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Mythologie
 
 

 

 

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Les Lancastre et la guerre de Cent Ans (XV° siècle)

 

CHAPITRE SECOND : Quatrième et dernière phase de la guerre de Cent Ans (1422 – 1453)

 

III : Les dernières années de la régence (1431 à 1437)

           

            1° Statu quo entre France et Angleterre (1431 à 1434) – Suite à la mort de Jeanne d’Arc, les deux belligérants ne parvinrent pas à reprendre l’avantage l’un sur l’autre.

A cette époque, le duc de Bedford était dans une situation difficile, car son alliance avec la Bourgogne battait de l’aile ; toutefois, Charles VII se trouvait au milieu d’une lutte ouverte entre son favori, Pierre de La Trémoille, et son connétable, Arthur III.

 

a) Le sacre d’Henri VI (décembre 1431), coups de force contre les Anglais (février 1432) : le duc de Bedford, en décembre 1431, décida alors de faire couronner roi de France son neveu Henri VI. A noter que le sacre se déroula à Notre Dame de Paris et non à Reims, contrairement à la coutume.

A noter que le duc de Bourgogne ne participa pas à la cérémonie (sa sœur Anne, épouse du duc de Bedford, était décédée en novembre de la même année.).

 

Peu de temps après, en février 1432, les seigneurs normands, encouragés par les défaites anglaises lors de la campagne de la Loire, décidèrent de se révolter. Cependant, cette révolte spontanée fut rapidement matée par les Anglais.

Par contre, plusieurs chefs de guerre français (Ambroise de Loré, La Hire et Dunois, compagnons de Jeanne d’Arc.), parvinrent à tenter quelques coups de force contre les Anglais dans le Maine et en Ile de France.

 

b) L’accord de Rennes (mars 1432) : Bedford, décidant de mettre à son avantage le conflit opposant La Trémoille et Richemont, décida de se rapprocher de ce dernier. Disposé à offrir au connétable la Touraine, la Saintonge, le pays d’Aunis et La Rochelle, Richemont préféra refuser.

C’est ainsi que La Trémoille, se rendant compte que son différent avec le connétable pourrait coûter très cher au royaume de France, décida de se rapprocher de Richemont.

C’est ainsi que les deux adversaires et Charles VII conclurent ensemble un accord à Rennes, en mars 1432.

Cependant, bien que la paix fut signée entre le connétable et La Trémoille, ce dernier conservait toujours tout ses pouvoirs à la cour. Richemont décida alors de se retirer dans son château de Parthenay, attendant son heure.

 

c) Agitation parisienne (été 1432) : la guerre s’éternisant, et pas à l’avantage des Anglais, les Parisiens commencèrent eux aussi à montrer des signes d’agitation, à l’instar des seigneurs normands. En effet, si ces derniers avaient accepté le traité de Troyes, en mai 1420, c’était en pensant pourvoir obtenir finalement la paix, après près de 80 ans de guerres incessantes.

En août 1432, les troupes de mercenaires engagées par Charles VII ravageaient l’Ile de France, ce qui était loin de favoriser le commerce dans la capitale.

Dans le courant de l’été, un petit groupe de partisans du roi tenta d’ouvrir les portes de la ville aux troupes de Charles VII, mais en furent empêchés par des Bourguignons.

 

d) Contre attaque anglaise et élimination de La Trémoille (printemps 1433) : bien que de plus en plus contestés suite aux récentes victoires françaises, les Anglais n’avaient cependant aucune intention d’abandonner la lutte. Au cours du printemps 1433, le duc de Bedford envoya ses troupes dans le Maine, qui progressèrent jusqu’à Angers.

A noter que cette incursion anglaise en Anjou ne déplut pas à Georges de La Trémoille, qui ne s’interposa pas contre les hommes du duc de Bedford (en effet, le favori du roi était en froid avec Yolande d’Anjou, belle mère de Charles VII.).

 

Exaspéré par le comportement passif de La Trémoille, Richemont, allié aux Angevins, décida alors d’en finir avec son adversaire dans le courant du mois de juin.

