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Mythologie
 
 

 

 

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Les Capétiens


CHAPITRE TROISIÈME : Louis VII (1137 à 1180)

 

            1° La jeunesse de Louis VII (1120 à 1137) – De son mariage avec Adélaïde, fille du comte de Savoie (1115), Louis VI[1] avait eu plusieurs enfants : Philippe (né en 1116), Louis VII (1120), Henri (1122), Hugues (décédé en bas-âge, vers 1122), Robert (vers 1125), Pierre (vers 1126), Constance (vers 1128), Philippe (vers 1132) et une fille décédée jeune.

 

Philippe, l’aîné, fut associé à la couronne en avril 1129 ; toutefois, il mourut d’un accident de cheval à la mi-octobre 1131, sa monture ayant été effrayée par un cochon qui vagabondait dans les rues.

Ainsi, la succession échut à Louis VII, son cadet, qui comme ses frères était destiné à la vie ecclésiastique. Ce dernier fut alors couronné à Reims à la fin octobre 1131 par le pape Innocent II.

 

En juillet 1137, le jeune Louis VII fut fiancé à Aliénor, fille de Guillaume X. Ce dernier n’ayant pas d’héritiers mâles, le duché d’Aquitaine devait donc revenir à sa fille. Cette importante alliance matrimoniale devait permettre à la dynastie capétienne de reprendre pied dans les Etats du sud de la Loire.

 

            2° Premières années de règne de Louis VII, du conflit avec l’Eglise à la deuxième croisade (1137 à 1147) – A la mort de Louis VI, en août 1137, Louis VII monta sur le trône. Ce dernier fut alors sacré une fois encore dans la cathédrale de Bourges, en décembre de la même année.

Cependant, contrairement à son père qui régnait déjà à la mort de Philippe I°[2], Louis VII était plus destiné à la vie de moine qu’au métier de roi.

Monté sur le trône à l’âge de 17 ans, ce souverain fut surnommé le Jeune.

Louis VII le Jeune, par Jean DE TILLET, XVI° siècle.

 

a) Les nouvelles chartes communales : suite à son sacre, Louis VII écarta sa mère du pouvoir, mais il continua à s’appuyer sur Suger, abbé de Saint Denis et conseiller de son père.

Ainsi, à l’instar de Louis VI, le jeune souverain accorda plusieurs chartes aux cités entourant le domaine royal (Reims, Sens, Compiègne, Auxerre, etc.), soucieux de bénéficier du soutien des bourgeois contre les seigneurs.

Suger, abbé de Saint Denis, par POYATIER, château de Versailles, Versailles.

 

b) La vacance des sièges épiscopaux, origine de la querelle avec la papauté (1138 à 1141) : toutefois, le jeune roi ne tarda guère à se brouiller avec l’Eglise, s’opposant aux candidats du pape pour les sièges épiscopaux vacants.

En 1138, Louis VII soutint la candidature de Guillaume de Sabran, un moine de Cluny, pour l’évêché de Langres ; en 1141, il s’opposa à Pierre de La Châtre, soutenu par le pape et candidat au siège de Bourges.

 

Rendu furieux par l’élection de Pierre de la Châtre (ce dernier était le neveu d’Aimeri, chancelier du pape Innocent II), Louis VII interdit au nouveau venu d’entrer dans Bourges.

En représailles, le souverain pontife donna l’investiture épiscopale à Pierre de La Châtre lors d’une cérémonie organisée à Rome, puis il excommunia[3] le roi des Francs et jeta l’interdit[4] sur le diocèse de Bourges.

 

c) Guerre contre le comté de Blois (1142 à 1143) : Pierre de La Châtre, revenu en Francie[5] suite à son investiture, ne parvint pas à rentrer à Bourges. Ainsi, il fut accueilli par Thibaud IV, comte de Blois.

En représailles, Louis VII autorisa son cousin Raoul[6], comte de Vermandois, à répudier sa première épouse, Eléonore, sœur de Thibaud IV, afin d’épouser Pétronille, sœur d’Aliénor d’Aquitaine.

 

Le vassal outragé en appela aux armes, et la guerre commença. Innocent II, quant à lui, répliqua en excommuniant Raoul et Pétronille, ainsi que les évêques qui avaient béni cette union.

Louis VII, marchant sur la Champagne[7] en décembre 1142, prit d’assaut la ville de Vitry-en-Perthois, qui fut incendiée. De nombreux habitants, réfugiés dans l’église de la cité, périrent alors dans les flammes.

 

Après avoir ravagé la Champagne, en début d’année 1143, Louis VII se rapprocha finalement de Thibaud IV. Courant octobre, le roi des Francs signa le traité de Vitry, reconnaissant l’élection de Pierre de La Châtre.

