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La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE SIXIEME : La Seconde Guerre mondiale

(septembre 1939 à septembre 1945)

 

V : 1942

           

            1° Le régime de Vichy, de Darlan à Laval (1942) – En fin d’année 1941, l’amiral Darlan était en difficulté, fragilisé par l’échec des protocoles de Paris[1] et la perte du Proche-Orient[2]. Par ailleurs, le vice-président du conseil était en conflit avec Weygand, commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord (ce dernier refusait que les Allemands ne s’installent dans la région.), et le général Huntziger (l’armée de Terre acceptant mal d’être commandée par un marin.).

Toutefois, Huntziger mourut dans un accident d’avion le 12 novembre 1941 ; Weygand, quant à lui, fut rappelé à Paris le 18 novembre, sous la pression des Allemands[3] (il fut alors remplacé par le général Alphonse Juin[4].).

Le général Juin reçevant son bâton de maréchal, 1952, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

a) Vers une co-belligérance avec l’Allemagne ? (décembre 1941) : le 1er décembre 1941 se déroula une rencontre à Saint-Florentin, à laquelle participèrent Pétain, Darlan et Hermann Göring[5].

La rencontre de Saint-Florentin (l'on aperçoit Göring, au centre, soutenant le maréchal Pétain. L'amiral Darlan se trouve à droite de l'image).

Cette réunion avait pour objectif d’étudier les moyens que Vichy pourrait mettre en œuvre afin de porter assistance à Rommel, qui éprouvait de grandes difficultés en Libye.

De son côté, le maréchal réclama un certains nombres d’assouplissements des conditions d’armistice : reconnaissance de la souveraineté française sur tout le territoire, libération des prisonniers, diminution du coût d’entretien de l’armée d’occupation, franchissement simplifié de la ligne de démarcation, etc.

Toutefois, Goering rejeta point par point les propositions du maréchal Pétain ; Darlan resta sur ses positions. Ainsi, l’entrevue se solda sur un échec.

Contrôle des laissez-passer à la ligne de démarcation.

 

L’attitude du gouvernement de Vichy ne plaisait guère à Hitler, dont l’objectif était de contraindre la France à lutter contre les Britanniques qui progressaient en Afrique, perturbant l’approvisionnement du troisième Reich en pétrole.

Par ailleurs, l’ouverture du procès de Riom, le 19 février 1942, destiné à juger les politiques responsables de la défaite (Daladier, Gamelin, Léon Blum[6], etc.) ne plut guère au Führer.

En effet, les accusés se défendirent vigoureusement, démontrant que Pétain lui-même avait une part de responsabilité dans la catastrophe de mai 1940[7].

Léon Blum au procès de Riom.

Afin de couper court aux atermoiements du régime de Vichy, Hitler fit transmettre un ultimatum au maréchal Pétain (début avril 1942.) : ce dernier devait faire appel à Laval sans tarder, sans quoi la France serait « polonisée » et ravagée par les troupes d’occupation.

 

b) Laval retrouve le pouvoir (avril 1942) : le 18 avril, le maréchal, mis devant le fait accompli, fut contraint de limoger ses ministres et de faire appel à Laval, qui fut nommé chef de gouvernement (une première dans l’histoire du régime de Vichy où la fonction de premier ministre n’avait jamais officiellement existé.).

Outre sa nouvelle charge, Laval récupéra le ministère des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de l’Information.

A noter que ce dernier s’entoura d’un personnel plus républicain (contrairement à 1940 où les membres du gouvernement étaient en majorité des réactionnaires ou des royalistes.), marquant une cassure avec la Révolution nationale voulue par le maréchal.

Publicité présentant un ouvrage consacré à Laval (la légende indique : "Vient de paraître : Qui est Pierre Laval ? Aux côtés du maréchal, la dernière chance de la France.").

 

Dès son entrée en fonction, Laval décida de poursuivre une politique de collaboration accrue avec l’Allemagne, convaincu que la France ne pourrait retrouver son statut d’antan qu’en multipliant les gages de bonnes volonté vis-à-vis du troisième Reich.

Ainsi, Laval poursuivit jusqu’à la fin de la guerre une politique de collaboration de plus en plus poussée, sans jamais obtenir de contreparties en retour.

Caricature britannique parodiant le retour de Laval au pouvoir (Marianne s'adresse au maréchal Pétain : "regarde ce que le chat à rapporté !" Derrière le "chat-Laval", l'on trouve plusieurs chatons : "fin de l'aide américaine", "co-belligérance allemande", "esclavage", etc.).

 

En juin 1942, il prononça le discours suivant, qui ne fit qu’accroître son impopularité : Nous avons eu tort, en 1939, de faire la guerre. Nous avons eu tort, en 1918, au lendemain de la victoire, de ne pas organiser une paix d'entente avec l'Allemagne. Aujourd'hui, nous devons essayer de le faire. Nous devons épuiser tous les moyens pour trouver la base d'une réconciliation définitive. Je ne me résous pas, pour ma part, à voir tous les vingt-cinq ou trente ans la jeunesse de nos pays fauchée sur les champs de bataille. [...] J'ai la volonté de rétablir avec l'Allemagne et avec l'Italie des relations normales et confiantes. De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe. [...] Je voudrais que demain nous puissions aimer une Europe dans laquelle la France aura une place qui sera digne d'elle. Pour construire cette Europe, l'Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques. Elle doit, avec d'autres, consentir d'immenses sacrifices. [...] Je souhaite la victoire de l'Allemagne, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout. Ainsi donc, [...] nous voilà placés devant cette alternative : ou bien nous intégrer, notre honneur et nos intérêts vitaux étant respectés, dans une Europe nouvelle et pacifiée, ou bien nous résigner à voir disparaître notre civilisation. [...] J'ai toujours trop aimé mon pays pour me soucier d'être populaire. J'ai à remplir mon rôle de chef. Quand je vous dis que cette politique est la seule qui puisse assurer le salut de la France et garantir son développement dans la paix future, vous devez me croire et me suivre.

 

Laval trouva toutefois un certain soutien au sein du Service d’ordre légionnaire, fraction de la Légion française des combattants.

Affiche de propagande vichyste en faveur du Service d'ordre légionnaire.

Cette organisation paramilitaire fasciste apparut en janvier 1942, à l’initiative de Joseph Darnand[8]. Ce dernier, favorable à l’ultra-collaboration et à l’antisémitisme, reçut l’aval du régime de Vichy.

Darnand, à la tête du SOL, se livra à de nombreuses exactions, tout en adoptant une politique de délation de grande ampleur.

Joseph Darnand, couverture de Paris-Match, 21 mars 1940.

 

c) La solution finale : si en 1941 le régime de Vichy avait adopté plusieurs mesures antisémites, les Français de confession juive et les juifs d’origine étrangère étaient jusqu’à présent internés dans des camps érigés à l’occasion. 

Côté allemand, la situation était la même, à l’exception des territoires de l’est (Pologne, Ukraine, Russie.), ou de nombreux massacres avaient été commis à l’encontre de populations juives et slaves.

Exposition antisémite "Le juif et la France", présentée au palais Berlitz, à Paris, de septembre 1941 à janvier 1942, Mémorial Leclerc, Paris.

 

Cependant, alors qu’à l’origine Hitler avait imaginé déporter tous les juifs vers Madagascar, afin d’en faire une « réserve juive », ce dernier fut contraint d’abandonner ce projet en raison de la continuation de la guerre avec la Grande-Bretagne. Dans un même ordre d’idée, il fut un temps prévu de déporter les juifs vers la Sibérie, mais les aléas du front est condamnèrent aussi ce nouveau plan.

Ainsi, c’est au cours de l’automne que 1941 que le Führer décida d’éliminer physiquement l’ensemble des populations juives d’Europe. Hitler chargea donc Reinhard Heydrich, chef du RSHA[9], d’organiser la solution finale de la question juive (l’extermination des juifs menée par le troisième Reich fut surnommée Shoah, ce qui en hébreu signifie « catastrophe. »).

Affiche de propagande allemande, présentant un chevalier combattant les trois "fléaux" de l'Europe, à savoir les communistes, les juifs et les Britanniques, Mémorial Leclerc, Paris (la légende indique : "Victoire - La grande croisade européenne").

 

Dans un premier temps, plusieurs convois transportèrent des juifs d’Allemagne en direction de l’URSS, où les Einsatzgruppen[10] avaient déjà établi des zones de massacre. En cette fin d’année 1941, la mise à mort se faisait toujours par balles, mais cette méthode fut considérée comme trop coûteuse et perturbante[11] par Heydrich.

Massacres commis par les Einsatzgruppen.

C’est ainsi qu’un premier camp d’extermination fut ouvert à Kulm (aujourd’hui Chelmno, en Pologne.), en décembre 1941. Contrairement aux camps de concentration qui ne servaient qu’à emprisonner les déportés, les camps d’extermination avait pour fonction première de tuer en grande quantités : dans un premier temps, les détenus furent asphyxiés dans des camions, dont les fumées d’échappement étaient dirigées à l’intérieur du véhicule.

 

En janvier 1942 se tint la conférence de Wannsee, ou Heydrich reçut le soutien officiel des différents secrétaires d’Etat des ministères du troisième Reich.

Villa où fut organisée la conférence de Wannsee.

Au cours des semaines qui suivirent, de nouveaux camps d’extermination furent ouverts en Pologne, comme à Sobibor, Belzec, Treblinka, Lublin et Auschwitz (ces deux derniers cumulaient la fonction de camp de concentration et d’extermination.).

Au printemps 1942, le système des camions fut remplacé par des chambres à gaz, où les prisonniers furent assassinés par ingestion de monoxyde de carbone ou de Zyklon B[12] ; les corps des victimes étaient ensuite placés dans des fours crématoires afin d’être réduits en cendres.

Entrée du camp d'Auschwitz (la grille en fer porte l'inscription Arbeit macht frei, ce qui signifie "le travail rend libre" en français).

 

En parallèle de ces camps, les Allemands érigèrent des ghettos dans un certain nombre de villes occupées (Varsovie, Cracovie, Lodz, Lvov, Riga, Budapest, etc.).

L'érection du mur entourant le ghetto de Varsovie.

Les habitants de ces ghettos, emmurés par les nazis et coupés du monde extérieur, souffrant de la faim et de la surpopulation, vécurent dans des conditions désastreuses pendant plusieurs mois.

L’objectif des Allemands était de parquer les juifs dans des zones fermés, avant leur transfert en camp d’extermination (la plupart des ghettos furent vidés en cours d’année 1943.).

la liquidation du ghetto de Varsovie.

 

L’année 1942 fut la plus meurtrière pour les juifs d’Europe, le troisième Reich comptabilisant à cette date près de 1.5 millions de victimes.

 L'Europe des camps (1942).

 

d) La collaboration policière du régime de Vichy : suite au retour de Laval à la tête de l’Etat, la Gestapo[13] s’établit partout en zone nord, multipliant les arrestations et les tortures.

René Bousquet[14], nommé secrétaire général à la police et chef de la police nationale[15], se mit en relation avec Karl Oberg, chargé de la police allemande en France (Bousquet obtint de son homologue allemand une reconnaissance théorique de la police française.

En raison des accords Bousquet-Oberg, la police française fut chargée d’organiser des rafles à l’encontre des juifs, prenant en charge leur détention et leur déportation vers les camps de la mort.

Rencontre entre Bousquet (à gauche) et Heydrich (au centre), 1942.

 

C’est ainsi que fut opérée la rafle du vélodrome d’hiver (ou rafle du vel d’hiv.), à la mi-juillet 1942.

Au début du mois, la Gestapo ordonna à Bousquet d’arrêter tous les juifs d’origine étrangère se trouvant dans la région parisienne, soit environ 20 000 personnes.

Le 15 juillet (les Allemands reportèrent la rafle d’une journée, souhaitant éviter une réaction de la population le jour de la fête nationale.), les policiers français arrêtèrent près de 13 000 personnes (dont 4 000 enfants et 6 000 femmes.), qui furent transférés au vélodrome d’hiver ou au camp de Drancy.

Après cinq jours de détention dans des conditions difficiles (privation d’eau et de nourriture.), les détenus furent déportés en direction d’Auschwitz[16].

La rafle du vel d'hiv, juillet 1942.

 

Toutefois, Bousquet étant soucieux de se débarrasser des juifs étrangers au plus tôt, il accorda des cartes d’identités françaises à des policiers allemands à l’été 1942. Ces derniers, pénétrant en zone libre, et travaillant de concert avec la police française, arrêtèrent et déportèrent près de 7 000 personnes.

 

Dans un même ordre d’idée, le port de l’étoile jaune pour tous les juifs fut instauré en mai 1942 en zone occupée (à noter que cette distinction antisémite avait été instaurée en Allemagne par Heydrich en septembre 1941.).

En zone libre, par contre, le port de l’étoile ne fut pas exigé ; toutefois, une loi votée en décembre 1942 imposa aux Français de confession juive de faire inscrire la mention « juif » sur leurs pièces d’identité.

Français de confession juive arborant l'étoile jaune.

 

C’est à compter de l’automne 1942 que les premières protestations à l’encontre du régime de Vichy se firent entendre. Plusieurs évêques condamnèrent à cette occasion cette politique antisémite qu’ils jugeaient inacceptable. Par ailleurs, de nombreux Français tentèrent d’apporter leur aide à leurs compatriotes de confession juive, en leur fournissant un hébergement, des faux papiers ou une filière d’évasion (l’on estime aujourd’hui à 225 000 le nombre de personne ayant réussi à échapper à la déportation.).

 

e) Des premières réquisitions allemandes à la création du STO (été 1942 à février 1943) : au printemps 1942, afin de compenser les pertes économiques dues à l’envoi de millions d’hommes sur le front est, le régime nazi décida de profiter de la main d’œuvre européenne pour combler son déficit.

 

C’est ainsi que Berlin réclama 350 000 travailleurs au régime de Vichy en juin 1942. Laval fut contraint d’accepter, négociant toutefois le retour en France d’un prisonnier de guerre, contre trois travailleurs partant en Allemagne.

Mais la Relève, telle que présentée par le régime de Vichy, ne fit guère d’émules (en du fait qu’elle n’était pas nominative : impossible de faire rentrer un membre de la famille ou un ami en échange d’un volontariat.). Ainsi, seulement 17 000 travailleurs se portèrent volontaires d’ici la fin août 1942.

Affiches de propagande vichyste en faveur de la relève, 1942, Mémorial Leclerc, Paris (à gauche, la légende indique : "La Relève continue ! Il en reste... relevez les !" ; à droite : "En travaillant en Allemagne, tu seras l'ambassadeur de la qualité française.").

 

Afin de faire face à ce manque d’engouement, le maréchal Pétain décida d’adopter des mesures plus radicales, promulguant une loi de réquisition en septembre 1942, permettant à la police allemande de procéder à de nombreuses réquisitions en zone occupée.

Cette loi entraîna le départ de 250 000 Français en direction de l’Allemagne en l’espace de six mois.

 

Plus tard, en février 1943, Laval donna naissance au service obligatoire du travail (SOT.), qui fut rapidement rebaptisé service du travail obligatoire (STO.) à cause de ces initiales.

Le chef du gouvernement décida d’envoyer en Allemagne les jeunes privés de service militaire, nés entre 1920 et 1922.

Affiche de propagande vichyste en faveur du STO (l'illustration est divisée en deux parties : à gauche, une usine allemande d'où sortent des travailleurs français heureux ; à droite, des soldats anglais épuisés et confrontés à la mort. La légende indique : "Jeunes de France... sachez choisir !").

 

Toutefois, l’adoption de ces mesures jugées iniques par de nombreux Français ne fit qu’accroitre l'impopularité de Laval. Par ailleurs, près de 200 000 réfractaires au STO se tournèrent vers la résistance (certains s’engagèrent dans la France libre, gagnèrent le maquis.).

 

A noter que les conditions de vie des travailleurs du STO furent parfois difficiles, surtout au cours des derniers mois de la guerre. Aujourd’hui, l’on estime que 30 000 de ces travailleurs forcés périrent en Allemagne.

 

            2° Les mouvements de résistance français (1942) – Comme nous venons de le voir, les mesures adoptées par le régime de Vichy au cours de l’année 1942 (port de l’étoile jaune, rafles, réquisitions, etc.), ne firent provoquer le mécontentement de nombreux français.

C’est ainsi que les réseaux de résistances, qui étaient apparus en cours d’année 1941, ne firent que gagner en importance (à Paris, les attentats contre les officiers et soldats allemands se multiplièrent, à l’instar des représailles sur la population civile.).

 

A compter de l’hiver 1941, la France libre parvint à établir plusieurs contacts avec les principaux réseaux de résistance.

Toutefois, comme nous l’avons expliqué précédemment, les différentes mouvances étaient très hétéroclites. Ainsi, l’on y retrouvait des Gaullistes, des communistes, des résistants d’extrême-droite refusant la domination allemande, des chrétiens, etc.).

 

Pour le général de Gaulle, leader de la France libre (rebaptisée France combattante en juillet 1942.), l’objectif était d’être reconnu par les mouvements de résistances en France ; pour ces derniers, l’objectif était de recevoir un soutien matériel et financier afin de pouvoir prendre de l’ampleur.

Le principal acteur de cette union entre ces deux résistances, l’une extérieure, l’autre intérieure, fut Jean Moulin[17], qui partit pour Londres en septembre 1941.

Jean Moulin.

Ce dernier, mettant en avance son expérience sur le terrain (Moulin avait contacté plusieurs groupes de résistants à l’été 1941.), parvint à recevoir l’aval du général de Gaulle. Le leader de la France combattante donna à donc à Moulin la mission d’unifier les différents mouvements de résistance, mais aussi de donner naissance à une armée secrète unifiée qui serait placée sous l’autorité des FFL (l’objectif du général était donc de séparer le politique du militaire.).

 

C’est ainsi que Jean Moulin fut parachuté dans les Bouches-du-Rhône, dans la nuit du 1er janvier 1942, ayant à sa disposition 1.5 millions de francs ainsi que du matériel de communication.

Dans un premier temps, Moulin concentra son action sur la zone libre, sous le pseudonyme de Rex. Ce dernier se rapprocha donc d’Henri Frenay[18], leader du groupe Combat[19] ; d’Emmanuel d’Astier de La Vigerie[20], leader du groupe Libération ;  de Jean Pierre Lévy[21], leader du groupe Franc-Tireur.

