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La Révolution française (1789 - 1799)

 

CHAPITRE DEUXIEME : Des Etats Généraux à l’Assemblée constituante (printemps à hiver 1789)

 

IV : Les journées du 5 et 6 octobre 1789

           

            1° Automne 1789, un Paris à nouveau agité – a partir du mois de septembre 1789, l’Assemblée constituante vota les premiers articles de la future constitution limitant le pouvoir royal.

Toutefois, si Louis XVI laissait faire les députés, il n’avait toujours pas validé les décrets concernant l’abolition des privilèges, la Déclaration des droits de l’Homme ou les premiers articles de la future constitution.

A la mi-septembre, le roi décida de faire venir à Versailles le régiment de Flandre[1]. Louis XVI argumenta que ces troupes avaient comme objectif de tenir l’ordre, de nombreuses émeutes ayant eu lieu en raison de la disette. En réalité, le roi de France savait que sa protection n’était plus assurée depuis la désertion des gardes-françaises.

Fusil et baïonnette des Gardes françaises, modèle 1777 (à gauche.), fusil d'officier des Gardes suisses, modèle 1777, musée des Invalides, Paris.

 

Mais de nombreux Parisiens acceptèrent mal certaines décisions de l’Assemblée au sujet de la future constitution : en effet, le roi recevrait un droit de veto ; en outre, le suffrage ne serait pas universel mais censitaire[2] (les députés, majoritairement nobles ou bourgeois, répugnaient à donner le droit de vote aux masses populaires, souvent illettrées et donc facilement manipulables.).

Plusieurs voix s’élevèrent contre ce procédé : Maximilien de Robespierre, député de l’Assemblée constituante ; Camille Desmoulins, qui argumenta qu’avec un tel système Jean Jacques Rousseau ou Pierre Corneille n’auraient pas pu voter ; et le médecin Jean Paul Marat, qui dans son journal L’Ami du Peuple, refusait que l’on supprime le droit de vote de certains citoyens en raison de leur pauvreté.

Maximilien de Robespierre, école française, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Jean Paul Marat, par Joseph BOZE, XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Les journées du 5 et du 6 octobre 1789, malgré les nombreux travaux d’historiens, recèlent encore aujourd’hui une importante part d’ombre. L’on estime toutefois que deux évènements majeurs déclenchèrent les émeutes : le piétinement de la cocarde tricolore par certains officiers du régiment de Flandres, suite à une soirée bien arrosée ; et la disette qui régnait dans Paris, l’approvisionnent de pain dans la capitale faisant défaut depuis quelques jours[3].

Le banquet des gardes du corps au château de Versailles le 1er octobre 1789, par Jean SORIEUL, milieu du XIX° siècle, musée Lambinet, Versailles.

 

A noter que plusieurs sources mentionnent Louis Philippe II, duc d’Orléans, comme responsables des émeutes d’octobre. Ce dernier avait déjà annoncé son intention de débourbonailler la France depuis maintenant plusieurs années[4].

La faction orléaniste, suspectée par La Fayette, accusa en retour le général d’avoir fomenté les troubles pour son profit personnel.

 

            2° La journée du 5 octobre – Le 5 octobre 1789 dans la matinée, les Parisiens furent invités à se rassembler sur la place de l’Hôtel de ville. Le général La Fayette, commandant de la Garde nationale, fut alors chargé de se rendre auprès du roi afin de réclamer du pain et le retrait du régiment de Flandres.

La Fayette, s’entretenant avec Bailly, maire de Paris, refusa de se rendre à Versailles. Vers midi, il accepta néanmoins d’envoyer un message à Louis XVI afin de l’informer de la situation.

Habit de garde national et bicorne, copie ancienne, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Un groupe de femmes se trouvant là refusèrent d’attendre la réponse du roi, et décidèrent donc de se rendre à Versailles sans plus attendre. Après quatre heures de marche, marchant sous la pluie, les Parisiennes arrivèrent finalement sous les grilles du château. Alors qu’un petit groupe se rendait à l’Assemblée constituante afin d’y faire une déclaration, un premier affrontement se déroula à coup de pierres entre les femmes et les gardes de Versailles.

La marche des femmes vers Versailles, anonyme, 1789, musée Carnavalet, Paris.

 

Louis XVI, qui avait été prévenu alors qu’il chassait, rentra à Versailles en toute hâte. Le commandant des gardes du corps décida alors de laisser passer une délégation, composée de six femmes désarmées.

