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La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE CINQUIEME : L’entre-deux-guerres

(novembre 1918 à septembre 1939)

 

II : La III° république en crise (1929 à 1939) - partie 2

           

            7° L’accentuation de l’instabilité ministérielle perturbe le bon fonctionnement de la troisième république (décembre 1932 à janvier 1934) Suite au renvoi d’Herriot, Lebrun décida de confier la charge de président du conseil à Joseph Paul-Boncour (18 décembre 1932.).

 

a) Le ministère Paul-Boncour (décembre 1932 à janvier 1933) : ce dernier, socialiste indépendant, décida de composer un ministère très semblable au précédent.

Récupérant les Affaire étrangères, Paul-Boncour nomma Daladier au ministère de la Guerre. Par ailleurs, Chautemps fut confirmé à l’Intérieur ; Sarraut aux Colonies ; Leygues à la Marine ; Painlevé à l’Air.

 

Dès sa nomination à la charge de président du conseil, Paul-Boncour décida de constituer un comité d’experts financiers, chargés de présenter un plan de redressement économique.

Le projet, présenté au gouvernement le 4 janvier 1933, prévoyait cinq milliards d’économies (obtenues par un prélèvement sur les salaires des fonctionnaires et la mise à la retraite de plusieurs milliers d’officiers.) et cinq milliards de recettes (grâce à l’établissement d’un nouvel impôt.).

 

Cependant, alors que les syndicats manifestaient leur désapprobation au plan de redressement, le gouvernement Paul-Boncour fut renversé le 25 janvier.

De ce fait, Lebrun décida de remplacer Paul-Boncour par Daladier.

 

b) Le ministère Daladier (janvier à octobre 1933) : recevant la charge de président du conseil, Edouard Daladier décida de former un nouveau gouvernement similaire au précédent.

Ainsi, conservant le ministère de la Guerre, Daladier confirma Paul-Boncour aux Affaires étrangères, Chautemps à l’Intérieur, Sarraut aux Colonies, et Leygues à la Marine.

Le ministère Daladier.

 

Sur le plan national, le gouvernement Daladier fut l’instigateur de deux évènements d’importance.

 

De prime abord, la loterie nationale fut créée en février 1933. La résurrection de ce jeu de hasard très populaire, supprimé pendant la Révolution française, avait comme objectif de faire rentrer d’importantes sommes d’argent dans les caisses de l’Etat.

Le premier vainqueur de la loterie nationale, un coiffeur de Tarascon nommé Paul Bonhoure, remporta la somme de cinq millions de francs en novembre 1933. Les grosses sommes d’argent mises en jeu incitèrent donc de nombreux Français à participer à la loterie[1].

 

Quelques jours plus tard, une première émission officielle de télévision fut diffusée sur Radiovision-PTT[2]. Cette dernière présentait la réception organisée en l’honneur d’Edouard Branly[3], inventeur de la radioconduction, nommé officier de la Légion d’honneur.  

A noter toutefois que les émissions de télévision ne furent continues qu’à partir d’avril 1935[4] ; cependant, les téléviseurs coûtant très cher à l’époque[5], il fallut attendre le début des années 50 pour que la télévision fasse son entrée au sein des ménages français.

Poste récepteur de télévision "Grammont" 180 lignes, 1936, musée des Arts & Métiers, Paris.

 

Toutefois, le ministère Daladier fut victime d’un nouvel épisode de la crise économique. En février 1933, la France comptait 400 000 chômeurs ; en avril, les Etats-Unis procédèrent à une dévaluation du dollar, ce qui rendit les exportations françaises 30% plus chères que le prix mondial ; en mai, il fut décidé de procéder à un nouvel emprunt.

Afin de faire face à un déficit budgétaire aggravé, Daladier proposa le 24 octobre 1933 la mise en place d’un nouveau prélèvement de 6% sur les traitements et les pensions.

Le projet de loi fut cependant rejeté par la Chambre des députés, ce qui provoqua la chute du gouvernement.

 

c) Le ministère Sarraut (octobre à novembre 1933) : Sarraut, nommé président du conseil par Lebrun suite au renvoi de Daladier, décida de former un ministère à tendance radicale, très similaire au précédent.

 

Ainsi, récupérant le ministère de la Marine, Sarraut confirma Daladier à la Guerre, Paul-Boncour aux Affaires étrangères, et Chautemps à l’Intérieur.

 

Suite à sa nomination Sarraut reprit en partie les projets de son prédécesseur : la mise en place d’un nouveau prélèvement de 4% sur les traitements et les pensions (le dispositif fut toutefois amendé dans un sens plus favorable aux petits fonctionnaires.).

Malgré tout, le gouvernement Sarraut fit long feu, étant renversé le 23 novembre 1933.

 

d) Le second ministère Chautemps (novembre 1933 à janvier 1934) : suite à l’échec de Sarraut, ce fut Camille Chautemps qui reçut la charge de président du conseil.

 

Ce dernier, s’arrogeant le ministère de l’Intérieur, composa un ministère une fois encore à tendance radicale, confirmant Daladier à la Guerre, Paul-Boncour aux Affaires étrangères ; Sarraut à la Marine.

 

Le 12 décembre 1933, Chautemps fit adopter par la Chambre des députés une série de mesures financières, notamment un prélèvement modéré sur les traitements.

Toutefois, ce nouveau gouvernement fut lui aussi éphémère, étant renversé au bout de deux mois par l’affaire Stavisky.

 

            8° L’affaire Stavisky et ses suites menacent la III° république (décembre 1933 à février 1934) Serge Alexandre Stavisky était issu d’une famille de confession juive, originaire de Pologne. Naturalisé français en 1910, il participa à plusieurs escroqueries avant d’être arrêté et incarcéré en 1926 (il fut toutefois rapidement libéré pour raisons de santé.).

Serge Alexandre Stavisky.

 

a) L’affaire Stavisky (décembre 1933 à janvier 1934) : par la suite, Stavisky fonda un organisme de crédit à Bayonne, mettant en place une chaine de Ponzi[6] afin d’attirer la clientèle. Toutefois, si dans un premier temps les clients du crédit municipal bénéficièrent d’importants revenus, la chaîne se brisa en fin d’année 1933, ruinant de nombreux participants.

Afin de renflouer son affaire, Stavisky chargea Gustave Tissier, directeur du crédit municipal, de diffuser de faux bons au porteur pour un montant de 235 millions de francs.

Cependant, Tissier fut arrêté et incarcéré pour Fraude. Très rapidement, l’affaire fit scandale, d’autant plus que Stavisky collaborait avec Dominique-Joseph Garat[7], député-maire de Bayonne (ce dernier fut condamné à deux années de prison pour fabrication de faux.).