De gauche à droite : Henri Frenay, Emmanuel d'Astier de La Vigerie, Jean Pierre Lévy, Mémorial Leclerc, Paris. 

Toutefois, l’entente entre les trois hommes se fit non sans mal, Frenay étant partisan de la primauté du militaire, contrairement à d’Astier qui recrutait parmi les couches populaires.

Cependant, des services communs furent mis en place : en avril 1942, le Bureau d’information et de propagande (il s’agissait d’une presse clandestine.) ; en juillet 1942, le Comité général d’études (chargé d’étudier les réformes politiques et économiques à mettre en oeuvre à la libération.).

Par ailleurs, Frenay et d’Astier s’étant rendus à Londres pour rencontrer le général de Gaulle en septembre 1942, ces derniers donnèrent leur accord à la fusion des principaux groupes de résistance, mais aussi à la création d’une armée secrète.

 

Se réunissant à Collonges-au-Mont-d’Or, dans le département du Rhône, à la fin novembre 1942, Moulin, Frenay, d’Astier et Lévy donnèrent naissance au comité de coordination de la zone sud. Cette organisation donna naissance deux mois plus tard aux Mouvements unis de la résistance, fruit de la fusion de Combat, Libération et Franc-Tireur (janvier 1943.).

Moulin en fut nommé président, d’Astier devenant commissaire aux affaires politiques, Frenay commissaire aux affaires militaires, Lévy commissaire aux renseignements et à l’administration.

Le nouveau Père Duchesne, périodique clandestin imprimé par le groupe Franc-Tireur (Le Père Duchesne original était un journal datant de la Révolution française),  musée des Invalides, Paris.

 

Quant à l’armée secrète, instaurée à l’été 1942 et commandée par le général Charles Delestrain[22], ses relations avec les principaux groupes de résistances posèrent problème. En effet, ces derniers refusaient une séparation de l’activité politique et de l’activité militaire ; en outre, ils refusaient que l’armée secrète dépende directement de Londres.

Le général Charles Delestrain, Mémorial Leclerc, Paris.

 

Toutefois, si les différents mouvements de la zone sud avaient entamé un processus d’unification au printemps 1942, l’union des groupes de résistances en zone nord ne se fit qu’à compter de 1943.

 

            3° Le débarquement de Dieppe (19 août 1942) – A l’été 1942, si le troisième Reich n’avait pas réussi à prendre Moscou, l’armée rouge subissait de très importantes pertes face à la Wehrmacht.

Staline, entrant en contact avec Roosevelt et Churchill, réclamant donc à ces derniers l’ouverture d’un front à l’ouest, afin de contraindre Hitler à redistribuer une partie de ses forces.

Toutefois, le premier ministre britannique était réticent à une offensive à l’ouest, préférant opérer un débarquement en Afrique du nord ou dans les Balkans (ces territoires étant jugés moins biens défendus par l’ennemi.). C’est dans ce contexte que fut élaborée l’opération Rutter, la première sur le front ouest depuis 1940.

 

Cette offensive, visant le port de Dieppe, fut toutefois annulée au cours de la première semaine de juillet, en raison du mauvais temps.

Toutefois, malgré l’arrivée d’une division de Panzers à Amiens, rentrée du front de l’est, le vice-amiral Louis Mountbatten[23] décida de ne pas annuler l’offensive, qui fut rebaptisée opération Jubilee.

 

Le débarquement s’effectua à l’aube du 19 août 1942, sur quatre zones de la plage de Dieppe. Toutefois, les 6 000 soldats[24] participant à l’opération se retrouvèrent face à un terrain inhospitalier, recouvert de barbelés, derrière lesquels se trouvaient des bunkers équipés de mitrailleuses. 

Par ailleurs, même si les soldats alliés étaient couverts par la Royal Air Force, les aviateurs britanniques furent décimés par la Flak (abréviation de Flakartillerie, désignant les batteries anti-aériennes.).

 

Les tirs meurtriers des soldats allemands fauchèrent rapidement plusieurs centaines de victimes, les survivants tentant tant bien que mal d’ouvrir une brèche dans les réseaux de barbelés. C’est ainsi que quelques dizaines de soldats parvinrent à pénétrer dans Dieppe, mais furent capturés par les Allemands en raison d’un manque de soutien.

L'échec du débarquement de Dieppe, août 1942, Mémorial Leclerc, Paris.

 

A 11 heures, considérant l’ampleur de la catastrophe, l’Etat-major britannique ordonna l’évacuation des plages. Toutefois, la marée basse laissa les Britanniques à découvert, et beaucoup d’entre eux trouvèrent la mort en se repliant vers les navires d’embarcation.

 

Au final, l’opération Jubilee s’achevait sur un cuisant échec, les alliés déplorant la perte de 1 500 morts (soit 1 000 Canadiens et 5 00 Britanniques.), 2 000 prisonniers, et plus une centaine d’avions détruits.

Les Allemands, quant à eux, n’avaient perdu qu’une centaine de soldats, plus 300 blessés.

L'échec du débarquement de Dieppe, août 1942, Mémorial Leclerc, Paris.

 

            4° Le siège de Léningrad (janvier à mai 1942) – Léningrad, ancienne capitale de l’URSS, était assiégée par le groupe d’armées nord depuis septembre 1941.

Toutefois, la cité avait été puissamment fortifiée au cours des années 1930, étant  entourée de tranchées, lignes antichars, blockhaus, nids de mitrailleuses, etc.

Ainsi, plutôt que de prendre Léningrad par la force, Hitler décida de mener un siège d’attrition.

Le siège de Léningrad.

 

a) Le siège de Léningrad (hiver 1941-1942) : alors qu’en janvier près de 4 000 personnes mourraient de faim chaque jour, l’Etat-major soviétique décida de procéder à l’évacuation de la population civile via le lac Ladoga (pris par les glaces à cette période de l’année.). C’est ainsi que près d’un millions d’habitants furent évacués pendant l’année 1942.

Convoie soviétique sur le lac Ladoga gelé.

 

Par ailleurs, les Soviétiques poursuivirent en janvier 1942 la contre-offensive qu’ils avaient lancée en décembre dernier, parvenant à repousser les troupes allemandes de 200 kilomètres au sud de Léningrad.

C’est ainsi que deux armées ennemies furent prises au piège dans les poches de Demiansk et de Kholm.

 

b) La poche de Demiansk et l’opération Brückenschlag (janvier à mai 1942) : à la fin janvier 1942, 90 000 Allemands se retrouvaient enfermés dans la poche de Demiansk (à noter toutefois que les troupes de la Wehrmacht n’étaient pas assiégées dans une ville, mais étaient encerclées sur un territoire large d’une cinquantaine de kilomètres.).

 

Le général Walter von Brockdorff-Ahlefeldt[25], qui commandait, était convaincu que des renforts arriveraient au printemps, et qu’il fallait tenir jusque là. Toutefois, étant coupés du gros de l’armée du nord, les Allemands ne tarderaient pas à manquer de munitions et de provisions.

Ainsi, l’OKW décida d’organiser un ravitaillement grâce à un pont aérien opéré par la Luftwaffe. Ainsi, jusqu’au printemps 1942, les avions allemands évacuèrent les blessés, firent parvenir 30 000 soldats en renfort, et débarquèrent près de 65 000 tonnes de ravitaillement (la Luftwaffe perdit toutefois près de 265 appareils, malgré la faiblesse de l’aviation soviétique.).

Le général Walter von Brockdorff-Ahlefeldt.

 

En mars, d’importants combats se déroulèrent dans Demiansk, près de 6 000 parachustistes de l’armée rouge ayant sauté sur la ville. Toutefois, l’offensive soviétique fut un échec, les Allemands parvenant à réduire les poches de dissidence au cours de la première semaine d’avril.

 

Au même moment, l’OKW élabora l’opération Brückenschlag, destinée à délivrer les divisions encerclées dans la poche de Demiansk. Toutefois, les premières attaques allemandes furent bloquées par la résistance des Soviétiques. Ces derniers furent toutefois contraints de reculer lorsqu’ils furent attaqués sur deux fronts par les hommes du général von Brockdorff-Ahlefeldt et les troupes allemandes de renfort.

La poche de Demiansk.

 

La poche de Demiansk, libérée de toute présence ennemie au début du mois de mai 1942, forma toutefois un saillant d’une centaine de kilomètres de large sur la ligne de front.

Au final, les affrontements causèrent d’importants dégâts aux troupes allemandes : 3 300 tués et 37 000 blessés et disparus.

 

c) La poche de Kholm (janvier à mai 1942) : en février 1942, alors que 90 000 Allemands étaient encerclés dans la poche de Demiansk, plusieurs milliers de leurs compatriotes furent pris au piège par l’armée rouge dans Kholm (ville située à 80 kilomètres au sud-ouest de Demiansk.).

 

Le général Theodor Scherer[26], qui commandait, se retrouvait dans une situation difficile, ne disposant que de 5 000 soldats (contre 90 000 à Demiansk.). Une fois encore, un pont aérien fut mis en place par l’OKW, ce dernier étant toutefois de taille plus modeste.

Le général Theodor Scherer.

 

Repoussés dans la moitié ouest de Kholm, les Allemands parvinrent toutefois à résister aux attaques menées par les Soviétiques jusqu’au printemps, date à laquelle l’opération Brückenschlag entraîna le recul des troupes ennemies.

La poche de Kholm.

 

d) L’opération Nordlicht ou offensive de Siniavine (été 1942) : comme nous venons de le voir, le groupe d’armée du nord avait lancé une importante offensive en avril 1942, libérant les poches de Demiansk et de Kholm, mais parvenant en outre à progresser d’une centaine de kilomètres autour de Léningrad. C’est ainsi que les Allemands s’emparèrent de la rive sud du lac Ladoga, menaçant désormais le ravitaillement de l’ancienne capitale soviétique.

 

Au mois d’août, l’OKW élabora l’opération Nordlicht[27], visant à attaquer Léningrad sur deux fronts, avec le soutien de l’armée finlandaise.

Côté soviétique, la Stavka (il s’agissait de l’Etat-major russe.) préparait l’offensive de Siniavine, en direction de la ville du même nom.

A noter toutefois que la région du lac Ladoga, humide et très boisée, réduisait considérablement la mobilité des chars et de l’artillerie. C’est pourquoi Siniavine était un objectif stratégique, ce village situé sur la rive sud du lac Ladoga étant bâti sur une colline s’élevant à 150 mètres d’altitude.

 Première phase de l'offensive de Siniavine.

 

A la fin du mois d’août 1942, l’armée rouge attaqua la position allemande par l’est, les Soviétiques profitant d’une forte supériorité numérique et matérielle (190 000 soldats, chars T-34, camions BM-13 Katioucha[28], etc.).

Camion BM-13 Katioucha.

Faisant face à une forte résistance allemande, les troupes soviétiques parvinrent toutefois à enfoncer la ligne de front ennemie et à progresser vers Siniavine, formant toutefois un dangereux saillant de six kilomètres en territoire ennemi.

Seconde phase de l'offensive de Siniavine.

 

Ayant bloqué l’offensive de l’armée rouge, les Allemands lancèrent contre-attaquèrent à compter du 10 septembre, bénéficiant de la maîtrise des airs (la Luftwaffe, bien qu’inférieure en nombre, avait réussi à repousser les appareils soviétiques.) et disposant de nouveaux chars Panzer VI Tigre (ce blindé lourd allemand, conçu pour faire face aux T-34, disposait d’un canon de 88 et d’un blindage de 100 mm.).

Panzer VI Tigre.

Faisant face aux mêmes difficultés que les Soviétiques au mois d’août, les Allemands parvinrent toutefois à encercler l’ennemi à l’est de Siniavine à la fin du mois de septembre. Réduisant à néant les dernières poches de résistances jusqu’à la mi-octobre, l’armée allemande s’installa ensuite sur ses positions initiales.

Troisième phase de l'offensive de Siniavine.

 

L’offensive de Siniavine s’achevait sur un échec pour l’armée rouge. Ainsi, les Soviétiques déploraient la perte de 30 000 tués et disparus, 70 000 blessés et 12 000 capturés, sans compter les pertes matérielles (244 chars et 193 canons avaient été récupérés par les Allemands dans la poche de Siniavine.).

A noter toutefois que la situation allemande n’était guère réjouissante non plus. Ainsi, non seulement la Wehrmacht déplorait d’importantes pertes (6 000 tués et 20 000 blessés.) ; en outre, en raison du siège de Stalingrad[29], plusieurs unités du groupe d’armée nord furent envoyées sur les rives de la Volga, contraignant l’Etat-major à annuler l’opération Nordlicht.

 

            5° La bataille de Stalingrad (septembre 1942 à février 1943) – Comme nous l’avons vu plus tôt, la Wehrmacht avait échoué aux portes de Moscou en décembre 1941. Toutefois, n’ayant pas reçu leurs fournitures d’hiver, et manquant de carburant, les troupes allemandes furent contraintes de mettre un terme à leur offensive, établissant leurs quartiers d’hiver sur un front de 2 000 kilomètres de long.

Les Soviétiques, quant à eux, profitèrent de cette inaction pour repousser l’ennemi à plus de cent kilomètres de la capitale.

 

a) La conception de l’opération Fall Blau (printemps 1942) : l’opération Barbarossa n’ayant pas permis à la Wehrmacht de s’emparer de Moscou, un nouveau plan fut élaboré par l’OKW en début d’année 1942.

L’opération Fall Blau[30] (rebaptisée plus tard opération Brunswick.), mobilisant le groupe d’armée du sud (alors installé en Ukraine.), prévoyait donc la mise en place de deux offensive en direction, l’une en direction du Caucase (l’objectif était de s’emparer des champs de pétrole.), l’autre en direction de la Volga (importante voie de ravitaillement soviétique[31].).

Le front est - la bataille de Stalingrad et l'invasion du Caucase.

 

Afin de mener à bien cette offensive, le groupe d’armée du sud fut divisée en deux parties : le Heeresgruppe A[32] (Caucase.), commandé par le général Siegmund Wilhelm List[33] ; et le Heeresgruppe B (Volga.), commandé par le général Maximilian von Weichs zu Glon[34].

Les généraux Siegmund Wilhelm Mist (à gauche) et Maximilian von Weichs zu Glon (à droite).

 

A noter toutefois que les moyens mis en œuvre par les Allemands étaient relativement insuffisants. Ainsi, près d’un tiers des divisions de la Wehrmacht étaient des unités étrangères (Hongroises, Italiennes, Roumaines, etc.) ; en outre, plus de mille kilomètres séparaient les positions allemandes des plaines du Caucase.

 

b) La campagne du Caucase ou opération Edelweiss (juin à septembre 1942) : la campagne commença par la prise de la forteresse de Sébastopol en juillet 1942 (cette dernière était assiégée depuis l’automne 1941.).

Le groupe A, se dirigeant vers Rostov (à la pointe nord-est de la mer d’Azov.), livra de violents combats urbains contre les Soviétiques en pénétrant dans la ville.

Puis, traversant la région du Kouban, sur les rives de la mer Noire, pendant l’été 1942, les Allemands s’emparèrent de la cité pétrolière de Maïkop à la mi-août.

A noter que si les troupes allemandes avaient réussi à progresser de 500 kilomètres en l’espace d’un mois, les Soviétiques avaient saboté les puits de pétrole avant d’évacuer le territoire. Ainsi, les rendements de ces derniers restèrent faibles pendant la durée de l’occupation allemande.

 

A la fin du mois d’août, le groupe A s’empara de Krasnoban, la capitale du Kouban ; de la péninsule de Taman, protégeant l’entrée de la mer d’Azov ; et de Touapsé, sur les rives de la mer Noire.

 

Hitler, satisfait du bilan de l’opération Edelweiss, ordonna à la Wehrmacht de progresser vers Grozny, cité protégeant la route vers Bakou. A noter qu’outre la capture des champs de pétrole, l’objectif du Führer était désormais de pouvoir disposer d’une base arrière au Caucase, afin de pouvoir frapper l’Inde britannique depuis le Kazakhstan.

 

Toutefois, la réalité du terrain était bien différente. En effet, le ravitaillement n’arrivait plus, sur ce front de 3 000 kilomètres de long. Ainsi, en novembre 1942, le groupe A se replia vers Naltchik et Mozdok, afin d’y hiverner jusqu’au printemps prochain.

 

c) La campagne de Stalingrad ou opération Fischreiher[35] (juin à novembre 1942) : alors que le froupe d’armée A avait bifurqué en direction du Caucause, le groupe d’armée B lança une grande offensive sur la rive occidentale du Don à la mi-juillet 1942.

 

A la fin du mois, ayant sécurisé leurs positions, les Allemands s’installèrent dans la boucle du Don, à 60 kilomètres à l’ouest de Stalingrad.

Les troupes allemandes décidèrent alors d’opérer une manœuvre d’encerclement début août, comme ils en avaient l’habitude depuis le début du conflit. Ainsi, une première offensive fut dirigée contre Frolovo, au nord ; et une autre contre Kotelnikovo, au sud.

Au même moment, la Luftwaffe commença à bombarder la cité ennemie. Les raids aériens, très violents, entrainèrent la destruction de 80% des espaces habitables de la ville, détruisant en outre ses installations industrielles (l’on estime que 40 000 personnes perdirent la vie au cours de ces premiers bombardements aériens.).

A noter toutefois que la Luftwaffe perdit près de 50% de ses appareils d’ici la fin septembre 1942, en raison des avions soviétiques, des défenses anti-aériennes ennemies, du froid et de l’usure naturelle. Cette affaiblissement de l’armée de l’air allemande permit aux Soviétiques de reprendre peu à peu le contrôle du ciel.

 

Au nord, la VI° Armée allemande, commandée par le général Friedrich Paulus[36], fit face à des défenses soviétiques sommaires mais acharnées. Les troupes allemandes parvint toutefois à prendre Rynok, jouxtant les faubourgs nord de Stalingrad.

Au sud, les Allemands parvinrent à s’emparer facilement de Kotelnikovo, mais furent bloqués par les défenses ennemies à une cinquantaine de kilomètres de Stalingrad. Toutefois, les Soviétiques étant retranchés à Krasnoarmeysk, les troupes allemandes lancèrent une offensive à quelques kilomètres à l’est de la position ennemie, menaçant désormais les Soviétiques d’encerclement.

Début septembre, les deux armées allemandes firent jonction aux portes de Stalingrad. Toutefois, non seulement le général soviétique Andreï Ivanovitch Eremenko[37], soucieux d’éviter un encerclement meurtrier, avait fait reculer le gros de ses troupes hors de la ville.