Pour ce faire, le connétable envoya alors ses hommes au château de Chinon. Surpris dans son lit, le favori du roi reçut un coup de dague dans le ventre et fut emprisonné au château de Montrésor.

Souscrivant à toutes les conditions qu’on lui imposa et payant une lourde rançon, La Trémoille fut libéré à condition de ne plus reparaître à la cour.

Charles VII n’intervint pas lors de cette altercation, et le poste de favori échut à Charles d’Anjou, le frère cadet de René d’Anjou[1].

 

2° Les Français reprennent l’offensive – L’élimination de La Trémoille, mettant fin à la guerre civile, délivra ainsi le royaume de France d’un conflit stérile et faisant le jeu de l’Angleterre. Le duc de Bedford se retrouva de ce fait dans une situation délicate.

 

a) Nouveaux coups de force contre les Anglais, nouvelle révolte des Normands (fin 1434) : à partir du mois de septembre 1434, les chefs de guerre français, Ambroise de Loré, La Hire et Villandro tentèrent plusieurs coups de force autour de Paris.

C’est ainsi que Compiègne fut prise, et des partisans de Charles VII tentèrent une nouvelle fois d’ouvrir les portes de la capitale (des Parisiens fidèles aux Bourguignons les en empêchèrent une nouvelle fois.).

 

Le duc de Bedford, qui avait conservé son titre de régent bien que son neveu ait été couronné depuis plusieurs mois déjà, décida de lever des subsides afin de lutter contre les partisans de Charles VII.

En septembre 1434, il décida de réunir les états de Normandie à Rouen, exigeant d’eux l’octroi forcé d’un subside de 344 000 livres.

Scandalisés par ces exigences fiscales du régent, les Normands se révoltèrent une fois de plus. Ces derniers s’attaquèrent violemment aux Anglais au cours de l’hiver 1434.

A noter qu’en mai 1435, les Français, menés par La Hire et Xaintrailles, parvinrent à vaincre une petite troupe anglaise, suite à la bataille de Gerberoy, en Picardie.

 

b) Le traité d’Arras (septembre 1435) : Charles VII, dopé par ses récents succès, décida de recruter de nouvelles troupes.

Le duc de Bourgogne, se rendant compte que les Anglais étaient dans une mauvaise passe, et poussé par les Parisiens qui lui réclamaient la paix, accepta de se rapprocher de Charles VII.

En outre, Philippe le Bon était alors en mauvais termes avec l’Empereur germanique Sigismond de Hongrie, qui voyait d’un mauvais œil la montée en puissance du Bourguignon (rappelons qu’en 1428, le duc de Bourgogne s’était emparé de manière quelque peu frauduleuse des Etats de Jacqueline de Bavière[2].).

C’est ainsi que se tint à Arras, en août 1435, une importante conférence de paix, réunissant de nombreux souverains d’Europe (l’Empereur germanique Sigismond de Hongrie, une délégation anglaise, le légat du pape, les représentants des rois de Pologne, Castille, Aragon, etc.).

A l’origine, cette réunion devait permettre aux Français et aux Anglais de trouver une issue à la guerre de Cent Ans. Cependant, les deux camps ne tardèrent pas à se brouiller une fois de plus.

 

Par contre, les discussions se poursuivirent entre la France et la Bourgogne, qui aboutirent à la signature du Traité d’Arras, en septembre de la même année.

Charles VII reconnut sa culpabilité dans le meurtre de Jean sans Peur, cédant au duc de Bourgogne le comté de Macon et le comté d’Auxerre, la châtellenie de Bar sur Seine, Péronne, Montdidier et Roye, ainsi que les villes de la Somme (Saint Quentin, Corbie, Amiens, Abbeville.). En outre, Philippe le Bon, bien que restant vassal du roi de France, ne lui devait plus hommage.

En échange, le duc de Bourgogne s’engageait à abandonner l’alliance avec l’Angleterre.

Suite à la signature de cet accord, la Bourgogne obtenait une indépendance de fait, que le successeur de Philippe le Bon tenta de concrétiser plusieurs années plus tard.

