empire ottoman, en août 1920.

[19] Ce qui fut chose faite en 1926.

[20] Clémenceau, outre les pertes de 1871, souhaitait revenir aux frontières de 1814. La création de cette Sarre sous administration internationale (en réalité sous administration française.) était un moyen pour Wilson de satisfaire Clémenceau sans lui accorder ce qu’il désirait.

[21] La Pologne avait disparu en 1795, partagée entre la Prusse, l’Autriche et la Russie.

[22] L’indemnité de guerre fut fixée à 132 milliards de mark-or en fin d’année 1921. Pour en savoir plus, voir le a), 6 , section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[23] Plus une mince bande de territoire à l’angleterre.

[24] La moitié britannique du Togo fut intégrée au Ghana.

[25] A noter que le sud-ouest africain allemand (actuelle Namibie.), n’obtint son indépendance vis-à-vis de l’Afrique du Sud qu’en 1990.

[26] Comme nous l’avons précédemment, le contrôle de ces deux provinces était réclamé par le gouvernement italien. Au final, l’Istrie fut cédée à l’Italie, la Dalmatie à la Yougoslavie.

[27] Le cas de la Hongrie, nouvel Etat mais ayant participé à la Grande guerre aux côté des Empires centraux, fut abordé plus en détail lors de la conférence de Trianon, en juin 1920.

[28] Rappelons que la Triplice était une alliance défensive regroupant l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, fondée en 1881.

[29] Aujourd’hui Dimitrovgrad.

[30] A noter que la cession de ces territoires à la Serbie fut contestée par les Bulgares, ces derniers étant majoritaires dans ces quelques cités (ce qui était contraire à la doctrine Wilson du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.).

[31] A noter que la Russie, utilisant le calendrier julien, n’avait toujours pas adopté le calendrier grégorien, au début du XX° siècle (ce dernier datait de 1582.). Il existait un décalage de 15 jours entre les deux calendriers. Ainsi, la révolution de février (du calendrier julien.), se déroula en mars (selon le calendrier grégorien.). La Russie n’adopta le calendrier grégorien qu’en 1918.

[32] Le terme bolchevik provient du russe большенство, ce qui signifie « majorité. » En effet, les bolcheviks étaient au début du XX° siècle la fraction majoritaire du parti ouvrier social-démocrate de Russie, fondé en mars 1898. Les mencheviks, minoritaires (en russe, меньшевик signifiant « minorité. »), étaient partisans d’une alliance avec la bourgeoisie afin de mettre en place une démocratie socialiste, contrairement aux bolcheviks qui étaient favorable à la dictature.

[33] Saint-Pétersbourg, alors capitale de la Russie, avait été baptisée Petrograd au début de la première guerre mondiale (car le nom originel de la ville avait une consonance jugée trop germanique.).

[34] Le gouvernement provisoire avait été mis en place en mars 1917, à l’issue de la révolution de février. Pour un article plus détaillé sur la prise de pouvoir des bolcheviks, se référer au 10, section V, chapitre quatrième, la troisième république.

[35] Né en avril 1870, Lénine était le fils d’un fonctionnaire russe anobli par le tsar Alexandre III. Suite à des études de droit, il devint avocat à Saint-Pétersbourg, ou il fréquenta des milieux révolutionnaires et marxistes. Cependant, il fut arrêté en décembre 1895, et condamné à trois années d’exil en Sibérie. Rentré d’exil en 1900, Lénine adhéra au parti ouvrier social-démocrate, prenant la tête de la fraction bolchevik. Préférant quitter le pays en 1908, il voyagea à travers l’Europe jusqu’à son retour en 1917.

[36] Le parti socialiste-révolutionnaire naquit à Berlin en 1901. Ce dernier, majoritairement paysan, s’opposait aux bolcheviks qui prônaient la mise en place d’une révolution ouvrière. A noter que le PSR n’était pas hostile à l’utilisation de méthodes terroristes (assassinats, attentats, etc.).

[37] Rappelons que le voyage de Lénine en Russie suite à la révolution de février 1917 avait été organisé et financé par l’Allemagne.