Troupes allemandes avançant dans les ruines de Stalingrad.

 

A la mi-septembre 1942, l’opération Fischreiher s’achevait sur un succès allemand. Ainsi, le trafic le long de la Volga était interrompu, Stalingrad avait perdu son potentiel industriel, et les pertes de l’armée rouge étaient considérables (300 000 tués et blessés, 90 000 prisonniers, 1 000 chars détruits, 750 canons capturés, 650 avions abattus.).

Cependant, non seulement les Soviétiques restaient installés sur la rive orientale de la Volga ; en outre, ils conservaient deux têtes de pont sur le Don, sur les arrières de l’armée allemande, à Kremenskaya et Serafimovitch (à 150 kilomètres au nord ouest de Stalingrad.).

 

A noter toutefois qu’à l’origine, les plans de l’OKW ne prévoyaient pas la capture de Stalingrad. En effet, l’objectif était seulement de détruire son potentiel économique et de s’emparer de sa région (afin de couper les approvisionnements soviétiques via la Volga.).

Toutefois, dans chaque camp Stalingrad devint plus qu’un objectif militaire, elle devint un impératif politique. Portant le nom du secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique[38], Stalingrad était pour Hitler un symbole à abattre, pour Staline un symbole à conserver à tout prix.

 

d) La bataille de Stalingrad (mi-septembre à novembre 1942) : Stalingrad étant désormais isolée, le groupe d’armée B fut chargé de réduire à néant les résistances ennemies dans la cité.

Côté soviétique, l’armée rouge ne parvenant pas à percer la ligne de défense allemande, le général Vassili Ivanovitch Tchouïkov[39] reçut l’ordre de défendre Stalingrad coûte que coûte, dans l’attente de l’arrivée des renforts. Tâche ardue d’autant que les troupes soviétiques étaient bien inférieures à l’ennemi (60 000 soldats pour l’URSS contre 90 000 côté allemand.).

Le général Vassili Ivanovitch Tchouïkov, au centre.

 

Du côté de la Wehrmacht, alors que les prévisions faisaient état d’une capture de la ville en l’espace d’une dizaine de jours, la réalité du terrain fut une fois encore bien différente.

En effet, soumis à un épuisant combat urbain, les Allemands perdirent dans les rues sinueuses de la ville leur avantage en termes de mobilité et de puissance de feu. En outre, la Luftwaffe fut considérablement gênée par la proximité des positions allemandes et soviétiques au sol.

Par ailleurs, les défenseurs de Stalingrad connaissant bien la ville, ils mirent cet avantage à profit : utilisation des réseaux d’égouts, fortification d’immeubles, installations de snipers[40] et d’unités antichar sur des zones bien protégées, camouflages de chars dans les ruines, etc. En outre, les camions BM-13 Katioucha, installés sur la rive orientale de la Volga, causèrent d’importants dégâts à l’ennemi (ce véhicule, équipé d’une trentaine de lance-roquettes, était souvent utilisé pour procéder à des tirs de barrage.). 

 

Paulus décida à la mi-septembre de s’attaquer au centre et au sud de la ville, visant le kourgane Mamaïev[41], une hauteur dominant Stalingrand, ainsi que le débarquadère, où débarquaient les renforts soviétiques.

Les combats, relativement violents, se firent bâtiment par bâtiment, les troupes de l’armée rouge tentant par tous les moyens de ralentir la progression de l’ennemi.

Toutefois, si le débarcadère fut atteint à la fin du mois de septembre, aucun des deux camps de s’installa sur le kourgane Mamaïev, ce dernier étant la cible des fréquents tirs d’artillerie.

 

Puis, à la mi-octobre 1942, le général Paulus décida de lancer une nouvelle offensive, cette fois-ci dirigée contre les quartiers industriels du nord de la ville. Toutefois, contrairement à la vieille ville, au sud, bâtie en bois et en pierre, les quartiers nord, plus récents, avaient été bâtis en béton.

Les trois grandes usines du secteur, Tracteurs Djerzinski, Barricade et Octobre rouge furent le théâtre de nouveaux affrontements sanglants. Toutefois, si les deux premières usines tombèrent entre les mains des Allemands, Octobre rouge ne fut jamais entièrement conquise.

Combats dans l'usine d'Octobre rouge.

 

A la fin octobre, le général Tchouïkov, à la tête de troupes décimées, ne contrôlait plus qu’un dixième de Stalingrad ; toutefois, les Allemands étaient trop épuisés pour mener une dernière offensive contre l’ennemi.

Recevant toutefois des renforts à la mi-novembre 1942, Paulus tenta une dernière offensive contre la zone se situant à l’est de l’usine Barricade. Cependant, les troupes allemandes furent décimées par l’artillerie soviétique installées sur la rive orientale de la Volga.

 

Affaiblis par la faim, le froid, et le stress causé par les offensives incessantes, les Allemands déploraient d’importantes pertes à la fin 1942 : 12 000 tués et 40 000 blessés ; contre 100 000 tués et blessés côté soviétique, plus 20 000 prisonniers.

 

e) La contre-attaque soviétique sur Stalingrad, ou opération Uranus (novembre 1942 à février 1943) : Hitler, qui depuis l’été 1942, dirigeait de plus en plus les opérations militaires, faisait de la prise de Stalingrad un impératif.

Ce dernier ordonna donc que le gros des troupes fut déployé dans la cité assiégée, dégarnissant de ce fait les flancs de la Wehrmacht. Ainsi, non seulement les têtes de pont soviétiques installées à Kremenskaya et Serafimovitch ne furent pas attaquées ; en outre, les troupes allemandes installées le long du Don, envoyées à Stalingrad, furent remplacées par des troupes étrangères bien moins aguerries (Roumains, Italiens, Hongrois.).

 

Côté soviétique, la Stavka élabora pendant l’hiver l’opération Uranus. L’objectif était de lancer une grande offensive le long de la Volga contre les troupes étrangères, puis d’encercler les Allemands dans Stalingrad.

A la fin novembre 1942, le rapport de force avait basculé en faveur des Soviétiques. Ainsi, ces derniers comptaient plus d’un million d’hommes, équipés de 900 chars ; contre 450 000 Allemands et 750 chars. En outre, l’armée rouge commençait à reprendre le contrôle du ciel.

 

Le 19 novembre, les Soviétiques attaquèrent depuis Kremenskaya et Serafimovitch, faisant reculer les troupes roumaines installées le long du Don en l’espace d’une journée.

Au même moment, les Roumains défendant le flanc sud furent eux aussi repoussés.

Les deux armées soviétiques firent jonction le 23 novembre à Kalatch, à cinquante kilomètres à l’ouest de Stalingrad, encerclant désormais les troupes allemandes se trouvant dans la ville.

 

Prenant conscience de la situation de ses troupes, Paulus songea un temps à tenter une percée, ne disposant que de six jours de provisions. Toutefois, ce dernier ne reçut pas l’approbation d’Hitler, qui réclama que les Allemands tiennent Stalingrad coûte que coûte.

Le ravitaillement de la ville se fit par avion, comme cela s’était fait à Demiansk et Kholm ; toutefois, la Luftwaffe éprouva de grandes difficultés à faire parvenir aux assiégés les 750 tonnes par jour de ravitaillement réclamés par Paulus. Ainsi, les Allemands ne reçurent en moyenne que 94 tonnes par jour durant toute la durée du siège.

En raison de ce manque de provisions, l’armée allemande déplora plusieurs dizaines de décès causés par la faim.

 

A la mi-décembre 1942, une armée allemande commandée par le général Erich von Manstein[42] tenta de briser l’encerclement de Stalingrad, dans le cadre de l’opération Wintergewitter[43].

Attaquant depuis Kotelnikovo, les Allemands furent toutefois repoussés par les troupes soviétiques, Paulus ayant préféré ne pas tenter une sortie hors de Stalingrad, ce qui aurait été contraire aux ordres du Führer de ne pas abandonner le moindre pouce de terrain.

 

Reprenant peu à peu tous les quartiers de la ville, les soldats de l’armée rouge parvinrent à s’emparer des derniers aérodromes contrôlés par les Allemands en janvier 1943 (stoppant définitivement l’approvisionnement allemand.).

Hitler, nommant Paulus maréchal le 30 janvier 1943, préféra sacrifier les troupes allemandes à Stalingrad, le Führer jugeant que cela permettrait de fixer l’armée rouge dans la région pendant encore quelques semaines.

Toutefois, Paulus fut capturé dès le lendemain, ce dernier demandant à ses 91 000 hommes de déposer les armes.

Ruines de Stalingrad.

 

Au final, les Allemands avaient perdu près de 400 000 hommes à Stalingrad (tués, blessés ou prisonniers.), plus 1 500 chars, 6 000 canons et 60 000 véhicules.

Toutefois, les pertes étaient colossales côté soviétique, ces derniers déplorant la perte de 500 000 tués et 600 000 blessés.

A noter que la bataille de Stalingrad sonna le glas du mythe de l’invincibilité allemande. Ainsi, de nombreux pays de l’Axe (Italie, Roumanie, Hongrie, etc.) commencèrent à établir des contacts avec les alliés, considérant la défaite allemande comme inéluctable.

 

            6° L’opération Mars (novembre à décembre 1942) – Fort du succès de l’opération Uranus, la Stavka décida de lancer l’opération Mars à la fin novembre 1942.

Cette offensive fut lancée en direction de la ligne de front Rjev-Viazma, saillant entre les mains des troupes allemandes depuis l’été 1941.

 

Toutefois, l’opération Mars, dirigée par le général Joukov, s’acheva sur un échec, les troupes allemandes opposant une résistance acharnée aux Soviétiques.

 

En décembre, Joukov mit fin aux opérations, déplorant toutefois des pertes colossales : 100 000 tués et disparus, 235 000 blessés (sans compter les pertes matérielles.) ; contre 40 000 tués et blessés côté allemand.  

A noter toutefois que l’Etat-major allemand, malgré les directives d’Hitler interdisant de céder le moindre pouce de terrain, préféra plus tard faire reculer ses troupes hors du saillant de Rjev, afin de mettre en place une ligne de front plus cohérente.

 

            7° La guerre de continuation (1942)Comme nous l’avons vu précédemment, le gouvernement finlandais avait ordonné à ses troupes de se replier sur les frontières de 1939, ne souhaitant pas rompre les relations diplomatiques avec Washington.

 

Ainsi, les quelques offensives sur le front finlandais en 1942 furent menée par les troupes soviétiques, qui lancèrent trois offensives au printemps : contre la ligne de front sur le Svir, sur la pointe nord du lac Onega, et en direction de Petsamo.

Toutefois, les offensives soviétiques ne furent guère couronnées de succès, faisant reculer les Finlandais de 500 mètres sur la ligne de front du lac Onega.

La guerre de continuation (1942).

 

Le gouvernement finlandais, pris entre l’enclume et le marteau, décida d’entamer des pourparlers avec l’URSS. A noter toutefois que la Finlande conserva un statut un statut ambigu pendant encore plusieurs mois, les alliés étant partagés quant à cette démocratie s’étant alliée à la dictature nazie (rappelons que la Grande-Bretagne avait déclaré la guerre à la Finlande, mais pas les Etats-Unis.).

 

            8° La troisième phase de la guerre du désert (janvier 1942 à février 1943)L’opération Crusader, lancée en fin d’année 1941, avait permis aux troupes britanniques de repousser l’Afrika Korps hors de la pointe est de la Libye.

 

Toutefois, en raison de la menace japonaise[44], Churchill décida de retirer plusieurs unités de Libye en début d’année 1942.

Mais Rommel, profitant de l’inexpérience des troupes britanniques installées sur la ligne de front, à El-Agheila, décida de lancer une grande offensive à la fin du mois de janvier 1942.

Soldat de l'Afrika Korps (à gauche) et tankiste britannique (à droite), musée des Invalides, Paris.

 

Les Allemands, opérant une percée, parvinrent donc à progresser rapidement jusqu’à Benghazi, contraignant l’ennemi à reculer sur une ligne de défense reliant Gazala (60 kilomètres à l’ouest de Tobrouk) à Bir Hakeim (60 kilomètres au sud de Gazala.).

La guerre du désert - seconde offensive de l'afrika Korps.

 

a) Les batailles de Gazala et de Bir Hakeim (26 mai au 21 juin 1942) : arrivant devant la ligne de front en février 1942, Rommel élabora l’opération Venezia d’ici le mois de mai.

Ce dernier, sachant ses troupes en état d’infériorité numérique (90 000 soldats et 560 chars côté allemand ; contre 110 000 hommes et 840 blindés pour les alliés.), décida d’opérer une manœuvre de contournement par le sud, en passant par Bir Hakeim.

 

Dans l’après-midi du 26 mai, les troupes auxiliaires italiennes commencèrent à bombarder Gazala, assistées par quelques unités de l’Afrika Korps. Toutefois, Rommel espérant fixer l’ennemi grâce à cette manœuvre de diversion, descendit vers le sud à la tête de ses cinq meilleures divisions blindées, opérant sa manœuvre de contournement pendant la nuit.

La bataille de Gazala.

 

Le 27 mai au matin, Rommel donna l’ordre à la division blindée italienne qui l’accompagnait d’attaquer Bir Hakeim par le nord-est, la position étant tenue par 3 700 hommes des FFL, commandés par le général Marie-Pierre Koenig[45].

Commençant à attaquer la position française à compter de 9 heures du matin, les troupes italiennes subirent toutefois un sanglant revers, ne parvenant pas à franchir la ligne de défense ennemie. Les légionnaires de la 13° DBLE[46], combattants expérimentés, parvinrent à infliger de gros dégâts à l’ennemi, qui fut contraint de se replier.

La bataille de Bir Hakeim.

Les Italiens, considérablement affaiblis, avaient perdu la moitié de leurs chars lors de cette première offensive.

Toutefois, les Allemands avaient réussi à repousser plusieurs brigades britanniques de la zone, ce qui contribua à isoler Bir Hakeim. Ainsi, les Français retranchés à Bir Hakeim ne furent pas informés du déroulement de la bataille.

 

Début juin, Rommel se trouvait dans une position difficile. En effet, ce dernier avait réussi à contourner les lignes ennemies, mais les alliés n’avaient pas reculé et tenaient leurs positions. Les Allemands étaient donc empêtrés dans le « Chaudron », zone désertique située à mi-chemin entre Gazala et Bir Hakeim.

Le général Auchinleck, qui commandait, était convaincu que Rommel n’était désormais plus en état de combattre. Ainsi, ce dernier ordonna au général Ritchie, commandant de la VIII° Armée, de lancer une contre-offensive contre la position allemande. Toutefois, l’assaut allié fut une nouvelle fois repoussé.

 

Au cours de la première semaine de juin, Rommel fit de la prise de Bir Hakeim un impératif stratégique. En effet, le général allemand, dont la situation était précaire, considérait qu’il ne pourrait pas sortir du Chaudron si ses arrières étaient continuellement menacés par les FFL.

Le général Koenig ayant refusé de déposer les armes, suite à un ultimatum lui ayant été adressé le 2 juin, les Allemands commencèrent donc à bombarder Bir Hakeim.

Jusqu’au 10, la position française fut pilonnée par l’artillerie allemande et par les stukas de la Luftwaffe ; les FFL ripostant en tirant près de 42 000 obus de 75 mm.

Encerclés à compter du 6 juin, les légionnaires continuèrent la lutte, assistés par les appareils de la RAF.

Le 9 au soir, se retrouvant à cours de provisions et de munitions, les FFL reçurent l’autorisation du général Ritchie d’évacuer Bir Hakeim. Le matériel lourd fut saboté (faute de véhicules adaptés.), alors que les sapeurs déminaient une mince bande de terre en direction du sud-ouest, afin de permettre la sortie du convoi.

Tentant une sortie dans la nuit du 10 juin, les FFL parvinrent à percer la ligne de défense germano-italienne, rejoignant les lignes britanniques.

 

Suite à la prise de Bir Hakeim, Rommel attaqua El-Adem, à quinze kilomètres au sud de Tobrouk. Les Allemands causèrent d’importants dégâts aux troupes britanniques, détruisant plus de 250 chars ennemis.

Le 14, le général Auchinleck autorisa Ritchie à faire reculer les Britanniques installés à Gazala, souhaitant établir une nouvelle ligne de défense entre Tobrouk et El-Adem ; cependant, en raison de la rapide progression de l’Afrika Korps, les troupes alliées reçurent l’ordre de se replier vers Mersa Matruh, en Egypte, à 230 kilomètres à l’est de la frontière libyenne.

 

Tobrouk, à nouveau isolée[47], fit toutefois reddition après seulement une semaine de siège, le 21 juin 1942. 35 000 Britanniques furent faits prisonniers par les troupes allemandes.

 

A l’issue de la bataille de Gazala, Rommel fut promu maréchal par Hitler. Toutefois, si les pertes humaines n’étaient pas préjudiciables (5 000 tués et blessés.), l’Afrika Korps avait perdu près de 400 chars sur 560.

Du côté des alliés, l’on déplorait la perte de 15 000 tués et blessés[48], 35 000 prisonniers, plus un millier de véhicules endommagés ou détruits.

Toutefois, contrairement aux Allemands qui ne reçurent guère de renforts, les Britanniques profitèrent de l’entrée en guerre des Etats-Unis, ce qui permit aux alliés de recevoir d’importants renforts.

A noter enfin de Ritchie fut renvoyé par le général Auchinleck, qui préféra prendre lui même le commandement de la VIII° Armée.

 

b) La première bataille d’El-Alamein (juillet 1942) : ayant ordonné à ses troupes de reculer vers Mersa Matruh, le général Auchinleck préféra évacuer cette position à la fin juin 1942, craignant que les Allemands ne débordent encore une fois la ligne de défense britannique par le sud. Ainsi, les troupes alliées s’installèrent à El-Alamein, à 180 kilomètres à l’est de Mersa Matruh (l’on retrouvait à 60 kilomètres au sud la dépression de Qattara[49], la zone étant impraticable par les blindés.).

Au sein de l’Etat-major britannique, la tension était palpable, car les Allemands n’étaient qu’à cent kilomètres d’Alexandrie, menaçant désormais le canal de Suez. C’est ainsi que de nombreux documents diplomatiques furent détruits à l’ambassade de Grande-Bretagne au Caire.

Première bataille d'El-Alamein.