A 17h30, des députés de la constituante s’entretenaient avec Louis XVI, l’exhortant à accepter les décrets votés depuis l’été. Le souverain leur demanda alors d’attendre, afin de pouvoir recevoir les femmes.

Le roi de France, touché par la détresse des Parisiennes, accepta alors de distribuer de la farine dans la capitale. Les femmes se retirèrent soulagées, criant vive le roi !

 

Dans la soirée, Louis XVI reçut les députés, acceptant de promulguer les décrets et de ne pas se séparer de l’Assemblée constituante.

Billet de Louis XVI acceptant la Déclaration des droits de l'Homme et les premiers articles de la constitution de 1791, musée des Archives Nationales, Paris.

A la nuit tombée, le roi de France reçut aussi la visite de La Fayette, qui avait finalement décidé de se rendre à Versailles. Ce dernier fut toutefois accueilli plutôt froidement, la Cour craignant que le général ne marche dans les pas d’un Cromwell[5].

 

            3° La journée du 6 octobre – Alors que le calme semblait être rétabli, l’armée des Parisiens arriva après minuit à Versailles. Vers six heures du matin, les insurgés décidèrent alors d’envahir le château[6].

 

Alors que les émeutiers cherchaient la chambre de la reine, tuant deux serviteurs, Marie Antoinette, réveillée en sursaut, se réfugia alors dans les appartements du roi. Au même moment, la foule massée sous les murs du château acclamait le duc d’Orléans.

La Fayette, apprenant ce qui s’était passé pendant la nuit, se rendit en toute hâte auprès du roi. Toutefois, alors qu’il approchait de sa destination, il constata qu’une importante foule avait investi le château de Versailles.

 

La foule, insultant la reine, réclama que le roi se rende à Paris. Le couple royal, accompagné par La Fayette, se rendit alors au balcon, parvenant tant bien que mal à calmer les insurgés.

Louis XVI, après avoir longtemps hésité, accepta finalement de se rendre à Paris.

Le roi et la famille royale arrivant à Paris, le 6 octobre 1789, par Pierre Gabriel BERTHAULT, musée Carnavalet, Paris.

 

Dans l’après midi, la famille royale arriva à finalement dans la capitale. Le roi de France fut alors accueilli par Bailly, qui lui remit les clefs de la ville sous les acclamations des Parisiens.

La famille royale s’installa alors aux Tuileries, palais parisien érigé au XVI° siècle.

 

            4° Bilan des journées d’octobre – Contraint de s’installer en plein cœur de Paris suite aux journées d’octobre, Louis XVI s’en retrouva grandement affaibli.

En effet, Louis XIV avait fait en sorte de s’installer à Versailles afin d’être à l’abri des mouvements d’humeur de la capitale, et aussi afin d’avoir une plus grande liberté d’action. Autant de problèmes auxquels fut confronté Louis XVI à partir de l’automne 1789.

 

A noter que l’Assemblée constituante fut elle aussi déplacée à Paris, le 12 octobre. Les députés s’installèrent alors aux Tuileries, dans la salle du Manège ; quant au duc d’Orléans, menacé par La Fayette, il décida alors d’émigrer à Londres (il revint en France l’année suivante.).
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[1] Le régiment de Flandres faisait partie des dix plus vieux régiments de France, né à la fin du XVI° siècle. Renommé 19° régiment d’infanterie en 1790, il fut dissous en 1998.

[2] Seuls les citoyens actifs avaient le droit de vote : ces derniers devaient être de sexe masculin, avoir au moins 25 ans, être installé dans un canton depuis un an, et payer un cens équivalent à trois jours de salaire. En 1791, il y avait un peu moins de cinq millions de citoyens actifs (soir 60% de la population masculine et 15% de la population française.). 

[3] A noter que cette disette semble avoir été organisée (mais par qui ?), la récolte de septembre 1789 ayant été bonne.

[4] Pour en savoir plus sur les premiers mouvements de contestation du duc d’Orléans, voir le 3, section I, chapitre premier, la Révolution française.

[5] L’Anglais Olivier Cromwell, suite à la mort du roi d’Angleterre Charles I° (janvier 1649.), proclama la république en mai, s’emparant ainsi du pouvoir.

[6] Les raisons de l’ouverture des grilles restent floues aujourd’hui. S’agissait-il de corruption, séduction, ou bien d’une mauvaise relève de la garde ?

 
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