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Les mensonges de l'Histoire


Les rois de Suède sont d'origine suédoise

Aujourd'hui, l'on a tendance à s'imaginer que les souverains d'un pays donné sont obligatoirement issus d'une lignée puisant ses racines dans le pays en question.

Cette idée reçue est particulièrement répandue en France, dans lequel le concept de primogéniture mâle[1] permit d'éviter que la couronne ne soit cédée à une dynastie étrangère. Cependant, cette coutume française semble faire figure d'exception. Car en effet, sans remonter jusqu'à l'époque de Cléôpatre, septième du nom (qui n'était pas égyptienne mais grecque), il suffit de se tourner de l'autre côté de la Manche pour constater que la famille royale britannique est en réalité d'origine allemande.

Ainsi, à l'aune de ces informations, l'on peut donc se demander si les rois de Suède sont d'origine suédoise ou non.

La conquête de la cité suédoise de Visby par Vladimir IV de Norvège en 1361, par Carl Gustaf Hellqvist, XIX° siècle.  

 

Les royaumes de Scandinavie tels qu'on les connait aujourd'hui, c'est-à-dire divisés en quatre Etats bien distincts (Danemark, Norvège, Suède et Finlande), eurent en réalité une histoire particulièrement troublée, parsemée de guerres, de trahisons, d'alliances et d'unions.

Ainsi, en 1397, Marguerite I°, reine de Danemark, donna naissance au Kalmarunionen (ou « Union de Kalmar »), rassemblant la totalité des pays scandinaves sous une même couronne. Son fils, Eric de Poméranie, fut alors couronné roi de Danemark (Eric VII), de Norvège (Eric III) et de Suède (Eric XIII).

Traité de l'Union de Kalmar.

Cependant, si cette union des royaumes parvint à durer pendant un peu plus d'un siècle, elle finit par faire long feu, les aristocrates suédois n'appréciant guère la domination norvégienne sur la Suède. Ainsi, à l'issue d'une longue guerre civile, l'Union de Kalmar fut dissoute en 1523, donnant naissance à deux Etats distincts : le royaume de Darnemark-Norvège, à l'ouest ; et le royaume de Suède-Finlande, à l'est.

Suite à la dissolution de l'Union de Kalmar, Gustave I° fut élu roi de Suède. Ses descendants, membres de la dynastie des Vasa, parvinrent à conférer une stature internationale à leur royaume, étendant leur possessions en Carélie, en Estonie, en Lettonie, en Poméranie occidentale, et au Trondelag (une région située au centre de la Norvège).

Portrait de Gustave I° Vasa.

Cependant, la toute-puissance suédoise fit bien des jaloux, et à compter du XVIII° siècle, de nombreuses nations s'allièrent afin d'y mettre un terme (Russie, Prusse, Autriche, pays scandinaves, etc.). Ainsi, en l'espace de quelques années, les possessions suédoises se réduisirent comme peau de chagrin, donnant à la Suède l'aspect que nous lui connaissons aujourd'hui (avec la Finlande en prime).

 

En 1810, le roi de Suède Charles XIII[2], qui avait reçu la couronne l'année précédente (suite à un coup d'Etat organisé contre son neveu Gustave IV Adolphe[3]), se trouvait sans héritiers. Ce dernier porta alors son dévolu sur Charles-Auguste de Schleswig-Holstein-Sonderburg-Augustenborg (baptisé Christian-Auguste avant sa nomination en tant que prince de Suède), dont la famille descendait des rois de Danemark.

Charles XIII.

Cependant, ce dernier mourut dès le mois de mai, et Charles XIII partit à la recherche d'un nouvel héritier. C'est à cette époque que le maréchal Jean-Baptiste Bernadotte fut approché par des émissaires suédois.

Portrait du maréchal Bernadotte.

 

Ce dernier, né à Pau en janvier 1763, s'engagea très tôt dans la carrière des armes, profitant de la Révolution française pour monter rapidement en grade. Fait général en 1794, suite à la bataille de Fleurus[4], il fut ministre de la Guerre pendant l'été 1799, puis nommé maréchal en 1804. En 1806, il reçut le titre de prince de Pontecorvo[5].

Bernadotte, qui avait épousé Désirée Clary en 1798, une ancienne maîtresse de Napoléon Bonaparte, n'était toutefois pas en bon termes avec ce dernier. En effet, le prince de Pontecorvo était en 1810 en semi-disgrâce, ayant été privé par l'Empereur du commandement de l'armée de l'Escaut.