 

L’affaire ayant été éventée, Stavisky, poursuivi par la police, décida de prendre la fuite. Quittant Bayonne, il se réfugia à Chamonix en janvier 1934.

Toutefois, les forces de l’ordre poursuivirent l’escroc, mais le retrouvèrent mort dans son chalet.

 

La mort de Stavisky fit énormément de bruit, car le défunt avait tissé d’importants liens avec le monde politique. S’était t’il donc donné la mort ou l’avait t’on « suicidé » ?

A ce sujet, l’hebdomadaire Le canard enchaîné titra « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée à trois mètres. Voila ce que c’est que d’avoir le bras long. »

 

b) Les remous de l’affaire Stavisky (janvier 1934) : l’affaire Stavisky fut le scandale financier le plus important depuis celui de Panama[8].

Ainsi, plusieurs ministres et députés furent mis en cause, l’enquête ayant démontré que Stavisky avait bénéficié pendant plusieurs années de la complicité de plusieurs ministres et députés.

Chautemps, président du conseil, fut contraint de démissionner à la fin du mois de janvier 1934, car son beau-frère, procureur général, avait contribué en 1927 à reporter indéfiniment le procès de Stavisky.

 

A droite, de nombreux députés montèrent au créneau pour attaquer cette gauche corrompue. Ainsi, Tardieu publia une liste fictive de députés radicaux ayant été financés par Stavisky.

Dans la rue, de nombreux militants d’extrême-droite affirmèrent leur antiparlementarisme, critiquant vivement le régime. A ces protestations hostiles à la III° république s’ajoutait un fort antisémitisme, Stavisky étant originaire d’une famille de confession juive.

 

Le 12 janvier, malgré une violente intervention d’André Tardieu, la Chambre des députés refusa de constituer une commission d’enquête ; jusqu’à la fin du mois, de nombreuses bagarres éclatèrent aux abords du palais-Bourbon et de l’Hôtel de ville, déclenchées par les ligues d’extrême-droite ou les communistes.

En raison de ce climat de tensions, Chautemps décida de démissionner le 27 janvier 1934.

 

c) La crise du 6 février 1934 : suite à la démission du président du conseil, Lebrun décida de faire appel à Daladier.

Ce dernier, récupérant les Affaires étrangères, composa un ministère une fois encore à tendance radicale.

 

Afin de remettre de l’ordre dans la capitale, Daladier décida de révoquer Adrien Bonnefoy-Sibour[9], préfet de Seine-et-Oise ; Jean Chiappe, préfet de police de Paris[10] (réputé proche de l’extrême-droite[11], ce dernier avait réprimé des manifestations communistes à plusieurs reprises.) ; et Émile Fabre[12], administrateur de la Comédie-Française, sous prétexte que la pièce Coriolan[13] provoquait chaque soir des manifestations contre le gouvernement.   

 

Toutefois, la décision de renvoyer Chiappe fit scandale à droite, et il fut donc décidé d’organiser une manifestation de grande ampleur le 6 février 1934.

  

Si plus d’une dizaine de manifestations avaient été organisées à Paris depuis le mois de janvier, la marche du 6 février fut la plus importante depuis le début de l’affaire Stavisky.

Ainsi, participèrent à cet évènement de nombreuses ligues de droite et d’extrême-droite, oscillant entre le royalisme et le fascisme.

Parmi les organisations les plus extrémistes, l’on retrouvait Action française, mouvement monarchiste, antiparlementaire et antisémite, fondé en 1898 lors de l’affaire Dreyfus[14]. Cette ligue, forte de 60 000 membres, bénéficiait du soutien des Camelots du roi, branche militante d’Action française[15].

Le Parti franciste, créé en 1933, était une organisation de taille plus réduite, ne comptabilisant que 5 000 membres en 1934. L’objectif des francistes était l’établissement d’un fascisme à la française.

La Solidarité française était une ligue fondée par le parfumeur François Coty en 1933. Ouvertement fasciste (port de l’uniforme, culte du chef, salut « à l’antique », etc.) ce mouvement comptait une dizaine de milliers de membres.

Les Jeunesses patriotes comptabilisaient près de 90 000 membres. Fondée en 1924, cette ligue anticommuniste et patriote restait républicaine, bien qu’étant favorable à la mise en place d’un pouvoir fort.  

Le dépotoir de l'Europe, caricature de Roger ROY, vers 1935, musée de l'Immigration, Paris (la France, considérée comme un dépotoir par les nations étrangères, se voit contrainte d'accueillir des populations jugées indésirables par l'extrême-droite française : juifs allemands, communistes, anarchistes, antifascistes, etc.).

 

Cependant, outre les ligues d’extrême-droite, l’on retrouvait plusieurs mouvements d’anciens combattants, plus fidèles aux institutions de la III° république.

L’association des Croix de feu était un mouvement créé en novembre 1927. Présidé par le colonel François de La Roque[16], cette ligue républicaine comptait 150 000 membres[17]. Les liens de ce mouvement avec le fascisme sont encore discutés aujourd’hui en raison de certaines caractéristique des Croix de feu (nationalisme, anticommunisme, recrutement des jeunes[18], stricte discipline, etc.).

Enfin, l’on retrouvait l’Union nationale des combattants, fondée au lendemain de la première guerre mondiale par Georges Clémenceau ; ainsi que l’Association républicaine des anciens combattants[19], organisation proche du parti communiste (promotion des idéaux républicains, lutte contre le colonialisme et le fascisme, etc.).

 

Les manifestants, au nombre de 30 000, se réunirent sur les Champs-Elysées et dans le jardin des Tuileries, les stations de Métro « Chambre des députés » et « Concorde » ayant été fermée par le ministère de l’Intérieur.

Défilé du 6 février 1934 sur les Champs-Elysées.

Aux cris de « à bas les voleurs ! Assassins ! », les manifestants, marchant vers le palais-Bourbon[20], entendaient bien manifester leur mécontentement.

Au même moment, les Jeunesses patriotes s’installèrent sur la place de l’Hôtel de ville, espérant que les tractations menées par les conseillers municipaux entraîneraient la mise en place d’un nouveau régime. Plusieurs camelots du roi furent chargés d’opérer la liaison entre la Concorde et l’Hôtel de ville.

Dans la soirée, aucun coup de force n’ayant été tenté, les manifestants se dispersèrent dans le calme.

 

Malgré la dispersion de la majorité des manifestants, les membres  de Solidarité française, de l’UNC et de l’ARAC décidèrent d’engager la lutte. Après avoir brûlé un autobus qui passait par là, les émeutiers attaquèrent les cordons de police qui barraient la route vers la place de la Concorde.

