Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Les mensonges de l'Histoire

 


La guerre de Cent Ans a duré cent ans

Faux ! Aujourd'hui, il est difficile d'imaginer qu'un conflit aussi long ait pu avoir lieu, opposant la France et l'Angleterre. D'ailleurs, les deux belligérants se sont-ils affrontés non-stop pendant aussi longtemps ? Et la guerre de Cent Ans, a-t-elle vraiment duré un siècle pile ?

 

Le roi de France Philippe IV mourut en novembre 1314, suite à un accident de chasse, laissant trois fils derrière lui : Louis X, qui régna de 1314 à 1316 ; Philippe V, qui régna de 1316 à 1322, et Charles IV, qui régna de 1322 à 1328.

Toutefois, aucun des enfants de Philippe IV ne parvint à concevoir un héritier mâle capable de prendre la succession. Ainsi, Louis X laissait une fille, Jeanne, et un fils, Jean I° (surnommé le Posthume, car il naquit quelques mois après la mort de son père), qui mourut à l'âge de cinq jours ; Philippe V avait eu quatre filles et un fils, Philippe, décédé en 1317 ; quant à Charles IV, il avait lui aussi eu quatre filles.

En 1328, la question de la succession restait ouverte. Conformément à la loi salique, qui avait été invoquée en 1317 pour légitimer la prise de pouvoir de Philippe V, les femmes furent écartées de la succession (c'est à dire Isabelle de France, fille de Philippe IV, ainsi que les filles des trois rois défunts).

Cependant, si les femmes ne pouvaient devenir reines, pouvaient elles cependant transmettre l’héritage royal ? Si oui, de nouveaux postulants pouvaient apparaitre, parmi lesquels Edouard III, roi d'Angleterre, et petit-fils de Philippe IV par sa mère Isabelle de France ; ou Philippe d’Evreux, prince de sang[1], qui avait épousé Jeanne, fille de Louis X.

Cependant, les grands du royaume ne pouvaient se résoudre à mettre un souverain anglais sur le trône de France, d'autant que la reconnaissance d’Edouard III comme roi de France aurait entrainé des contestations de la part des filles de Louis X, Philippe V et Charles IV, qui elles aussi avaient mis au monde des héritiers mâles. Ainsi, le trône de France fut cédé au plus proche héritier mâle :  Philippe VI, fils de Charles de Valois, frère cadet de Philippe IV.

Le sacre de Philippe VI, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, France, XIV° siècle.

 

La guerre de Cent Ans éclata en octobre 1337, après une décennie de conflit lattent entre la France et l'Angleterre. A cette date, Philippe VI décida de confisquer la Guyenne à Edouard III, qui était son vassal[2], pour cause de félonie.

Dans l'historiographie française, l'on a coutume de diviser la guerre de Cent Ans en fonction des règnes des rois de France : Philippe VI et Jean II (1337 à 1364), Charles V (1364 à 1380), Charles VI le Fou (1380 à 1422), et Charles VII (1422 à 1453).

Côté britannique, l'historiographie traditionnelle retient un découpage en trois partie, plus rationnel : la guerre edwardienne (menée par Edouard III, de 1337 à 1360), la guerre caroline (menée par Charles V et ses frères, de 1369 à 1389), la guerre lancastrienne (menée par le roi d'Angleterre Henri V, de 1415 à 1429), puis la victoire française (de 1429 à 1453).

Royaume de France et royaume d'Angleterre en 1337.

 

Le première offensive d'importance fut lancée en juin 1340, lorsque qu'Edouard III remporta la bataille de l'Ecluse, parvenant à débarquer sur le continent. Mais, bloqué devant Tournai, le roi d'Angleterre signa une trêve avec son suzerain, acceptant de rentrer en Angleterre en échange de la rétrocession de la Guyenne.

La bataille de l'Ecluse, par Jean Froissart, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Paris, France, XV°siècle.

Toutefois, le conflit fut relancé dès l'année suivante, lorsque éclata une querelle successorale en Bretagne. En effet, le duc Jean III était mort en avril 1341, sans laisser de descendance mâle. Deux prétendants rivalisaient alors : Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre, nièce du défunt ; et Jean de Montfort, demi-frère de Jean III. Ces derniers demandèrent alors un arbitrage auprès du roi de France, qui préféra favoriser Charles de Blois, qui était son neveu (sa mèreMarguerite de Valois, était la sœur de Philippe VI).

