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Mythologie
 
 

 

 

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Les Capétiens


CHAPITRE CINQUIÈME : Louis IX (1226 à 1270)

 

III : La fin du conflit languedocien (1241 à 1244)

 

            1° Petite histoire de la guerre du Languedoc (1209 à 1240) – En 1209, le pape Innocent III avait prêché en faveur d’une croisade contre les cathares, qui s’étaient considérablement développés dans le Midi.

 

a) L’hérésie cathare : les cathares (appelés aussi Albigeois[1]) étaient les héritiers des manichéens[2], qui reconnaissaient deux dieux de puissance égale, l’un représentant le bien (associé à l’âme.) et l’autre représentant le mal (associé au corps.).

Les adeptes de ce culte se divisaient en deux catégories : les fidèles de base et les parfaits[3]. Contrairement aux fidèles, les parfaits menaient une vie ascétique et chaste, mortifiant leur corps (assimilé au mal.).

Les cathares ne reconnaissaient pas les sacrements de l’Eglise, rejetant donc son autorité (contrairement à la religion catholique, très hiérarchisée, les églises cathares étaient indépendantes l’une de l’autre). Ces derniers niaient aussi la nature humaine de Jésus (qui en aurait fait une divinité souillée par le mal), le considérant comme un pur esprit.

 

b) La guerre du Languedoc sous Philippe Auguste (1209 à 1223) : Raymond VI, comte de Toulouse, accusé de protéger les cathares, fut excommunié par l’Eglise et dépossédé de ses Etats. Ces derniers, en 1215, furent cédés à Simon V de Montfort, un des chefs de la croisade contre les cathares.

 

Toutefois, le pape Innocent III décida de laisser le comté de Provence à Raymond VII, fils du comte de Toulouse.

Le jeune homme, en l’espace de quelques années, réussit à regagner le territoire perdu, prenant Toulouse en 1217. Simon de Montfort, soucieux de récupérer sa capitale, trouva la mort lors du siège de la ville, pendant l’été 1218.

 

Son fils, Amaury VI, ne fut pas en mesure de défendre ses Etats, qui fondirent comme peau de chagrin sous les attaques de Raymond VII.

En fin d’année 1223,  Amaury VI ne détenait plus que Carcassonne, qui fut assiégée à cette date par son rival. Contraint de signer une trêve en janvier 1224, le fils de Simon de Montfort quitta le Midi quelques jours après, souhaitant réclamer de l’aide auprès du roi de France[4]

 

c) La guerre du Languedoc sous Louis VIII (1223 à 1226) : Louis VIII, quant à lui, refusa d’accorder de l’aide à Amaury VI, lui proposant au contraire de lui céder ses droits sur le Languedoc.

 

Alors que la victoire de Raymond VII avait poussé le pape Honorius III à entamer des négociations de paix, la cession des droits d’Amaury VI au roi de France bouleversait la donne.

En novembre 1225, un concile fut réuni à Bourges, afin de régler l’affaire du Languedoc.

Ce dernier décida de la mise en place d’une nouvelle croisade, excommuniant Raymond VII.

 

Louis VIII, descendant la vallée du Rhône, reçut la soumission de plusieurs villes et seigneurs de la région. En juin 1226, il assiégea Avignon, qui, à court de vivres, n’ouvrit ses portes qu’en septembre.

 

Par la suite, le roi de France s’empara des anciennes possessions de Simon de Montfort (Béziers, Carcassonne et Albi), puis marcha vers Toulouse.

L’hiver approchant, Louis VIII décida de rentrer à Paris. Ce dernier nomma gouverneur du Languedoc son cousin Humbert V[5], seigneur de Beaujeu[6].

 

d) La guerre du Languedoc sous la régence (1226 à 1240) : suite à la mort du roi, Raymond VII tenta de reconquérir le terrain perdu. Toutefois, Humbert V ne resta pas inactif.

En l’espace de quelques années, le Languedoc assista à l’apparition d’un équilibre des forces entre les deux belligérants.

 

Le pape Grégoire IX, voyant que la situation n’évoluait guère, se rapprocha de Blanche de Castille afin d’établir des pourparlers. C’est ainsi que fut organisée une conférence à Meaux, en mars 1229, qui s’acheva sur la signature du traité de Paris.

Raymond VII fut reconnu comte de Toulouse, mais en échange il devait céder les vicomtés de Béziers, Carcassonne et Albi au roi de France, et le comtat Venaissin à l’Eglise[7].