[38] Soviet, en russe, cове́т, signifie « conseil. » Le conseil des soviets avait pour fonction de réunir tous les soviets de Russie (à noter que le premier conseil des soviets avait été organisé lors de la révolution de février.).

[39] De son vrai nom commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage, ou Всероссийская чрезвычайная комиссия по борьбе с контрреволюцией и саботажем en russe.

[40] Les SR de gauche avaient fait scission avec le parti socialiste-révolutionnaire en septembre 1917.

[41] La Garde rouge était une milice ouvrière née suite à la révolution de février, mais sous contrôle des bolcheviks depuis avril 1917.

[42] Pour un article plus détaillé à ce sujet, voir le b), 1, section VI, chapitre quatrième, la troisième république.

[43] La Russie perdait ainsi 26 % de sa population, 27 % de sa surface cultivée, et 75 % de sa production d'acier et de fer.

[44] Rappelons que le voyage de Lénine en Russie suite à la révolution de février 1917 avait été organisé et financé par l’Allemagne.

[45] Abréviation de Soviet Narodnykh Kommissarov (ou cовет народных комиссаров.), nom russe du conseil des commissaires des peuples. Cette organisation, faisant office de gouvernement, fut créée en novembre 1917, suite à la révolution d’octobre.

[46] Moscou redevint ainsi la capitale de la Russie à compter de mars 1918, au détriment de Petrograd. A noter que l’objectif de Lénine était de se mettre à l’abri d’une nouvelle manifestation qui aurait pu porter atteinte au gouvernement.

[47] Le terme faisait référence à la Terreur mise en place par les jacobins lors de la Révolution française. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[48] La Terreur rouge fit trois fois plus de victimes en deux semaines que le régime tsariste en un siècle.

[49] C'est-à-dire tous les Russes n’étant pas des prolétaires : aristocrates, bourgeois, professions libérales, enseignants, etc.

[50] Trotsky naquit en novembre 1879, en Ukraine, au sein d’une famille de propriétaires terriens de confession juive. Rejoignant des organisations révolutionnaires à la fin du XX° siècle, Trotsky fut incarcéré puis déporté entre 1898 et 1902. A cette date, il parvint à s’évader, émigrant vers l’Angleterre. Rencontrant Lénine en exil, il adhéra au parti ouvrier social-démocrate. Rentrant en Russie en 1905, il fut cependant arrêté à nouveau, et condamné à la déportation en Sibérie. S’évadant à nouveau, il repartit en exil, s’installant en France, en Espagne, puis aux Etats-Unis. Trotsky ne rentra en Russie qu’après la révolution de février 1917. Il participa en novembre à la révolution d’octobre, puis représenta la Russie lors de la signature du traité de Brest-Litovsk.   

[51] A noter que ces ralliements furent vivement critiqués par certains bolcheviks.

[52] A noter que la famille des officiers ralliés était prise en otage par mesure de précaution.

[53] Ce calendrier avait été adopté à Rome lors du règne de Jules César, d’où son nom.

[54] Le calendrier grégorien avait été instauré en 1582 par le pape Grégoire XIII. Son objectif était de corriger le décalage qu’entrainait le calendrier julien. 

[55] Un partage des terres avait été organisé (parfois dans la violence.) en septembre 1917.

[56] Dénikine, né en décembre 1872, épousa très tôt la carrière militaire. Participant à la première guerre mondiale, il fut décida de créer l’armée des volontaires en novembre 1917, suite à la prise de pouvoir des bolcheviks.

[57] Les troupes françaises, débarquées à Odessa en début d’année 1919, furent évacuées en avril.

[58] Ioudenitch, né en juillet 1862, participa à la première guerre mondiale. Destitué suite au putsch des bolcheviks, il décida de constituer une armée dans la Baltique, grâce à l’aide de l’Angleterre.

[59] Koltchak, né en novembre 1874, participa à la première guerre mondiale. A l’automne 1918, il fut nommé ministre de la guerre au sein d’un contre-gouvernement constitué en Sibérie. Mais en décembre, un coup d’Etat renversa le gouvernement, et Koltchak accepta de prendre le pouvoir (il consentit toutefois à nommer Dénikine comme chef des armées blanches.).

[60] Ce dernier était soutenu par une légion tchèque et par les Français du bataillon colonial sibérien.