 

d) L’appel à la deuxième croisade (1145 à 1146) : à la même date, Innocent II mourut. Son successeur fut Célestin II, qui, soucieux de se réconcilier avec le royaume des Francs, leva l’excommunication qui frappait Louis VII et son cousin Raoul.

 

Pour expier son crime de Vitry-en-Perthois, le roi des Francs annonça à Noël 1145 sa volonté de participer à la deuxième croisade, à une époque où la Terre sainte était en proie aux attaques musulmanes[8].

 

Le pape Eugène III, soucieux d’organiser un mouvement populaire, à l’instar d’Urbain II en 1099[9], s’appuya sur Bernard, abbé de Clervaux.

Ce dernier, en mars 1146, prêcha la guerre sainte à Vézelay, près de Nevers. Recevant un écho très favorable, de nombreux chevalier prirent la croix, et Aliénor elle-même demanda à partir pour la Terre sainte.

Saint Bernard de Clervaux prêchant la deuxième croisade, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

L’enthousiasme fut aussi grand à Spire, où Bernard prêcha la même année. A cette occasion, le souverain germanique Conrad III décida de participer lui aussi à la croisade.

 

            3° Louis VII et la deuxième croisade (1147 à 1148) – Suger, conseiller du roi, tenta de dissuader Louis VII de partir, sachant que son absence aurait des répercutions importantes, mais en vain.

Ainsi, le roi des Francs quitta Paris à la tête d’une imposante armée, au mois de juin 1147.

 

a) Petite histoire de la Terre sainte, d’une croisade à l’autre (1099 à 1147) : la première croisade fut lancée à une époque ou les deux acteurs majeurs au Proche-Orient, l’Empire byzantin et le califat abbasside[10], étaient sur le déclin.

Ainsi, les premiers avaient perdu la Syrie, l’Egypte et l’Afrique (VII° siècle), mais aussi la Turquie (XI° siècle) ; du côté des musulmans, le califat avait éclaté en plusieurs territoires autonomes : les Almohades, en Espagne ; les Fatimides, de l’Afrique au Proche-Orient ; les Seldjoukides[11], en Iran et Irak ; les Ghaznévide, en Afghanistan ; et les Qarakhanides, au Turkménistan.

Profitant de cet affaiblissement, les croisés remportèrent plusieurs victoires contre les musulmans, installant plusieurs Etats en Terre sainte : le royaume de Jérusalem, la principauté d’Antioche, le comté de Tripoli et le comté d’Edesse.

Les Etats latins au XII° siècle.

 

Après un demi-siècle de présence dans la région, les descendants des croisés avaient été contraints de nouer des alliances dans la région. Ainsi, le royaume de Jérusalem reconnut la souveraineté de Constantinople ; le comté de Tripoli eut de bonnes relations avec l’émirat d’Homs ; la principauté d’Antioche s’allia avec la Cilicie[12].

 

Le comté d’Edesse, ayant une politique agressive, fut attaqué en 1144 par Zengi (baptisé Sanguin par les croisés), Atâbeg[13] seldjoukide de Mossoul.

Le comte Jocelin II, vaincu, ne put empêcher son rival de prendre Edesse. A cette occasion, Zengi épargna le clergé syriaque et arménien, mais les Latins présents dans la cité furent massacrés.

 

En octobre 1146, Zengi fut tué par ses pages, et ses deux fils, Ghâzi et Nour ed Dîn, prirent le pouvoir. C’est à ce moment là que les Arméniens vivant à Edesse, de peur d’être persécutés par ces nouveaux chefs, décidèrent d’ouvrir les portes de la ville à leur ancien roi, Jocelin II. Ce dernier, accompagné par ses hommes, pénétra dans Edesse, massacrant la garnison musulmane se trouvant là.

Cependant, non seulement ces derniers parvinrent à conserver la citadelle ; en outre, une armée seldjoukide vint stationner devant la ville. Jocelin II, acculé, décida alors de faire une sortie, qui s’acheva sur un carnage.  

Le comté d’Edesse fut ainsi le premier Etat croisé à tomber entre les mains des musulmans.

 

b) La croisade de Conrad III (octobre 1147) : Conrad III fut le premier à arriver à Constantinople, rencontrant l’Empereur Manuel Comnène[14]. Ce dernier, qui avait épousé Berthe, sœur du souverain germanique, demanda l’hommage à Conrad III, ce que ce dernier refusa.

 

A noter que côté byzantin, l’attention n’était pas portée sur la croisade mais sur l’Italie, Constantinople étant en guerre contre Roger II, roi de Sicile (ce souverain normand, hostile aux Byzantins, ravageait les côtes grecques).

Ainsi, alors que les croisés avaient reçu de l’aide de la part de Constantinople, cette fois ci les Grecs s’allièrent aux musulmans afin de protéger leurs arrières en vue d’une offensive contre la Sicile.