 

Au même moment, en septembre 1435, moururent le duc de Bedford, à Rouen ; ainsi qu’Isabeau de Bavière, dans l’hôtel Saint Pol, à Paris.

La mort d'Isabeau de Bavière, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

A noter que le jeune Henri VI, âgé de 14 lors de la mort de son oncle le duc de Bedford, ne s’empara pas des rênes du pouvoir. En effet, la régence fut confiée à Richard Plantagenêt[3], duc d’York.

Le duc de Bedford, au cours des dernières années de son existence, s’était rendu compte que l’Angleterre ne pourrait pas continuer un combat contre la France pendant des décennies, et que la paix était nécessaire. Son successeur, Richard, était par contre un défenseur de la guerre contre la France.

 

c) Prise de Paris (avril 1436) : le traité d’Arras, bien que mal accepté par les Armagnacs et leurs alliés angevins, fut accueilli avec bienveillance en Normandie. Le pays, révolté contre l’Angleterre, ranima les espoirs des populations occupées.

C’est ainsi que Dieppe fut prise par les Français et que le pays de Caux se révolta contre les Anglais. En novembre, Etampes tomba, et La Hire s’empara de Saint Denis.

Le siège de Dieppe, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Cependant, les Anglais décidèrent de contre attaquer, engageant une sanglante lutte contre les insurgés normands au cours de l’hiver 1435.

 

Cependant, les Anglais ne parvinrent pas à s’opposer à la reconquête française. En outre, Henri VI eut à subir un nouveau coup dur en avril 1436, suite à la chute de Paris entre les mains du connétable Arthur III de Richemont.

La prise de Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Les Parisiens, exaspérés par l’occupation anglaise, décidèrent en effet de lui ouvrir les portes de la cité. La garnison anglaise se trouvant dans Paris tenta d’empêcher les troupes françaises de pénétrer dans la cité, en vain. Voyant les hommes de Richemont pénétrer dans la ville, les Anglais décidèrent alors de se réfugier à la bastille.

La reprise de Paris sur les Anglais, par Jean Simon BERTHELEMY, 1787, musée du Louvre, Paris.

Epargnés par Charles VII, les Anglais et les Parisiens ayant le plus collaboré avec eux eurent finalement la permission de quitter la ville et de s’embarquer pour Rouen.

La nouvelle de la perte de Paris fut un véritable tollé en Angleterre.

 

Charles VII, quant à lui, ne retourna pas immédiatement dans la capitale.

Toutefois, il réactiva la Vieille Alliance au mois de juin 1436, mariant son fils Louis (le futur Louis XI.) avec Marguerite, fille du roi d’Ecosse Jacques I°.

 

d) Coups de force d’Arthur III de Bretagne (1436 à 1437) : au cours de l’hiver 1436, le connétable de Richemont décida de poursuivre sa lutte contre l’Angleterre, bien que manquant cruellement de moyens.

Marchant sur la Picardie, la Champagne et la Lorraine, il s’empara de Nemours et de Malesherbes à la fin de l’été 1437, garantissant à nouveau les communications entre Paris et la vallée de la Loire.

 

En octobre, Charles VII passa lui-même à l’action, mettant le siège devant Montereau et s’emparant rapidement de la ville.

La prise de Montereau, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Il pénétra alors peu après dans Paris, en novembre 1437, mais n’y resta pas longtemps par mesure de sureté, car les Anglais s’étaient emparés de Pontoise en février 1437.

Charles VII rentre dans Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

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[1] René d’Anjou, fils de Yolande d’Anjou, était le beau frère de Charles VII depuis que ce dernier avait épousé sa sœur Marie d’Anjou.

[2] Pour en savoir plus sur la main mise de Philippe le Bon sur les Etats de Jacqueline de Bavière, voir le d), 1, section I, chapitre deuxième, les Lancastre et la guerre de Cent Ans.

[3] Le père du duc d’York, Richard Plantagenêt, comte de Cambridge, était le fils d’Edmond de Langley, le quatrième fils du roi d’Angleterre Edouard III.

 
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