[61] Rappelons que le parti socialiste-révolutionnaire était un mouvement paysan.

[62] Wrangel, né en août 1878, participa à la première guerre mondiale. Arrêté par les bolcheviks peu après la révolution d’octobre, il parvint toutefois à s’échapper, et rejoignit le général Dénikine en Crimée.

[63] Rappelons que la Pologne avait disparu en 1795, partagée entre la Prusse, l’Autriche et la Russie.

[64] Pilsudski naquit en décembre 1867, au sein d’une famille polonaise de Lituanie. Militant dans des associations révolutionnaires pendant son adolescence, il fut condamné à cinq ans de travaux forcés en 1887. De retour d’exil, Pilsudski reprit ses études de droit, tout en militant en faveur de l’indépendance de la Pologne. Adhérant au parti socialiste polonais (ou PPS.), il créa le PPS-Fraction révolutionnaire, ne supportant pas l’immobilisme des socialistes. Pendant la première guerre mondiale, Pilsudski s’engagea au sein de l’armée austro-hongroise, soucieux de chasser les Russes de Pologne ; toutefois, il fut arrêté par les autorités autrichiennes en juillet 1917, ayant refusé de prêter allégeance à l’Empereur. Libéré en novembre 1918, Pilsudski fut accueilli triomphalement lors de son arrivée à Varsovie. En raison de son prestige, il fut nommé président de la seconde république de Pologne en fin d’année.  

[65] Cette appellation faisait référence à la première république de Pologne, en application de 1562 à 1795 (date du dernier partage de la Pologne.).

[66] Petlioura était un journaliste né en mai 1879. Participant à l’indépendance de l’Ukraine, il fut nommé ministre de la Guerre en novembre 1918. En février 1919, Petlioura fut nommé président de la république, date à laquelle les Rouge s’emparèrent de Kiev. Ce dernier se rapprocha alors de la Pologne afin de recevoir une aide militaire.

[67] Lloyd George avait été nommé premier ministre en décembre 1916.

[68] La Biélorussie était un petit pays qui avait proclamé son indépendance en mars 1918, se situant à l’est de la Pologne.

[69] URSS, ou Союз Советских Социалистических Республик en russe (CCCP.). Il s’agissait de l’union des républiques soviétiques de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie et de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan, Nord-Caucase.).

[70] Новая экономическая политика en russe.

[71] La Chambre des députés, se réunissant au palais Bourbon, était l’ancêtre de l’actuelle assemblée nationale.

[72] Pour en savoir plus, voir le 1, section III, chapitre troisième, la troisième république.

[73] A noter que le scrutin proportionnel fut abandonné pour les élections législatives de 1924.

[74] Rappelons que les syndicats avaient provoqué d’importantes grèves depuis le début du XX° siècle, souvent matées dans le sang ; le clergé catholique, quant à lui, n’avait guère appréciée la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905.

[75] Poincaré était un avocat né en août 1860. Il fut élu député en 1887. Nommé ministre à plusieurs reprises entre 1893 et 1895, Poincaré fut nommé président du conseil en 1912, avant d’être élu à la tête de l’Etat en janvier 1913. Pour en savoir plus sur les élections présidentielles, voir le c), 3, section III, chapitre troisième, la troisième république.

[76] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b, 1 , section II, chapitre quatrième, la troisième république.

[77] Parti républicain, radical et radical-socialiste.

[78] Le Parti Républicain Socialiste, né en 1911, regroupait les socialistes indépendants, hostiles à la SFIO.

[79] Il s’agissait d’un parti de centre-droit, créé en octobre 1901.

[80] Comme nous l’avons vu plus tôt, les bolcheviks s’emparèrent du pouvoir suite à la révolution d’octobre, en novembre 1917. Pour en savoir plus sur la genèse de ce coup d’Etat, voir le 10, section V, chapitre quatrième, la troisième république ; pour plus de précisions sur la guerre civile russe, voir le d), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[81] La SFIO, Section Française de l’Internationale Ouvrière était un parti fondé le 23 avril 1905. La SFIO fut dissoute en 1969 pour donner naissance au Parti socialiste.

