Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Alesia

 

CHAPITRE PREMIER : La thèse officielle, Alésia se situe à Alise Sainte Reine

 

III : Examen critique de la position officielle

         

Loin d’être la référence absolue le site d’Alise-Sainte-Reine présente des faiblesses non élucidées. Leur nature est à ce point irréelle qu’on hésite d’abord à les admettre pour ce qu’elles sont : d’incroyables errements auxquels on ne sait trop quel nom donner. Bien que leur simple énoncé paraisse difficilement plausible il faut pourtant les prendre en compte, en particulier :

- Le recours à des traductions erronées ou détournées de leur sens ;
- La déformation volontaire de textes et de documents ;
- Le trouble résultat des fouilles ;
- Les impossibilités géographiques et leurs conséquences cruciale ;

- Les carences inexpliquées de la datation.

 

1° Des traductions erronées ou détournées – Dans la recherche historique, l’interprétation des textes anciens est une source fréquente de polémiques insolubles. Les trois exemples cités ici n’acceptent, eux, aucune interprétation. Ce sont des règles élémentaires de linguistique ou de grammaire qui condamnent le site d’Alise-Sainte-Reine ou mènent aux plus improbables inventions.

a) La similitude supposée des deux noms, Alise et Alésia : Eric d’Auxerre écrit au IXème siècle, des centaines d’années après la conquête de la Gaule, un poème à la gloire de Sainte Reine, patronne d’Alise. Exercice de style de l’époque, il veut associer un événement connu à la ville qu’il célèbre. Il écrit qu’Alise est Alésia et en fait une défaite de César. Peut-il faire autorité ?  Evidemment non, mais la tradition l’invoque et l’interprétation, même peu rationnelle[1], est libre. La suite est autrement décisive.

On trouve en 1839 sur le site le mot « Alisija » sur une plaque de marbre datée du 1er siècle après Jésus-Christ. Il figure dans un texte gaulois écrit en caractères latins dont la traduction est hypothétique. Bien que les graphies Alisija et Alise concordent parfaitement il est pourtant affirmé qu’Alisija signifie Alésia. Pourquoi ce é arbitraire à la place du i ?

De nombreux objets gallo-romains d’après la conquête (monnaies, médailles…) portent le radical « alis.» Il est considéré que tous ces « alis » prouvent que le site est Alésia.

 

Ainsi, plus on trouve de preuves que le nom du site s’écrivait Alisia, plus on veut imposer qu’on lise Alésia. C’est non seulement illogique mais surtout cette étymologie est scientifiquement indéfendable ; outre qu’aucun auteur antique n’a jamais écrit « Alisia,» le « é » d’Alesia est un « é long » en latin comme en grec ; en linguistique latine, un tel « é long » ne peut jamais devenir un « i.» La forme « Alésia » ne peut pas être confondue avec « Alisia. » Il s’agit d’une règle formelle, non d’une interprétation. La ressemblance des noms n’est qu’apparente. Elle n’a aucune valeur de preuve. Rien ne permet de faire venir le nom d’Alise de celui d’Alésia. A ce titre Alise-Sainte-Reine n’a rien à voir avec l’antique Alésia

 

b) La localisation de l’Alésia antique selon les textes : pour les auteurs anciens, dont César, l’Alésia antique est dans le Jura.

Pour trouver Alésia, César et son armée vont « in Sequanos.» Traduction de in + accusatif avec un verbe de mouvement : « chez les Séquanes.» Or les Séquanes sont dans le Jura, alors qu’Alise-Sainte-Reine est en Bourgogne chez les Eduens.

De plus tous les historiens grecs dont Plutarque, le mieux renseigné, écrivent également que l’Alésia antique était chez les Séquanes. A elles seules ces affirmations répétées interdisent qu’elle soit en Bourgogne et condamnent le site d’Alise-Sainte-Reine.

 

Pour le permettre quand même, on ne tient aucun compte des Grecs et on change la traduction de César en « vers les Séquanes.» On peut alors le faire s’arrêter en Bourgogne avant d’arriver chez les Séquanes et le voilà bien devant Alise-Sainte-Reine. Pour tout latiniste cette traduction est erronée, il faut mettre « chez.» Des centaines de cas identiques le prouvent. Seul cas (rarissime) où « in » pourrait être traduit avec un verbe de mouvement non par « chez » mais par « vers », celui où il est impossible d’atteindre l’objectif. Ce n’est évidemment pas le cas ici parce que César atteignit réellement Alésia[2], où qu’elle fût.

