| 
	
	
	            
		  1° La manifestation du 15 mai 1848 
	– Comme nous l’avons vu précédemment, les élections d’avril 1848 avaient 
	entrainé l’élection de nombreux républicains du lendemain, hostiles aux 
	réformes sociales.   A 
	cette date, de nombreux républicains de la veille n’acceptaient pas 
	l’attitude conservatrice de nombreux députés, pas plus que l’immobilisme du 
	ministère des Affaires étrangères face aux insurrections qui avaient éclaté 
	dans toute l’Europe.   a)
	D’une manifestation pacifique à une violente insurrection : les 
	républicains les plus radicaux décidèrent alors d’organiser une 
	manifestation le 15 mai 1848, accompagnés de nombreuses délégations 
	étrangères (Italiens, Polonais, etc.).  
	150 000 manifestants, réunis à la Bastille, marchèrent donc vers 
	la place de la Concorde, sous le prétexte de présenter une pétition à 
	l’assemblée demandant le soutien aux patriotes polonais.   
	Mais vers 13 heures, les manifestants envahirent le Palais Bourbon, siège de 
	l’assemblée. Ces derniers, ne rencontrant pas d’opposition armée, envahirent 
	alors les lieux dans un chaos indescriptible. Lamartine, tentant de rétablir 
	l’ordre, fut alors hué, certains émeutiers réclamèrent le rétablissement de 
	la Terreur, l’envoi d’une armée pour la Pologne, ainsi que la création d’un 
	impôt sur les riches. 
	Toutefois, les députés refusant de délibérer avant que le Palais Bourbon 
	soit évacué, un des manifestants, nommé Louis Huber, proclama la 
	dissolution de l’assemblée.   
	Les manifestants formèrent alors à la hâte un gouvernement insurrectionnel 
	(composé d’Armand Barbès, Louis Blanc, Ferdinand Flocon,
	Alexandre Martin (dit l’ouvrier Albert.), et Alexandre 
	Ledru-Rollin.), 
	puis se rendirent à l’Hôtel de ville.  
	   Armand 
	Barbès et l'ouvrier Albert.   
	Toutefois, Lamartine et Ledru-Rollin, membres de la commission exécutive, 
	envoyèrent la Garde nationale déloger les manifestants de l’Hôtel de ville.
	 
	 Shako et tunique de la Garde 
	nationale, 1848-1851, 
	musée des Invalides, Paris. 
	Ainsi, les principaux chefs républicains furent arrêtés (Louis Huber, 
	l’ouvrier Albert, Louis Auguste Blanqui
	et François Vincent Raspail 
	furent condamnés à de lourdes peines de prison.) ; Marc Caussidière, 
	préfet de Paris et républicain de la veille, fut démis de ses fonctions ; 
	enfin, le vicomte Amable Gaspard Henri de Courtais, commandant de la 
	Garde nationale, fut écroué pour n’avoir pas réprimé plus tôt la 
	manifestation.     b)
	Bilan de la journée du 15 mai : au final, la journée du 15 mai ne fit 
	que fortifier la majorité dans la haine des manifestations ; ainsi, les 
	républicains modérés se rapprochèrent des conservateurs, laissant les 
	socialistes sur la sellette. Mais ce faisant, l’assemblée se coupait du 
	peuple de Paris… une rupture qui profitera plus tard à la propagande 
	bonapartiste.   
	            2° Les élections législatives complémentaires (4 juin 1848) – 
	Peu de temps après les incidents du 15 mai 1848, furent organisées des 
	élections législatives complémentaires (l’objectif était d’élire 40 députés 
	supplémentaires.).    
	Toutefois, si ce scrutin entraina l’élection de nombreux royalistes, le 
	parti bonapartiste, mené par Louis Napoléon Bonaparte, 
	recueillit de plusieurs sièges à l’assemblée. Mais le leader de ce 
	mouvement, bien qu’élu à Paris et dans plusieurs département, préféra 
	néanmoins rester en Angleterre. 
	 Louis Napoléon Bonaparte.   
	            3° Les journées de juin 1848 – La violente manifestation 
	de mai 1848 avait révélé à la classe politique que de nombreux ouvriers des
	ateliers nationaux (créés en février 1848 afin de lutter contre le 
	chômage dans la capitale.) avaient participé à l’émeute.   a)
	La fermeture des ateliers nationaux (23 juin 1848) : en juin 1848, 
	l’idée d’une dissolution des ateliers nationaux semblait faire le consensus 
	entre l’assemblée, la commission exécutive et le gouvernement. En effet, les 
	ateliers coutaient cher (près de 150 000 francs par jour.), 
	et comme il n’y avait pas assez de travail pour tous, de nombreux ouvriers 
	étaient pratiquement payés à ne rien faire. 
	Si, dans un premier temps, l’assemblée se contenta de renvoyer en province 
	les ouvriers installés dans la capitale depuis moins de trois mois, afin de 
	diminuer les effectifs des ateliers, les conservateurs décidèrent de ne pas 
	baisser les bras.   
	Finalement, après avoir voté une loi contre les attroupements le 7 juin (les 
	manifestants étaient désormais contraints de se disperser à la première 
	somation.), l’assemblée décida le 21 juin de dissoudre les ateliers 
	nationaux.   Il 
	fut alors décidé d’envoyer sous les drapeaux tous les jeunes de 17 à 25 
	ans ; les plus âgés, quant à eux, devaient se rendre en province pour y 
	effectuer des travaux de terrassement. 
	Ainsi, un premier convoi devait se diriger vers la Sologne, afin de 
	défricher les marais de la région.   
	Cette mesure ne tarda guère à entrainer de nombreuses contestations, et les 
	premières barricades firent leur apparition dans les rues de Paris dès le 23 
	juin 1848. 
	 		  