L'autobus incendié au soir du 6 février 1934.

Daladier, qui présentait ce soir là la composition de son gouvernement à la Chambre des députés, entendit que les forces de l’ordre avaient ouvert le feu. Malgré la vive désapprobation d’une partie des députés, la chambre vota néanmoins en faveur du nouveau ministère.

Mais dehors, la manifestation s’était transformée en combats de rues, et les forces de l’ordre furent chargées de disperser les émeutiers.

Les combats, violents, se poursuivirent pendant la nuit, faisant seize tués (quinze manifestants et un policier.) et près de 1 500 blessés.

Les émeutes du 6 février 1934.

 

Le lendemain, Daladier apprit la défection de plusieurs de ses ministres, et décida donc de présenter sa démission à Lebrun.

"Une" de l'hebdomadaire Le Populaire, journal officiel de la SFIO, 7 février 1936 (la légende indique : "Le coup de force fasciste a échoué.).

Ce dernier, suivant les conseils de Laval, décida de contacter Gaston Doumergue, qui s’était retiré de la vie politique. L’ancien président de la république acceptant de former un nouveau gouvernement, se rendit à Paris le 8 février. Une foule nombreuse l’acclama lors de son arrivée à la gare d’Orsay[21].

 

d) La constitution du gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue (février 1934) : suite à son arrivée dans la capitale,  Doumergue décida d’élaborer un ministère d’union nationale, composé d’hommes du PRRRS, de l’AD, mais aussi de socialistes et radicaux indépendants.

 

Ainsi, Herriot et Tardieu étaient nommés ministres d’Etat[22] ; le maréchal Pétain recevait le ministère de la Guerre[23] ; Louis Barthou (AD.) eut le portefeuille des Affaires étrangères ; Sarraut (PRRRS.) reçut l’Intérieur ; Flandin (AD.) eut les Travaux publics ; enfin, Laval (sans étiquette.) fut nommé ministre des Colonies.

 

A noter que de nouvelles manifestations, organisées les 8 et 9 février à l’initiative du parti communiste, furent violemment réprimées par les forces de l’ordre.

Par ailleurs, plusieurs grèves furent organisées à compter du 12 février, à l’appel de la CGT et de la CGTU.  

 

e) Derniers remous provoqués par l’affaire Stavisky (fin février 1934) : l’affaire Stavisky se conclut sur un triste épilogue, qui survint à la fin février 1934.

 

Le 16 février, deux commissions furent constituées pour enquêter sur les évènements du 6 février et les évènements qui les avaient causés.

Toutefois, furent découverts le 20 février, sur la voie ferrée Paris-Dijon, les restes déchiquetés d’Albert Prince, chef de la section financière du parquet de Paris.

 

Le défunt devait déposer devant une des commissions d’enquête, au sujet de l’affaire Stavisky.

Toutefois, malgré plusieurs éléments troublants (dépouille de Prince attachée à la voie ferrée, disparation de son rapport sur Stavisky, etc.), les inspecteurs chargés de l’enquête conclurent au suicide.

 

            9° Le gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue (février à novembre 1934) Le ministère Doumergue, composé suite aux émeutes de février 1934, rencontra bien des difficultés d’ici la fin de l’année.

 

a) L’échec du pacte oriental (1934) : comme nous l’avons vu précédemment, l’Allemagne, lors de la signature des accords de Locarno[24], avait reconnu sa frontière occidentale (cession de l’Alsace-Lorraine à la France et d’Eupen-Malmedy à la Belgique.). Toutefois, dix années après, l’Allemagne refusait de faire de même avec sa frontière orientale, d’autant plus qu’Hitler[25] affichait une politique de plus en plus agressive.

 

 Afin de faire face à se regain d’hostilité allemand, le gouvernement français, par l’intermédiaire de Barthou, décida alors de se rapprocher de l’URSS[26].

Ce rapprochement n’était pas pour déplaire à Joseph Staline[27], secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique, car l’Allemagne avait abandonné le traité de Rapallo, signé en avril 1922[28].

 

C’est ainsi que la France et l’URSS travaillèrent à l’élaboration d’un pacte oriental, destiné à fixer définitivement les frontières de l’Europe. Par ailleurs, les signataires devaient s’engager à prêter assistance à un voisin agressé par un pays ennemi.

 

Toutefois, si l’Angleterre, la Tchécoslovaquie, et les pays baltes[29] acceptèrent de participer au pacte oriental, l’Allemagne et surtout la Pologne y furent opposées.

En effet, Varsovie avait signé un pacte de non-agression avec le gouvernement allemand en janvier 1934 ; par ailleurs, rappelons que la Russie soviétique avait tenté d’envahir la Pologne entre 1919 et 1920[30].

 

Ainsi, malgré l’entrée de l’URSS à la SDN en septembre 1934, le projet se solda sur un échec.

C’est ainsi que fut signé le traité franco-soviétique d'assistance mutuelle en mai 1935, prévoyant une alliance militaire entre la France et la Russie. Le texte, ratifié au printemps 1936, ne fut toutefois jamais appliqué.   

 

La signature du pacte franco-soviétique, 1935 (l'on peut voir Staline, à gauche, discuter avec Laval, à droite).

 

b) L’assassinat de Louis Barthou et d’Alexandre I° de Yougoslavie (9 octobre 1934) : en octobre 1934, Alexandre I°[31], roi de Yougoslavie, était en visite officielle à Marseille.

 

Accompagné par Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, l’objectif du souverain yougoslave était de resserrer les liens avec la France, son Etat étant menacé par l’Allemagne nazie, mais aussi par l’Italie fasciste. Il était prévu qu’Alexandre I°, arrivant à Marseille, dépose un gerbe devant le monument aux morts de l’armée d’Orient[32], avant de se rendre à Paris.

Alexandre I° et Louis Barthou.

 

Toutefois, alors que le cortège royal traversait les rues de la cité phocéenne, un terroriste bulgare nommé Velitchko Dimitrov Kerin s’approcha d’Alexandre I° et tira plusieurs coups de feu en sa direction.

Dans la précipitation, les forces de l’ordre tentèrent tant bien que mal de maitriser le forcené, et Barthou, bien qu’épargné par l’attentat, fut malencontreusement frappé par la balle d’un policier. Par ailleurs, cette riposte brouillonne de la police fit vingt victimes parmi la foule, dont quatre blessées mortellement.  

L'attentat de Marseille, 9 octobre 1934.

Malgré les soins qui leur furent prodigués, Alexandre I° et le ministre des Affaires étrangères succombèrent rapidement à leurs blessures.

 

Kerin, né en 1897, était un Bulgare originaire de Macédoine, hostile à la monarchie yougoslave. Il s’était engagé au sein de l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne[33] au début des années 1920, commetant plusieurs attentats pour le compte de ce mouvement.