 

Le grand latiniste Jérôme Carcopino[3] n’accepte pas cette faute de grammaire (vers au lieu de chez). Il rétablit la bonne traduction et pour lui César va bien chez des Séquanes mais à Alise-Sainte-Reine (dont il est partisan) parce qu’il imagine qu’un jour certains de ceux-ci ont dû s’y installer. C’est pure invention, il n’y a trace nulle part de cette migration et jamais personne d’autre n’a cru pareille histoire. Un savant, et des plus grands, s’en est remis à une hypothèse de pure imagination faute de pouvoir tricher avec une règle de grammaire.

La règle de grammaire s’impose donc : César va chez les Séquanes et Alésia est dans le Jura.

 

En effet, César précise que l’Alésia antique n’est pas en Bourgogne.

Alésia prise, César dit se mettre en route pour aller chez les Eduens. Si Alésia est Alise-Sainte-Reine, comme Alise-Sainte-Reine est en Bourgogne et que la Bourgogne est le pays des Eduens, la phrase de César n’a aucun sens… sauf évidemment si l’Alésia antique n’est pas en Bourgogne. C’est encore une réfutation directe de l’hypothèse officielle.

 

Comment faire ?  On prend les Mandubiens[4], peuplade dont on ne sait que deux seules choses : ils vécurent dans l’Alésia antique et y moururent de faim entre les lignes. Malgré cela on leur attribue un territoire copié sur un diocèse du haut Moyen Age pris sur le territoire voisin des Lingons. A la chute d’Alésia, on soumet ces Mandubiens à l’autorité de ces derniers puis finalement à celle des Eduens. Il en résulte qu’Alise-Sainte-Reine serait devenue éduenne bien après la conquête romaine. Avant celle-ci, Alise-Sainte-Reine n’aurait donc pas été chez les Eduens et César, en quittant cette inconstante Alésia aurait pu se rendre chez eux en toute logique. En toute logique ?

 

Une peuplade massacrée des siècles avant la christianisation aurait occupé le territoire d’un diocèse du Moyen Age. Elle serait ensuite passée sous des dominations successives selon une chronologie et des raisons imaginaires, pour finalement ne pas être chez les Eduens tout en restant en Bourgogne. Pour sauver le site officiel on invente l’Histoire. Voilà qui ne peut rien changer à ce que dit César : l’Alésia antique n’est pas en Bourgogne, ce n’est donc pas Alise-Sainte-Reine.

 

c) La durée d’une étape décisive : Marchant vers l’Alésia antique, César livre un combat de cavalerie dans une plaine. Il écrit qu’en en partant il atteint l’Alésia antique « altero die » ce qui se traduit par « le jour suivant.» Or aux environs d’Alise-Sainte-Reine il n’y a pas de plaine correspondant au texte de César à moins de deux jours de marche : ce texte aussi s’oppose donc à la thèse officielle.

 

Des partisans[5] de cette thèse ont traduit « altero die » par « le surlendemain » ce qui donne les deux jours nécessaires. Ils précisent que dans une énumération « altero die » peut signifier « le surlendemain.» Mais ici c’est impossible car il n’y a pas d’énumération et le traducteur qui a par définition le texte en main le sait obligatoirement. Il n’a pas le droit d’invoquer une énumération quand il voit qu’il n’y en a pas. Cet ouvrage est d’ailleurs le seul à donner cette traduction fausse mais favorable à Alise-Sainte-Reine. Notons enfin que dans un autre texte[6] César utilise indifféremment « altero die » (le jour suivant) et « postero die » (le jour d’après) pour indiquer une même date.

 

Toute confusion est donc impossible. La seule traduction est « le jour suivant.» Il n’y a pas de place à Alise-Sainte-Reine pour le combat de cavalerie qui précéda de vingt-quatre heures le début du siège de l’Alésia antique.

 

d) Commentaire sur ces traductions détournées de leur sens : ces quelques lois linguistiques et les textes grecs sont autant de réfutations d’Alise-Sainte-Reine. Elles interdisent explicitement que le nom Alésia puisse donner Alise, imposent qu’Alésia soit dans le Jura, proscrivent qu’elle soit en Bourgogne. Les conséquences d’une localisation faite sans analyse critique préalable des textes les plus simples et les plus accessibles condamnent à inventer l’histoire ou refaire la grammaire.

 

Les travaux de M. Michel Reddé ne traitent tout simplement pas ces points et reprennent la fausse traduction de « chez » par « vers » et l’énumération imaginaire qui accorde les deux jours nécessaires pour atteindre l’Alésia antique[7]. Ces fautes patentes sont nécessaires à la thèse officielle et la condamnent. Dans le domaine de ces textes essentiels, si le débat est clos, ce n’est pas en faveur des travaux de M. Michel Reddé ni de la direction de l’archéologie.

