Le dossier que
vous allez lire à présent fut rédigé il y a de cela quelques années (Histoire-fr.com
n'était encore qu'à l'état de vague projet !),
lors de la sortie du film Le retour du roi, le second épisode de
la trilogie du Seigneur des Anneaux. Opportuniste, j'ai donc rapidement
écrit ces quelques lignes, consacrées à l'histoire des rois de France et
à leur hypothétique retour à la tête du pays. L'objectif souhaité étant
de pouvoir être bien positionné sur les moteurs de recherche, lorsqu'un
internaute lambda y taperait la phrase 'retour du roi'.
Au final, le pari fut réussi, ce texte
figurant pendant quelques semaines en première page des plus importants
moteurs de recherche.
L'historique dressé ici est cependant assez succinct, et traité d'un ton
bien plus léger que les autres sections du site (quoique vous n'avez pas lu
la première version, résolument satyrique et au final censurée par mes soins
!). Donc, si vous
souhaitez de plus amples renseignements sur telle ou telle période, rendez
vous sur les pages
histoire ou
généalogies du site.
Le
retour d’une Royauté en France est tout aussi hypothétique et
invraisemblable que le retour d’un Empire. Quelles en sont les
raisons intrinsèques ? C’est ce que nous allons à présent analyser…
Pour bien
comprendre le méli-mélo historico-dynastique qui sévit dans le Royaume de
France depuis le XIX° siècle, il faut étudier et analyser avec soin l’arbre
généalogique de la famille des Bourbons et de celle d’Orléans (mais il faut
aussi remonter loin dans l'histoire de France, pour saisir tous les tenants
et aboutissants de ce problème.).
Dynastie Mérovingienne
Il y a très longtemps, un pays proche, la France (où disons plutôt, la
Gaule.), fut envahie par un peuple venu du nord de l'Europe, à savoir les
Francs. Dans un premier temps, ils s'établirent sur le limes, la
frontière avec l'Empire, et s’allièrent plus ou moins avec les Romains (en
451, ils écrasent ensemble Attila aux champs Catalauniques.).
Les Francs sous l'Empire romain, V° siècle après Jésus
Christ.
Par la suite,
lors de la décadence de Rome, ils furent des dizaines de milliers à passer
en Gaule, où ils imposèrent leur domination. C'est d'ailleurs en étudiant
l'histoire de la migration du peuple franc que l'on se rend compte à quel
point le sempiternel nos ancêtres les Gaulois n'est qu'une triste
opération de propagande, menée par les républicains du XIX° siècle. En
effet, suite à la guerre de 1870, ils devaient trouver un symbole de la
résistance à l'ennemi. Comme il était impossible de mettre en exergue les
Francs, qui étaient à la base un peuple d'origine germanique, ils choisirent
les Gaulois. Les républicains firent donc un parallèle entre
'Gaulois'/'Français' et 'opposant à l'Empire Romain'/'opposant à l'Empire
allemand', puis abreuvèrent tous les livres d'histoire de cette contre
vérité historique (chose d'autant plus absurde nous vivons dans un pays
latin.).
Quoi qu'il en soit, les Francs s'imposèrent en Gaule, leurs chefs étant
issus de la famille des Mérovingiens (fondée par le plus ou moins
légendaire Mérovée.). Au VI° siècle après Jésus Christ, Clovis, qui fut un
des plus illustres représentants de cette famille, monta sur le trône. Au
cours de son règne, il conquit moult territoires, et fit choir moult têtes.
A sa mort, il partagea son Royaume entre ses fils. En effet, à cette époque,
le territoire du roi n'était pas considéré comme un bien public, mais comme
un bien privé : il était donc légitime qu'il soit partagé entre les enfants,
comme c'était alors la tradition.
Les fils de Clovis, une fois à la tête d'une partie du royaume de leur père,
n'eurent de cesse de lutter les uns contre les autres, jusqu'à ce qu'au
final, il n'en reste plus qu'un. Le dernier survivant fut Clotaire, mais il
mourut peu de temps après. Son royaume fut à nouveau divisé entre ses fils,
et la guerre recommença.