Arrêté par les forces de l’ordre suite à l’attentat, Kerin, grièvement blessé, mourut dans la soirée.

 

A Paris, l’attentat fit grand bruit. Ainsi, non seulement Doumergue perdait Barthou, mais en plus il était contraint de se séparer de Sarraut, ministre de l’Intérieur.

Le 13 octobre, le président du conseil fut donc contraint de procéder à une léger remaniement ministériel (Laval fut nommé aux Affaires étrangères.).

 

c) L’échec de la réforme constitutionnelle (novembre 1934) : un mois à peine après le double assassinat de Marseille, Doumergue présenta un projet de réforme constitutionnelle devant la Chambre des députés.  

 

Le texte, rédigé par Tardieu, prévoyait la possibilité de pouvoir dissoudre la chambre par le chef de l’Etat, sans recevoir l’aval du Sénat ; possibilité de recourir au référendum ; interdiction aux députés de proposer de nouvelles dépenses.

Toutefois, le projet fut rejeté, et Doumergue fut contraint de présenter sa démission le 3 novembre 1934[34].

 

            10° La France impassible face à la menace allemande (novembre 1934 à juin 1935) Suite au départ de Doumergue, le chef de l’Etat décida de nommer Pierre-Etienne Flandin au poste de président du conseil.

 

Ce dernier, membre de l’AD, décida de conserver un ministère d’union nationale. Ainsi, l’on retrouvait au sein de ce gouvernement plusieurs personnalités politiques issues de partis différents (PRRRS, AD, FR, radicaux indépendants, etc.).

 

Herriot conservait son poste de ministre d’Etat ; Laval conservait les Affaires étrangères.

 

a) La république de Weimar bascule à droite, les élections présidentielles allemandes de 1925 (mars à avril 1925) : alors qu’Herriot venait d’ordonner l’évacuation de la Ruhr, Friedrich Ebert, président du Reich, mourut en février 1925.

 

Il fut donc organisé de nouvelles élections présidentielles, cette fois-ci au scrutin universel.

Au premier tour, l’on retrouvait tout l’échiquier politique allemand : Karl Jarres pour le DVP[35] ; Otto Braun pour le SPD[36] ; Wilhelm Marx pour le Zentrum[37] ; Ernst Thälmann pour le KPD[38] ; ainsi que plusieurs petits partis.

 

Comme aucun des candidats ne parvint à obtenir la majorité des voix, il fut décidé de procéder à un second tour.

Karl Jarres, arrivé en tête avec 39% des suffrages, décida de se retirer en faveur du maréchal Paul von Hindenburg[39] ; le SPD, arrivé second avec 29% des voix, décida de se retirer en faveur du Zentrum ; Thälmann, n’ayant obtenu que 7% des suffrages, décida toutefois de participer au second tour.

 

Finalement, ce fut Paul von Hindenburg qui fut élu président du Reich avec 48% des voix (Wilhem Marx obtenait 45% des suffrages, Thälmann 6%.).

 

b) Le krach de 1929 et ses répercussions en Allemagne (1925 à 1932) : bien qu’ayant connu une hyperinflation au début des années 1920, la situation économique allemande s’était considérablement améliorée en l’espace de quelques années.

Ainsi, le chancelier Stresemann avait mis en place une série de mesures afin de sortir de la crise : augmentation des impôts ; diminution des dépenses de l’Etat ; création du Rentenmark, la nouvelle monnaie allemande.

 

Toutefois, l’économie allemande restait fragile. Ainsi, le déficit budgétaire s’élevait à 6.5 milliards de dollars ; en outre, l’Allemagne était une puissance exportatrice[40], ce qui la rendait vulnérable en cas de crise mondiale.

 

La crise de 1929 eut d’importantes répercussions en Allemagne : les exportations diminuèrent de 25% entre 1929 et 1932 ; la production industrielle chuta de 20% ; plusieurs banques firent faillite à cause des retraits d’argent massifs opérés par les épargnants ; le nombre de chômeurs passa à six millions en 1932.

 

Afin de sortir de la crise, les différents chanceliers du Reich décidèrent de mettre en place une politique déflationniste, à l’instar de la France (baisse des salaires, baisse des prix, réduction des allocations sociales, etc.).

Toutefois, cette politique fut un échec, et fit de nombreux mécontents. C’est à cette époque que le NSDAP[41] d’Adolf Hitler, autrefois parti politique mineur, devint en 1931 la deuxième formation politique d’Allemagne.

 

c) Les élections présidentielles allemandes de 1932, la montée du nazisme (mars 1932 à janvier 1933) : le mandat d’Hindenburg arrivant à son terme, de nouvelles élections présidentielles furent organisées en mars 1932.

A noter toutefois que peu de candidats se présentèrent à ce scrutin. Ainsi, l’on retrouvait le président sortant ; Adolf Hitler pour le NSDAP ; et Ernst Thälmann pour le KPD.

 

A l’issue du premier tour, Hindenburg arrivait en tête, mais n’obtenait pas la majorité absolue des suffrages. Ainsi, il fut décidé d’organiser un second tour en avril 1932.

Ce dernier, bien que très similaire au précédent, consacra la victoire du maréchal[42]. Ainsi, Hindenburg récoltait 43% des voix ; Hitler, 36% ; Thälmann 10%.

 

Suite à son élection, Hindenburg nomma Franz von Papen au poste de chancelier du Reich.

Le nouveau venu, ayant quitté le Zentrum, se rapprocha d’Hitler afin d’obtenir le soutien du NSDAP.

A l’été 1932, Papen décida de dissoudre le Reichstag, le parlement allemand.

Suite aux élections législatives organisées le 31 juillet, le NSDAP y obtint 230 sièges[43], devenant ainsi la première formation politique allemande. Le SPD, quant à lui, récupérait 133 sièges ; le KPD, 89 ; le Zentrum, 75.

Le Reichstag, Berlin, août 2012.

 

En raison de ses bons résultats lors du dernier scrutin, Hitler réclama à Hindenburg la charge de chancelier du Reich. Toutefois, le maréchal, préféra lui offrir un ministère au sein du gouvernement Papen, ce que le président du NSDAP refusa.

Le Reichstag étant ingouvernable, Papen décida de le dissoudre à nouveau le 4 septembre 1932, et de nouvelles élections furent organisées le 6 novembre.

Ces dernières ne firent que confirmer les forces en présence sur l’échiquier politique, accordant 196 sièges au NSDAP (121 pour le SDP, 100 pour le KPD, 70 pour le Zentrum.).