 

2° La déformation volontaire de textes et de documents – Nous avons vu des déformations portant sur la langue latine. Ce procédé s’étend de façon plus large à des textes entiers. Elle atteint même les propres écrits de M. Michel Reddé.

 

a) « La réalité des descriptions littéraires antiques[8] » : ce sont ses propres textes que M. Michel Reddé interprète librement. Il note dans son rapport qu’un fossé de 20 pieds situé à 120 m des retranchements selon César est pour lui à plus de 600 m et qu’il ne fait pas les 20 pieds annoncés ; que les pièges n’ont jamais été trouvés dans le bon ordre ; ajoutons qu’il sont souvent différents de ceux décrits par César ; que les distances entre les tours (systématiquement 24 m selon César) varient de 15 à 57 m ; que l’implantation des camps qu’il propose est dans la majorité des cas en opposition avec les textes ; bref, que rien ne correspond. De ces constatations et d’autres comparables écrites par lui-même il tire une conclusion imprévisible : « La fouille d’Alésia permet de saisir concrètement la réalité des descriptions littéraires antiques » ce qui veut dire en bon français que les fouilles correspondent aux textes. Il vient pourtant de démontrer le contraire.

 

Sa conclusion est évidemment illogique. Elle veut déguiser une réalité inconciliable avec les thèses officielles. Cette petite rouerie étonne tout lecteur un peu vigilant. Ce n’est évidemment pas un délit, juste un indice personnel intéressant.

Sur le plan archéologique c’est tout autre chose. Cette bénigne conclusion est précédée de la reconnaissance officielle d’une série irréfutable de différences marquantes entre le site d’Alise-Sainte-Reine et les descriptions de César[9]. C’est exactement ce que disent les adversaires du site depuis l’origine. Cette reconnaissance avouée établit de la meilleure façon que ces fouilles ne prouvent rien et qu’Alise-Sainte-Reine n’est donc très probablement pas l’Alésia antique.

 

b) Des mesures qui ne se retrouvent pas dans les plans[10] : M. Michel Reddé indique dans le rapport de fouille la longueur des retranchements de César. Sur un plan, il les trace en harmonie avec ce qu’il affirme en être les restes. Or en relevant la longueur de ses tracés on obtient un résultat différent de celle annoncée (enceinte intérieure : César, 15 km - sur le plan, 12 ; enceinte extérieure : César, 21 km - sur le plan, 15). L’écart total est de 9 km en moins sur les 36 donnés par César soit un quart, ce qui est considérable[11].

 

M. Michel Reddé se réfère aux chiffres de César mais, sans le dire, ne les reproduit pas dans son tracé : il commet une tromperie dans un document officiel et surtout reconnaît ainsi qu’il ne peut pas situer les travaux de César à Alise-Sainte-Reine sans les « arranger.» Il ne prouve qu’une chose : ces restes d’ouvrages ne sont pas ceux de César.

 

c) Des changements de manuscrits[12] : une traduction[13] de César utilise de bout en bout les manuscrits jugés les meilleurs (dits « alpha ») sauf pour un passage où elle est la seule connue à s’appuyer sur des manuscrits de second rang (dits « béta ») sans le justifier. Pour tout chercheur ce passage est donc à éviter. C’est pourtant dans ce texte mal choisi que M. Michel Reddé va chercher des chiffres diminuant la dimension des retranchements, ce qui les rend un peu moins irréels à Alise-Sainte-Reine et un peu moins favorables au site du Jura. M. Michel Reddé n’a pas faussé lui-même cette traduction mais il sait professionnellement qu’elle est erronée. Il l’utilise quand même.

 

d) Commentaire sur ces déformations des textes et des documents : M. Michel Reddé tire une conclusion sans fondement de faits réels qu’il confirme en voulant les nier, avouant ainsi que ses fouilles contredisent César ; il annonce des chiffres et en reporte d’autres sur ses plans ; il choisit une traduction provenant de manuscrits qui ne font pas référence… La rigueur nécessaire à toute recherche est totalement absente de ces pratiques. Ce sont purement et simplement des fraudes. Ce n’est pas ainsi qu’un site peut être scientifiquement prouvé.

 

3° Le trouble résultat des fouilles – La direction de l’archéologie actuelle se présente en continuatrice des travaux menés depuis Napoléon III. Ceci n’est pas sans risques car il pèse plus que des doutes sur l’authenticité des découvertes faites sur le site d’Alises Sainte Reine. 

