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La seconde république (1848 - 1852)

CHAPITRE CINQUIEME : Louis Napoléon Bonaparte président de la seconde république (décembre 1848 à décembre 1852)

 

III : Louis Napoléon Bonaparte contre l’assemblée (juin 1849 à décembre 1851)

           

            1° Le « tour de France » de l’été 1849 – Suite à la répression de la manifestation de juin 1849, Louis Napoléon Bonaparte décida de se rendre en province, profitant de l’essor du chemin de fer.

Visitant de nombreuses villes (Nantes, Rouen, Amiens, Rennes, Angers, Le Havre, etc.), le président de la république tenta de se faire connaître du peuple, à une époque où nombreux étaient ceux qui portaient de grands espoirs envers le neveu de Napoléon I°.

 

La popularité du président permit ainsi à la presse bonapartiste de militer en faveur d’un second mandat, celui de Louis Napoléon Bonaparte arrivant à son terme en 1852.

 

            2° un gouvernement bonapartiste (octobre 1849) – Rentrant de province à la fin de l’été, le chef de l’Etat décida de renvoyer Odilon Barrot et de mettre en place un nouveau gouvernement.

 

La charge de président du conseil fut alors confiée au général Alphonse Henri d’Hautpoul[1]. Les ministres, quant à eux, n’appartenaient pas à l’ancien gouvernement et n’étaient pas membres de l’assemblée.

 

De nombreux députés, proches du parti de l’ordre ou d’obédience républicaine, ne tardèrent pas à se gausser de ce nouveau gouvernement, qu’ils surnommèrent le ministère des commis.

 

            3° Une assemblée toujours puissante (octobre 1849 à septembre 1850) – Toutefois, même si le président de la république avait mis en place le gouvernement de son choix, le pouvoir restait toute de même entre les mains de l’assemblée, qui proposait et votait les lois (conformément à la constitution de 1848.).

 

Ainsi, les conservateurs parvinrent à faire adopter la loi Falloux (janvier 1850.), partageant l’enseignement primaire et secondaire entre l’enseignement public (géré par les communes et les départements.) et l’enseignement privé (pris en charge par des particuliers ou par des congrégations.).

L’objectif officieux était de permettre à l’Eglise d’occuper une plus grande place dans l’instruction des jeunes générations.

Par ailleurs, la loi Falloux prévoyait l’ouverture obligatoire d’une école pour filles dans les communes de plus de 800 habitants[2].

 

Plus tard, le 10 mars 1850, furent organisée des élections législatives, afin de remplacer les 31 députés socialistes ayant été déchus de leur fonction suite à la manifestation du 13 juin 1849.

Furent alors élus 21 socialistes et 10 conservateurs. Toutefois, si l’extrême-gauche perdait dix sièges, elle restait encore suffisamment puissante pour effrayer les élus du parti de l’ordre.

 

Ainsi, le 31 mai 1850, l’assemblée vota une loi imposant une résidence de trois ans pour tous les électeurs (au lieu de 6 mois autrefois.) ; se trouvaient en outre exclus du droit de vote tous les condamnés (y compris pour délit politique.).

Cette mesure, qui élimina près de 30% du corps électoral, visait les populations les plus défavorisées (ouvriers, saisonniers, chômeurs, etc.), ces dernières constituant le cœur de l’électorat socialiste.

 

            4° Premier coup de force de Bonaparte, le renvoi de Changarnier (octobre 1850 à janvier 1851) – Louis Napoléon Bonaparte, même s’il n’avait pas contesté la série de lois votées entre janvier et mai 1850, n’appréciait guère ces dernières. Ainsi, la loi sur le droit de vote avait exclu des scrutins plusieurs milliers de bonapartistes ; en outre, ces directives étaient contraires aux idées du président de la république, qui s’était présenté comme proche du peuple.

 

Toutefois, le gouvernement ne resta pas inactif. Ainsi, plusieurs milliers de hauts-fonctionnaires, installés suite à la révolution de 1848, furent remplacés par des bonapartistes ; le président de la république mena campagne au sein de l’armée, promettant une hausse des salaires ; enfin, les préfets furent chargés d’influencer les conseils généraux des départements.

