Les dernières années du règne de Louis XI furent les plus calmes que ce souverain ait connues. Cependant, bien que débarrassé des grands féodaux et de son rival bourguignon, le roi de France conserva néanmoins une diplomatie toujours très active.

Louis XI vieillard, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

1° Louis XI et les souverains d’Espagne – Comme nous l’avons vu précédemment, Louis XI était intervenu avec plus ou moins de succès dans le conflit entre les villes de Catalogne et le roi d’Aragon Jean II.

Finalement, après moult péripéties, le roi de France signa en novembre 1478 un traité de paix avec Jean II et son fils Ferdinand, roi de Castille.

Cependant, peu de temps après, en janvier 1480, Jean II mourut. Dès lors, Ferdinand s’empressa de revendiquer le trône de son père.

Cependant, la Navarre échut à François Phoebus, fils de Gaston V de Foix et de Madeleine, sœur de Louis XI, arrière petit fils de Jean II.

2° Louis XI et l’héritage du roi René – En juillet 1474, René d’Anjou, sentant ses derniers jours arriver, avait décidé de rédiger son testament. A cette époque, les fils du duc d’Anjou étant tous décédés, ce dernier décida de scinder ses biens en deux parties.

Diptyque des Matheron (représentant René d'Anjou et sa seconde épouse Jeanne de Laval), par Nicolas FROMENT, vers 1475, musée du Louvre, paris.

Il légua la Lorraine à René II, fils de Ferri de Vaudémont et de Yolande (fille de René d’Anjou.) ; l’Anjou et la Provence revinrent à son neveu Charles V, fils de son frère Charles IV, comte du Maine.

Louis XI, étant lui aussi neveu de René d’Anjou (sa mère Marie d’Anjou était la sœur ainée de René.), fut fort courroucé de ne rien recevoir de la part de son oncle.

Le roi de France dut donc une nouvelle fois user de ruse pour parvenir à ses fins.

Au cours de la guerre de Bourgogne, René d’Anjou eut l’imprudence de se révéler favorable à Charles le Téméraire, ce que Louis XI ne tarda guère à lui faire payer le prix fort.

Convoqué devant le Parlement de Paris en avril 1476 pour haute trahison et crime de lèse majesté, René d’Anjou s’empressa de mettre fin à son alliance avec la Bourgogne.

Puis, en mai 1476, l’oncle et le neveu se rencontrèrent à Lyon afin de négocier les clauses d’un nouveau testament.

Au final, il fut conclut que René II conserverait la Lorraine, et que Charles V recevrait le Maine, l’Anjou et la Provence (le testament rentra en application en juillet 1480, à la mort de René d’Anjou.).

Cependant, Charles V étant de santé fragile, il mourut en 1481, sans descendance, léguant à Louis XI tous ses Etats, ainsi que le titre de roi de Naples.    

Le royaume de France en 1483.

Quant à Marguerite d’Anjou, épouse de feu Henri VI et dernière fille de René d’Anjou, elle ne reçut rien. Abandonné de tous, elle fut recueillie par François de Vignoles, un gentilhomme angevin qui l’hébergea dans son manoir de Dampierre.

3° Louis XI et les derniers féodaux récalcitrants – En début d’année 1481, le roi de France fit enfermer René d’Alençon (fils de Jean II d’Alençon.) dans une de ses cages de fer. En effet, ce dernier, à l’instar de son père, ne cessait de conspirer contre le roi de France.

Le duc de Bretagne François II, quant à lui, ne portait pas Louis XI dans son cœur, mais ne pouvait pas non plus se révolter sans recevoir le soutien d’autres grands féodaux.

N’ayant qu’une fille, Anne, comme seule héritière, le duc de Bretagne se rapprocha donc d’Edouard IV et de Maximilien.  

4° Louis XI et l’héritage bourguignon – En mars 1482, la question de succession de Bourgogne prit un nouveau tournant, avec la mort de Marie (cette dernière était décédée des suites d’une chute de cheval.).

La mort de Marie de Bourgogne, par Camille VAN CAMP, 1878, musée d'Art et d'Histoire, Bruxelles.

De l’union de Marie et Maximilien étaient nés deux enfants, Philippe le Beau et Marguerite.

Portraits de Maximilien I° et de Marie de Bourgogne, école flamande, fin du XV° siècle, musée des Arts décoratifs, Paris.

Cependant, comme les enfants étant encore mineurs, Maximilien reçut la régence du duché de Bourgogne.

Louis XI décida alors de régler la question de l’héritage bourguignon.

C’est ainsi que fut signé le traité d’Arras, en décembre 1482,

Le roi de France conservait le duché de Bourgogne ; le dauphin Charles, bien qu’étant fiancé à Elizabeth d’Angleterre, devait épouser Marguerite qui lui apporterait en dot la Franche Comté et l’Artois ; René II la Lorraine, et Sigismond l’Alsace. Maximilien, archiduc d'Autriche, recevait les Pays Bas au nom de son fils, Philippe le Beau.

Cependant, ce nouveau découpage géographique entraîna bien des conflits dans les siècles à venir entre les principales nations d’Europe[1].

L'Autriche à l'aube de l'époque moderne (1507).

Quant à Edouard IV, apprenant la signature du traité d’Arras, il rompit son alliance avec le roi de France et entreprit des préparatifs militaires en vue d’un débarquement sur le continent. Cependant, sa mort en avril 1482 mit fin à cette nouvelle menace.

5° Les dernières heures de Louis XI (août 1483) – En août 1483, Louis XI, atteint d’hydropisie, montra des signes de faiblesses. Ses médecins ne lui cachèrent pas la gravité de son état.

Portrait de Louis XI vieux.

Dans les derniers jours de sa vie, enfermé dans son château de Plessis-lès-Tours, le roi de France prodigua divers conseils d’ordre politique à son gendre Pierre de Beaujeu (ce dernier devait régner en attendant la majorité du dauphin Charles.).

Le château de Plessis-lès-Tours, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Décédant le 30 août 1483, Louis XI fut enterré peu de temps après dans l’église Notre Dame de Cléry, dans l'actuel département du Loiret[2].