Au cours de ces années de conflits, deux entités géographiques se formèrent
: la Neustrie (région située à l'ouest de la France.) et l'Austrasie (à
l'est du pays.).
En 639, lorsque le roi Dagobert I° mourut (il n'était certainement pas un
idiot, contrairement à ce que prétend cette chanson inventée par des
révolutionnaires, dont le but était de se moquer, de façon déguisée, du roi
Louis XVI.), le pays assista à l'arrivée des rois fainéants. Le
pouvoir passa alors entre les mains des Maires du Palais (ces derniers
avaient un statut proche de celui de premier ministre, le Palais étant
l’endroit où résidait le roi.)
Au final, de la mort de Clovis à l'arrivée au pouvoir des Carolingiens, il
s'était écoulé près de 250 ans de luttes stériles et sans merci.
Dynastie Carolingienne
En 751, le Maire du Palais Pépin le Bref (nommé aussi Pépin III.) mit fin à
la dynastie mérovingienne en se faisant proclamer roi des Francs. Il se fit
aussi couronner par le pape (reconnu par son peuple et par l'Église, Pépin
était donc doublement légitime.). Ainsi naquit la dynastie carolingienne.
Son fils, Charlemagne, qui fut roi puis Empereur, ne partagea pas son
royaume entre ses fils… car il ne lui en restait en effet plus qu'un, nommé
Louis le Pieux. Par contre, ce dernier partagea - hélas - son bien, comme
l'avaient fait ses ancêtres avant lui. A noter qu'en 843, les souverains ne
dominaient pas que la Gaule. Au fil des siècles, Mérovingiens et
Carolingiens avaient bâti un véritable Empire, s'étendant des Pyrénées
jusqu'au Danemark.
Les enfants de Louis divisèrent donc le patrimoine de leur père en trois,
formant les ancêtres de trois de nos pays contemporains : la Francie
(correspondant à la partie ouest de notre France actuelle.), la Lotharingie
(une bande de terrain partant des Pays Bas jusqu'à l’Italie.) et la Germanie
(regroupant l'ensemble des terres le plus à l'est de l'Empire de
Charlemagne.).
Le partage de l'Empire de Charlemagne
entre ses trois fils, en 843.
Des rivalités éclatèrent entre les trois frères, comme ce fut le cas avec
les rois mérovingiens. Cependant, cette fois ci, à part une brève période
sous le règne du roi et Empereur Charles le Gros (en 887 exactement.), les
trois pays ne furent plus jamais unis sous l'égide d'un seul et même
Souverain…
Dynastie Capétienne
Au cours des siècles qui suivirent le morcellement de l'Empire de
Charlemagne, les Carolingiens perdirent beaucoup de leur puissance,
plongeant le royaume en plein déliquescence (ne parvenant pas à lutter
contre les vikings, qui ravageaient le pays.). Ils n'avaient pas non plus
les moyens de lutter contre les grands seigneurs, qui ne cessaient de gagner
en puissance.
En 987, le dernier souverain carolingien étant mort, il fallait trouver un
nouveau souverain au pays. Hugues Capet fut alors élu roi des Francs par une
assemblées de seigneurs (qui étaient satisfaits par le fait que le nouveau
souverain ne soit pas un des seigneurs les plus puissants du royaume.). Il
instaura ainsi la dynastie des capétiens, mais la royauté, en cette fin de
X° siècle, n'était plus que l'ombre d'elle même. La « France » du premier
des Capétiens n'était plus qu'un ridicule morceau de ce quelle avait été
auparavant…
La France en 987.
Contre toute attente, le pouvoir royal
n'eut de cesse de s'affermir, au cours de ces quelques siècles. Les
souverains parvinrent à mater leurs opposants les plus agités, et
reconstruisirent le domaine royal. Quand l'on constate à quel point les
Capétiens remirent la France en état, l'on peut affirmer sans se tromper
qu'ils comptèrent parmi des plus grands souverains qu'ait connu notre pays.
En outre, c'est à cette époque que le
principe de primogéniture fut adopté (le premier enfant du souverain devenait
roi à la mort de son père).
Dynastie des Valois Directs
La dynastie capétienne
s’éteignit (hélas diraient certains.) en 1328 à la mort de Charles IV le Bel,
le troisième fils de Philippe
IV le Bel. Les grands du royaume se retrouvaient là devant un cruel dilemme.