 

Conrad III, sans attendre l’arrivée du roi des Francs, décida de traverser le Bosphore, sous la direction de guides byzantins. Une fois arrivés en Asie mineure, ces derniers s’engagèrent dans des défilés inextricables, puis disparurent, à la fin du mois d’octobre 1147.

Le lendemain, alors que les Germains étaient en train de rétrograder, ils furent harcelés par les Turcs, qui firent pleuvoir une nuée de flèches sur les croisés.

 

La bataille de Dorylée s’étant achevée sur un échec, Conrad III recula vers Nicée, où se trouvaient les Francs. Ce dernier, poursuivant sa progression vers Jérusalem, arriva tant bien que mal dans la ville sainte au printemps 1148.

 

c) La croisade de Louis VII, de Constantinople à Jérusalem (octobre 1147 à avril 1148) : Louis VII, à la tête d’une importante armée, arriva à Constantinople au début du mois d’octobre 1147. Ce dernier rencontra Manuel Comnène, qui exigea en vain l’hommage du roi des Francs.

En raison des mésententes entre Francs et Grecs (certains chroniqueurs affirment que les Byzantins vendaient à prix d’or de la farine mélangée à de la chaux, qui tua plusieurs chevaliers), l’évêque de Langres encouragea les croisés à prendre Constantinople d’assaut, mais il ne fut pas écouté.

L'arrivée des croisés à Constantinople, par Jean Fouquet, enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France, Paris, France, XV°siècle (à noter que l'illustrateur à représenté Louis VII et Conrad III arrivant ensemble dans la ville, ce qui n'eut pas lieu.).

 

Traversant le Bosphore à la fin du mois d’octobre, Louis VII rencontra Conrad III à Nicée. Par la suite, le roi des Francs préféra emprunter la route du littoral, plus longue, plutôt que de passer par le désert de Phrygie.

Louis VII part en croisade, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.

 

Progressant vers le sud, les croisés s’engagèrent dans les gorges de Pisidie. Mais l’avant-garde de l’armée française s’était trop avancée par rapport au reste des troupes, et les Turcs en profitèrent pour couper l’armée en deux. Ces derniers, bénéficiant de l’effet de surprise, firent beaucoup de victimes dans les rangs des croisés (janvier 1148).

Cavalier (peut être Louis VII ?) écrasant un Sarasin, copie d'une peinture de la chapelle des Templiers à Cressac, XII° siècle, Cité de l'architecture, Paris.

 

Louis VII arriva finalement à Antalya, une ville grecque, qui refusa d’ouvrir ses portes aux croisés. Ces derniers, manquant d’eau et de vivres, et à la merci des Turcs qui infestaient le voisinage, décidèrent d’assiéger la ville.

Le gouverneur d’Antalya décida alors d’offrir des navires aux croisés afin de les emmener à Antioche. Toutefois, la petite flotte ne permit d’embarquer que les chevaliers et les soldats, laissant derrière elle la foule des pèlerins.

Louis VII dut les confier au gouverneur contre une forte somme d’argent, mais, une fois les le roi parti, ce dernier ne respecta pas sa parole. Laissés sans défense, les pèlerins furent massacrés par les musulmans.     

 

En mars 1148, les Francs arrivèrent à Antioche, principauté dirigée par Raymond de Poitiers, oncle d’Aliénor[15]. A cette occasion, ce dernier demanda de l’aide à Louis VII, en vue d’une offensive contre Alep. L’objectif était de battre Nour ed Dîn, qui résidait dans la cité, ce qui aurait permis de reconquérir le comté d’Edesse.

Mais Louis VII ne voulut pas se détourner de son objectif initial, souhaitant accomplir au plus tôt son pèlerinage à Jérusalem. Aliénor, qui souhaiter porter secours à son oncle, se brouilla à cette occasion avec son époux (les chroniqueurs de l’époque affirmèrent que la jeune femme, débauchée par les fêtes, avait une relation incestueuse avec Raymond de Poitiers).

 

Arrivant dans Jérusalem en avril 1148, Louis VII fut acclamé par le peuple au cours d’une réception triomphale. Il y rencontra Conrad III, arrivé dans la ville sainte à la tête d’une armée affaiblie.

 

d) L’échec du siège de Damas (juillet 1148) : en juin 1148, un concile se réunit à Acre, afin de décider quelle cible attaqueraient les croisés. Influencés par Mélisende, reine de Jérusalem, les dignitaires décidèrent d’assiéger Damas, une des villes saintes de l’islam.

A noter qu’il s’agissait d’une cité indépendante, qui ne vivait pas sous domination des Seldjoukides.