 

Afin de trouver une issue à la crise politique qui menaçait de s’aggraver, Hindenburg nomma à contrecœur Hitler au poste de chancelier du Reich (30 janvier 1933.).

 

d) L’arrivée d’Hitler au pouvoir (janvier 1933 à avril 1934) : dès son arrivée au pouvoir, Hitler reçut l’autorisation de dissoudre à nouveau le Reichstag, puis, début février, l’administration et la police furent épurées.

 

A la fin du mois, le Reichstag fut incendié par Marinus van der Lubbe, un jeune communiste néerlandais. Cette affaire fit grand bruit en Allemagne, car Hitler présenta l’incendie comme la première phase d’une grande révolution communiste.

Ainsi, malgré les protestations d’Ernst Thälmann, qui avança la thèse selon laquelle les nazis auraient mis eux même le feu au Reichstag[44], 4 000 membres du KPD furent arrêtés et incarcérés, ainsi que plusieurs milliers d’intellectuels de gauche.

Van der Lubbe, condamné à la peine de mort, fut exécuté en janvier 1934[45].

      

Peu de temps après cet évènement, Hindenburg autorisa la promulgation du Reichstagsbrandverordnung (ou décret de l'incendie du Reichstag.), qui posait la première pierre de la dictature nazie : suspension des libertés (liberté d’expression, de presse, des personnes, confidentialité des postes et téléphones, droit des associations, etc.) ; transfert de certaines compétences des Länder[46] au gouvernement allemand ; établissement de la peine de mort pour les incendiaires ; etc.

 

L’application du Reichstagsbrandverordnung ne fut toutefois pas la même partout. Ainsi, dans les Länder n’étant pas sous domination nazie, il fut décidé d’interdire la presse communiste, ainsi que les membres les plus influents du KPD (c’est ainsi que Thälmann lui-même fut écroué.).

 

Les élections législatives de mars 1933, organisées alors que les communistes étaient montrés du doigt par l’opinion publique, furent un véritable succès pour le NSDAP.

Ainsi, le parti nazi récupérait 288 sièges, loin devant le SPD (120 sièges.), le KPD (81 sièges.) et le Zentrum (74 sièges.).

Affiche de propagande anti-nazie (la légende indique "Madame Démocratie et le faux-frère"), vers 1933, musée des Invalides, Paris.

 

Bien que ne détenant pas la majorité absolue au Reichstag[47], Hitler demanda aux députés d’adopter la loi allemande des pleins pouvoirs[48]. Prenant la parole devant une grande bannière arborant le svastika[49], le chancelier obtint finalement les pleins pouvoirs en mars 1933.    

Désormais, les lois pouvaient être promulguées directement par le gouvernement (ces dernières pouvaient même déroger à la constitution.) ; les accords internationaux n’étaient soumis à aucune validation du Reichstag ; toutefois, la loi ne devait durer que quatre années.

 

Peu de temps après, les principaux partis politiques furent éliminés un à un : le DVP et le Zentrum furent dissous début juillet 1933 ; le SPD et le KPD furent interdits à la mi-juillet. De ce fait, le NSDAP devenait le parti unique d’Allemagne.  

Les élections législatives, organisées le 12 novembre 1933, furent un véritable succès pour le parti nazi (faute de concurrence.), qui obtint 95% des suffrages.

 

Le 14 octobre 1933, l’Allemagne quitta la SDN ; en janvier 1934, Hitler décida de supprimer les assemblées dans les Länder, faisant de ces régions non plus des Etats fédérés, mais de simples organismes administratifs du Reich.

 

f) La naissance du troisième Reich (avril à août 1934) : tombant malade en avril 1934, Hindenburg fut contraint de quitter Berlin, se retirant dans sa propriété de Neudeck[50], en Prusse.

Le maréchal, recevant la visite d’Hitler, lui fit des remontrances sur sa gestion de la Sturmabteilung[51], une des milices armées du NSDAP.

 

La SA avait été formée par Hitler en 1921, peu de temps avant le putsch raté de la brasserie[52]. Composée à l’origine d’anciens combattants et d’officiers mécontents, cette organisation paramilitaire était dirigée par Ernst Röhm[53]. Comptant quatre millions d’hommes en 1934, la SA était cependant difficilement contrôlable, d’autant que Röhm souhaitait incorporer les membres de la Reichswehr[54].

Hitler, après avoir concerté Einrich Himmler[55], chef de la Schutzstaffel[56] (la SS étant une autre milice du NSDAP, fondée en 1925.), décida donc de se débarrasser des SA.

Tenue de SA (à gauche) et de SS (à droite), Imperial war museum, Londres.

 

Se préparant à la purge, Himmler composa un dossier composé de toutes pièces, accusant Röhm d’être un homosexuel payé par la France pour renverser Hitler. Furent aussi rédigées des listes de proscription[57], car outre les SA, les nazis avaient prévu d’éliminer plusieurs personnalités politiques.

Le 30 juin, Röhm fut arrêté et assassiné ; plusieurs dirigeant SA fusillés ; et plusieurs opposants politiques furent tués (soit au total une centaine de personnes.).

 

La nuit des longs couteaux fut saluée par Hindenburg, qui remercia Hitler d’avoir mis un terme à l’agitation révolutionnaire des SA ; mais elle fut aussi accueillie favorablement par la presse allemande et une majorité de la population. La nuit des longs couteaux fut toutefois unanimement critiquée par la presse étrangère et les gouvernements occidentaux.

Suite à ces évènements, la SS obtint son indépendance de la SA, cette dernière devenant une milice de second ordre.

 

Début août 1934, à la veille du décès d’Hindenburg, Hitler décréta la fusion des fonctions de président et de chancelier. Ce dernier adopta alors le titre de Fürher[58], consacrant officieusement[59] la création du troisième Reich[60] (un référendum, organisé en août 1934, consacra par 90% des voix la prise de pouvoir d’Hitler.).

Affiche de propagande nazie (la légende indique "un peuple, un pays, un chef !"), musée des Invalides, Paris.

 

A noter qu’à la mort d’Hindenburg, survenue le 2 août 1934, le Führer eut les mains libres pour appliquer une politique antisémite de grande ampleur, ce à quoi le président défunt avait tenté de s’opposer. Ainsi, alors que depuis avril 1933 les commerces juifs étaient boycottés, et les Allemands de confession juive exclus de la fonction publique, les lois de Nuremberg, résolument antisémites, furent adoptées en septembre 1935.  

Dès lors, fut établi un « classement racial », différenciant les jude (« juifs. »), mischling (« métis[61]. ») et deutschblütiger (« sangs-purs. »). Les relations sexuelles ou le mariage entre juifs et Allemands était interdit ; les juifs étaient privés de leur citoyenneté allemande et de leurs droits civiques.