 

a) Objets précieux, monnaies, poteries : il fut prouvé que le statère d’or dit de Vercingétorix avait été trouvé non lors des fouilles d’Alise-Sainte-Reine mais à Pionsat (Puy de Dôme) et acheté lors d’une vente publique ; le canthare d’argent serait de l’époque de Néron. La reconnaissance officielle de ces anomalies compromet évidemment les autres résultats. Qu’on en juge : 

Chose invraisemblable, les monnaies gauloises découvertes venaient de toute la Gaule, y compris, et en quantité, des tribus qui n’avaient pas participé aux combats ; de plus, elles étaient réparties en grand nombre et par paquets sur 500 mètres de fossé et seulement là alors qu’elles devraient normalement être dispersées et réparties sur tout le périmètre ; quelles interventions peuvent expliquer ce phénomène étrange ?

Mieux encore : les monnaies romaines remontent jusqu’à deux siècles avant le siège. On aurait donc payé les soldats avec des pièces qui n’avaient plus cours. Où les aurait-on prises ?  Et pas une seule ne date de –52, année du siège.

Autre étrangeté : Dans ces armées, l’essentiel des récipients de toutes natures étaient en terre cuite. Il en aurait été trouvé des quantités lors des fouilles de Napoléon III mais tout a disparu depuis, ce qui n’est pas expliqué de façon convaincante. Par la suite il n’a été trouvé à Alise-Sainte-Reine aucun tesson daté sûrement de l’époque de la conquête romaine.

 

b) Les armes : des ouvriers ont témoigné à l’époque qu’ils avaient trouvé des armes empaquetées « ramassées par brassées. »

Elles sont enfermées dans les réserves du Musée de Saint Germain et inaccessibles au public depuis des dizaines d’années. Les demandes d’examen restent sans suite ;

Les ouvrages et articles sur le sujet, nombreux, n’en donnent jamais de photographies ;

Et pour cause : on sait de façon certaine, la démonstration en avait été faite dès l’époque de Napoléon III par comparaison avec des armes antiques et médiévales de musées allemands, que la typologie de ces armes exclut une attribution au 1er siècle avant Jésus-Christ : elles remontent à l’âge du Bronze ou aux Mérovingiens…

 

c) Les fonctions religieuses de l’Alésia antique : des textes grecs présentent Alésia comme une métropole religieuse révérée de tout le monde celte. A Alise-Sainte-Reine il n’y a aucune trace de lieu de culte celte. Ces mêmes textes grecs précisent que l’Alésia antique était enclose d’énormes remparts très anciens « édifiés par Hercule,» formule utilisée ordinairement par les Grecs pour désigner des murs que nous appelons « cyclopéens » sans plus d’arguments que leur monstruosité. On peut douter que de telles constructions aient pu disparaître au point de ne laisser nul vestige. Or il n’y en a pas trace à Alise-Sainte-Reine.

 

d) Les vestiges d’ouvrages militaires : ils sont réels, nombreux, souvent confus et leur interprétation a beaucoup varié.

Les fossés découverts présentent un aspect disparate : des emplacements, des largeurs et des profondeurs sans commune mesure ni entre elles ni avec le texte très précis de César. Le contraire en serait étonnant : entre 21 et 356 après Jésus Christ, Alise-Sainte-Reine a été assiégée sûrement quatre fois et peut-être six, d’où des restes de fossés, de tranchées et de remparts de tailles et de directions variées et peu conciliables entre eux, sans compter de nombreux fossés de drainage parfois confondus avec des ouvrages militaires.

 

Cette multiplicité d’éléments permet de dire qu’Alise-Sainte-Reine a été le lieu de plusieurs combats. Elle ne permet pas d’affirmer que l’un d’entre eux se serait déroulé à l’époque de César. Nous avons vu plus haut que M. Michel Reddé lui-même souligne les écarts manifestes entre ces vestiges et le texte de César, sans expliquer pourquoi il n’en tient pas compte.

Il déclare ailleurs que « L’archéologie montre à l’évidence que cette description - celle de César - ne correspond pour l’instant à aucun des secteurs explorés : les systèmes défensifs romains varient d’une ligne à l’autre, d’un point à l’autre du site, parfois à des centaines de mètres de distance[14].» Après cette rafale d’aveux, comment ne pas reconnaître que ces restes ne sont pas ceux des travaux de César ?