Jean de Montfort, débouté et accusé d'entente avec l'Angleterre, fut privé de ses fiefs. Ainsi, une armée commandée par Charles de Blois et Jean, duc de Normandie (c'est à dire le futur Jean II), pénétra en Bretagne et se dirigea vers Nantes, où Jean de Montfort avait trouvé refuge. Ce dernier fut capturé suite à la prise de la ville, mais les Anglais ne tardèrent pas à intervenir, débarquant à Hennebont, où se trouvait Jeanne de Flandre, l’épouse de Jean de Montfort.

En janvier 1343, une nouvelle trêve fut signée, Edouard III prenant le contrôle de Brest et des places fortes bretonnes restées fidèles à Jean de Montfort ; Charles de Blois fut reconnu comme duc dans le reste de la région.

Quelques années plus tard, en 1346, Edouard III décida d'organiser une chevauchée sur le sol français, manquant de moyens pour y établir une armée permanente (rappelons que l'Angleterre ne comptait alors que quatre millions d'habitants, contre 17 en France). Les Anglais, partis de Normandie, prirent Caen, pillèrent le Cotentin, et se dirigèrent ensuite vers la Flandre. Toutefois, Edouard III ayant appris que Philippe VI était à sa poursuite, il décida de s'installer sur une colline située non loin de Crécy, le 25 août au soir.

le 26 août au matin, les Français arrivèrent finalement sur le lieu de la bataille. Ces derniers bénéficiaient d'une nette supériorité numérique (30 000 contre 15 000), mais les troupes étaient indisciplinées. Philippe VI, qui préférait remettre la bataille au lendemain, afin de pouvoir reconnaitre le terrain et se préparer au mieux à l’affrontement, fut confronté à la désobéissance de ses soldats, qui voulurent attaquer malgré tout.

La bataille de Crécy fut un désastre pour Philippe VI, car la cavalerie, fer de lance de l'armée française, fut décimée par les flèches des archers anglais[3] (d'autant qu'à l’époque, les montures n’étaient que peu ou pas protégées). Les assauts se poursuivirent jusqu’à tard dans la nuit, mais les Anglais restèrent maîtres du terrain.

La bataille de Crécy, par Jean Froissart, enluminure issue de l'ouvrage Chroniques, Paris, France, XV°siècle.

Suite à cette victoire, Edouard III partit assiéger Calais, qui ouvrit ses portes à l'ennemi en août 1347[4]. Toutefois, la peste noire, qui frappa la France et l'Angleterre, de 1347 à 1350, mit un terme provisoire aux combats. Les deux pays versèrent un lourd tribut à cette épidémie, perdant respectivement 40 % et 60 % de leur population, ce qui entraîna une nette diminution des effectifs militaires pour le reste de la guerre. Philippe VI lui-même mourut en août 1350, peut-être victime de la peste.

Diffusion de la peste noire en Europe.

Edouard III, n'étant pas parvenu à empêcher le couronnement de Jean II, faute de moyens, recommença à organiser des chevauchées depuis la Guyenne, afin de récolter du butin. Au printemps 1356, Edouard, l'aîné du roi d'Angleterre (surnommé le Prince Noir en raison de la couleur de son armure), pilla le Poitou, mais fut intercepté par l'armée française près de Poitiers, alors qu'il avançait vers Bordeaux. Jean II, à la tête d'une armée bénéficiant, une fois encore, d'une nette supériorité numérique, refusa de négocier avec son adversaire, préférant faire un exemple.

Toutefois, l'armée française fut une nouvelle fois battue, dans les mêmes conditions qu'à Crécy, les cavalier français étant décimés par les archers anglais. En outre, la bataille de Poitiers fut d'autant plus désastreuse que Jean II fut capturé par l'ennemi et emprisonné en Angleterre.

Jean II lors de la bataille de Poitiers, par Eugène DELACROIX, 1830, musée du Louvre, Paris.

Le jeune Charles V, devant faire face à la menace anglaise, mais aussi à d'importants troubles dans la capitale (les marchands étaient lassés par cette guerre qui n'en finissait pas), refusa de signer le traité de Londres, en mars 1359, qui stipulait que toute terre ayant autrefois appartenu à l'Angleterre devait être rétrocédée à Edouard III (c'est à dire plus de la moitié du royaume de France).