Qui serait le nouveau roi de France? Ces derniers avaient le choix entre
trois prétendants :
- Le mari de la fille de Philippe IV le
Bel ;
- Le fils d’Isabelle (fille de Philippe
IV le Bel), le roi anglais Édouard III ;
- Le fils de Charles de Valois (frère
de Philippe IV le Bel), Philippe de Valois.
Il était à l'époque impensable qu'un anglais
puisse se retrouver sur le trône de France! Les grands décidèrent donc
d'écarter la candidature d'Edouard III en transformant la règle de la
primogéniture en primogéniture mâle (seul le premier enfant du
souverain, et mâle de surcroît, devenait roi à la mort de son père.).
C'est ainsi que Philippe de Valois monta sur le trône,
sous le nom de
Philippe VI. La dynastie des Valois remplaça dès lors les Capétiens à la
tête du royaume. Certains historiens n'hésitent aujourd'hui pas à dire que cette
famille compta en son sein une foule de souverains dégénérés (que ce soit
physiquement et/ou mentalement.), incapables de gérer efficacement le royaume de
France : Jean II était un incapable, Charles V avait une malformation à la main
(ce qui ne l'empêcha pas d'être un des meilleurs rois de cette famille.),
Charles VI était fou, etc.
Quant à Edouard III, qui ne portait pas la France dans
son coeur, il utilisa sa mise à l'écart comme prétexte pour envahir notre pays.
Ainsi débuta donc la guerre de cent ans, qui fut une catastrophe pour la France
(famine, dévastations, peste noire, guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, etc.).
Dynastie des Valois Indirects
Bien des années après, en 1498, le dernier des Valois directs, Charles VIII, mourut (il
se cogna la tête contre un linteau trop bas.). Ne laissant pas d'héritiers,
le pouvoir passa à Louis XII, de la branche des Valois-Orléans (il
s'agissait d'une
branche issue de Louis duc d’Orléans, frère de Charles VI le fou.). En 1515,
ce dernier mourut à son tour, et le trône échut à son gendre, le futur François I°, de la branche des Valois-
Angoulême (lui aussi issu de Louis Duc d’Orléans.).
C'est au cours de
cette période qu'éclatèrent les guerres de religion, qui effacèrent la France de
la scène politique internationale pendant tout le XVI° siècle.
Dynastie Des Bourbons
En 1589, la dynastie des Valois s'éteignit avec Henri III, qui fut assassiné par
Jacques Clément, un
moine dominicain ligueur (la ligue était un parti pro-catholique.) et à moitié fou.
Henri IV monta
alors sur le trône, après s’être converti au catholicisme.
C'est ainsi que la dynastie des Bourbons arriva au pouvoir,
le père d’Henri IV, Antoine de
Bourbon, étant le descendant en huitième génération de Robert, fils du Roi
Saint Louis.).
Avec
l'arrivée des Bourbons au pouvoir, l'on se rapproche du problème. Bien des
années après, en 1793, le roi Louis XVI fut guillotiné, et son fils (Louis
XVII.) mourut emprisonné (bien que certains historiens pensent qu'il aurait
été remplacé en prison par un autre enfant, et qu'il aurait survécu à la
révolution.).
Après ces années
de troubles, vint l'Empire, qui parvint à rétablir l'ordre en France. Napoléon
créa à cette époque une noblesse d'Empire, qu'il aurait aimé voir fusionner avec
la noblesse traditionnelle, alors en exil.
En 1815, lorsque
Napoléon dut abdiquer, ce fut Louis XVIII, un frère de Louis XVI, qui monta sur
le trône. A sa mort, en 1824, ce fut son frère, Charles
X, qui monta sur le trône.
Dynastie des Orléans
Six ans plus tard, lors de la révolution de
1830, Charles X fut renversé. L'on décida alors de se doter d'un nouveau
régime, tout en conservant une royauté en France. Ce fut donc Louis- Philippe I°
qui fut nommé roi. Il fut le seul
représentant de la dynastie des Orléans (ces derniers étant issus du frère de
Louis XIV, Philippe, duc d’Orléans.).