[82] A noter que les élections de 1871 s’étaient déroulées dans des conditions difficiles, car plus de 300 000 soldats, encore au front, n’avaient pu voter.

[83] Le bleu étant la couleur historique de la droite.

[84] Les anciens combattants siégeant à l’assemblée représentaient 44% des élus.

[85] Cet effacement présidentiel, inauguré par Jules Grévy en 1879, devint au fil des années une pratique institutionnelle, cantonnant le chef de l’Etat à la fonction de symbole. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 8, section I, chapitre deuxième, la troisième république.

[86] Rappelons que sous la troisième république, le président n’était pas élu au suffrage universel mais par la Chambre des députés et le Sénat, réunis en assemblée nationale.

[87] Ces dernières étaient rompues depuis l’adoption de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 2, section II, chapitre troisième, la troisième république.

[88] Ce dernier comptait les radicaux-socialistes et les radicaux, mais aussi l’Alliance républicaine.

[89] Deschanel était né en février 1855 en Belgique, au sein d’une famille de républicains ayant fui le régime impérial de Napoléon III. Rentrant en France en 1859, Deschanel fit des études de Lettres, avant d’être élu député en 1885. Président de la chambre de 1898 à 1902, il retrouva son poste en 1912. A noter qu’il s’était présenté aux élections présidentielles de 1913, mais avait été écarté suite aux primaires.

[90] Rappelons que lors des élections de 1913, Poincaré, bien qu’ayant perdu les primaires, avait décidé de se présenter. Ce qui lui avait valu l’inimitié de Clémenceau qui l’avait accusé de ne pas respecter le « jeu républicain. »

[91] Alliance démocratique.

[92] Retiré de la vie politique, Clémenceau effectua plusieurs voyages à travers le monde et reprit ses activités de journaliste. Il mourut en novembre 1929. 

[93] Millerand était un avocat né en février 1859. Proche des socialistes, il fut élu député en 1888, poste qu’il conserva jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Au début du XX° siècle, il fut nommé ministre à plusieurs reprises, ce qui fut mal accepté par ses camarades socialistes (ces derniers refusaient de participer à un ministère formé par la bourgeoisie.).

[94] Steeg naquit en décembre 1868. Il fut député de 1906 à 1914, puis sénateur à compter de 1914. Il participa à plusieurs gouvernements lors de la première guerre mondiale.

[95] François-Marsal, né en mars 1874, avait été envoyé en Indochine après avoir fait ses études à Saint Cyr. Il s’orienta plus tard vers le secteur bancaire.

[96] Fédération républicaine.

[97] Sarraut était un avocat né en juillet 1872. Gouverneur général de l’Indochine pendant la première guerre mondiale, il fut nommé ministre de l’Instruction publique entre 1914 et 1915.

[98] Maginot, né en février 1877 à Paris, suivit des études de droit avant de rentrer dans l’administration. Elu député en 1910, il s’engagea comme simple soldat au début de la première guerre mondiale, mais fut blessé en novembre 1914.    

[99] A noter qu’en 1919, la Hongrie n’avait plus d’accès à la mer, ayant perdu la Croatie et la côte dalmatienne.

[100] L’Irak actuel.

[101] Même s’il ne pouvait plus opérer son annexion de la Syrie.

[102] Ces dernières étaient sous contrôle italien depuis la guerre italo-turque de 1911-1912, qui avait entraîné la prise de la Lybie par l’Italie.

[103] A noter toutefois qu’en raison de la révolution turque, qui avait éclaté en mai 1919, le traité de Sèvres ne fut jamais appliqué. Le conflit, durant jusqu’en 1922, tourna à l’avantage des Turcs, qui vainquirent Grecs, Kurdes et Arméniens. Le traité de Lausanne, signé en juillet 1923, consacra la victoire turque : Smyrne et la Thrace orientale étaient évacuées par les Grecs ; la nouvelle Arménie et le Kurdistan étaient réintégrés à la Turquie. Cependant, le traité ne revenait pas sur les clauses du traité de Sèvres, concernant l’abandon des anciennes provinces ottomanes (Syrie, Irak, Palestine, Liban, Arabie saoudite, etc.).

[104] La Ruhr était la plus riche région industrielle d’Allemagne.