Le roi d'Angleterre, faisant face à l'obstination du Dauphin[5], organisa une nouvelle expédition contre la France,  en fin d'année 1359. Cependant, Charles V avait tiré les conséquences des défaites de Crécy et Poitiers, et avait décidé d'appliquer la stratégie de la terre déserte. Edouard III, ne rencontrant pas âme qui vive, progressa jusqu'à Paris, mais quitta rapidement le pays, n'étant pas équipé d'armes de siège et de provisions suffisantes. Toutefois, les Français restèrent pas inactifs, tendant des embuscades à l’encontre des éclaireurs ou des retardataires de l’armée anglaise.

Suite à cette chevauchée ratée, un nouvel accord fut négocié entre Edouard III et Jean II le Bon, le traité de Brétigny. Les possessions du roi d’Angleterre à Calais et en Guyenne était confirmées ; en outre, ce dernier devait recevoir le Poitou, le Périgord, le Rouergue, la Gascogne et le Béarn (en gros la totalité du sud ouest de la France, soit un tiers du royaume). En revanche, Edouard III abandonnait ses prétentions sur la Normandie, et renonçait au titre de roi de France.

Royaume de France et royaume d'Angleterre en 1360, suite au traité de Brétigny.

 

Cette première période de paix dura de 1360 à 1369, période pendant laquelle Jean II et son fils tentèrent de remettre de l'ordre dans le royaume. Toutefois, le roi de France ayant décidé en janvier 1364 de rentrer en Angleterre[6] (peut-être pour y retrouver une maîtresse ?), Charles V se considéra donc dispensé d'appliquer le traité de Brétigny.

Le texte du traité stipulait que l'Angleterre s'engageait à ne plus porter les armes contre la France (dans le cas contraire, le traité de paix était automatiquement annulé). Cependant, la suzeraineté du roi d’Angleterre sur ses nouvelles possessions ne devait être effective qu’après la remise de celles-ci par Charles V. Hors, le roi de France n'eu de cesse de retarder le transfert des territoires, afin de reconstituer des troupes, et les Anglais ne purent prendre les armes afin d'accélérer le processus.

En janvier 1368, le prince Edouard, dans l'incapacité de payer ses troupes, leva un fouage[7] en Aquitaine. Charles V rappela alors au roi d’Angleterre que le transfert de suzeraineté ne s’effectuerait que lors de la remise des territoires par le roi de France, ce qui n’avait pas encore été effectué. Le Prince Noir avait donc commis une faute en levant un impôt sur en Aquitaine, une terre qui ne lui appartenait pas encore. Edouard III, s’apercevant du plan de Charles V, décida alors de se proclamer roi de France en juin 1368 ; le Valois, de son côté, confisqua l’Aquitaine.

Le sacre de Charles V, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.

 

Cette nouvelle phase du conflit, la guerre caroline, fut un véritable succès pour les troupes françaises. En effet, les Anglais ne parvenaient pas à combattre l'ennemi en bataille rangée, et les hommes du roi de France suivaient une stratégie de guérilla, attaquant les éclaireurs, les retardataires, et les places fortes anglaises les moins bien protégées.

En juin 1377, le prince Edouard mourut, emporté par la maladie, suivit quelques jours après par le roi d'Angleterre. Le trône fut alors confié à Richard II, le fils du Prince Noir, un enfant incapable de résister à la reconquête française.

Charles V décéda à son tour quelques années plus tard, en juin 1380, ayant réussi, en l'espace d'une décennie, à reprendre aux Anglais tous les territoires dont ils s'étaient emparés, à l'exception de Calais et de la Guyenne.

A sa mort, le roi de France laissait derrière lui un enfant en bas âge, Charles VI. Une régence fut donc mise en place par les frères du défunt, Philippe de Bourgogne et Jean de Berry. En 1388, âgé de vingt ans, le jeune homme fut déclaré majeur, et décida de se rapprocher des Marmousets, les conseillers de son père, souhaitant échapper à la mauvaise influence de ses oncles.

 

De son côté, Richard II se trouvait lui aussi dans une situation difficile, devant faire face à plusieurs émeutes populaires et à l'hostilité des barons. N'étant pas un belliciste, le roi d'Angleterre refusa de prendre les armes contre la France, les deux belligérants connaissant une seconde période de paix entre 1389 et 1415.