Mais
une nouvelle révolution éclata en 1848 (certains historiens disent que l’Histoire
bégaie, lorsqu'ils abordent le cas de la montée de l'extrême-droite en
Europe. Mais que devrait on dire ici, dans le cas d'un pays qui connut trois
révolutions en 50 ans ?).
Il fut donc décidé de mettre en place la seconde
république (la première ayant été crée au cours de la révolution de 1789.).
Louis Napoléon Bonaparte (le neveu de Napoléon, mais aussi son petit-fils par
alliance.) fut alors élu avec une large avance sur ses concurrents.
Puis, au bout de ces quatre années de mandat, en 1852,
il fit un coup d'État et mit en place le Second Empire. Cependant, la guerre de
1870 contre la Prusse fut fatale à ce régime, qui fut alors remplacé par la
troisième république.
A cette époque, la France était encore très divisée
quant au choix du nouveau régime. La république était loin de recueillir tous
les suffrages, et les partisans de l'Empire étaient encore très nombreux.
Les royalistes parvenant à trouver leur place dans les
plus hautes sphères de l'État, il fut décidé que le mandat présidentiel serait
de sept ans, afin de laisser le temps
aux royalistes de s’entendre.
En effet, les
royalistes se divisaient (et se divisent aujourd'hui encore.) en deux camps :
- d’un côté les
légitimistes, qui
seraient favorable à l’établissement d’un Bourbon en France
- de l’autre les
orléanistes, qui eux
voudraient un descendant de Louis Philippe I°.
Du côté des Bourbons, l'arbre
généalogique des descendants de Charles X se révèle être assez complexe. Louis Antoine,
duc d’Angoulême (l’aîné des deux fils de Charles X ) n’eut pas d’enfants et
renonça au trône après la révolution de 1830.
Le second fils de Charles X, Charles
Ferdinand, duc de Berry, mourut assassiné à Paris le 13 février 1820. Lui
seul pouvait assurer la postérité de la branche Française des Bourbons. De
sa première femme, une Anglaise du nom d'Amy Brown, il n'eut pas d'enfants. Par
contre, sa seconde épouse, Marie-Caroline de Bourbon était enceinte lors
de l'assassinat de son mari. Cet enfant naquit donc peu après la
mort de son père. Il s'appelait Henri Comte de Chambord, et faillit accéder
au trône sous le nom d’Henri V.
Mais comme ce dernier ne sut pas s'entendre avec les
Orléanistes (n'oublions pas que la tension entre les
deux familles était très importante, le père de Louis
Philippe, surnommé Philippe Égalité, avait voté la mort de son cousin
Louis XVI avant de se faire guillotiner à son tour…).
En outre, Henri V désirait
remettre en place le drapeau blanc (symbole des monarchistes.) et jeter le
drapeau "bleu blanc rouge" à la poubelle, chose inconcevables pour les
politiques de l'époque.
Au final, il n'y eut donc pas de restauration
monarchique... jusqu'à aujourd'hui.
De nos jours, les
Bourbons restants sont issus du duc d’Anjou Philippe V (le deuxième petit- fils
de Louis XIV.), devenu roi d’Espagne
en 1700. Cependant, de nombreuses branches
existent : les Bourbons-Espagne (dont le roi Juan Carlos I° fait partie.),
les Bourbons-Parme, les Bourbons-Sicile, les Bourbons-Bragance, etc.
Aujourd'hui, le prétendant à la couronne est
Louis XX, duc d’Anjou, né en 1974 à Madrid, mais de nationalité Française.
C’est le Bourbon d’Espagne qui correspondrait le plus aux critères des
légitimistes.
Du côté des
Orléans, le candidat au trône serait
Henri VI, comte de Clermont, né en 1932 (fils d’Henri, comte de
Paris, mort en 1999.).
Hasard de l’Histoire, les
oppositions entre les deux branches se sont fait telles que jamais un roi ne
pourrait accéder au trône de France, même si une majorité des Français le
désirait, ce qui est loin d'être le cas… n'en déplaise à
J. R. R. Tolkien,
en France, le retour du roi, ce n'est pas pour demain !