 

Arrivant à El-Alamein, Rommel, une fois encore, tenta de prendre l’ennemi à revers. Ainsi, opérant un contournement par le centre, le maréchal ordonna simultanément aux troupes italiennes de lancer une diversion contre El-Alamein.

Le 1er juillet, l’Afrika Korps lança l’offensive en direction des lignes ennemies. Toutefois, ne disposant ni de la supériorité numérique (96 000 germano-italiens contre 150 000 alliés.), ni de la maitrise du ciel (500 appareils allemands contre 1 500 avions britanniques.), Rommel éprouva donc d’importantes difficultés.

La première bataille d'El-Alamein.

 

Une semaine après le début de la première bataille d’El-Alamein, Rommel décida de mettre l’offensive en pause, les voies d’approvisionnement allemandes étant perturbées par les bombardements de la RAF (le maréchal avait reçu seulement 4 500 tonnes de provisions en juin, contre 30 000 en mai.).

 

Au même moment, Auchinleck profita de cette pause pour renforcer ses lignes de défense, tout en lançant plusieurs assauts sur les positions italiennes (ces dernières étant jugées plus fragiles par l’Etat-major britannique.).

Ainsi, la colline de Tel el Eisa, à quinze kilomètres à l’ouest d’El-Alamein, fut reprise aux italiens à compter de la mi-juillet 1942.

Etant parvenu à fixer l’ennemi à Tel el Eisa, le général Auchinleck lança l’opération Bacon en direction de la crête de Ruweisat, afin d’en chasser les unités italiennes. Encore une fois, l’offensive fut couronnée de succès.

 

Toutefois, la dernière offensive alliée, baptisée opération Manhood, en direction de la crête de Miteirya, s’acheva sur un échec. Les unités britanniques, subissant un violent feu en approchant des hauteurs tenues par l’ennemi, subirent d’importants dégâts.

A la fin juillet 1942, les deux belligérants, épuisés, furent contraints de mettre un terme aux combats.

 

Au final, la première bataille d’El-Alamein s’acheva sur un statu quo : les Allemands n’étaient pas arrivés à percer la ligne de front ennemie ; mais les Britanniques, quant à eux, n’avaient pu repousser l’ennemi hors d’Egypte.

Si les alliés détenaient un net avantage numérique, les pertes étaient équivalentes dans le deux camps : 13 000 tués et blessés côté britannique, contre 10 000 tués et blessés pour l’Afrika Korps.

Toutefois, si aucun des deux camps n’étaient parvenus à l’emporter, les alliés conservaient l’avantage, étant ravitaillés en hommes et en matériel depuis le port d’Alexandrie.

A noter enfin que le général Auchinleck, relevé de son poste par Churchill début août, fut remplacé par le général Harold Alexander[50], qui nomma le général Bernard Montgomery[51] à la tête de la VIII° Armée.

Le général Bernard Montgomery.

 

c) La bataille de Halam el Halfa (31 août au 2 septembre 1942) : à l’été 1942, Rommel se trouvait dans une situation difficile. Non seulement les voies de ravitaillement vers la Libye, déjà très étendues, étaient perturbées par la RAF ; en outre, le maréchal, malade[52], savait que l’Afrika Korps ne résisterait pas à la prochaine offensive d’une armée britannique récemment ravitaillée.

En effet, le général Alexander reçut près de 100 000 tonnes de matériel pendant l’été, dont des chars américains M4[53], baptisés Sherman par les Anglais[54] (ce véhicule, doté d’un canon de 75 et d’un blindage de 50 mm, était capable de rouler à 50 kilomètre heures .), ainsi que des canons antichars Ordnance QF-6 pounder (ces derniers, plus gros que les précédents modèle, étaient dotés d’un diamètre de 57 mm).

 

Ainsi, Rommel décida de ne pas laisser l’initiative aux Britanniques, lançant une offensive en direction de la crête d’Alam el Halfa dans la nuit du 31 août (le maréchal estimait que la zone, moins bien défendue, était aussi moins minée.).

Comptant sur l’effet de surprise et sur la rapidité d’exécution, Rommel ordonna à ses sapeurs de déminer le terrain ; toutefois, les Allemands furent découverts par la RAF, qui attaqua la position ennemie.

 

Le 1er septembre, Rommel refusa de retirer ses troupes, qui continuèrent d’avancer vers leur objectif. Toutefois, les troupes allemandes subirent d’importants dégâts, ne disposant que de 200 Panzers contre près de 700 chars britanniques.

Bloqué devant la ligne de front alliée, harcelé par la RAF, et désormais menacé d’encerclement, Rommel décida finalement de faire reculer ses troupes le 2 septembre.

 

La bataille de Halam el Halfa s’achevait donc sur un échec pour l’Afrika Korps, les Allemands déplorant la perte de 2 900 tués, blessés et capturés (plus une quarantaine de chars.) ; contre 1 700 tués, blessés et disparus du côté des alliés.

Montgomery, qui commandait la VIII° Armée, refusa de poursuive les troupes allemandes, préférant attendre de nouveaux renforts.

 

d) La deuxième bataille d’El-Alamein (octobre à novembre 1942) : Rommel, trop malade pour assurer le commandement de l’Afrika Korps, partit pour Berlin à la fin septembre 1942. Il y recontra Hitler, lui expliquant sa situation de plus en plus difficile, avant d’être admis à l’hôpital de Wiener Neustadt, en Autriche.

Le général George Stumme[55], qui commandait en l’absence de Rommel, avait suivi les instructions du maréchal et établi les troupes allemandes en position défensive.

Côté britannique, les troupes alliées avaient été ravitaillées en hommes et en matériel. Ainsi, à l’automne 1942, l’on comptait près de 200 000 Britanniques et 1 000 chars ; contre 115 000 soldats du côté de l’Axe (55 000 Allemands et 60 000 Italiens.)  et 550 (220 Panzers et 330 blindés d’Italie.).

 

Le 23 octobre, le général Montgomery lança l’opération Lightfoot[56], une grande offensive dirigée contre la pointe nord de la ligne de front ennemie. Dans un premier temps, l’artillerie britannique bombarda la position germano-italienne, puis l’infanterie partit à l’assaut.

Toutefois, ces premiers combats se firent toutefois dans le désordre, car de nombreux chars sautèrent sur les mines ennemies. Contraints de déminer le terrain en plein jour, les Britanniques subirent d’importantes pertes au cours des premiers jours de la bataille.

Au soir du 24 octobre, l’Etat-major britannique commença à douter du bien fondé de l’opération Lighfoot, les pertes étant déjà importantes et l’ennemi n’ayant pas reculé.

Toutefois, du côté allemand, la situation n’était guère meilleure, le général Stumme ayant trouvé la mort lors d’un bombardement de la RAF (il fut alors remplacé par le général Wilhelm von Thoma[57], en attendant le retour de Rommel.).

Seconde bataille d'El-Alamein - l'opération Lightfoot.

 

Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les Allemands bombardèrent les blindés alliés s’étant rapprochés de leurs positions, faisant d’importants dégâts. Les généraux britanniques demandèrent alors à Montgomery l’autorisation de reculer, mais ce dernier refusa.

 

Le 25 octobre, Rommel arriva à El-Alamein, reprenant le commandement de l’Afrika Korps. A cette date, les pertes étaient déjà conséquentes : 350 tués, 900 blessés, 2 300 prisonniers et disparus (plus 150 chars détruits ou endommagés.).

Du côté des alliés, Montgomery, conscient de l’échec de l’opération Lighfoot, réorganisa ses troupes, en vue du lancement de l’opération Supercharge (les Néo-Zélandais et les Britanniques qui s’étaient emparés de la crête de Miteirya furent retirés du front, remplacés par plusieurs bataillons indiens et sud-africains.).

L’opération Supercharge prévoyait de percer la ligne ennemie par le centre, afin de pouvoir prendre à revers les troupes allemandes installées au nord.

Seconde bataille d'El-Alamein - l'opération Supercharge.

 

Ainsi, le 28 octobre au soir, les soldats australiens furent chargés d’opérer une diversion, attaquant le poste allemand installé au nord de la ligne de front. Ces derniers subirent d’importantes pertes jusqu’à la fin du mois.

Au même moment, le gros des forces alliées passèrent à l’offensive, depuis la crête de Miteirya. Toutefois, les Allemands, équipés de canons antichars de 88 mm, firent d’importants dégâts aux blindés britanniques.

Face à l’ampleur des pertes, Montgomery fut contraint d’accepter un repli de ses troupes le 2 novembre.

 

Toutefois, si Rommel avait réussi jusque là à repousser les attaques alliées, il se trouvait dans une position critique. En effet, ce dernier souffrait toujours de problèmes de ravitaillement ; en outre, l’Afrika Korps ne comptait désormais plus qu’une cinquantaine de Panzers (plus une centaine de chars italiens M-13/40 obsolètes.).

Ce dernier songea donc à se replier vers Fuka, à une centaine de kilomètres à l’ouest d’El-Alamein. C’est ainsi qu’il donna l’ordre aux troupes stationnées sur la ligne sud de remonter vers le nord. Toutefois, Hitler intima au maréchal l’ordre de tenir ses positions coûte que coûte.

 

La ligne de front sud étant désormais dégarnie, les alliés en profitèrent pour attaquer la zone à compter du 3 novembre 1942.

Le lendemain, au nord, Montgomery lança un nouvel assaut contre les positions ennemies, parvenant à opérer une percée à la hauteur de la crête de Kidney (c’est à cette occasion que fut capturé le général von Thoma.). Ainsi, les troupes allemandes stationnées le long de la côte, encerclées, furent décimées par les canons britanniques.

Dans l’après–midi du 4, Rommel ordonna un repli de l’Afrika Korps en direction de Fuka. Toutefois, si au nord les Allemands possédaient encore plusieurs camions, au sud, les véhicules faisaient défaut. Les Italiens éprouvèrent donc d’importantes difficultés lors de cette retraite.

Seconde bataille d'El-Alamein - la crête de Kidney.

 

Montgomery, ne se lançant à la poursuite des forces ennemies qu’à compter du 5 novembre, fut toutefois retardé par les derniers canons de 88 allemands, qui détruisirent plusieurs blindés.

Rommel, arrivé à Fuka, fut contraint de reculer jusqu’à Mersa Matruh, en raison de la désorganisation des troupes italiennes (ces dernières, manquant de véhicules, n’étaient pas encore arrivées à Fuka.).

 

Le 6, la situation de l’Afrika Korps était désastreuses. Ainsi, Rommel ne disposait plus que d’une dizaine de Panzers ; l’essence manquait (les chars ne pouvant plus rouler furent sabordés.) ; en outre, de nombreux Italiens avaient été capturés lors de leur retraite.

Ne s’arrêtant finalement pas à Mersa Matruh, le maréchal décida de reculer vers Sollum, à la frontière libyenne. Arrivant dans la ville le 11 novembre, Rommel ne disposait plus que de 2 000 soldats, quelques Panzers, et 75 canons.

 

La seconde bataille d’El-Alamein s’achevait donc sur un succès pour les Britanniques. Toutefois, les pertes étaient lourdes dans les deux camps : 13 500 tués et blessés côté allié (plus 500 chars détruits.) ; contre 20 000 tués et blessés, plus 30 000 prisonniers pour les forces de l’Axe.   

 

e) A la poursuite de l’Afrika Korps (novembre 1942) : Rommel, apprenant que les alliés avaient débarqué au Maroc et en Algérie, dans le cadre de l’opération Torch[58], décida de s’installer à El-Agheila à la mi-novembre 1942.

L’ennemi s’étant replié après avoir reçu l’ordre de faire sauter les équipements abandonnés, les Britanniques s’emparèrent sans combats de Tobrouk (où 9 000 tonnes de matériel furent capturées.), Derna, et Benghazi.

De son côté, Rommel pensait pouvoir se replier vers la Tunisie, jugeant la région plus favorable à l’établissement d’une ligne de défense ; alors qu’Hitler somma le maréchal de conserver ses positions à El-Agheila.

La guerre du désert - à la poursuite de l'Afrika Korps.

 

A la mi-décembre, Montgomery ayant fait reconstruire les installations portuaires de Tobrouk et Benghazi (permettant un ravitaillement plus efficace des troupes.), il lança l’assaut contre El-Agheila.

A l’issue de quelques jours de combats, faisant face à un ennemi en nette supériorité numérique, Rommel fut contraint de reculer une fois de plus.

 

Le commandant de l’Afrika Korps, réclamant auprès d’Hitler la possibilité de se retirer vers la Tunisie, ne fut autorisé qu’à reculer vers Bwayrat al Hasun, à 80 kilomètre à l’ouest de Syrte.

En fin d’année 1942, l’offensive britannique ralentit quelque peu, en raison de l’extension démesurée des lignes d’approvisionnement. Ainsi, Syrte fut prise le 15 décembre, Tripoli (la capitale libyenne.) le 23 janvier 1943.

 

            9° L’opération Torch (novembre 1942)Au printemps 1942, des négociations entre les Etats-Unis, l’URSS et la Grande-Bretagne avaient validé l’ouverture d’un front à l’ouest, afin de soulager la contre-offensive soviétique aux portes de Moscou.

C’est ainsi que fut élaborée l’opération Rutter, malgré l’hostilité de Churchill, prévoyant un débarquement à Dieppe au mois d’août. Toutefois, l’offensive alliée s’étant soldée sur un échec, de nouveaux projets furent élaborés par Londres et Washington.

 

a) Projets américains et britanniques (été à automne 1942) : côté américain, Roosevelt était favorable à un débarquement en France, qui permettrait d’occuper les ports de l’Atlantique.

C’est ainsi que fut élaborée l’opération Sledgehammer, prévoyant un débarquement des troupes sur Cherbourg ou Brest à l’automne 1942.

Mais comme pour l’opération Rutter, les forces en présences prévues n’étaient pas suffisantes face à l’ennemi, qui avait considérablement fortifié la côte atlantique, et disposait de la maîtrise des cieux.

 

Côté britannique, Churchill était hostile aux projets américains, jugeant prématurés les plans prévoyant de débarquer des troupes en France. Ainsi, ce dernier préféra militer en faveur d’un débarquement en Afrique du nord, territoires sous contrôle du régime de Vichy.

Le premier ministre considérait qu’il serait plus aisé de s’emparer de ce territoire car la majorité des territoires africains étaient sous domination alliée : ainsi, l’AEF avait rejoint la France libre en octobre 1940[59] ; les territoires italiens d’Afrique de l’est (Erythrée, Ethiopie, Somalie italienne.) avaient été conquis au printemps 1941 ; la moitié sud de l’Afrique (Congo belge, Afrique du sud, colonies britanniques.) n’avait jamais été menacée par le troisième Reich ; enfin, si Rommel menaçait l’Egypte, un débarquement sur ses arrières ne pourrait que le contraindre à reculer.

A noter en outre que les informations glanées par les services de renseignements indiquaient que les défenseurs d’Alger et de Casablanca ne s’opposeraient pas à un débarquement.

 

C’est ainsi que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne validèrent l’opération Torch, prévoyant un débarquement simultané au Maroc (Casablanca, Port-Lyautey, Safi.) et en Algérie (Alger et Oran.).

L'opération Torch.

 

b) La préparation de l’opération Torch (automne 1942) : soucieux de recueillir l’adhésion des français défendant le Maroc et l’Algérie, Roosevelt décida de ne pas faire appel au général de Gaulle, pourtant président du Comité national français[60].

De prime abord, le gouvernement américain craignait que de Gaulle, considéré comme un « ami des Anglais », voire comme un traître, n’attire la répulsion des troupes vichystes en Afrique du nord ; en outre, Roosevelt se méfiait du général, ayant la conviction que ce dernier souhaitait profiter du second conflit mondial pour établir une dictature.

 

Ainsi, Washington décida de faire appel au général Henri Giraud, qui avait été fait prisonnier suite à la bataille de France (ce dernier s’était toutefois échappé au printemps 1942.).

Le général Giraud, musée de l'Infanterie, Montpellier.

Giraud, installé en zone libre (mais surveillé par Laval.), fut donc approché par des agents américains à l’automne. Mais ce dernier, réclamant le commandement de l’opération Torch (qui avait été cédé au général Dwight Eisenhower[61].), demanda à ce que le débarquement, prévu en Afrique du nord, se déroule aussi dans le sud de la France.

Le général Dwight Eisenhower.

Au final, si ces contre-propositions n’eurent pas de suite, il fut décidé qu’Eisenhower commanderait aux troupes pendant le débarquement, mais qu’ensuite les forces françaises seraient placées sous le contrôle du général Giraud (le 7 novembre, ce dernier fut envoyé à Gibraltar, dans l’attente du déclenchement de l’opération Torch.).

 

En outre, le gouvernement américain prit contact avec plusieurs mouvements de Résistance en Afrique du nord, organisant une conférence clandestine à Cherchell, à la fin octobre 1942.

Il fut décidé que les principaux chefs de la Résistance algéroise, Henri d’Astier de la Vigerie[62] et José Aboulker[63], organiseraient un putsch contre le gouvernement d’Alger le 8 novembre au matin, date à laquelle l’opération Torch serait lancée.

Caricature publiée dans le quotidien Le Petit Parisien (les Etats-Unis, sous les traits de l'oncle Sam, sont accusés de vouloir déposséder la France de ses colonies. La légende indique : "La Fayette, nous voici ! Aboule tes départements algériens et tes colonies !), 9 novembre 1942, Mémorial Leclerc, Paris.

 

Les forces alliées, conformément aux plans, furent divisées en trois groupes : la Force  ouest, débarquant au Maroc, comptant 35 000 hommes ; la Force du centre, débarquant à Oran, comptant 39 000 hommes ; enfin, la Force de l’est, débarquant à Alger, comptant 33 000 hommes.

A noter que les troupes étaient en majorité américaines (l’on ne comptait que 20 000 Britanniques dans la Force de l’est.), afin, une fois encore, de ne pas provoquer de répulsion au sein des troupes vichystes. En outre, afin de ne pas provoquer les garnisons françaises, l’Etat-major américain donna ordre à ses troupes de n’ouvrir le feu qu’en cas de riposte.

L'opération Torch.

 

c) Le débarquement à Alger, le putsch du 8 novembre (8 novembre 1942) : conformément aux engagements pris lors de la conférence de Cherchell, d’Astier et Aboulker réunirent 400 résistants dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942. Le petit groupe parvint toutefois à paralyser pendant plusieurs heures les  autorités civiles et militaires, arrêtant le général Juin[64] et l’amiral Darlan[65], occupant les postes de radio et de téléphone, neutralisant les batteries côtières d’Alger, etc.