En mars 1396, Richard II décida de signer une paix de 28 ans avec la France, épousant Isabelle de Valois, fille de Charles VI. En outre, ce dernier vendit Brest à Jean IV[8], duc de Bretagne, en décembre de la même année.

Mais en 1399, alors que le roi d'Angleterre se trouvait en Irlande, son cousin Henri (ce dernier était l'aîné de Jean de Gand, un des fils d'Edouard III) débarqua en Angleterre, recevant rapidement le soutien de la population et de la noblesse. Richard II, vaincu en juillet 1399, fut alors contraint d'abdiquer en faveur de son cousin, qui devint roi sous le nom de Henri IV[9].

Henri IV, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

Toutefois, alors que Charles VI sombrait dans la folie, et que la France était menacée de guerre civile (affrontement entre les Bourguignons, menés par Jean sans peur, fils de Philippe de Bourgogne ; et les Armagnacs, partisans de Louis d'Orléans, frère cadet de Charles VI, assassiné par les Bourguignons en novembre 1407), Henri IV ne put intervenir sur le continent, devant lui même faire face à plusieurs révoltes en Angleterre.

Portrait de Jean sans Peur, XV° siècle (à gauche) ; l'assassinat du duc d'Orléans, par Paul Lehugeur, XIX° siècle (à droite).

A la mort d'Henri IV, en mars 1413, son fils Henri V monta alors sur le trône.  Ce dernier, âgé d'une vingtaine d'années, décida alors d'en découdre avec la France, donnant naissance à la période de guerre lancastrienne.

Henri V, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902.

 

Le nouveau roi d'Angleterre, profitant des dissensions entre Armagnacs et Bourguignons, débarqua en Normandie en août 1415. Henri V marcha alors sur Harfleur, qui ouvrit ses portes aux Anglais au mois de septembre, puis se dirigea en direction de Calais.

A l'annonce de la nouvelle du débarquement anglais, l'armée française fut envoyée à la rencontre de l'ennemi, parvenant à l'intercepter en Picardie. Les Français, commandés par Jean de Berry et Charles d'Orléans (fils du défunt Louis d'Orléans), étaient en nette supériorité numérique. Toutefois, comme à Crécy et Poitiers, les cavaliers français furent mis en déroute par les archers anglais, lors de la bataille d'Azincourt.

Suite à l'affrontement, Henri V rentra en Angleterre, organisant une nouvelle offensive deux années plus tard, en 1417. Ce dernier assiégea Caen, qui fit soumission en septembre, puis Rouen, en juillet 1418, menaçant directement Paris. Le roi d'Angleterre, profitant de la guerre civile qui battait son plein, prenait pied petit à petit sur le royaume de France.

En mai 1420, Henri V, bénéficiant du soutien de Philippe le Bon (fils de Jean sans peur, assassiné par le Dauphin Charles en septembre 1419), parvint à imposer le traité de Troyes à Charles VI : Charles, désormais traité de soi disant Dauphin, était considéré comme un bâtard ; le roi d'Angleterre devenait héritier de la couronne[10], recevant régence, la Normandie et la Champagne, ainsi que la main de Catherine de Valois (une des filles de Charles VI).

Après s’être emparé de Melun, en juillet 1420, Henri V et Philippe le Bon firent une entrée triomphale dans Paris, en décembre de la même année. En effet, les Parisiens, lassés par les incessants conflits qui ravageaient le pays depuis plusieurs décennies, désiraient avant tout vivre en paix.

Les Bourguignons entrent dans Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Toutefois, Henri V ne profita guère de la victoire. Souffrant de dysenterie, il mourut à Vincennes en août 1422. Ce dernier laissait derrière lui un enfant âge de dix mois, Henri VI, et une régence fut donc mise en place par Jean, duc de Bedford, frère cadet du défunt.

A noter que Charles VI ne tarda pas lui non plus à rejoindre son gendre dans la tombe, mourant en octobre 1422.

Charles VII, qui avait banni, déclaré criminel (suite au meurtre de Jean sans peur) et inhabile à toute succession, se proclama alors roi de France. Toutefois, à cette date, ce dernier se trouvait dans une situation particulièrement compliquée : ainsi, les Anglais occupaient la Guyenne, la Normandie et la Champagne ; le duché de Bourgogne, s'étendant vers les Flandres, était quasiment indépendant ; le royaume de France étant réduit à une portion congrue, partant du Languedoc jusqu'à la Loire.