[105] Nous reviendrons sur le putsch de Kapp en a), 8, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[106] Voir à ce sujet le a), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[107] Il avait présenté une première fois sa démission en mai 1920, suite à l’incident du train, mais Millerand l’avait poussé à rester.

[108] Quittant temporairement la vie politique, Deschanel profita de sa démission pour se reposer. Puis, en janvier 1921, il fut élu sénateur. Il mourut cependant d’une pleurésie en avril 1922.

[109] Leygues était un avocat né en octobre 1857. Elu député en 1893, il avait été nommé ministre à plusieurs reprises depuis 1894.

[110] 60 francs pour une livre sterling en 1920 (contre 40 francs en 1919.).

[111] Briand était un avocat né en mars 1862. Elu député en 1902, il siégea aux côtés des socialistes. Initiateur de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, Briand fut trois fois président du conseil, et plusieurs fois ministre. Cette participation au gouvernement fut vivement critiquée par ses camarades socialistes (ces derniers refusaient de participer à un ministère formé par la bourgeoisie.).

[112] Paul Doumer naquit en mars 1857 au sein d’une famille modeste du Cantal. Professeur au collège de Mende, puis journaliste, il fut élu député en 1885, puis nommé gouverneur général de l’Indochine entre 1897 et 1902. Critiqué par ses amis radicaux pour s’être rapproché de l’Alliance démocratique, Doumer perdit son poste de député en 1910, mais fut élu sénateur deux années plus tard.

[113] Barthou était un avocat né en août 1862. Elu député en 1889, il siégea sur les bancs des modérés, rejoignant l’Alliance démocratique. Il fut nommé plusieurs fois ministre entre 1896 et 1913, puis président du conseil de juillet à décembre 1913.

[114] Fédération républicaine.

[115] Il s’agissait d’un statut équivalent aux associations loi 1901, mais exclusivement destiné à l’exercice d’un culte (à noter que l’enseignement au sein des associations cultuelles était interdit.).

[116] Pour en savoir plus sur la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, dont Briand était l’un des auteurs principaux, voir le b), 2, section II, chapitre troisième, la troisième république.

[117] Ces associations, constituées dans chaque diocèse, étaient placées sous la présidence de l’évêque. A noter toutefois que les associations diocésaines ne furent mises en place qu’en 1924.

[118] On appelle « paix blanche » un traité consacrant le statu quo ante bellum, c'est-à-dire accordant à tous les belligérants les frontières d’avant-guerre.

[119] Fixées à 132 milliards de marks-or comme nous l’avons vu lors du précédent paragraphe.

[120] L’inflation faisait des ravages en 1922. Ainsi, le dollar était côté à 192 marks en janvier, 2 000 marks en août, et 4 000 en octobre.

[121] Rappelons que le gouvernement Briand avait mis en place des négociations de paix avec l’Allemagne à l’automne 1917. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 8, section V, chapitre quatrième, la troisième république.

[122] Section Française de l’Internationale Ouvrière.

[123] Коммунистический интернационал en russe, appelée aussi Komintern (Kommounistitcheskiï internatsional.).

[124] Rappelons que la Troisième internationale faisait référence à la Première internationale, fondée à Londres en septembre 1864 et dissoute en 1873 (pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 4, section I, chapitre deuxième, le Second Empire.), ainsi qu’à la Seconde internationale, fondée à Paris en 1889 (voir le a), 12, section III, chapitre deuxième, la troisième république.).

[125] Comme nous l’avons vu plus tôt, les bolcheviks s’emparèrent du pouvoir suite à la révolution d’octobre, en novembre 1917. Pour en savoir plus sur la genèse de ce coup d’Etat, voir le 10, section V, chapitre quatrième, la troisième république ; pour plus de précisions sur la guerre civile russe, voir le d), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[126] Rappelons qu’il s’agissait du nom russe de l’Internationale communiste.

[127] Blum, né en avril 1872, épousa une carrière de fonctionnaire en 1895, mais travailla aussi en tant que critique littéraire au début du XX° siècle. Elu député SFIO en 1919, il afficha son hostilité au communisme lors du Congrès de Tours.

[128] Devenue le parti communiste français (PCF.) en 1943.

 
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