L’objectif de cette politique antisémite était de contraindre les Allemands de confession juive à quitter le territoire au plus tôt[62].

 

g) Vers l’anschluss ? (juillet 1934) : une des premières cibles des nazis fut l’Autriche, Etat qui avait été morcelé suite à la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye[63] (septembre 1919.).

Hitler, lui-même originaire d’Autriche[64], considérait que tout territoire germanophone devait être rattaché au Reich (via un anschluss[65].), afin de donner naissance au Großdeutsches Reich[66].

 

Le parti nazi autrichien, financé par l’Allemagne, avait connu une forte progression électorale au début des années 1930, n’hésitant pas à recourir à la violence contre leurs adversaires politiques.

En mars 1933, afin de faire face à la crise, le chancelier autrichien Engelbert Dollfuß[67], résolument hostile à l’anschluss, décida d’instaurer un régime catholico-dictatorial, l’austrofascisme. En mai, le parti communiste autrichien fut dissous, ainsi que le NSDAP en juin.

Mais ce faisant, Dollfuß s’attira l’inimitié d’Hitler, la propagande du troisième Reich accusant le dictateur autrichien d’être « à moitié juif. »

Le 25 juillet 1934, des nazis autrichiens tentèrent de prendre en otage le gouvernement, mais Dollfuß, averti du complot, tenta de s’enfuir de la chancellerie. Cependant, mortellement blessé par les nazis, il succomba plus tard dans la journée.

 

L’affaire, provoquant une vive émotion en Autriche, fit grand bruit dans les capitales européennes. Mussolini, qui était proche de Dollfuß et résolument hostile à l’anschluss, mobilisa une partie de son armée à la frontière, menaçant d’attaquer l’Allemagne si l’Autriche était envahie.

Portrait de Benito Mussolini, Imperial war museum, Londres.

 

Hitler, n’étant pas à cette date en position de force, décida de jouer la carte de l’apaisement. En mai 1935, il déclara devant le Reichstag qu’il n’avait pas l’intention d’annexer l’Autriche.

Toutefois, France et Angleterre ne s’étant guère manifestées, le Führer n’hésita pas à contraindre Kurt von Schuschnigg[68], le nouveau chancelier autrichien, à adopter une politique pro-germanique.

 

h) Le regain militariste allemand (août 1934 à avril 1935) : à compter de l’été 1934,  Hitler,  possédant désormais une mainmise totale sur l’Allemagne, décida d’adopter une politique militariste de grande ampleur.

 

Comme nous l’avons vu plus tôt, le traité de Versailles[69], signé en juin 1919, contraignait l’Allemagne à respecter une série de clauses militaires draconiennes

Ainsi, l’armée allemande était limitée à 100 000 hommes ; il lui était interdit d’utiliser les gaz de combats, l’artillerie, les tanks et l’aviation militaire ; le service militaire fut aboli ; enfin, la rive gauche du Rhin devait être démilitarisée (plus Coblence, Mayence et Cologne.).

 

Si pendant plusieurs décennies, ces clauses avaient été plutôt respectées par le gouvernement allemand, Hitler décida de passer outre (d’autant plus que France et Angleterre n’émirent que des protestations de principe, encourageant le Führer à poursuivre sa politique de réarmement.).

 

En juillet 1934, la production des premiers chars Panzer I[70] fut enclenchée[71] ; puis, le 16 mars 1935, le service militaire fut rétabli (l’armée allemande fut agrandie à 500 000 hommes.).

 

Cette politique militaire agressive s’accompagnait d’une volonté visant à rendre le Reich maître de toute l’Allemagne.

Le référendum de la Sarre, organisé le 13 janvier 1935, devait déterminer si la région souhaitait être rattachée ou non à l’Allemagne (rappelons que la Sarre avait été placée sous mandat de la SDN, confié à la France, suite à la signature du traité de Versailles.).

A la suite d’une intense propagande nazie, les Sarrois se prononcèrent à 93% en faveur d’un rattachement au troisième Reich[72].

Entrée des troupes allemandes dans la Sarre (la banderole indique : "La Sarre est libre, vive le führer !").

Toutefois, près de 20 000 Sarrois ayant voté en faveur de la nationalité française, décidèrent d'émigrer en France.

Sarrois quittant la région pour s'installer en France.

 

i) La conférence de Stresa et le traité naval germano-britannique (avril à juin 1935) : afin de riposter face à la menace allemande, France, Angleterre et Italie décidèrent de se rencontrer lors de la conférence de Stresa, le 11 avril 1935.

Participèrent à la conférence Pierre Laval, ministre des Affaires étrangères ; Mussolini ; et Ramsay MacDonald[73], premier ministre britannique. 

 

L’objectif de la rencontre était de pérenniser les accords de Locarno, signés en octobre 1925, mais aussi d’assurer l’indépendance autrichienne.

Mais au final, si les participants réaffirmèrent leur volonté de protéger les clauses du traité de Versailles, ils ne prirent aucun engagement d’ordre militaire.

 

Mais peu de temps après, le 18 juin 1935, l’Angleterre signa avec le troisième Reich un traité naval germano-britannique.

L’Angleterre, sans concerter ses alliés européens, accordait à l’Allemagne nazie la possibilité de se doter d’une flotte de guerre (restant toutefois limitée à 33% du tonnage de la Royal Navy[74] ; 45% pour les sous-marins.).

 

Cet accord bilatéral ne fit qu’affaiblir le front de  Stresa, Hitler recréant officiellement la Luftwaffe[75] et la Kriegsmarine[76] en juin 1935.

Par ailleurs, le Führer promulgua le plan Z[77], prévoyant la construction de quatre porte-avions[78], six cuirassiers[79], une vingtaine de croiseurs, et six destroyers[80] (au même moment furent produits les premiers U-Boote[81].).

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[1] De nos jours, la loterie nationale n’existe plus, mais a été remplacée en 1976 par la Française des jeux, qui détient le monopole des jeux de hasard en France.

[2] Il s’agit de l’ancien nom de l’actuelle chaîne de télévision TF1.

[3] Branly était un ingénieur né en octobre 1844. Grâce à ses travaux sur la radioconduction, il contribua à la création de la télégraphie sans fil.

[4] Avril 1935 est d’ailleurs aujourd’hui considéré comme la date d’inauguration officielle de la télévision française.

[5] Quasiment le prix d’une voiture.

[6] Une chaine de Ponzi (du nom du millionnaire américain Charles Ponzi.) est un système financier frauduleux consistant à rémunérer les investissements effectués par les clients grâce aux revenus procurés par les nouveaux entrants. La chaîne est d’autant plus pérenne si les rendements accordés à la clientèle sont élevés, ce qui entraîne une bonne publicité et donc de nouveaux clients. 