Royaume de France, royaume d'Angleterre et duché de Bourgogne en 1429.

Dans l'incapacité de l'emporter contre les Anglais, Charles VII consentit à signer une trêve avec la Bourgogne.

 

En 1429, la situation devenait dangereuse, car l'armée anglaise, qui assiégeait Orléans, menaçait désormais Bourges, où résidait Charles VII. Le Valois, préférant se réfugier à Chinon, y rencontra alors Jeanne d’Arc, une jeune femme de 17 ans qui lui annonça avoir reçu l'ordre de Dieu de chasser les Anglais hors de France.

Jeanne d'Arc au sacre du roi Charles VII, par Jean Auguste Dominique INGRES, 1854, musée du Louvre, Paris.

Contre toute attente, Jeanne fut placée à la tête d'une armée de 4 000 hommes, se dirigeant sur Orléans. Passant par Blois, la jeune femme fut immédiatement rejointe par de nombreux petits chevaliers et hommes d’armes, subjugués par le courage de la Pucelle.

Les Français, à l'issue d'une semaine de combats, parvinrent à repousser les Anglais, qui abandonnèrent le siège de la ville.

Par la suite, l'armée royale organisa une chevauchée vers Reims, en plein territoire ennemi, alors que Jeanne d'Arc avait émis le souhait que Charles VII soit officiellement sacré roi de France. Parvenant à repousser les troupes rivales rencontrées sur le chemin, le Valois reçut la Sainte onction en juillet 1429.

Le sacre de Charles VII, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

Charles VII, désormais considéré comme l'officiel représentant de Dieu sur terre, comme le voulait la tradition, reçut rapidement l'allégeance de nombreuses cités : Laon, Sens, Soissons, Crécy, etc. Par ailleurs, le roi de France signa une nouvelle trêve avec la Philippe le Bon.

Au mois de septembre, Jeanne partit assiéger Paris, alors entre les mains des Bourguignons. Toutefois, l'offensive fut un échec, et Charles VII, soucieux de respecter la trêve, décida de se retirer sur la Loire et de licencier son armée.

La turbulente Jeanne d'Arc, quant à elle, fut faite prisonnière à Compiègne, alors que la ville était assiégée par les Bourguignons. Vendue aux Anglais, elle fut condamnée au bûcher en mai 1431.

Jeanne d'Arc sur le bûcher, par Jules Eugène LENEPVEU, 1874, le Panthéon, Paris.

Malgré les récents coups de force de l'armée française, Charles VII restait dans une situation difficile. Toutefois, ce dernier bénéficia du soutien des Normands, qui se révoltèrent contre l'Angleterre en 1434 ; puis il signa le traité d'Arras en 1435, mettant un terme définitif à la guerre contre la Bourgogne (Philippe le Bon récupérait plusieurs territoires dans l'est de la France, obtenant une indépendance de facto). Cet accord fut bien accueilli à Paris, qui décida d'ouvrir ses portes à l'armée royale.

La prise de Paris, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Charles VII, bénéficiant d'un atout de taille, les canons des frères Jean et Gaspard Bureau, parvint à s'emparer de Pontoise, en septembre 1441, puis s'empara de plusieurs territoires dans le sud ouest, à l'été 1442. Toutefois, en avril 1444, Charles VII et Henri VI signèrent une trêve d'au moins deux ans.

En 1449, le roi de France repartit à l'assaut, marchant vers la Normandie, une région hostile à l'occupation anglaise. Bénéficiant d'une puissante artillerie, les Français parvinrent à prendre Rouen et plusieurs places fortes, parvenant à chasser l'ennemi de la région à compter de 1450. A cette date, les Anglais ne conservaient plus que Calais dans le nord de la France.

Charles VII en Normandie, par Martial d'Auvergne, enluminure issue de l'ouvrage Vigiles de Charles VII, Paris, France, XV°siècle.

Puis, en 1451, Charles VII décida de s'attaquer à la Guyenne, remportant une fois encore une série de succès. Suite à la chute de Bordeaux, en juin, les principales villes de la région décidèrent d'ouvrir leurs portes, mettant un terme à la présence anglaise dans cette région.

