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La monarchie de Juillet (1830 - 1848)

CHAPITRE PREMIER : Les suites de la révolution de Juillet

(juillet 1830 à mars 1831)

 

V : La monarchie de Juillet, un régime contesté

           

            1° Légitimistes et républicains, ennemis du nouveau régime – Malgré la destitution de Charles X et l’intronisation de Louis Philippe I°, Paris restait toujours agitée. En effet, plusieurs courants d’opposition n’acceptaient pas la prise de pouvoir du duc d’Orléans.

 

Les légitimistes, tout d’abord, n’appréciaient guère l’éviction du duc de Bordeaux, petit fils de Charles X. Ainsi, en vertu de l’acte d’abdication signé par le souverain déchu, Louis Philippe ne devait jouer qu’un rôle de régence, attendant la majorité de l’enfant.

Ayant évincé le jeune Henri d’Artois du trône (surnommé Henri V par les légitimistes.), le duc d’Orléans était donc considéré comme un usurpateur.

Par ailleurs, les légitimistes n’aimaient pas le nouveau souverain, qu’ils considéraient comme le fils d’un régicide (en effet, le père du roi des Français avait voté pour la mort de Louis XVI lors de la Révolution française.).

 

Les républicains, quant à eux, considéraient que la révolution n’avait apporté que bien peu de changements dans le monde politique. Ainsi, si les élites avaient été bouleversées suite aux émeutes (les partisans des légitimistes furent exclus de leurs charges.), nobles et bourgeois détenaient toujours le pouvoir.

 

            2° Les émeutes de la mi-février 1831 – Le 3 février 1831, dans un climat de troubles anticléricaux, un convoi funéraire fut organisé devant l'église Saint Germain l'Auxerrois. Les légitimistes, organisateurs de l'évènement, souhaitaient rendre hommage à Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry (ce dernier, fils cadet de Charles X, avait été assassiné dix années auparavant, dans la nuit du 13 au 14 février 1820[1].).

L'assassinat du duc de Berry.

Cependant, la cérémonie ne tarda guère à se transformer en une manifestation en faveur d’Henri d’Artois, comte de Chambord (autrefois duc de Bordeaux.), fils posthume du défunt (à noter qu’à cette époque, Henri avait accompagné son grand père en exil.).

L'église Saint Germain l'Auxerrois, par Claude MONET, 1867, Alte Nationalgalerie, Berlin.

 

Mais la foule qui se trouvait là ne tarda guère à envahir l’église, qui fut alors saccagée et pillée.

Le lendemain, les émeutiers s’inspirèrent des évènements de la veille, et s’attaquèrent à plusieurs églises de la capitale. Peu de temps après, des agissements semblables se déroulèrent en province.


Le gouvernement de Jacques Laffitte, résolument libéral, s’abstint d’intervenir, à l’instar d’Odilon Barrot, le préfet de Paris, et de Jean Jacques Baude, préfet de Police. Le général
Georges Mouton[2], qui avait remplacé La Fayette au poste de commandant de la Garde nationale, refusa lui aussi de mettre un terme aux émeutes.

Le général Georges Mouton.

 

Au final, le gouvernement ne décida pas de punir les émeutiers, mais bien l’archevêque de Paris, jugé coupable d’avoir autorisé se dérouler un tel office (à noter que quelques aristocrates légitimistes furent eux aussi interpellés.).

Par ailleurs, Laffitte proposa à Louis Philippe de supprimer les fleurs de lys de l’écusson royal, afin de plaire aux insurgés. Le roi des Français accepta alors d’effacer un blason presque millénaire, qui fut remplacé par un livre ouvert portant les mots « Charte de 1830. »

L'église Saint Germain l'Auxerrois (reconvertie en mairie suite aux évènements de février 1831.), par Auguste WYNANTZ, vers 1840, musée Carnavalet, Paris.

 

            3° Un Paris toujours agité, la chute de Laffitte (mars 1831) – Les députés du centre droit, menés par François Guizot, n’appréciaient guère que Louis Philippe, non content de ne pas punir les émeutiers, acceptait de les laisser faire.

Guizot lança alors le gant à Laffitte, le mettant au défi de dissoudre la Chambre des députés et de se représenter devant les électeurs. Le roi des Français, qui seul avait le droit de mettre en place une dissolution, préféra temporiser pour quelques temps (à noter que le préfet de la Seine et le préfet de Police furent destitués sur proposition du comte de Montalivet, ministre de l’Intérieur.).