Le président de la république, quant à lui, entreprit un nouveau voyage, organisant cette fois ci une tournée dans l’est de la France, en Normandie et en Bretagne (août à septembre 1850.).

 

Cependant, Louis Napoléon Bonaparte fut contraint d’opérer un premier coup de force, suite à une revue de la cavalerie, au camp militaire de Satory[3] (10 octobre 1850.).

Les cavaliers, lors du passage du président de la république, saluèrent ce dernier aux cris de « vive Napoléon ! Vive l’Empereur ! »

Le général Changarnier, commandant de la division militaire de Paris, n’apprécia guère le comportement de ses troupes, d’autant plus qu’il s’était rapproché du parti de l’ordre quelques semaines auparavant.

 

Changarnier, considéré par de nombreux conservateurs comme le bras armé de la restauration monarchique, tenta alors un coup de force, proposant à l’assemblée l’arrestation de Bonaparte et la mise en place d’une dictature[4] provisoire dirigée par Thiers.

Adolphe Thiers.

 

Le président de la république, plutôt que de faire appel à l’armée, décida d’isoler Changarnier en le coupant de ses plus fidèles officiers. Puis, le 3 janvier 1851, il annonça son intention de le destituer.

 

Toutefois, l’arrestation de Changarnier provoqua de vifs remous à l’assemblée, tant et si bien que les membres du gouvernement décidèrent de démissionner le 4 janvier.

Alors que des députés critiquaient la décision de Bonaparte d’avoir renvoyé Changarnier, le président de la république répondit qu’il était prêt à mettre en place un gouvernement dirigé par son ami Jean Gilbert Victor Fialin, comte de Persigny, un fervent partisan du rétablissement de l’Empire.

 

Toutefois, bien qu’un compromis fut trouvé le 8 janvier 1851 (une partie des ministres démissionnaires acceptèrent de rentrer au gouvernement.), l’assemblée vota une motion de défiance envers le ministère le 20 janvier.

 

Les ministres ayant tous démissionné, Bonaparte décida alors de mettre en place un gouvernement composé de fonctionnaires et de techniciens (un diplomate aux Affaires étrangères, un industriel à l’Agriculture, un doyen d’université à l’Instruction publique, etc.).

Ce dernier fut alors surnommé le petit ministère, ou ministère sans nom, Bonaparte n’ayant pas nommé de président du conseil.

 

            5° L’impossible réforme constitutionnelle (janvier 1851 à décembre 1852) – Comme nous l’avons vu précédemment, le mandat présidentiel de Louis Napoléon Bonaparte arrivait à expiration en décembre 1852 ; en outre, ce dernier était non reconductible pour une durée de quatre ans.

Toutefois, l’assemblée décida de fixer les futures élections présidentielles et législatives au printemps 1852, soit plus de six mois avant la fin du mandat présidentiel.

Le président de la république se trouvait donc contraint de militer activement en faveur d’une révision de la constitution de 1848, s’il souhaitait conserver son pouvoir.

 

a) L’échec de la révision constitutionnelle (janvier à juillet 1851) : hormis la frange gauche de l’assemblée, la plupart des députés n’étaient pas hostiles à l’annulation de la clause de rééligibilité, voire à la prolongation du mandat présidentiel (qui passerait de 4 à 10 ans.).

 

En avril 1851, afin de se réconcilier avec le parti de l’ordre, Louis Napoléon Bonaparte accepta de mettre en place un nouveau gouvernement, confiant la charge de président du conseil à Léon Faucher[5] (les ministères furent alors répartis entre monarchistes et bonapartistes.).

 

Le 19 juillet 1851, alors que l’assemblée devait débattre de la loi permettant au président de la république de se représenter, une partie des conservateurs, regroupés autour d’Adolphe Thiers, décidèrent de s’allier à l’extrême gauche afin de contrer les ambitions de Louis Napoléon Bonaparte.

Au final, même si deux tiers des députés votèrent en faveur d’une révision de la constitution, le texte ne fut pas adopté car il ne parvint pas à obtenir ¾ des suffrages (seuil minimum exigé par la constitution de 1848 en cas de réforme constitutionnelle.).