Le dernier affrontement de la guerre de Cent Ans fut livré lors de la bataille de Castillon, ultime tentative anglaise de reprendre pied dans le sud ouest ; toutefois, les Français, bénéficiant d'une importante artillerie, contraignirent l'ennemi à la retraite. 

Royaume de France et royaume d'Angleterre à la fin de la guerre de Cent Ans (1453).

 

La bataille de Castillon étant le dernier affrontement de la guerre de Cent Ans, l'historiographie traditionnelle considèrent que la guerre de Cent Ans s'acheva en 1453. Toutefois, à cette date, les deux belligérants ne signèrent pas de traité de paix, et, comme nous l'avons vu plus tôt, l'Angleterre conservait Calais.

Ainsi, le seul texte ressemblant à un accord de paix, signé entre la France et l'Angleterre, fut le traité de Picquigny, signé en août 1475 par Louis XI (fils de Charles VII) et Edouard IV (qui avait détrôné Henri VI en mars 1461). Le roi d'Angleterre, recevant 75 000 écus ainsi qu’une pension annuelle de 50 000 écus, renonçait à ses possessions continentales et à la couronne de France. Par ailleurs, les deux souverains signaient une trêve de neuf ans.

Il convient de préciser que le terme « guerre de Cent Ans » fit son apparition tardivement, vers la fin du XV° siècle, à une époque où cet épisode était déjà ancien. Toutefois, comme nous avons pu le voir plus tôt, cet affrontement entre la France et l'Angleterre ne fut évidemment pas continu, alternant entre phases de guerre et phases de trêves d'une durée plus ou moins longue. Ainsi, si 1337 marque indéniablement le début du conflit, c'est la date de 1453 qui fut retenue pour marquer la fin de la guerre.

Ainsi, la guerre de Cent Ans ne dura pas un siècle mais 116 ans, ce qui fait de ce conflit l'un des plus longs de l'histoire de l'humanité. Par ailleurs, si l'on retient la date de 1475 pour marquer la fin de la guerre, le conflit n'aurait pas duré 100 ou 116 ans, mais bien 138 années.

A noter que la guerre de Cent Ans n'est pas une exception européenne, l'Histoire ayant gardé la trace de plusieurs conflits étalés sur plusieurs décennies : la guerre de Quatre-vingt Ans, opposant l'Espagne aux Provinces-Unies, de 1568 à 1648 ; la Guerre froide, opposant les pays occidentaux au bloc soviétique, de 1945 à 1991 ; la guerre de Trente Ans, qui opposa le Saint Empire romain germanique au Danemark, à la Suède et à la France, de 1618 à 1648 ; la guerre d'Algérie, opposant la France aux mouvements indépendantistes algériens, de 1945 à 1962 ; etc.    

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[1] L'appellation de « prince de sang » date du XV° siècle. Elle est employée pour désigner les aristocrates issus de la lignée mâle de Saint Louis

[2] Rappelons que l'Angleterre avait été conquise en 1066 par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et vassal du roi de France. Ainsi, si le souverain anglais était de facto aussi puissant que son homologue français, les liens de vassalité avaient été conservés depuis l'expédition de Guillaume. Ainsi, le roi de France pouvait confisquer les territoires appartenant de jure à la couronne. Pour en savoir plus sur la conquête de 1066, cliquez ici.

[3] Chaque archer anglais, équipé de son arc long (longbow en anglais), pouvait lancer entre 6 et 12 flèches à la minute. Les archers anglais étant près de 6 000, ils envoyaient donc environ 50 000 flèches par minute sur les hommes de Philippe VI, ce qui explique les très importantes pertes du côté français.

[4] Calais resta entre les mains des Anglais jusqu'en 1558.

[5] C'est ainsi qu'était surnommé l'héritier du roi de France, titulaire du Dauphiné.

[6] Il y mourut peu de temps après, en avril 1364.

[7] Le fouage était un impôt sur les feux. En effet, chaque famille se réunissant autour d’un même foyer (étymologiquement le lieu où brûle un feu) devait alors payer le fouage.

[8] Ce dernier était le fils de Jean de Montfort, que nous avons évoqué plus tôt.

[9] A noter que Richard II mourut peu de temps après, en février 1400, vraisemblablement assassiné.

[10] C’est ainsi que les souverains anglais portèrent le titre roi de France et d’Angleterre jusqu’en 1802, date à laquelle Napoléon mit fin à cette coutume.

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