 

e) L’indigence des dernières découvertes : des fouilles très importantes menées avec des moyens ultramodernes de 1991 à 1997 auraient dû rapporter beaucoup plus que celles fragmentaires de Napoléon III. Celles-ci avaient été très riches, on l’a vu. On aurait dû multiplier les trouvailles en élargissant le périmètre et en utilisant des moyens plus puissants. M. Reddé se sent donc obligé d’affirmer que la densité des objets trouvés est « comparable » et il cite : « Une série de tessons d’amphores, un boulet de pierre, quatre pointes de flèches, trois traits, un fragment d’épée et quelques menus objets[15].» S’y ajoutent les restes d’une lance et trois balles de fronde.

 

Il saute aux yeux que ces quantités n’ont rien de « comparable » aux centaines d’armes et de monnaies trouvées par Napoléon III. On allègue la récupération systématique des moindres morceaux de métal sur les champs de bataille : comment expliquer alors la présence de plusieurs centaines d’armes (cachées depuis) en parfait état dans un seul fossé ?  Et les nombreuses monnaies trouvées sur place n’auraient-elles pas dû être récupérées avant toute autre chose ?  Qu’il se trompe ou veuille tromper, M. Reddé ne fait pas là œuvre scientifique désintéressée : il voudrait cacher qu’il n’a à peu près rien tiré de ses longs, énormes et coûteux travaux et que leur résultat est d’une exceptionnelle indigence.

 

f) Commentaire sur le trouble résultat des fouilles : Napoléon III aurait eu la chance de tomber sur la seule zone intéressante ?  L’aurait-on aidé ?  La question est devenus presque secondaire tant la réponse est probable. Il y a au moins une fraude établie (le statère) et nombre d’objets suspects, des monnaies anachroniques et inexplicables aux armes cachées et aux poteries perdues. Les lieux de culte celtes sont absents, les murs cyclopéens aussi. Quant aux retranchements mêlés de plusieurs sièges, on ne voit pas ce qui en distinguerait certains comme assurément attribuables à César alors qu’il est reconnu qu’ils ne sont ni aux emplacements décrits ni aux dimensions précisées.

Les fouilles d’Alise-Sainte-Reine ne renforcent en rien la thèse officielle, elles l’affaiblissent.

 

4° Les impossibilités géographiques et leurs conséquences cruciales –

 

a) Présentation générale - un site contraire à tout ce qui est connu d’Alésia : Les textes latins et grecs décrivent de façon détaillée le site de l’Alésia antique en insistant sur les points qui intéressent les actions militaires. Ces données sont résumées dans le tableau suivant dont nous verrons plus loin comment il a été établi. Il permet d’apprécier si le site d’Alise-Sainte-Reine correspond de près ou de loin aux informations transmises par ces auteurs.

Géographie d’Alesia selon les textes

Géographie d’Alise Sainte Reine

A proximité de la Province Romaine A plus de 250 km

Barrant le passage et imposant un siège

Aisément évitable, aucun obstacle autour

A une ½ étape d’une plaine (1er combat)

A 60 km d’une plaine, donc bien trop éloignée

Sur une hauteur élevée

S’élève au maximum de 150 m

Cernée à son pied même par deux rivières A distance, deux ruisseaux et une rivière

Autour, des collines très rapprochées

Collines les plus proches à 1,5 km

Des pentes abruptes

Une pente uniformément douce

Devant, une plaine de 4,5 km de long enclavée par des collines

Partout une vaste plaine nullement enclavée

Au Nord, une colline imposante. Vers le sommet un camp romain placé de façon décisive

Au Nord une plaine où monnaies et armes devaient prouver la présence d’un camp romain qui pourtant ne peut être qu’en hauteur

Des escarpements escaladés par les Gaulois pour attaquer ce camp

Aucun escarpement à escalader, et pourquoi escalader si le camp est en plaine ?

De formidables remparts jugés très anciens dès l’Antiquité.

Un mur fortifié gaulois au mieux antérieur de peu à –52, donc récent pour l’époque.

Un périmètre de l’ordre de 15 km

Un périmètre de 7 à 8 km

Abritant en plus de ses habitants 90 000 hommes, 15 000 chevaux, du bétail, des provisions, des prés… Manœuvres possibles.

Abritant au mieux 40 000 hommes sans approvisionnements et ne pouvant aucunement manœuvrer (entassement).