		Barricades érigées dans la rue de Saint Maur, lors des journées de juin 
	1848.   b)
	Le déclenchement d’une nouvelle insurrection (24 au 26 juin 1848) : 
	apprenant que des centaines de barricades avaient été érigées dans les rues 
	de Paris, Arago, président du conseil, tenta de parlementer avec les 
	insurgés, mais en vain. 
	 		  
		Campement de troupes, sur le boulevard du Temple, pendant les 
	journées de juin 1848, par JOSQUIN, XIX° siècle, musée CARNAVALET, 
	Paris. 
	Les émeutiers, ayant réclamé la réouverture des ateliers nationaux et la 
	dissolution de l’assemblée, cette dernière répondit en se déclarant en 
	permanence. 
	Puis, le 24 juin, les députés proclamèrent l’état de siège, démirent la 
	commission exécutive, et confièrent tous les pouvoirs au général 
	Louis Eugène Cavaignac. 
	 		  
		Le général Louis Eugène Cavaignac, par Jean Baptiste 
	Adolphe LAFOSSE, XIX° siècle, musée des Invalides, Paris.   Ce 
	dernier décida alors de riposter brutalement, s’appuyant sur la Garde 
	nationale et l’armée. Cavaignac, soucieux de ne pas commettre les mêmes 
	erreurs que le maréchal Auguste de Marmont en 1830, 
	d’agir avec méthode. 
	Ainsi, partant de quartiers calmes, il s’avança en emporta chaque rue l’une 
	après l’autre, fusillant et faisant le vide derrière lui.  
	 
	Combats autour du Panthéon, le 24 
	juin 1848, par Nicolas Edward GABE, XIX° siècle, musée Carnavalet, 
	Paris. Le 
	26 juin, les insurgés du quartier Saint Antoine demandèrent une amnistie à 
	Cavaignac, qui exigea une capitulation sans conditions. Ainsi, les combats 
	recommencèrent, et au final les émeutiers furent contraints de se rendre. 
	 
	Insurgé blessé, près d'une 
	barricade, en juin 1848, par Tony JOHANNOT, XIX° siècle, musée 
	Carnavalet, Paris.   En 
	trois jours, l’insurrection avait été matée, mais la victoire contraignit 
	l’assemblée à s’acquitter d’un bien lourd tribut. 
	Ainsi, les forces de l’ordre perdirent près d’un millier d’homme, pour 
	environ 4 000 du côté des rebelles. S’ajoutèrent à cela 1 500 exécutions, 
	25 000 arrestations et près de 11 000 condamnations à des peines de prison 
	ou à la déportation en Algérie.  A 
	noter en outre que certains hommes politiques de gauche, tels que Louis 
	Blanc, furent contraint de s’exiler afin d’éviter la prison. 
	 Caricature de Louis Blanc, 
	1878 (la légende indique : "les vrais grands hommes sont ceux qui ne 
	gouvernent qu'après leur mort.").   La 
	province, quant à elle, ne s’agita pas, mais il y eut deux insurrections de 
	grande importance à Marseille et Rouen, qui furent rapidement matées. 
	 
	Les journées de juin 1848 permirent ainsi au gouvernement, qui n’avait plus 
	de républicain que le nom, de mettre un terme aux acquis sociaux accordés 
	aux travailleurs suite à la révolution de février. Ainsi, certains clubs 
	furent fermés, onze journaux furent saisis, et la Garde nationale des 
	quartiers insurgés fut dissoute.   Au 
	final, la violence de la répression entraîna une crise de confiance envers 
	le gouvernement, de nombreux Français n’ayant guère apprécié voir la jeune 
	république tirer sur des manifestants.Autant de griefs 
	que Louis Napoléon Bonaparte sut plus tard exploiter à son avantage, se 
	posant comme l’héritier des acquis de la Révolution française, mais aussi en 
	tant que garant de l’ordre. 
	 		  
		Cérémonie funèbre, sur la place de la Concorde, en l'honneur des 
	victimes des journées de juin 1848, le 6 juillet 1848, par Jean 
	Jacques CHAMPIN, XIX° siècle, musée CARNAVALET, Paris. |