 

Louis Philippe, plutôt que de limoger Laffitte, préféra que ce dernier démissionne de son plein gré. En mars 1831, le premier ministre proposa ainsi de mettre en place une intervention française en Italie (les révolutionnaires italiens qui souhaitaient unifier le pays étaient alors menacés par l’Autriche.), mais les membres du gouvernement repoussèrent les plans de Laffitte (nous reviendrons plus en détail sur l’insurrection italienne au cours du chapitre suivant.).

 

Ce dernier fut alors contraint de présenter sa démission le 13 mars. Le roi des Français, quant à lui, décida de nommer Casimir Perier au poste de premier ministre.

Casimir Perier.

 

            3° La conquête de l’Algérie, la création des Zouaves et de la Légion étrangère (mars 1831) – Comme nous l’avons vu au cours du chapitre précédent, les Français s’étaient emparés d’Alger le 4 juillet 1830.

Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont[3], qui commandait l’expédition, s’empara au cours de l’été de Bône, Oran et Blida.

Le comte de Bourmont.

 

Suite à la révolution de Juillet, le nouveau ministre de la Guerre, Maurice Etienne Gérard, communiqua les nouvelles de Paris au comte de Bourmont. Ce dernier, décidant de rester fidèle aux Bourbons, fut alors remplacé par le général Bertrand, comte Clauzel[4].

La conquête de l'Algérie.

 

a) La création des Zouaves (octobre 1830) : en octobre 1830, le nouveau commandant créa le corps des zouaves, formé de deux bataillons. Lors de la création de cette nouvelle unité, Clauzel s’était inspiré de la confédération tribale kabyle des Zouaouas, qui fournissaient des soldats aux Turcs avant la conquête d’Alger.

Le général Bertrand, comte Clauzel.

Ainsi, l’uniforme des zouaves, composé d’une chéchia, d’une veste courte, d’une large ceinture de toile et d’une culotte bouffante, était très similaire au style vestimentaire des populations kabyles de l’époque.

 

Veste turque (appelée aussi "sedria") d'un soldat de 1ère classe du 2ème régiment de Zouaves, Division d'Oran, 1910, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Toutefois, le général Clauzel accepta de céder les provinces d’Oran et de Constantine au bey[5] de Tunis, en échange de leur soumission à la France, ce qui ne fut guère apprécié à Paris.

Clauzel, rappelé par Louis Philippe, fut alors contraint d’abandonner son poste.

 

b) La création de la Légion étrangère (mars 1831) : peu de temps après, le maréchal Soult, alors ministre de la Guerre, invita Louis Philippe à mettre en place une nouvelle unité, exclusivement composée d’étrangers.

Le roi des Français, conformément aux engagements pris lors de la révolution de Juillet, qui stipulaient que seuls les Français pourraient intégrer l’armée, décida de créer la Légion étrangère.

Légionnaire (uniforme modèle 1831), musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Ce nouveau corps d’armée, composé d’étrangers (mais encadrés par des officiers français.), ne pouvait intervenir qu’à l’extérieur du territoire national (sauf en cas d’invasion.).

Sept bataillons furent alors créés, dans lesquels furent intégrés les Suisses, Allemands, Espagnols, Italiens, Belges et Polonais servant auparavant dans l’armée française.

 

Par la suite, les Français furent autorisés à s’engager à la légion étrangère ; toutefois, il s’agissait la plupart du temps d’éléments indésirables de la société française (criminels, immigrés, etc.).

A noter enfin qu’au cours de ses premières années d’existence, la Légion étrangère connut d’importantes difficultés (problèmes d’approvisionnement, manque d’équipement, formation sommaire, paye intermittente.). Ces problèmes entrainèrent ainsi d’importantes désertions, qui ne furent combattues qu’en imposant une discipline particulièrement stricte.

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[1] Pour en savoir plus sur l’assassinat du duc de Berry, voir le b), 3, section III, chapitre premier, les derniers Bourbons.

[2] Le général Mouton avait participé aux guerres de la Révolution française et de l’Empire (Iéna, Friedland, Wagram, etc.). Participant à la campagne de Russie puis aux Cent-Jours, Mouton fut contraint de s’exiler lors de la restauration.

[3] Ayant combattu au sein de la Grande armée, Bourmont avait trahi Napoléon en rejoignant Louis XVIII à Gand, peu de temps avant la bataille de Waterloo.

[4] Le général Clauzel avait participé aux campagnes d’Italie et d’Espagne sous l’Empire. Restant fidèle à Napoléon lors des Cent-Jours, Clauzel fut contraint de s’exiler aux Etats Unis lors de la restauration. Rentrant en France en cours d’année 1820, il fut élu à la Chambre des députés quelques années plus tard. 

[5] Les beys (il s'agissait d'un titre ottoman.) étaient en quelque sorte l’équivalent des préfets français.

 
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