D’importantes ressources en eau

1 source, ruisseaux tenus par les Romains

Le relief naturel accentué limite de beaucoup la dimension des retranchements romains

Le sol plat devant être entièrement enclos les travaux sont incompatibles avec les effectifs

 

Quand on reprend le tableau ligne à ligne non seulement les différences sont évidentes mais surtout apparaissent des impossibilités logiques ou techniques :

Il doit y avoir une grande colline au nord, c’est une plaine ;

Lors des combats, les Gaulois doivent escalader des escarpements, il n’y en a pas ;

Etablir sur ce terrain plat et ouvert un double retranchement (un travail pharaonique de 36 km de long) absorberait pendant le mois et demi disponible, le calcul a été fait, un effectif au moins de moitié supérieur à celui de l’armée de César ;

Concilier les manœuvres militaires décrites par les textes et une topographie à ce point différente de ceux-ci mène à des impossibilités. L’exposer entraînerait ici de trop longs commentaires. Notons seulement que César écrit que pour attaquer son camp Nord, les Gaulois escaladèrent des pentes abruptes. Il fut pourtant situé en plaine et ce fut la thèse officielle un siècle durant.

 

b) Le déplacement d’un camp romain et ses conséquences : les soldats romains ne restaient pas jour et nuit sur leurs retranchements, ils étaient répartis dans des camps. Leur implantation à Alise-Sainte-Reine est un florilège d’impossibilités (lieux, dimensions…). C’est ainsi qu’à grand renfort d’affirmations dogmatiques, le camp romain évoqué ci-dessus fut situé en un lieu d’une éclatante invraisemblance. Cette « interprétation » étant enfin avouée pour intenable, il fallut le déplacer vers un lieu qui n’est guère meilleur, mais ce n’est pas là sa pire difficulté : ce changement officiel a une conséquence redoutable : rendre encore plus litigieux le produit des fouilles. C’est en effet au premier emplacement supposé et uniquement là, que furent trouvées armes, poteries et monnaies. Comment expliquer cette abondance en un endroit reconnu enfin comme étant hors des lieux avérés des combats sans évoquer une fraude générale ?

 

- La congeries armorum : pour esquiver la question on invoque[16] un rite barbare ou celte, la congeries armorum qui consistait à rassembler sur le lieu même des combats les armes des vaincus.

La description de ce rite ne figure jamais dans César, pas plus que le mot. On n’imagine pas les soldats romains de cette époque pratiquer ce rite inconnu ; devant le total imposant des monnaies on ne peut pas imaginer non plus que les cavaliers germains de César aient pu l’imposer, privant ainsi les légionnaires de tout ou partie de leur butin ;

Cette congeries n’aurait pas été réalisée sur le lieu des combats car en déplaçant le camp on déplace aussi l’affrontement qui lui est lié. Il aurait fallu après la bataille rapporter les armes du lieu des combats vers ce point et les y éparpiller en petits tas : voilà qui aurait été doublement contraire à la nature même du rite.

Enfin celui-ci aurait été exécuté avec un soin tel qu’il aurait inclus jusqu’aux débris de poteries : comme c’est là qu’on les a trouvés (avant de les perdre…) alors que rien ne le justifie, il faut bien croire qu’ils ont été apportés avec les autres vestiges pour célébrer le rite. Voilà qui est proprement impensable.

 

- L’adieu aux armes : cette hypothèse déjà bien faible se complique d’une autre : voici que les armes ne proviendraient plus du siège d’Alésia. Des propos alambiqués le laissent entendre[17] pour éliminer, habilement croit-on, les doutes qu’elles provoquent depuis toujours et les impossibilités que le déplacement du camp rajoutent encore. Cette élimination tourne au désastre : pourquoi les monnaies trouvées au même endroit et dans les mêmes conditions que les armes éliminées proviendraient-elles bien du siège, elles ?

 

c) Commentaire sur les impossibilités géographiques et leurs conséquences : petite colline isolée dominant un paysage de plaine largement ouvert, sans rien qui puisse rendre un siège obligatoire pour passer outre, avec des pentes sans escarpement, une dimension incapable de recevoir l’armée gauloise et un terrain exigeant des retranchements d’un volume irréalisable, ce site ne correspond manifestement pas à la géographie d’Alésia décrite par les auteurs antiques[18]. L’évidence en est telle que le seul lieu des trouvailles archéologiques, ce camp romain imaginaire, est purement et simplement effacé de la scène.

 

Et là, pour ainsi dire tout se détricote : le déplacement du camp débouche sur une nouvelle hypothèse merveilleuse où les temps, les mots et les rites se mélangent sans aucune justification ; il entraîne ensuite l’élimination quasi forcée des armes ; celle-ci à son tour jette la plus grande confusion sur la légitimité déjà bien problématique des monnaies tandis que des débris de poteries disparus sont abusivement sacralisés. Voilà encore un de ces incroyables errements auxquels on ne sait trop quel nom donner.