 

Louis VII, renforcé par l’armée de Jérusalem, vint assiéger Damas à la fin du mois de juillet 1148.

Toutefois, après quelques jours de siège, les croisés furent contraints de se retirer pour des raisons restées mystérieuses aujourd’hui. Une des explications viendrait du fait que les Damasquins (les habitants de Damas.) étaient les alliés traditionnels du royaume de Jérusalem. Par ailleurs, certains chroniqueurs affirmèrent que Louis VII avait annoncé son intention de faire d’un de ses hommes le futur seigneur de Damas, écartant les barons de Jérusalem, qui n’auraient pas apprécié.

Harcelés par les Turcs sur le chemin du retour, les rivalités entre croisés et seigneurs locaux ne firent que croître. Les premiers considérant les orientaux comme des traîtres, disant qu’ils étaient à moitié musulmans ; les autres reprochaient aux occidentaux de n’être en Terre Sainte que pour vouloir massacrer du Sarrasin, sans faire de distinction entre alliés et ennemis.

Le siège de Damas par les croisés, par Sébastien MAMEROT, enluminure issue de l'ouvrage Les Passages d'outremer faits par les François contre les Turcs depuis Charlemagne jusqu'en 1462, France, 1475, Bibliothèque Nationale de France.

 

e) L’échec de la deuxième croisade : rentrés à Jérusalem, les croisés se séparèrent. Conrad III rentra en Germanie ; quant à Louis VII, marri de n’avoir rien fait, il ne quitta la ville sainte qu’au printemps 1149.

La deuxième croisade, de par son échec, eut d’importantes répercussions en Terre sainte : Damas, rompant avec Jérusalem, fut conquise par Nour ed Dîn en 1154. Elle eut aussi des conséquences fâcheuses en Francie : ainsi, l’expédition avait coûté très cher et avait affaibli l’armée royale ; en outre, elle provoqua le divorce de Louis VII et d’Aliénor.

 

            4° Le divorce de Louis VII et d’Aliénor (1152) – De retour en Francie, Louis VII désira divorcer avec Aliénor, n’ayant pas apprécié la conduite de son épouse pendant la croisade.

Toutefois, Suger parvint à l’en dissuader, assisté par le pape Eugène III. Toutefois, à la mort de son conseiller, en 1151, le roi des Francs réaffirma sa volonté de divorcer.

 

En mars 1152, le mariage fut cassé pour cause de consanguinité par le concile de Beaugency (l’arrière-grand-mère d’Aléanor, Audéarde, était la petite-fille de Robert le Pieux[16], arrière-grand-père de Louis VII).

 

Toutefois, le divorce de Louis VII fut une lourde erreur, qui eut des répercussions désastreuses. Ainsi, non seulement le roi des Francs perdait l’Aquitaine ; en outre, Aliénor se remaria dès mai 1152 avec Henri II Plantagenêt.

Ce dernier, fils de Geoffroy V, héritait par son père de l’Anjou ; par sa mère Mathilde[17], de la Normandie et de l’Angleterre ; par sa femme, de l’Aquitaine.

 

Cette toute puissance des Plantagenêts, qui régnaient désormais sur l’Angleterre et la moitié ouest de la France, fut à l’origine de la guerre de Cent ans[18].

 

            5° Petite histoire de l’Angleterre, de la mort d’Henri I° au couronnement d’Henri II (1135 à 1154) – Mathilde, surnommée l’Impératrice (car elle était veuve d’Henri V, Empereur germanique), s’était remariée en 1128 avec Geoffroy V, surnommé Plantagenêt (ce dernier avait l’habitude de porter des brins de genêts sur son chapeau).

Le couple avait eut trois fils : Henri II (né en 1133), Geoffroy (1134) et Guillaume (1136).

 

Cependant, si Mathilde était la fille d’Henri I°, roi d’Angleterre, la domination de cette dernière ne fut pas bien acceptée par les grands du royaume suite à la mort de son père, en 1135. Ainsi, ces derniers lui préférèrent son cousin Etienne, fils d’Etienne II, comte de Blois[19], et d’Adèle, fille de Guillaume le Conquérant.

 

Entre 1135 et 1150, l’Angleterre connut une longue période de guerre civile, au cours de laquelle Mathilde et Etienne se disputèrent le pouvoir. Le comte de Blois, prenant le pouvoir à Londres en 1140, lutta pendant encore une décennie contre sa rivale.

 

En 1151, Geoffroy V mourut, après avoir lutté pendant dix années pour conquérir la Normandie. Ayant réussi à réunir ce duché à l’Anjou, le défunt céda ses Etats à Henri II. Toutefois, il fut convenu que l’aîné devait rétrocéder le comté d’Anjou à son frère Geoffroy, suite à la conquête de l’Angleterre.