C'est à cette époque qu'il fut approché par des émissaires suédois, qui lui proposèrent la couronne de Suède. Bernadotte, partant en Scandinavie avec l'aval de Napoléon (qui souhaitait pouvoir s'appuyer sur un allié solide dans cette région), fut alors nommé prince héritier de Suède en août 1810 (il adopta alors le nom de Charles-Jean).

A cette date, l'objectif était de se rapprocher de la France afin de pouvoir récupérer la Finlande, annexée par les Russes en 1809. Cependant, suite à l'échec de Napoléon lors de la campagne de Russie[6], Bernadotte fut contraint de rejoindre les rangs de la sixième coalition (regroupant entre autres l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie).

Le prince héritier de Suède (qui dans les faits régnait déjà en raison de la sénilité de Charles XIII), participant à la campagne d'Allemagne de 1813, parvint à obtenir la signature du traité de Kiel, en janvier 1814, qui cédait la toute la Norvège à la Suède[7] (à noter que le royaume de Danemark-Norvège, uni depuis la fin de l'Union de Kalmar, fut « puni » en raison de son alliance avec la France).

 

Bernadotte, resté neutre pendant les Cent-Jours[8], devint finalement roi de Suède et de Norvège en février 1818, à la mort de son prédecesseur, adoptant le nom de Charles XIV Jean.

Le maréchal Bernadotte en 1818.

Les héritiers de ce souverain, membres de la maison Bernadotte, se succédèrent sur le trône jusqu'à nos jours. L'actuel roi de Suède, Charles XVI Gustave, est donc le lointain descendant du prince de Pontecorvo, qui donna naissance à une dynastie d'origine française.

Le roi Charles XVI de Suède.

Aujourd'hui encore, le blason des Bernadotte est très inspiré de celui de l'ancien maréchal de Napoléon. A l'origine, l'emblême de la cité de Pontecorvo était un corbeau perché sur un pont (de l'italien ponte, « pont », et corvo, « corbeau »). En 1818, suite à son couronnement, Bernadotte transforma le corbeau en aigle impérial, faisant figurer sur la moitié gauche du blason une gerbe de blé, emblême des Vasa (vese, en ancien suédois, signifiant « gerbe, botte »).

De gauche à droite : blason de la ville de Pontecorvo ; blason du maréchal Bernadotte (1806) ; blason de Charles XIV Jean (1818).

Au fil des siècles, le blason évolua peu (transformation de l'aigle en corbeau, ajout de la constellation de la Grande Ourse au sommet), adoptant sa forme définitive en 1908

De gauche à droite, évolution du blason de la dynastie Bernadotte : 1844 à 1885 ; 1885 à 1907 ; 1907 à aujourd'hui.

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[1] Ce qui signifie que le trône était cédé à l'aîné de sexe masculin.

[2] A noter que ce dernier n'était pas un Vasa, mais faisait partie de la dynastie de Holstein-Gottorp. En effet, suite à l'abdication de la reine Christine, en 1654 (dernière représentante de la maison Vasa), la couronne de Suède avait été cédée à son cousin Charles X Gustave, de la famille de Palatinat-Deux-Ponts. Quelques décennies plus tard, la reine Ulrique-Eléonore imita Christine en abdiquant en faveur de son mari, Frédéric I°, de la maison de Hesse. Mais ce dernier mourut sans héritiers en 1751, ce qui entraîna l'élection d'Adolphe-Frédéric de Holstein-Gottorp, qui descendait des Vasa par sa mère.

[3] A la mort d'Adolphe-Frédéric, en 1771, le trône de Suède fut cédé à son aîné Gustave III, qui mourut en 1792. Son fils Gustave IV Adolphe monta alors sur le trône, menant une politique pro-anglaise et hostile à la France, à une époque où Napoléon Bonaparte multipliait les victoires en Europe (d'autant que la Suède était un allié traditionnel de la France depuis le XVII° siècle). La Russie profita de ces atermoiements pour s'emparer de la Finlande en 1809, ce qui porta un coup fatal à Gustave IV, victime d'un coup d'Etat militaire organisé par son oncle en mars 1809.

[4] La bataille de Fleurus, victoire française, contraignit les puissances coalisées (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie) à se réfugier en Allemagne, évacuant la Belgique qui fut rapidement occupée par la France. A Paris, l'annonce de cette victoire précipita la fin de la Terreur et celle de Maximilien de Robespierre. Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[5] Jusqu'en 1860, date de l'unification italienne, Pontecorvo était une enclave pontificale au sein du royaume de Naples

[6] Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[7] Cette union ne fut dissoute qu'un siècle plus tard, en 1905, sous le règne d'Oscar II.

[8] Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

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