 

5° Les carences inexpliquées de la datation – La datation est le nœud de toutes les contradictions du site d’Alise-Sainte-Reine. En effet la datation d’un site se fait classiquement par l’examen des restes trouvés : sur un champ de bataille ce sont avant tout des objets caractéristiques, des monnaies, des armes, des poteries et des vestiges d’ouvrages. Les constatations précédentes laissent entendre que vouloir dater scientifiquement le site de –52 doit rencontrer des difficultés majeures.

 

a) Examen des difficultés d’une datation scientifique : les incertitudes, les contradictions et les suppositions qui entourent les éléments utilisés pour dater le site s’opposent à l’établissement d’une datation sûre et scientifique.

 

- Incertitudes : rappelons que les armes sont tellement anachroniques qu’elles sont cachées[19], leurs photos invisibles, leurs liens avec le siège obscurcis ; les monnaies romaines sont de tous les âges sauf de –52 ; de fortes quantités des monnaies gauloises proviennent de tribus absentes, ce qui fait naître immanquablement un fort soupçon de fraude qui mine du même coup la vraisemblance des autres ; les poteries ont disparu avant tout examen ; la répartition systématique de tous ces objets par petits tas et dans une seule zone leur retire toute vérité archéologique (jamais les restes d’un champ de bataille ne se présentent ainsi) ; enfin et c’est le comble, ces restes sont trouvés là où il est officiellement reconnu qu’il n’y eut ni camp militaire ni combat ;

 

- Contradictions : comme les fouilles récentes ne trouvent rien, on affirme que cela est dû au « nettoyage » des champs de bataille durant l’Antiquité ; mais alors, comment aurait-il miraculeusement épargné les fortes et riches quantités de monnaies et d’armes trouvées au XIX° siècle ?  Cette contradiction est insoluble ; elle suscite naturellement des soupçons ;

 

- Suppositions : L’archéologie officielle met en avant une balle de fronde moulée portant les lettres " T L A B I " pour prouver la présence sur les lieux de Titus Labienus, légat de César. On ignore tout des circonstances de sa découverte (lieu précis, inventeur, moment - on ne connaît que l'année, 1994 -, conditions de mise à jour etc.), toutes choses nécessaires pour permettre la mise en exergue d’un objet unique. En outre, et M. Michel Reddé le reconnaît (dans son ouvrage Alesia, page 155), les inscriptions sur les balles de fronde sont quasi toujours gravées et non moulées. Celle-ci serait donc non seulement une trouvaille unique sur le site mais encore exceptionnelle dans l’ensemble des fouilles gallo-romaines et au-delà pour un simple légat. Mais surtout, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un sceau de potier utilisé pour marquer la production d’un atelier ; on en trouvés en divers lieux et beaucoup portant les lettres L A B I O – L A B I – L A B I O N I S etc. qui évidemment n’ont rien à voir avec Labienus  (D. Porte, l'Imposture Alésia, page 216 et revue ALESIA n° 25 page 17). Alors, balle de fronde doublement exceptionnelle ou marque ordinaire de potier ?  On voit la fragilité de l’attribution retenue !   Après des années de fouilles, en être réduit à s’accrocher à une conjecture aussi isolée et aussi nébuleuse est un aveu d’impuissance. Quant aux ouvrages militaires, l’examen des vestiges des sièges successifs d’Alise-Sainte-Reine ne permet aucune datation ; ceux que la thèse officielle retient comme relevant des travaux de César ne présentent jamais les caractéristiques que ce dernier indique. Le rapport officiel l’énonce en toutes lettres. Rien ne prouve donc qu’ils datent de –52. Comment établir une datation scientifiquement recevable sur ces suppositions ?

 

b) Commentaire sur les carences inexplicables de la datation : à s’en tenir aux règles en vigueur en la matière, la datation du site d’Alise-Sainte-Reine de l’époque de la conquête n’est pas établie. Pour les fouilles du 19èmesiècle, monnaies, armes, poteries disparues, vestiges d’ouvrages, tout évoque l’erreur ou la fraude. Pour les dernières, aussi extraordinaire que cela paraisse, ni les rapports ni les ouvrages de M. Michel Reddé ne s’attardent sur la datation du site. Extraire ces preuves nécessaires des centaines de pages des volumineux rapports de fouille effectués sous son autorité devrait lui être facile. Les affirmations réitérées de l’intime conviction ne peuvent pas suffire. En ces matières, l’exposé des données et leur examen public et contradictoire font seuls autorité et sont obligatoires[20]. C’est la base de tout dossier archéologique. Négliger de l’établir est inexplicable. Il y faut des raisons impérieuses. Lesquelles ?  Et jamais n’apparaît l’affirmation attendue et nécessaire :

Tel objet date irréfutablement (et non « probablement ») du Ier siècle avant Jésus Christ ;
Or il a été trouvé à Alise-Sainte-Reine dans des conditions éliminant tout risque de fraude ;
Donc ce site date bien de cette époque.