 

En 1153, Etienne perdit son fils aîné, Eustache. A la même date, Henri II quitta la Normandie pour l’Angleterre, soucieux d’en découdre avec son rival.

Toutefois, si les deux hommes ne s’affrontèrent pas en bataille rangée, le comte d’Anjou en profita pour étendre son influence dans l’île.

Finalement, les deux belligérants signèrent un accord en novembre 1153 : Etienne régnerait jusqu’à sa mort, la couronne étant ensuite transmise à Henri II.

A noter toutefois que cette décision ne fut pas au goût de Guillaume, second fils d’Etienne, qui, isolé politiquement, fut lui aussi contraint de se soumettre.

 

A la mort d’Etienne, en octobre 1154, Henri II rentra en Angleterre. En décembre, ce dernier fut couronné roi dans l’abbaye de Westminster[20].

 

            6° Conflit contre l’Angleterre (1135 à 1160) – Suite à son divorce, Louis VII essaya de conjurer le danger que représentait Henri II Plantagenêt. Afin d’affaiblir son puissant vassal, le roi des Francs alimenta les divisions au sein de la famille angevine, soutenant la révolte de ses frères, puis de ses fils.

 

a) Les premiers conflits (1152 à 1156) : suite au mariage d’Henri II et d’Aliénor, Louis VII commença par réclamer l’Aquitaine, duché qui revenait de droit au comte d’Anjou.

En effet, le Capétien considérait que le mariage était invalide, car les deux époux, vassaux de la couronne, n’avaient pas demandé l’autorisation de célébrer cette union.

Un premier conflit éclata en 1152, qui s’acheva sur un statu quo en fin d’année.

 

L’année suivante, alors qu’Henri II luttait contre Etienne en Angleterre, Louis VII attaqua la Normandie. Toutefois, l’offensive fit long feu, et le roi des Francs fit une fois encore la paix avec son vassal.

Le roi des Francs devait renoncer au duché d’Aquitaine ; en échange, il recevait une indemnité de 2 000 marcs[21].

 

En 1156, Henri II accepta de prêter hommage à Louis VII pour l’ensemble de ses territoires continentaux, ce dont le roi des Francs se contenta[22].

A cette occasion, Henri II rétrocéda le comté d’Anjou à son frère Geoffroy.

 

b) La montée en puissance d’Henri II, le duché de Bretagne (1156) : Conan III, duc de Bretagne, était mort en 1148. Ce dernier avait eut trois enfants : Constance (décédée sans héritiers), Berthe et Hoël.

Le duché aurait dû revenir à son fils unique, mais ce dernier fut désavoué par Conan III et présenté comme illégitime.

Ainsi, le défunt décida de céder la titulature ducale à Conan IV, son petit-fils, fruit de l’union de Berthe et d’Alain le Noir, comte de Richmond.  

 

Hoël, ne recevant que le comté de Nantes, se révolta, exilant Conan IV en Angleterre.

Ce dernier, recevant un soutien militaire d’Henri II, rentra en Bretagne en 1156, date à laquelle les Nantais chassèrent Hoël[23]. Les insurgés décidèrent alors de confier le comté de Nantes à Geoffroy d’Anjou.

 

Cette mainmise anglaise sur le duché de Bretagne s’amplifia à la mort de Conan IV, en 1160. Son héritage échut alors à sa fille Constance, qui en 1180 épousa Geoffroy Plantagenêt, quatrième fils d’Henri II.

 

c) La montée en puissance d’Henri II, le comté de Toulouse (1159 à 1160) : ayant établi sa domination sur l’Aquitaine, Henri II décida de s’attaquer au comté de Toulouse.

En 1158, le roi d’Angleterre assura ses arrières en concluant une alliance matrimoniale avec son suzerain. Ainsi, son aîné Henri le Jeune était fiancé avec Marguerite, fille de Louis VII (cette dernière apportait en dot le Vexin).

Puis, en 1159, Henri II leva une importante armée à Poitiers, faisant avancer ses troupes vers Toulouse.

 

Toutefois, bloqué devant la capitale du comté, le roi d’Angleterre fut contraint de négocier son retrait avec Louis VII, appelé au secours par Raymond V, comte de Toulouse, qui avait épousé Constance, la sœur du roi des Francs.

 

Henri II, affaibli par une épidémie et des difficultés d’approvisionnements, décida finalement de reculer. Toutefois, il parvint à annexer Cahors et une partie du Quercy.

 

d) Vers la fin du conflit ? (1159 à 1160) : alors que son vassal était occupé à guerroyer dans le Toulousain, Louis VII confia à son frère Robert la charge d’une opération de diversion en Normandie.

Toutefois, l’offensive fut un échec, et Henri II progressa jusqu’à Montfort-l’Amaury, à 50 kilomètres à l’ouest de Paris. Une trêve d’un an fut signée par les deux belligérants en décembre 1159.