José Aboulker, Mémorial Leclerc, Paris.

 

Profitant de ce putsch, les Américains de la Force est débarquèrent sur les plages d’Alger. Toutefois, le débarquement causa de nombreuses difficultés, les pilotes des barges de débarquement n’ayant suivi aucun entraînement au préalable.

Ainsi, de nombreuses barges s’entrechoquèrent, coulèrent, où bien s’éloignèrent du rivage faute d’amarrage convenable.

Par ailleurs, des coups de feu furent échangés dans le port d’Alger, les Britanniques ayant tenté d’y débarquer afin qu’il ne soit pas détruit par les Vichystes.

Deux destroyers furent détruits par l’ennemi, mais les troupes alliées parvinrent à s’emparer de la position.

Le débarquement des troupes américaines en Algérie.

 

Tentant de riposter contre les résistants, les Vichystes luttèrent pendant toute la journée afin de rétablir l’ordre, mais furent toutefois contraint de déposer les armes dans la soirée, l’armée américaine ayant entouré la ville.

Darlan et Juin, toutefois, ne proclamèrent le cessez-le-feu qu’à Alger, alors que d’importants combats étaient livrés à Casablanca et à Oran. Ainsi, ce n’est qu’à compter du 10 novembre qu’un cessez-le-feu général fut proclamé.

 

d) Le débarquement à Oran (8 novembre 1942) : si à Alger, le putsch de la nuit du 7 novembre avait permis de paralyser les autorités de la ville pendant plusieurs heures, à Oran la situation fut différente.

En effet, informé que la Résistance allait tenter un coup de force cette nuit là, les autorités militaires, appuyées par le SOL[66], déclenchèrent l’état d’alerte dans Oran.

 

Le débarquement à Oran se fit en trois points : dans la baie des Andalouses, à l’ouest ; dans le port d’Oran, au centre ; près d’Arzew, à l’est.

Si dans la baie des Andalouses, le débarquement se déroula sans aucune opposition peu après minuit (les Américains rencontrèrent toutefois les mêmes difficultés techniques qu’à Alger.), dans le port d’Oran la situation était nettement moins appréciable. En effet, les Vichystes avaient ouvert le feu sur la flotte américaine, puis avaient sabordé les navires français mouillant dans le port afin de gêner les manœuvres de débarquement.

Sur les hauteurs d’Arzew, par contre, les troupes alliées profitèrent de l’effet de surprise pour s’emparer des batteries côtières. A noter toutefois que les Américains furent contraints de combattre les troupes vichystes, qui se rendirent après quelques heures de lutte.

 

e) Le débarquement au Maroc (8 au 10 novembre 1942) : à Casablanca, tout comme à Oran, l’offensive menée par les résistants se solda sur un échec.

 

Le général Antoine Béthouart[67], averti que les troupes américaines débarqueraient le 8 novembre au matin, se rendit à Rabat afin d’y arrêter le général Charles Noguès[68], résident général au Maroc[69].

Toutefois, au lieu de s’emparer de Noguès immédiatement, Béthouart lui proposa de prendre la tête de la Résistance et d’accueillir les troupes américaines. Ainsi, le résident général au Maroc profita de ce délai de réflexion pour contacter la flotte française à Casablanca (le téléphone n’avait pas été coupé par les résistants.), apprenant qu’aucun navire américain n’était en vue (Béthouart avait déclenché son opération plusieurs heures avant le débarquement.).

Ainsi, Noguès convoqua ses troupes, qui encerclèrent celles de Béthouart. Ce dernier fut alors contraint de déposer les armes.

  

Lorsque les navires américains apparurent à l’horizon, la flotte française mouillant à Casablanca décida de combattre, bien qu’étant en nette infériorité numérique.

Toutefois, Noguès ayant pris ses dispositions, ses troupes opposèrent une vive résistance au débarquement américain, livrant d’importants combats à Safi, Casablanca et Port-Lyautey. Par ailleurs, le général Béthouart et ses hommes, furent traduits devant un tribunal de guerre. Enfin, Noguès songea un temps à faire reculer ses troupes à l’intérieur des terres, afin d’y mener des actions de guérilla.

 

Ce n’est qu’après la proclamation du cessez-le-feu général du général Juin que les combats prirent fin au Maroc, permettant aux Américains de prendre position au sein de la colonie française.

 

f) Le bilan de l’opération Torch : au final, l’opération Torch causa 1 300 tués et 2 000 blessés aux forces vichystes, contre 480 tués et 700 blessés pour les alliés.

Toutefois, les pertes alliées auraient pu être bien plus importantes si les résistants d’Alger n’avaient pas contraint Juin et Darlan de proclamer un cessez-le-feu général.

 

Côté allemand, l’annonce du débarquement américain incita Hitler à déclencher l’opération Anton, donnant l’ordre à la Wehrmacht d’envahir la zone libre[70].

 

            10° Le complexe statut africain (novembre à décembre 1942)Suite au débarquement américain, Roosevelt décida de confier le pouvoir à l’amiral Darlan, qui fut nommé Haut-commissaire de France en Afrique. A noter que ce dernier n’agissait pas au nom de la France combattante ou des forces alliées, mais « au nom du maréchal » (bien qu’étant désavoué par Vichy.).

 

a) L’Afrique du nord vichyste et alliée ? (10 novembre au 24 décembre 1942) : recevant le soutien de Giraud, nommé comme prévu commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord, Darlan maintint en vigueur toutes les lois promulguées par le régime de Vichy.

Ainsi, les décrets antisémites ne furent pas abrogés (ou atténués de façon minime.) ; les partis politiques étaient toujours interdits ; les résistants ayant participé aux putschs ratés contre Oran ou Casablanca restèrent en prison ; les camps de concentrations algériens ne furent pas fermés ; etc.

 

b) L’assassinat de l’amiral Darlan (24 décembre 1942) : faisant face à l’hostilité des résistants d’Afrique du nord, mais aussi à celle de Churchill (qui soutenait de Gaulle.), Darlan fut assassiné le 24 décembre 1942 par Fernand Bonnier de La Chapelle, un jeune royaliste.

L’assassin, proche d’Henri d’Astier de la Vigerie, fut arrêté sur les lieux du crime et emprisonné. Traduit devant un tribunal, Bonnier de La Chapelle fut rapidement condamné à mort suite à un procès sommaire. Toutefois, Noguès, prenant le pouvoir à la mort de Darlan, refusa de prononcer la grâce ; quant à Giraud, il refusa de différer l’exécution, qui eut lieu le 26 décembre.

 

Suite à la mort de Darlan, l’avenir de l’Afrique du nord restait flou. Ainsi, Noguès se considérait comme le successeur de Darlan ; en outre, Henri d’Astier de la Vigerie militait en faveur d’Henri d’Orléans, descendant de Louis Philippe I°[71].

Toutefois, Eisenhower écarta ces prétendants, affirmant que seule la candidature de Giraud était acceptable.

 

c) La création du Commandement civil et militaire d’Alger (26 décembre 1942) : c’est ainsi que fut créé le Commandement civil et militaire d’Alger, le 26 décembre 1942, commandée par le général Giraud.

 

A noter toutefois que ce dernier, s’entourant des collaborateurs de Darlan, n’abrogea pas non plus les décrets promulgués par le régime de Vichy.

Cette situation en Afrique du nord provoqua un schisme au sein de la Résistance française, cette dernière étant désormais divisée entre Gaullistes, en AEF, et Giraudistes, en AOF.

 

A noter que Giraud ne commença à prendre ses distances avec le régime de Vichy qu’à compter de mars 1943.

 

            11° La bataille de Madagascar (mai à novembre 1942) Au printemps 1942, Madagascar, colonie française, était toujours sous contrôle du régime de Vichy.

Toutefois, les Britanniques craignaient que l’île ne puisse être utilisée comme base avancée par les Japonais. En effet, ces derniers s’étaient emparés à cette date d’une série de colonies britanniques : Malaisie, Singapour, Birmanie, Bornéo, etc. En outre, naviguant sur l’océan Indien, ils avaient lancé plusieurs raids sur les ports britanniques se trouvant dans cette région du monde.          

Ainsi, Churchill lança l’opération Ironclad au début du mois de mai 1942, destinée à prendre contrôle de Madagascar.

 

a) La bataille de Madagascar (mai à novembre 1942) : débarquant à Diego-Suarez[72], à la pointe nord de l’île, au petit matin du 5 mai 1942.

A noter que Madagascar n’était guère défendue. En effet, si l’île comptait 8 000 soldats (contre 10 000 Britanniques.), elle n’était pas équipée de chars ; les avions dont l’armée disposait étaient obsolètes (Potez 630 et Morane-Saulnier MS.406.) ; enfin, Madagascar n’était défendue que par quelques navires marchands militarisés et cinq sous-marins.

 

Opposant une vive résistance lors du débarquement britannique, les vichystes ne parvinrent pas à empêcher l’ennemi de détruire les navires français mouillant dans le port. En outre, ces derniers furent contraints de reculer, laissant Diego-Suarez entre les mains de l’ennemi le 7 mai.

A la fin du mois de mai, des sous-marins japonais furent envoyés en renfort ; toutefois, ils ne parvinrent pas à couler les navires ennemis.

 

Progressant vers le centre de Madagascar, les vichystes reçurent l’ordre de Laval de tenir à tout prix, y compris au moyen de tactiques de guérilla.

Côté britannique, si un nouveau débarquement fut effectué à Mahajanga, sur la côte nord-ouest, la progression des troupes fut lente, en raison des nombreuses escarmouches contre les forces vichystes.

Au mois d’octobre, les Britanniques s’emparèrent d’Antananarivo, la capitale, puis d’Ambavalao, à 450 kilomètres au sud. Suite à la prise de la capitale malgache, le gouverneur général de l’île décida finalement de capituler. Ce dernier fit donc reddition à Ihosy, dans le sud de Madagascar, le 8 novembre 1942.

 

b) Le bilan et les suites de la bataille de Madagascar (novembre 1942 à janvier 1943) : au final, les pertes furent équivalentes dans les deux camps. Ainsi, les vichystes déploraient la perte de 150 tués, 500 blessés, 1 200 prisonniers (à noter que 900 d’entre eux décidèrent de rejoindre la France combattante.).

Côté britannique, l’on comptait 100 tués (plus 200 morts de maladie.) et 280 blessés.

 

A noter toutefois que l’offensive contre Madagascar, colonie française, s’était déroulée sans le soutien ni l’aval du général de Gaulle. Ce dernier, apprenant l’invasion de l’île par les Britanniques, rentra dans une colère noire. Le leader de la France libre décida alors de prendre contact avec l’URSS, ce qui apeura quelque peu le gouvernement Churchill (la Grande-Bretagne ne pouvait prendre le risque que la France d’après-guerre ne tombe dans le giron soviétique.).

Ainsi, Madagascar resta sous contrôle britannique jusqu’en janvier 1943, date à laquelle la souveraineté de l’île fut confiée au FFL.

 

            12° L’invasion japonaise de Philippines (décembre 1941 à mai 1942)le jour de l’attaque sur Pearl Harbour[73], les Japonais lancèrent une série d’attaques dans le Pacifique : Thaïlande, l’île de Guam, l’atoll de Wake, Hong Kong, etc.

Au même moment, les troupes japonaises envahirent les Philippines.

 

a) Petite histoire des Philippines : l’île, qui avait été cédée aux Etats-Unis par l’Espagne en 1899, avait toutefois obtenu une certaine autonomie depuis les années 1930. En effet, Washington prévoyait la future indépendance du gouvernement philippin à l’issue d’une période transitoire de dix ans.

 

En décembre 1942, l’armée philippine comptait 60 000 hommes ; auxquels s’ajoutaient les 20 000 soldats de l’armée américaine, commandée par le général Douglas Mac Arthur[74].

Le général Douglas Mac Arthur.

A noter toutefois que si les troupes alliées n’étaient équipées que de chars obsolètes, elles disposaient toutefois de chasseurs Curtiss P-40 Warhawk [75] et de bombardiers Boeing B-17 Flying Fortress (il s’agissait d’appareils apparus à la fin des années 1930 mais encore convenables pour l’époque.).

Boeing B-17.

  

b) L’offensive japonaise (décembre 1941) : quelques heures après l’attaque sur Pearl Harbor, les troupes japonaises débarquèrent sur l’île de Batan, à la pointe nord de Philippines. Puis, trois débarquements simultanés eurent lieu à Luzon (il s’agit de la plus grande île des Philippines, située au nord.) : un sur la côté nord, à Gonzaga ; et deux sur la côte ouest, à Vigan et Rosario.

Les B-17 américains furent envoyés bombarder la flotte japonaise, mais ils ne firent que peu de dégâts à l’ennemi.

Le 12 décembre, de nouvelles troupes japonaises débarquèrent à Legazpi, au sud de Luzon, ainsi que sur Mindanao (il s’agissait de l’île la plus au sud des Philippines.).

L'invasion japonaise des Philippines.

 

Mac Arthur, pris de court, ordonna alors aux armées alliées de se replier vers la péninsule de Bataan, à la pointe sud-ouest de Luzon. La défense américaine fut donc établie entre Bataan et l’île de Corregidor, à dix kilomètres au sud (vint aussi s’y réfugier l’Etat-major et le gouvernement philippin.).

L'invasion des Philippines.

 

c) La bataille de Bataan (janvier à avril 1942) : descendant vers Bataan à compter de janvier 1942, les Japonais furent repoussés par les forces alliées. Par ailleurs, plusieurs débarquements furent organisés au sud de la péninsule, afin de prendre les Américains à revers, mais ces assauts furent repoussés.

 

Courant mars, alors que les combats se poursuivaient, Roosevelt ordonna à Mac Arthur de quitter les Philippines pour l’Australie. Ce dernier confia alors le commandement au général Jonathan Mayhew Wainwright IV[76].


A la fin du mois, déplorant déjà d’importantes pertes, les Japonais lancèrent une grande offensive contre Bataan. Incendiant les montagnes avoisinant les positions ennemies, les troupes japonaises profitèrent de l’effet de panique provoqué par l’incendie pour opérer une percée.

Le 8 avril, les soldats américains n’ayant pas réussi à rejoindre Corregidor furent contraints de déposer les armes.

 

d) La bataille de Corregidor (avril à mai 1942) : Corregidor étant équipée de nombreuses batteries anti-aériennes, les Japonais ne purent organiser un bombardement efficace des positions ennemies. Toutefois, l’armée impériale s’étant emparée de Bataan, plusieurs canons furent installés sur la péninsule.

 

Au début du mois de mai 1942, l’île n’était plus défendue que par 11 000 soldats. Ainsi, lorsque les troupes japonaises débarquèrent sur Corregidor, le 5 mai au matin, les alliés ne purent opposer qu’une résistance de principe.

 

Le général Wainwright, ordonnant à ses troupes de rejoindre les hauteurs de l’île, décida finalement de faire reddition le 8 mai, soucieux d’éviter un massacre.

Reddition des troupes américaines à Corregidor, mai 1942.

 

e) Le bilan de l’invasion des Philippines : alors que l’Etat-major japonais avait prévu une victoire rapide, l’armée impériale ne parvint à s’emparer des Philippines qu’après six mois de violents combats.

Au final, le Japon déplorait de nombreuses pertes : 10 000 tués et 22 000 blessés. Du côté des alliés, le bilan était encore plus important : 40 000 tués, 20 000 blessés et 75 000 prisonniers.

 

A noter en outre que plus de 15 000 prisonniers de guerre américains trouvèrent la mort pendant leur détention, en raison des mauvais traitements infligés par l’armée japonaise.

Affiche de propagande américaine contre le péril germano-japonais (la légende indique "Attention ! Nos foyers sont en danger maintenant !"), musée des Invalides, Paris.

 

            13° La bataille de Singapour, dernier acte de la bataille de Malaisie (février 1942)Comme nous l’avons vu précédemment, le Japon avait envahi la Malaisie à compter du 8 décembre 1941, repoussant progressivement les troupes britanniques vers le sud du pays[77].

 

Au début du mois de février 1942, les troupes alliées s’installèrent sur l’île de Singapour[78], faisant sauter les ponts la reliant au continent, et établissant un périmètre défensif le long du fleuve Johor.

 

Les Japonais, bombardant la ville pendant une semaine, débarquèrent à Sarimbun, à la pointe nord-ouest de l’île, le 8 février 1942.

Ne rencontrant que peu de résistance, les troupes japonaises prirent ensuite le contrôle des plages du sud, encerclant peu à peu la ville. L’armée impériale, installant des canons sur les territoires récemment conquis, commença alors à bombarder Singapour.

 

Manquant d’eau, les Britanniques furent contraints de faire reddition le 15 février 1942.

A l’issu de la bataille de Singapour, ces derniers comptaient 9 500 tués, 5 000 blessés et 50 000 prisonniers (à rajouter aux 5 000 tués et 40 000 prisonniers suite à la bataille de Malaisie.).

Côté japonais, les pertes étaient une fois encore bien plus légères : 1 700 tués et 2 700 blessés.

Troupes japonaises dans Singapour.

 

            14° La campagne de Birmanie (1942)S’étant emparée de la Thaïlande et de la Malaisie, l’Etat-major japonais lança en janvier 1942 une offensive de grande ampleur contre la Birmanie britannique.

L’objectif de l’armée impériale, outre chasser les Britanniques de la zone, était aussi de faire main basse sur les ressources pétrolifères du pays, ses minerais précieux, et ses nombreuses rizicultures.

 

a) L’offensive japonaise (janvier à mai 1942) : alors que Rangoon, la capitale birmane, était régulièrement bombardée par l’aviation japonaise, l’armée impériale traversa la frontière à la mi-janvier 1942. Dans un premier temps, les Japonais se dirigèrent dans vers Moulmein, à 150 kilomètres à l’ouest.

Uniforme de sous-lieutenant japonais, campagne de Birmanie, musée des Invalides, Paris.

L’armée impériale y rencontra une vive résistance de la part des Britanniques qui défendaient la cité. Toutefois, se trouvant dos au fleuve, les alliés se retrouvaient dans une position inconfortable. Après plusieurs offensives lancées par l’ennemi, les Britanniques décidèrent de se replier à la fin du mois, abandonnant de grandes quantités de matériel derrière eux.

Remontant vers le nord, les officiers britanniques décidèrent de faire sauter le pont traversant la rivière Sittang. Toutefois, la moitié des troupes alliées, coincées du mauvais côté du fleuve, furent contraintes d’abandonner tout leur matériel lourd, et parfois même leurs fusils.