 

b) La préparation du coup d’Etat (août à décembre 1851) : suite à l’échec du scrutin concernant la réforme de la constitution, Louis Napoléon Bonaparte commença à fourbir ses armes en prévision d’un coup de force.

Ainsi, dès le mois d’août, plusieurs conjurés se réunirent autour du président de la république, mettant en place les bases d’un coup d’Etat qui devait se tenir en septembre 1851 (finalement, l’évènement fut retardé en raison d’hésitations de dernière minute.).

 

En octobre 1851, Morny conseilla à Louis Napoléon Bonaparte d’exiger l’abrogation de la loi de mai 1850 (excluant du suffrage universel les plus démunis.), ce qui entraîna de nombreux débats à l’assemblée. Par ailleurs, comme Faucher refusa lui aussi de se prononcer contre la loi de restriction, il fut alors invité à présenter sa démission.

 

Suite au renvoi de Faucher, un nouveau gouvernement fut mis en place, constitué de bonapartistes. L’on y retrouvait des personnalités telles que le général Armand Jacques Achille Leroy de Saint Arnaud[6], ministre de la guerre, et Bertrand de Lacrosse, ministre des Travaux Publics[7].

Le général Armand de Saint Arnaud, XIX° siècle, musée des Invalides, Paris.

Par ailleurs, Bonaparte plaça des bonapartistes à des postes importants (préfecture et division militaire de Paris.), soucieux de pouvoir compter sur des hommes fidèles en prévision du futur coup d’Etat.

 

Le 13 novembre 1851, alors que le projet d’abrogation de la loi sur le vote fut rejeté par l’assemblée, Adolphe Thiers et ses partisans décidèrent de faire adopter un décret donnant le droit au président de l’assemblée de prendre le contrôle de l’armée.

Finalement, si la proposition fut rejetée d’une courte majorité, Bonaparte décida de riposter sans attendre. La date du coup d’Etat fut alors fixée au 2 décembre 1852, date commémorative du sacre de Napoléon I° et de la victoire d’Austerlitz[8].

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[1] Hautpoul, né en janvier 1789, avait rejoint les rangs de la Grande armée en 1806. Participant à la plupart des campagnes de Napoléon, il servit sous la restauration, et fut élu député suite à la chute de Charles X. Suite à la prise d’Alger, Hautpoul fut envoyé au Maghreb en tant qu’inspecteur général de l’Infanterie en Algérie.

[2] 150 après son adoption, la loi Falloux est en partie abrogée. Si les écoles privées existant encore aujourd’hui, elles sont divisées en deux catégories : les écoles sous contrat avec l’Etat (les enseignants sont titulaires du CAPES et sont rémunérés par l’Etat.) et les écoles hors contrat (ces dernières sont beaucoup plus libres, notamment au niveau des programmes scolaires.).

[3] Satory est un quartier de Versailles.

[4] La dictature, à cette époque, n’avait pas une connotation péjorative, rappelant la charge de dictateur de la Rome antique. Ainsi, en cas de crise majeure, le sénat confiait pour une durée de six mois la dictature à un des deux consuls (en temps normal, ces derniers se partageaient la charge de chef de l’Etat.). Les pouvoirs liés à cette charge étaient très importants : le dictateur recevait les pleins pouvoirs, et toutes les autres magistratures romaines étaient suspendues. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[5] Rappelons que Faucher avait été ministre de l’Intérieur lors du premier gouvernement Barrot.

[6] Né en 1798, Saint Arnaud entra très jeune dans l’armée, faisant ses études au lycée Napoléon. Participant à l’expédition de Crimée (1821.) et à la cinquième guerre de Vendée (1832.), Saint Arnaud se fit connaître lors de la conquête de l’Algérie.

[7] Lacrosse avait déjà été ministre des Travaux publics lors des deux gouvernements Barrot.

[8] Pour en savoir plus sur le sacre de Napoléon I°, voir le 4, section I, chapitre deuxième, l’épopée napoléonienne ; pour la bataille d’Austerlitz, se référer au b), 4, section II, chapitre deuxième, l’épopée napoléonienne.

 
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