 

Mais, dès 1160, la guerre reprit, car Henri II, qui avait célébré le mariage d’Henri le Jeune et Marguerite (âgés respectivement de cinq et deux ans), souhaitait s’emparer au plus tôt du Vexin.

Impuissant, Louis VII signa un nouvel accord avec son vassal en 1161, acceptant de céder la dot de Marguerite au roi d’Angleterre.

 

La même année, le roi des Francs contracta une alliance matrimoniale avec son ancien ennemi, Thibaud IV, comte de Blois.

Louis VII, qui avait eu deux filles de son mariage avec Aliénor, promit ses dernières aux fils du comte de Blois : Marie, l’aînée, épousa Henri I°, comte de Champagne ; sa cadette, Alix, épousa Thibaud V, comte de Blois[24].

Quant au roi des Francs, veuf de Constance (elle était la fille d’Alphonse VII, roi de Castille), qu’il avait épousé en 1154 (cette dernière lui avait donné deux filles, Marguerite et Adélaïde), il épousa Adèle, fille de Thibaud IV.

Cette dernière accoucha d’un fils, Philippe (1165), puis d’une fille, Agnès (1171).

Constance de Castille, école française du XIII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

            7° Louis VII et l’Eglise (1163 à 1170) – En 1163, Louis VII assista au début de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, dont la construction ne fut achevée que deux siècles plus tard.

A cette occasion, la première pierre fut posée par le pape Alexandre III, alors en exil.

L’année suivante, le roi des Francs accueillit Thomas Becket, archevêque de Canterbury, qui avait été contraint de fuir la vindicte du roi d’Angleterre[25].

 

a) Querelle de l’Eglise contre l’Empire : en 1122, l’Empereur germanique Henri V et le pape Calixte II signèrent le concordat de Worms, mettant fin à un conflit ayant duré plus d’un siècle[26].

A cette date, l’Empereur abandonnait le pouvoir de nomination des évêques, qui devenait désormais le privilège exclusif du pape (les souverains germaniques avaient longtemps combattu cette mainmise ecclésiastique, car Rome avait accordé le droit de nomination des évêques au temps de Charlemagne).

 

Lors de l’arrivée au pouvoir d’Alexandre III, la lutte entre la papauté et l’Eglise, autrefois religieuse, devint politique.

Ainsi, les communes d’Italie avaient profité de l’affaiblissement du pouvoir impérial, et les souverains germaniques faisaient désormais face à une Italie de plus en plus récalcitrante à leur domination.

 

A la mort de Conrad III, en 1152, son neveu Frédéric Barberousse monta sur le trône[27].

Ce dernier, soucieux de rétablir son autorité en Italie, favorisa l’élection de Victor IV, un antipape. Tentant de faire reconnaitre sa créature en Francie et en Angleterre, Frédéric I° fut excommunié par Alexandre III (1160).

En représailles, l’Empereur germanique traversa les Alpes et assiégea Milan, qui contestait l’autorité allemande. Les habitants de la ville, affaiblis par plusieurs mois de siège, furent finalement contraints de faire reddition en 1162.

A cette occasion, Milan fut rasée ; et le pape, affaibli, fut contraint de se réfugier en Francie.

 

Alexandre III ne rentra à Rome qu’en 1165, après quatre années d’exil. Toutefois, le conflit entre l’Empire et l’Eglise ne prit fin que quinze ans plus tard[28].

 

b) Querelle d’Henri II et Tomas Beckett : soucieux de contrôler le clergé anglais, Henri II confia l’archevêché de Canterbury à un de ses proches, Thomas Becket (1161).

Ce dernier, réputé pour ses mœurs dissolues, était considéré comme facilement manipulable par le roi d’Angleterre.

 

Cependant, Becket changea radicalement suite à sa nomination, et s’opposa aux Statuts de Clarendon, présentés par Henri II en 1164. Le texte prévoyait une mainmise royale sur l’Eglise d’Angleterre : ainsi, le roi contrôlait la nomination des évêques ; l’excommunication, les évêchés vacants, etc.

Si les évêques du royaume, craignant la colère de leur souverain, signèrent les statuts de Clarendon, Becket refusa d’obtempérer.

 

Craignant pour sa vie, ce dernier décida peu de temps après de se réfugier en Francie, à la Cour de Louis VII.

En 1166, Becket monta en chaire à Vézelay, prononçant l’excommunication contre les évêques ayant signé les statuts de Clarendon.

 

Ce n’est qu’en 1170 que l’archevêque de Canterbury fut autorisé à rentrer en Angleterre, Alexandre III (rentré entretemps à Rome) ayant menacé Henri II d’excommunication s’il promulguait les statuts de Clarendon.