 

Désormais affaiblis, les Britanniques n’étaient guère en position de tenir Rangoon, malgré les ordres du général Wavell, qui stipulaient que la capitale devait être défendue coûte que coûte. A la fin février 1942, Wavell confia le commandement de l’armée de Birmanie au général Harold Alexander, qui lança plusieurs offensives sur Pegu, à 80 kilomètres au nord-est de Rangoon, position occupée par les Japonais.

Toutefois, convaincu qu’il serait impossible de défendre Rangoon, le général Alexander décida d’évacuer la capitale au cours de la première semaine de mars, ayant au préalable détruit toutes les installations (port, pipeline, raffineries, usines, etc.).

La campagne de Birmanie (1942).

 

Les Japonais, s’emparant de Rangoon, furent renforcés en l’espace de quelques semaines par des troupes venant de Malaisie et de l’île de Java[79]. L’armée impériale, récupérant des camions britanniques abandonnés, progressa donc rapidement en direction du nord de la Birmanie.

Quant aux Britanniques, retirés dans le centre du pays, ils se trouvaient dès lors en situation difficile. En effet, ces derniers déploraient des carences dans l’approvisionnement : en effet, Rangoon était tombée entre les mains de l’ennemi, et peu de routes reliaient la Birmanie à l’Inde. En outre, les Japonais financèrent l’Armée pour l'indépendance birmane, mouvement indépendantiste birman : ainsi, non seulement les troupes alliées furent harcelées par les insurgés ; en outre, de nombreux soldats birmans de l’armée britannique désertèrent.

Les troupes alliées furent toutefois soutenues par les troupes chinoises du général Tchang Kaï-chek[80], premier ministre de la république de Chine. Toutefois, les Chinois, bien que nombreux, n’étaient pas suffisamment bien équipés pour résister aux troupes japonaises.

 

Le général Tchang Kaï-chek.

 

Repoussés vers le nord du pays, les alliés furent incapables de freiner l’avancée japonaise, qui s’empara de Lashio en mai 1942, contrôlant désormais la route menant vers la Chine.

C’est ainsi que le général Alexander décida d’évacuer la Birmanie, faisant reculer ses troupes vers la province de Manipur, en Inde (à noter que plusieurs unités chinoises furent aussi contraintes de se réfugier dans la région.).

A noter que l’armée thaïlandaise, pénétrant en Birmanie courant mai 1942, s’empara de Kengtung, dans l’est du pays, annexant la province de Shan.

 

b) Le statu quo (été à hiver 1942) : à l’été 1942, la situation des Britanniques ne s’arrangeait guère. Ainsi, peu de moyens parvenaient en Inde, à une époque où le gouvernement britannique était plutôt concentré sur le front ouest (lutte contre l’Afrika Korps, débarquement de Dieppe, opération Torch, etc.).

Ainsi, alors que le Japonais se trouvaient désormais à quelques kilomètres de la frontière indienne, l’Etat-major britannique décida de pratiquer la tactique de la terre brûlée, qui causa une importante famine au Bengale (d’autant que les importations de riz depuis la Birmanie étaient coupées.).

La faim et les bombardements japonais ne tardèrent donc pas à entraîner des révoltes populaires, que les Britanniques furent contraints de mater rapidement.

 

Côté japonais, il fut décida de dissoudre l’Armée pour l'indépendance birmane, jugée trop indisciplinée (il y avait eu des affrontements entre l’armée impériale et les insurgés birmans.). C’est ainsi que fut créée l'Armée de défense birmane, organisation de taille plus modeste et supervisée par des officiers japonais.

 

Après la mousson, les Britanniques lancèrent en décembre 1942 une offensive en direction de l’île d’Akyab[81], sur la côte sud-ouest de la Birmanie (l’objectif était de s’emparer de l’aérodrome qui se trouvait là.).

Toutefois, ne possédant pas de blindés, les troupes alliées ne parvinrent pas à prendre la position, solidement défendue par les Japonais.

 

            15° La campagne des Indes orientales néerlandaises (décembre 1941 à février 1943)suite à l’invasion des Pays-Bas par la Wehrmacht, en mai 1940, le contact avait été coupé entre la métropole et ses colonies.

 

a) Petite histoire des Indes orientales néerlandaises : depuis le début du XIX° siècle, les territoires néerlandais d’outre-mer ne comptaient plus que les Antilles néerlandaises, la Guyane néerlandaise[82], et les Indes orientales néerlandaises[83].

 

Cette dernière colonie, sous contrôle hollandais depuis le XVII° siècle, était en 1941 le quatrième exportateur de pétrole au monde, comptant en outre de nombreuses plantations de caoutchouc.

Pour le Japon, la conquête des Indes orientales néerlandaises correspondait avant tout à un impératif économique, le pays ne disposant plus que de quantités limitées de pétrole suite à la mise en place de l’embargo américain en juillet 1941[84].

 

A noter qu’en janvier 1942, afin de faire face aux agressions japonaises, le général Wavell, commandant en chef des armées en Inde, donna naissance au Commandement américano-britannico-néerlando-australien[85].

Toutefois, cette organisation unissant les différentes forces armées opérant dans le pacifique, subissant les divergences des Etats membres, fut dissoute en février 1942.

 

b) La bataille de Bornéo (décembre 1941 à avril 1942) : les Indes orientales néerlandaises, s’étendant sur près de 4 000 kilomètres, était composée de plusieurs grandes îles.

Bornéo, l’une d’entre elles, était divisée en deux, la moitié nord-ouest appartenant à la Grande-Bretagne (l’on y trouvait les protectorats de Sarawak, Brunei, Bornéo du Nord[86].), le reste de l’île étant sous souveraineté néerlandaise.

 

Une première offensive japonaise fut donc déclenchée contre Bornéo, à la mi-décembre 1941, l’île étant riche en hydrocarbures.  4 500 soldats japonais, partis d’Indochine, débarquèrent à Miri, au Sarawak britannique, ainsi qu’à Seria, à Brunei.

Ces deux zones comportaient d’importants gisements pétroliers ; toutefois, suite à l’attaque sur Pearl Harbor, le gouvernement de Sarawak avait fait détruire les puits et les raffineries de pétrole.

 

S’emparant de Brunei en l’espace d’une semaine, les Japonais divisèrent leurs troupes en deux colonnes. L’une se dirigea vers le nord, en direction de Sandakan, la capitale du Bornéo du Nord ; l’autre, partant en direction du sud, marcha vers Kuching, la capitale du Sarawak.

 

Les Japonais, ne rencontrant guère d’opposition au nord, s’emparèrent de Sandakan à la mi-janvier 1942 ; au sud, les bataillons britanniques furent contraints de se retirer vers Sampit, dans le sud de Bornéo, à la fin décembre 1941, laissant l’armée impériale occuper Kuching.

 

La capture de l’aérodrome de Tarakan, au nord-est de Bornéo, à la mi-janvier, permit aux troupes japonaises de disposer d’une base avancée sur l’île.

Peu à peu encerclés, les Britanniques, manquant de matériel et de provision, furent contraints de déposer les armes à compter d’avril 1942.

L'invasion des Indes orientales néerlandaises.

 

c) La bataille de Célèbes (janvier 1942) : alors que les troupes japonaises envahissaient Bornéo, l’armée impériale attaqua aussi l’île de Célèbes.

Débarquant à Menado au mois de janvier, à la pointe nord, les Japonais progressèrent rapidement vers le sud. D’ici février 1942, ils s’emparèrent de Kendari, au sud-est, et de Makassar, au sud ouest.

 

d) La bataille de Timor (janvier 1942 à février 1943) : en 1942, le Timor n’était pas sous domination hollandaise, étant divisée entre les Pays-Bas et le Portugal. Ainsi, les Indes orientales néerlandaises avaient souveraineté sur l’ouest, le Portugal sur l’est[87].

 

Lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale, le gouvernement portugais, dirigé par Antonio Salazar[88], avait décidé de conserver sa neutralité dans le conflit.

Le dictateur, bien que conservant des liens avec la Grande-Bretagne, refusa d’accorder aux alliés l’autorisation de se déployer dans le Timor portugais.

Passant outre cette interdiction, les Britanniques avaient envahi la moitié est de l’île à la mi-décembre 1941.

 

Disposant désormais d’une base arrière à Bornéo, les troupes japonaises attaquèrent le Timor en début d’année 1942, souhaitant chasser les alliés de l’île.

Ainsi, les Japonais commencèrent à bombarder le Timor à la fin du mois de janvier, débarquant à Dili, dans la zone portugaise, le 19 février 1942.

Au même moment, d’autres troupes japonaises débarquèrent dans la pointe sud du l’île, où elles affrontèrent les unités britanniques.

 

A la fin du mois de février, l’armée impériale s’était emparée du Timor néerlandais et de la région de Dili. Toutefois, la disposition de l’île, abritant de nombreux massifs montagneux, était favorable à des actions de guérilla. C’est pourquoi les Japonais, bien qu’étant plus nombreux et mieux équipés que les alliés, progressèrent difficilement dans la moitié sud-est du Timor (c’est ainsi que de nombreuses persécutions contre les populations civiles eurent lieu, les Japonais exécutant les autochtones étant soupçonnés d’avoir aidé les alliés.).

Jusqu’à l’été, l’Etat-major japonais invita les troupes britanniques à faire reddition à plusieurs reprises, mais en vain.

 

Recevant des renforts en août, et recrutant plusieurs unités indigènes (qui connaissaient bien le terrain.), les Japonais lancèrent une nouvelle offensive début novembre.

A cette date, manquant de matériel et de provisions, les officiers généraux britanniques quittèrent le Timor ; le 30 novembre, les alliés malgré tout des renforts, acheminés par la marine australienne à Betano, dans le sud de l’île (en contrepartie, les Australiens évacuèrent plusieurs milliers de civils.).

Toutefois, incapables de résister au 12 000 soldats japonais, les Britanniques décidèrent d’évacuer le Timor. Ainsi, les dernières unités quittèrent l’île entre décembre 1942 et février 1943.   

 

Au final, la bataille de Timor s’achevait sur une nouvelle victoire japonaise. Au final, ces derniers n’avaient perdu que 2 000 hommes ; contre 450 du côté des alliés.

A noter toutefois que les premières victimes de l’occupation japonaise furent les civils, 40 000 à 70 000 autochtones ayant trouvé la mort lors du conflit.

 

e) La bataille de Java (février à mars 1942) : alors que les Japonais s’étaient déjà emparés de Bali et Sumatra à la mi-février 1942, l’armée impériale lança une nouvelle offensive contre les Indes orientales néerlandaises à la fin du mois, cette fois ci dirigée contre l’île de Java.

 

Le débarquement des troupes japonaises se fit sur trois points. A Merak, à la pointe ouest de Java ; à Pusakanagara, au nord-ouest ; et à Kragan, au nord-est (soit un total de 35 000 soldats.).

Pour assurer la défense de l’île, sur laquelle l’on trouvait Batavia[89], la capitale des Indes orientales, les 25 000 soldats de l’armée néerlandaise (à noter que l’on y comptait une majorité d’indigènes.) avaient été renforcés par 5 000 Britanniques et Américains.  

L'invasion de Java.

 

Les troupes japonaises, suite à leur arrivée à Merak, décidèrent de scinder leurs forces en deux groupes. Ainsi, l’un fut chargé de marcher vers Buitenzorg[90], au sud, l’autre vers Batavia, la capitale.

Alors que le groupe nord progressait vers Batavia, avançant difficilement car l’ennemi avait fait sauter les ponts, le groupe sud rencontra une vive résistance de la part des alliés. Toutefois, ces derniers furent contraints de se replier après quelques heures de combats, craignant d’être encerclés par l’armée impériale. Le 4 mars, l’Etat-major néerlandais décida d’évacuer Batavia et Buitenzorg afin de se replier plus à l’est, en direction de Bandung.

C’est ainsi que l’armée japonaise s’empara de ces deux villes dès le lendemain, se dirigeant ensuite vers Bandung.

 

Le débarquement japonais à Pusakanagara, quant à lui, visait l’aéroport de Kalidjati, à dix kilomètres à l’ouest de Subang.

L’aérodrome sous contrôle allié comptait une dizaine de vieux Brewster F2A Buffalo, appartenant à l’armée néerlandaise, ainsi qu’une dizaine de Hawker Hurricane de la RAF.

Hawker Hurricane.

Les Japonais s’emparèrent rapidement de l’aéroport, le 1er mars 1942, faisant toutefois face au cours des jours suivant à une vaine contre-attaque néerlandaise.

Après avoir sécurisé l’aérodrome, l’armée impériale descendit vers Bandung, au sud, où s’était réfugiée l’armée néerlandaise. Cette dernière fit reddition le 9 mars.

 

Enfin, les troupes japonaises ayant débarqué dans l’est de Java, à Kragan, se divisèrent en quatre groupes, afin de mieux occuper la région.

C’est ainsi que furent sécurisés les puits de pétrole de Tjepoe[91], à 80 kilomètres au sud, l’armée impériale marchant ensuite en direction de Surabaya, sur la côte est.

A noter toutefois que les alliés opposèrent une vive résistance à l’ennemi, barrant la route vers Surabaya. Toutefois, en raison de leur infériorité numérique, les Néerlandais furent contraints de se replier vers l’île de Madera, à l’est.

 

            16° La campagne de Nouvelle-Guinée (1942)Alors que la majorité des îles des Indes orientales néerlandaises ne furent jamais reconquises par les alliés, d’importants combats se déroulèrent en Nouvelle-Guinée jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

 

a) Petite histoire de la Nouvelle-Guinée : en fin d’année 1941, cette grand île était divisée en trois parties : la Nouvelle-Guinée néerlandaise, à l’ouest ; le Territoire de Nouvelle-Guinée, au nord-est (il s’agissait d’un mandat australien de la SDN.) ; le Territoire de Papouasie, au sud-est (il s’agissait d’une colonie américaine.).

 

A noter que la moitié ouest de la Papouasie avait été colonisée à compter de la fin du XIX° siècle, par une Australie encore sous domination britannique, la Nouvelle-Guinée n’étant qu’à 150 kilomètre au nord du territoire australien.

Toutefois, suite à l’indépendance de l’Australie, au début du XX° siècle, les colonies en Nouvelle-Guinée furent conservées au gouvernement australien.

 

Pour l’Etat-major japonais, une invasion de l’Australie n’était pas au programme[92], toutefois, la capture de la Nouvelle-Guinée et des îles Salomon, à l’est, permettrait de gêner considérablement les manœuvres militaires du gouvernement australien.

 

b) L’invasion de la Nouvelle-Bretagne et de la Papouasie orientale (janvier à mars 1942) : à la fin du mois de janvier 1942, les troupes japonaises s’emparèrent de Rabaul, à la pointe nord de la Nouvelle-Bretagne, île située à l’est de la Papouasie.

La capture de cette ville permit à l’armée impériale de disposer d’un base avancée en territoire ennemie, en vue d’une future offensive sur les îles Salomon et la Papouasie.

 

Début mars, les Japonais lancèrent l’opération SR, débarquant à Lae et Salamaua, à la pointe est du Territoire de Nouvelle-Guinée. Subissant le feu de l’aviation américaine, plusieurs barges de débarquement furent détruites, mais les soldats japonais parvinrent toutefois à débarquer.

Toutefois, le territoire de Nouvelle-Guinée étant de taille démesurée (il s’agit de la troisième plus grande île du monde.), d’autres débarquements furent effectués en Papouasie au cours de l’été 1942 (dans le nord et l’est du pays.).

 

c) La bataille de la mer de Corail (mai 1942) : alors que les Japonais s’étaient emparés de Rabaul en janvier, l’Etat-major de l’armée impériale décida de lancer l’opération MO au printemps 1942.

L’objectif était de s’emparer de Port Moresby, à la pointe sud-est de Nouvelle-Guinée, et de Tulagi, dans les îles Salomon. Ce faisant, l’armée impériale disposerait de nouvelles bases avancées dans la mer de Corail, mettant le nord de l’Australie à portée des bombardiers japonais.

 

La flotte japonaise, comptant trois porte-avions, neuf croiseurs, quinze destroyers, ainsi qu’une trentaine de navires auxiliaires, arriva à Tulagi le 3 mai.

La ville fut rapidement capturée par l’armée impériale, mais les Américains, ayant réussi à déchiffrer les transmissions codées japonaises, envoyèrent plusieurs avions bombarder la flotte japonaise. Ainsi, si les Japonais conservèrent le contrôle de Tulagi, ils perdirent un destroyer et quelques navires auxiliaires.

 

Cherchant la flotte américaine pendant plusieurs jours (l’objectif de l’Etat-major japonais était de couler les porte-avions ennemis, qui ne se trouvaient pas à Pearl Harbour le jour de l’attaque.), la flotte japonaise aperçut l’ennemi le 7 mai au matin.

Toutefois, les avions de l’armée impériale ne s’attaquèrent qu’aux navires auxiliaires de la flotte ennemie, le gros de la marine américaine étant introuvable.

Parvenant à couler un destroyer, les Japonais perdirent ce jour là un de leurs porte-avions, ainsi qu’une vingtaine d’avions.

La bataille de la mer de Corail.

 

Le 8 mai au matin, la flotte américaine faisait face à celle de l’ennemi. A noter que les deux escadres étaient de taille équivalente, les Américains étant équipés de deux porte-avions, neuf croiseurs, treize destroyers et quelques navires auxiliaires (à noter que les deux belligérants comptaient 150 avions chacun.).

Les avions américains reçurent alors l’ordre d’attaquer la flotte ennemie. Si les vieux bombardiers TBD Devastator[93] n’endommagèrent pas les navires japonais, les bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless, de conception plus récente, parvinrent à endommager le porte-avion Shokaku[94].   

Douglas SBD Dauntless.

A noter toutefois que les torpilles japonaises atteignirent à plusieurs reprises les deux porte-avions américains. Ainsi, l’USS Lexington fut coulé, l’USS Yorktown fut gravement endommagé.

Déplacement des navires américains et japonais lors de la bataille de la mer de Corail.

 

Les deux flottes ayant beaucoup souffert des assauts répétés de l’adversaire, elles se retirèrent le 8 au soir.

Par la suite, Washington comme Tokyo présentèrent la bataille de la mer de Corail comme une victoire. Ainsi, les Japonais étaient parvenus à éliminer deux porte-avions américains ; cependant, ces derniers avaient été contraints d’annuler le débarquement à Port Moresby.