[7] Garat était un avocat né en décembre 1872. Elu maire de Bayonne en 1908, puis député en 1914, il participa à la première guerre mondiale. Perdant son siège à la fin du conflit, Garat quitta un temps la scène politique, avant de retrouver son siège de député-maire en 1925. 

[8] Pour en savoir plus sur le scandale de Panama, voir le 10, section III, chapitre deuxième, la troisième république.

[9] Ce dernier, né en octobre 1881, fut nommé préfet de l’Aisne en 1919, puis préfet de Seine-et-Oise en 1922.

[10] Le préfet de police de Paris est chargé de veiller à la sécurité des personnes et des biens sur le territoire de l’agglomération parisienne. 

[11] A noter que Daladier avait à l’origine proposé à Chiappe la charge de résident général du Maroc.

[12] Fabre était un auteur dramatique né en mars 1869. Administrateur de la Comédie-Française depuis 1915, il avait composé et mis en scène une dizaine de pièces de théâtre.

[13] A savoir « Coriolan » de Shakespeare, que vous trouverez ici

[14] Pour en savoir plus sur l’affaire Dreyfus, cliquez ici.

[15] Les Camelots du roi avaient à l’origine pour fonction de vendre les journaux de l’Action française, mais au fil du temps ils s’attaquèrent aux enseignants de confession juive, aux organisations d’extrême gauche, etc. 

[16] La Roque, né en octobre 1885, fit ses études à Saint Cyr. Participant à la première guerre mondiale, il fut blessé à plusieurs reprises, mais reçu la croix de guerre et la légion d’honneur. Quittant l’armée en 1928 avec le grade de colonel, La Roque entra aux Croix de feu l’année suivante. en 1929.

[17] 400 000 membres en fin d’année 1935.

[18] Création des Fils Croix de feu en décembre 1932 ; création des Groupes Universitaires en février 1935.

[19] L’ARAC existe encore aujourd’hui.

[20] Rappelons que le palais-Bourbon était le siège de la Chambre des députés.

[21] La gare d’Orsay, érigée à l’occasion de l’exposition universelle de 1900, est aujourd’hui un musée. Pour en savoir plus, voir le c), 8, section I, chapitre troisième, la troisième république.

[22] Le titre de ministre d’Etat est souvent honorifique. Dans ce cas de figure, les deux hommes participaient au conseil des ministres, du fait de leur renommée, mais ne possédaient pas de portefeuille.

[23] Si à l’origine, le ministère de la Guerre était réservé aux militaires, la fonction avait été échue à des civils depuis 1888. Voir à ce sujet le 6, section III, chapitre deuxième, la troisième république.

[24] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le a), 14, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[25] Hitler était arrivé au pouvoir en janvier 1933. Pour plus de renseignements à ce sujet, voir le d), 10, section II, chapitre cinquième, la troisième république.

[26] Union des républiques socialistes soviétiques (cette dernière avait été proclamée en décembre 1922.).

[27] De son vrai nom Joseph Vissarionovitch Djougachvili (Иосиф Виссарионович Джугашвили en russe.). Né en décembre 1878 en Géorgie, il adhéra au parti ouvrier social-démocrate de Russie dès 1898. Se tournant vers le banditisme, Staline fut plusieurs fois déporté en Sibérie par les autorités tsaristes. Se rapprochant des bolcheviks (ce qui signifie « majorité », les bolcheviks étant au début du XX° siècle la fraction majoritaire du POSDR.), il participa à la révolution de novembre 1917, puis à la guerre civile russe. A la mort de Lénine, en janvier 1924, Staline, bénéficiant d’une bonne assise au sein du parti communiste, parvint à éliminer un à un ses adversaires politiques. En 1929, il était le dirigeant incontesté de l’URSS.   

[28] Ce dernier prévoyait une union militaire et commerciale entre l’URSS et l’Allemagne.

[29] C'est-à-dire Estonie, Lettonie, Lituanie.

[30] Pour en savoir plus sur la guerre russo-polonaise, voir le g), 2, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[31] Alexandre I°, né en décembre 1888, était montré sur le trône de Yougoslavie en décembre 1918 (rappelons qu’à cette époque cet Etat était baptisé Royaume des Serbes, Croates et Slovènes.).

[32] Pendant la première guerre mondiale, l’armée d’Orient avait combattu en Grèce. Bénéficiant du soutien des Grecs et des Serbes, les Français s’étaient attaqués aux Allemands et à leurs alliés bulgares.

[33] Vnatrešna Makedonska Revolucionerna Organizacija en macédonien, ou VMRO.

[34] Doumergue, se retirant de la vie politique, mourut en mai 1937.

[35] Le DVP, ou parti populaire allemand (Deutsche Volkspartei en allemand.) était un parti de centre-droit. Il avait été fondé par Gustav Stresemann, dont Karl Jarres avait été le ministre de l’Intérieur.

[36] Le SPD, ou parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands en allemand.) était un parti de gauche, fondé à la fin du XIX° siècle. Otto Braun gouverna le Land (similaire à une de nos actuelles régions.) de Prusse à compter de 1920.

[37] Le Zentrum (de son vrai nom Deutsche Zentrumspartei.) était un parti catholique fondé à la fin du XIX° siècle. Wilhelm Marx avait été chancelier du Reich entre 1923 et 1925, suite à la démission de Stresemann. 

[38] Le KPD, ou parti communiste allemand (Kommunistische Partei Deutschlands en allemand.) avait été fondé en janvier 1919, peu de temps après la révolution russe. Soutenu et financé par le Komintern, Thälmann mena au sein de son parti une politique stalinienne qui fit de nombreux mécontents, malgré l’obtention de bons scores électoraux. 

[39] Von Hindenburg naquit en octobre 1847 au sein d’une  famille aristocratique. Ce dernier participa à la guerre contre l’Autriche (1866.), à la guerre de 1870 contre la France, puis à la première guerre mondiale. En août 1916, suite au renvoi d’Erich von Falkenhayn, il fut nommé chef de l’Etat-major allemand. Après la guerre, Hindenburg favorisa la propagation de la Dolchstoßlegende (la légende du coup de poignard dans le dos.), théorie disculpant l’armée allemande de la défaite, rejetant la faute sur civils de l’arrière, les juifs et les communistes. 

[40] Nous avons vu précédemment que les exportations allemandes avait été favorisées par l’hyperinflation, grâce à la faible valeur de la monnaie allemande.

[41] Le NSDAP, ou parti national-socialiste des travailleurs allemands (Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei en allemand.), fondé en 1920. Appelé aussi parti nazi (nationalsozialistische.).