Par ailleurs, Raymond VII devait marier sa fille unique à Alphonse, frère cadet de Louis IX, qui récupérerait le comté de Toulouse à la mort de son beau-père.

 

Du côté de l’Eglise, Grégoire IX continua la lutte contre les cathares, instaurant, en 1231, un tribunal chargé de rechercher et de punir les hérétiques. Ce tribunal, nommé inquisition, fut confié aux dominicains.

Cependant, les exactions commises contre les cathares engendrèrent des contestations dans le Languedoc. En 1240, Raymond II Trencavel[8], qui s’était exilé en Aragon, traversa les Pyrénées en direction de Carcassonne (ce dernier était le neveu (et vassal) de Raymond VI de Toulouse, qui avait été dépossédé des vicomtés de Béziers et de Carcassonne en 1209).

Mais plutôt que d’assiéger la cité, Raymond II ravagea la campagne environnante, laissant le temps à Guillaume des Ormes, sénéchal[9] de Carcassonne, de préparer une contre -attaque.

Raymond II, reculant vers la forteresse de Montréal, fit alors soumission, recevant l’autorisation de gagner l’Aragon.

 

2° Le mariage d’Alphonse de Poitiers, la révolte d’Hugues X de Lusignan (1241 à 1242) – Le mariage de d’Alphonse avec Jeanne, fille du comte de Toulouse, fut célébré à Saumur en mars 1241.

Louis IX, participant à la cérémonie, investit son frère du Poitou et de l’Auvergne[10].

 

Pendant l’été, les deux hommes se rendirent à Poitiers, où le nouveau comte devait tenir sa Cour et recevoir l’hommage de ses vassaux.

La région, conquise par Philippe Auguste, avait connu une longue période d’autonomie sous la monarchie anglaise, et de nombreux seigneurs craignaient la domination des Capétiens.

L’un d’eux, Hugues X de Lusignan, connu pour son passé de comploteur[11], refusa de rendre l’hommage. Excité par sa femme Isabelle, mère du roi d’Angleterre (cette dernière menaça son époux de privation sexuelle s’il ne se révoltait pas), il osa défier publiquement le comte dans son palais, et brûla la maison dans lequel ce dernier avait séjourné à Poitiers (Noël 1241).

 

Seul, Hugues X était peu dangereux. Ainsi, au printemps 1242, l’armée royale fut réunie par Louis IX à Chinon. Ce dernier, au mois de mai, assiégea Montreuil, capitale d’Hugues X, qui ouvrit rapidement ses portes.

Toutefois, le comte de Lusignan avait contracté plusieurs alliances avec les ennemis de la couronne, bénéficiant ainsi du soutien de Raymond VII de Toulouse et d’Henri III d’Angleterre.

 

            3° Nouvelle révolte du Languedoc (1242) – Alors que Louis IX combattait dans le Poitou, le Languedoc se révolta à son tour. En mai 1242, plusieurs inquisiteurs furent assassinés à Avignonet, ce qui fut le signal de la révolte.

Raymond VII, à la tête des conjurés, bénéficiait du soutien de Raymond II Trencavel ; de Roger IV, comte de Foix ; et d’Amalric I°, vicomte de Narbonne. Toutefois, Pierre Mauclerc, régent de Bretagne, ne bougea pas, à l’instar de Raymond Bérenger IV de Provence.

 

a) Guerre contre Henri III, les batailles de Taillebourg et de Saintes (juillet 1242) : apprenant qu’Henri III avait débarqué à Royan (qui rejoignit Hugues X à Pons), Louis IX décida de marcher vers la Saintonge.

Ce dernier s’installa au château de Taillebourg, qui surplombait un pont traversant la Charente.

 

Le 19 juillet, les deux armées se firent face, chaque camp hésitant à attaquer.

Louis IX, ne parvenant pas à trouver un passage à gué qui aurait permis de prendre l’ennemi à revers, lança alors l’assaut le 21 juillet.

La bataille de Taillebourg, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.

La bataille de Taillebourg, mêlée confuse, donna la victoire aux Français, qui bénéficiaient d’une petite supériorité numérique.

La bataille de Taillebourg, par Eugène DELACROIX, 1837, château de Versailles, Versailles.

 

Henri III, sonnant la retraite, recula vers Saintes, qui fut le théâtre d’un nouvel affrontement le 23 juillet.

Les Anglais étant vaincus une fois encore, Henri III signa une trêve de cinq ans à Pons, le 1er août 1242 ; puis il rentra précipitamment à Bordeaux.