 

d) Le débarquement de Buna et Goda, la bataille de Kokoda, la bataille de Buna-Goda (juillet 1942 à janvier 1943) : n’étant pas parvenus à s’emparer de Port Moresby, les Japonais décidèrent d’organiser un nouveau débarquement en Papouasie.

Débarquant à Buna et Goda en juillet 1942, dans l’est de la Nouvelle-Guinée, les Japonais marchèrent alors en direction de Port Moresby, à 150 kilomètres au sud-ouest.

 

Mais à la fin du mois, les Japonais furent bloqués à Kokoda par les troupes alliées, à 75 kilomètres de leur objectif.

Parvenant à repousser l’ennemi, les troupes japonaises progressèrent lentement dans cette région montagneuse, subissant en outre les nombreuses contre-attaques de l’armée américaine.

 

A la mi-septembre 1942, alors que les Japonais n’étaient plus qu’à 50 kilomètres de Port Moresby, ces derniers reçurent l’ordre de reculer vers Buna et Goda, en raison de la défaite de Guadalcanal, dans le cadre de la campagne des îles Salomon[95].

Entamant une longue marche de recul, les troupes japonaises atteignirent Buna en novembre 1942.

 

Côté japonais, les pertes étaient lourdes pour un résultat nul : 6 500 tués sur les 13 000 soldats ayant débarqué à Buna pendant l’été. Côté allié, les pertes étaient plus légères, mais le climat avait été plus mortel que l’ennemi : 600 tués, 1 000 blessés, plus 4 000 malades.

 

Poursuivant les troupes japonaises, les alliés attaquèrent l’ennemi à Buna et Goda, à compter de la mi-novembre 1942.

L’armée impériale, bien qu’affaiblie et en infériorité numérique (6 500 Japonais contre 20 000 alliés.), était toutefois bien retranchée derrière ses positions, entourées de marécages. Par ailleurs, les soldats américains, formés pour un conflit en Europe, n’étaient pas préparés à une guerre tropicale.

 

Attaquant la position ennemie, les alliés subirent une vive résistance de la part des Japonais, et les combats se poursuivirent jusqu’en janvier 1943.

Ne disposant plus de provisions, les soldats japonais eurent recours au cannibalisme, mettant à mort tous les prisonniers américains et australiens capturés lors de l’offensive contre Kokoda. A la fin du mois, la situation japonaise était désespérée, plus de 6 000 soldats ayant trouvé la mort lors de la bataille de Buna-Goda. Ainsi, les officiers généraux se lancèrent dans une attaque-suicide contre les Australiens, afin de ne pas tomber entre les mains de l’ennemi, les alliés ne capturant que 200 Japonais.

 

Au final, si la bataille s’était achevé sur un carnage côté japonais, côté allié les affrontements avaient été très coûteux en vies humaines : 2 300 tués et 12 000 blessés.

 

e) La bataille de la baie de Milne, la bataille de l’île de Goodenough (août à octobre 1942) : si à l’été, les Japonais avaient investi Lae (janvier 1942), la Nouvelle-Guinée néerlandaise (avril 1942.), ainsi que Buna-Goda (juillet 1942), la pointe sud-est de la Papouasie restait hors de contrôle de l’armée impériale.

 

L’Etat-major japonais décida donc de lancer une offensive contre la baie de Milne, à la pointe sud-est de la Nouvelle-Guinée. Se trouvait dans cette zone une base militaire australienne, qui servirait de base avancée dans la région en vue d’une prochaine attaque contre Port Moresby.

 

Début août, les Japonais commencèrent à bombarder la position ennemie, préparant un débarquement qui se déroula à la fin du mois.

Toutefois, des avions australiens ayant attaqué les barges de débarquement, les 1 800 soldats de la marine japonaise (l’offensive ne fut pas opérée par l’armée impériale.) furent contraints de débarquer à une dizaine de kilomètres à l’est de la baie de Milne.

 

Progressant rapidement vers la base australienne, les Japonais subirent une vive contre-attaque, soutenue par plusieurs chasseurs Curtiss P-40 et bombardiers B-17.

Curtiss P-40 Warhawk.

Ayant lancé plusieurs offensives infructueuses, parfois même des attaques-suicide, les Japonais furent contraints de se replier au début du mois de septembre 1942.

 

La bataille de la baie de Milne fut le premier engagement au cours duquel l’ennemi, vaincu, fut en outre contraint d’évacuer le territoire.

L’affrontement fit 600 victimes du côté japonais (tués et disparus.), contre environ 150 morts côté australien.

 

Un dernier débarquement japonais se fit dans la zone en octobre 1942, sur l’île de Goodenough, à 80 kilomètres au nord de la baie de Milne.

Toutefois, les Australiens parvinrent à repousser les troupes japonaises, qui se retirèrent alors sur l’île Fergusson, à quelques kilomètres à l’est.

 

            17° La campagne des îles Salomon (1942)La campagne des îles Salomon s’effectua à la même période que l’offensive menée contre la Nouvelle-Guinée.

Les deux territoires étant relativement proches, certaines opérations visèrent des objectifs communs aux deux territoires[96].

 

Côté japonais, la capture des îles Salomon répondait à un impératif stratégique. Le premier objectif était de chasser les alliés de la région, afin que ces derniers ne puissent installer une base avancée dans la région.

Côté américain, il était indispensable de prendre pied dans la région, sans quoi les seules bases disponibles seraient celles des îles du pacifique, à plusieurs milliers de kilomètres du Japon.

Affiche de propagande américaine (la légende indique : "1778-1943, les Américains se battront toujours pour la liberté").

 

a) Débarquement en Nouvelle-Calédonie et aux Nouvelles-Hébrides (mars 1942) : c’est ainsi que l’Etat-major américain décida de procéder à plusieurs débarquements en mars 1942, en direction de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides[97], au sud-est des îles Salomon.

 

A noter que ces îles, colonies françaises[98], avaient rejoint la France libre à l’été 1940.

Ainsi, les troupes alliées investirent ces territoires sans difficulté, situés hors de la zone de conflits (la Nouvelle-Calédonie et les Nouvelles-Hébrides n’avaient pas été attaquées par le Japon.).

 

b) La bataille de Guadalcanal (août 1942 à février 1943) : puis, le 7 août 1942, les Américains débarquèrent non loin de Tenaru, sur la côte nord de l’île de Guadalcanal.

Le débarquement des troupes américaines à Guadalcanal.

L’arrivée de l’ennemi fut une surprise pour les Japonais, qui s’étaient installés à Lungga, à trente kilomètres à l’ouest de la position américaine.

Les troupes alliées parvinrent à chasser les Japonais de Lungga, et achevèrent la construction de l’aérodrome japonais, qui fut rebaptisé Henderson.

Au même moment, l’US Navy parvint à s’emparer rapidement de Tulagi. 

La bataille de Guadalcanal.

 

Toutefois, le général américain Alexander Archer Vandegrift[99], qui commandait les troupes, se retrouva rapidement isolé. En effet, les navires américains, qui n’évaient pas débarqué toutes les provisions, furent contraints de reculer suite à la bataille navale de Savo, qui se déroula à une dizaine de kilomètres au nord de Guadalcanal, le 9 août 1942.

Ainsi, le général Vandergrift ne put que défendre la position américaine, tout en lançant quelques patrouilles dans les environs.

Toutefois, bien que bombardé par les navires japonais, qui profitaient du recul de l’US Navy[100] suite à la bataille de Savo, l’aéroport de Henderson fut opérationnel à compter de la fin août 1942.

C’est ainsi qu’une soixantaine d’appareils, chasseurs et bombardiers, vinrent s’y installer en vue d’opérations futures.

 

A noter que l’aéroport fut attaqué par un bataillon japonais le 21 août 1942 ; toutefois, en raison du soutien aérien dont ils disposaient les soldats américains parvinrent à repousser sans grandes difficultés l’offensive ennemie.

Par ailleurs, alors que l’Etat-major japonais avait tenté d’envoyer des renforts sur Guadalcanal, la flotte américaine parvint à empêcher tout débarquement, suite à la bataille navale des Salomon orientales, à la fin du mois d’août.

 

A la mi-septembre, les Japonais lancèrent un nouvel assaut contre l’aérodrome, depuis la crête d’Edson, à quelques kilomètres au sud. Toutefois, les 6 000 soldats de l’armée impériale furent repoussés une fois encore, subissant d’importantes pertes.  

Le général Vandergrift, renforcé par 4 000 Marines[101] suite à l’affrontement, commença à élargir le périmètre américain de quelques kilomètres en direction de l’ouest.

Atteignant la position ennemie à la fin du mois, installée le long de la rivière Mataniko, à une dizaine de kilomètres à l’ouest de l’aéroport, les Américains furent toutefois repoussés. Une nouvelle offensive, lancée au cours de la première semaine d’octobre, échoua elle aussi.

 

Alors que l’US Navy avait définitivement obtenu la supériorité maritime suite à la bataille navale de Cap Espérance, à quelques kilomètres au nord de Guadalcanal (mi-octobre 1942.), l’Etat-major japonais décida de lancer une grande offensive contre la position américaine.

Après une longue préparation d’artillerie, l’armée impériale se lança à l’assaut de l’aérodrome à la fin du mois d’octobre, mais ne parvint pas à percer la ligne de front ennemie.

 

Les Japonais, désormais en nette infériorité numérique (environ 10 000 soldats contre 60 000 alliés.), se retrouvaient dans une situation difficile.

Par ailleurs, une escadre transportant des renforts fut contrainte de faire demi-tour suite à la bataille navale de Guadalcanal, au cours de laquelle la marine japonaise fut une nouvelle fois vaincue par l’US Navy.

 

Désormais privés d’approvisionnement, les soldats japonais opposèrent toutefois une vive résistance lorsque le général Vandergrift lança un dernier assaut contre les positions fortifiées de la rivière Mataniko.

La bataille de Guadalcanal.

Reculant vers le nord de l’île, les dernières troupes japonaises furent évacuées au début du mois de février 1943.

 

Au final, la bataille de Guadalcanal s’achevait sur un succès pour les alliés, l’ennemi ayant été repoussé hors de l’île.

Toutefois, si les pertes humaines (au sol.) étaient modérées (1 700 tués et blessés.), les batailles navales qui avaient émaillé l’offensive sur l’île avait coûté très cher à l’US Navy, qui ne possédait désormais qu’un seul porte-avion en état de marche (plus les 5 000 marins qui avaient été tués ou blessés en mer.).

Côté japonais, les pertes étaient très importantes. Ainsi, l’on comptait près de 25 000 morts (au sol.), dont 9 000 de maladie, plus les 3 500 tués ou blessés ayant combattu en mer.

 

La campagne des îles Salomon n’était pas achevée, mais la conquête de Tulagi et de Guadalcanal commençait à faire pencher la balance en faveur des alliés.

 

            18° La bataille de Midway et la campagne des îles Aléoutiennes (1942)En avril 1942, Tokyo, la capitale japonaise, avait été bombardée pour la première fois par une escadre de B-25 américains[102].

L’offensive avait fait peu de dégâts, mais elle restait symbolique, démontrant que le Japon n’était pas à l’abri de représailles.

 

L’Etat-major japonais, soucieux de se venger, mais aussi de se débarrasser des encombrants porte-avions américains (qui, rappelons-le, avaient échappé au raid contre Pearl Harbor.), décida alors de mener une grande offensive dans le Pacifique.

Ainsi, alors qu’une petite escadre avançait vers l’Alaska, le gros de la flotte japonaise, commandée par l’amiral Yamamoto[103], naviguerait vers les îles Midway.

L’objectif des Japonais était donc de s’emparer de cette base américaine avancée, puis de conquérir les îles Hawaï, situées à un millier de kilomètres au sud-est.

 

a) La bataille de Midway (5 juin 1942) : la flotte japonaise se mit en route à la fin mai 1942, composée de huit porte-avions (embarquant 360 avions environ.), onze cuirassiers, 21 croiseurs, plus une centaine de navires auxiliaires.

Toutefois, les alliés étant parvenus à décrypter les transmissions codées japonaises, savaient quel point l’ennemi allait attaquer.

C’est ainsi qu’une escadre de bombardiers B-25 attaquèrent la flotte japonaise en route vers Midway, le 3 juin 1942. Aucun navire ne fut détruit, toutefois, les Japonais savaient désormais qu’ils ne pourraient plus compter sur l’effet de surprise.

 

Au petit matin du 5 juin, la flotte japonaise arriva devant les îles Midway, envoyant ses bombardiers pour attaquer les positions ennemies. Côté américain, si l’île était défendue par une centaine d’appareils, les appareils les plus désuets (les Brewster F2A Buffalo.) ne firent pas le poids face aux Mitsubishi A6M japonais.

Mitsubishi A6M.

 

Toutefois, alors que l’aviation japonaise attaquait Midway, la flotte américaine s’approchait de l’ennemi. Cette escadre comprenait trois porte-avions (dont le Yorktown, endommagé suite à la bataille de la mer de Corail.), quatre croiseurs, et une cinquantaine de navires auxiliaires (plus 250 avions embarqués.).

La bataille de Midway.

Alors que, côté japonais, la première vague amorçait son retour, l’aviation américaine commença à frapper. Cependant, les avions japonais étant sortis des quatre porte-avions alors présents, la deuxième vague dût attendre que la première atterrisse avant de pouvoir décoller.

Entretemps, alors que les vieux TBD Devastator faisaient diversion, les bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless causèrent d’importants dégâts à l’ennemi.

TBD Devastator.

En l’espace de quelques minutes, trois porte-avions japonais furent sévèrement touchés, même si les bombardiers japonais Nakajima B5N et Aichi D3A parvinrent à endommager l’USS Yorktown. Ce dernier, retiré des combats vers midi, fut toutefois détruit par l’ennemi trois heures plus tard, alors que les bombardiers américains coulaient un quatrième porte-avion japonais.

Nakajima B5N.

 

En fin d’après-midi, l’amiral Yamamoto décida de sonner la retraite. Toutefois, deux croiseurs se percutèrent lors de la manœuvre de repli. Attaqués par la marine américaine, l’un fut coulé, l’autre endommagé.

L'évacuation du Yorktown, endommagé par l'ennemi.

 

La bataille de Midway fut un terrible échec pour le Japon, qui sortit très affaibli de cet affrontement. C’est à compter de cette date que les Américains multiplièrent les attaques contre les possessions japonaises dans la région.

 

b) La campagne des îles Aléoutiennes (juin à décembre 1942) : alors qu’une partie de la flotte japonaise se dirigeait vers Midway, une autre escadre avançait vers les îles Aléoutiennes, un archipel s’étirant sur un millier de kilomètres, à la pointe nord-ouest de l’Alaska.

L’objectif de l’Etat-major japonais était de s’emparer de cette zone, non seulement pour protéger la moitié nord de l’Empire, mais aussi afin de pouvoir disposer d’une base avancée en vue d’une attaque contre les Etats-Unis.

 

Le 6 juin, les Japonais débarquèrent sur Attu et Kiska, îles situées à l’ouest de l’archipel. L’invasion se fit sans difficultés, les Américains n’étant pas présents dans cette zone.

Toutefois, une base militaire américaine fut érigée sur Adak au mois d’août, à 250 kilomètres à l’est de Kiska. Cette position permit dès lors aux Américains de bombarder les îles sous contrôle japonais.

Base militaire américaine à Adak.

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[1] Pour en savoir plus sur les protocoles de Paris, voir le c), 1, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[2] Pour en savoir plus sur la prise du Syrie et du Liban par les Britanniques, voir le 8, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[3] Weygand était jugé responsable de l’échec des protocoles de Paris.

[4] Juin, né en décembre 1888 en Algérie, fit ses études à Saint Cyr. Ce dernier participa à la première guerre mondiale, combattant sur le front ouest. Après guerre il fut envoyé en Afrique, puis fut promu général en 1938. Capturé lors de l’évacuation de Dunkerque, il fut emprisonné en Allemagne, puis finalement libéré en juin 1941.

[5] Rappelons que ce dernier était commandant de la Luftwaffe.

[6] Blum, né en avril 1872, épousa une carrière de fonctionnaire en 1895, mais travailla aussi en tant que critique littéraire au début du XX° siècle. Elu député SFIO en 1919, il afficha son hostilité au communisme lors du Congrès de Tours. Il fut nommé président du conseil à deux reprises, de juin 1936 à juin 1937, et de mars à avril 1938.

[7] A noter que le procès fut ajourné à la mi-avril 1942 pour une durée indéterminée.

[8] Darnand, né en mars 1897, avait participé à la première guerre mondiale. En raison de ses actions d’éclats, il reçut la médaille militaire et la légion d’honneur. Après la guerre, Darnand rejoignit l’Action française (une organisation royaliste), les Croix-de-feu (association d’anciens résistants), puis La Cagoule (groupe terroriste d’obédience fasciste). Remontant sur le front en 1939, il fut fait prisonnier en juin 1940, mais parvint toutefois à s’échapper. Suite à l’instauration du régime de Vichy, Darnand adhéra à la Légion française des combattants.

[9] Le RSHA (Reichssicherheitshauptamt, ou « office central de la sécurité du Reich »), remplaçant la Sipo en septembre 1939, regroupait la Gestapo (Geheime Staatspolizei en allemand, ou « police secrète d’Etat. »), police politique du troisième Reich ; la Kripo (Kriminalpolizei.), politique criminelle ; et le SD (Sicherheitsdienst, ou « service de la sécurité. »), service de renseignements de la SS.

[10] Les Einsatzgruppen (« groupes d’intervention » en français.) étaient composés de membres de la SS, de la Gestapo (la police secrète du troisième Reich), de la Kripo (police criminelle), du SD (service de renseignement) et de l’Orpo (police régulière). Mise en place à compter de 1938, ces unités étaient chargées de l’élimination physique des officiers polonais, des slaves, des juifs, des prisonniers de guerre soviétiques, dans les territoires d’Europe de l’est.   

[11] Les Einsatzgruppen pouvaient être sujets au stress en raison des massacres qu’ils commettaient.

[12] Le gaz Zyklon, connu depuis le début du XX° siècle, était à l’origine utilisé comme pesticide. Il ne fut pas utilisé lors de la première guerre mondiale à cause de sa trop grande volatilité.

[13] Rappelons que la Gestapo (Geheime Staatspolizei en allemand.) était une police politique.