Becket trouva toutefois la mort en décembre 1170[29], assassiné dans son église par des partisans du roi d’Angleterre[30].

 

            8° Renouveau du conflit contre l’Angleterre, la révolte d’Henri le Jeune (1173 à 1174) – Alors que le conflit contre l’Angleterre avait connu une accalmie pendant une décennie, il reprit à compter de 1170. A cette date, les fils d’Henri II se révoltèrent, et Louis VII décida de faire le jeu des divisions qui agitaient la famille des Plantagenêts.

 

En 1169, Henri le Jeune rendit hommage à Louis VII pour le comté d’Anjou, puis fut couronnée l’année suivante à Westminster par Roger de Pont-l’Evêque, archevêque d’York[31].

 

Toutefois, l’aîné d’Henri II, à qui devait revenir le royaume, ne contrôlait aucun territoire, contrairement à ses frères Richard et Geoffroy, qui gouvernaient respectivement les duchés d’Aquitaine et de Bretagne.

 

Au printemps 1173, Henri le Jeune se révolta, se réfugiant à la Cour du roi des Francs. Vinrent ensuite l’y rejoindre ses deux frères. La reine Aliénor, quant à elle, tenta de rejoindre ses fils, mais son mari ne la laissa pas faire et la jeta en prison[32].

Louis VII accueillit avec faste les trois princes, traitant Henri le Jeune en roi, et lui promettant le secours de ses armes.

Alors que les fiefs appartenant aux Plantagenêts se soulevaient contre Henri II, plusieurs seigneurs virent rejoindre la coalition, tels que Philippe I°, comte de Flandre[33] ; Guillaume I° le Lion, roi d’Ecosse ; ainsi que plusieurs vassaux d’Henri II.

 

Au printemps 1173, les coalisés envahirent la Normandie, qui était restée fidèle au roi d’Angleterre. Cependant, les alliés de Louis VII encaissèrent plusieurs revers. Ainsi, Mathieu, comte de Boulogne, frère du comte d’Alsace, fut tué lors d’un affrontement ; en outre, la rébellion dans le nord de l’Angleterre, fomentée par le roi d’Ecosse, ne porta pas ses fruits.

 

Henri II, en juillet 1174, alors que la guerre battait son plein, décida de faire pénitence à Canterbury pour le meurtre de Thomas Becket. Cette mortification, feinte ou réelle, rencontra un vif succès populaire.

A la même date, Guillaume le Lion fut capturé à Alnwick, dans le comté de Northuberland. Ce dernier fut alors contraint de reconnaitre la suzeraineté de l’Angleterre sur l’Ecosse.

 

Peu de temps après, Henri II embarqua pour la Normandie, alors que Louis VII et Philippe I° assiégeaient Rouen.

Le roi de France, menacé sur ses arrières, décida alors de lever le siège au cours du mois d’août ; le comte de Flandre, quant à lui, quitta la coalition. En septembre 1174, Henri le Jeune et ses frères firent soumission auprès de leur père.

 

Louis VII et Henri II conclurent une nouvelle alliance matrimoniale peu de temps après, fiançant Richard et Adélaïde[34].

Sous l’impulsion d’Alexandre III, les deux belligérants signèrent le traité de Gisors, établissant une alliance militaire entre la Francie et l’Angleterre.

 

            9° Dernières années de règne de Louis VII (1179 à 1180) – Comme nous l’avons vu précédemment, Louis VII n’avait qu’un seul héritier mâle, Philippe, né en 1165.

Ce dernier fut surnommé Dieudonné, car le roi des Francs avait longtemps attendu la naissance d’un héritier.

 

L’adolescent fut couronné du vivant de son père, comme le voulait la coutume, en novembre 1179, à Reims, par l’archevêque de la ville, Guillaume de Champagne[35].

 

En septembre 1180, épuisé par la maladie, Louis VII mourut. Le défunt, qui avait régné 43 ans, fut inhumé non pas dans la basilique Saint Denis mais à l’abbaye Saint Port de Barbeau, qu’il avait érigé[36].

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[1] Pour en savoir plus sur le règne de Louis VI, cliquez ici.

[2] Pour en savoir plus sur Philippe I°, voir le 4, section I, chapitre premier, les Capétiens.

[3] L’excommunication, qui privait le roi de l’eucharistie et des sacrements religieux, autorisait ses vassaux à se délier de leur serment de fidélité.

[4] L’interdit était une sentence ecclésiastique consistant à interdire la célébration des offices divins et l’usage de certains sacrements.