 

b) Guerre contre Raymond VII (janvier 1243) : Louis IX, quant à lui, descendit en direction du Languedoc, où il reçut la soumission de Raymond VII, en janvier 1243. Ce dernier fut alors rapidement imité par le comte de Foix et le vicomte de Narbonne.

 

Malade, le roi rentra alors à Paris, mais il encouragea néanmoins la poursuite de la lutte contre les cathares.

 

c) La fin de l’hérésie cathare, conséquences de la guerre du Languedoc (1244) : les inquisiteurs, chargés de combattre l’hérésie, éprouvaient beaucoup de difficultés à éradiquer le catharisme, même si cette doctrine avait néanmoins connu un net recul en l’espace de quelques années. Ainsi, en 1243, les Albigeois étaient retranchés dans deux forteresses : Montségur et Quéribus.

 

Au printemps 1243, Montségur fut assiégée par Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne. Après dix mois de siège, des pourparlers furent mis en place entre les deux belligérants. Ainsi, les assaillants promirent que les habitants de la ville ne seraient punis que de peines légères, mais que les parfaits seraient condamnés à mort s’ils n’abjuraient pas leur foi.

Les habitants de Montségur acceptèrent les conditions et ouvrirent les portes du château le 16 mars 1244.

Hugues des Arcis, pénétrant dans la ville, s’empara alors des parfaits, qui furent rapidement condamnés à mort. 200 d’entre eux périrent sur le bûcher allumé le même jour.

 

La prise de Montségur désorganisa considérablement l’Eglise cathare, et de nombreux fidèles se réfugièrent en Italie. Toutefois, Quéribus ne tomba qu’en 1255, et l’inquisition resta présente dans le Languedoc pendant encore un siècle.

 

Le comte de Toulouse, quant à lui, resta toujours turbulent, soucieux d’échapper à la tutelle royale. En 1243, il épousa Marguerite, fille d’Hugues X de Lusignan (Raymond VII voulait à tout prix un héritier mâle afin de ne pas céder ses Etats à la couronne). Toutefois, cette union ne fut pas reconnue par la papauté.

Le comte de Toulouse mourut en 1249, date à laquelle Louis IX était parti en croisade. N’ayant pas d’héritiers, ses Etats revinrent à Alphonse de Poitiers, frère du roi de France.

 

A noter enfin que la guerre du Languedoc eut pour autre conséquence de réduire l’influence du roi d’Aragon dans la région. Alors que ce dernier, au début du XIII° siècle, possédait une série de comtés sur la frontière nord des Pyrénées (Comminges, Foix et Carcassonne), ainsi que le comté de Gévaudan, la seigneurie de Montpellier, et le comté de Provence ; à la fin du conflit, il ne détenait plus que le Roussillon et Montpellier (le reste étant récupéré par le royaume de France).

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[1] Albi était l’un des centres du catharisme.

[2] Manès, fondateur du manichéisme, vécut en Perse au III° siècle avant Jésus Christ.

[3] Le terme ‘Cathare’ vient du perse Katharos qui signifie « pur. » Une fois encore, ce terme fut employé par l’Eglise mais non par les cathares (qui se nommaient bon hommes ou bons chrétiens).

[4] Pour en savoir plus sur le conflit languedocien sous Philippe Auguste, cliquez ici.

[5] Ce dernier était le cousin germain de Louis VIII, sa mère Sybille étant la sœur cadette d’Isabelle de Hainaut, mère du roi de France.

[6] La seigneurie de Beaujeu se situait au nord de Lyon.

[7] Le comtat Venaissin resta possession de l’Eglise jusqu’en 1791, date à laquelle il fut annexé par la France révolutionnaire. Voir à ce sujet le a), 2, section III, chapitre troisième, la Révolution française.

[8] Son père, Raymond Roger Trencavel, était le neveu (et vassal) de Raymond VI de Toulouse. En 1209, il avait été dépossédé des vicomtés de Béziers et de Carcassonne, qui furent finalement cédés à la couronne lors de la conférence de Meaux.

[9] Le sénéchal était un seigneur local nommé par le roi, qui avait pour fonction de rendre la justice (leur décision ne pouvait être cassée que par le roi), lever les impôts ou commander les armées.

[10] La couronne avait hérité du Poitou suite à la signature du traité de Chinon avec l’Angleterre, en 1216. Voir à ce sujet le b), 4, section V, chapitre quatrième, les Capétiens.

[11] Ce dernier avait comploté à plusieurs reprises contre Blanche de Castille. Voir à ce sujet la section I, chapitre cinquième, les Capétien.

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