[42] A noter que les élections présidentielles allemandes de 1932 furent les dernières organisées au suffrage universel.

[43] Soit 37% des voix.

[44] Ou du moins qu’ils auraient manipulé van der Lubbe.

[45] Ce jugement fut cassé à titre posthume en 1967, un tribunal de Berlin commuant la sentence à huit années de prison. Toutefois Aujourd’hui encore, les preuves manquent pour juger de l’innocence ou de la culpabilité de van der Lubbe. Les thèses à ce sujet foisonnent : certains historiens pensent qu’il aurait agi seul, d’autres que les nazis lui auraient permis de pénétrer dans le Reichstag, ou encore que le feu aurait été allumé par les nazis eux-mêmes.

[46] Les Länder (l’équivalent de nos actuelles régions.) n’étaient pas, à cette date, sous domination nazie. L’objectif était donc de faire main basse sur ces territoires.  

[47] Le bâtiment étant incendié, l’assemblée se réunit dans l’église de Postdam, puis à l’opéra Kroll de Berlin.

[48] Le nom officiel de cette loi étant Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich vom 24 März 1933 (en français, loi du 24 mars 1933 de réparation de la détresse du peuple et de l’État.)

[49] Le svastika peut être décrit comme une croix formée par quatre gamma (dans l'alphabet grec, un gamma écrit en majuscule s'écrit ainsi : Γ). D'où l'appellation de 'croix gammée' dans certains cas (à noter que jusqu'à la fin du XIX° siècle, ce symbole était nommé gammadion, et non svastika.).

[50] Aujourd’hui Ogrodzieniec, en Pologne.

[51] Ce qui signifie « bataillon d’assaut » en français.

[52] Que nous avons abordé en a), 8, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[53] Röhm, né en novembre 1887, avait participé à la première guerre mondiale en tant qu’officier. Suite au putsch de la brasserie, il s’exila pendant plusieurs mois en Bolivie. Hitler faisant son retour en politique au début des années 1930, il rappela Röhm, à qui il confia de nouveau la SA.

[54] Rappelons que la Reichsweir était l’armée de la république de Weimar.

[55] Himmler, né en octobre 1900, obtint une dérogation en 1917 afin de participer à la première guerre mondiale. Toutefois, quelques semaines après la fin de sa formation, il fut démobilisé sans avoir vu le front. Adhérant au NSDAP, il participa au putsch de la brasserie ; toutefois, en raison de sa faible implication dans le parti, il ne fut pas arrêté. En 1925, Hitler décida de créer la SS, une sous-section de la SA constituant sa garde rapprochée. Au fil des années, les deux hommes se rapprochèrent, et Himmler fut nommé chef de la SS en 1929. C’est à compter de cette date que la SS, bien que section subalterne de la SA, devint de plus en plus puissante.

[56] Ce qui signifie « escadron de protection » en français.

[57] Les proscriptions dataient de l’Antiquité. A l’époque, elles étaient mises en place lorsqu’un individu arrivé au pouvoir décidait d’éliminer ses adversaires politiques (cependant, les plus fortunés pouvaient eux aussi être visés, leur richesse attirant la convoitise.). En règle générale, n’importe qui pouvait éliminer un proscrit, sans être assigné en justice (il fallait rapporter la tête de la victime pour recevoir une récompense. D’autres peines, outre la mort, pouvaient frapper le proscrit : absence de sépulture, abolition de la mémoire, exclusion des fils et des petits fils de la cité, etc.

[58] Ce qui en allemand signifie « guide. »

[59] En effet, la république de Weimar ne fut jamais officiellement abrogée par Hitler.

[60] L’Empire allemand, ou deuxième Reich, avait été proclamé à Versailles le 18 janvier 1871. Il faisait implicitement référence au premier Reich, c'est-à-dire le Saint Empire romain germanique, qui exista pendant plus de mille ans, de 800 à 1806.

[61] Etaient considérés comme métis les Allemands ayant un ou deux grands-parents de confession juive. A noter que les mischling furent moins frappés par l’antisémitisme du troisième Reich.

[62] La solution finale (c'est-à-dire l’extermination planifiée des juifs.) ne fut adoptée qu’à l’été 1941.

[63] Pour plus de détails sur le traité de Saint-Germain-en-Laye, voir le b), 3, section VII, chapitre quatrième, la troisième république.

[64] Ce dernier était né à Braunau am Inn, non loin de la frontière austro-allemande.

[65] En français, le terme anschluss est traduit par « rattachement », cependant, sa traduction littérale est « connexion. »

[66] Ou « grande Allemagne » en français.

[67] Dollfuß, né en octobre 1892, participa au premier conflit mondial. Devenu président d’une caisse d’assurance agricole après guerre, il se lança dans la politique au cours des années 1920. Nommé ministre de l’Agriculture en 1931, il reçut l’année suivante la charge de chancelier.  

[68] Schuschnigg était un avocat né en décembre 1897. Fait prisonnier par les italiens pendant la première guerre mondiale, il fut élu député en 1927. Schuschnigg fut nommé plusieurs fois ministre à compter de 1932. 

[69] Pour plus de détails sur le traité de Saint-Germain-en-Laye, voir le a), 3, section VII, chapitre quatrième, la troisième république.

[70] A noter qu’en allemand, panzer se traduit par « blindé. »

[71] La production des Panzer II commença en mai 1936 ; celle des Panzer III en mai 1937 ; celle des Panzer IV en octobre 1937.

[72] La Sarre fut officiellement rattachée à l’Allemagne à compter de mars 1935.

[73] MacDonald, né en octobre 1866, avait été nommé premier ministre de janvier à novembre 1924. Il occupait son second mandat depuis juin 1929.

[74] C'est-à-dire la marine anglaise.

[75] C'est-à-dire l’armée de l’air allemande.

[76] C'est-à-dire la marine allemande.

[77] Le plan Z fut toutefois critiqué, car la marine allemande restait bien inférieure à celle de l’Angleterre (qui comptait plus de 300 navires de guerre.).

[78] A noter qu’un seul porte-avion fut construit, le Graf Zeppelin. Inauguré en 1938 mais inachevé, il ne participa pas à la seconde guerre mondiale.

[79] Le cuirassier est le navire de guerre doté du plus épais blindage, mais aussi des canons du plus gros calibre. Toutefois, il est moins rapide que le croiseur.

[80] Le destroyer (ou frégate, en français.), est un navire de guerre destiné à protéger une flotte civile ou militaire. Pour ce faire, outre ses canons, il est équipé d’armes aériennes et anti-sous-marines.

[81] Abréviation d’Unterseeboot, ce qui signifie « navire sous-marin. » 

 
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