 

Des centaines de milliers d’hommes auraient foulé ce sol et combattu sans rien laisser derrière eux  d’irréfutable ?  La thèse officielle, arc-boutée sur ses armes cachées, ses poteries perdues et ses monnaies douteuses prétend que la datation va de soi puisqu’Alise-Sainte-Reine est Alésia. C’est ce postulat qui, sauf rarissimes exceptions, date péremptoirement de –52 ou du I° siècle avant J. C. tout ce qu’on y découvre. Car on trouve à Alise-Sainte-Reine les objets les plus divers, par exemple des fibules à ardillon[21], des monnaies de bronze[22], des éléments de technique militaire[23], toutes choses considérées jusque là comme postérieures à la conquête. Elles devraient être les références naturelles d’une datation scientifique. Or on n’en tient aucun compte ; mieux encore, quand les dates connues de l’apparition des objets qu’on y trouve ne cadrent pas avec celle supposée pour Alise-Sainte-Reine, on change tout simplement et très officiellement ces dates pour les aligner sur la thèse officielle, procédé évidemment fautif et qui de plus, fausse de proche en proche toute la chronologie gallo-romaine.

 

Ceci est hors de toute rigueur : la règle générale, c’est que ce sont les objets trouvés dans les fouilles qui datent les sites ; ici, quand on voit le nombre et la variété de ces objets récalcitrants la règle doit s’imposer. Mais à Alise-Sainte-Reine ce n’est pas le résultat des fouilles qui date le site, c’est le site qui date leur résultat. Au nom de quoi ?

 

Question centrale, question sans autre réponse que la seule tradition dont tout démontre l’extrême fragilité. C’est dire que la datation du site n’a aucune base scientifique. Elle a tous les caractères de la fiction.

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[1] Voir en annexe II comment Alise-Sainte-Reine fut désignée durant le Moyen Age.

[2] A. Monnin, Alésia et le texte de César, dans Gaule, n°10-11, nov 1958, après analyse de 400 cas de l’utilisation de in + acc. chez César. Pour vers les Séquanes, il faudrait « ad Sequanos.»

[3] Dans son ouvrage Les ruses de César.

[4] Ph. Barral – Dossiers d’Archéologie 305 – 2005

[5] E. de Saint-Denis (ouvrage avec J. le Gall et R. Weil : Alésia, Textes littéraires antiques, Paris, 1973) traduction « modifiée sur certains points touchant à la compréhension même du récit césarien.» (Sic !)

[6] Jules César – Guerre Civile – 3, 19, 4.

[7] M. Reddé, Rapport de fouille – Le récit césarien.

[8] M. Reddé in Rapport de Fouille.

[9]Voir la reconnaissance cette fois directe de ce fait par M. Reddé en d), section 3, chapitre premier, Alesia.

[10]M. Reddé in Rapport de Fouille.

[11] J. Berger, l’Art de s’auto-démolir, dans a.l.e.s.i.a., 18, 1998, 14-15.

[12]Danielle Porte – L’imposture Alésia – page 147.

[13] Constans, les belles lettres, 1959, Paris.

[14] Rapport de fouille page 125.

[15] M. Reddé, ouvrage cité, page 188.

[16] J. Harmand, Une campagne césarienne-pages 323 et suivantes.

[17] M. Reddé, l’Archéologie face à l’imaginaire, pages 187-188

[18] Voir en annexe III, page 38, quelques autres anomalies archéologiques et militaires du site d’Alise-Sainte-Reine

[19] Un essai de datation incertain aboutit à de bien surprenantes conclusions. Voir P. Couissin (Armes romaines, Paris, 1926) particulièrement page 297.

[20] Cette évidence est renforcée par le décret du 27 09 2005 qui rend obligatoire la présentation des éléments chronologiques dans tout rapport de fouille.

[21] M. Reddé, Alésia, ouvrage cité.

[22] F. Bourguet.

[23] J. Bernard, l’armée romaine en Gaule, Paris, Errance, 1996, page 40.

 

 
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