[14] Bousquet, né en mai 1909, fut rapidement initié à la politique par son père, notaire radical-socialiste. Travaillant au sein de différents ministères, il fut nommé sous-préfet à plusieurs reprises au cours des années 1930, puis reçut la charge de préfet de la Marne en 1940.

[15] La police nationale avait été créée en avril 1941, comme nous l’avons vu en a), section I, chapitre quatrième, la troisième république.

[16] Moins d’une trentaine de personnes survécurent et parvinrent à rentrer en France après la fin de la guerre.

[17] Moulin, né en juin 1889, fit des études de droit avant d’être mobilisé en 1918. Arrivant dans son unité des Vosges à l’automne, l’armistice fut signée quelques semaines après. Démobilisé en fin d’année 1919, il travailla à la préfecture de Montpellier, puis fut nommé sous-préfet à plusieurs reprises, entre 1925 et 1934. Nommé préfet en 1937, Moulin fut toutefois déclaré inapte au service lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Arrêté par les Allemands pour avoir refusé d’accuser une troupe de tirailleurs sénégalais d’avoir commis des atrocités sur des populations civiles (en réalité victimes de bombardements allemands), Moulin tenta de se suicider en se tranchant la gorge, puis fut révoqué par le régime de Vichy en raison de son orientation politique radicale-socialiste. 

[18] Frenay, né en novembre 1905, était issu d’une famille d’officiers, dont le père mourut lors de la première guerre mondiale. Proche d’Action française (il s’agissait d’un mouvement réactionnaire antirépublicain.) mais appréhendant le danger du nazisme, il sortit de Saint Cyr en 1926, puis fut affecté sur la ligne Maginot en 1939. Fait prisonnier à l’été 1940, Frenay parvint à s’enfuir, donnant naissance au groupe Mouvement de libération nationale au mois d’août. Travaillant au Deuxième bureau (service de renseignement français), Frenay demanda d’être mis en congé en janvier 1941, tout en conservant des contacts avec ces anciens collègues de travail. 

[19] Combat, né de la fusion en fin d’année 1941 des groupes Mouvement de libération nationale et Liberté, était à l’époque le plus gros mouvement de résistance.

[20] Né en janvier 1900, d’Astier fit ses études à l’Ecole navale, adhérant à Action française (il s’égissait d’un mouvement réactionnaire antirépublicain.). Démissionnant de la Marine en 1931, il se tourna vers le journalisme. Démobilisé en août 1940, d’Astier rejoignit Clermont-Ferrand où il donna naissance au mouvement Libération en juin 1941. 

[21] Lévy, né en mai 1911, travailla dans une entreprise de filature jusqu’en 1939. Démobilisé lors de l’armistice, Lévy partit pour Lyon. De tendance radicale, se dernier donna naissance au groupe Franc-Tireur en décembre 1941.

[22] Delestrain, né en mars 1879, entra à Saint Cyr en 1897. Montant sur le front de Belgique en 1914, il fut fait prisonnier par l’ennemi pendant l’été, n’étant libéré qu’en 1918. Promu colonel en 1936, il commanda la 3° brigade de char à Metz, unité dans laquelle servait le colonel de Gaulle. Mis à la retraite en mars 1939, il fut rappelé lors de la seconde guerre mondiale, mais fut contraint de cesser la lutte suite à la signature de l’armistice.

[23] Mountbatten naquit en juin 1900 au sein de la famille royale britannique (il était un descendant de la reine Victoria par sa mère). Faisant ses études à l’école navale pendant la première guerre mondiale, il servit en Inde et en Méditerranée jusqu’au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Mountbatten fut promu vice-amiral en octobre 1941.

[24] Soit 5 000 Canadiens, 1 000 britanniques, plus quelques Français des FFL et soldats américains. 

[25] Né en juillet 1887 au sein d’une vieille famille aristocratique, von Brockdorff-Ahlefeldt participa à la première guerre mondiale sur le front ouest. Démobilisé à son retour en Allemagne, il s’opposa à la république de Weimar, participant au putsch de Kapp (voir le 8, section I, chapitre cinquième, la troisième république). Nommé général en 1937, il participa à la guerre contre la Pologne, contre la France, et contre l’URSS. 

[26] Scherer, né en septembre 1889, participa à la première guerre mondiale avant de s’engager dans la police allemande. En 1935, il s’engagea dans l’armée avec le grade de lieutenant. Scherer, recevant ses galons de général, participa à la bataille de France et à l’invasion de l’URSS.

[27] « Opération Aurore boréale » en français.

[28] BM étant l’abréviation de Boïevaïa Machina, « véhicule de combat. » Cet appareil fut aussi surnommé orgues de Staline.

[29] Nous reviendrons sur le siège de Stalingrad en e), 5, section V, chapitre sixième, la troisième république.

[30] « Plan bleu » en français.

[31] La Volga se jetant dans la mer Caspienne, l’URSS était donc approvisionnée en pétrole depuis Bakou ; les Etats-Unis et la Grande-Bretagne faisaient parvenir à leur allié un ravitaillement en matériel et nourriture depuis l’Iran (le pays étant envahi par les Britanniques à l’été 1941 (voir à ce sujet le 9, section IV, chapitre sixième, la troisième république).

[32] Ou « groupe d’armée A » en français.

[33] Né en 1880, List participa à la première guerre mondiale en tant qu’officier d’Etat-major. A la fin de la guerre, il s’engagea dans la Reichswehr, où il fut promu colonel en 1930. Après l’anschluss, il travailla à l’intégration de l’armée autrichienne dans la Wehrmacht. Nommé général en 1939, List combattit en Pologne, en France et en Grèce, avant d’être envoyé en URSS.

[34] Von Weich, né en novembre 1881 au sein d’une famille aristocrate de Bavière, participa à la première guerre mondiale en tant qu’officier d’Etat-major. Intégrant la Reichswehr après guerre, il fut nommé instructeur au cours des années 1930. Par la suite, von Weich participa à l’invasion de la Pologne, des Balkans et de l’URSS.

[35] « Opération Héron » en français.

[36] Paulus, né en septembre 1890, s’engagea dans l’armée en tant que simple soldat, après avoir tenté des études de droit. Participant à la première guerre mondiale, il combattit sur le front ouest et dans les Balkans, gagnant ses galons de capitaine. Rejoignant la Reichswehr après guerre, il fut nommé général en 1939. Pendant la seconde guerre mondiale, il combattit en Pologne, en Belgique, en France et en URSS.

[37] Eremenkon, né en octobre 1892, avait participé à la première guerre mondiale sur le front est. Rejoignant le parti bolchevik en 1918, il prit par la la guerre civile contre les blancs.

[38] Stalingrad signifiant « ville de Staline » en français.

[39] Tchouïkov, né en février 1900, rejoignit l’armée rouge en 1918. Participant à l’invasion de la Pologne et à la guerre contre la Finlande, il fut aussi envoyé en Chine en tant que conseiller.

[40] Le sniper, étant équipé d’un fusil à lunette, pouvait atteindre une cible placée à longue portée. A noter que les premiers snipers avaient fait leur apparition à la fin du XIX° siècle. 

[41] Le terme kourgane est le mot turc désignant un tumulus (c’est à dire une colline artificielle recouvrant une tombe). Mamaï, quant à lui, était un émir mongol de la Horde d’or, qui avait vécu au XIV° siècle. 

[42] Rappelons que von Manstein avait conçu le plan d’invasion de la France (voir à ce sujet le f), 2, section I, chapitre sixième, la troisième république). Participant à l’invasion de la Pologne et à la bataille de France, il participa à l’opération Barbarossa en juin 1941.

[43] « Opération Tempête d’hiver » en français.

[44] Rappelons que le Japon s’était entre autres emparé de la Thaïlande, de la Malaisie, et de plusieurs îles dans le Pacifique, en fin d’année 1941.

[45] Koenig, né en octobre 1898, participa à la première guerre mondiale à compter de 1918, en sortant avec le grade de sous-lieutenant. Envoyé en Afrique après guerre, il fut promu capitaine au sein de la 13° demi-brigade de Légion étrangère au début du second conflit mondial. Koenig participa à la tentative de ralliement de Dakar (9, section III, chapitre sixième, la troisième république), à la campagne d’Erythrée (c), 6, section IV, chapitre sixième, la troisième république), et à la campagne du Proche-Orient (8, section IV, chapitre sixième, la troisième république).  

[46] Ou 13° demi-brigade de Légion étrangère.

[47] Rappelons que la cité avait subi un long siège l’année précédente. voir à ce sujet le b), 5, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[48] Dont 140 tués, 200 blessés et 800 capturés côté français à l’issue de la bataille de Bir Hakeim.

[49] La dépression de Qattara se trouve à cent mètres en dessous du niveau de la mer.

[50] Alexander, né en décembre 1891 au sein d’une famille aristocratique, participa à la première guerre mondiale. Combattant sur le front ouest, blessé à plusieurs reprises, il fut promu lieutenant-colonel à la fin du conflit. Envoyé en Inde au cours des années 1930, il fut envoyé en France au début de la seconde guerre mondiale, participant à l’évacuation de Dunkerque à l’été 1940. En début d’année 1942 il fut envoyé en Birmanie, menacée par l’invasion japonaise (nous y reviendrons en 14, section V, chapitre sixième, la troisième république). Il fut nommé commandant en chef des armées du Moyen-Orient à l’été 1942.

[51] Montgomery, né en novembre 1887, participa à la première guerre mondiale sur le front ouest. Sortant du conflit avec le grade de lieutenant-colonel, il fut envoyé au Proche-Orient, en Egypte et en Inde au cours des années 1930. Combattant en France au début de la seconde guerre mondiale, Montgomery participa à l’évacuation de Dunkerque, avant d’être muté en Afrique du nord.

[52] Ce dernier souffrait d’une inflammation de l’estomac.

[53] Le M4 fut le char produit en plus grande quantité de toute la seconde guerre mondiale, atteignant les 50 000 unités.

[54] En l’honneur du général américain William Tecumseh Sherman, qui combattit au cours de la guerre de sécession.

[55] Stumme, né en juillet 1886, participa à l’invasion de la Pologne, des Balkans, et de l’URSS. Participant à la bataille de Stalingrad, il fut envoyé en Afrique du nord pendant l’été 1942.

[56] « Opération Pied léger » en français.

[57] Von Thoma, né en septembre 1891, participa à la première guerre mondiale, combattant en France, en Russie, et dans les Balkans. Capturé à l’été 1918, il fut relâché en fin d’année 1919, s’engageant dans la Reichswehr. Pendant la seconde guerre mondiale, von Thoma participa à l’invasion de la Pologne et de l’URSS, avant d’être envoyé en Afrique du nord en août 1942, avec le grade de général.

[58] Nous reviendrons sur l’opération Torch au paragraphe suivant.

[59] Voir à ce sujet le c), 3, section III, chapitre sixième, la troisième république.

[60] Cet organisme avait été instauré en septembre 1941, comme nous l’avons vu en d), 1, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[61] Eisenhower, né en octobre 1890, fit ses études à l’académie militaire de West Point. Participant à la première guerre mondiale, il fut promu capitaine en 1918.

[62] Henri d’Astier de la Vigerie était le frère d’Emmanuel Astier de la Vigerie, fondateur du groupe de résistance Libération (voir à ce sujet le 2, section V, chapitre sixième, la troisième république). Encore plus à droite que son frère, Henri était royaliste, proche de l’Action française, et fit peut être partie de la Cagoule (il s’agissait d’un groupe terroriste d’extrême droite. Voir à ce sujet le b), 13, section II, chapitre cinquième, la troisième république.). Toutefois hostile à l’invasion allemande, il rejoignit l’Afrique du nord en janvier 1941, s’installant à Oran, puis à Alger en début d’année 1942. Il y rencontra José Aboulker, qui avait mis en place une réseau de résistance dans la capitale. 

[63] Aboulker, né en mars 1920 au sein d’une famille juive, fut mobilisé au printemps 1940, mais rentra rapidement en Algérie suite à la défaite française de juin 1940. Organisant un réseau de résistance à Alger à compter de septembre 1940 (de même que son cousin Roger Carcassonne, qui fit de même à Oran.), le jeune homme fit la connaissance d’Henri d’Astier de la Vigerie en début d’année 1942. 

[64] Comme nous l’avons vu plus tôt, le général Juin avait été nommé commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord, en fin d’année 1941.

[65] Darlan s’était rendu à Alger début novembre 1942, son fils Alain y étant hospitalisé.

[66] Service d’ordre légionnaire, organisation paramilitaire fasciste créée en janvier 1942. Voir à ce sujet le b), 1, section V, chapitre sixième, la troisième république.

[67] Béthouart, né en décembre 1889, sortit de Saint Cyr en 1912. Participant à la première guerre mondiale, il travailla avec les troupes alpines pendant les années 1920. Puis, pendant les années 1930, Béthouart fut nommé attaché militaire en Yougoslavie. Combattant en Norvège au début de la seconde guerre mondiale, il fut nommé après l’armistice commandant de la division de Casablanca (1942).

[68] Noguès, né en août 1876, fit ses études à l’école Polytechnique. Rejoignant l’artillerie, il participa à la première guerre mondiale, puis à la guerre du Rif (voir à ce sujet le a), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république). Promu général en 1927, Noguès fut nommé résident général au Maroc en 1936. En 1940, ce dernier fit soumission au régime de Vichy.

[69] Il s’agissait d’un poste similaire à celui de gouverneur.

[70] Nous y reviendrons en 1, section VI, chapitre sixième, la troisième république.

[71] Pour en savoir plus sur Louis Philippe I° et la monarchie de juillet, cliquez ici.

[72] Aujourd’hui Antsiranana.

[73] Pour en savoir plus sur l’attaque contre Pearl Harbor, voir le 11, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[74] Mac Arthur, né en janvier 1880, fit son entrée à l’académie militaire de West Point en 1898. Prenant part à la révolution mexicaine (qui se déroula entre 1910 et 1920), il fut ensuite envoyé en France, lors de la première guerre mondiale. Pendant les années 1920, il fut envoyé aux Philippines, avant d’être promu général en 1930. En 1935, mac Arthur repartit pour les Philippines, ayant comme mission de superviser la création d’une armée philippine.

[75] Cet appareil fut le troisième avion de chasse américain le plus produit au cours de la guerre.

[76] Wainwright, né en août 1883, fit ses études à l’académie militaire de West Point. Partant pour les Philippines au début du siècle, il fut ensuite envoyé en France, lors de la première guerre mondiale.

[77] Pour en savoir plus sur l’invasion de la Malaisie, voir le ...

[78] A noter qu’à cette époque, Singapour faisait partie de la Malaisie britannique. L’île ne prit son indépendance de la Malaisie qu’en 1965.

[79] Nous reviendrons sur la conquête de Java en e), 15, section V, chapitre sixième, la troisième république.

[80] Tchang Kaï-chek (蔣介石 en chinois) naquit en octobre 1887. S’engageant dans l’armée, il rejoignit le Kuomitang au début des années 1910 (il s’agissait d’un parti chinois nationaliste, hostile au communisme). Alors que le pays était en pleine guerre civile, Tchang Kaï-chek parvint à unifier la Chine sous son autorité en 1928, devenant président de la république. Instaurant un régime fasciste, il fut toutefois poussé à la démission en 1931, conservant cependant la tête de l’armée et la charge de premier ministre (la charge de président, au cours des années 1930, devint quasiment honoraire). Faisant face à l’invasion japonaise de la Chine en 1937 (ce qui entraîna une montée drastique du communisme dans le pays), Tchang Kaï-chek déclara la guerre à l’Axe en 1941.

[81] Aujour’hui Sittwe.

[82] Aujourd’hui Surinam.

[83] Actuelle Indonésie.

[84] Voir à ce sujet le 11, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[85] American-British-Dutch-Australian Command en anglais, abrégé en ABDACOM.

[86] Le Sarawak et le Bornéo du nord font aujourd’hui partie de la Malaisie (à l’exception de Brunei qui est resté un Etat indépendant.).

[87] Aujourd’hui Timor oriental.

[88] Né en avril 1889, Salazar fut élu député en 1921, au sein d’un parti catholique portugais. En 1926, un coup d’Etat militaire entraina l’établissement d’une dictature au Portugal, ce qui permit à Salazar d’être nommé ministre des Finances en 1928. Nommé chef du gouvernement en 1932, il consolida le régime autoritaire. Salazar, anticommuniste et proche du fascisme, refusa toutefois l’alliance avec le troisième Reich. En 1939, il signa un pacte de neutralité avec l’Espagne.

[89] Aujourd’hui Jakarta.

[90] Aujourd’hui Bogor.

[91] Aujourd’hui Cepu.

[92] A noter toutefois que des sous-marins japonais, à la fin mai 1942, parvinrent à pénétrer dans le port de Sydney. La mission se solda toutefois sur un échec, seule une poignée de navires marchands ayant été coulés.

[93] Mis en service en 1935, le Devastator doté d’une vitesse de 300 kilomètre heure, était déjà désuet au début de la seconde guerre mondiale.

[94] « Grue en vol » en japonais.

[95] Nous y reviendrons en 17, section V, chapitre sixième, la troisième république.

[96] Voir par exemple l’opération MO, prévoyant la capture de Tulagi, dans les îles Salomon, et de Port Moresby, en Papouasie.

[97] Aujourd’hui Vanuatu.

[98] A noter que les Nouvelles-Hébrides, contrairement à la Nouvelle-Calédonie, n’étaient pas exactement une colonie française. En effet, cet archipel vivait sous une juridiction franco-britannique depuis 1906.

[99] Vandegrift, né en mars 1887, s’engagea dans les Marines à la fin du XIX° siècle (les Marines sont des troupes de marine, composées essentiellement de fantassins, ne faisant toutefois pas partie de l’US Navy). Participant à plusieurs opérations dans les Caraïbes au cours des années 1910, il fut promu commandant en 1920. Rentrant aux Etats-Unis, il fut ensuite envoyé en Chine en tant qu’instructeur, recevant le grade de général en 1940.

[100] Il s’agit de la Marine américaine.

[101] Rappelons que les Marines américain sont des troupes de marine, composées essentiellement de fantassins. Toutefois, ces derniers appartiennent au Corps des Marines, organisation n’étant pas rattachée à l’US Navy.

[102] Le B-25, mise en service en 1941, était le successeur du B-17. Equipé d’un canon de 75, il pouvait voler à 450 kilomètres heures.

[103] Rappelons que Yamamoto était le concepteur du plan d’attaque contre Pearl Harbor.

 
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