[5] Suite au partage de 843, l’Empire carolingien fut divisé en trois entités : la Francie occidentale pour Charles le Chauve, la Francie médiane pour Lothaire, et la Francie orientale pour Louis le Germanique. Toutefois, la Francie médiane disparut en l’espace de quelques années, et le terme de Francie orientale laissa peu à peu sa place à celui de Germanie. Ainsi, la Francie occidentale fut peu à peu appelée Francie. Pour en savoir plus sur le partage de 843, voir le b), 2, section II, chapitre troisième, les Carolingiens.

[6] Raoul avait succédé à son père Hugues en 1102, ce dernier étant décédé en Terre sainte. Le défunt, fils d’Henri I°, avait hérité du Vermandois en 1080. Pour en savoir plus sur le règne d’Henri I°, voir le 3, section I, chapitre premier, les Capétiens.

[7] Thibaud IV avait hérité du comté de Champagne en 1125. Toutefois, il conserva la titulature de comte de Blois.

[8] Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant.

[9] A noter que Philippe I°, excommunié et déjà âgé, n’avait pu participer à la première croisade. Pour en savoir plus sur ce conflit, cliquez ici.

[10] En 750, les Abbassides avaient réussi à détrôner les Omeyyade. Abd al-Rahman I°, dernier survivant de la dynastie vaincue, se réfugia alors en Espagne, faisant de cette région un émirat indépendant en 757.

[11] Les Seldjoukides, d’origine turque, avaient migré au fil des siècles en direction de la Méditerranée.

[12] Il s’agissait d’une région située au sud de l’actuelle Turquie.

[13] A l’origine, atâbeg était un titre de noblesse signifiant ‘père du prince’, conféré aux dignitaires chargés d’exercer la régence lors d’une vacance du pouvoir. Par la suite, dans le courant du XI° siècle, de nombreux atabeg conservèrent le pouvoir à vie, fondant ainsi de nouvelles dynasties.

[14] Pour en savoir plus sur le règne de ce souverain, voir le 3, section VII, chapitre troisième, l’Empire byzantin

[15] Ce dernier était le fils de Guillaume IX, duc d’Aquitaine, qui donna naissance à Guillaume X, père d’Aliénor.

[16] Pour en savoir plus sur le règne de ce souverain, cliquez ici.

[17] Cette dernière était la fille d’Henri I°, roi d’Angleterre, dont nous avons évoqué la succession houleuse en d), 3, chapitre deuxième, les Capétiens.

[18] Pour en savoir plus sur ce conflit, cliquez ici.

[19] Ce dernier, participant à la première croisade, avait trouvé la mort en Terre sainte. Voir à ce sujet le b), 3, section IV, chapitre premier, les Capétiens.

[20] Cette abbaye fut le lieu de sacre de tous les rois d’Angleterre depuis Guillaume le Conquérant, à quelques exceptions près. Y sont aussi enterrés plusieurs souverains britanniques.

[21] Le marc était une mesure de masse, valant huit onces ou une demi-livre.

[22] Si les Capétiens ne régnaient que sur le domaine royal, correspondant à l’actuelle région parisienne, ils restaient roi de Francie. Ainsi, les seigneurs du royaume étaient tenus de prêter hommage au roi des Francs, reconnaissant ainsi sa suzeraineté. A noter qu’Henri II ne prêta pas hommage pour l’Angleterre, qui ne relevait pas de la couronne franque.

[23] L’on ne sait pas ce qu’il advint d’Hoël suite à ces évènements.

[24] Si Thibaud IV avait reçu la Champagne en plus de son comté de Blois, il décida de diviser ses Etats à sa mort.

[25] L’archevêque de Canterbury est le personnage de plus important du clergé britannique, car il est le chef de l’Eglise d’Angleterre.

[26] Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[27] Ce dernier était le fils de Frédéric de Souabe, frère de Conrad III.

[28] Pour plus de détails sur le conflit opposant Frédéric I° à Alexandre III, cliquez ici.

[29] Pour plus de précisions sur le conflit entre Henri II et Thomas Becket, voir le 1, section II, chapitre premier, l’Angleterre sous les Plantagenêts

[30] L’on ne sait pas si ces derniers étaient mandatés par Henri II ou pas.

[31] A noter qu’en théorie, le couronnement devait être effectué par l’archevêque de Canterbury.

[32] Cette dernière resta en captivité pendant quinze années, alors que son époux tentait en vain d’obtenir le divorce.

[33] Ce dernier était le fils de Thierry II, qui avait succédé à Guillaume Cliton en 1128. Voir à ce sujet le e), 3, chapitre deuxième, les Capétiens.

[34] Rappelons qu’il s’agissait de la fille que Louis VII avait eu avec Constance, sa seconde épouse.

[35] Ce dernier était le frère d’Adèle, mère du roi de France.

[36] Ses restes furent toutefois inhumés dans la basilique Saint Denis en 1817 par Louis XVIII.

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